En juin 2001, la FAO a achevé une conférence électronique sur la PPCB qui a encouragé le débat sur les questions clés en vue de la troisième réunion du Groupe consultatif FAO/OIE/AIEA/OUA-IBAR prévue pour 2003. La conférence a attiré de nombreux participants, notamment dirigeants, chercheurs, agents de terrain, responsables de projet et directeurs de services vétérinaires. Les thèmes soulevés durant la conférence ont été:
La majorité des participants ont exprimé l'opinion que la lutte contre la PPCB devrait être considérée davantage une affaire publique que privée, et, en tant que telle, devrait rester du domaine public. A cet égard, une coordination efficace de la recherche, le maintien des zones indemnes de la maladie, l'appui à la mise au point de meilleurs outils et systèmes d'information, et la création d'un environnement propice, ont tous été considérés comme des biens publics. Toutefois, en dépit des possibilités de synergie entre les secteurs privé et public dans la lutte contre la PPCB, celles-ci doivent être planifiées avec soin pour obtenir des avantages mutuels.
La vaccination répétée avec T1 44 pourrait suffire à réduire l'incidence de la maladie dans les troupeaux nationaux. Il est fondamental que la vaccination soit répétée tous les six mois, mais ce n'est malheureusement pas le cas dans la plupart des pays, ce qui explique le parti pris à l'encontre des vaccins.
La conférence électronique s'est référée au succès enregistré par de nombreux pays par le passé dans leur lutte contre la PPCB, à l'aide d'outils simples comme le contrôle des déplacements d'animaux et l'indemnisation des agriculteurs après abattage. Bien que ces pays ne soient pas au fait de la pathogénie et de l'immunologie de la maladie, ils ont, malgré tout, le plus important -une volonté politique cohérente et un cadre juridique approprié.
Compte tenu de ce qui précède, il a été suggéré de lancer sans délai des mesures de lutte contre la PPCB dans les pays africains et des contrôles réguliers, s'il y a lieu. Un participant l'a résumé ainsi : "Nous ne devons pas attendre de comprendre parfaitement tous les événements immunologiques de base se manifestant chez le bétail touché".
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Parallèlement, on a également observé que la mise au point d'une nouvelle génération de vaccins contre la PPCB a été lente. Des tentatives d'améliorer l'efficacité du vaccin, allant de la modification de la souche résistante à la streptomycine T1 SR aux préparations récentes du complexe immunostimulateur (ISCOM), n'ont pas été entièrement couronnées de succès non plus. Ceci laisse entendre que la préparation empirique des vaccins sans connaissance préalable des composantes protectrices antigéniques de l'organisme responsablede la PPCB, Mycoplasma mycoides subspecies mycoides Small Colony (MmmSC), est porteuse de risques.
La mise au point de réactifs de diagnostic améliorés devrait miser fortementsur les résultats des études immunologiqueset de l'analyse des génomespour faciliter l'identification des porteurs.
De nouveaux outils devraient être mis au point pour détecter porteurs chroniques. Il faudrait des outils plus sophistiqués, plus fiables pour passer du diagnostic actuel fondé sur les troupeaux au diagnostic individuel. En même temps, il faut davantage de financements des organisations de recherche internationales et nationales.
La coordination a été jugée essentielle pour la réussite des efforts de recherche, et le Programme de recherche FAO/IAEA sur le diagnostic et la lutte contre la péripneumonie contagieuse bovine en Afrique sert d'instance de dialogue entre les parties prenantes et de lien entre les diverses activités de PACE et les programmes régionaux de la FAO contre la PPCB.
Selon l'avis général, l'utilisation d'antibiotiques peut entraîner les animaux infectés à devenir porteurs chroniques de PPCB ou, tout du moins, les y prédisposer. On dispose de maigres informations sur l'effet du traitement sur la création de porteurs, et sur le rôle des porteurs dans la propagation de la maladie. Divers motifs ont été avancés pour déconseiller le recours aux antibiotiques, notamment:
L'importance de la recherche sur le traitement, pour vérifier quels antibiotiques pourraient s'avérer utiles et quelles situations de terrain pourraient en justifier l'utilisation, la validation des régimes et la documentation de tout effet nocif ont été reconnues et devraient faire l'objet de la plus haute priorité. Les fonds investis pour déterminer l'efficacité véritable et les risques liés au traitement iraient essentiellement dans l'intérêt des agriculteurs, étant donné la réalité du terrain, où les agriculteurs continuent malgré tout à utiliser les antibiotiques.
Sans un service vétérinaire efficace pour la surveillance, le contrôle des déplacements, les stratégies de vaccination et autres mesures de lutte, il y a peu de chances de parvenir à une maîtrise progressive de la maladie. Les communautés pastorales devraient participer à la lutte contre la PPCB, en renforçant leurs mécanismes traditionnels, comme l'auto-imposition de la quarantaine pour le bétail infecté durant un laps de temps suffisamment long. Toutefois, pour gagner la confiance et la coopération des éleveurs, il faudrait aussi leur expliquer la raison d'être des protocoles de lutte contre la maladie.
Plusieurs participants ont souligné l'importance des études d'évaluation de l'impact de la PPCB, et ont observé qu'assez souvent, le parti pris des gouvernements et des bureaucrates à l'encontre de la lutte contre la PPCB dérive du fait qu'on ne connaît pas vraiment l'impact de la maladie. Il a été évoqué que les données de base nécessaires pour effectuer ces études d'impact économique devraient être élaborées par les services vétérinaires nationaux, par l'entremise de leurs réseaux ou unités épidémiologiques.
L'importance des principes HACCP dans la lutte contre la PPCB a été également soulignée, en particulier vu les maigres ressources disponibles. En outre, il a été suggéré qu'un plan HACCP pourrait être dressé pour une localité donnée sur la base de l'épidémiologie de la maladie présente dans cette localité.
Le financement insuffisant des services vétérinaires nationaux en Afrique a été cerné comme une des raisons portant à une détérioration marquée de l'état de la maladie sur le continent. Le manque de surveillance étroite signifie certainement que l'on n'a pas conscience de l'ampleur de la maladie. A l'heure actuelle, on assiste à une diminution des foyers d'infection en Namibie mais, parallèlement, à des incursions croissantes de la maladie en Zambie de l'Angola.
Les solutions comme les déplacements du bétail ne sont généralement pas praticables dans de nombreuses parties du continent, et ceci contribue clairement à la propagation de la maladie. La transhumance, la sécheresse et la culture compliquent souvent cette situation.
Tout plan de lutte contre la PPCB doit être systématique et considéré d'un point de vue régional, car les mesures prises dans tout pays ont une portée directe sur la situation de la maladie dans les pays voisins.
Il est à espérer que la reconnaissance régionale de la situation de la PPCB accélère les efforts concertés afin de: coordonner la gestion des ressources; réaliser une description rigoureuse de la propagation de la PPCB en renforçant la surveillance; procéder à une sensibilisation active de la population; et promouvoir la diffusion des informations utiles.
Les conséquences de la PPCB sont dévastatrices, et il faut s'efforcer d'évaluer son impact par le biais d'analyses coûts-bénéfices des diverses mesures de lutte. La question devrait être portée à la connaissance desMinistères nationaux de l'agriculture dans des instances régionales appropriées et au niveau national par les activités nationales de PACE.
Enfin, la lutte contre la PPCB requiert une détermination politique, qui devra être renforcée avant de fournir le soutien législatif nécessaire.
Source: Contagious bovine pleuripneumonia - to eradicate, control or live with the disease. FAO juin-novembre 2001, disponible en ligne: http://www.fao.org/ag/AGA/AGAH/EMPRES/Info/CBPP/CBPPe-conf.v6.htm