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Plan de développement forestier dans les territoires tropicaux de l'Union française

Par la DÉLÉGATION FRANÇAISE

LA FRANCE administre, dans la zone intertropicale de vastes territoires présentant, au point de vue forestier, des intérêts très divers. Certains, principalement l'Indochine, sont riches et en mesure d'être exploités mais les besoins locaux sont considérables étant donné la forte densité de population et il ne faut guère compter sur leur production comme facteur important dans le bilan mondial en bois. Dans d'autres pays, comme à Madagascar, la grande exploitation ne peut être organisée qu'avec prudence et en s'entourant de toutes garanties, afin d'éviter les conséquences catastrophiques d'un déboisement inconsidéré de l'Ire. Toute la partie centrale de l'Afrique, située entre le Sahara et la grande forêt équatoriale est recouverte de boisements tropicaux secs, à caractères sahéliens ou soudanais et qui, en dehors de leur rôle climatique et stabilisateur du sol, n'ont qu'un intérêt économique purement local.

Compte tenu de ces éléments, le Plan de developpement de la production forestière coloniale s'est donc limité dans son premier stade aux territoires possédant les boisements les plus immédiatement accessibles et susceptibles de fournir d'importante contingents à l'exportation, c'est-à-dire à la Côte d'Ivoire, au Cameroun, au Gabon et au Moyen-Congo.

Bilan de la situation

Pour établir le bilan de la situation actuelle de l'exploitation forestière africaine et préparer un plan de développement de cette production, l'analyse de quelques statistiques d'exportations des territories en question paraît indispensable.

Production globale - Situation passée et présente. - Le début de l'exploitation de nos richesses forestières tropicales ne remonte guère qu'au début du XXème siècle et dès 1913 cette activité avait déjà pris un développement appréciable.

En 1913, les exportations de la Côte-d'Ivoire et du Gabon s'établissaient à 203.000 tonnes. Elles repartirent de 93.000 tonnes après la première guerre mondiale, en 1920, pour dépasser rapidement, avec l'apport du Cameroun 300.000 tonnes en 1924, 500.000 tonnes en 1927, puis atteindre leur plafond avec 580.000 tonnes en 1937 et retomber à 390.000 tonnes en 1938.

Depuis cette date, la production a considérablement diminué jusqu'en 1941 du fait de la guerre et de l'isolement des territoires coloniaux. Une lente mais sûre progression, ralentie par les difficultés d'évacuation des bois et les possibilités en matériel d'exploitation doit ensuite être enregistrée.

De 1920 à 1938, en dépit de crises économiques graves les exportations ne se sont jamais abaissées en-dessous de 300.000 tonnes et l'on peut dire que l'exploitation forestière constituait avant-guerre dans son ensemble une branche stable et importante de l'économie africaine.

La presque totalité des exportations provenaient de la côte occidentale d'Afrique et pour la plus grosse part du Gabon, grâce à l'okoumé, Aucoumea klaineana Pierre (200 à 400.000 tonnes de billes d'okoumé par an de 1925 à 1937). Les exportations de Côte-d'Ivoire se maintenaient entre 40 et 50.000 tonnes mais un redressement était à signaler en 1937 avec 85.000 tonnes. La production du Cameroun variait entre 30.000 et 50.000 tonnes.

Les deux principales catégories exportées et qui représentent 80% du total des expéditions étaient les acajous, Khaya spp., et l'okoumé et nous pouvons immédiatement souligner le fait important qu'en dehors de l'okoumé l'exploitation forestière africaine doit demeurer surtout une exploitation de bois d'ébénisterie.

Certains pourraient en effet s'étonner des faibles tonnages exploités eu égard à l'importance territoriale des forêts. Nous rappelerons donc brièvement les raisons de cet état de chose et par là même, les causes des demi-échecs des campagnes successivement entreprises en vue de développer la production forestière dans les territoires français de la zone équatoriale.

1. Tout d'abord l'hétérogénéité et la pauvreté corrélative de la forêt tropicale. Nous y reviendrons plus loin mais nous pouvons déjà dire que ces défauts ont été à la base des prix de revient sur chantiers toujours élévés des bois coloniaux. Ces prix de revient, auxquels il est nécessaire d'ajouter un frêt important obligeaient à des prix de vente élevés de sorte que l'exploitation se trouvait limitée aux bois de luxe ou spéciaux n'entrant pas en concurrence avec les bois métropolitains ou étrangers.

2. L'étroitesse des marchés du fait que les catégories de bois à exploiter donc à vendre étaient limitées au départ, comme nous venons de le voir, par les prix de revient. L'équilibre entre là production et la consommation était donc difficile à assurer; et le manque d'essor de la production forestière africaine n'était pas dû à une déficience de l'exploitation coloniale mais plutôt à une insuffisance de la demande en bois tropicaux.

3. Enfin il est bien certain que la pauvreté relative de la forêt qui est à l'origine des prix de revient élevés, s'atténue lorsque la gamme des essences exploitées s'élargit. Prix plus normaux - débouchés accrus et nous sortons du cercle vicieux dans lequel nous nous sommes débattus avant la guerre. Puisque c'est sur ces bases que nous avons l'intention de travailler aujourd'hui, nous pouvons nous demander pourquoi la solution n'a pas été trouvée trente ans plus tôt.

La raison en est simple et reside dans les difficultés de placement des bois communs sur les marchés consommateurs. L'échec était dû à plusieurs causes mais surtout aux difficultés techniques qui, aux deux extrémités de la gamme, sont la dureté et la non-resistance aux altérations. Le manque d'industries et en particulier de scieries, l'absence de connaissances suffisantes en ce qui concerne étuvage, séchage et préservation des bois obligèrent les exploitants à éliminer beaucoup d'essences communes tendres de sorte que seule l'utilisation des bois durs et mi-durs ainsi que des bois tendres suffisamment durables devenait possible. Or, d'une part, 85% de la demande industrielle dans le monde porte sur les essences tendres et mi-dures et surtout sur les résineux, d'autre part les utilisateurs rencontrèrent des difficultés sérieuses au cours de l'usinage des bois durs et même mi-durs tropicaux.

Certains bois présentent par ailleurs des caractéristiques technologiques médiocres, l'ensemble de ces facteurs ajouté à la réserve et la routine des utilisateurs explique les difficultés d'utilisation pratique donc de vente des essences coloniales communes.

Possibilités théoriques de production. - L'élaboration d'un plan d'équipement colonial en ce qui concerne l'exploitation forestière et les industries de transformation doit évidemment tenir compte de la possibilité de la forêt. Cette possibilité est fonction de deux facteurs:

1. l'estimation des surfaces boisées «économiquement accessibles»
2. la «possibilité de ces massifs en essences commercialisables»

Dans les territoires qui nous intéressent, Côte-d'Ivoire, Cameroun, Gabon et Moyen-Congo, la superficie des surfaces couvertes par la grande forêt équatoriale du type primaire ou secondaire est estimée à environ 40 à 50 millions d'hectares.

Radeau d'okoumés descendant une rivière au Gabon

En 1942, M. Aubréville estimait à 2 millions d'hectares la superficie des massifs facilement exploitables en Côte-d'Ivoire. M. Grandclément, Chef du Service forestier du Cameroun, donne un chiffre de 2.400.000 hectares pour ce territoire. On peut évaluer à 5 millions d'hectares la superficie des forêts de l'Afrique équatoriale française pouvant être mise en exploitation au cours d'une première période d'équipement et d'industrialisation.

On peut donc baser notre plan d'exploitation sur une superficie de 8 à 10 millions d'hectares desservis par un réseau d'évacuation économique existant ou facilement aménageable.

En ce qui concerne la possibilité les calculs ont été basés sur une liste de 40 essences, dont beaucoup n'ont pas encore été commercialisées, et que l'on estime aptes à être débitées en scieries et à fournir des bois ordinaires de charpente, de coffrage, de caisserie, etc.

Les superficies de forêts primaires et secondaires étant à peu près équivalentes au Cameroun, nous obtenons après comptages en forêt et moyennes le chiffre moyen de 27 m3, soit environ 21 tonnes de bois disponibles à l'hectare et l'on estime que, environ 50 ans après cet abatage de gros bois, le capital forestier sera reconstitué et qu'une nouvelle exploitation égale à la première pourra être effectuée.

Nous pouvons donc! sans danger, d'après ces calculs envisager l'exploitation, sur une rotation de 50 ans, et sur un prélèvement annuel (sur le cinquantième de la forêt accessible) d'une vingtaine de tonnes de bois à l'hectare. Signalons toutefois que ce dernier chiffre certainement faible au point de vue absolu peut être discuté compte tenu des contingences commerciales, et particulièrement des exigences des acheteurs.

Niveau de production prévu au plan

Les chiffres qui ont été fixés correspondent à la production globale qui pourra être réalisée dans un délai de 3 ans, étant bien entendu que, compte tenu de l'expérience qui sera acquise au cours de cette période, tant au point de vue technique que commercial, des chiffres supérieurs pourront être atteints dans l'avenir.

Le programme de création de scieries a été fixé ainsi:

300.000 m3 par an pour la Côte d'Ivoire
500.000 m3 par an pour le Cameroun
440.000 m3 par an pour l'A.E.F. (Gabon-Moyen-Congo).

Le programme de fabrication de panneaux contre-plaqués a été fixé aux chiffres suivants:

30.000 m3 pour la Côte d'Ivoire
50.000 m3 pour le Cameroun
75.000 m3 pour l'A.E.F.

La réalisation d'un vaste programme de fabrication de wallboards a été différée étant donné le peu de renseignements dont nous disposons actuellement tant au point de vue industriel que commercial. La création d'une seule unité de 10.000 tonnes sera immédiatement envisagée au Gabon.

Enfin le programme de production de grumes pour l'exportation a été ainsi fixé:

300.000 tonnes pour l'A.E.F.
100.000 tonnes pour le Cameroun
150.000 tonnes pour la Côte-d'Ivoire

Les techniciens qui ont élaboré ce plan se sont rendu compte que les exploitants auront surtout tendance à exporter en grumes des bois de tranchage et de déroulage à prix de vente élevé. La forêt n'étant pas toujours très riche en ces essences et les débouchés étant comme nous l'avons vu limités, les cahiers de charges devront pour des raisons sylvicoles notamment fixer des conditions précises en ce qui concerne la proportion des essences à exploiter et en particulier fixer un contingent maximum de bois précieux qu'il sera possible d'abattre compte tenu des quantités de bois communs exploités qui iront en majorité aux scieries.

Programme de production de cellulose et autres emplois chimiques du bois - Etude et critique

Toutes les industries mécaniques du bois exigent une matière première ayant des qualités physiques et mécaniques bien déterminées ce qui réduit la gamme des essences à exploiter pour leur approvisionnement. Il a donc semblé a priori que seules les transformations chimiques seraient en mesure d'absorber le bois tout venant de la forêt tropicale, ce qui permettrait une exploitation totale de ces peuplements hétérogènes.

Les études ont montré qu'il n'en était pas toujours ainsi et que certaines industries, comme la fabrication de pâtes chimiques et l'hydrolyse du bois, étaient au moins aussi exigeantes que les usines de transformation mécanique quant à la qualité des bois qu'elles sont en mesure de traiter.

Toutefois, en ce qui concerne les pâtes les besoins français sont tels que les études ont été néanmoins poursuivies et qu'il est indispensable d'aboutir rapidement.

Dans l'état actuel des ressources forestières aux colonies et des techniques papetières et sylvicoles:

1. On ne peut envisager l'installation d'usines de pâte mécanique dans les territoires africains.

2. Les études effectuées ont montré que, en ce qui concerne la pâte chimique, s'il est peut-être prématuré d'envisager immédiatement la construction d'usines de grande production de 100.000 tonnes par an, il est par contre sensé d'espérer y parvenir. Pour cela il faut maintenant aborder le problème de l'exploitation forestière à l'échelle industrielle, et procéder à l'installation d'usines de démarrage qui pourront parfois être à la limite de la rentabilité, de façon à mettre au point les méthodes sylvicoles aptes à assurer l'alimentation régulière des usines futures. C'est ce qui justifie l'installation d'une usine de 30.000 tonnes prévue au Gabon.

3. En ce qui concerne la pâte mi-chimique, l'installation d'usines moyennes rentables est maintenant possible, mais la capacité totale à prévoir doit être limitée à celle des possibilités certaines de placement que l'on peut chiffrer aujourd'hui aux environs de 60.000 tonnes. La création de trois usines de 20.000 tonnes chacune de pâte mi-chimiques coloniales est donc prévue, l'une en Côte-d'Ivoire, l'autre au Cameroun, la troisième au Gabon.

4. Les autres industries chimiques du bois sont à éliminer d'un plan à réalisation immédiate car les études doivent être encore poursuivies (hydrolyse, distillation fractionnée, synthèse du méthanol). De toute façon elles seront conditionnées par les possibilités d'obtenir du bois tout venant à très bas prix.

Recherches et travaux forestiers

Recherches. - Un projet de création d'un Institut de Recherches forestières tropicales a été adopté. Signalons que ce projet prévoit la création d'un vaste centre de recherches avec centre de documentation et centre d'enseignement en France et la mise en place de stations forestières et de laboratoires dans les territoires coloniaux.

Travaux forestiers. - L'exploitation de la forêt tropicale provoquera obligatoirement son appauvrissement en bonnes essences. En raison de la multiplicité des espèces qui la composent les trouées créées dans les peuplements pour l'enlèvement des meilleures essences sont généralement envahies par des essences moins intéressantes. On est donc amené à envisager des interventions dans la forêt pour améliorer ou même maintenir sa richesse en cas d'exploitation.

La sylviculture tropicale pose des problèmes techniques qui, en raison de la durée de l'expérimentation en la matière, ne sont pas simples à résoudre. Les travaux déjà effectués, parfois sur une assez vaste échelle, ont cependant permis de tirer des conclusions intéressantes et d'établir un programme général d'enrichissement.

M. Aubréville, au cours d'une mission effectuée l'année dernière dans des divers territoires forestiers africains, a été chargé notamment d'étudier cette question. Son rapport n'a pas été publié, mais voici les indications générales qu'il contient.

Gabon. - En raison du tempérament particulier de l'okoumé, il serait possible de transformer en 50 ans 2 millions d'hectares de la forêt gabonaise en vue d'obtenir dans le futur une production annuelle de 8 millions de m3 d'okoumé. Les travaux porteraient ainsi sur 40.000 hectares par an. Pour un tel programme il faudrait environ 10.000 manœuvres et 80 forestiers européens (plus le personnel d'encadrement indigène). Les dépenses à prévoir annuellement, seraient de l'ordre de 60 millions de francs français (taux d'août 1945).

Côte-d'Ivoire et Cameroun. - Les problèmes sylvicoles sont à peu près les mêmes dans ces deux territoires, mais très différents de ceux du Gabon, en raison de l'absence de l'okoumé.

Un programme d'enrichissement de 800.000 hectares en 20 ans soit 40.000 hectares par an correspondrait à une production future annuelle de 2,5 millions de m3. Il exigerait un effectif de 8.000 manœuvres environ.

Les problèmes techniques ont été étudiés sans se limiter à des considérations d'ordre financier ou d'emploi de main-d'œuvre. Il est à peu près certain que les programmes dont il a tracé les grandes lignes ne pourront pas être réalisés dans leur intégrité. C'est probablement du côté possibilité en main-d'œuvre que viendra surtout la limitation dans les réalisations.

Il importe toutefois de souligner la nécessité de maintenir et même d'accroître la possibilité de la forêt par des travaux d'enrichissement.

La main-d'oeuvre

On a estimé que l'effectif de main-d'œuvre indispensable dans les trois grandes colonies forestières pour la mise en place du Plan dans les meilleurs conditions d'utilisation devait être au moins de 15.000 manœuvres pour la Côte-d'Ivoire, 10.000 manœuvres pour le Cameroun, 10.000 manœuvres pour le Gabon et le Moyen-Congo soit un total de 35.000 ouvriers.

Une partie de la délégation française

Restait à élaborer les mesures permettant:

a) de maintenir sur les chantiers la main-d'œuvre existante
b) d'augmenter sainement l'effectif de cette main-d'œuvre
c) d'en augmenter son rendement.

D'une façon très générale, les mesures les plus importantes seront les suivantes:

1. Fixation par catégorie d'emploi de salaires de base en rapport avec le coût de la vie dans chaque colonie et les besoins accrus des populations autochtones. Des compléments de salaires doivent être prévus.

2. Application des lois sociales.

3. Amélioration des conditions de travail par une mécanisation intense et, corollairement, éducation de la main-d'œuvre.

4. Amélioration du standard de vie des autochtones et en conséquence augmentation du pouvoir et surtout des possibilités d'achat donc approvisionnement des territoires en denrées et produits industriels d'usage courant.

L'organisme de mise en place et de financement du plan

Il a paru indispensable de créer un organisme de mise en place et de financement du plan de développement de la production forestière coloniale. La création d'une société nationale, dénommée «Groupement national des bois tropicaux», placé sous l'autorité du Ministre de la France d'Outra-Mer est prévue dans le cadre de la loi du 30 Avril 1946. Les objectifs assignés à ce Groupement sont de créer les conditions permettant de réaliser en Afrique occidentale française, au Cameroun et en Afrique équatoriale française, le développement de la production forestière prévue au Plan en vue de satisfaire les besoins métropolitains et mondiaux et de valoriser au maximum le travail de production.

Pour atteindre ces objectifs, le Groupement sera chargé, à l'exclusion de tout autre organisme, d'exercer directement, ou de centraliser un certain nombre d'attributions d'ordre administratif ou professionnel. Il recevra à cet effet les délégations de pouvoir nécessaire. En particulier, sur avis des comités locaux et sous réserve de l'approbation du Ministre de la France d'Outra-Mer, le Groupement fixera la répartition des devises et monnaies-matières allouées pour l'exécution du plan de développement de la production forestière.

Ce Groupement sera géré à Paris par un Conseil d'administration et un Comité de direction et dans les Territoires et Départements par des comités locaux d'agence en Côte-d'Ivoire, Cameroun, Gabon et Moyen-Congo. Le Conseil d'administration sera composé de représentants de la puissance publique et des intérêts professionnels. Un Directeur général sera désigné par le Ministre de la France d'Outra-Mer sur proposition de ce Conseil. Les comités locaux de chaque agence seront également à caractère paritaire et présidés par le Chef du Service forestier de la Colonie.

Le Groupement devra recevoir pour son installation une dotation constituée par le Fonds d'investissement et de développement économique et social. Quant aux autres dépenses, elles seront couvertes, en ce qui concerne la propagande, par une taxe à l'exportation des produits forestiers et pour la construction des équipements publics par des dotations spéciales. Le financement de toutes les autres opérations sera assuré par les moyens usuels de crédit ou conformément aux dispositions du décret du 24 octobre 1946 portant application de la loi susvisée du 30 avril 1946.

Ce projet qui a reçu l'entière approbation des représentants des intérêts professionnels permettra de réaliser dans des conditions parfaitement saines la mise en place du Plan.

Programme de grands travaux publics indispensables a la mise en place du plan forestier

Il est bien évident qu'il ne suffit pas de produire du bois mais qu'il faut avoir la certitude de pouvoir le transporter jusqu'au port d'embarquement, le charger et assurer son transport maritime. Le programme des grands travaux a donc été établi en tenant tout particulièrement compte du programme forestier.

En Côte-d'Ivoire il est prévu, entre autres, l'aménagement du port d'Abidjan, la création d'un wharf à Sassandra et d'un ras d'amarrage à Assinie; la création de ce plan. En particulier il pourra assurer directement la construction et la gestion des installations intéressant essentiellement la production forestière. Il devra être consulté obligatoirement sur un certain nombre d'objets: modifications au régime forestier, modifications aux droits et taxes, tarifs de transports, magasinage et manutention, création ou extension des entreprises, etc.

Il pourra également prendre toutes dispositions pour que soient construits, dans les délais et conditions prévus, les équipements publics nécessaires à l'exécution de routes et d'un canal lagunaire et l'achat de matériel de cabotage.

Au Cameroun, le port de Douala sera tout d'abord équipé d'engins de manutention modernes et d'un vaste parc à bois; ultérieurement son extension sera entreprise. L'évacuation des bois des régions d'Eseka, d'Edea et de Moalmayo nécessitera le renforcement des moyens ferroviaires. Le port de Kribi débouché d'une importante zone forestière, sera également équipé.

En Afrique équatoriale française la construction immédiate d'un wharf fortement équipé à Orwendo devra avant tout permettre le débarquement du matériel et des matériaux nécessaires à l'ensemble du programme de production de cette région. Le renouvellement du matériel d'accorage, la création d'un parc de stockage puissant, les jonctions routières, la construction d'une centrale commune seront également réalisés. Un programme semblable est prévu à Port-Gentil et en particulier la construction d'un wharf à la pointe Akosso. A Pointe-Noire, actuellement assez bien équipé, on se bornera à augmenter le nombre des grues et à créer un parc à bois. Le matériel roulant du «Congo-Océan» sera renforcé.

* * *

Le plan de développement de la production forestière, tel qu'il vient d'être exposé, ne constitue qu'une première tranche, assez modeste d'ailleurs. Si le Gouvernement français n'a pas voulu immédiatement prévoir dans le détail un programme plus ambitieux, c'est pour les raisons qui ont été exposées plus haut, par saine et sage prudence.

Dans l'état actuel des connaissances et compte tenu de la situation mondiale des divers pays producteurs et consommateurs de bois, les techniciens français qui n'ignorent aucune des difficultés techniques, commerciales et sociales auxquelles ils se heurteront, estiment pouvoir mettre en œuvre un tel plan et trouver un écoulement aux matériaux qu'ils produiront. Les possibilités de la forêt nous permettent d'envisager une deuxième tranche à ce programme, mais elle ne sera étudiée dans le détail et mise en œuvre que lorsque nous aurons la certitude de placement, en économie normale, de l'ensemble des contingents de produits que nous serons ainsi susceptibles de livrer, c'est-à-dire lorsque les techniques de transformation et d'utilisation de ce matériau complexe que sont les bois tropicaux seront parfaitement au point et lorsque la clientèle mondiale sera, de son côté, éduquée, par une saine propagande, pour les absorber.


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