Page précédente Table des matières Page suivante


EXPLOITATION DES PECHERIES ET GESTION RATIONNELLE DES LACS EDOUARD ET MOBUTU/ALBERT

d'après

George W. Ssentongo
Biologiste des pêches, projet PPEC

1. EXPLOITATION ET GESTION DES PECHERIES DU LAC EDOUARD

1.1 Introduction

Le lac Edouard se situe en Afrique de l'est entre 0°04' et 0°39' de latitude sud et 29°30' et 30°05' de longitude est, dans la partie ouest de la vallée du Rift. Le lac borde l'Ouganda (29% de sa surface) et le Zaïre (71% de sa surface). Le lac Edouard est rattaché au lac George par le canal de Kazinga, ce qui explique pourquoi plusieurs espèces de poissons sont communes aux deux lacs. La carte du lac Edouard est montrée en annexe 1.

Il est essentiel de considérer le lac Edouard dans son contexte géographique: il est entouré par deux parcs nationaux, le parc national Queen Elisabeth (QENP) en Ouganda et le parc national des Virunga (PNV) au Zaïre. La Forêt de Mahinga (réserve des gorilles) et le parc de chasse de Chamburi sont également à proximité de ce lac. Ces zones protégées s'étendent sur près de 380 km du nord au sud. Les eaux du lac Edouard et du canal de Kazinga sont comprises entièrement dans les limites de cette région protégée, le lac George est aux trois quarts bordé par le QENP ou le PNV. Seuls 15 à 20 km du lac George et du canal de Kazinga ne sont pas inclus dans un de ces parcs. La superficie totale des eaux zaïroises du lac Edouard fait partie intégrante du parc national des Virunga, et le canal de Kazinga fait partie intégrante du QENP.

Le complexe des pêcheries des lacs Edouard, George et du canal de Kazinga est caractérisé par l'existence de villages de pêches enclavés dans le QENP. Cela entraîne des problèmes particuliers pour les autorités du parc et le Département des pêches étant donné que la plupart de ces villages se sont largement développés sans contrôle pendant plusieurs années. La solution à leurs problèmes, et à leur intégration dans les stratégies de gestion des villages, demanderait des données de base socio-économiques sur les communautés de pêches.

1.2 Caractéristiques physiques et chimiques

Les caractéristiques physiques et chimiques de n'importe quel système aquatique influent inévitablement sur la productivité des lacs. La productivité d'un corps aqueux détermine la capacité de maintien d'un système aquatique donné. Les fluctuations dans la productivité peuvent se répercuter dans les fluctuations de la population piscicole.

1.2.1 Caractères morphologiques du lac

Ougandasecteur   670 km2  29%
Zaïresecteur1.630 km2  71%
Totalsurface2.300 km2100%

Profondeur: 117 m (maximum), 34 m (moyenne)
Volume: 78,2 × 109 m3
Longueur maximum: 90 km
Largeur maximum: 40 km
Conductivité: 900–925 μ mhos
Total de solides dissous: 521 mg/l
Ph: 8,5–9,3
Température de surface: 26°C

1.2.2 Caractéristiques chimiques des eaux du lac Edouard

SodiumNa110,0 mg/l
PotassiumK    9,0
MagnésiumMg  47,8
CalciumCa  12,4
Carbonate/bicarbonateHCO3 + CO3    9,0
ChlorideCl  36,0
SulphateSO4  31,0
SilicateSiO2    6,5
Nitrate/NitrogèneNO3/N  24,0
Phosphate/PhosphorePO4P  18,0
Total PhosphoreP127,0

1.3. Historique de l'exploitation des pêcheries sur le lac Edouard

Les licences de pêche pour les lacs Edouard et George sont délivrées par le Département des pêches, cependant, il existe des controverses concernant la responsabilité du contrôle des pêches dans les eaux du canal de Kazinga. Chaque village de pêche a un certain nombre de licences qui lui est attribué mais une licence en transfert provenant d'un village peut être opérationnelle dans le village désigné. Après discussions avec les pêcheurs, il apparaît que le transfert des licences de pêche d'un village à un autre est prohibé mais que les mesures de contrôle ne sont pas renforcées.

Les licences sont délivrées à titre individuel pour chaque propriétaire de bateau contre un impôt minimal de 500 shillings au Département des pêches ou à la Rwenshama Fishing Company (RFC) dans le cas de Rwenshama. Les propriétaires de licence sont autorisés à opérer sur un seul bateau équipé avec 10 filets à mailles minimales de 114,3 mm minimum et ils doivent payer des taxes annuelles de 40.000 shillings au gouvernement. Théoriquement seuls les propriétaires de licence possèdent un bateau, chaque embarcation est alors numérotée pour permettre les contrôles et les vérifications par le Département des pêches.

Les pirogues de pêche opèrent avec un équipage de 2 ou 3 personnes. Généralement le propriétaire du bateau et le détenteur d'une licence ne pêchent pas. Les opérations de pêche sont conduites par des travailleurs connus sous le nom de “barias”. Les barias sont employés sous différents arrangements: certains sont payés en liquide, d'autres reçoivent une portion de la prise journalière mais la plupart reçoit une partie en liquide et une portion du poisson pêché. Dans certains cas, les barias restent au village le temps de leur contrat et c'est leur employeur qui fournit la ration et le logement. Généralement le pêcheur rejoint les zones de pêches le soir pour jeter les filets, les relève très tôt le matin (à l'aube) et ramène sa prise au matin.

La majeure partie de la zone de pêche du lac Edouard se situe à l'opposé du campement de pêche de Kisenyi. Les bateaux équipés de moteurs hors-bords sont capables d'atteindre ce territoire à partir d'autres villages tels que Katwe, Kazinga et Rwenshama. Les pirogues à pagaies ont une latitude moins grande et il est probable qu'une part importante de leur effort de pêche s'effectue dans une zone moins productive. Lors de la mission, en février 1990, des observations ponctuelles ont été réalisées sur 4 campements de pêches dans la zone ougandaise du lac Edouard. Un bref résumé sur les activités de pêche dans ces campements est repris ci-dessous.

(a) Campement de pêche du lac Katwe

Katwe est le village de pêche le plus développé dans la zone des lacs Edouard et George. Le Département des pêches y a posté un officier assistant du Département des pêches (AFRO) et 3 assistants des pêches (FA) pour récolter les données sur les captures et contrôler les pratiques de pêches. Environ 112 pirogues sont sous licence mais plusieurs d'entre-elles sont non-opérationnelles. Durant la mission, seules 45 pirogues étaient actives. Le niveau de motorisation pour ce village est plus élevé que dans les autres villages (23 %). Certains pêcheurs ont bénéficié de crédit donné par la Banque commerciale ougandaise (UCB) dans le cadre des facilités accordées aux agriculteurs.

La pêche est pratiquée de nuit et les pêcheurs passent la nuit à garder leurs filets. Ils utilisent généralement des filets de 90 m de long et de 26 mailles de profondeur avec des mailles de plus de 114 mm (4,5 inches). Des discussions avec les pêcheurs et les travailleurs ont révélé que dans la pratique, les filets sont deux fois plus larges faisant ainsi 52 mailles de profondeur. Certains pêcheurs utilisent des hameçons pour attraper les Bagrus, Clarias et Protopterus. Tous les poissons localisés dans le lac Katwe sont vendus frais au lac Katwe, Kabatoro, Kasese, Bwera et sur les marchés environnants au Zaïre.

(b) Campement de Katunguru B (District de Busenyi)

Les pêcheurs de Katunguru B situé dans le canal de Kazinga possèdent au total 30 pirogues de pêche avec pagaies, 7 de ces pirogues ont chacune 2 propriétaires alors que les 23 restantes n'ont qu'un seul propriétaire. Les pêcheurs de Katunguru opèrent dans le canal de Kazinga et pêchent par ordre d'importance des tilapia, Bagrus, Protopterus et Clarias, en utilisant les Haplochromis comme appât.

(c) Campement de Katunguru K (District de Busenyi)

Le campement de pêcheurs a 14 pirogues de pêche avec pagaies et 2 pirogues munies de moteurs hors-bords qui servent pour le transport. Comme pour Katunguru B, les prises de Oreochromis niloticus, Bagrus, Protopterus et Clarias prédominent.

(d) Campement de Rwenshama (lac Edouard)

Rwenshama est localisé dans le sous-département de Bwambara, département de Kinzigi et dans le district de Rukingiri. Ce village a été actif dans la pêche depuis 1954. Le Département des pêches y a posté un officier assistant et 3 assistants des pêches (FAS). Rwenshama est loin de Kichwamba, Rukingiri, Kasese et du lac Katwe. Il est donc difficile d'y trouver les produits de première nécessité comme l'essence, la nourriture, des filets et autres équipements. Certains pêcheurs ont créé la Rwenshama Fishing Company Limited. Il semblerait que la plupart des produits de première nécessité provienne du Zaïre. La pêche et ses activités connexes contribuent à la subsistance de la plupart des villageois autour du lac Edouard mais pour pouvoir pêcher, il est nécessaire d'avoir l'autorisation du Département des pêches.

Les relations entre les pêcheurs zaïrois et ougandais ne sont pas vraiment cordiales, des cas de vols de filets et d'escarmouches sont rapportés. Des consultations périodiques entre les officiels du Zaïre et de l'Ouganda pourraient réduire la tension entre les pêcheurs exploitant les mêmes ressources.

Il y a eu des changements dans la composition des espèces de poissons débarqués. Durant les années 50, les tilapia, la plupart des O. niloticus représentaient plus de 80–90 % du poids des captures. Le profil des captures pour 1989 montre qu'à présent les O. niloticus ne représentent plus que 40 % du total des captures comme indiqué dans le rapport de Dunn (1989). Les autres espèces de poissons contribuent significativement aux captures de poissons et sont par ordre d'importance: Bagrus docmac, Protopterus aethiopicus, Barbus altianalis, Clarias lazera, Mormyrus kannume et Labeo forskalii.

Ces proportions varient selon les régions et semblent correspondre d'avantage aux préférences de milieux et aux habitudes migratoires des espèces qu'aux activités de pêches proprement dites. Il est clair cependant que les pêcheurs pêchent à de plus grandes profondeurs et puisent là où les captures sont plus importantes afin de satisfaire un marché demandeur de grands poissons ayant une plus grande valeur marchande.

Les espèces ayant une valeur commerciale plus grande sont: Oreochromis niloticus (ngege/tilapia), Bagrus docmac (semutundu/catfish), Protopterus aethiopicus (mamba/lungfish), Barbus altianalis (njunguli) qui se pêchent de façon saisonnière et à certains endroits. En quantité moins importante mais à haute valeur marchande, il y a les Labeo forskalii (ningu), Mormyrus kannume (kasalubana/elephant snout fish). En plus de ces espèces commercialisées, deux autres espèces sont parfois vues dans les captures commerciales: O. leucostictus (ngege) et Haplochromis squamipinnis (nkeje). L'estimation de la production de poissons frais des lacs Edouard et George pour les années de 1952 à 1988 est reprise aux tableaux 1 et 2 pour 1989.

Il y a une restriction générale de la pêche aux paniers autour des lacs Edouard/George mais il est raporté que la pratique est fréquente autour de Ntchwera et Kayanja.

2. EXPLOITATION ET GESTION DES PECHERIES DU LAC ALBERT (MOBUTU)

2.1 Introduction

Le lac Albert est localisé dans la partie la plus au nord du bras ouest de la vallée du Rift en Afrique de l'est entre 2°15' et 1°00' de latitude nord et 30°21' et 31°25' de longitude est. Le lac borde l'Ouganda et le Zaïre, une plaine alluviale joint le Nil Victoria et le Nil Albert. La côte ouest le long du Zaïre est caractérisée par 2.000 m d'escarpement. La côte sud est marquée par des marais en particulier de papyrus qui dominent le delta de la rivière Semliki et qui relient le lac Edouard au lac Albert. La carte du lac Albert est représentée à l'annexe 2.

L'Ouganda possède 57 % du lac Albert alors que le Zaïre n'en possède que 43 %. L'enregistrement des captures montre que depuis les années 50, les captures annuelles totales pour le secteur ougandais ont progressé de 3.000 tonnes à environ 22.000 tonnes. Les variations des captures totales sont reprises dans le tableau 3.

2.2. Caractéristiques physiques et chimiques du lac Albert

Comme cela a déjà été décrit pour le lac Edouard, les caractéristiques du lac influent sur la productivité du système ainsi que sur la structure de la population des espèces piscicoles.

2.2.1. Caractères morphologiques du lac Albert

Le lac Albert est caractérisé par les traits morphologiques suivants:

Altitude: 616 m au-dessus du niveau moyen de la mer
Longueur: 170 km long dans un axe NO-SO
Largeur: 45 km
Surface: 6.800 km2
Profondeur: moyenne 25 m et maximale 58 m
Volume aquatique: 140 × 109 m3
Température de l'eau: 27, 5–29, 0 °C
Transparence de certaines baies: moins de 30 cm
Transparence en eau ouverte: 2–6 m

2.2.2. Caractéristiques chimiques des eaux du lac Albert

SodiumNa  91,0 mg/l
PotassiumK  65,0
MagnésiumMg  32,1
CalciumCa    9,8
Carbonate/BicarbonateHCO3 + CO3    7,3
ChlorideCl  31,0
SulfateSO4  32,0
SilicateSiO2  <1,0
Nitrate/NitrogèneNO3/N   -
Phosphate/PhosphorePO4P   -
Total PhosphoreP200,0

2.3 Historique de l'exploitation des pêcheries sur le lac Albert

Les pêcheries du lac Albert (Mobutu) sont exploitées depuis plus de huit décennies. Néanmoins, le pauvre accès routier aux principaux centres de production de poissons a freiné fortement l'exploitation et l'expansion rationnelle des pêcheries.

Durant les années 20, beaucoup de ces centres dans le secteur ougandais du lac ont été fermés à cause de la maladie du sommeil. Ntoroko, un petit village de pêche prospère dans le sud du lac Albert, a été actif à partir de 1953. Depuis lors, la plus grande part du poisson pêché est commercialisée à Kasenyi dans le secteur zaïrois du lac. En 1961 la route Fort-Portal/Bwamba a été ouverte et a donc contribué à la distribution des produits de la pêche du côté ougandais du lac. Pour le secteur ougandais du lac Albert, les villages faisant l'objet de statistiques de pêche régulières sont Ntoroko/Kinara, Kalondo, Kitebera, Kakapere, Mirembe, Kiabahamba, Nyawiega, Minihiro, Tonya, Hoima, Kibiro Lunga, Butyaba, Bugoigo, Wanseko, etc…

2.3.1. Campements de Ntoroko/Kinara

La mission a visité le village de Ntokoro/Kinara afin de procéder à des observations ponctuelles sur l'état des pêcheries. Au moment de la visite, quelques 100 bateaux ont été observés à l'accostage (embarcations de pêche et de transport), néanmoins la flotte varie en nombre selon la saison et les conditions de pêche. Parfois les opérations de pêche se déplacent vers une île plus petite mais Ntoroko reste le centre de transbordement et de traitement. La proche baie de Kinara, qui fait partie de Ntoroko, abrite couramment une flotte additionnelle de quelques 40 bateaux. Pour l'île de Songo/Kiyanya, à environ 4 heures de Ntoroko avec une pirogue équipée d'un moteur hors-bord, une flottille d'une soixantaine de pirogues actives a été recensée.

Ntokoro/Kinara et les autres sites du lac Albert pêchent une multitude d'espèces, malgré les différentes méthodes de pêche, les Oreochromis constituent la principale capture. Les données pour 1989 indiquent que les tilapia approchent les 60 % des captures débarquées à Ntoroko. Les autres espèces importantes sont: Hydrocynus (ngassa), Synodontis (Wahrindi ou ndolo), Clarias (mbissa), Labeo (Karuka), Alestes (ngara) et Protopterus (mamba). Les espèces rares (sud du lac Albert) sont: Barbus (kisija), Citharinus (mpoi), Distichodus (wachone), Malapterurus (ntera) et Auchenoglanis (bubu).

2.3.2. Les espèces de poissons exploitées

Le lac Albert contient une multitude de poissons exploités, comme l'indique les données obtenues auprès du projet PNUD/FAO/UGA/87/099 “Rehabilitation of Fisheries Statistics and Information Systems”.

Groupe des espèces de poissonsPourcentage dans la composition des captures en 1989
 
Oreochromis niloticus55,6
Lates niloticus  3,1
Bagrus spp.  3,3
Clarias spp.  4,1
Synodontis  9,2
Hydrocynus vittatus22,6

Labeo spp., Protopterus aethiopicus, Auchenoglanis, Schilbe spp., Mormyrus deliciosus, Distichodus spp., Mormyrus spp., Barbus spp. et Malapterus electricus ne constituent que 2,1 % des prises.

Le secteur sud du lac Albert contient moins d'espèces de poissons que le secteur nord qui s'étend de Bugoma (district de Hoima) au Nil Albert. Selon la composition des espèces citées ci-dessus, on peut en déduire que les Lates et les Bagrus sont les espèces cibles pour les pêcheries du secteur nord du lac. Il est à noter que les Lates et les Bagrus ne sont pas significatifs dans les captures de Ntoroko (dans le sud).

2.4. Les interactions entre les espèces de poissons et les types de nourriture

La composition de la population de poissons exploités dans le lac Albert varie considérablement. Il existe des différences dans la taille maximum (Lmax) et dans la taille de la première maturité (Lm). Cela implique des difficultés pour le choix de la taille optimale de la maille pour la pêche des différentes espèces utilisant différentes méthodes.

Il existe également des interactions entre les espèces exploitées pour la compétition de la nourriture et les zones de ponte; par ailleurs, il y a des interactions entre les prédateurs et les proies. Le tableau 4 donne la liste des espèces exploitées du lac Albert, leur taille et le type de nourriture. Il apparaît que la plupart des familles de poissons sont des prédateurs à l'exception des Cichlidae et des Cyprinidae qui dépendent directement de la production primaire.

Tableau 1: Tendance des captures de poissons aux lacs Albert (Mobutu) et Edouard/George pour la période 1952–1988, basée sur les données du Département des pêches.

AnnéeCapture (tonne × 1.000)
Lac AlbertLac Edouard/George
1952  3,0  6,5
1953  3,0  6,2
1954  3,0  6,1
1955  7,8  6,8
1956  7,8  6,8
195710,311,0
195810,9  8,0
195913,311,6
196012,313,0
196111,812,5
196212,212,1
196310,412,0
196410,210,2
196512,412,6
196613,612,9
196713,212,9
196813,513,0
196913,711,8
197022,410,0
1971  9,511,7
197210,412,3
197313,011,0
1974  3,510,5
197518,713,2
197612,312,5
197720,612,0
197820,611,8
197917,0  9,0
198013,0  7,0
1981  6,0  5,0
198210,0  6,9
1983  6,0  6,0
1984  6,0  6,0
1985  2,3  5,0
1986  3,2  6,3
1987  8,9  6,5
1988 (1)  1,5  1,3

(1) Les chiffres de 1988 sont des estimations

Tableau 2: Estimation de la production totale annuelle de poissons frais des lacs Edouard/George et du canal de Kazinga en m3 pour 1989 basée sur les données du Département des pêches.

DébarcadèresTilaBagrusBarbClarProtMorLabTOTAL
Rwenshama241,7388,726,239,353,60,3,01749,8
Katwe428,6328,4  2,021,356,9--837,2
Kisenyi189,5  26,6  1,4  2,7  4,7--224,9
Kayanja172,8184,319,111,515,20,10,6404,0
Kasinga171,3  63,4  1,4  0,7  2,9--239,8
Katunguru
    (K)
  38,1  14,8  0,5  7,257,10,1..117,8
Katunguru
    (B)
  88,1  18,6  2,115,622,5--147,0
Kashaka  83,1  63,0  0,110,935,1--192,3
Kasenyi198,8  81,6,01  7,343,7--331,4
Kayinja192,4145,9..18,3130,3  ..-486,9
Kahendero  95,6185,9..132,0  684,4  --1097,9  
Mayoro208,6  71,5  0,720,971,9--373,6
Hamukungu238,4  47,9,0223,140,5--350,0
TOTAL2347,2  1620,8  53,5310,9  1218,9    -0,65552,5  

N.B. Tila = tilapia;
Barb = Barbus;
Cla = Clarias;
Prot = Protopterus;
Mor = Mormyrus;
Lab = Labeo.

Tableau 3: Estimation de la production annuelle totale de poissons frais (tonne) pour des sites échantillonnés de débarquement pour le lac Albert en 1989, basée sur les données du département des pêches.

Villages de pêcheCapture (tonnes)
Kamuga653
Katolingo/Rukwanzi493
Ntoroko/Kanara1.083   
Songa/Kayanzi681
Katanga/Kanara1.348   
Wasengo191
Buhuka161
Ndaiga360
Kitebere225
Buliisa657
Butiaba1.499   
Kibiro403
Bugoigo535
Nkondo783
Tonya1.156   
TOTAL10.288    

Tableau 4: Les espèces de poissons du lac Albert et leurs attributs biologiques et écologiques.

   L Max (cm) 
MALAPTERURIDAEMalopterurus electricusSinga-Singa/Ntera-small fish
BAGRIDAEBagrus bayadMunama/Lanya40small fish/insect larvae
Bagrus docmacMunama/Ssemutundu100small fish/crustacea
Chrysichthys sp.Barua/Bubu-small fish/crustacea
Auchenoglanis occidentalisDjokodjo50insect larvae/crustacea
MOCHOKIDAESynodontis schallFodofodo/Wahrindi40molluscs/small fish/insect larvae
Synodontis frontosusFodofodo kidogo/Kokwe35bottom feeder (Fish/insect/molluscs)
CICHLIDAEOreochromis niloticusNdakala, Gege, Tsé, Ngege-herbivore/detrivorous
Sarotherodon galilaeusKisoro, Ngege-herbivore/detrivorous
Tilapia zilliiNgege-herbivore/macrophytes
Haplochromis albertlanusAngara, Ngara--
CENTROPOMIDAELates niloticus albertianusCapitaine Isa, Esa, Mputa182fish, crustacea
Lates niloticus macrophthalmusEsa, Mputa fish, crustacea
LEPIDOSIRENIDAEProtopterus aethiopiousMbamba100molluscs, fish
POLYPTERIDAEPolypterus senegalusKambanioka42fish, small frogs
MORMYRIDAEMormyrops anguilloidesTsungma60insects/lake flies
Marousenius petherioiMuzundanio22insects/lake flies
Gnathonemus cyprinoidesMusindani30insects/chironomid
Mormyrus kannumeMuzundanio/Kasulubana40–60lake flies
Mormyrus cashiveKasulubana100lake flies
Mormyrus niloticusKasulubana50lake flies
Hyperopisus bebeKasulubana47molluscs/insects
CYPRINIDAELabeo horieKitumbi/Karuka40(72)detritus
Labeo coubieKitumbi/Kwangurameli74plant debris
Barbus bynniBulaya/Kisinja82aquatic plants/molluscs/insects
Barilius niloticusMuzizi10zooplanctonic
Rastrineobola bredoiMukene/Dagaa4–5plantonic crustacea
CHARACIDAEHydrocyon forskaliNgasa26–60small fish/insects/lates
Hydrocyon lineatusNiarongassa-small fish, etc.
Alestes baremoseSardinea/Ngara30–55crustacea/insects
Alestes macrolepidotusMungezi/Waraga40–55insects, detritus/small fish
Alestes grandisquamisNgele--

FAMILYSCIENTIFIC NAMELOCAL NAMEL Max (cm)FOOD ITEMS
MALAPTERURIDAEMalopterurus electricusSinga-Singa/Ntera-small fish
BAGRIDAEBagrus bayadMunama/Lanya  40small fish/insect larvae
Bagrus docmacMunama/Saemutundu100small fish/crustacea
Chrysichthys sp.Barua/Bubu-small fish/crustacea
Auchenoglanis occidentalisDjokodjo  50Insect larvae/crustacea
MOCHOKIDAESynodontis schallFodofodo/Wahrindl  40molluscs/small fish/insect larvae
Synodontis frontosusFodofodo Kidogo/Kokwe  35bottom feeder (Fish/insect/molluscs)
CICHLIDAEOreochromis niloticusNdakala, Gege, Tsé, Ngege-herbivore/detrivorous
Sarotherodon galilacusKisoro, Ngege-herbivore/detrivorous
Tilapia zillilNgege-herbivore/macrophytes
Haplochromis albertlanusAngara, Ngara--
CENTROPOMIDAELates niloticus albertianusCapitaine Isa, Esa, Mputa182fish, crustacea
Lates niloticus macrophthalmusEsa, Mputa fish, crustacea
CITHARINIDAEDistichodus niloticusMayoli  83aquatic plants/molluscs/crustacea
Citharinus citharusMpoi50–80macroplankton, diatoms
SCHILBEIDAEEutropius niloticusPendakula/Taitai  35small fish/insect larvae
Schilbe mustusKara-Kogere  30small fish
CLARIIDAE Clarias lazeraKosso/Mali/Male140omnivorous/small fish
Heterobranchus longifilis  insectivorous/small fish

3. METHODES DE PECHE, REGLEMENT, GESTION DES INSTITUTIONS ET PROBLEMES

3.1. Les méthodes d'exploitation des pêcheries des lacs Edouard et Albert

Les secteurs ougandais des lacs Edouard et Mobutu sont le plus souvent exploités avec des matériels de pêche artisanaux; la pêche à la senne tournante, aux lamparas et aux chaluts n'existent cependant plus. Les ressources pélagiques et démersales sont le plus souvent pêchées avec des filets maillants, des sennes de plages, différents pièges, hameçons et lignes.

3.1.1. Filet maillant fixé

L'industrie de la pêche est actuellement dominée par les filets maillants sur le lac Edouard bien que 2 villages continuent d'employer la pêche aux paniers, technique traditionnelle utilisée dans cette région depuis des décades. Sur le lac Edouard, les filets ayant des mailles de 102–178 mm sont utilisés pour pêcher la plupart des Oreochromis niloticus (tilapia), Bagrus docmac, Protopterus aethiopicus, Barbus altianalis et Clarias lazera. Les espèces de poissons de plus petite taille ne sont pas commercialisées dans le secteur ougandais du lac.

Dans le cas des pêcheries du lac Albert, les filets à petites mailles (de 63 à 89 mm) sont destinés aux prises de Alestes macrolepidotus et de Hydrocynus forskalii alors que les mailles de plus grande dimension (plus de 102 mm) servent à pêcher les Bagrus bayad, Bagrus docmac, Oreochromis niloticus, Mormyrus kannume, Protopterus, Auchenoglanis occidentalis, Lates niloticus albertinus et Clarias lazera. Les espèces cibles par rapport à la dimension de la maille sont indiquées ci-après:

Dimension maille (filet)Espèces cibles
  
1,5 inches (38,1 mm)Synodontis, petits Alestes
2,0 inches (50,8 mm)Hydrocynus, Alestes
2,5 inches (63,5 mm)Hydrocynus, Alestes
4,0 inches (101,6 mm)Oreochromis
4,5 inches (114,3 mm)Oreochromis, Lates, Bagrus
5,0 inches (127,0 mm)Oreochromis, Lates, Bagrus, Clarias
6,0 inches (152,4 mm)Lates, Bagrus, Clarias
8,0 inches (205,2 mm)Lates, Auchenoglanis

La taille des filets de pêche varie selon les espèces ciblées et également selon la disponibilité locale du matériel de pêche. Certains pêcheurs pratiquent la pêche “active” comme de battre l'eau pour effrayer les poissons vers les filets. La pêche à la ligne pour les Lates et les Bagrus est également pratiquée mais d'une façon limitée et confinée dans les zones de pêche autour des îles. Les pêcheurs de Ntokoro affirment que les pêcheurs zaïrois utilisent surtout des filets à mailles étroites et même des sennes pour pêcher les tilapias, ce qui expliquerait en partie l'épuisement en poisson des eaux nationales zaïroises. Des accrochages avec les pêcheurs zaïrois dans les eaux territoriales ougandaises sont fréquents.

Les pirogues de pêche de Ntoroko ont la forme rudimentaire de la “barque Congo” (Zaïre) soit un bateau en planches à fond plat, lourd, lent et peu pratique. Ce modèle a été introduit au début des années 50 à partir de Kasenyi, du côté zaïrois du lac, à un moment où les pirogues monocoques traditionnelles ont commencé à décliner suite au manque d'arbre et aux limitations évidentes en terme de stabilité et de rayon d'action. Ces barques ont pourtant l'avantage d'être relativement faciles et peu chères à la construction mais elles sont peu appropriées pour un lac où des vents forts soufflent en formant des vagues relativement hautes.

3.1.2. Sennes de plage

L'utilisation des sennes de plage dans le lac Albert n'est pas officiellement prohibée, les endroits (sud du lac) où elles peuvent être utilisées ne sont pas très nombreux mais dans le nord, quelques endroits sablonneux et peu profonds sont idéaux pour ce type de pêche. Le problème essentiel de cet engin est la capture de petits poissons qui entraîne un effet négatif pour la survie de la plupart des espèces de poissons repris au tableau 4.

3.1.3. Paniers et pièges

Les paniers et les pièges ne sont pas utilisés énormément dans les pêcheries artisanales commerciales des lacs Edouard et Mobutu Sese Seko. La pêche aux paniers et aux pièges, utilisée dans les embouchures de fleuve et dans les marais de papyrus, détruit les espèces suivantes: Labeo spp., Barbus spp., Alestes spp., Schilbe, Clarias et autres espèces de la famille des Bagridae.

3.2. Règlements de pêche et effort de contrôle

Une bonne législation existe pour la conservation des ressources de poissons, certains règlements sont applicables pour les eaux territoriales ougandaises, d'autres sont plus spécifiques au contrôle des lacs Edouard et George. Par contre les pêcheries des lacs Mobutu et Edouard ne sont pas contrôlées. Citons quelques uns des règlements les plus utiles pour la conservation des poissons, pour le contrôle des pêcheries et pour la pêche:

Lors de la Consultation technique (entre le Zaïre et l'Ouganda) sur la gestion des lacs Edouard et Albert, de sérieuses considérations ont pu être données quant à la portée de ces règlements. La gestion rationnelle des pêcheries requiert une gestion unifiée et l'application de règlements identiques par toutes les parties concernées.

3.3 Institutions de gestion des pêcheries pour les lacs Edouard et Albert

Le Département des pêches du Ministère des industries animales et des pêches (MAIF) est responsable du développement et de la gestion des pêches. L'Organisation ougandaise pour la recherche sur les pêches en eaux douces (Ouganda Freshwater Fisheries Research Organization-UFFRO) à Jinja également localisée dans le MAIF est responsable de la recherche sur les pêches et de l'évaluation des resources. L'Institut de formation des pêches (Fisheries Training Institute) est une division du Département des pêches.

3.3.1 Rôle du Département des pêches et de l'Institut de formation des pêches (Fisheries Training Institute)

Le Département des pêches est dirigé par un Commissaire des pêches tandis que les officiers régionaux des pêches (Regional Fisheries Officer-RFO) sont responsables de l'administration des pêcheurs, de la gestion et de l'application de la loi. Sous les RFO se situent les officiers assistants du Département des pêches (Assistant Fisheries Department Officers-AFDO) et les assistants des pêches (Fisheries Assistants-AFs).

Les lacs Edouard et George sont directement administrés par l'officier régional localisé à Kitchwamba (région Bunyarugulu, district Busenyi). Chaque campement de pêche sur le lac Edouard dépend d'un AFDO: Katwe, Kisenyi, Rwenshama et Kayanja, les autres petits sites de débarquement dépendent d'assistants des pêches. L'officier régional doit collaborer avec l'équipe des 3 districts. Quelques problèmes administratifs existent pour ces 3 districts ougandais du lac Edouard qui sont Busenyi, Rukingiri et Kasese, les problèmes sont les suivants: (i) En respect avec l'application de la loi, les pêcheurs peuvent migrer d'un district à un autre et éviter ainsi les poursuites judiciaires dans leur district d'origine; (ii) l'attribution des licences de pêche se fait par district.

Pour la collecte et la compilation des statistiques des captures, cette structure administrative ne pose pas beaucoup de problèmes. Toutes les données sont envoyées à Kitchwamba d'où elles sont transmises vers l'unité de statistiques des pêches (Fisheries Statistics Unit) à Entebbe pour traitement.

Dans le cas du lac Albert, deux officiers régionaux des pêches sont en poste; l'un est basé à Masindi (District de Masindi) et l'autre à Fort-Portal (District de Kabalore). L'assistant des pêches responsable pour les campements de Ntoroko et Kinara fait un rapport aux autorités supérieures à Fort-Portal et Bundibugyo (District de Bundibugyo). L'officier régional des pêches à Fort-Portal a l'entière responsabilité de la partie sud du lac Albert. Les autres sites ougandais de débarquement du poisson sur le rivage est du lac Albert (Koiso, Tonya, Hoima, Butiaba, Bugoigo, Wanseko, …) sont administrés par l'officier des pêches de Masindi.

La collecte des statistiques de pêches, licences de pirogues, conseils aux pêcheurs et application de la loi requiert des services bien organisés et une formation continue. Le Département des pêches ougandais s'occupe de cela grâce à l'Institut de formation des pêches (Fisheries Training Institute) qui est basé à Buyonga Point à Entebbe. L'Institut offre une formation de niveau intermédiaire dans les domaines suivants: Biologie aquatique, culture des poissons, statistiques des pêches, économie des ressources, technologie des pêches, capture et préservation des poissons, méthodes de pêche (classification des matériaux), technologie de pêche, navigation, formation de marins et biochimie des poissons. Deux autres cours de deux ans sont également donnés: (i) gestion des pêches et technologies et (ii) technologie en construction navale. Les diplômés de l'Institut sont envoyés dans diverses régions pour y travailler comme travailleurs auxiliaires.

3.3.2. Le rôle de l'UFFRO dans la recherche des pêches

L'Organisation ougandaise pour la recherche des pêches en eaux douces (Uganda Freshwater Fisheries Research Organization-UFFRO) basée à Jinja est responsable (i) de la recherche appliquée des pêches, (ii) des relevés des ressources, (iii) des conseils à donner aux administrateurs des pêches et (iv) de l'industrie des pêches en cherchant la disponibilité des ressources de poissons dans les différentes étendues d'eau.

L'UFFRO est dirigée par un directeur qui fait son rapport directement au Secrétaire permanent du Ministre de l'industrie animale et des pêches (MAIF). Le directeur de l'UFFRO travaille en étroite collaboration avec le Commissaire des pêches. L'équipe de recherche de l'UFFRO se compose d'officiers de recherche des pêches, de biologistes pour le recensement des ressources, de limnologistes, de socio-économistes, d'un technicien des pêches, de techniciens de laboratoire et d'assistants. L'UFFRO conduit ses recherches de pêches dans la plupart des lacs: Victoria, Edouard, Albert, Kyoga, Wamala ainsi que dans le système des cours d'eau et des rivières.

L'UFFRO pourrait jouer un rôle plus important si ses biologistes, écologistes, limnologistes et économistes pouvaient suivre le développement des pêches par:

3.4. Le rôle de l'autorité du parc en Ouganda et de l'Institut ougandais d'écologie

Le lac Edouard est situé endéans le parc national Queen Elisabeth (QENP) en Ouganda et le parc national des Virunga (PNV) au Zaïre. L'eau du lac Edouard fait partie intégrante d'un écosytème complexe, les parcs et les réserves de gros gibiers dépendant partiellement de l'eau. Selon la législation du parc national ougandais, la limite du parc se situe sur la rive (bord du lac), les villages de pêche sont donc sous la juridiction des autorités des parcs nationaux. Par conséquent, il est urgent pour le Département des pêches de collaborer avec ces autorités pour préserver les intérêts des pêcheries. L'Institut ougandais d'écologie (UIE) assiste les autorités des parcs nationaux pour la recherche écologique et leurs études concernent les pêches. Par conséquent, la gestion rationnelle des pêches peut aussi prendre en considération l'approche large en écosystème suggérée par l'UIE.

Le lac Albert (Mobutu) borde la réserve de gros gibier de Semiliki en Ouganda. Par conséquent, la gestion rationnelle des pêches requiert une collaboration étroite et une consultation entre le Département des pêches, les autorités du parc national et l'institut ougandais d'écologie.

3.5. Principales contraintes pour le développement rationnel et la gestion des pêches sur les lacs Edouard et Albert

Les pêcheries des lacs Edouard et Albert sont caractérisées par les conflits habituels qui peuvent exister lors de partage des ressources exploitées par deux pays. Il y a aussi des conflits pour l'utilisation des ressources en eau entre différents utilisateurs. Le développement et la gestion rationnelle des pêches subissent plusieurs contraintes:

En dernier lieu, il faut souligner que les pêcheries des lacs Edouard/Idi Amin et Albert/Mobutu Sese Seko sont exploitées conjointement par les pêcheurs zaïrois et ougandais. Les deux lacs sont situés à l'intérieur des parcs nationaux constitués aussi bien de réserves forestières que de gros gibier. La gestion rationnelle devrait se focaliser en une approche multi-disciplinaire pour les deux écosystèmes. Les espèces de poissons exploitées migrent et certaines indications montrent que les pêcheurs des états riverains pêchent souvent dans les eaux riveraines étrangères. Par conséquent, la nécessité de consultations périodiques entre le Zaïre et l'Ouganda est évidente. Dans le cas des lacs Edouard et Albert, la Consultation technique sur les pêcheries entre le Zaïre et l'Ouganda devrait finalement inclure les institutions suivantes:

Annexe 1: carte du lac Edouard et de ses principales rivières

Annexe 2 : carte du lac Albert et de ses principales rivières

Profil de projet No1

Pays: Ouganda/Zaïre

Titre du projet: Statistiques de pêches et recherche des ressources sur le lac Albert

Secteur: Agriculture, forêts et pêches

Sous-secteur: Pêches

Agence gouvernementale d'exécution:

1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION

Le lac Albert est situé dans la partie nord du bras le plus à l'ouest de la vallée du Rift de l'Afrique de l'est entre 2°15' et 1°00' de latitude sud et 31°21' et 31°25' de longitude est. Le lac borde l'Ouganda et le Zaïre. Une plaine alluviale joint le Nil Victoria au Nil Albert. La côte ouest le long du bord zaïrois est caractérisée par un escarpement de 2.000 m tandis que la côte sud est marquée par des marais de papyrus, qui dominent le delta de la rivière Semikili et qui relient le lac Edouard au lac Albert.

L'Ouganda possède 57 % du lac Albert alors que le Zaïre en possède 43%. Les enregistrements disponibles des captures montrent que depuis le début des années 50, le total annuel des captures pour le secteur ougandais est passé de 3.000 tonnes à environ 22.000 tonnes.

Le lac Albert a un nombre important d'espèces de poissons exploités contribuant ainsi en un apport en protéine de poisson non négligeable pour les riverains du lac. Aucunes données biologiques ni statistiques des pêches fiables ne sont disponibles pour élaborer une gestion rationnelle. Il existe également un manque de nouvelles données sur la productivité limnologique et biologique ainsi que d'estimation fiable sur la biomasse des poissons et sur le potentiel de production. Dans ces conditions, un besoin urgent pour un projet de pêche se fait sentir pour l'estimation des ressources et le perfectionnement du système statistique des pêches autour du lac.

2. COMPOSANTE DE LA STATISTIQUE DES PECHES

Les aspects de statistique et de gestion des pêches sont jusqu'à présent non satisfaisants. Il n'y a pas de service de statistiques. Les données sont recueillies à divers degré de compréhension et d'exactitude par le Département des pêches de chacune des deux parties bordant le lac. Aussi bien pour une gestion saine que pour une évaluation correcte de la viabilité économique de l'industrie des pêches, des données doivent être recueillies tant sur les captures de poissons que sur les efforts de pêche. Les statistiques sur les changements sectoriels, saisonniers et annuels sont essentiels pour une évaluation périodique des ressources afin de planifier les améliorations du développement socio-économique des communautés de pêche.

Il est important que l'équipe internationale du projet ainsi que les contreparties nationales visitent les centres de production de poissons pour vérifier la couverture et les déficiences des systèmes statistiques. Dans le but de palier aux déficiences dans les statistiques de pêches pour le lac Albert/Mobutu, un projet est nécessaire pour organiser un système plus efficient et pour formuler une nouvelle approche dans la collecte des données statistiques des pêches.

2.1. Objectifs de développement et statistiques des pêches

  1. Etablir un service statistique fiable pour les pêcheries commerciales (artisanales ou semi-industrielles) pour le lac Albert/Mobutu.

  2. Entreprendre une enquête sur les unités économiques de pêche dans différentes pêcheries sur le lac durant une période de 2–3 ans.

  3. Collaborer au renforcement général et à l'élargissement des domaines statistiques avec les institutions nationales de pêche autour du lac (Zaïre/ Ouganda); assurer la formation du personnel de la contrepartie nationale.

2.2. Objectifs immédiats pour les statistiques des pêches

2.2.1. Effectuer une enquête-cadre

Une enquête-cadre de tous les sites de pêche devrait être réalisée pour obtenir la référence de base sur laquelle l'enquête sur l'estimation des captures devrait se baser. Les renseignements recueillis devraient inclure:

L'enquête-cadre pourra également recueillir toute autre information considérée comme nécessaire pour la gestion, la planification et le contrôle rationnel de l'effort de pêche.

2.2.2. Effectuer d'une façon périodique une enquête d'évaluation des captures

Cette enquête pourra servir de base pour les données automatiques dans le but d'avoir des évaluations d'une fiabilité mesurable:

2.3. Recherche sur l'évaluation des ressources comme composante du projet

Il est absolument nécessaire d'évaluer la productivité du lac, de suivre les changements dynamiques de la population et du mécanisme hydrologique, de décrire les cycles de développement de certaines espèces sélectionnées, d'établir les liens actuels de la chaîne alimentaire pour l'ensemble de l'écosystème. L'Ouganda et le Zaïre devraient être assistés par le PNUD/FAO et d'autres bailleurs de fonds bilatéraux afin d'établir soit un projet régional, soit deux petits projets nationaux pour la recherche et le développement des pêches.

Des scientifiques pour la recherche internationale pourraient si besoin, collaborer avec les scientifiques nationaux dans la recherche d'un développement significatif des pêches. Il est souhaitable que l'information de la recherche, l'utilisation commune de certains types d'équipement et l'échange de scientifiques et de personnel de développement puisse rapidement produire toutes les données requises pour développer et gérer les pêcheries du lac Albert/Mobutu.

Les seules données disponibles sur les traits morphologiques, les mécanismes hydrologiques et les données limnologiques sont celles publiées par Talling (1965). Un besoin urgent existe pour déterminer les facteurs physiques et chimiques des eaux du lac Albert/Mobutu. Ceux-ci devraient être disponibles aux gestionnaires des pêches afin de comprendre les facteurs limitatifs de la production primaire et de l'abondance de la plupart des espèces.

2.3.1. Objectifs de développement pour la composante de recherche sur l'évaluation des ressources

2.3.2. Objectifs immédiats pour l'évaluation des ressources et composante de recherche

  1. améliorer l'état des connaissances des ressources en poisson et des pêcheries en:

  2. formuler un plan, une stratégie de gestion viable pour le lac sur base d'informations scientifiques actualisées.

Profil de projet No2

Pays: Ouganda

Titre du projet: Recherche sur les pêcheries et évaluation des ressources du lac Edouard

Secteur: Agriculture, forêts et pêches

Sous-secteur: Pêches

Agence gouvernementale d'exécution: Ministère des industries animales et des pêcheries

1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION

Le lac Edouard qui borde l'Ouganda et le Zaïre est un système écologique ayant des ressources en poisson qui traversent les eaux sectorielles du Zaïre et de l'Ouganda. Par conséquent, l'évaluation des ressources et la détermination du potentiel de production peuvent couvrir idéalement le lac dans son ensemble. Les études peuvent également couvrir le lac George.

Selon les observations du Département ougandais des pêches, les captures commerciales de poissons dans le secteur ougandais du lac Edouard et George ont décliné de 13.000 tonnes en 1968 à environ 6.000 tonnes en 1988. Le pourcentage par espèce de poissons de Bagrus docmac, Clarias et Protopterus est resté sensiblement le même entre 1963 et 1983. Après 1983, le retour économique de la pêche aux tilapias, principalement de Oreochromis niloticus a été au plus bas, ce qui pourrait être attribué à une pêche intensive du tilapia du Nil. Il est évident que le nombre de pirogues de pêche était supérieur au nombre légal permis de 480 pirogues en 1983. Les résultats d'une enquête aérienne récente révèlent qu'il est possible qu'il y ait plus de 900 pirogues opérationnelles.

Des estimations du rendement potentiel et de la biomasse de poissons sont difficiles à faire. En outre, aucun indice fiable sur la capture par effort d'unité n'est disponible. Il est cependant important et urgent d'évaluer la biomasse des captures exploitées, le rendement maximum soutenable (MSY) et aussi d'étudier les changements des facteurs écologiques qui affectent les taux de réussite en reproduction, les taux de croissance, de mortalité et de recrutement.

2. OBJECTIFS DU PROJET ET RESULTATS

2.1. Objectifs de développement

2.2. Objectifs immédiats

  1. Améliorer l'état des connaissances des ressources en poisson et des pêcheries en:

  2. Formuler un plan/stratégie viable de gestion pour le lac sur base d'informations scientifiques actuelles.


Page précédente Début de page Page suivante