La plupart des systèmes de production, dont lagriculture, ont des effets secondaires qui peuvent être à la fois positifs et négatifs, ou des effets externes qui ne sont pas comptabilisés par les marchés. Les bénéfices écologiques positifs et négatifs de lagriculture sont la conséquence involontaire des activités de marché qui ont un impact sur des personnes autres que celle qui a induit leffet. Aucun prix nest en général fixé pour ces sous-produits sur le marché, et par conséquent leur valeur économique nest pas déterminée, ou difficile à évaluer. Il nest pas possible dexaminer tous les effets externes positifs de lagriculture. Dans certains cas le même phénomène sera positif dans certaines circonstances et négatif dans dautres, ou encore il sera évalué positivement par certains observateurs et négativement par dautres. Un effet externe positif peut diminuer un effet négatif, et vice versa. En outre, les effets externes positifs et négatifs sont souvent étroitement reliés (ex.: la salinité des sols et lamélioration des possibilités demploi dans lagriculture irriguée). Par ailleurs, les effets externes positifs ne sont souvent pas pris en considération alors que les effets négatifs sont plus abondamment exposés. Un exemple bien connu deffet externe négatif est latteinte à la diversité biologique qui découle du drainage des zones humides pour les besoins de lagriculture (FAO, 2002d). Ces atteintes saccélèrent au fur et à mesure que les établissements humains continuent à empiéter sur les zones humides et les forêts (encadré 10).
Encadré 10 Mise en valeur des ressources en eaux fluviales: le cas du fleuve Sénégal
Le fleuve Sénégal illustre la complexité de lévaluation des effets externes sur lenvironnement. Laménagement des barrages fluviaux pour la production dénergie hydraulique a eu des effets négatifs sur la production agricole écologiquement et socialement durable qui exploitait les plaines dinondation. La gestion conventionnelle des grands barrages a mis fin aux crues annuelles dont dépendaient ces systèmes de production. Après ces aménagements, leau du fleuve a été retenue dans un réservoir en amont et libérée seulement pour répondre à la demande de la production dénergie hydraulique. Ce bouleversement du fonctionnement de lécosystème na pas seulement entraîné la disparition des systèmes traditionnels de production agricole, mais aussi celle de la diversité biologique locale et migratrice qui dépendait de lexistence de ces grandes plaines dinondation à la limite du désert. La nécessité de dédommager les personnes qui ont été éloignées de force de la zone du réservoir a maintes fois été évoquée, mais on sait peu de choses sur les dédommagements dont auraient besoin tous les habitants des contrées situées en aval, qui nont pas été déplacés de force mais qui ne peuvent plus subvenir à leurs besoins par la production agricole quils obtenaient avant les aménagements. |
De nombreux systèmes agricoles sont devenus defficaces transformateurs de technologies, dintrants non renouvelables et de ressources financières. Ils peuvent produire de grosses quantités daliments, mais ont un impact négatif considérable sur les actifs physiques (Pretty, 1999). Par actifs physiques, on nentend pas simplement les ressources naturelles en terres et en eaux proprement dites, mais aussi le cycle et la fixation des substances nutritives, la formation du sol, la lutte biologique, le piégeage du carbone et la pollinisation. Ce phénomène soulève une question: que représente le succès de la production agricole si les importantes augmentations de rendement sobtiennent au prix de problèmes denvironnement et de santé? Lune des difficultés est que les coûts et les bénéfices ne touchent pas les mêmes personnes et ne sont pas mesurés avec les mêmes unités. Dans les années soixante-dix et quatre-vingts, certains considéraient que lénergie pouvait constituer cette mesure commune. Le fait est que les systèmes durables ont un bien meilleur rendement énergétique que les systèmes modernes à forts niveaux dintrants. Au Bangladesh et en Chine, le riz dagriculture pluviale à faibles niveaux dintrants peut produire 1,5 à 2,6 kg de céréales par mégajoule dénergie consommée, ce qui représente une efficacité 15 à 25 fois plus importante que celle de la production rizicole irriguée au Japon et aux Etats-Unis. Les systèmes durables produisent en moyenne 1,4 kg de céréales par mégajoule par comparaison avec 0,26 kg/MJ dans les systèmes conventionnels. Les systèmes agricoles modernes dépendent massivement des apports externes, qui sont en grande partie dérivés des combustibles fossiles. Dans la plupart des pays industrialisés, lénergie est moins chère que la main doeuvre, ce qui rend logique la surexploitation des ressources naturelles et la sous-utilisation de la main doeuvre. Tout cela se solde par des effets néfastes, à long terme, sur lenvironnement (Pretty, 1999). Bien que la main doeuvre soit moins chère que lénergie dans de nombreux pays en développement, lagriculture a souvent des effets négatifs sur lenvironnement. Pour ce qui est des enseignements à tirer du point de vue de laction, il faut noter que les effets externes de lagriculture sur lenvironnement se font sentir à différentes échelles géographiques: par exemple, piégeage du carbone (un effet externe positif) à léchelle mondiale, mais salinisation dun bassin versant (un effet externe négatif) à léchelle locale.
Planche 12 Touaregs et Bellas préparant le sol pour la plantation du bourgou (Mali)
FAO/11604/J. VAN ACKER
Lapplication de concepts comme le principe du pollueur payeur et la récupération et le partage des coûts peut se révéler irréaliste, difficile à mettre en oeuvre et politiquement désastreuse pour les gouvernements des pays où des millions de personnes sont pauvres et où les petits exploitants agricoles tentent de subsister sur les terres marginales. Dans les pays en développement, la manière dont la production agricole des zones marginales peut remplir sa fonction première sans épuiser les ressources naturelles demeure un sujet courant de préoccupation. Cest pour toutes ces raisons que le développement des technologies appropriées, lattribution de droits de propriété individuels ou collectifs et la promotion de lemploi de substitution à lextérieur du secteur agricole seront des stratégies vitales.
Limpact de lagriculture irriguée sur lenvironnement est pour beaucoup lié à la gestion de leau et au bilan salin des terres irriguées. Il faut à la fois minimiser la quantité deau nécessaire à lélimination des sels de la rhizosphère et minimiser la superficie requise pour stocker temporairement ou indéfiniment les sels. Une bonne gestion de ces contraintes nest pas facile. Bien que les problèmes de salinité dorigine anthropique se développent rapidement, leur résolution peut prendre du temps et se révéler coûteuse. Diverses méthodes damélioration des pratiques agronomiques et dirrigation peuvent être mises en place selon le type de salinité et la cause de laccumulation des sels à des niveaux nocifs dans la rhizosphère. Le fait que des eaux salines ont été utilisées avec succès pour faire pousser des cultures montre que dans certaines conditions, comme par exemple le climat méditerranéen marqué par des pluies hivernales, les eaux salines peuvent servir à lirrigation. Les expériences menées dans dautres endroits où les effets négatifs à long terme de lirrigation avec des eaux salines ou à forte teneur en sodium ont été observés indiquent que des interventions plus durables sont nécessaires pour rétablir léquilibre entre les sels et leau.
Figure 3 Profils salins de quatre grands cours deau
Source: Smedema, 2000
Tous les cours deau des zones arides ont des profils salins naturels, imputables à la concentration de sels dans le bassin versant et dans les bas-fonds salins. Le transport des sels fossiles, dû à lirrigation avec les eaux souterraines pompées dans les nappes, puis au rejet des eaux de drainage dans les cours deau, est une autre cause de la salinité des cours deau. La figure 3 montre le profil de salinité de quatre cours deau. Elle illustre les variations possibles entre les sels qui retournent aux rivières ou ceux qui se déposent dans les terres ou restent dans les eaux souterraines (Smedema, 2000). Laugmentation de la salinité des rivières et cours deau de nombreuses régions sèches du monde constitue un risque écologique qui na pas été suffisamment pris en considération. Les conséquences écologiques dune salinité accrue dans les eaux intérieures justifient que lon sy intéresse davantage, étant donné la vulnérabilité des écosystèmes aquatiques à laugmentation des niveaux de sel.
Encadré 11 Le système de drainage égyptien
Il fut un temps où la vaste superficie irriguée de lEgypte ne posait pas de problèmes de salinité importants. Cest seulement après lintroduction généralisée de lirrigation pérenne quil a été nécessaire de prendre des mesures pour remédier à la salinité. Lun des facteurs aggravants de ce problème est lexpansion de lagriculture irriguée sur des sols sableux ou légers caractérisés par une vitesse fondamentalement plus élevée dinfiltration et de percolation. Ces nouvelles terres irriguées se situent pour la plupart sur les lisières plus élevées de la vallée du Nil, ce qui contribue à entraîner le sel vers les basses terres. Lirrigation pérenne a provoqué une augmentation des infiltrations dans lensemble des terres irriguées, un phénomène qui a été exacerbé par laccroissement de la production du riz et de la canne à sucre, nécessitant un taux dapplication deau plus élevé. La réutilisation des eaux de drainage est très répandue et difficile à comptabiliser. Un calcul arithmétique simple basé sur la productivité de leau à léchelle de lexploitation, proche de 40 pour cent, et sur la productivité à léchelle du bassin, qui atteint 90 pour cent, laisse supposer que leau est appliquée au moins deux fois en moyenne. Le reste, qui est trop salé pour pouvoir être réutilisé, est rejeté dans la Méditerranée ou dans des lacs utilisés comme bassins dévaporation (près de la mer). Depuis 1970, lEgypte a équipé une superficie de presque 2 millions dhectares dinstallations de drainage souterraines et dinfrastructures connexes, telles que des fossés collecteurs et des stations de pompage, pour transporter et réutiliser les eaux de drainage. Chaque année, 50 000 hectares supplémentaires sont drainés. Le programme de drainage de lEgypte constitue lune des plus importantes interventions de gestion de leau au monde. Linvestissement total sélève à environ 1 000 millions de $E.U., et depuis 1985, une partie de linvestissement sert à la réhabilitation des anciens systèmes de drainage. Depuis linstallation des systèmes de drainage, les rendements ont augmenté et lon a observé une amélioration substantielle dans les terres altérées par le sel. |
Au Panjab, au Pakistan, la plus grande partie des eaux de drainage des terres agricoles est réutilisée, quelle soit récupérée dans les drains de surface ou pompée dans les eaux souterraines peu profondes. En fait, dans certains systèmes, cest de la moitié aux deux-tiers de leau dirrigation qui est pompée dans les eaux souterraines. Par conséquent, les sels lessivés retournent à la terre plutôt que dêtre évacués dans le réseau fluvial ou dans les bassins dévaporation. Lafflux moyen des sels dans les eaux de lIndus équivaudrait environ à deux fois la quantité de sel évacuée à la mer. Par conséquent, la moitié de lafflux annuel de sel reste dans les terres et dans les eaux souterraines. Laccumulation de sel se produit pour lessentiel au Panjab, où des systèmes de drainage beaucoup plus étendus seraient nécessaires pour maintenir un équilibre durable entre les sels et leau dans les terres irriguées. A léchelle mondiale, seulement 22 pour cent des terres irriguées sont équipées de systèmes de drainage (et moins de 1 pour cent des terres irriguées ont un système de drainage souterrain). Il est donc inévitable que lengorgement et la salinité rendent encore davantage de terres improductives. En général, ce sont déjà des agriculteurs très pauvres qui risquent de perdre leurs terres de cette manière.
La situation du drainage au Pakistan contraste singulièrement avec celle de lEgypte (encadré 11). En Egypte, une grande partie des terres irriguées sont équipées de drains souterrains qui rejettent les eaux de drainage dans les rivières. Les sels ne restent pas dans le bassin du Nil mais sont rejetés dans la Méditerranée. Pendant une partie de lannée, la teneur en sel de lIndus inférieur est bien plus faible que celle du Nil inférieur (delta du Nil), et lIndus pourrait recevoir davantage de sels rejetés. Ces rejets ne seraient toutefois pas possibles pendant les périodes critiques des basses eaux. La seule possibilité à ce moment serait de stocker temporairement les eaux de drainage pour ne les rejeter quen période de hautes eaux. Lextension du Left Bank Outfall Drain, qui pour linstant fonctionne au Sindh, au Panjab constituerait une solution plus durable, quoique relativement coûteuse, que le nombre insuffisant de bassins dévacuation qui caractérise la situation actuelle.
Planche 13 Dragage dun canal dirrigation (Egypte)
FAO/16222/L. SPAVENTA
La réutilisation des eaux des collectivités et des industries dans lagriculture irriguée est très répandue. Bien que les eaux usées soient en partie traitées avant dêtre réutilisées, la plus grande part ne lest pas, ce qui fait peser des risques considérables sur lenvironnement et la santé. En outre, la plupart des usines de traitement des pays en développement fonctionnent en dessous de la capacité prévue, ce qui ajoute au rejet deaux usées non traitées dans les canaux dirrigation et de drainage. Les concentrations de métaux lourds dans les sédiments des canaux et des drains et dans les échantillons de sols, ainsi que la numération bactérienne des coliformes fécaux dans les eaux dirrigation et de drainage, dépassent souvent les normes de qualité de leau de lOMS. Les eaux usées constituent par exemple 75 pour cent du débit total du Bahr Bagr Drain, dans le delta oriental du Nil, en Egypte, ce qui fait réellement du drain un égout à ciel ouvert. Les échantillons de sol, dans le delta oriental, ont révélé des niveaux de cadmium de 5 mg/kg, plus de deux fois le niveau naturel. On a également relevé des signes de labsorption par les cultures déléments-traces. Par exemple, dans le delta moyen, des niveaux de cadmium de 1,6 mg/kg (ppm) ont été trouvés dans le riz. De tels niveaux sont nocifs pour la santé humaine, et méritent que lon sy intéresse sérieusement. Ainsi certaines eaux de drainage sont impropres à toute réutilisation, non pas à cause de leur forte teneur en sel mais en raison de leur charge polluante. Par ailleurs, lévacuation sûre de ces eaux usées polluées devient un réel problème (Wolff, 2001). Des cas semblables ont été signalés pour dautres pays, par exemple le Pakistan et le Mexique (Chaudhry et Bhutta, 2000).
Il a déjà été fait allusion au défi que représente la gestion réussie de lutilisation concomitante des eaux souterraines et des eaux des canaux. Dans certaines zones, la surexploitation des eaux souterraines est mise en évidence par la baisse rapide du niveau de la surface des nappes souterraines. Dans dautres régions où les eaux souterraines sont trop salines pour la production agricole, le niveau de la nappe sélève en raison de la sur-irrigation et des infiltrations issues des canaux dirrigation. De nombreuses terres agricoles ne sont plus productives depuis que lascension capillaire provenant des nappes deaux peu profondes a détérioré les sols et empoisonné les cultures. Il est malheureusement difficile et coûteux dinverser ce processus (encadré 12). En Inde, les superficies engorgées représenteraient 6 millions dhectares. Sur 12 grands projets dirrigation représentant un périmètre irrigué de 11 millions dhectares à laménagement, 2 millions dhectares ont été déclarés engorgés et un autre million dhectares serait salinisé (Shah et al., 2000).
Encadré 12 Impact du prélèvement non planifié des eaux souterraines sur lenvironnement
Les prélèvements non planifiés et non mesurés peuvent considérablement endommager des environnements fragiles. Lexemple de loasis Azraq, en Jordanie, est édifiant. Cette oasis est une zone humide couvrant plus de 7 500 ha, qui offrait un habitat naturel à toutes sortes despèces aquatiques et terrestres uniques. Loasis était internationalement reconnue parce quelle constituait une halte importante pour les oiseaux migrateurs. Elle a toutefois été complètement asséchée par lexploitation de la réserve dsouterraine en amont, par des pompages pour lirrigation et pour lalimentation en eau de la ville dAmman. Le déficit a provoqué la baisse de la nappe phréatique, initialement peu profonde, de 2,5 à 7 m pendant les années quatre-vingts, et asséché les sources naturelles dont le débit, qui alimentait loasis, a chuté à un dixième de sa valeur dorigine au cours des dix années entre 1981 et 1991. Lécosystème tout entier sest effondré et la salinité des eaux souterraines est passée de 1 200 à 3 000 ppm. Il a toutefois été possible, grâce à une série dinterventions (pompage inverse deaux provenant dailleurs au centre du lac, nettoyage des sources et réhabilitation), de remettre presque entièrement les zones humides dAzraq dans leur état dorigine, et les oiseaux (et les touristes) sont revenus. |
La salinisation seule rendrait impropres à la production 2 à 3 millions dhectares par an de terres agricoles potentiellement productives. Lon ne sait dans quelles proportions ces terres sont régénérées (à divers degrés) et rendues à la culture. La pollution des eaux souterraines par les sels et les résidus agrochimiques est également un phénomène fréquent. Lorsque des eaux souterraines légèrement salines sont employées pour lirrigation, la répétition des cycles dapplication de leau sur les champs, dinfiltration de lexcès deau et de repompage à partir de la couche supérieure de la nappe augmente la charge saline des eaux souterraines. Si la perméabilité verticale de la nappe est limitée, les eaux dinfiltration se mélangent peu au reste de la nappe, dont la couche supérieure, là où est pompée leau, se salinise de plus en plus. Ce processus a été mis en évidence dans plusieurs systèmes dirrigation du Panjab, au Pakistan, où lon pratique une irrigation qui utilise de manière concomitante les eaux des canaux et les eaux souterraines (Kijne et al., 1988).
Les agriculteurs les plus pauvres sont ceux qui sont le plus vulnérables à la dégradation de lenvironnement car ils cultivent pour la plupart dans des conditions difficiles. Quelques agriculteurs exploitent les meilleures terres; la grande majorité des autres cultivent les terres moins fertiles et marginales. Laggravation de la dégradation va vraisemblablement altérer la qualité des approvisionnements en eau potable et en eau dirrigation des agriculteurs, ainsi que la qualité de leurs terres, peut-être aussi la quantité et la qualité des poissons quils attrappent, et en dernier ressort leur santé. Labsence de données sur léquilibre entre les sels et leau dans les terres irriguées et le manque de connaissances sur la quantité deau (et de quelle qualité minimale) quil faudrait attribuer aux utilisateurs en aval font obstacle à toute tentative de distribution plus équitable de leau aux utilisateurs en vue daméliorer la productivité de leau en agriculture à léchelle du bassin. Pour pouvoir envisager de mettre fin aux pratiques non durables et réduire les concentrations de sels et de produits agrochimiques qui découlent directement de la dégradation des ressources en terres et en eaux, il faudrait commencer par une action collective et à long terme damélioration de la gestion des terres et des eaux.
Le développement agricole et rural na généralement pas profité des initiatives systématiques danalyse et de gestion de lenvironnement. Lune des raisons de cette mise à lécart passée est sans doute le très grand nombre de projets (grands et petits) qui auraient pu faire lobjet dune évaluation, mais qui auraient totalement submergé les organismes dévaluation de lenvironnement. Lévaluation de limpact sur lenvironnement (EIE) sapplique généralement à la planification de projets déquipement (ex.: barrages, routes, pipe-lines et industries), mais rarement aux plans de culture et de développement rural. Cest ainsi quont persisté la planification malavisée et les pratiques dutilisation des terres mal adaptées. Dans de nombreuses zones, les ressources en sols, en terres et en eaux sont utilisées de manière inefficace ou se dégradent, pendant que la pauvreté et les écarts de revenus continuent à augmenter.
En général, les techniques dEIE, avec 30 ans dexpériences derrière elles, prennent maintenant en considération, en plus des répercussions biophysiques, les effets socio-économiques sur la santé, les migrations humaines vers la zone du projet et sen écartant, la formation dune main doeuvre locale, le renforcement des capacités des gouvernements locaux, etc. Des politiques gouvernementales et internationales sont encore nécessaires pour établir les cadres légaux appropriés et une base institutionnelle pour lEIE des projets agricoles. Ces politiques devraient faire une place au transfert des connaissances nécessaires aux pauvres ruraux, par exemple grâce aux services de vulgarisation agricole, de manière à ce quils puissent participer à lévaluation écologique de la gestion des ressources en eau pour lagriculture et de la planification des projets (FAO, 2002d).