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L’élevage du renne (Rangifer tarandus L.) en Finlande: ses origines et son évolution récente

S.C. Lefrère[9],[10] & J.-J. Lauvergne[11]

Résumé

Le renne Rangifer tarandus était chassé en Europe dès l'ère paléolithique et fournissait alors à l'homme vêtement et nourriture. Avec le recul des glaciers vers le Nord sa répartition s'est vue cloisonnée. Les premières traces de domestication du renne sont tardives elles semblent n'apparaître qu'au Ve siècle en Asie et après le IXe siècle chez les Finnois et Lapons lesquels ont apprivoisé les rennes et les ont rassemblés en troupeaux. L'homme est ainsi devenu nomade pour suivre les rennes au fil de leurs migrations en Asie comme en Scandinavie centralisant ainsi sa vie autour du renne pour moult usages. En Finlande cependant l'homme du XXe siècle s'est sédentarisé suite à la fermeture des frontières avec la Norvège et la Suède et l'instauration d'un système de coopératives. Le renne est donc en Finlande un exemple paradoxal de domestication du fait de son caractère partiel. La mutation de cette domestication a été étudiée au travers d'enquêtes et de recherches effectuées en Laponie finlandaise.

Summary

Despite the fact that reindeer were hunted in Europe in the early Palaeolithic period and provided clothes and food to humans their distribution became confined with the glaciers receding north. The first tracks of domestication appear late becoming apparent by the fifth century in Asia and only after the ninth century among the Finns and Lapps who tamed and gathered individual reindeer among the herds. Man became nomadic in these regions in order to follow reindeer through its migrations in Asia as well as in Scandinavia centralizing his life around reindeer for different purposes. In Finland however 20th century man has settled down following the closing of the Norwegian and Swedish border and the establishment of a system of cooperatives. Reindeer domestication is thus in Finland a paradoxical example because of its partial nature. Mutation of this domestication has been studied through inquiries and research in Finnish Lapland.

Mots-clés: Coopératives Domestication Finlande Rangifer tarandus Renne.

Préface

En Finlande l'élevage des rennes gérés en troupeaux a subi une profonde mutation au cours du XXe siècle avec le développement d'une politique de sédentarisation dans le Nord du pays doublée d'une forte mécanisation.

Depuis 1994 la station de recherches sur le renne de Kaamanen en Laponie finlandaise (rattachée à l'Institut finlandais de Recherches sur le Gibier et la Pêche) soutient scientifiquement et techniquement cette mutation en menant des travaux tant en physiologie qu'en écologie (notamment l'exploitation des pâturages par les rennes) et en éthologie.

Une telle politique d'élevage a eu pour effet d'accentuer considérablement le contrôle de l'homme sur les rennes en parachevant un travail de domestication et de sélection millénaire.

Une telle mutation ne peut donc laisser indifférent les zootechniciens et parmi eux les spécialistes des ressources génétiques animales domestiques. Dans le présent article après une description des principales caractéristiques du renne et de son comportement nous nous efforcerons de placer la démarche dans un contexte écologique et génétique en nous basant en particulier sur des travaux réalisés par l'un des auteurs Stéphanie Lefrère[12] qui a récemment soutenu à Paris une thèse sur le comportement et l'éthnozoologie du renne en Laponie finlandaise après avoir passé plusieurs années au Nord du cercle arctique.

Introduction

Le genre Rangifer et l'espèce tarandus

Le renne appartient au genre Rangifer de la famille des cervidés et a une origine assez ambiguë. Les premiers ancêtres se trouvaient entre l'équateur et la partie sub-arctique du continent et auraient sûrement atteint durant le pliocène-pléistocène l'Alaska ou l'Eurasie où ils ont évolué en sous-famille des Rangiférinés. Lorsque le détroit de Béring s'est fermé le renne a probablement nomadisé entre les deux continents témoins les représentants possibles du genre Rangifer retrouvés en Alaska âgés de 30 à 22 000 ans.

Le renne est l'unique représentant de la famille des Cervidés à posséder des bois dans les deux sexes mâles et femelles pouvant ainsi être à tour de rôle leaders dans la hiérarchie. Le corps du renne reflète l'image de son adaptation à la rudesse du climat de l'arctique aussi bien en ce qui concerne les pattes que les bois et la fourrure. De faibles coûts énergétiques sont investis dans les activités de locomotion (Skogland 1989). C'est un animal puissant avec une longueur du corps de 2 m au maximum une hauteur au garrot de 1,2 m et une quinzaine de cm pour la queue. Le poids des femelles rennes atteint en moyenne 70 à 120 kg et celui des mâles 90 à 180 kg.

Grâce aux progrès de la génétique et de la recherche sur l'ADN la classification du genre Rangifer est devenue très détaillée et réduite (Røed 1998). Une seule espèce de Rangifer tarandus se divise actuellement en huit sous-espèces lesquelles ont une répartition circumpolaire (Figure 1) avec: Rangifer tarandus tarandus (Linné 1758); Rangifer tarandus fennicus (Lönnberg 1909); Rangifer tarandus plathyrhynchus (Vrolik 1829) (renne de Svalbard au Spitzberg); Rangifer tarandus caribou (Gmelin 1788); Rangifer tarandus granti (renne de la terre de Grant); Rangifer tarandus groenlandicus (Linné 1767) Rangifer tarandus grantii et Rangifer tarandus peary (renne de la terre de Peary).

Il existe des rennes de forêt (dit sauvage) tels le caribou en Amérique du Nord et Rangifer tarandus fennicus en Eurasie et des rennes de toundra en Eurasie tels Rangifer tarandus tarandus (dit semi-domestique). Le dimorphisme sexuel est très important entre les deux (Figure 2 et 3). La race de toundra a de larges bois et elle est grégaire passant l'été dans la toundra et l'hiver en bordure de forêt. Le renne sauvage quant à lui est d'aspect plus imposant avec de plus grands bois et une robe d'aspect plus sombre et uniforme il demeure confiné dans la forêt. La couleur de la robe varie d'une sous-espèce à une autre et d'une saison à une autre: robe claire en hiver foncée en été. La fourrure connaît une mue en été (les poils partant par touffe) et se régénère en début d'automne. Durant son bas-âge le renne doit apprendre à s'ajuster à son environnement (Baskin 1970) c'est aussi une des raisons de sa domestication partielle relativement aisée car l'humain a pu lui donner les habitudes utiles dans son contrôle et son exploitation.

Figure 1. Répartition circumpolaire de l'espèce Rangifer dans le monde. a- renne de forêt (sauvage); b- renne de toundra (semi-domestique); c- caribou de toundra; d- caribou de forêt; e- caribou de Peary; f- renne de Svalbard (espèce naine). (Eriksson 1981).

Figure 2. Exemple de polymorphismes de rennes semi-domestiques en Laponie finlandaise lors d'un rassemblement à Moitakuru coopérative d'Ivalo.

Comportement

Le renne est une espèce grégaire multi - mâle vivant en agrégation et en larges groupes (Pruitt 1960; Lent 1965; Thomson 1977). Le renne est une espèce qui vit non pas sur un territoire mais qui a une occupation temporaire du terrain celle-ci pouvant varier en fonction de différents facteurs et dont la position a été particulièrement modifiée par la domestication. La harde est de type matriarcal et regroupe les femelles entre elles au cours de l'année. Les mâles quant à eux quittent le groupe vers l'âge de deux ans et demeurent plutôt solitaires. Le groupe le plus caractéristique est un mâle pour quinze à 25 femelles (Montonen 1974; Helle 1980; Kojola et Nieminen 1988). Les populations vivent au cours des saisons en fonction des ressources alimentaires disponibles et les troupeaux peuvent varier de plusieurs centaines à quelques milliers (Zeuner 1963).

Figure 3. Renne sauvage en période de mue durant l'été (Est de la Finlande).

Répartition

Dans les temps préhistoriques le renne sauvage se trouvait sur une plus grande partie du continent eurasiatique qu'actuellement du Caucase jusqu'en Sibérie. De nos jours le renne de forêt se rencontre majoritairement en Russie et en faible proportion en Scandinavie. Quant au renne de toundra nous le trouvons plus particulièrement en Russie et Scandinavie étant en Finlande dans un état de protodomestication. Le renne de toundra est lié au renne de forêt il est peut-être aussi son descendant direct Au milieu de la période glaciaire (45.000 ± 2.000 ans) la Finlande était recouverte par la toundra. Un exemplaire de renne trouvé à Tornio nous prouve que les rennes sont certainement arrivés par le Sud en Scandinavie via la mer du Nord (Siivonen 1975). En Finlande actuellement il existe une petite proportion de rennes sauvages avec deux populations d'environ mille têtes dans la région Nord Carélienne située dans l'Est et le centre de la Finlande.

Résultats

Histoire de l'élevage du renne en Finlande

Il est possible de distinguer deux périodes: une période traditionnelle avant 1948 au cours de laquelle l'élevage finlandais ne se distingue pas de l'élevage pratiqué en Eurasie et une période depuis 1948 lorsqu'une politique très volontariste a été mise en place par le gouvernement finlandais à but économique et social bien définis.

La période traditionnelle avant 1948

Il règne une certaine équivoque quant aux origine de l'élevage en Finlande. En raison d'un manque d'évidence archéologique sur les premiers peuplements nul ne sait en effet lequel du peuple finnois ou lapon a débuté l'élevage en premier (Kortesalmi 1996). Par ailleurs aucune mention n'est faite d'une quelconque domestication du renne dans le Kalevala (800-1.000 ap. J-C) ouvrage narrant l'épopée des Finnois (Laufer 1917) dans lequel il n'est mentionné qu'à l'état sauvage. On ne trouve la première trace du peuple indigène Lapon ou Sami qu'il y a environ 10.000 ans. Les lapons se répartissent entre la Russie la Suède la Norvège et la Finlande du Nord partageant les mêmes coutumes et le même langage (Siuruainen & Aikio 1977).

Au début le renne était utilisé principalement comme bête de trait durant les migrations saisonnières. Il se pourrait que les Lapons aient débuté l'élevage en Finlande vers 800 après J-C. voire plus probablement au XVIe siècle du fait de l'extinction massive du renne sauvage liée à une chasse excessive (Vorren 1973). Le renne est ensuite devenu au XVIIIe siècle leur source majeure de revenu au sein d'une économie de subsistance basée sur les ressources de l'arctique (Siuruainen 1976). Les Lapons se sont organisés dans un système nommé Sii'da signifiant à la fois troupeau campement et éleveurs (Delaporte & Roué 1986). L'économie de base liée à la chasse et à l'élevage était gérée par le chef de la Sii'da et l'assemblée du village. Les déplacements étaient rythmés en fonction de la vie des rennes et des instruments étaient laissés chaque année près des habitats.

Lorsque les populations de rennes sauvages étaient faibles les troupeaux de rennes apprivoisés augmentaient. En effet les populations sauvages étaient attirées par les troupeaux et voulaient donc les suivre aussi soit étaient - ils chassés encore plus soit étaient - ils apprivoisés également. Ceci a entraîné l'impossibilité de revenir à une économie de chasse. D'après une analyse détaillée de la dynamique du pastoralisme il aurait existé une grande instabilité dans ce type de production du fait du désir des éleveurs d'accroître leur nombre de rennes menant à une surproduction et à une dégradation des pâturages (Ingold 1980).

Il semble que les Lapons ou les Finnois aient été les pionniers de l'apprivoisement et a fortiori des préludes de la domestication (En Suède on parlait de "Tamehtsgrad"). Ils ont commencé à rassembler deux fois par an les rennes de la forêt vers des corrals: au printemps afin de marquer les veaux à l'oreille et à l'automne pour l'abattage (Figure 4).

Afin d'obtenir un très haut degré d'apprivoisement les éleveurs assistaient à la mise - bas des rennes les jeunes s'habituant ainsi rapidement à la présence de l'Homme grâce à des stimuli olfactifs visuels et auditifs qui les incitaient en vieillissant à suivre les éleveurs (Zhigunov 1961; Pelosse 1982). Le cycle de vie des rennes rythmait donc indirectement celui des éleveurs et de leur famille au sein d'un élevage intensif. L'usage du renne était intégral: fourrure peau viande sans oublier le lait issu de la traite des femelles en été. Ce type d'élevage obligeait donc à rester dans une zone particulière et à posséder un nombre limité d'animaux une économie de subsistance parallèle telle la pêche ou la chasse pouvant se maintenir. Avec la fermeture des frontières entre la Finlande et la Norvège au XVIIIe l'élevage est devenu extensif les rennes continuant de migrer et étant exploités de temps en temps selon les besoins des éleveurs. C'est dans cette forme d'élevage que les plus récents développements ont été faits notamment en Suède et en Norvège.

La période moderne

A partir de 1948 le gouvernement finlandais a mis en place une nouvelle politique volontariste d'élevage en s'appuyant sur la recherche scientifique et technique. La recherche sur le renne en Finlande s'intègre dans un processus mondial de recherches zootechniques de type technologique c'est à dire à finalité de progrès technique en s'appuyant sur les connaissances scientifiques qui les sous-tendent (par exemple l'amélioration génétique basée sur la connaissance des lois de la génétique quantitative et les lois de Mendel) avec notamment l'élevage d'Amérique du Nord débuté en 1935 avec l'importation de rennes en Alaska. L'élevage en Amérique demeure toutefois plutôt tourné vers la commercialisation du velours du renne à but médicinal considéré comme un aphrodisiaque depuis plusieurs siècles.

Figure 4. Lieu de rassemblement de Sallivara. (Dessin de Alfred Kolehmainen Huttu-Hiltunen V. p.137, 1993 - Les flèches indiquent les déplacements des rennes).

La recherche sur le renne débutée au cours des années 30 en Finlande s'est poursuivie durant les années 70 à l'université. Le premier bureau de recherches sur le renne a été crée à Rovaniemi en 1980 et la première station au nord d'Inari en 1994 à Kaamanen. Le conseil nordique pour la recherche sur le renne (NOR) a été crée en 1980 afin de développer et coordonner la recherche sur le renne en Fennoscandie. 1970 et 1980 ont été des années d'expansion rapide des nouvelles méthodes de gestion du renne. La recherche a pris de l'ampleur du fait d'une demande croissante de la part des éleveurs de rennes de répondre à des besoins en terme de productivité de qualité tout autant qu'en termes de préservation de l'environnement. Ainsi des recherches ont vu le jour dans des domaines éclectiques: en physiologie tels la parasitologie nécessaire afin de diminuer les risques d'infection virale et bactérienne; en biochimie avec l'étude de la composition chimique de la viande et du lait en écologie avec des recherches sur la mortalité des veaux l'exploitation des pâturages par cartographie satellite... Durant 15 ans des conditions météorologiques favorables liées à une médication antiparasite et au nourrissage artificiel ont contribué à une large augmentation des effectifs des rennes.

La recherche en Finlande connaît toutefois une situation paradoxale: veiller à réduire le taux de mortalité par parasites et prédateurs améliorer la qualité du supplément artificiel afin de respecter l'aspect " gibier " du renne tout en réduisant le nombre d'animaux responsables d'une surexploitation des pâturages.

Création d'un système de coopératives

On notera que l'élevage intensif en Finlande est relativement inspiré des méthodes d'élevage des moutons et vaches en Norvège. Il était ainsi progressivement venu du Sud-Ouest à Enontekiö dans le nord de la Finlande (1600) et à Inari [zone d'études de doctorat] et Utsjoki (100 ans plus tard). Du fait des problèmes existants entre voisins et villages il y a eu instauration d'un système permettant d'empêcher le vol ou la chasse de rennes semi-domestiques. Les rennes ont donc été gérés sous forme d'élevage depuis le XVIe siècle mais le premier accord de gestion de l'élevage du renne en Finlande date d'environ 1700 (Huttu-Hiltunen et al 1993).

En Finlande l'instauration d'un système de 56 coopératives en 1948 avec la construction de clôtures pour les délimiter, marque le début de la période actuelle d'élevage du renne (Figure 5). Ce système a abouti à créer deux secteurs: un secteur où les rennes sont libres et un secteur où les rennes sont soumis à des conditions nouvelles d'élevage limitant considérablement leurs déplacements mais aussi réduisant les abus. L'aire de répartition des rennes semi-domestiques est devenue bien séparée de celle des rennes sauvages. Si des rennes sauvages traversent la frontière de la zone de répartition du renne d'élevage les éleveurs les ramènent dès que possible en dehors. La vie nomade a également pris fin liée à une mécanisation intense notamment avec l'utilisation de la motoneige réduisant la durée des déplacements. La mise en place des coopératives a aussi permis d'améliorer la gestion de l'élevage des rennes avec notamment la création de l'association des éleveurs (Paliskuntain Yhdistys) laquelle promeut l'élevage et la recherche y étant associée tout en gérant les relations entre l'élevage et le reste de la société. De la sorte tout citoyen finlandais ou membre de la coopérative est en droit de posséder des rennes alors qu'en Suède et Norvège il faut obligatoirement être Sami (Siuruainen & Aikio 1997).

Figure 5. Répartition des coopératives en Laponie. (Source: Paliskuntain yhdistys).

Nouvelle politique d'élevage

Conséquences sur la biologie de l'espèce.

La robe du renne semi-domestique est devenue de plus en plus variée du fait d'un élevage sélectif afin notamment d'obtenir moult types de fourrures (Skjenneberg 1984) (Figure 3 et 4). De plus les rennes étant obligés de rester dans un endroit assez restrictif du fait de l'élevage intensif leur morphologie est devenue plus lourde. Généralement les animaux domestiques présentent une nette réduction de la taille des os car les animaux sélectionnés par l'éleveur sont les plus petits et les plus dociles. Les plus grands animaux sont généralement tués aux environs de deux ans avant qu'ils ne puissent se reproduire (Clutton-Brock 1992). Il en est de même avec les rennes dont les caractères ne sont pas appréciés.

Généralement la forme du cerveau change chez les espèces domestiquées parce que les animaux n'ont plus besoin de répondre à l'environnement de la même façon ainsi les glandes adrénalines se réduisent (Groves 1989). Ce caractère ne peut exister chez les rennes puisqu'ils vivent toujours dans la forêt menacés par les mêmes prédateurs et impératifs climatiques. Enfin normalement dans le processus de domestication l'environnement nommé le merwelt devient très altéré (Hemer 1990) ce qui n'est pas le cas du renne car il vit toujours libre dans la forêt. En outre il n'existe pas non plus de traces de néoténie chez le renne symbolisée par des réactions lentes ou une faible perception de l'environnement.

Démographie

Au début des années 30 le nombre total de rennes approchait les 430.000 et la production de viande de renne excédait les 4 millions de kg. Ces dernières années le nombre de rennes vivant et abattus a décrû pour des raisons de volonté de diminution du stock liée à la diminution des pâturages disponibles. Le nombre total actuel de rennes sur le territoire finlandais est d'environ 200.000 sur une aire de 114.000 km² (Tableau 1). Toutefois on note qu'une meilleure qualité des granulés artificiels lié à une politique de vaccination systématique a entraîné une augmentation de la population de rennes et un meilleur rendement de viande.

Modifications du comportement.

Les rennes de toundra migraient jadis vers les côtes scandinaves afin d'échapper aux moustiques. Les migrations se faisaient généralement via les mêmes routes sauf dans certains cas (d'ailleurs tous les rennes ne suivaient pas forcément tout le troupeau). Si les rennes empruntaient d'autres routes cela pouvait être dangereux pour les humains les suivant car certaines rivières étaient toujours traversées au même endroit où la chasse était abondante. De nos jours alors qu'en Russie Norvège et Suède il y a davantage de liberté laissée aux troupeaux en Finlande par contre même si les rennes sont bloqués par les frontières ils continuent de migrer partiellement en fonction des pâturages d'été et d'hiver et en fonction des désirs des éleveurs. Leur degré d'apprivoisement s'est donc accru. En effet le contact avec l'humain à des étapes précoces de la vie dites sensibles accélère le processus d'apprivoisement (Hediger 1938) la distance de fuite entre l'animal et l'humain se réduisant (Van Lawick-Goodall 1968; Geist 1971).

Tableau 1. Statistiques de l’élevage du renne en Finlande.

Année

1980-1981

1985-1986

1990-1991

1995-1996

2000-2001

Eleveurs de rennes

7 086

7 483

7 556

6 960

5 682

Plus haut niveau de rennes autorisé

187 700

187 700

228 900

228 900

203 700

Rennes abattus

58 554

102 965

169 023

120 702

87 397

Rennes vivant (en hiver)

177 676

229 843

259 611

212 851

185 731

Veaux rennes

70 669

106 210

142 686

112 865

89 581

Production (million kg)

1.44

2.42

4.01

2.73

2.02

Poids moyen (kg)

24.65

23.47

23.8

23.11

23.38

Euro/kg

3.7

5.0

4.25

4.43

5.49

Revenu de l’élevage (million euro)


13.62

20.83

19.10

17.89

Coûts de l’élevage (million euro)


11.32

16.92

15.51

14.70

Source statistique: Paliskuntain yhdistys 2002.

Le renne étant appréhendé lors des rassemblements deux fois par an surveillé lors de la mise-bas et alimenté partiellement en hiver il va en conséquences diminuer sa distance de fuite. Il est toutefois difficile de dire si les progénitures acquièrent des caractéristiques d'apprivoisement de leurs parents mais les individus les plus acclimatés étant sélectionnés à chaque génération cela tend à accroître le caractère " apprivoisé " du troupeau. Le renne est facilement apprivoisable il peut conserver un bon degré d'apprivoisement avec peu de contact avec l'homme (Skenneberg 1984). Malgré tout le renne n'étant pas une espèce directement domestique son degré d'apprivoisement va faiblir rapidement si l'action de l'Homme cesse.

Ethnozootechnie

Les rennes sont habituellement gérés par les membres d'une même famille regroupés en coopératives. Lors de la période de vêlage dans certaines coopératives les éleveurs mettent leurs femelles dans une zone déterminée où ils vont tous les jours vérifier leur condition et les mises-bas (exemple à Inari ou Savukoski; Lefrère 2003). Des croquettes sont distribuées en hiver afin de palier aux ressources limitées et à la dégradation des pâturages liée à un piétinement excessif. En revanche certains éleveurs ne suivent plus leurs rennes qu'ils laissent sans surveillance dans la forêt. Ils pensent en effet que les rennes ont besoin de liberté de manière à échapper aux prédateurs: ours lynx et gloutons. Les mesures adoptées depuis la fin des années 70 telles les vaccinations obligatoires en automne ont quant à elles d'une certaine façon fragilisé les animaux. Aussi certains éleveurs refusent de vacciner leurs bêtes pensant que la peau fournit ainsi un meilleur cuir. En 2001 par exemple année exceptionnelle sans moustiques ni mouches une décision commune a été de supprimer toute vaccination.

Modelage génétique

Il existe un refus de la sélection génotypique en station. En effet le clonage ne s'avère pas nécessaire tant que les populations de rennes ne sont pas menacées. En outre les éleveurs peuvent choisir quel type de renne ils préfèrent uniquement par la sélection phénotypique faite en corral depuis des siècles tant pour la fourrure que la robustesse nécessaire à la rentabilité. Cela est suffisant pour accroître la variabilité le pool génique demeurant relativement large (Røed 1998). Seulement deux cas d'insémination artificielle ont été reportés mais aucun intérêt n'y a été trouvé. Certains envisagent de croiser renne sauvage et domestique mais en fait cela ne ferait que dégénérer la race sauvage. Cet élevage peut donc demeurer d'une certaine façon relativement traditionnel par rapport à l'amélioration des techniques.

Discussion

Rappels sur la domestication du renne

Durant l'Aurignacien (25.000 ans) et le Neandertal (25.000-15.000 ans) le renne joue un rôle clé dans la culture de l'homme Cro-Magnon (Leroi-Gourhan 1936; Banfield 1961). Durant le Magdalénien (13.000 ans) le renne est important dans l'art paléolithique bien que les représentations d'ordre pariétal soient rares. Aucune approche domestique du renne n'a été trouvée dans les temps paléolithiques même si l'homme le chassait à outrance dans le Sud de l'Europe notamment à but d'usage de la fourrure viande et bois (Zeuner 1963). La grande dépendance des tribus du paléolithique a mené à certaines tentatives de domestication notamment du loup ennemi du renne au Mésolithique et du renne (Zeuner 1963). Le renne (Rangifer tarandus) est peut-être ainsi avec le chien le premier mammifère que l'homme se soit efforcé de domestiquer systématiquement. Avec le recul des glaciers le renne qui affectionne les basses températures s'est retiré dans le Nord de l'Eurasie où l'homme l'a suivi et où des tentatives tardives de domestication sont apparues vers le IXe siècle en Finlande et Laponie (Laufer 1917; Hatt 1913).

Seule une partie du cycle d'élevage annuel était contrôlé totalement il n'était donc pas question de domestication totale mais plutôt de proto domestication[13].

En Amérique du Nord en revanche aucune trace de domestication n'est apparue les caribous sont restés à l'état sauvage. La domestication aurait peut-être débuté en Sibérie du Sud où les Samoyèdes auraient transmis leur savoir aux Lapons. Certaines figures sur les murs d'Alta en Norvège relatent l'élevage il y a environ 5.500-2.500 ans.

Dans certains endroits la domestication est restée à un état primitif puisque les hommes n'ont pas abandonné leurs habitudes nomades notamment en Norvège et en Suède où les rennes sont suivis rassemblés puis sélectionnés pour l'abattage (The Sami 1990). La domestication étant un état dans lequel l'élevage et le nourrissage des animaux sont contrôlés par l'homme (Hale 1969; Clutton-Brock 1977) le renne ne peut donc être considéré totalement domestique puisqu'en aucun cas il n'a été forcé à la captivité se déplaçant librement dans la forêt au fil des saisons contraignant au contraire l'homme au nomadisme (Tableau 2). Les critères de compatibilité avec l'humain assorti d'un certain grégarisme et d'un groupe social large (Hale 1969; Price 1984) ont donc facilité son processus de domestication. La domestication du renne a été de surcroît définie selon quatre degrés (Ingold 1980): Renne comme appeau (le plus récent comme type de domestication) dans les cultures de la chasse monte ou traite pour le lait avec des rennes conservés en captivité pour de courtes périodes puis relâchés petits troupeaux de rennes mis dans des pâturages protégés des insectes et prédateurs et enfin rennes dans de grands troupeaux. Nous ne rencontrons pas de degré de domestication en captivité plus restreinte et prolongée car il est difficile de délocaliser les rennes de leur milieu originel en raison de leur difficulté d'adaptation et de leur volonté migratoire. Un projet d'introduction de rennes dans le parc des Saisies en France n'a pas réussi (Nieminen 1989).

Il existe des indicateurs concrets de la domestication du renne telles les études linguistiques (de nombreux termes étant empruntés au vieux norvégien) ou encore les équipements empruntés aux chevaux: harnais... luges traîneaux (trouvés au mésolithique).

Toutes les cultures centrées autour du renne partagent des points communs en ce qui concerne le marquage des animaux ou les techniques de préhension au lasso (Näkkäläjärvi & Pennanen 2002). Différents types d'élevage du renne ont été définis dont le type lapon (Maksimov,1928 in Mirov 1945). Organisé autour du lait les Lapons traient donc régulièrement les rennes surveillent les troupeaux avec les chiens et utilisent le renne comme animal de trait. L'utilisation du lait représente l'une des phases avancées de la domestication bien que le renne ne soit pas initialement un animal fournisseur de lait car forcé par l'homme à assurer ce rôle nié par la nature. Le renne aurait ainsi été utilisé en Sibérie dès le Ve siècle cette pratique de traite ayant certainement évolué indépendamment entre la Scandinavie et l'Asie de l'Est. La traite orale directe des femelles par les éleveurs est probablement une coutume ancienne alors que la traite manuelle est récente (Zeuner 1963). Dans les jours anciens les Lapons trayaient les rennes en raison du manque de nourriture (Turi & Turi 1918) et vivaient probablement du lait durant tout l'été voire le conservaient durant l'hiver (Ingold 1980). Le lait de renne était utilisé avec le café ou comme lait glacé frais coagulé mais aussi pour la fabrication du beurre. La confection récente du fromage a probablement débuté au contact des peuples éleveurs de bétails (Arman 1979). Les femelles n'étaient jamais totalement apprivoisées devant tout d'abord être attrapées par les bois une femme tenant la femelle puis une autre la trayant. Cette technique était si dure que les tribus préféraient généralement le lait de chèvre au lait de renne.

Tableau 2. Etat sauvage ou de domestication des rennes à travers le monde.

Continent

Espèce

Niveau de domestication

Etat par rapport à l’homme

Amérique

Rangifer tarandus caribou

Nul - sauvage

Chassé

Spitzberg

Rangifer tarandus plathyrhynchus

Nul - sauvage

Protégé menacé. Quotas de chasse

Asie-Scandinavie

Russie Sibérie

Rangifer tarandus fennicus

Nul- sauvage

Chassé

Finlande

Protégé depuis 1970

Russie Sibérie Norvège Suède

Rangifer tarandus tarandus

Suivi lors de migrations

pas de nourrissage hivernal prélèvements dans le troupeau

Finlande

En voie de fin de domestication

Nourrissage hivernal. Prélèvements lors des rassemblements

Groenland

Rangifer tarandus groenlandicus

Nul - Sauvage

Chassé

Position de l'élevage finlandais par rapport aux autres élevages

Génétique de la domestication

La domestication concerne généralement l'adaptation génotypique à l'environnement captif avec des changements phénotypiques apparaissant très lentement au cours des générations. Il existe donc une perte de gènes et a fortiori de certains phénotypes du fait de la sélection des animaux avec un choix préférentiel pour certains caractères morphologiques ou reproductifs (Pelosse 1989; Denis 1989). On considère un processus de domestication achevé uniquement lorsque dans un environnement et un système de gestion stable la fitness de la population atteint des sommets raisonnables et que la nouvelle espèce est totalement séparée de la population sauvage. Le plus important changement accompagnant le processus de domestication est d'ordinaire une réduction de la réponse aux changements de l'environnement animal.

Il existe un modelage génétique plus conscient qu'inconscient dans la mesure où les rennes sont sélectionnés selon leurs caractères lors des rassemblements en corral. Les couleurs notamment sont choisies comme nous l'avons vu précédemment selon les goûts vestimentaires. Aussi il y a quelques années les fourrures blanches étaient très demandées alors que de nos jours on ne choisit pas les rennes blancs pour la reproduction. Ils sont généralement castrés et choisis comme animal de compagnie (tirer les traîneaux fête du père Noël etc...).

Les rennes blancs sont considérés un peu machiavéliques dans certaines croyances anciennes et ont inspiré le genre littéraire comme cinématographique avec par exemple "La légende du renne blanc" Valkoinen peura film d'Eric Blomberg fiction de 1952). Les rennes blancs sont aussi moins résistants que les autres rennes dits à couleur normale. Ainsi dans une analyse sur une population moyenne de 3200 veaux réalisée entre 1999-2001 les fréquences d'apparition des couleurs sont telles: blanc (2,2%) clair (11,1%) gris-brun (couleur commune: 71,2%) sombre (7,4 %) noir (8,1%) (Maijala et al. 2002). On remarque qu'un nombre plus élevé de rennes noirs tend à mourir post-partum (12,6%) comparé aux rennes de couleurs communes (11,6%) et de couleurs claires (8,3%). Les couleurs se stabilisent donc au cours des générations en raison de cette pression de sélection.

On ne rencontre pas en Finlande de couleurs tachetées comme c'est encore le cas en Russie par exemple signifiant soit que la sélection par l'homme les a amenés à disparaître soit qu'au niveau évolutif les rennes de Russie ont dévié d'une autre souche différente de la souche finlandaise. Le polymorphisme des bois est quant à lui très grand mais ne semble pas lié à une quelconque sélection. Les bois sont de forme variable selon les individus chez les mâles comme chez les femelles et leur extrême diversité permet simplement de différencier les individus (Widstrand in Israël Ruong 1963).

Il ne semble pas exister d'anomalies majeures à la naissance mais certains rares cas de malformations congénitales du fœtus sont peut-être à imputer à une mutation de certains gènes. On notera notamment la présence de certains défauts au niveau de la mâchoire ou du cerveau (hydrocéphalie) lesquels mènent à un avortement spontané (Rehbinder & Nikander 1999). On peut donc parler de sélection naturelle.

Interprétation en termes d'écologie

Il règne un paradoxe concernant la population de rennes et l'exploitation des pâturages. En effet le piétinement excessif lié à une trop grande population entraîne une détérioration des pâturages. Par conséquent soit on diminue la population de rennes et on les laisse se nourrir " naturellement " sans granulés en respectant leur mode de vie naturel et leur exploitation de la forêt soit on laisse la population actuelle sous nourrissage artificiel. Dans ce dernier cas les rennes jusqu'alors considérés comme gibier deviennent tels des vaches d'élevage.

En outre les rennes semi-domestiques ne sont pas aussi sélectifs que ne le sont les rennes sauvages dans leur nourriture (Klein 1970) ces derniers n'étant pas restreints par les pressions de l'élevage. Les rennes semi-domestiques par exemple se nourrissent de nombreux lichens en hiver (50 à 80 % de leur alimentation) contrairement aux rennes sauvages (20-40%). Les rennes sauvages ne consomment que 25 à 30 % des lichens disponibles dans les cratères (trous creusés dans la neige) et ne prennent que les parties supérieures des lichens leur assurant ainsi une régénération rapide alors que les rennes semi-domestiques en prenant une trop grande part des lichens empêchent ou freinent cette régénération (Geller & Vostryakov 1975 in Klein 1980).

Conclusion

La politique du gouvernement finlandais semble avoir atteint son but

Un système traditionnel peu productif ne pouvait plus faire vivre les éleveurs selon les normes actuelles. Il a donc été remplacé par un système plus moderne permettant de maintenir sur place les éleveurs en leur donnant un niveau de vie décent. Avec la création du système de coopératives le processus de domestication s'est accéléré la sélection plus prononcée dans le choix des individus pour la reproduction lors de l'abattage et le nourrissage hivernal a entraîné une plus grande dépendance du renne à l'homme augmentant ainsi le degré d'apprivoisement.

La population de renne maintenue dans le système des coopératives est par conséquent en voie de domestication totale c'est à dire qu'elle est sous le contrôle de l'homme durant tout le cycle de production de l'animal.

Nous pouvons toutefois noter que certains éleveurs sélectionnent les rennes uniquement au moment des rassemblements pour l'abattage sans autre contact au cours de l'année renforçant paradoxalement le caractère sauvage puisque le nourrissage ne dure que quatre mois d'hiver. Aussi d'autres éleveurs voudraient revenir à un élevage plus traditionnel lequel permet une meilleure sélection des individus en l'occurrence ceux de plus grande taille. Il favorise également une gestion au continu de la domestication du renne en agissant sur la sélection de phénotypes distinctifs. Seulement les plus grands mâles auraient plus de difficulté à survivre dans leur environnement naturel. Difficile de faire un compromis dans ce cas et de satisfaire tout le monde?

Une enquête[14] complémentaire réalisée auprès des éleveurs de rennes a permis de rendre compte de leur position envers la continuité d'un élevage traditionnel. Dans l'ensemble 80% des éleveurs ont répondu qu'il est dommage de perdre les traditions de l'élevage et 60% pensent qu'il faudrait revenir à un système traditionnel de suivi du renne. Ainsi 65% refusent de nourrir leurs rennes près des maisons mais 80% acceptent un nouveau système dans lequel ils pourraient partager le nourrissage des rennes entre plusieurs éleveurs. Ils pensent en effet à 70% que cela pourrait aider à la préservation des pâturages. La moitié interrogée considère l'élevage du renne en danger pour des raisons écologiques d'une part et par le nourrissage des rennes en hiver d'autre part les ayant rendu trop apprivoisés. Par ailleurs les petits éleveurs de rennes sont de plus en plus désavantagés par rapport aux grands car ils ne peuvent recevoir de substitut de l'état. En outre les éleveurs partant à la retraite sont difficilement remplacés par les jeunes lesquels sont obligés de travailler dans une autre localité. Malgré cela 85% pensent que l'élevage perdurera dans ce siècle de technologie.

Situation historique comparée

La politique adoptée en Finlande a donc fait progresser la domestication du renne. La domestication partielle existant en Finlande avant 1948 et encore en vigueur dans certains pays a subi une sorte d'accélération vers un état de dépendance quasi totale bien que vivant toujours dans la forêt. Ainsi en plein 21ème siècle fait-on bouger un scénario de peuplement qui n'avait évolué que très lentement. Le statut actuel de la domestication s'avère toutefois relativement ambigu à cause du nourrissage hivernal d'une part et du désintérêt des éleveurs dans le suivi de leurs animaux d'autre part.

Le renne contrairement aux autres espèces domestiquées n'a eu à subir ni une forme de captivité comme des troupeaux de vaches restreints dans un pâturage ni une domestication en dehors de sa zone climatique (Clutton-Brock 1992). Dû à la mécanisation massive le renne n'est plus utilisé qu'en Sibérie comme animal de transport. Un élevage traditionnel persiste chez les peuples Nenets et Khanty lesquels continuent de vivre au rythme du renne de même qu'en Norvège (région du Finnmark) où le traditionalisme du nomadisme se heurte au modernisme. La Finlande se situe donc dans une situation intermédiaire où un accroissement du nourrissage artificiel pourrait précipiter la domestication mais le laxisme grandissant des éleveurs pourrait également la faire régresser.

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[9] Université René Descartes Laboratoire d’éthologie animale et humaine, 12 rue Cujas F- 75230 Paris Céd. 05 France
[10] Finnish Game and Fisheries Research Institute Reindeer Research Station, Toivoniementie 246 FI-99910 Kaamanen Finlande
[11] INRA UMR 1236 (Génétique et diversité animales) CRJ INRA, F- 78352 Jouy-en-Josas Cedex France
[12]Stéphanie Lefrère 2003. Thèse université de Paris V soutenue le 30 Juin 2003 devant un Jury composé par les Professeurs Pierre Parlebas (Paris V) Jacques Goldberg (Paris V) Raymond Pujol (MNHN) Franklin Rauski (Strasbourg) et les Drs Jean-Jacques Lauvergne (INRA) et Mauri Nieminen (FGFRI Finlande).
[13]La proto domestication ou semi-domestication consiste à suivre les troupeaux dans leur pérégrination de manière à éviter d'avoir à les nourrir avec des fourrages cultivés ou cueillis et/ou à les mettre sur des pâturages aménagés tout en prélevant au passage une partie du croît et en procédant à des éliminations.
[14]Enquête réalisée par Stéphanie C. Lefrère (Octobre 2002-Avril 2003 sur Internet et par questionnaire Association des éleveurs de rennes - Paliskuntain Yhdistys) limitée aux districts d'Inari Ivalo Rovaniemi Sodankylä Kemijärvi et Salla. 20 sujets volontaires tout sexe confondu ont été sélectionnés comme échantillon de l'enquête qualitative.

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