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B. REVUES PAR RÉGION(continuer)

B5. MÉDITERRANÉE ET MER NOIRE
Zone statistique 37 de la FAO

par Jordi Lleonart *

INTRODUCTION

La Méditerranée (Figure B5.1) est une mer semi fermée d'une superficie d'environ 3,3 millions de km2, soit 0,8 pour cent de la superficie marine mondiale totale. De par sa situation géographique, s'étendant sur une gamme de latitudes relativement étroite (de 30° à 46° de latitude nord) dans la zone tempérée de l'hémisphère Nord, la mer Méditerranée présente des variations saisonnières marquées. Les masses d'eau sont stratifiées en été, mais la température de l'eau profonde (en dessous de 400 mètres) est de 13± 0,3°C tout au long de l'année. Les faibles précipitations en été sont la principale caractéristique du climat méditerranéen. La Méditerranée a un bilan hydrique négatif: la perte d'eau par évaporation est supérieure aux apports des précipitations et des fleuves, mais cette perte est compensée par les quelque 1 700 km3 d'eau de l'Atlantique qui pénètrent chaque année par le détroit de Gibraltar (Oliver, 2003).

Le système de bassins contient divers types d'eau: eau de l'Atlantique en Méditerranée occidentale, eau hypersaline chaude- tempérée dans le bassin du Levant, eaux hyposalines en mer Noire, et eaux estuarines froides-tempérées en mer d'Azov boréale. L'eau superficielle de l'Atlantique qui entre par le détroit de Gibraltar s'écoule jusqu'à la Méditerranée orientale, perdant progressivement des éléments nutritifs et devenant peu à peu plus salée à cause de l'évaporation. Elle finit par retourner dans l'Atlantique pour former la composante fortement saline de la circulation atlantique. Ceci favorise la création d'un grand nombre d'habitats avec de multiples petits stocks et espèces locaux, dont il est impossible de décrire les tendances individuelles ici, mais qui se différencient d'une sous-zone à l'autre. (Garibaldi et Caddy, 1998).

Figure B5.1 - Méditerranée et mer Noire (Zone 37)

Figure B5.1

La Méditerranée a été considérée dans l'ensemble comme une mer oligotrophe (Margalef, 1985; Estrada, 1996; Stergiou et al. 1997b). Normalement, l'appauvrissement progressif en nutriments se traduit par une diminution de la productivité, d'ouest en est, à part quelques exceptions localisées résultant d'un gradient de productivité nord-sud, attesté également par des images-satellites de chlorophylle A, dû aux apports en nutriments des fleuves du nord (notamment, apports d'eau du Rhône, du Pô et de la mer Noire dans la mer Égée). Ces effets anthropogènes sur la production halieutique ont été décrits par Caddy, Refk et DoChi (1995).

Le plateau continental est essentiellement une frange côtière étroite, sauf en Adriatique, dans le golfe de Gabès, le nord de la mer Noire, le sud de la Sicile et le golfe du Lion, il ne représente que 23 pour cent de la superficie totale.

Les pêcheries méditerranéennes ont fait preuve d'une étonnante résilience à la pêche par rapport à certaines zones de l'Atlantique. Ceci mérite d'être noté, car les mesures officielles et coordonnées de gestion des pêches brillent par leur absence dans la majorité des pays méditerranéens, cependant, de fréquentes interventions et une révision du mandat de la CGPM (Commission générale des pêches pour la Méditerranée) et de son Comité scientifique consultatif (CSC) devrait remédier à cet état de choses à partir de 2000. Divers auteurs, dont Farrugio et al. (1993), Farrugio (1996), Anon. (2001), Bas (2002), Oliver (2003) et Lleonart et Maynou (2003) ont étudié les pêches méditerranéennes.

Figure B5.2 - Captures nominales annuelles ('000t) par groupes d'expèces CSITAPA en Méditerranée et mer Noire (Zone 37)

Figure B5.2

Source FAO

PROFIL DES CAPTURES

Dans la zone 37, les captures nominales ont augmenté, passant d'un peu plus de 0,7 million de tonnes en 1950, à près de 2 millions de tonnes entre 1982 et 1988 (Figure B5.2 et tableau D5). Elles ont par la suite dégringolé à 1,3 million de tonnes par suite de l'effondrement de la pêcherie de sprat et d'anchois dans la mer Noire (Figure B5.3). Les captures totales sont ensuite remontées à 1,5 million de tonnes en 2001 et 2002, après quelques petites fluctuations.

Les petits pélagiques représentent approximativement 50 pour cent des captures totales méditerranéennes, les espèces les plus abondantes étant les anchois (Engraulis encrasicolus) (59 pour cent des captures de petits pélagiques) et la sardine (Sardina pilchardus) (16 pour cent). Les autres petits pélagiques sont le sprat (Sprattus sprattus), la sardinelle (Sardinella aurita) et la clupéonelle (Clupeonella cultriventris).

L'augmentation substantielle des captures d'anchois européen, de 1960 au milieu des années 80 (Figure B5.3) reflète en partie un accroissement de l'effort de pêche de la Turquie en mer Noire, qui s'est ajouté à celui de la flottille de l'ex-Union soviétique, auparavant dominante dans cette pêcherie. Comme pour les captures de sprat, cette augmentation pourrait refléter l'eutrophisation de la mer Noire due à l'effet des fleuves qui s'y déversent (Mee, 1992; Zaitsev, 1993). L'effondrement des captures d'anchois, de sprat et de clupéonelle en 1990 est imputable à l'introduction de l'espèce de cténophore Mnemiopsis leidy dans la mer Noire. Une augmentation ultérieure des captures n'a pas permis de retrouver les niveaux antérieurs. La série de données sur les sardines indique une tendance haussière régulière jusqu'à la fin des années 80 (282 000 tonnes en 1988) suivie d'une diminution modérée, à environ 187000 tonnes en 2002.

Les pêcheries mixtes de fond opérant aux chaluts à petites mailles, aux filets maillants, aux trémails, ou avec des nasses, des casiers et des dragues capturent toute une série de poissons démersaux et d'invertébrés de grande valeur pour le marché du poisson frais, sans qu'aucune espèce ne représente plus de 10% des prises démersales totales. Toutefois, dans les zones régulièrement exploitées par des flottilles de chalutiers, il est possible, malgré la complexité inhérente aux captures multi-spécifiques, d'identifier une série d'espèces cibles qui constituent une base de production importante, du point de vue de la biomasse ou en termes économiques. Les espèces dites démersales (plus de 100, bien que quelques-unes se comportent comme des espèces pélagiques) représentent environ 40% des captures totales déclarées dans la zone de la Méditerranée et de la mer Noire. Le merlu (Merluccius merluccius), les rougets (Mullus spp.), le merlan bleu (Micromesistius poutassou), le merlan (Merlangius merlangus), les baudroies (Lophius spp.), les pageots (Pagellus spp), le bogue (Boops boops), les picarels (Spicara spp.) les petites praires (Chamelea gallina), les poulpes (Octopus spp)., la seiche (Sepia officinalis), la crevette rouge (Aristeus antennatus), la langoustine (Nephrops norvegicus) et la crevette rose du large (Parapenaeus longirostris), sont les principales espèces démersales.

Figure B5.3 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies des groupes CSITAPA 24 et 35, Méditerranée et Mer Noire (Zone 37)

Figure B5.3

Source FAO

Figure B5.4 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 56, Méditerranée et Mer Noire (Zone 37)

Figure B5.4

Source FAO

Figure B5.5 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies des groupes CSITAPA 45 et 57, Méditerranée et Mer Noire (Zone 37)

Figure B5.5

Source FAO

Figure B5.6 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies des groupes CSITAPA 32 et 33, Méditerranée et Mer Noire (Zone 37)

Figure B5.6

Source FAO

Les espèces accessoires comprennent des espèces qui ne sont pas enregistrées individuellement dans les captures officielles et qui, collectivement, peuvent représenter une part importante des captures, comme les petits requins (Carbonell et al. , 2003).

D'autres espèces locales et/ou qui se vendent bien sont aussi capturées en relativement petites quantités, notamment des espèces de poissons plats, de rascasses, de sparidés, de grondins, de mulets, de serranidés, ainsi que quelques invertébrés. Il arrive parfois aussi que le dernier groupe de captures accessoires soit relativement abondant, mais qu'il soit constitué d'espèces sans grande valeur marchande, comme certains maquereaux et carangidés, ou d'espèces peu appréciées sur le marché comme le bogue ou les picarels (Spicara spp.). Les rejets en mer sont aussi importants et s'expliquent par diverses raisons: tailles illégales, espèces ou tailles non commerciales, ou raisons liés aux marchés (Carbonell et al. , 1998; Lleonart et Maynou, 2003).

L'augmentation spectaculaire des captures de petites praires (Chamelea gallina), principalement dans l'Adriatique, qui ont culminé en 1993, est un fait marquant (Figure B5.4) résultant probablement de l'effet combiné de la pêche et du passage d'un milieu aquatique oligotrophe en début de période à des conditions quasiment mésotrophiques.

Les captures de céphalopodes (Figure B5.5) atteignent un maximum vers 1990 qui, selon Caddy et Rodhouse (1998), serait en partie dû à une diminution de l'abondance de gros poissons prédateurs, mais ces espèces sont le plus souvent des composantes de pêcheries mixtes de poissons de fond. L'apparition du chalutage d'eau profonde, au large des zones de talus au milieu des années 80 semble expliquer la brusque augmentation des captures de crevettes roses du large, qui semble avoir été favorisée par une réduction de la biomasse de gros merlus dans les zones de talus.

La plupart des gadidés et des autres espèces semi-pélagiques, comme le bogue et le picarel (Spicara spp.), ainsi que les rougets (Mullus spp.), ont tendu à augmenter régulièrement pendant toute la période, mais plusieurs espèces ont diminué au cours des dernières années. Le cas le plus marquant est celui des captures de merlu, qui après avoir atteint des records historiques au milieu des années 90 (plus de 52 000 tonnes), ont chuté de plus de 50 pour cent en 2002. Le merlan, qui n'est présent qu'en Méditerranée orientale, suit aussi cette évolution générale, avec un pic vers 1990. (Figure B5.6).

Les espèces prédominantes de gros pélagiques sont le thon rouge (Thunnus thynnus) et l'espadon (Xiphias gladius). Elles ne représentent que 3 pour cent des captures totales, mais ont une valeur économique bien plus grande. Les captures de thon rouge ont augmenté du milieu des années 60 au milieu des années 90, mais ont ensuite considérablement diminué (Figure B5.7). La pêcherie méditerranéenne de thon rouge suscite des préoccupations en raison de la forte expansion des activités d'élevage /engraissement d'individus capturés en mer qui contribue à accroître la pression de pêche sur cette ressource en ouvrant de nouveaux marchés, et l'on craint que toutes les captures ne soient pas enregistrées. Les prises d'espadon ont régulièrement augmenté à partir de 1950 jusqu'au début des années 80, puis ont plus que doublé entre 1983 (7 000 tonnes) et 1989 (18 000 tonnes), une augmentation qui reflète en partie une amélioration des systèmes de collecte de statistiques nationales. Les captures sont redescendues à un niveau compris entre 12 000 et 16 000 tonnes depuis les années 90. Les captures de germon (Thunnus alalunga) suivent une tendance similaire, mais sont moins abondantes. Dans le cas de la bonite (Sarda sarda), les prises varient considérablement d'une année sur l'autre, et tendent légèrement vers la baisse à long terme.

Les captures de pélagiques de taille moyenne représentent 7 pour cent du total et sont constituées de chinchards (Trachurus spp), de chinchards à queue jaune (Trachurus mediterraneus), de chinchards d'Europe (Trachurus trachurus), de maquereaux espagnols (Scomber japonicus), et de maquereaux communs (Scomber scombrus). Les captures de chinchards sont aussi très variables, et n'indiquent pas de tendance précise. Celles de maquereau espagnol ont atteint leurs plus hauts niveaux entre le milieu des années 80 et le milieu des années 90. Les espèces lagunaires et côtières, telles que le mulet à grosse tête et les athérinidés suivent des tendances analogues, mais sont moins abondantes. (Figure B5.8).

La diminution des captures enregistrée au cours des cinq dernières années concerne un peu toutes les espèces non pélagiques. Après 25 ans de croissance continue, les prises ont culminé à environ 700 000 tonnes en 1994, et ont progressivement diminué depuis pour se situer à moins de 400 000 tonnes en 2002.

Les pélagiques suivent une tendance différente, dominée par les catastrophes de la mer Noire. Après une forte augmentation des captures, passées de 700 000 tonnes à 1 300 000 tonnes en six ans, les prises sont restées à ce niveau de 1983 à 1988, oscillant ensuite vers la baisse pour tomber à 990 000 tonnes en 2002.

Figure B5.7 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 36, Méditerranée et Mer Noire (Zone 37)

Figure B5.7

Source FAO

Figure B5.8 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies des groupes CSITAPA 33 et 37, Méditerranée et Mer Noire (Zone 37)

Figure B5.8

Source FAO

La mer Noire assure 39 pour cent des captures méditerranéennes totales en 2002, et 57 pour cent des captures totales de petits pélagiques.

ÉTAT DES RESSOURCES ET GESTION DES PÊCHES

Si les séries de données historiques sur les captures en Méditerranée sont plus ou moins fiables, les données sur l'effort sont pratiquement inexistantes. Toutefois, compte tenu de la complexité et de la diversité des pêches méditerranéennes, les données disponibles ne sont probablement pas suffisantes pour permettre des évaluations régulières et fiables de la plupart des espèces. La structure même des pêcheries méditerranéennes (flottilles dispersées, innombrables points de débarquement, captures multispécifiques et absence de grandes industries, comme il en existe dans d'autres mers) fait qu'il est difficile et coûteux d'obtenir des données pour évaluer les stocks.

On connaît bien les paramètres biologiques des principales espèces cibles (merlu, anchois, sardine, rouget, quelques sparidés et poissons plats, thon rouge, espadon, quelques crustacés de valeur élevée). Toutefois, la plupart de ces informations ont été obtenues dans le cadre de projets scientifiques spécifiques, sans continuité dans le temps. Or il est difficile de tenir et de mettre à jour des séries de données biologiques, de distributions de fréquence des tailles, etc. sans projets de suivi à long terme.

L'évaluation pâtit des mêmes lacunes, peu d'évaluations officielles des stocks et des pêches ont été effectuées en mer Méditerranée, essentiellement parce que la majorité des stocks ne sont pas partagés entre plusieurs pays. Il s'ensuit qu'aucune pression n'est exercée pour que les ressources soient évaluées et qu'aucun système de gestion adaptatif n'a été mis en œuvre. Sauf pour quelques gros pélagiques et quelques pêcheries très particulières (comme celle de petites praires dans l'Adriatique), la gestion des pêches ne prévoit pas de contingents, mais se fonde sur une limitation de l'effort.

Les informations sur les aspects de la dynamique de population des espèces clés ont constamment augmenté et des paramètres de population ont été accumulés dans les bases de données et les systèmes d'informations de la FAO, tels que POPDYN (Coppola, Garibaldi et Die 1994) ou FIGIS (http://www.fao.org/fi/figis/). Il existe de nombreux documents sur l'estimation des paramètres et sur les évaluations, mais la plupart ne sont pas officiels ou ne sont pas présentés comme tels (Lleonart et Maynou, 2003). Une liste de références bibliographiques ayant trait à l'évaluation des stocks de poissons méditerranéens (au sens large), récemment établie par le Sous-comité de l'évaluation des stocks du Comité scientifique consultatif de la CGPM, recense plus de 700 titres (ftp://cucafera.icm.csic.es/pub/scsa/biblio_MED.pdf).

Le caractère multispécifique de la plupart des pêcheries chalutières, qui capturent une grande diversité d'espèces et opèrent dans des environnements géographiques très divers, laisse penser que d'une manière générale les unités de stock sont petites et locales (CGPM, 1998), mais aussi qu'il convient d'envisager des approches multispécifiques et écologiques pour l'évaluation et la gestion des pêches.

L'écologie de la mer Noire a été bouleversée par l'introduction, à travers les rejets d'eau de ballast des navires, d'un certain nombre d'espèces exotiques nuisibles de phytoplancton et d'animaux marins. De même, de plus en plus d'espèces de la mer Rouge pénètrent dans la Méditerranée orientale par le Canal de Suez, et se déplacent ensuite vers le nord et vers l'ouest. De fait, les espèces provenant de l'Atlantique-Nord se rencontrent principalement dans la partie Nord de la Méditerranée. Les espèces sahariennes et subtropicales sont surtout présentes dans le secteur Est, alors que les espèces pontocaspiennes se trouvent dans la mer Égée et dans l'Adriatique Nord (Quignard et Tomasini 2000). L'introduction accidentelle d'une espèce d'algue (Caulerpa taxifolia) et sa diffusion catastrophique en Méditerranée occidentale aura probablement une incidence sur les chaînes trophiques démersales dans cette zone, mais il est difficile de prévoir de quelle nature elle sera (Zaitsev et Öztürk, 2001; Galil et al. 2002; Golani et al. 2002).

La Méditerranée

En général, les tendances en matière d'effort de pêche et de mortalité par pêche sont établies sur la base de données fragmentaires sur la taille des flottilles et les captures par unité d'effort. En Méditerranée occidentale (Baino, Auteri et Serena 1985; Abella, Caddy et Serena 1997) les stocks démersaux ont probablement été soumis à des taux d'exploitation élevés au cours des toutes dernières décennies, si l'on en croit les rapports du Sous-comité de l'évaluation des stocks de la CGPM. Parallèlement, une comparaison des populations locales (e.g. Abella et al. 1999) met en évidence des taux d'exploitation très divers, en fonction des flottilles et des possibilités de pêche locales. Ainsi, la classification grossière de l'état des ressources démersales (voir Tableau D-5), comme pleinement exploitées ou surexploitées (F-O), reflète non seulement l'incertitude de l'évaluation, mais aussi la variété des taux d'exploitation appliqués aux stocks locaux d'une espèce dans toute la Méditerranée.

Dans le golfe du Lion, un modèle de production multispécifique a montré que, dès la fin des années 80, la pêche était pleinement développée, et des études similaires indiquent que c'est le cas dans les eaux du sud de la Tunisie (CGPM, 1995); toutefois, au-dessus des fonds rocheux des eaux du nord de la Tunisie, les taux d'exploitation pourrait être un peu augmentés. Dans la mer Égée, et probablement aussi en Méditerranée orientale et méridionale, l'effort et les captures semblent avoir augmenté régulièrement, au moins depuis le début des années 70 (Stergiou et al. 1997a). Au moyen d'une Analyse des populations virtuelles (VPA), complétée par une Analyse du rendement par recrue, supposant un recrutement constant, Aldebert et al. (1993) et les rapports soumis au Sous-comité de l'évaluation des stocks de la CGPM en 2001 et en 2002 ont estimé l'interaction entre les types d'engins (deux types de chalut, filet maillant et palangre) exploitant le stock de merlus du golfe du Lion et conclu que le stock était certainement surexploité et que les chalutiers, qui pêchent principalement de petits poissons, affectaient considérablement les captures des autres engins (filets maillants et palangres). Cette analyse confirme celles effectuées dans d'autres zones, en montrant que les flottilles de chalutiers se concentrent généralement sur les classes d'âge les plus jeunes, de sorte qu'elles peuvent intercepter les poissons avant qu'ils n'arrivent à la portée des autres engins.

Ressources démersales du plateau

À la réunion du Comité scientifique consultatif (SAC) en 2004, 22 évaluations couvrant 7 sous-zones géographiques et 9 espèces, et deux stocks partagés ont été présentées. Le projet SAMED d'évaluation des stocks de la Méditerranée (Projet UE No 99/047), basé sur les campagnes de chalutage MEDITS (1994–1999) (Bertrand et al ., 1998; Bertrand et Relini, 1998) a soumis au Sous-comité de l'évaluation des stocks en 2002, des évaluations concernant trois espèces: Merluccius merluccius, Mullus barbatus et Nephrops norvegicus. Ces évaluations concernent les pays de l'UE (sans les îles Baléares, et la mer d'Alboran) et Malte.

Merlu européen

C'est l'espèce la plus étudiée; Lleonart et Maynou (2003) recensent plus de 20 références concernant les évaluations de merlus. C'est l'une des principales espèces visées par de nombreux chalutiers (pêche aux filets à petites mailles de juvéniles), palangriers et navires opérant aux filets maillants sur des fonds rocheux ou plus au large pour pêcher des individus plus gros. Bien que les taux de mortalité de juvéniles élevés aient fait soupçonner une surexploitation de cette espèce, on n'a pas observé de baisse évidente du recrutement (Oliver 1993). Du reste, les captures ont augmenté aussi bien dans la partie orientale que dans la partie occidentale de la Méditerranée jusqu'en 1995 (Fiorentini, Caddy and de Leiva 1997). En revanche de 1995 à 2002, les captures déclarées ont brusquement diminué pour tomber à moins de la moitié de leur niveau (de 52000 tonnes à 21000 tonnes), comme en 1980 (Figure B5.6). Ceci indique une réduction probable du stock de reproducteurs survivant dans quelques zones moins exploitées (appelées «refuges de ponte», Caddy 1990) responsable du recrutement. Quoi qu'il en soit, les évaluations présentées au Sous-Comité de l'évaluation des stocks de la CGPM mettent en évidence une nette surexploitation de cette espèce. Deux évaluations des stocks de merlus (golfe du Lion, mer Ligure et nord de la mer Tyrrhénienne), reposant sur des méthodes analytiques, ont révélé un état de surexploitation évident et recommandé une réduction de l'effort. Dans le cas du golfe du Lion aussi, il a été recommandé d'augmenter la taille des captures des chaluts. Le projet SAMED (reposant sur les campagnes de chalutage MEDITS) a détecté une exploitation intense, avec des tendances à la baisse dans de nombreuses sous-zones géographiques. Globalement, l'hypothèse est une surpêche de croissance. Des clôtures temporaires des zones d'alevinage et une limitation de l'effort ont été recommandées.

Déterminer l'importance relative de l'échappement accru de juvéniles et de reproducteurs reste un objectif fondamental pour cette espèce démersale méditerranéenne, comme pour d'autres, surtout si l'introduction de zones d'alevinage et de parcs marins doit être envisagée.

Rouget de roche (Mullus surmuletus) et rouget de vase (Mullus barbatus)

Ces espèces sont capturées par des chalutiers et divers autres petits navires de pêche avec toutes sortes d'engins, un peu partout en Méditerranée. On pêche d'abord les espèces de la classe d'âge 0, car dans de nombreuses zones les petits individus (capturés en été et au début de l'automne) se vendent plus cher. Dans l'Adriatique, les rescapés migrent ensuite vers l'est où ils se fixent pour la plupart à l'âge adulte, si bien que le stock devient un stock partagé. Des taux d'exploitation très élevés ont été enregistrés dans les eaux italiennes (CGPM 1995; Baino, Auteri et Serena 1985; Abella et al. 1999) sauf en Sardaigne et dans les autres zones de la mer Tyrrhénienne, et ces espèces sont surexploitées, comme dans l'Adriatique (Ungaro, Rizzi and Marzano 1994) ou la Méditerranée occidentale (Martin et al., 1999). Alors que le rouget de roche est pleinement exploité dans les eaux sud- tunisiennes et en mer Ionienne (Tursi et al. 1995), le rouget de vase est apparemment sous-exploité dans la partie nord de la plate-forme tunisienne (CGPM, 1995) et surexploité à Chypre (Hadjistephanou 1992). Des interdictions saisonnières du chalutage dans les eaux italiennes ont été mises en place pour protéger les juvéniles à croissance rapide de cette espèce et d'autres espèces durant des périodes limitées de recrutement au fond. Cette mesure s'est traduite par des augmentations très positives de la survie jusqu'à l'âge 1+, malgré des baisses saisonnières des prix dues à l'offre excédentaire durant la saison de pêche (Froglia 1989). Dans le même temps, la pêche dans les zones d'alevinage à l'intérieur une bande côtière de trois milles marins a conduit à des captures élevées de juvéniles (Baino, Auteri and Serena 1985). Les séries historiques (Figure B5.6) indiquent une légère baisse au cours des dix dernières années. Les évaluations soumises au Sous-comité de l'évaluation des stocks de la CGPM portaient surtout sur Mullus barbatus, qui est l'espèce principale. Dans la mer Ligurienne et le nord de la mer Tyrrhénienne l'espèce semble pleinement exploitée ou surexploitée. Des interdictions saisonnières et des fermetures de zones ont été recommandées afin de protéger les juvéniles. Selon le projet SAMED, on suppose que le stock est pleinement exploité et en situation de surpêche de croissance dans plupart des sous-zones géographiques et il a été recommandé d'interdire la pêche dans les eaux peu profondes pour protéger le recrutement.

Sparidés, dentés et pageots

Les sparidés et les dentés jouent un rôle important dans les pêcheries démersales méditerranéennes et sont généralement fortement exploités, avec dans les eaux tunisiennes des taux de mortalité par pêche maximums correspondant ou supérieurs à ceux de la production maximale équilibrée (FMSY). Une analyse des données concernant Sparus aurata dans le golfe du Lion (Farrugio et Le Corre 1994) indique que le niveau d'exploitation de cette espèce est supérieur à FMAX, celle-ci étant aujourd'hui essentiellement produite dans des établissements aquacoles. Les pageots (Pagellus spp.), comme les mérous, semblent être l'une des espèces démersales les moins résistantes à une forte exploitation et les taux de capture ont diminué dans un certain nombre de zones. Ils sont considérés comme sous-exploités au large des zones rocheuses du nord de la Tunisie (Ben Meriem, Garbi et Ezzedine-Najai 1996) mais surexploités dans le golfe de Gabès. Les stocks de pageots sont fortement surexploités dans les eaux grecques (Papaconstantinou et al. 1988b), et épuisés à Chypre, tout comme les stocks de bogue et de rouget de roche (Hadjistephanou 1992), alors que les picarels (Spicara spp.) seraient exploités à un niveau proche de rendement maximum soutenu (MSY).

Soles

D'après une analyse des données concernant le golfe du Lion (Farrugio et Le Corre 1994), la sole est exploitée à un niveau correspondant à FMSY, mais bien qu'il ait été démontré que les taux d'exploitation avaient augmenté au début des années 90, rien n'indiquait encore clairement que le recrutement avait baissé. Dans les eaux tunisiennes, la sole semble être exploitée à un niveau proche de l'optimum.

Céphalopodes

Ces espèces tiennent une place importante dans les captures accidentelles des chalutiers et le poulpe est une espèce cible dans quelques zones. La proportion élevée d'espèces à faible longévité (encornets, seiches et poulpes) dans les captures démersales provenant de zones fortement exploitées, comme l'Adriatique (CGPM, 1995), indique une exploitation intense, là où les faibles taux de captures sont en partie compensés par des prix unitaires élevés. Les analyses disponibles, quoique fragmentaires (e.g. Baino, Auteri et Serena 1985 pour la mer Tyrrhénienne), confirment un taux d'exploitation proche de l'optimum pour ces ressources en céphalopodes, alors que les espèces de poissons sont quelque peu surexploitées. Aucune évaluation concernant les céphalopodes n'a été présentée au Sous-comité compétent.

Chinchards

On possède peu de données concernant Trachurus trachurus et T. mediterraneus , mais ces espèces ne sont pas considérées comme fortement exploitées et leur biomasse semble variable, probablement en réaction à des changements écologiques.

Mulets (Mugilidae)

Ces espèces se nourrissent principalement de plantes et de détritus et ont probablement trouvé des conditions favorables dans les eaux eutrophisées des estuaires. Une réorientation vers l'exploitation de petits poissons côtiers tels que les capucettes (Atherinidae) montre que l'on cherche à remplacer les ressources côtières fortement exploitées.

Langoustine

Il s'agit d'une espèce bien connue. En 1998, est paru un volume d'une monographie consacré à cette espèce (Sardà 1998). Cet ouvrage approfondit la connaissance biologique de cette espèce, et étudie la pêche et l'exploitation, la distribution, la dynamique de la population et la sélectivité. Le projet SAMED a présenté une évaluation au Sous-Comité de l'évaluation des stocks qui conclut que cette espèce est légèrement surexploitée ou pleinement exploitée dans la majorité des sous-zones géographiques, et recommande une amélioration technique des engins employés pour éviter de capturer des individus de petite taille. Grâce à ses caractéristiques comportementales bien connues (la langoustine passe de longues périodes dans des terriers, dont elle sort périodiquement, ce qui explique les fluctuations diurnes et saisonnières des captures) cette espèce est moins vulnérable que d'autres à la pression de pêche. Malgré la discontinuité de la structure et de la densité de la population, des phénomènes de dépendance pourraient être liés à des cas de surexploitation de stocks ou de «fractions» de stocks «locaux». La langoustine étant un animal fouisseur, on a jugé important de réduire l'impact des panneaux de chalut sur le fond pour protéger les terriers.

Ressources du talus continental

L'expansion des pêcheries de talus, en particulier de la pêche de crevettes rouges et de merlu depuis quelques décennies, a de quoi susciter quelques craintes. Traditionnellement, le merlu se pêchait dans les zones côtières avec des chaluts à petites mailles qui visaient les classes d'âge 0+ à 2 ans, alors qu'aujourd'hui ce poisson est pêché en eaux plus profondes avec d'autres engins qui ciblent des concentrations de poissons adultes. L'augmentation de la pêche hauturière de poissons adultes suscite des préoccupations car le maintien de la productivité des stocks démersaux est probablement dû au fait qu'une petite proportion des poissons des groupes d'âge 0+ à 2 ans s'échappent des zones côtières et se réfugient en eaux profondes pour y pondre. Cette hypothèse semble trouver confirmation dans des études sur la sélectivité, qui indiquent que les poissons de plus grande taille, comme les gros merlus, sont moins nombreux que les petits dans les captures des chaluts à petites mailles.

Crevette rouge (Aristeus antennatus)

Cette espèce est intensément exploitée en Méditerranée occidentale par des chalutiers de fond qui la pêchent au-dessus du talus continental, en même temps qu'un grand nombre de crevettes rouges géantes (Aristeomorpha foliacea). Comme les deux espèces ne sont probablement pas toujours bien distinguées dans les statistiques, on peut penser que les captures totales sont de l'ordre de 5 000 tonnes par an (Oliver 1996). D'après des évaluations reposant sur des analyses de cohortes et du rendement par recrue, la mortalité par pêche actuelle (F) est très proche de celle correspondant au rendement par recrue maximum (FMAX), mais les valeurs de la mortalité naturelle (M) sont encore mal connues (Demestre et Lleonart 1993; Fiorentino et al. 1998; Ragonese et Bianchini 1996). Au taux actuel, l'exploitation semble durable mais l'augmentation constante de l'effort de pêche devrait être contrôlée. Aux îles Baléares, une analyse des cohortes, une analyse du rendement par recrue et un modèle de production de Fox, fondé sur une hypothèse de condition d'équilibre, font aussi apparaître une situation de surexploitation et la nécessité de réduire l'effort de pêche (Carbonell et Lauronce 2000). En ce qui concerne la Grèce et l'Italie, on suppose que d'abondantes captures de crevettes de grand fond sont déclarées à la FAO comme des Décapodes natantia nca (20000 à 32000 tonnes), alors qu'elles comprennent probablement une quantité significative de Aristeus et Aristeomorfa . Selon une évaluation soumise au Sous-comité de l'évaluation des stocks, la crevette rouge serait surexploitée en Méditerranée occidentale et une réduction de l'effort est recommandée.

Petits pélagiques

Sardines et anchois

Les stocks de sardines et d'anchois ont été suivis sur plus d'une décennie dans des zones comme la mer d'Alboran et la zone nord-ouest, l'Adriatique, la mer Égée et la mer Noire, au moyen de prospections acoustiques (Abad et al. , 1996; Abad et Giraldez 2000; Azzali et Luna 1988; Patti et al. , 2000; Guennegan et al. , 2000). Les méthodes basées sur la production journalière d'œufs (DEPM) ont été employées à plusieurs reprises en Méditerranée, sans pour autant être utilisées systématiquement chaque année. Ces méthodes ont été principalement appliquées aux anchois, mais aussi dans certains cas aux sardines (Chavance, 1980; Regner, 1990; Palomera et Pertierra, 1993; Garcia et Palomera, 1996; Somarakis et Tsimenides, 1997; Casavola et al. , 1998; Casavola, 1999; Quintanilla et al. , 2000). Une étude comparative a montré que les résultats des méthodes DEPM, des prospections acoustiques et des modèles de la dynamique des populations étaient similaires (Pertierra and Lleonart, 1996).

Ces analyses révèlent des fluctuations qui ne sont pas nécessairement liées à l'intensité de pêche. Dans l'Adriatique, les captures d'anchois ont culminé en 1980 et décliné par la suite, alors que les stocks de sardines locaux ont atteint leur maximum au milieu des années 80. La biomasse du stock d'anchois est passée de 18 000 tonnes en 1989 à près de 340 000 tonnes en 1991, sans toutefois retrouver les niveaux antérieurs des années 70 et 80 (Arneri 1994). L'analyse de Cingolani et al . (2004a, 2004b) de l'évolution des stocks d'anchois et de sardine de l'Adriatique par la méthode d'analyse de population virtuelle (VPA) sur des séries chronologiques de 1975 à 2003 met en évidence le déclin persistant du stock de sardine. En mer d'Alboran, les captures ont plafonné à 27 878 tonnes en 1982, puis fléchi à 1016 tonnes en 1988 (Abad et Giráldez, 1990). Dans le golfe du Lion et au nord de l'Espagne, les captures ont augmenté en 1989, probablement parce que les flottilles ont quitté la zone du sud de l'Espagne, où les captures d'anchois avaient nettement fléchi.

En mer Égée, comme cela été le cas pour la majorité des ressources, les taux de capture moyens des petits pélagiques ont fléchi jusqu'au milieu des années 70 puis se sont stabilisés, alors que les captures totales ont continué à progresser, en particulier en Méditerranée orientale, ce qui pourrait être le signe d'une augmentation de la productivité des eaux auparavant peu riches en éléments nutritifs. Cette supposition est confirmée par une augmentation parallèle de l'abondance de phytoplancton et de zooplancton, et par des estimations acoustiques de la biomasse de petits pélagiques le long d'une ligne allant du nord de la mer Égée au sud-est de la Méditerranée (Stergiou et al. 1997b). Les biomasses de pélagiques sont aussi généralement faibles dans les eaux libyennes GCPM 1995), sauf au niveau d'un courant ascendant saisonnier local dans le golfe de Syrte. Une brusque baisse des captures de pélagiques dans le bassin du Levant a également été observée après la construction du barrage d'Assouan (Halim et al. 1995). Dans les eaux Tunisiennes, on estime qu'environ 40 pour cent du stock de sardines est exploité chaque année, ce qui est probablement supérieur à l'optimum, et les biomasses de sardines et d'anchois tendent à fluctuer en sens contraire l'une par rapport à l'autre.

Les évaluations des stocks d'anchois et de sardines pour la Méditerranée occidentale, la mer d'Alboran, la mer Adriatique, présentées à la réunion de 2004 du Sous-comité d'évaluation des stocks, n'ont mis en relief aucune tendance précise, sauf pour la sardine de l'Adriatique dont la biomasse décroît, et la mortalité par pêche augmente au cours des 15 dernières années. Les conclusions générales ont été les suivantes: l'abondance est fortement dépendante du recrutement et la biomasse des stocks est extrêmement variable d'une année sur l'autre; lorsqu'un risque de surpêche de recrutement est détecté, il est conseillé d'éviter la capture de poissons qui n'ont pas atteint la première maturité sexuelle; et les estimations de la biomasse devraient être données suffisamment à l'avance pour permettre aux administrateurs des pêches d'adapter l'exploitation en temps réel.

Sardinelles et athérinidés

Les fluctuations à long terme sont similaires dans d'autres zones de la Méditerranée où sont exploités des stocks de petits pélagiques, ce qui laisse penser que des fluctuations périodiques à long terme peuvent se produire lorsque des conditions environnementales se superposent à des effets anthropogènes. La reprise de la production de pélagiques au large du delta du Nil, après le fléchissement mentionné plus haut, semble concerner essentiellement Sardinella spp., le petit poisson pélagique dominant de la Méditerranée sud-orientale. Les captures de cette espèce tendent nettement vers la hausse. Cette augmentation continue des Sardinella (tropicales) et la diminution apparente du sprat (boréal) peuvent refléter un processus de réchauffement de la planète. Dans d'autres zones de la Méditerranée orientale, on a noté une expansion de nouvelles pêcheries côtières de très petites espèces pélagiques, comme les capucettes.

Maquereaux et Chinchards noirs

Les captures de maquereaux sont extrêmement variables. Ces espèces n'ont fait l'objet d'aucune évaluation spécifique et malgré une augmentation des captures de maquereaux provenant des eaux grecques, il semblerait qu'ils ne soient plus aussi nombreux à entrer dans la mer Noire depuis quelques années.

Grands pélagiques

La Section C1 fournit des informations d'échelle mondiale sur les grands pélagiques, mais on trouvera ci-dessous quelques commentaires concernant spécifiquement la zone 37:

Thon rouge et espadon

Le thon rouge et l'espadon sont les espèces de gros pélagiques les plus importantes de la Méditerranée. Elles représentent environ 3 pour cent des captures totales déclarées, mais leur importance économique est bien plus grande. La CICTA (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique) considère que les thons rouge de l'Atlantique-Est et de la Méditerranée forment un seul stock, la principale frayère se trouvant en Méditerranée. Les navires exploitant le thon rouge avec des filets dérivants, des palangres et des sennes représentent la seule véritable flottille industrielle de la Méditerranée. Après avoir atteint 39 000 tonnes en 1994, les débarquements sont tombés à 22 000 tonnes en 2002. Des préoccupations ont à juste titre été exprimées quant à la situation des deux espèces. Dans les deux cas, la croissance (apparemment sans retenue) des pêches au cours de la dernière décennie a accru la vulnérabilité de ces stocks, de même que la pêche régulière des stocks de thon rouge par les États non-côtiers. La CGPM a repris à son compte les réglementations de la CICTA sur la pêche au thon rouge, pour les appliquer à tous ses pays membres. Récemment, on a vu proliférer les cages dans les eaux côtières pour engraisser le thon rouge capturé en haute mer dans le double but d'améliorer la qualité et de rendre le marché moins dépendant de la saison des captures. On pense que cela a aussi augmenté la pression de pêche, d'une part parce que de nouveaux marchés se sont ouverts et d'autre part parce que toutes les captures ne sont probablement pas signalées. Ces activités ont une incidence sur de nombreux aspects du processus d'évaluation et de gestion, comme la collecte des données et ultérieurement, l'évaluation des stocks. Ces effets sont réels (statistiques, biologiques, gestion) aussi bien que potentiels (environnementaux, socio-économiques, gestion) (Anon., 2002; Oray et Karakulak, 2003). Les préoccupations suscitées par le développement rapide de cette activité, basée sur la pêche de capture, ont incité à établir un groupe de travail intersectoriel sur les pratiques durables d'élevage et d'engraissage de thons en Méditerranée, pour fournir des directives communes et garantir la viabilité de cette activité.

L'espadon est la deuxième espèce de gros pélagique, par ordre d'importance. La CICTA considère qu'il n'existe qu'un seul stock méditerranéen. L'espadon se pêche au filet dérivant et à la palangre. Dans le cas de l'espadon, le taux d'exploitation élevé transparaît aussi dans les diminutions progressives de la taille et de l'âge moyens à la capture.

Bonite et germon

La pêche de ces espèces n'a pas fait l'objet d'une évaluation spécifique, mais on a des preuves indirectes d'une diminution de l'aire de répartition des bonites, qui entrent désormais rarement en grand nombre dans la mer Noire. Les graphiques n'indiquent pas de tendance précise à long terme pour la bonite, mais les captures sont extrêmement variables. Celles de germon ont augmenté en dents de scie depuis 1980.

Mer d'Azov et mer Noire

L'amélioration des conditions écologiques en mer Noire et en mer d'Azov ces dernières décennies crée un contexte favorable au rétablissement de la biodiversité et la reconstitution des ressources marines vivantes. Malgré ce progrès dans les pêcheries démersales, la surpêche, la dégradation d'habitats critiques, notamment de frayères et d'alevinières, et la perturbation de l'équilibre structurel des biotes se poursuivent.

Contrairement à ce qui se passe dans le reste de la Méditerranée, en mer d'Azov et en mer Noire, des ZEE ont été instituées par tous les pays riverains. Grâce au cadre juridique et réglementaire qui a été établi, les ressources vivantes peuvent être gérées à l'échelon national, mais une harmonisation plus grande est nécessaire.

Suivant les conclusions d'un récent atelier sur la pêche responsable et la conservation de l'écosystème de la mer Noire (http://www. blacksea-environment.org/text/default.htm), les activités d'évaluation et de suivi des stocks halieutiques sont fragmentées et irrégulières alors que la pêche illicite reste l'un des plus gros problèmes auquel sont encore confrontés tous les états côtiers de la mer Noire.

En mer d'Azov, plusieurs stocks de poissons d'eau douce se sont effondrés dans les années 60, notamment ceux de brochets, de brèmes et de gardons (Ivanov et Beverton 1985). Ces baisses drastiques étaient associées à une salinisation progressive due à la construction de barrages dans les principaux fleuves entrants, qui a fait augmenter la salinité de plusieurs parties pour mille. Conjugué aux effets sur les itinéraires et les zones de frai dans les principaux fleuves, ceci a sérieusement affecté les populations d'esturgeons sauvages, dont les captures se maintiennent aujourd'hui essentiellement grâce à la production des écloseries. Certains stocks démersaux ont diminué, en particulier ceux de turbots, de crustacés benthiques et de zoo et de phyto benthos. Ces derniers jouaient auparavant un rôle majeur, en particulier les moules et les algues rouges, qui se chargeaient respectivement de filtrer et d'oxygéner l'eau du plateau continental, dans la partie nord-ouest de la mer Noire. Leur disparition a été due dans une large mesure à des phénomènes anoxiques causés par une forte augmentation de la production planctonique, elle-même liée à une augmentation des apports en nutriments provenant du bassin versant de la mer Noire. L'effondrement des stocks de clupéonelles en mer d'Azov, et d'anchois en mer Noire, et le fléchissement des stocks de chinchards à queue jaune et de sprats à la fin des années 80, sont presque certainement liés à l'introduction du cténophore de l'Atlantique-ouest Mnemiopsis leidyi (Zaitsev 1993) dans ces deux mers. Dans le même temps, une espèce de mulet introduite (le «haarder» Mugil soiuy originaire de la zone côtière russe du Pacifique), qui se nourrit de détritus et se reproduit en eaux peu profondes semble épargnée par le prédateur M. leidyi au stade larvaire, et la taille du stock a augmenté. Plusieurs autres espèces introduites semblent adaptées aux milieux euthrophisés, c'est par exemple le cas des myes Mya et de la limace de mer Rapana , qui est aujourd'hui un article d'exportation important dans quelques pays, et peut être considérée comme pleinement exploitée.

Le rétablissement partiel du stock d'anchois, jadis une espèce recherchée dans le nord de la mer Noire, mais aujourd'hui surtout pêchée dans la partie sud de cette mer, est probablement l'événement le plus marquant dans cette zone. Cette reconstitution a récemment été facilitée par l'apparition d'une espèce de cténophore (Beroe cucumis ou B. ovata , suivant les sources), un prédateur de M. leidyi, qui a en grande partie été responsable de l'effondrement du stock d'anchois (Zaitsev et Ozturk, 2001). Malgré son effondrement et son rétablissement partiel, le stock d'anchois ne doit pas être considéré comme sous-exploité. À l'exception des flottilles des anciens pays socialistes, dont la reconstruction est ralentie par le manque de fonds pour les réparations et les investissements, le suréquipement de l'industrie de pêche déjà mentionné dans l'étude précédente, est encore une réalité dans le sud de la mer Noire. En revanche, les stocks de sprat et de plusieurs autres espèces dans le nord de la mer Noire ne sont probablement plus surexploités. Il faudrait permettre aux ressources démersales restantes de se reconstituer (Prodanov et al., 1997), là où les conditions environnementales le permettent.

L'abondance des grands prédateurs de la mer Noire, comme les dauphins, a sérieusement diminué. Certains poissons prédateurs, dont le maquereau (Scomber scombrus), le tassergal (Pomatomus saltatrix) et la bonite qui entraient habituellement par la mer de Marmara (également très polluée et soumise à une forte pression de pêche) pénètrent à présent rarement dans les eaux du nord et de l'ouest de la mer Noire. Les stocks de ces espèces peuvent être considérés comme épuisés, même si la pêche n'est pas nécessairement la seule responsable.

Cinq espèces témoignent des changements drastiques qui ont récemment affecté les écosystèmes des pêcheries de la mer Noire (Prodanov et al. 1997; Daskalov, 1998 et 1999).

Aloses

Les biomasses de ces espèces anadromes (l'esturgeon est la plus importante) ont diminué d'au moins 75 pour cent par rapport aux années 70. Les taux d'exploitation ont été élevés, sans cependant indiquer de tendance haussière soutenue, et la dégradation des conditions écologiques dans les cours d'eau entrants depuis quelques décennies, a probablement joué un rôle majeur dans l'épuisement des stocks.

Clupéonelle

Avec une biomasse extrêmement variable, le stock de clupéonelle a connu d'amples fluctuations, mais a été intensivement exploité par l'ex-Union soviétique dans les années 50 et 70. Les augmentations plus récentes du taux d'exploitation sont associées à des diminutions des captures, liées à l'explosion du cténophore prédateur Mnemiopsis leydei qui a été un phénomène dominant dans l'écosystème pélagique à la fin des années 80.

Anchois

L'anchois est la ressource individuelle la plus abondante de la mer Noire; sa biomasse a augmenté à la fin des années 70 et au début des années 80, à un moment où les captures progressaient aussi, probablement grâce à l'apport de nutriments dans la mer Noire. Le stock s'est effondré à la fin des années 80, essentiellement sous l'effet de la prédation et de la concurrence pour la nourriture du cténophore Mnemiopsis leydei . L'effort de pêche a par la suite diminué, ce qui a permis une reconstitution partielle du stock, mais la biomasse et les captures d'anchois n'ont pas retrouvé leurs niveaux précédents.

Merlan

Un des principaux prédateurs de la clupéonelle, cette espèce a été touchée par le déclin des stocks de sprats dû aux ravages du Mnemiopsis . Le merlan est essentiellement une prise accessoire capturée en même temps que les sprats, espèce cible fortement exploitée, ce qui a pour conséquence de réduire la taille du stock de ce prédateur (Prodanov et al. 1997).

Autres espèces démersales

D'après les conclusions de l'atelier sur les ressources démersales en mer Noire et en mer d'Azov (Öztürk and Karakulak [Eds], 2003) les pêches démersales restent une activité économique importante qui a un impact notoire sur la population côtière et l'écosystème marin. Malgré la surpêche et la dégradation d'habitats critiques, les ressources démersales peuvent encore se rétablir. Outre le merlan, les espèces les plus importantes sont le turbot (Psetta maxima maeotica), l'aiguillat (Squalus acanthias), Raja clavata , et les mulets (mugilidae). Au cours des dernières années les captures de la plupart de ces espèces ont diminué.

Esturgeons

Pour les espèces les plus communes, à savoir Acipenser gueldenstaedtii , Acipenser stellatus et Huso huso , les graphiques indiquent une tendance baissière depuis quelques années (avec des oscillations et des pentes différentes selon les espèces et les pays). Acipenser sturio et Acipenser nudiventris ont quasiment disparu. A. sturio et A. brevirostrum sont sur la liste de l'Annexe I de la CITES (espèces menacées d'extinction), les autres Acipenseridae sont inscrits à l'Annexe II (espèces risquant d'être menacées d'extinction, si le commerce n'est pas sévèrement contrôlé) A. guendelstaedtii , A. nudiventris, A. persicus, A. stellatus, A. sturio et Huso huso sont sur la liste rouge de l'UICN.

Évaluation des stocks

Le Comité scientifique consultatif (SAC) de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM) a analysé en mai 2000 les informations scientifiques disponibles pour 1985–1999 sur les huit plus important stocks partagés d'espèces démersales et de petits pélagiques, à savoir: merlu, rouget, rouget de roche, merlan bleu, crevette rouge, anchois, sardine et sardinelle (Fiorentino, 2000). Plus de 100 évaluations ont été identifiées et analysées (CGPM 2000a). Trois espèces de grands pélagiques (thon rouge, espadon et germon) ont aussi été étudiées(CICTA 1999).

La plupart des évaluations concernent les stocks du nord et de l'ouest de la région. Elles ont été effectuées à l'aide d'une Analyse des populations virtuelles ou d'une analyse de cohortes, associée à une analyse du rendement par recrue et parfois à des modèles de surplus de production, sur la base de courtes séries de données et des résultats de prospections scientifiques. Malheureusement, une partie des informations existantes n'a pas été publiée et n'était pas disponible à la réunion.

Les évaluations soumises au SAC en 2004 (y compris le projet SAMED) sont synthétisées au Tableau B5-1, (Aucune évaluation n'a été présentée pour les gros pélagiques).

Un effort notable doit être accompli sans attendre en Méditerranée pour améliorer la qualité des avis scientifiques fournis et faciliter leur application par les responsables de la gestion. Les investissements actuels d'évaluation des stocks et, plus généralement, de recherche halieutique aux fins des évaluations, sont insuffisants ou inappropriés pour que l'on puisse donner des avis pertinents et efficaces aux gestionnaires et aux industriels des pêches. Afin d'encourager les efforts tendant à produire les avis scientifiques requis, le SAC a recommandé en 2000 de mettre à jour et d'améliorer la qualité et la couverture des données et des statistiques sur les pêches, d'accroître le nombre d'évaluations dans les zones du sud et de l'est et de faire en sorte que toutes les évaluations soient effectuées de façon systématique. Le SAC a également attiré l'attention sur l'importance de l'interaction entre l'environnement et les ressources. Il a en outre indiqué qu'il était indispensable de définir des unités de gestion géographiques pour rendre compte des indicateurs et que des indicateurs socio-économiques homogènes devaient être mis au point dans chacune de ces unités de gestion.

Gestion des pêches

Le plateau et le talus continental, en particulier dans le nord de la Méditerranée, sont exploités jusqu'à 800 m de fond, par divers engins ciblant une série de poissons démersaux et d'invertébrés, principalement merlu, merlan bleu, rouget, merlan, céphalopodes, langoustine et crevettes. Le mélange varie selon les zones géographiques, les captures étant en majorité composées de poissons de la classe d'âge 0+ à 2+ (GCPM 1995). En ce qui concerne la taille à la première capture, on continue à utiliser des mailles de cul de chalut de 40 mm au maximum, maille étirée. Cela signifie que la pêche chalutière des grosses espèces, comme le merlu, est principalement axée sur les juvéniles. Cependant, comme l'ont fait observer Dremière (1979) et Bertrand (1990), il a été difficile d'augmenter la taille des mailles, compte tenu de la taille optimale à la première capture de certaines espèces petites et prisées, qui font partie des captures multispécifiques (crevettes et petits céphalopodes). En outre, la survie des spécimens passés à travers les mailles n'a pas été évaluée. A Chypre, les picarels, qui ont un corps mince, constituent la majorité des prises, de sorte que les captures seraient fortement réduites si l'on augmentait le maillage (Hadjistephanou 1992). Dans certaines zones, on s'est reposé sur des fermetures saisonnières durant la période du recrutement au fond, et il existe dans quelques pays des réglementations exigeant l'interdiction permanente du chalutage dans les eaux peu profondes et les parcs marins.

Tableau B5.1 Évaluations présentées à la réunion du SAC (2001–2004)

EspècesÉvaluationsObservations et recommandations
2001200220032004
Merluccius merluccius4233O, surpêche de croissance, risque de surpêche de recrutement Réduire l'effort. Améliorer la sélectivité des chaluts Fermetures temporaires des zones d'alevinage
Mullus barbatus3124O-F, fermeture de la zone côtière pour protéger les juvéniles Utilisation de récifs artificiels Fermeture saisonnière. Réduire l'effort Mettre en application les mesures de gestion actuelles
Mullus surmuletus   1 
Pagellus erythrinus3   F
Diplodus annularis3   F
Pomatomus saltatrix   1 
Nephrops norvegicus11  F, Amélioration technique des engins pour éviter la capture de petits individus. Réduire l'impact des planches des chaluts sur le fond
Aristeus antennatus2333O-F
Aristeomorpha foliaciea 1 1F
Parapenaeus longirostris  11U
Sardina pilchardus3545O-F, ne pas augmenter l'effort
Engraulis encrasicolus3633Risque de surpêche de recrutement. Fixer la taille minimale légale à celle correspondant à la première maturité sexuelle
Trachurus trachurus1 1 F, maintenir l'effort de pêche au niveau actuel
Boops boops1   F, maintenir l'effort de pêche au niveau actuel
Total24191722 

O- Surexploité,
F- Pleinement exploité,
U- Sous-exploité

Il est difficile d'évaluer les tendances de l'effort de pêche en Méditerranée, en particulier pour le chalutage; cependant, compte tenu des nouvelles flottilles qui ont été acquises, par exemple en Croatie et en Lybie, et des programmes de remplacement des flottilles qui ont été mis en œuvre dans d'autres zones, on peut penser que l'effort de pêche effectif a augmenté. Globalement, il existe peu de mesures de gestion qui limitent l'effort de pêche ou les captures totales, dans la plupart des pays. Dans le même temps, il y a étonnamment peu d'indicateurs d'effondrements des stocks, les espèces dont les captures augmentent étant plus nombreuses que celles dont les captures baissent (Fiorentini et al. 1997). Au cours des années récentes, des campagnes de chalutage classiques axées sur les ressources démersales ont été effectuées de manière régulière, avec un financement de la Commission européenne, dans les eaux situées au large de ses pays membres et cette série de données commence à être utilisée pour évaluer quelques stocks. (Papaconstantinou et al. 1988a, b; Farrugio 1994; Oliver 1996).

Abella et al. (1999) ont attribué la résilience à la pêche du merlu méditerranéen, malgré une exploitation extrêmement intense des juvéniles, au résultat net de la distribution de l'effort de chalutage dans l'espace, à savoir que les poissons adultes sont répartis en dehors des principaux fonds de chalutage et que les gros poissons sont relativement épargnés par les chaluts à petites mailles (Caddy, 1990). Ces effets n'ont pas été planifiés dans le passé mais devraient être pris en compte dans la planification future des mesures de gestion. Il conviendrait en particulier d'évaluer l'impact des augmentations potentielles de l'effort de pêche en eaux profondes sur le recrutement des merlus.

À sa vingt-cinquième session, en septembre 2000, la CGPM a recommandé, après avoir examiné les avis du SAC, d'«élaborer et appliquer des mesures de gestion nécessaires pour remédier aux problèmes de surexploitation». La CGPM a également fait les recommandations suivantes: «Des efforts devraient être faits pour effectuer davantage d'évaluations dans le sud et l'est de la Méditerranée » et « Il est essentiel que les États Membres participent activement en fournissant au Groupe de travail toutes les informations dont ils disposent ».

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* FAO, Service des ressources marines, Division des ressources halieutiques.

B6. ATLANTIQUE SUD-OUEST
Zone statistique 41 de laFAO

par Jorge. Csirke *

INTRODUCTION

Cette zone, qui couvre une superficie totale de 17,65 millions de km2, baigne la côte orientale de l'Amérique du Sud, s'étend de 05°00' de latitude nord, au nord du Brésil à 60°00'de latitude sud, au sud de l'Argentine, et englobe une zone de plateau de 1,96 million km2 (Figure B6.1). Au nord, dans la zone du fleuve Amazone, le plateau continental peut s'étendre jusqu'à 160 milles marins (320km) des côtes, où le fonds est essentiellement constitué de débris et de dépôts fluviaux. Au fur et à mesure que l'on se déplace vers le sud et que l'on s'éloigne de l'influence de l'Amazone, le plateau devient plus étroit, corallin et le plus souvent impropre au chalutage. Il est également étroit et principalement rocheux plus au sud, au large du centre et du sud du Brésil, et il s'élargit uniquement au voisinage de latitudes plus élevées, où il se prête davantage au chalutage. Les zones de chalutage les meilleures et les plus étendues se trouvent dans le bassin du Rio de la Plata et au dessus de la zone du plateau patagonien et des îles Falkland (Malvinas), où le plateau s'étend bien au-delà de la limite des 200 milles marins (plus de 370 km) de la côte, et devient l'une des plus vastes zones de plateau de l'hémisphère Sud.

Figure B6.1 - L'Atlantique sud-Ouest (Zone 41)

Figure B6.1

La variété et l'abondance des ressources halieutiques et des types de pêcheries dans cette zone sont déterminées par la topographie et par d'autres caractéristiques physiques, dont les conditions environnementales, variant de typiquement tropicales au nord à sub-antarctiques au sud. Vers le nord de cette zone, l'écologie marine est dominée par le Courant sud-équatorial qui part du littoral africain et touche la côte sud-américaine où il se divise en deux branches: le courant du Brésil nord qui s'écoule le long du littoral nord du Brésil, et le courant du Brésil sud qui s'écoule vers le sud, longeant la côte centrale et australe du Brésil. La partie nord de la zone est en outre influencée par la grande circulation d'eau douce venant du fleuve Amazone. Plus au sud, l'environnement marin est dominé par le courant du Brésil plus chaud de direction sud, puis par le courant des Falkland-Malvinas, plus froid et de direction nord, qui se rejoignent et forment une convergence tropicale dirigée vers le large, dans les eaux baignant le bassin du Rio de la Plata où l'on trouve aussi une grande circulation d'eau douce dans les zones côtières (Emílsson 1959; Hempel 1971; Dias Neto et Mesquita 1988; Bakun et Parrish 1991; Bakun 1993; Castro et Miranda 1998).

Figure B6.2 - Captures nominales annuelles ('000t) par groupes d'espèces CSITAPA dans l'Atlantique Sud-Ouest (Zone 41)

Figure B6.2

Source FAO

Les crevettes et les homards, et dans une moindre mesure les poissons de récifs et d'autres poissons démersaux tropicaux tendent à devenir particulièrement abondants vers le nord de la zone. Plus au sud, dans les zones côtières riches en nutriments où les masses d'eau se mélangent au large du Brésil central et au large de la zone de l'Uruguay et de l'Argentine septentrionale, on voit proliférer d'importantes populations de petits pélagiques, en particulier dans le bassin du Rio de la Plata. Les espèces démersales côtières sont très abondantes dans les eaux du sud du Brésil et dans le bassin du Rio de la Plata, alors que les démersaux profonds et intermédiaires tendent à dominer sur la plus grande partie de la zone du Rio de la Plata, du plateau patagonien et des Falkland-Malvinas, où il existe aussi une importante pêcherie de calmars. Les grands pélagiques sont surtout pêchés au large de la zone centre du Brésil et du Rio de la Plata.

PROFIL DES CAPTURES

La production totale des pêches de capture de l'Atlantique Sud-Ouest est essentiellement constituée d'espèces démersales, et plus récemment, de calmars principalement capturés dans la partie sud de la zone du plateau et du talus patagoniens. La zone 41 est l'une des zones statistiques de la FAO où les pêches de capture ont connu une expansion rapide, en termes de production totale, avec un taux d'augmentation à peu près constant jusqu'aux années récentes. En 1950, les captures totales pour l'ensemble de la zone se limitaient à 172000 tonnes et la plupart des stocks de poissons connus n'étaient alors que légèrement ou modérément exploités, plusieurs gros stocks étant encore pratiquement inexploités. Plusieurs nouvelles pêcheries se sont développées depuis et, mise à part une explosion des captures entre 1966 et 1968, avec un pic de 599000 tonnes en 1967, due à une exploitation ponctuelle intensive des merlus et probablement d'autres poissons démersaux par la flottille de l'URSS, les captures annuelles totales ont progressé de façon à peu près régulière au rythme moyen de 7,4% par an, pour plafonner à 2,4 millions de tonnes en 1987. Elles ont ensuite fléchi, avec quelques fluctuations d'une année sur l'autre, pour se situer à 2,0 millions de tonnes à peine en 1990 et à 2,1 millions de tonnes en 1994. Un nouveau plafond a été atteint en 1997, à 2,8millions de tonnes. Les captures on ensuite fléchi pour atteindre approximativement 2.0 millions de tonnes en 2002 (Figure B6.2 et Tableau D6). Il est intéressant de noter que la production aquacole marine totale a augmenté dans cette zone à un rythme proche de 42 pour cent par an au cours des cinq dernières années, passant de 8000 tonnes en 1996 à 72000 tonnes en 2002, niveau représentant cependant seulement 2% de la production totale de la zone.

Les espèces démersales du groupe 32 de la CSITAPA (morues, merlus, etc.) et les mollusques du Groupe 57 (calmars, etc.) ont représenté la plus grande part des captures provenant de cette zone; viennent ensuite les espèces côtières du groupe 33 (tambours, acoupas, etc), puis les petits pélagiques du groupe 35 (harengs, sardines, anchois, etc.) et d'autres démersaux du groupe 34 (légines, abadèche, etc.) et du Groupe 38 (requins, raies, chimères, etc.). Les espèces dominantes en volume sont le merlu d'Argentine (Merluccius hubsii), le grenadier patagonien (Macruronus magellanicus), et le merlan bleu austral (Micromesistius australis) du groupe 32 de démersaux, l'encornet rouge argentin (Illex argentinus) du groupe 57, et la sardinelle du Brésil (Sardinella brasiliensis) dans le groupe 35 de petits pélagiques.

Le merlu d'Argentine alimente l'une des plus importantes pêcheries dans la zone du Rio de la Plata et sur la plus grande partie du plateau patagonien. À partir de 1950, les captures de cette espèce, qui au début étaient toutes prises par les états côtiers (Argentine, Brésil et Uruguay) ont régulièrement progressé jusqu'à 102000 tonnes en 1965. Après les captures records de merlu déclarées par l'URSS en 1966 (56000 tonnes), en 1967 (513000 tonnes) et en 1968 (100000 tonnes), les prises de ces mêmes états côtiers, puis les captures totales de la zone, sont tombées à 70000 tonnes en 1969, pour ensuite remonter régulièrement jusqu'à 462000 tonnes en 1979. Les captures totales de merlu ont plongé à 255000 tonnes en 1984 pour atteindre le nouveau record de 682000 tonnes en 1996. Depuis, les captures totales de merlu ont régulièrement décliné pour tomber à 243000 tonnes en 2000, leur plus bas niveau en 25 ans, et remonter à un peu plus de 400000 tonnes en 2002 (Figure B6.3).

Figure B6.3 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupe CSITAPA 32, Atlantique Sud-Ouest (Zone 41)

Figure B6.3

Source FAO

Figure B6.4 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies des groupes CSITAPA 33 et 34 Atlantique Sud-Ouest (Zone 41)

Figure B6.4

Source FAO

Figure B6.5 - Captures nominales annuelles ('000t) d'espèces choisies du groupes CSITAPA 35 et 36, Atlantique Sud-Ouest (Zone 41)

Figure B6.5

Source FAO

Le merlu d'Argentine est à présent surtout exploité par les flottilles argentine et uruguayenne. Les deux flottilles ont connu une expansion dans les années 80 jusqu'au début des années 90, et celle de l'Argentine a continué à progresser dans les années 90. Les autres espèces démersales des grands fonds du groupe 32 qui représentent une part importante de la production halieutique totale de la zone sont le grenadier patagonien et le merlan bleu austral (Figure B6.3), avec des volumes respectifs de 116000 tonnes et 64000 tonnes en 2002. Ces espèces sont particulièrement abondantes dans la zone sud du plateau et du talus patagonien, où elles sont exploités par des flottilles hauturières locales ainsi que venues d'autres régions.

Les espèces démersales diverses du groupe 34 (Figure B6.4) qui contribuent le plus à la production halieutique totale de cette zone sont l'abadèche rose (Genypterus blacodes) et la légine australe (Dissostichus eleginoides) avec respectivement 20000 tonnes et 11000 tonnes en 2002. Ces espèces sont exploitées par des flottilles côtières et hauturières de la région et d'ailleurs. Les espèces démersales côtières du groupe 33 produisent aussi d'abondantes captures dans la zone, en particulier l'ombrine d'Argentine (Umbrina canosai), l'acoupa rayé (Cynoscium striatus), le tambour rayé (Micropogonias furnieri), et les acoupas (Cynoscion spp.), dont les captures ont été relativement élevées et stables au cours des toutes dernières années, avec un total de 113000 tonnes pour ces quatre espèces et de 247000 tonnes pour l'ensemble du groupe en 2001. Ces espèces sont toutes exploitées par des flottilles côtières.

Les principales espèces de petits pélagiques du groupe 35 sont la sardinelle du Brésil (S. brasiliensis) et l'anchois d'Argentine (Engraulis anchoita). Après le niveau record de 228000 tonnes signalé en 1973, les captures totales de sardinelle du Brésil ont fléchi, avec toutefois des fluctuations sensibles d'une année sur l'autre, pour tomber à leur plus bas niveau (17000 tonnes) en 2000, et remonter légèrement à 35000 tonnes en 2001 et revenir à 28000 tonnes en 2002 (Figure B6.5). Les prises d'anchois d'Argentine ont oscillé entre 10000 et 25000 tonnes par an ces dernières années. Les captures de thons et d'autres pélagiques du groupe 36 se sont plus ou moins stabilisées à 50000–60000 tonnes par an, après avoir plafonné à 74000 tonnes en 1996.

La pêcherie de calmars et d'encornets (Groupe 57) est aussi très importante dans cette zone. L'espèce dominante est l'encornet rouge argentin (Illex argentinus) qui représente 94 pour cent des captures de ce groupe et 24 pour cent des captures marines totales dans cette zone en 2002. L'abondance totale et les captures effectives d'encornet rouge argentin ont été très variables depuis l'ouverture de cette pêcherie à la fin des années 70. Après avoir atteint 638000 tonnes en 1993, les captures totales de cette espèce sont retombées à 506000 tonnes en 1994, pour ensuite remonter en flèche à 1,1 million de tonnes en 1999 et fléchir à 930000 tonnes en 2000 puis à 511000 tonnes en 2002 (Figure B6.6). Quoique moins abondantes, les captures totales de calmar patagon (Loligo gahi) ont aussi fluctué entre un maximum de 89000 tonnes en 1989, et un minimum de 22000 tonnes en 1997. En 2002, les captures totales de cette espèce se sont chiffrées à 25000 tonnes. Les autres espèces capturées occasionnellement sont l'encornet étoile (Martialia hyadesi) qui, si l'on excepte le volume record de 24000 tonnes atteint en 1995, et les prises de 3 800 tonnes et de 8 300 tonnes respectivement en 1996 et en 1997, a généré les autres années de maigres captures oscillant entre 0 et 1000 tonnes. Les captures de calmars non identifiés ont accusé une brusque baisse ces dernières années, reflétant probablement les grands progrès accomplis dans la ventilation par espèces des captures de calmars de la zone.

Les crevettes, les homardsles crabes et les autres crustacés des Groupes 42, 43 et 45, alimentent aussi d'importantes pêcheries locales, allant de la zone tropicale à la zone sub-antarctique. Les captures cumulées de ces groupes d'espèces ont d'passé les 100000 tonnes depuis 2000 (Figure B6.7), volumes importants compte tenu de leur valeur marchande relativement élevée. Parmi les crustacés, les captures les plus élevées ont été celles de salicoque rouge d'Argentine (Pleoticus muelieri), qui ont varié dans une ample fourchette allant de 3000 à près de 40000 tonnes par an depuis l'ouverture de cette pêcherie dans les années 80, avec un record de 79000 tonnes signalé en 2001.

Dans cette zone, environ 8 pour cent des captures totales (176000 tonnes en 2002) sont déclarées comme des poissons marins non identifiés dans les statistiques officielles de la FAO, et classées dans le groupe 39 de la CSITAPA (poissons marins non identifiés). Ces poissons proviennent le plus souvent de pêcheries artisanales en particulier au Brésil, où les espèces et des points de débarquement sont si nombreux que l'enregistrement des captures par espèces serait trop complexe.

* FAO, Service des ressources marines, Division des ressources halieutiques.


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