Comment définir la
désertification?
Quels
sont les territoires et surfaces susceptibles dêtre touchés par la
désertification?
Quelles
sont les causes essentielles de la désertification?
Quelles
sont les conséquences majeures des phénomènes de désertification?
Le Chapitre 12 d'Action 21 adopté par la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED) définit la désertification comme étant «la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et sèches subhumides par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines.»
Cette définition est un peu réductrice, car elle n'exprime pas bien linteraction fréquente entre les éléments climatiques et les pratiques humaines, ces dernières étant souvent déterminantes dans le déclenchement des processus de désertification.
Il parait toutefois nécessaire d'admettre, qu'en certains points de la planète, des phénomènes de désertification peuvent apparaître sans que les activités humaines (généralement très réduites en raison de la faible densité de population) soient en cause. Ces phénomènes naturels de sécheresses répétées, peut-être induites par des changements climatiques globaux difficiles à analyser, peuvent entraîner une dégradation des terres de nature à mettre en cause l'existence des populations présentes dans les régions concernées ou vivant à proximité ou à empêcher une future occupation de ces milieux par l'homme. S'il semble bien vain de lutter contre cette désertification qu'on peut qualifier de «géologique», il est néanmoins nécessaire d'aider les communautés humaines qui y vivent à y faire face et à s'y adapter sans l'aggraver.
Le lien entre désertification et occupation humaine apparaît donc comme un concept généralisable et la FAO propose que ce lien soit clairement exprimé par la définition plus précise suivante:
«Ensemble des facteurs géologiques, climatiques, biologiques et humains qui conduisent à la dégradation des qualités physiques, chimiques et biologiques des terres des zones arides et semi-arides et mettent en cause la biodiversité et la survie des communautés humaines.>>
Cette définition peut se rapprocher de la définition adoptée par la Conférence de Nairobi en 1977:
«Accentuation ou extension des conditions caractéristiques des déserts; c'est un processus qui entraîne une diminution de la productivité biologique et partant, une réduction de la biomasse végétale, de la capacité utile des terres pour l'élevage, des rendements agricoles et une dégradation des conditions de vie pour l'homme.»
La FAO pense que l'on devrait se baser sur les critères définis lors de la Conférence des Nations Unies sur la désertification (Nairobi 1977) qui font intervenir la notion de «risque de désertification» évalué sur la base d'une mesure de la vulnérabilité des terres conjuguée avec la pression actuelle et future humaine et/ou animale. Il apparaît que l'utilisation de tels critères conduit à considérer les phénomènes de désertification comme évolutifs en fonction des facteurs climatiques et humains changeants. Une conséquence de cet état de fait est I a nécessité pour chaque pays de se doter des moyens d'analyser les phénomènes sur la base de critères acceptés mondialement.
En première approximation, la FAO recommande que l'ensemble des pays, 99 d'après le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), possédant des terres arides, semi-arides et subhumides susceptibles d'être touchées par la désertification soient invités à se préoccuper de ce phénomène qui concerne près d'un milliard d'êtres humains vivant sur 35-40 millions de km2, soit environ 30 pour cent des terres émergées de la planète.
Il convient de rappeler tout d'abord que la désertification telle que définie ne peut se produire que sur des terres vulnérables aux processus de désertification. I a vulnérabilité d'une terre à la désertification est déterminée par le climat actuel, le relief, l'état du sol et celui de la végétation naturelle. Le climat a une influence déterminante par trois facteurs agissant sur les phénomènes d'érosion physique et mécanique et les phénomènes de dégradation chimique et biologique. Ce sont la pluviométrie, le rayonnement solaire et le vent. Le relief intervient essentiellement comme facteur d'aggravation des phénomènes d'érosion hydrique. L'état du sol (texture, structure et richesse chimique et biologique) est un facteur prépondérant dans les zones subhumides où les facteurs climatiques sont moins influents. Il joue un rôle essentiel dans la vulnérabilité aux processus de désertification influencés par les activités humaines. Il en est de même de l'état de la végétation naturelle. Celui-ci est le résultat des influences anciennes et récentes des facteurs climatiques, pédologiques et bien souvent humains. Les arbres, en raison de leur longévité et de leur capacité à émettre de puissants systèmes racinaires, sont souvent des protecteurs essentiels contre la dégradation des sols. Leur absence est de ce fait un très lourd handicap, et ce sont bien souvent les êtres humains qui en sont la cause.
Les activités humaines sont en effet la raison majeure du déclenchement des processus de désertification sur les terres vulnérables. Ces activités humaines sont multiples et variables selon les pays, les types de sociétés, les stratégies d'occupation et d'utilisation de l'espace et les technologies mises en uvre. L'impact des sociétés humaines ne dépend pas exclusivement de sa densité et la FAO pense que les notions de «capacité de charge» ou de «seuil critique» doivent être maniées avec précaution car de nombreux exemples montrent que ces critères peuvent fortement évoluer en fonction des stratégies et des technologies mises en uvre par les populations.
Parmi les activités humaines, causes du déclenchement de la désertification on doit citer:
Toutes ces pratiques sont induites par deux catégories distinctes de facteurs: ceux Induits par la pauvreté et le sous-développement; ceux induits par un développement «moderne» insuffisamment soucieux de l'impact des technologies employées sur la durabilité des terres.
Dans la première catégorie de facteurs il faut citer:
Dans la seconde catégorie de facteurs il faut citer:
Les conséquences de la désertification, phénomène de dégradation des terres dépendent, à l'évidence, de quatre facteurs variables selon les régions, les pays et les années:
Plus les populations et les pays concernés sont pauvres et sous-développés, plus les effets de la désertification sont lourds de conséquences en hypothéquant l'avenir et plus il peuvent être tragiques lorsque les conditions naturelles, en particulier climatiques, sont difficiles.
La désertification doit être considérée comme une rupture des équilibres fragiles qui ont permis le développement de la vie végétale, animale et humaine dans les zones arides, semi-arides et sèches subhumides. Cette rupture des équilibres et des processus physiques, chimiques et biologiques qui les entretenait a pour conséquence le déclenchement de processus d'autodestruction de tous les éléments du système qui permettaient la vie. Ainsi, la vulnérabilité des sols à l'érosion éolienne et hydrique, l'abaissement des nappes phréatiques, les aléas de la régénération naturelle des végétaux herbacés et ligneux et l'appauvrissement chimique des sols, qui sont des conséquences immédiates de la désertification, en deviennent des facteurs aggravants. La désertification est un processus qui s'autoentretient en s'aggravant.
Les conséquences de la désertification sont de ce fait extrêmement graves et souvent dramatiques pour les populations pauvres des pays en développement. En effet, la désertification, en limitant les potentialités naturelles, réduit les productions et les rend de plus en plus aléatoires. Contraintes à parer au plus pressé, les populations développent des attitudes de survie qui contribuent malheureusement à aggraver la désertification et empêcher tout développement.
La plus immédiate et la plus générale des attitudes de survie est l'aggravation de la surexploitation des ressources naturelles immédiatement accessibles au prix d'un travail souvent énorme et épuisant. La deuxième est la liquidation de tout ce qu'on possède, y compris l'équipement agricole, pour faire face aux besoins monétaires nés du développement (scolarité, soins, cotisations à l'entretien des pompes) ou des crises alimentaires (achats de vivres). La troisième est l'accélération de l'émigration rurale qui peut se limiter aux hommes adultes et aux jeunes gens et jeunes filles qui partent pour un travail saisonnier ou pluriannuel dans d'autres régions du pays, en particulier vers les villes, ou dans d'autres pays, ou bien prendre l'aspect d'exodes de populations à la recherche de conditions de vie plus acceptables.
Ces stratégies de survie s'accompagnent souvent de ruptures des solidarités internes aux collectivités et parfois aux familles. Au bout de la survie difficile, il y a le repliement sur soi, et parfois le développement d'un individualisme d'exclusion, d'où la naissance de conflits entre ethnies, familles et individus.
Enfin, la désertification aggrave l'effet des crises climatiques (sécheresse) et politiques (guerres) entraînant régulièrement la souffrance et la mort de centaines de milliers de personnes dans le monde.
Toutes ces conséquences affaiblissent encore l'économie des pays en développement touchés par la désertification surtout ceux n'ayant pas d'autres ressources que leur agriculture et notamment ceux dont presque tout le territoire est affecté par ce problème. A cet égard, les pays africains des zones arides, semi-arides et sèches subhumides sont particulièrement vulnérables à la désertification et affectés par ses conséquences. Leurs économies ne parviennent pas à rompre le cycle fatal de la pauvreté qui les conduit à faire face aux situations d'urgence par un endettement de plus en plus insoutenable qui hypothèque toute possibilité d'avenir dans des investissements productifs pouvant rompre le cercle du sous-développement.
Mais la désertification conduit également à une modification positive de certains comportements. A noter en particulier celui des femmes qui affrontent souvent les problèmes nés de l'absence des hommes partis chercher du travail, et de l'aspiration des jeunes garçons et filles à une vie moins astreignante et difficile. Ces surcharges de travail et de responsabilité qui pèsent sur elles, suscitent deux attitudes nouvelles:
Si la désertification a provoqué une diminution de l'équipement agricole, elle a inversement contribué à multiplier et élargir les connaissances techniques, en particulier celles portant sur l'environnement et sa préservation. Les micro-réalisations, entreprises en de nombreux lieux depuis une quinzaine d'années, constituent un capital de connaissances et parfois de pratiques techniques et une base de départ à ne pas négliger. Dans le même sens, pour beaucoup de ruraux, la perception de l'environnement et de la relation à établir avec lui change ou a même déjà changé en bien des lieux. L'environnement est en effet de plus en plus ressenti à la fois: