E. D'Souza
Eustace D'Souzaest un général de l'armée indienne à la retraite. Il est conseiller auprès de Earth Ethics Inc., Seminole (Floride, Etats-Unis), consultant du Centre international pour la paix (Londres), membre de l'Association internationale des généraux et amiraux à la retraite (Londres) et membre de la Société d'histoire naturelle de Bombay. Il est également ex-secrétaire général du Fonds mondial pour la nature (WWF-Inde), ex-conseiller régional pour l'Asie de l'Est et ex-membre du Centre des sciences et de l'environnement (New Delhi).
Presque partout dans le monde, l'armée est une force politique, sociale, voire économique, reconnue. Par contre, on ignore généralement son rôle potentiel dans la protection et la restauration de notre environnement dégradé. Beaucoup pensent au contraire qu'elle est tout juste bonne à détruire la faune et la flore. C'est faux, comme l'explique le présent article. L'armée a en effet un rôle à part, productif et non violent, dans la protection de l'environnement, le maintien de la sécurité et l'établissement de rapports sociaux basés sur la coopération et non sur l'affrontement.
Le rôle traditionnel de l'armée est de défendre l'intégrité du territoire national face aux agressions extérieures et d'assurer la paix à l'intérieur des frontières. A l'issue de la Seconde Guerre mondiale, deux nouvelles dimensions se sont ajoutées: le maintien de la paix au niveau international et les secours en cas de catastrophe. Cependant, de nos jours, la plus grande menace pour notre planète bleue est la dégradation galopante de l'environnement due, entre autres, à l'effet de serre, à la destruction de la couche d'ozone, au déboisement, à la pollution des eaux et des ressources terrestres, aux pluies acides et à la course à la consommation. En effet, bien des conflits résultent des conditions dans lesquelles les populations les plus démunies sont condamnées à vivre.
Le présent article, qui découle des observations et de l'expérience de l'auteur durant 35 années au service de l'armée suivies de 19 années d'engagement continu, montre comment "il est possible de forger les glaives en socs de charrue et les fusils en râteaux, sans émousser le tranchant du glaive". L'armée devrait être investie d'un cinquième rôle, celui de la protection et de la restauration de l'environnement. Ce rôle est conforme à la recommandation adressée par l'Association internationale des généraux et amiraux à la retraite au Secrétaire général des Nations Unies, en avril 1993, lors d'une réunion à Londres.
LES ATOUTS DE L'ARMÉE POUR ASSURER LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT
L'armée est très bien placée pour assumer une tâche importante et productive: la protection de l'environnement menacé et sa régénération là où il le faut. Dans le monde entier, l'armée est adaptée à ce nouveau rôle, mais en Inde elle présente plusieurs avantages particuliers:
GENESE DU ROLE DE L'ARMÉE INDIENNE EN FAVEUR DE L'ENVIRONNEMENT
Avant la Seconde Guerre mondiale, l'armée indienne encourageait le shikar (tir de gibier) dans l'infanterie pour développer les qualités d'approche et de tir, mais cette activité était régie par les règlements de chasse. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il était facile de se procurer des armes et des munitions de service et l'application des règles de protection de la faune était difficilement vérifiable. Le braconnage s'est donc développé sur une grande échelle. De plus, l'abattage des arbres pour les travaux de défense et la construction de nouvelles voies ferrées ont détruit une partie de la richesse forestière de l'Inde. Après la guerre, l'armée a continué à détruire la faune et le milieu naturel pendant quelques années, surtout dans le centre du pays.
Quand Pandit Jawaharlal Nehru est devenu Premier Ministre (en 1947), son amour des animaux et de la nature l'a amené à mettre - en douceur - un frein au braconnage et aux coupes illégales d'arbres. Mais les choses n'ont pas changé si vite. En devenant Premier Ministre (en 1966), Mme Indira Gandhi a pris des mesures draconniennes, faisant adopter et appliquer rigoureusement une loi sur la faune sauvage. Un colonnel est passé en cours martiale pour avoir tué un muntjac dans les forêts du centre de l'Inde.
C'est à cette époque que l'armée a pris conscience de son rôle dans la protection de la faune. Après avoir pris sa retraite, le général P.P. Kumaramangalam a été élu président du Fonds mondial pour la nature (WWF-Inde) lors de sa création en Inde, et de nombreux autres officiers, en service ou à la retraite, ont assumé d'importantes fonctions de protection de la faune et de la flore et de l'environnement.
Ainsi, après avoir pris sa retraite, l'auteur a occupé les fonctions de secrétaire général du WWF indien pendant plusieurs années, au début des années 80. Etant rentré dans l'armée en 1942, il a décidé d'utiliser sa longue expérience pour sensibiliser l'armée à l'environnement. Mais, compte tenu de la taille de l'armée, il a jugé qu'il serait trop difficile de toucher d'emblée l'ensemble des troupes indiennes. Il a donc décidé de contacter au départ les cadets de l'Académie de la défense nationale de Pune, ainsi que les officiers de grade intermédiaire du prestigieux Collège d'état-major de la défense nationale de Wellington (Nilgiris), dans le sud de l'Inde, tous de futurs décideurs.
L'Académie de la défense nationale a introduit des programmes de sensibilisation à l'environnement au moyen de conférences audiovisuelles, d'entretiens et de films. Les cadets ont été encouragés à participer aux camps du Cercle de défense de la nature-WWF durant leurs permissions. Le WWF indien, et plus tard la Société d'histoire naturelle de Bombay, a été autorisé à organiser un camp de vacances de 10 jours pour les cadets de tout le pays qui souhaitaient diriger plus tard des cercles de défense de la nature. Une autre innovation a été de rendre l'Opération Greenhorn (longue marche d'endurance) beaucoup plus intéressante en éveillant les cadets aux joies de la nature.
Grâce à la succession de cinq commandants intéressés par la conservation de l'environnement au Collège d'état-major de la défense nationale, chaque stage d'élèves officiers (de 400 à 500 participants, dont 30 à 40 officiers étrangers et leur famille) bénéficie d'une conférence de deux heures (donnée par l'auteur lui-même) sur la conservation de la faune sauvage. Après la conférence de 1994, un officier de l'aviation thaïlandaise a demandé des précisions sur le rôle de l'armée, à l'intention des forces armées thaïlandaises.
L'auteur a donné d'autres conférences semblables au Collège de combat, à l'Ecole d'infanterie et au Collège militaire des techniques de télécommunications à Mhow, dans le centre de l'Inde; à l'Ecole d'artillerie de Deolali; au Centre des blindés et à l'Ecole du Centre d'infanterie mécanisée à Ahmednagar; enfin, dans les unités et formations de plusieurs villes du pays.
QUELQUES INITIATIVES RÉUSSIES
Grâce à une prise de conscience accrue et à l'engagement incessant d'un nombre croissant de chefs militaires dynamiques, avec le temps, de nombreux succès ont été obtenus. Les exemples présentés dans les paragraphes qui suivent, que l'auteur a tous pu vérifier personnellement, démontrent bien le rôle potentiel de l'armée dans la conservation et la protection de l'environnement.
Au niveau du commandement central
Le quartier général de l'armée, sous la direction du général B.C. Joshi, a organisé dans le Grand Himalaya un programme de 18 mois, qui prendra fin en octobre 1995. Il s'agit d'un programme multidimensionnel et multinational, d'aventure et d'écologie, comprenant des sports tels que vol libre, rafting, dirigeable et trekking à pied et à dos d'animal. Les participants de chaque épreuve doivent faire un rapport sur l'état des espèces menacées, du déboisement, de la pollution et de la dégradation du milieu naturel. Cette initiative a reçu un accueil enthousiaste.
La cellule de l'armée chargée de l'environnement organise une réunion annuelle de trois jours regroupant des représentants des cinq commandements des armées de la marine et des forces aériennes, de l'armée territoriale, de l'Unité des frontières et du Ministère de l'environnement du Gouvernement indien, ainsi que des conseillers techniques compétents de la Société d'histoire naturelle de Bombay, du WWF indien et d'autres organisations non gouvernementales s'occupant de l'environnement. La réunion passe en revue les progrès accomplis, les problèmes rencontrés et les mesures à prendre.
Le commandement de l'armée du nord a organisé un atelier dans la réserve naturelle de Dachigam dans le Cachemire, berceau de l'ours noir et blanc de l'Himalaya et du cerf du Cachemire (hangul). Le Département des forêts domaniales a nommé des officiers de l'armée gardiens honoraires de la faune.
Le commandement central a tenu des ateliers à Lucknow, dans la réserve d'oiseaux mondialement renommée de Keoldeo Ghana et la réserve naturelle de Shivpuri. Des plantations massives d'arbres ont été effectuées dans les hauts plateaux et dans la réserve naturelle de Sariska.
Le commandement de l'armée de l'est a organisé deux ateliers, l'undans la réserve de tigres de Buxar, avec l'aide de la Division WWF du Bengale oriental, et l'autre à Siliguri au pied du Sikkim. Il a entrepris un vaste programme de reboisement à Siliguri et sur les versants du Sikkim pour éviter l'érosion et les glissements de terrain. Il a organisé récemment un camp de plein air pour les enfants dans les vallées de Lachen/Lachung dans le nord du Sikkim. Il a ordonné aux unités d'artillerie locales de suspendre les exercices de tir à proximité du fleuve Torsa au moment de la migration annuelle des éléphants, pour protéger le passage des troupeaux d'éléphants sauvages.
Le commandement du sud a organisé des ateliers à l'Académie de la défense nationale. Il a planté des arbres sur le grand dépôt de Pulgaon et a pris des dispositions visant à attirer et protéger la faune. Des jumelages ont été instaurés entre des unités de l'armée et de petits villages dans le désert de Thar pour montrer l'importance de l'aménagement de l'eau et du fourrage, l'utilisation appropriée des pâturages dans les villages et les avantages de l'énergie solaire. Le Collège de l'énergie militaire situé à l'extérieur de Pune et le Groupe (Bangalore) d'ingénieurs de Madras sont encouragés à couvrir de verdure leurs vastes territoires.
Bataillons armés écoterritoriaux
Conscient de l'immense ressource que représentent des effectifs formés et disciplinés qui ont pris leur retraite relativement jeunes, le gouvernement, en consultation avec les Ministères de la défense et de l'environnement, a commencé à puiser dans cet effectif pour former des bataillons armés écoterritoriaux exclusivement destinés à la protection de l'environnement. Pour éviter la désertification, les trois unités existantes sont déployées dans les zones dégradées au pied de l'Himalaya; entre Dehra Dun et Mussoorie dans les collines Siwalik; dans les collines près de Jammu; et le long du canal Ganga au Rajasthan. D'excellents résultats ont été obtenus dans la construction de digues et de barrages régulateurs; la prévention de l'érosion du sol; l'utilisation de nouvelles sources d'énergie renouvelable telles que cuisinières solaires et installations à gaz à base de bouse de vache; la sécurité; l'introduction de mesures antipollution, notamment pour l'eau; la sensibilisation des populations locales à l'environnement; la plantation massive d'arbres (plus de 10 millions depuis 10 ans).
Il a été proposé de former un bataillon d'armée écoterritorial dans chaque Etat de l'Union. Les hommes seraient recrutés exclusivement parmi les anciens militaires de cet Etat pour qu'ils soient véritablement intéressés aux activités entreprises. Il reste à déterminer d'où viendront les crédits budgétaires nécessaires (les trois unités existantes sont financées par le Ministère de l'environnement). Ce sera probablement l'Etat concerné qui financera l'opération.
Un exemple au niveau de la division
Le projet arboricole Abhera à Kotah
Kotah, où siège une division d'infanterie
Kotah, où siège une division d'infanterie, est une ville industrielle qui s'accroît rapidement et un carrefour ferroviaire situé au sud-est du désert de Thar, dans le Rajasthan. C'est une zone aride baignée par les eaux du Chambal aux berges élevées. Les 325 ha affectés à la division comme zone de formation étaient exempts de couvert forestier, ce qui rendait très difficiles les activités durant les mois d'été brûlants.
L'officier commandant les opérations a décidé d'entreprendre le projet arboricole d'Abhera en faisant travailler ses propres troupes. La première étape a consisté à ériger une protection contre l'homme et le bétail. Dans le cadre de cette formation, les ingénieurs ont construit une clôture en fil de fer barbelé. Mais comme le bétail pouvait pénétrer, l'infanterie a élevé un mur en pierre de 2 m de haut au-delà de la clôture, avec des matériaux disponibles sur place. Des semences d'espèces indigènes ont été obtenues auprès du Département des forêts domaniales. Un coin de terre de très bonne qualité a été alloué à une organisation non gouvernementale (ONG) locale pour la propagation des gènes des plantes indigènes importantes. La seule entrée dans ce périmètre a été placée sous surveillance constante. Durant la première phase, 10 000 arbres ont été plantés.
Bien que le Chambal coule le long du site du projet, il a fallu pomper l'eau jusqu'à un réservoir d'où elle était puisée par gravité pour arroser les jeunes plants. Les endroits inaccessibles étaient arrosés à la main par le garde de service. Grâce aux arrosages fréquents, le taux de survie a atteint 90 pour cent. Les plus grands dégâts ont été causés par les porcs-épics qui mangeaient les jeunes plants tendres. Le problème a été réglé en érigeant une barrière d'épines avec les branches des acacias qui poussent à proximité.
La phase successive a consisté à planter 10 000 arbres supplémentaires pendant la mousson suivante. L'auteur s'est rendu récemment sur le site et il a constaté que la faune revenait vers son habitat original. L'herbe a commencé à pousser et les villageois ont été autorisés à la couper pour le bétail, contre paiement. L'argent ainsi obtenu est replacé dans le projet.
Quatres pistes de 1 ou 2 km chacune ont été ouvertes dans le cantonnement; deux le long des hautes berges du Chambal et deux dans la propriété de l'ex-souverain du Kotah. Une unité a été chargée de surveiller chaque projet et d'assurer la signalisation et l'entretien de la piste qui lui a été confiée. L'objectif est de sensibiliser les troupes et leurs familles, ainsi que la population locale, aux différentes espèces de faune et de flore du Kotah.
La seconde étape a consisté à intro-duire de nouvelles sources d'énergie renouvelable, surtout des cuisinières solaires. Au début, tous les produits de boulangerie étaient cuits dans des fours de cuisinières solaires. Les familles étaient encouragées à les utiliser durant les neuf mois de forte luminosité solaire, et 80 cuisinières ont été vendues à des prix intéressants par la cantine divisionnaire.
Etant donné le grand nombre d'enfants dans le cantonnement, le Cercle de défense de la nature Kingfisher a été inauguré, et une salle dans l'enclave des officiers lui a été réservée pour ses activités. Les enfants se sont autofinancés par la vente de cartes de vux et d'autres articles du WWF indien et de la Société d'histoire naturelle de Bombay. Trois grands parcs étant situés à proximité de la division (Réserve de tigres du projet Ranthambore, Réserve de chevreuils de Tal Chappar et Réserve d'oiseaux de Keoldeo Ghana), celle-ci a organisé des camps de plein air avec les services de spécialistes du WWF et de la Société d'histoire naturelle de Bombay. Le succès de cette initiative a été tel que le BBC Overseas Service lui a consacré un programme spécial.
Activités locales
Plantations à Bhuj
Une brigade indépendante se trouve à Bhuj, ville située dans le désert du golfe de Kutch. La région est aride et la principale essence d'arbre est Acacia niloteca. Le cantonnement étant dépourvu d'arbres, le commandant de brigade a décidé d'en planter. Avant de commencer, il a organisé un séminaire/atelier de formation avec l'aide de spécialistes compétents de la Société d'histoire naturelle de Bombay et des ONG locales. Parmi les participants invités à prendre la parole, se trouvaient un membre de l'ex-famille régnante, un ornithologue et l'auteur du présent article. Les problèmes d'environnement ont été examinés en détail, notamment l'éternel problème du manque d'eau et de la migration du bétail vers d'autres Etats quand la mousson est mauvaise, la nécessité de protéger les flamands qui nichent dans le Rann du golfe de Kutch, plusieurs autres espèces d'oiseaux, ainsi que l'hémione indien.
L'armée aide à reboiser à Kutch, Gujarat
Après l'atelier, des terrains en friche sur le cantonnement ont été préparés pour y planter 10 000 arbres de variétés locales. Différents secteurs ont été alloués à chaque unité de la brigade sous le contrôle général de la Compagnie du génie des sapeurs et mineurs de Madras. Le Département des forêts s'est chargé d'installer une pépinière dans le camp. Des dispositions ont été prises pour assurer l'arrosage des jeunes plants et la sécurité, sans entrer en conflit avec la population locale. Les patrouilles de l'armée ont eu pour consigne de signaler les espèces menacées et d'éviter l'intrusion de visiteurs enthousiastes dans les terrains de nidification des nombreux flamands roses. Les camions qui rentrent à vide doivent rapporter du fourrage provenant des célèbres herbages de Bani pour éviter une migration massive du bétail et on étudie le moyen de mieux stocker l'eau de pluie durant la mousson.
Kolhapur
Le 109e bataillon d'infanterie territoriale est situé dans la ville de Kolhapur sur l'autoroute nationale 4 entre Bombay et Bangalore. Le chef d'unité et son adjoint sont tous deux de fervents défenseurs de l'environnement. Le petit cantonnement situé à l'entrée de la ville est un terrain valonné pratiquement dépourvu d'arbres. Les deux officiers ont décidé d'en faire pousser en utilisant des effectifs de l'unité, sans rien dépenser. Seuls les dons en espèces sont acceptés.
Le Département des forêts a fourni gratuitement de jeunes plants. Des digues sont érigées en suivant les courbes de niveau. La tentative initiale d'utiliser les troupes n'a pas progressé rapidement et s'est heurtée à une certaine résistance. Mais on a convaincu un industriel de prêter un tracteur et un autre de donner du diesel. On a trouvé un conducteur de tracteur dans l'unité, et les travaux se sont accélérés.
Pour pouvoir arroser régulièrement les jeunes plants, plusieurs petits barrages régulateurs ont été construits. On a creusé un réservoir sur la plus haute colline en se servant du tracteur. Un admirateur a prêté une pompe de 7,5 CV. Le maire de Kolhapur a visité le projet et il a été tellement enthousiaste qu'il a ordonné de creuser un puits en quelques jours, ce qui est un temps record. Durant la première mousson, plus de 300 000 arbres ont été plantés et des rideaux brise-vent de casuarina et d'ashoka ont été placés le long des routes qui coupent le camp. Devant l'accroissement des besoins en jeunes plants, le Département des forêts a envoyé un de ses botanistes pour contrôler l'installation de la pépinière. On a trouvé une source et obtenu des semences d'acacia australien qui ont permis, avec des soins attentifs, de produire des jeunes plants.
Pendant chacune des trois moussons suivantes, 300 000 arbres supplémentaires ont été plantés. La faune est revenue et un versant de la colline a été alloué à l'Unité locale du Corps national de cadets, qui ouvrira 2 km de pistes dans la nature. Le projet a obtenu le soutien de toutes les écoles locales et a été repris en main par le bataillon de l'armée territoriale.
QUELQUES EXEMPLES TIRÉS D'AUTRES PAYS
Le Royaume-Uni a obtenu de bons résultats en gérant conjointement avec des organisations locales les terres du Ministère de la défense. Une cellule chargée de l'environnement, au Ministère de la défense britannique, coordonne ces activités. L'armée britannique publie un magazine appelé Sanctuary, qui rend compte des activités de l'armée britannique en matière d'environnement, au Royaume-Uni et ailleurs.
Un des principaux rôles des gardes nationaux vénézuéliens est la protection des richesses naturelles du pays. L'armée brésilienne a reproduit un morceau de la jungle amazonienne avec tous les spécimens vivants de la faune amazonienne dans l'école de formation à la guerre de jungle à Manaus.
L'armée des Etats-Unis autorise les scientifiques à mener des études sur l'environnement dans les vastes terres du Ministère de la défense. Elle a également créé une cellule de l'environnement au Pentagone. L'armée autrichienne s'est attaquée au nettoyage du Danube et au recyclage des batteries de véhicule. L'armée bulgare a créé une forêt des soldats, dans laquelle chaque soldat plante deux arbres durant ses deux années de service militaire.
L'armée népalaise surveille la pollution sur le Grand Himalaya et aide à protéger la faune. L'armée vietnamienne plante avec difficulté et à la main des arbres dans la zone dévastée par l'Agent orange durant la guerre.
Outre ces quelques exemples, 26 pays apportent leur soutien au projet de l'Université d'Hawaii visant à documenter l'utilisation de l'armée pour la protection de l'environnement. Le Centre pour la paix et l'Association internationale des généraux et amiraux à la retraite constituent une base de données sur le sujet.
CONCLUSION
D'après ce qui précède, on voit que l'armée a un rôle important à jouer dans la protection de notre planète et de ses ressources naturelles. Elle dispose pour cela de plusieurs avantages: structure organisée, formation, chefs, motivation, compétences techniques, mobilité et réseaux de communication. Ce potentiel est exploité par l'armée indienne dans des domaines comme le reboisement, l'utilisation des sources d'énergie renouvelable, les mesures antipollution, le contrôle démographique, la sensibilisation à l'économie des ressources comme l'énergie et l'eau. Toutes ces activités constructives et productives de l'armée sont rendues possibles grâce aux changements intervenus dans le monde. Si l'on parvient à collationner et diffuser des renseignements sur le rôle de l'armée dans ce domaine dans le monde entier, ces résultats seront amplifiés. Aux cyniques qui estiment que ces activités ne sont pas du ressort de l'armée, nous répondrons, s'il leur faut des preuves, que l'armée indienne est parvenue à obtenir ces résultats en dépit de ses nombreux autres engagements et sans jamais émousser le tranchant de son glaive.