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Le traitement des graines forestières - Equipement et méthodes

E. MAGINI

M. MAGINI est professeur à l'Istituto di Selvicoltura de Florence (Italie). La première partie de cette étude, qui avait pour auteur M. MORANDINI, a été publiée dans Unasylva, vol. 16, n° 4.

II. Traitement, conservation, essai et transport des graines

Traitements sanitaires

Au cours de la conservation, les graines risquent d'être détruites par des insectes ou des champignons, il faut donc lutter contre ces attaques dans toute la mesure possible. En règle générale, lorsque la graine est extraite au séchoir et conservée dans des récipients désinfectés étanches à l'air, la conservation sous des conditions de température et d'humidité interdisant le développement des moisissures et l'activité des insectes suffit pour prévenir tout dégât.

Lorsque les graines ne sont pas extraites au séchoir ou conservées en récipients étanches, il est parfois nécessaire de leur faire subir un traitement chimique pour réduire les dommages causés par des attaques de champignons ou d'insectes, même dans les conditions de conservation les plus appropriées.

Dans tous les cas, les récipients destinés à la conservation des graines doivent être nettoyés avant usage et traités avec des fongicides et des insecticides puissants. Ces produits doivent être éliminés avant l'introduction des graines, s'ils ne s'évaporent pas naturellement après avoir produit leur effet. On utilise souvent comme fongicides des solutions de formol, tandis que l'insecticide le plus couramment employé est le sulfure de carbone. Le local de conservation doit être tenu très propre et il est recommandé de le désinfecter à la fin de chaque campagne de conservation.

On utilise un certain nombre de produits chimiques. Certains abîment les graines surtout si elles ne sont pas suffisamment sèches. L'usage de tels produits doit être réservé à la désinfection des récipients ou des locaux de stockage. D'autres produits n'affectent pas la faculté germinative des graines, à la condition de respecter les concentrations et procédés d'application recommandés par les fabricants. Ces produits peuvent être employés indifféremment pour le traitement des graines et des récipients.

Le formol a été l'un des premiers produits utilisés d'une manière assez générale pour la désinfection. Son efficacité contre les maladies n'a jamais été mise en doute, mais il est certain que la qualité de la graine traitée en souffre.

On a, pendant quelque temps, employé avec des résultats variables des composés organomercuriques (ceresan, semesan, uspulun). On dispose maintenant de nouveaux composés qui semblent dépourvus d'effets toxiques. Baldwin (1955) recommande, pour les graines forestières, des insecticides tels que le sulfure de carbone, le bromure de méthyle et le paradichlorobenzène.

En règle générale, il semble que, pour bon nombre de graines, il soit possible d'éviter les attaques d'insectes grâce à divers produits chimiques tout à fait inoffensifs pour les graines, alors que pour les fongicides la marge de sécurité est plus réduite. Cependant, avant d'entreprendre le traitement à grande échelle des graines avec un produit chimique donné, il faut se renseigner sur les essais ou les résultats enregistrés lors de la conservation après traitement de graines de l'espèce en cause.

Certains produits volatils sont toxiques pour l'homme et l'usage d'un masque à gaz est indispensable. On peut utiliser divers appareils de pulvérisation, comprenant un réservoir d'une capacité allant jusqu'à 22 litres ou plus, une pompe et un détendeur.

On trouve maintenant sur le marché des atomiseurs fonctionnant d'après le principe de l'aérosol, leur capacité est de l'ordre de 2 litres ou plus. Les fines particules émises par les bombes à aérosol, dont la détente est commandée par l'ouverture d'une valve, ont un pourvoir pénétration très élevé. L'usage de ces atomiseurs est donc recommandé.

Conservation

L'objectif d'une bonne conservation est le maintien d'une faculté germinative aussi élevée que possible, le plus longtemps possible. La conservation des graines pendant une durée plus ou moins longue est souvent une nécessité pratique, liée aux programmes de régénération artificielle ou de boisement.

L'idéal serait de semer la graine fraîche immédiatement après l'extraction et le nettoyage mais, en pratique, cela n'est pas toujours possible ni souhaitable. Il faut semer à l'époque optimum pour diminuer les risques d'attaque par les rongeurs et améliorer la germination et la survie. Dans les régions tempérées, les graines sont souvent extraites en automne et conservées jusqu'au printemps suivant. En outre, la majorité des principales espèces forestières ne fructifient pas régulièrement; par exemple sur Pinus taeda, Pinus sylvestris et Picea abies on fait une bonne récolte de graines tous les trois ou cinq ans, parfois à plus longs intervalles. Pour ces espèces, les graines des bonnes années de récolte doivent parfois être conservées plusieurs années afin d'assurer un approvisionnement pour les années de récolte faible ou nulle.

Le fait de savoir conserver les graines facilitera, lors des bonnes années de récolte, la constitution de stocks de graines bon marché et de bonne qualité. La durée de la conservation est variable. Elle tend à augmenter avec la périodicité des fructifications, mais elle dépend énormément des caractéristiques de conservation de l'espèce en cause et du coût de la graine.

Les graines de certaines espèces se conservent bien (la majorité des légumineuses et les pins, par exemple): pour d'autres la conservation est difficile ou très difficile: c'est le cas des saules, des peupliers, des ormes ou de l'okoumé dont la faculté germinative des graines conservées sans précautions spéciales tombe à zéro en un ou deux mois. En règle générale, il n'y a aucun intérêt économique à conserver durant plus de trois ou quatre mois les grosses graines, fragiles et bon marché de certains feuillus, alors qu'il peut être souhaitable de conserver durant - plus de deux ou trois ans les petites graines précieuses de beaucoup de conifères. La conservation par le froid qui demande du matériel et des installations coûteuses doit, en particulier, être réservée aux graines dont le taux d'humidité est inférieur à 10-12%, à la condition d'être renseigné sur leur comportement. Il ne faut jamais recourir à ce procédé pour les graines abondantes et bon marché.

Dans tous les cas, il ne faut pas oublier que les graines bien mûres ont plus de chance de se conserver longtemps et que la conservation est meilleure pour des graines présentant au départ une faculté germinative élevée. C'est pourquoi il ne faut, en pratique, conserver longtemps que des graines de bonne qualité.

Dans l'ensemble, les graines craignent l'humidité et la chaleur mais il y a de nombreuses exceptions à cette règle générale. Certaines graines se conservent bien à la température ordinaire et d'autres souffrent d'une légère diminution de leur taux d'humidité. Pour aborder les problèmes de la bonne conservation, il faut réfléchir a ce qu'il advient de la graine après maturation et à ce qui détermine la baisse de la faculté germinative. Plusieurs facteurs conditionnent la longévité des graines et le maintien de leurs qualités.

La longévité des graines dépend à la fois de facteurs morphologiques et physiologiques ainsi que des méthodes de traitement et conditions de conservation. Holmes et Buszewicz (1958) ont fort bien fait le tour des problèmes et des méthodes de conservation des graines des essences forestières des régions tempérées.

Les causes principales de détérioration des graines au cours de la conservation peuvent être rangées dans les deux catégories suivantes:

a) les dommages causés par des agents extérieurs: maladies et attaques d'insectes,
b) la cadence du métabolisme destructeur à savoir la respiration.

Le développement des moisissures est considérablement ralenti lorsque la température et l'état hygrométrique sont bas. L'activité des moisissures est presque totalement nulle pour des teneurs en humidité de 5-10% et des températures voisines de 0° C. On a souvent suggéré l'emploi de fongicides à base de formol ou de composés organomercuriques; cependant il n'est pas recommandé de généraliser leur utilisation, car ils risquent de détériorer les graines et de déterminer des anomalies à la germination. En règle générale le meilleur moyen de lutte consiste à conserver dans de bonnes conditions de température et d'humidité.

Le plus souvent, les dégâts d'insectes sont limités aux graines attaquées avant leur mise en conservation. Les traitements par les gaz et autres méthodes de lutte sont cependant souhaitables dans certains cas, et surtout pour les espèces dont les graines sont attaquées par les charançons (Carya, Castanea, Quercus, Leguminosae) et sont extraites à basse température. Pour les graines qui sont extraites au soleil ou au séchoir à des températures supérieures à 40-42° C, le traitement aux gaz est généralement inutile, car presque tous les insectes sont tués à la température de l'extraction.

La respiration se traduit par une consommation de matières de réserve, une libération d'énergie et la production de CO2 et d'eau par oxydation des hydrates de carbone et des graisses. La respiration ininterrompue peut aller jusqu'à épuiser totalement les matières de réserve. A l'opposé, en atmosphère privée d'oxygène, la respiration anaérobie peut apparaître. A température ordinaire, certaines grosses graines de feuillus peuvent être ainsi complètement détruites.

La cadence de la respiration diminue avec le taux d'humidité et la température; la durée de vie de la graine dépend donc généralement, en grande partie, de la température et de l'humidité. Dans la conservation artificielle, on peut réduire considérablement la respiration en maintenant la température et l'humidité à un niveau bas.

Si l'un de ces deux facteurs est trop élevé, la diminution de l'approvisionnement en oxygène peut faciliter le maintien de la faculté germinative. Les moyens les plus efficaces de ralentir la respiration sont:

a) la conservation sous vide total ou partiel c'est Un procédé dont la pratique est difficile et onéreuse,

b) la conservation sous atmosphère dépourvue d'oxygène auquel on substitue d'autres gaz tels que CO2 ou N.

OPÉRATIONS PRÉLIMINAIRES (SÉCHAGE DE LA GRAINE)

Quand les graines doivent être conservées à un taux d'humidité peu élevé, il est nécessaire de régler leur teneur en eau, surtout si elles doivent être mises en récipients étanches. Pour la majorité des graines, le taux d'humidité convenable, en début de conservation, est inférieur à 10-12%; c'est, en général, le taux qu'on obtient à la sortie des séchoirs à cônes.

Pour certaines espèces dont le taux d'humidité est plus élevé on qui ne sont pas passées au séchoir (okoumé, Abies), il convient alors de présécher les graines. On ne passe pas au séchoir les cônes d'Abies qui se désarticulent tout seuls; le taux d'humidité de leurs graines est donc généralement trop élevé.

On peut sécher les graines de diverses manières. Les méthodes les plus courantes sont le séchage solaire, dans un local chauffé ou au séchoir à cônes. Le séchage solaire ne donne de bons résultats qu'en conditions atmosphériques favorables; dans le cas contraire il est souvent déficient. Le séchage en local chauffé prend beaucoup de place et de temps et il ne donne pas toujours satisfaction. On préfère généralement recourir au séchoir, en particulier lorsqu'il faut traiter de grandes quantités de graines.

Ce sont les séchoirs à ventilation forcée qui conviennent le mieux à cet usage: ils permettent un séchage précis et sans danger pour la graine qui est soumise à un volume important d'air à température relativement basse. Les hautes températures sont particulièrement dangereuses pour les graines à forte teneur en eau (Barton, 1935). En règle générale la température ne devrait pas dépasser 40° C au cours du séchage. La tendance actuelle est aux températures plus basses avec des courants d'air plus importants pour éviter les risques de détérioration lors du séchage (Holmes et Buszewicz, 1958).

Le séchage chimique à l'aide de déshydratants tels que CaO, le gel de silice, l'acide sulfurique ou CaCl2 anhydre peut être intéressant pour de petits lots de graines de valeur.

PROCÉDÉS DE CONSERVATION AU SEC

Le meilleur procédé de conservation de toutes les graines qui supportent une dessiccation poussée est probablement un séchage convenable, suivi de la mise en récipients étanches en l'absence d'oxygène et à basse température (Crocker, 1938). Cependant, dans la pratique, il n'est pas toujours indispensable ou il peut être impossible d'y recourir.

Stockage sans contrôle de la température et de l'humidité

C'est la méthode la plus simple et la plus ancienne, qui consiste à conserver les graines en tas, en couche mince, en sacs ou dans des bidons. Les graines doivent être protégées des attaques des rongeurs et conservées dans une cave fraîche et bien ventilée ou dans un local spécial (magasin à graines) dans lesquels la température, bien que non contrôlée, varie peu en fonction de la saison.

A la condition que l'air soit suffisamment sec, on peut conserver ainsi convenablement durant six mois au moins les graines de nombreuses essences dont certaines Leguminosae, certains pins et eucalyptus, les graines de Picea excelsa et Larix decidua peuvent également être conservées en sacs de jute placés debout ou en couches minces. Il faut éviter les grands sacs. Pour bien se conserver, les graines demandent généralement à être remuées fréquemment.

Bien que ce procédé donne, sous certaines conditions de très bons résultats, il n'est pas suffisamment sur et ne peut être recommandé ni pour des graines de valeur, ni pour la conservation de longue durée. Certaines essences, appartenant à la famille des Leguminosae (Acacia et Robinia en particulier) constituent une exception et peuvent être conservées par ce procédé durant au moins dix ans.

Si l'humidité de l'air est élevée, la détérioration de la graine peut être rapide. Dans le passé, de nombreux pépiniéristes pratiquaient couramment la conservation dans des caves fraîches et humides: c'est le plus mauvais procédé.

Conservation au sec en récipients hermétiques

La mise en récipients hermétiques est le moyen le plus économique pour assurer des conditions d'humidité constantes. Si le taux d'humidité des graines est peu élevé au moment de la mise en bidons, l'humidité initiale ne varie pas au cours de la conservation.

On entrepose généralement les récipients dans des locaux non chauffés ou des caves. Pour diminuer l'humidité des graines on peut recourir à certains déshydratants (H2SO4, CaCl2). On peut également réaliser une dessiccation partielle en utilisant le gel de silice (c'est le cas par exemple pour l'okoumé, en Afrique). Ces méthodes donnent de bons résultats pour plusieurs espèces appartenant aux genres Betula, Ulmus, Picea, Pinus, Pseudotsuga, Gleditsia et Caragana. Elles sont contre-indiquées pour le groupe des Southern Pines et pour les pins à cinq feuilles.

La conservation dépend dans une large mesure du taux d'humidité de la graine au départ. Il faut que ce taux soit bas, mais un séchage excessif peut être nocif. A température variable, l'influence du taux d'humidité de la graine est plus grande qu'à température basse constante.

En règle générale, pour une durée de conservation supérieure à un an, le meilleur procédé est le suivant.

Conservation au sec, par le froid en récipients hermétiques

Pour la majorité des espèces, c'est le contrôle des conditions de température et d'humidité qui assure la meilleure conservation à long terme. La température doit se situer aux environs de 0° C ou juste en dessous. Pratiquement, dans la plupart des cas, on considère comme bonne la fourchette 0 à 5° C, cependant la conservation à long terme de certaines espèces demande des températures inférieures à 0° C. La conservation à des températures inférieures à -15° C est généralement très coûteuse et elle fait courir le risque d'une brusque élévation de température en cas d'accident dans l'installation frigorifique.

La conservation de longue durée de nombreuses espèces peut être assurée à des températures allant de 3 à 5° C; c'est le cas de Abies spp. (pour Abies alba, une température inférieure à 0° C est préférable), Acer, Cedrus, Fraxinus, Larix, Picea, Sorbus, Pinus et Pseudotsuga. C'est, probablement, également la meilleure méthode pour les graines coûteuses de beaucoup d'eucalyptus.

On utilise surtout les températures inférieures à 0° C pour les graines qui perdent rapidement leur faculté germinative dans les conditions ordinaires, telles que celles des saules, des peupliers et des ormes. C'est également le cas lors de la conservation pour des usages spéciaux. Qu'il s'agisse de températures inférieures ou supérieures à 0° C, le contrôle du taux d'humidité est également important.

Baldwin (1955) donne les exemples suivants de taux d'humidité recommandés pour la conservation par le froid: Pinus: 7-9%; Abies: 11%; Picea: 6-7%; Ulmus: 3-7%; Thuya: 8%; Betula: 1-5%; Eucalyptus: 7-9%.

On a obtenu de bons résultats avec les taux d'humidité suivants: Abies alba: 9-10%; Fraxinus: 7-10%; Chamaecyparis obtusa et Cryptomeria japonica: 4-8%. Pour Pseudotsuga le taux d'humidité de la graine ne devrait pas dépasser 7% environ.

A Nancy, ce procédé (température entre 2 et 4° C et taux d'humidité entre 9 et 11%) a été récemment utilisé avec satisfaction pour Abies cephalonica, A. nordmanniana, A. grandis. Larix europae, Picea excelsa. Pinus laricio (var. calabrica, corsicana et pallasiana). P. pinaster, P. sylvestris et Pseudotsuga douglasii (Bouvarel P. et Lemoine M., 1958). On a constaté qu'il était préférable de placer la graine dans des récipients fermés hermétiquement aussitôt que possible après son extraction et qu'il fallait réduire au minimum le délai entre la sortie des bidons de la chambre froide et l'utilisation de la graine.

On a très bien conservé au-delà de dix mois, des graines d'okoumé avec un taux d'humidité de 12-13%, à la température de 2-5° C (Gauchotte, 1958).

Pour éviter tout risque de détérioration du fait de la condensation sur les graines froides, les récipients étanches doivent être amenés à la température ambiante avant d'être ouverts.

PROCÉDÉS DE CONSERVATION A L'HUMIDITÉ

Diverses graines ne supportent pas le séchage dans les conditions ordinaires et doivent généralement être conservées avec une forte teneur en humidité. D'autre part, pour beaucoup de graines qui peuvent être conservées après séchage, la conservation au froid et à l'humidité est susceptible d'être bénéfique en favorisant la post-maturation et en accélérant la germination.

Conservation sur la terre ou dans la terre

Les graines sont en général conservées, en mélange ou en stratification dans du sable humide, de la tourbe ou d'autres matériaux poreux, en tas sur la terre, dans des fosses peu profondes en sol bien drainé ou en couches dans des abris bien ventilés.

Le choix de la technique dépend à la fois des circonstances locales et des exigences de la graine à conserver, mais l'objectif est dans tous les cas le même: il faut maintenir constantes l'humidité et une température basse tout en assurant une bonne aération pour éviter l'échauffement. Les tas doivent être recouverts de litière ou d'une couche de sable ou de terre. L'aération indispensable peut être assurée par des bottes de paille ou des fagots de ramilles placés à l'intérieur des tas.

La stratification en terre est pratiquée dans des fosses protégées des rongeurs. Les graines sont parfois placées dans des récipients en treillis.

L'abri conçu par Allemann (Vincent G., 1955) assure une ventilation suffisante ainsi qu'une protection contre les rongeurs et procure simultanément une température presque constante tout en facilitant la surveillance et le contrôle de l'humidité des graines. Celles-ci sont conservées en couches de 15-30 cm. Les abris d'Allemann sont bien connus et largement employés en Europe.

Les méthodes précédentes de conservation à l'humidité ne sont utilisables que durant les mois d'hiver dans les régions fraîches ou froides. Les principaux dangers à craindre sont la moisissure et la prégermination, bien que cette dernière ne cause jamais de dommage important.

Tous ces procédés sont employés, avec des succès variables, exclusivement pour les grosses graines de feuillus tels que Aesculus, Castanea, Carya, Fagus, Juglans et Quercus.

Conservation à l'humidité et au froid

Ce procédé implique des températures basses, juste au-dessus de 0° C ou, moins fréquemment, en dessous de 0° C.

L'humidité est généralement maintenue au niveau souhaitable par addition à la graine de milieux humides (sable ou tourbe) ou (plus rarement) par le réglage de l'état hygrométrique de l'air du local de conservation. Cette dernière méthode est, en principe, préférable mais elle est souvent trop coûteuse.

Les meilleurs résultats ont été obtenus avec certaines espèces à grosses graines telles que Quercus robur, Q. patraea, Fagus sylvatica et Araucaria excelsa.

Les températures inférieures à 0° C peuvent endommager les graines si leur taux d'humidité est trop élevé. Une température constante de 2 à 4° C est généralement recommandée. Ce procédé peut être employé pour accélérer la germination d'un grand nombre d'espèces.

Conservation à l'eau courante

Les graines sont conservées dans de l'eau courante et bien aérée. Elles sont souvent enfermées dans des récipients en treillis éventuellement ancrés ou lestés si le besoin s'en fait sentir, pour éviter qu'ils soient entraînés.

Ce procédé primitif est parfois employé dans divers pays, mais sa généralisation ne peut pas être recommandée. Il peut rendre service pour la conservation des grosses graines de feuillus durant l'hiver.

FIGURE 16. - L'unité de conditionnement.

A. Hélice de 38 cm
B. Réchauffeur à ailettes de 1 kW
C. Bac
D. Trop-plein
E. Réchauffeur plat de 1 kW
F. Moteur
G. Orifice de 1,25 cm et obturateur servant à maintenir le niveau d'eau

FIGURE 17. - Récipients à graines (à gauche un modèle à deux fins: conservation et expéditions).

AUTRES PROCÉDÉS

Bien que les procédés de conservation au sec ou à l'humidité mentionnés ci-dessus soient les plus courants, on recourt parfois à d'autres procédés, surtout pour de petits lots.

Un procédé, d'emploi limité à la préservation des grosses graines contre les pertes d'humidité, mérite d'être signalé. Il consiste à tremper la graine dans de la paraffine ou à la pulvériser avec du latex avant de l'emballer dans des matériaux mous. Le procédé à la paraffine ne convient pas pour la conservation des graines d'okoumé à la température ambiante, mais il a donné de bons résultats pour d'autres espèces, Araucaria imbricata, par exemple.

On peut réduire les échanges gazeux en plaçant les graines dans des récipients étanches à l'air, dans lesquels ce dernier est remplacé par de l'azote gazeux, produit peu coûteux et couramment livré en bouteilles métalliques par les usines d'air liquide. On fait actuellement au Cameroun des recherches dans cette voie sur diverses graines d'espèces tropicales.

On peut utiliser des silos à grain classiques pour la conservation au sec de certaines espèces. On doit assurer une circulation d'air adéquate, et des récipients garnis d'acide sulfurique ou de chaux fréquemment renouvelés peuvent être très utiles.

Il est probablement possible de conserver les graines en conditions sèches en maintenant constant le taux d'humidité grâce à des installations de conditionnement sans avoir à se préoccuper du réglage de la température.

On a mis au point en Australie une installation de conditionnement destinée à maintenir le bois d'œuvre a un taux d'humidité constant (fig. 16). Le même principe pourrait être appliqué à la conservation des graines au sec.

Deux de ces dispositifs peuvent conditionner l'air d'un local de 6,4 x 2,3 m et de 2,75 m de haut. La circulation de l'air est assurée par une hélice de 38 cm, et un moteur électrique monophasé de ¼ ch équipe chaque unité de conditionnement. Dans ce montage, le chauffage de l'air est réalisé par un réchauffeur à ailettes de 1 kW. L'humidification est assurée par un bac à eau de 21 x 46 cm placé dans le bas de l'unité, maintenu à niveau constant et dans lequel on place un réchauffeur immergé de 1 kW pour faire évaporer l'eau. Un hygrostat maintient le taux d'humidité constant en élevant la température de l'air si l'humidité s'élève; à l'inverse, une baisse d'humidité détermine le chauffage de l'eau et, par suite, l'humidification de l'air.

EFFICACITÉ DE LA CONSERVATION PAR LE FROID

On trouve, dans les ouvrages traitant de sylviculture, quelques exemples significatifs de l'efficacité de la conservation par le froid. Les graines très fragiles d'Ulmus americana et Populus sieboldii ont été conservées durant plusieurs années en dessous de 0° C. Ulmus americana, en récipients hermétiques à -4° C et avec un taux d'humidité de 2-3%, a conservé sa faculté germinative durant 1,3 ans; tandis que Populus sieboldii (taux d'humidité: 6%, température: -15° C) s'est bien conservé en présence d'un déshydratant, durant cinq ans. La graine fragile d'Abies balsamea, placée en récipients hermétiques à 1-3,5° C avec un taux d'humidité de 8%, conserve sa faculté germinative durant cinq ans.

Certaines graines plus faciles à conserver comme celles de Pinus sylvestris, P. ponderosa et P. radiata, placées en récipients hermétiques à des températures supérieures à 0° C (4-6° C) gardent leur faculté germinative durant des périodes allant de 10 à 21 ans. En règle générale, la conservation par le froid est le procédé le plus efficace..

CONSERVATION DES GRAINES PEU COURANTES

Les méthodes naturelles de conservation peuvent donner quelques indications, mais elles ne suffisent pas pour en déduire des procédés de conservation garantis. En fait, beaucoup d'espèces exigent un taux d'humidité strict et des conditions de température bien définies. Il faut insister sur l'importance de l'expérimentation qui constitue la seule façon de mettre au point les meilleurs procédés de conservation à grande échelle.

RÉCIPIENTS A GRAINES

La forme, la nature et le type des récipients peuvent être extrêmement variables selon qu'ils sont également destinés à l'expédition ou réservés à la conservation. Un type à deux fins est réalisé en tôle d'acier galvanise de 26, avec un goulot de 7,5 cm et un couvercle vissé (fig. 17) Les bidons pour la seule conservation sont réalisés en plaques d'étain vernissées à l'intérieur et soudées. Pour les petites quantités, on utilise fréquemment des bocaux de verre, tandis qu'à des fins expérimentales on emploie souvent des récipients en matière plastique. La plupart des graines demandent des récipients étanches à l'air.

La capacité des récipients en tôle galvanisée s'échelonne généralement entre 30 et 120 litres. L'utilisation de récipients cylindriques, de préférence à des récipients carrés ou rectangulaires, se solde par une perte de place de l'ordre de 20%, mais les vides entre les récipients permettent une meilleure circulation de l'air et, par suite, une température de conservation plus uniforme.

COMPARTIMENTS ET CHAMBRES POUR LA CONSERVATION PAR LE FROID

Lorsque les graines sont en récipients hermétiques, le contrôle de l'humidité de l'air à l'intérieur des compartiments ou des chambres froides n'a pas d'intérêt à la condition de tenir fermés les récipients.

Cependant, lorsque la graine n'est pas conservée en récipients étanches à l'air, il convient de contrôler l'humidité de l'air. Ceci implique une température constante et un dispositif hydratant et déshydratant commandé par un hygrostat ou un psychromètre. S'il est possible de procéder à l'humidification relativement simplement et à bon marché, la déshydratation demande des appareils onéreux.

Dans la conservation par le froid à l'humidité, ces appareils onéreux peuvent généralement être évités par l'emploi de dispositifs spéciaux. Dans la conservation par le froid au sec, cela n'est pas nécessaire si les graines sont mises en récipients étanches à l'air.

Les quelques installations de conditionnement, destinées à maintenir le bois d'œuvre à humidité constante, ne paraissent pas utilisables pour la conservation des graines par le froid, car elles ne permettent pas de maintenir la température constante.

Pour les petites quantités de graines en récipients hermétiques, on peut utiliser en toute sécurité les réfrigérateurs courants à la condition qu'ils soient pourvus d'un bon réglage de la température; c'est en particulier le cas si on ajoute un ventilateur pour uniformiser le mieux possible la température intérieure.

En général, la capacité des compartiments varie de 120-140 litres à 1 200 litres. Les plus grands sont souvent réservés à des usages de laboratoires où ils peuvent servir à la fois pour la conservation et la vernalisation. On trouve dans le commerce plusieurs types de compartiments. Certains permettent à la fois un bon réglage de la température et de l'humidité de l'air, mais ils sont très coûteux (ex.: compartiments à climatisation et à basse température).

Les compartiments des chambres froides sont conçus pour différentes gammes de température. L'amplitude de l'état hygrométrique est souvent limitée entre 40 et 95%, avec une tolérance de ±3%. Lorsque l'humidité est réglable, la température des compartiments peut généralement descendre jusqu'à 2 ou 5° C, mais pas en dessous de 0° C. Les installations les plus courantes sont dépourvues de réglage d'humidité et permettent de descendre jusqu'aux environs de 2° C; dans d'autres, on atteint -40° C ou presque -84° C.

Dans certains modèles à usages multiples, la température peut, au choix, être basse, au-dessus et en dessous de 0° C, ou s'élever jusqu'à 50° C environ, avec une tolérance de ±0,3° C.

Des contacteurs à horloge permettent d'alterner de façon cyclique deux températures. Ce dispositif peut rendre de très grands services pour les recherches sur la conservation par le froid et la stratification des graines.

Les compartiments sont fréquemment munis de doubles portes, dont la porte intérieure au moins est vitrée on peut ainsi observer la graine dans le compartiment sans en faire varier les conditions. On réalise des installations dont le plafond est constitué par une double paroi de verre permettant, dans le cas d'études spéciales, l'éclairage aux ultraviolets. A Melbourne, la Forestry Division utilise un intéressant modèle fonctionnant avec des compresseurs à Freon 1-2 de 1 ch et un réchauffeur d'air de 750 W (fig. 18).

La conservation par le froid humide, c'est-à-dire sans régler l'humidité de l'air, est possible en mélangeant la - graine à un matériau humide dans des récipients ouverts placés en chambre froide. Il faut prévoir la bonne évacuation de l'eau à la partie inférieure pour éliminer tout excès d'eau si on est amené à en remettre au cours de la conservation.

Pour les grandes quantités de graines, dans les sécheries par exemple, il est nécessaire de disposer de véritables chambres froides.

Pour ces grandes quantités, on évite, dans toute la mesure possible, pour des raisons économiques, le contrôle de l'humidité de l'air; on recourt, dans ce but à la conservation en récipients étanches à l'air pour les; graines qui supportent la dessiccation et à des procédés spéciaux pour les autres.

La conservation par le froid à l'humidité se pratique à grande échelle en stratifiant les graines en milieu humide dans des tonneaux de bois ou des bidons métalliques dont le fond est percé de trous pour permettre l'évacuation d'un excès d'eau.

Il est toutefois possible de régler à la fois la température et l'humidité grâce à des installations coûteuses de conditionnement de l'air.

En règle générale, la conservation à grande échelle est pratiquée dans des chambres froides où seule la la température est strictement réglée.

La Forestry Commission du Royaume-Uni possède une installation permettant de conserver 20 000 kg de graines; elle comprend trois chambres froides de 6,6 x 3,3 x 3 m, isolées par des panneaux de liège de 10 cm d'épaisseur. Deux chambres sont maintenues à 2° C et une à - 5° C La Station de recherches forestières française a trois chambres froides à 2-4° C.

Au Japon, les chambres froides pour la conservation et la vernalisation mesurent 5,5 x 5,5 m, elles comportent deux étages. A l'étage supérieur on empile au mois de mars de la glace et de la neige qu'on recouvre d'une couche de 30 cm de sciure. La température est ainsi maintenue à 1 ou 2° C. On utilise ce dispositif pour Abies mayriana. Ce procédé simple donne de bons résultats en région relativement froide, mais il ne permet pas d'assurer une température constante tout au long de l'année. C'est pourquoi, même lorsqu'il est utilisable, on ne peut le recommander que pour la stimulation des graines durant un ou deux mois.

FIGURE 18. - Compartiments pour la conservation par le froid fabriqués en Australie.

La capacité à donner à la chambre froide est fonction de la quantité de graines à conserver ainsi que du nombre d'espèces ou de lots. Elle dépend également de la forme des récipients et du procédé de conservation (en particulier au sec ou à l'humidité). On a constaté à Nancy qu'une chambre froide destinée à entreposer de nombreux lots ne devait pas excéder 24 à 40 m3; au-delà il convient de se limiter à deux ou trois espèces. T)ans le type le plus petit (24 m3), on estime que la capacité est de l'ordre de 60 kg/m3 pour des graines dont le poids spécifique est de 0,4.

Ces chiffres se rapportent à des graines conservées en récipients hermétiques. En général les chambres ne dépassant pas 2 à 3 m de haut, avec une bonne isolation, sont préférables. Dans la zone tempérée de l'hémisphère nord, les chambres doivent être pourvues de murs épais et être exposées au nord. Les dispositifs automatiques de dégivrage évitent d'interrompre la conservation pour cette opération.

La puissance à prévoir pour le compresseur est fonction de l'écart des températures entre l'intérieur et l'extérieur, de la chaleur spécifique de la graine (ordinairement aux environs de 0,5) ainsi que de la fréquence et du volume des entrées et des sorties. A Nancy, pour un mouvement de 200 kg par jour et un écart de température de 20-23° C, la puissance nécessaire, exprimée en Fh, c'est-à-dire en frigories ou calories négatives - (F) par heure (h), est estimée à 50 Fh/m3.

Dans les chambres froides, la graine ne doit pas être stockée en vrac, mais conservée en bidons placés sur des rayonnages à 10 cm au-dessus du plancher et éloignés des murs. Lorsque la chambre est suffisamment grande, il est préférable d'utiliser des récipients cylindriques. Il est souhaitable, pour uniformiser la température, de disposer d'un ventilateur assurant la circulation de l'air.

FIGURE 19. - Cylindre pour la scarification des graines.

ETIQUETAGE

Pour éviter le mélange de différentes origines, il convient d'étiqueter et de numéroter soigneusement chaque lot de graines à son entrée en conservation. Chaque sortie de graines doit donner lieu à l'inscription de son emploi, de sa destination et du responsable de la sortie. Un double jeu de fiches, conservées et centralisées par un organisme de contrôle, permet de tenir convenablement la comptabilité matières des graines. Baldwin (1955) a traité en détail de l'emballage et de l'étiquetage en vue de l'expédition.

Les certificats d'origine et de qualité des graines devraient être conformes au modèle recommandé par la Conférence de la FAO en 1951 (voir également Catalogue de graines forestières, FAO, 1961).

Prétraitement des graines

La germination des graines de plusieurs espèces est extrêmement lente, même dans des conditions de milieu favorables. Il faut alors leur faire subir un traitement spécial destiné à accélérer la germination, qu'il s'agisse des essais de semences ou du semis en pépinière ou à demeure. On trouvera une intéressante étude de ce problème dans Baldwin (l942) et Crocker et Barton (1953).

Les principales causes de la dormance des graines sont: a) l'imperméabilité à l'eau et à l'oxygène des téguments de la graine; b) la dormance de l'embryon. Chez quelques espèces la cause est double: dureté du tégument et dormance intrinsèque.

PRÉTRAITEMENT CONTRE LA DURETÉ DES TÉGUMENTS

Scarification

Le but à atteindre est l'amincissement ou l'usure des téguments pour permettre l'absorption d'eau et les échanges gazeux et déterminer ainsi la germination. On peut pratiquer la scarification à la main, en particulier pour des usages de laboratoire, ou utiliser les appareils mécaniques spéciaux dont différents types ont été décrits. Dans un de ceux-ci, la graine est soufflée contre une surface abrasive, généralement concave. Un autre, employé pour Juniperus virginiana, est constitué par un cylindre métallique dont la paroi interne est doublée de papier de verre; on le remplit à moitié de graines et il tourne à 20 tours/mn.

Le United States Forest Service a mis au point un modèle constitué par un cylindre en tôle galvanisée (tôle de 28), en deux parties pour permettre le chargement et le déchargement, il est doublé de papier de verre au silicone (n° 2½ grade 30 E) collé à la caséine. A la partie inférieure, une grille métallique soudée - mailles de 16 - permet le passage de la poussière. Le cylindre peut être inséré entre des parois en bois de 25 mm. A l'intérieur du cylindre, un axe d'acier de 19 mm entraîne des disques rotatifs en bois de 6,3 mm également garnis de papier de verre auxquels on peut également substituer des meules en carborandum. Les disques sont écartés de 10 cm et laissent un jour de 12,7 mm entre eux et les parois du cylindre. Les disques tournent à 500-900 tours/mn. Le cylindre rempli à moitié de graines que l'on peut ainsi traiter avec succès en quelques minutes. La durée du traitement dépend de la graine et doit toujours faire l'objet d'essais préalables. Un cylindre de 60 cm de long et de 28 cm de diamètre permet de traiter 4,5 kg de graines (fig. 19); voir également F. 327823 dans Woody-plant seed manual (United States Department of Agriculture. Forest Service, 1948).

La scarification donne de bons résultats pour les graines de nombreuses espèces de Leguminosae comme celles de Cercis, Colutea, Gleditsia et Robinia. C'est également le cas pour les graines d'autres familles (ex.: Crataegus spp.).

Autre traitements

Ils se limitent habituellement à l'attaque par les acides ou au trempage dans l'eau. Le traitement à l'acide est normalement pratiqué avec une solution concentrée d'acide sulfurique et appliqué à plusieurs espèces de Leguminosae. Les résultats ne sont pas toujours satisfaisants, surtout à grande échelle. Il faut manipuler l'acide sulfurique avec la plus grande précaution et les graines traitées doivent être soigneusement essorées et lavées. C'est en pratiquant des essais préalables sur le lot de graines en vue de déterminer la durée optimum de trempage qu'on obtient les meilleurs résultats.

Pour traiter à grande échelle, il faut disposer de récipients résistant aux acides (de préférence en bois ou en faïence) et de récipients et cribles métalliques pour la manipulation, l'essorage et le lavage des graines. La meilleure technique est décrire en détail dans Woody-plant seed manual.

Le trempage dans l'eau avec différentes températures et durées peut donner de plus ou moins bons résultats pour Un certain nombre de graines. On recommande souvent le trempage à l'eau chaude des graines de légumineuses, mais il est prudent de faire des essais préalables si on veut éviter la détérioration de la graine. Ce traitement ne nécessite ni matériels, ni équipements spéciaux.

Le traitement à grande échelle dans une solution à 2% de soude caustique de quelques minutes à plusieurs heures suivant les espèces, a donné satisfaction pour les graines de certaines légumineuses (Soster, 1955). Ce traitement exige, cependant, de nombreuses précautions, car la manipulation de la soude caustique est dangereuse.

L'enlèvement d'un petit fragment (1 mm2) de l'enveloppe à l'extrémité du cotylédon, suivi du trempage durant trois à six heures s'est révélé la meilleure méthode pour déterminer la germination rapide des graines de certaines légumineuses en vue des essais de semences. Avec Quercus spp., on peut obtenir le même résultat en faisant tremper les glands durant 4x heures et ensuite en les incisant sur un tiers du côté de la cicatrice et en enlevant l'enveloppe.

PRÉTRAITEMENT CONTRE LA DORMANCE INTRINSÈQUE

On a essayé de lutter contre la dormance par des moyens chimiques, mais c'est la stratification au froid qui reste le procédé le plus largement utilisé à grande échelle. Toutes les espèces ne sont pas justiciables de cette méthode et il faut s'assurer de son efficacité pou, un lot donné de graines grâce à des expériences comparatives. Son utilisation et les résultats obtenus dépendent beaucoup de l'expérience personnelle du pépiniériste et des matériels dont il dispose.

La durée du traitement varie beaucoup suivant les espèces, mais dans les réalisations à grande échelle la durée optimum est généralement de 1 ordre de 30 à 45 jours pour les pins et plusieurs autres espèces. La prolongation du traitement peut déterminer l'échauffement de la graine, même si elle est fréquemment surveillée et remuée. Dans tous les cas, seules un petit nombre d'espèces demandent un traitement plus long que celui qui vient d'être indiqué (ex.: Carpinus betulus, Crataegus spp., plusieurs Juniperus spp., Pinus cembra, Rosa spp.), Les températures recommandées oscillent généralement entre 0 et 5° C.

Bien que la stratification au froid et la conservation par le froid humide diffèrent dans leurs objectifs, les procédés et les matériels sont souvent très analogues. Il faut disposer d'un réfrigérateur, d'une chambre froide ou d'une glacière et pouvoir contrôler la température dans la fourchette indiquée ci-dessus ou jusqu'à 10° C Les graines doivent être intimement mélangées ou stratifiées en couches alternées avec un matériau humide et placées dans des récipients ad hoc.

Pour les essais de semences, les graines sont en général étalées sur du papier buvard ou sur un substrat analogue et placées dans des plateaux ou de petits germoirs qui sont eux-mêmes mis dans un réfrigérateur ou une chambre froide. A la fin de la période de stratification ou de vernalisation, les plateaux ou les petits germoirs peuvent être introduits dans des compartiments ou des chambres de germination sans déplacer les graines. Autrement, les graines traitées doivent être enlevées et placées dans des germoirs de Jacobsen ou autres germoirs classiques.

La stratification à froid est utile non seulement pour les graines qui ne supportent pas la dessiccation, mais également pour beaucoup d'autres espèces comme les sapins, l'épicéa de Sitka, les érables, les frênes, certains pins (ex.: Pinus cembra, P. attenuata, P. strobus) et le tilleul.

La stratification à froid après réchauffement est moins fréquente, mais elle s'est révélée efficace pour de nombreuses espèces de certains genres (ex.: Carpinus, Ostrya, Malus, Viburnum).

Pour certaines graines, il faut, pour vaincre la dormance, pratiquer un prétraitement au froid et à l'humidité, suivi d'une période à haute température puis d'une nouvelle période à basse température.

Pour ces deux dernières catégories de graines, il est particulièrement recommandé de disposer de compartiments permettant d'assurer une large gamme de températures qu'il s'agisse de travaux de recherche ou du traitement de petits lots de graines.

ENROBAGE DES GRAINES

Les procédés d'enrobage consistent à recouvrir la surface des graines d'une matière inerte à laquelle peuvent être incorporés des produits chimiques variés

Voici quelques-uns des avantages de l'enrobage:

1. L'incorporation d'engrais à la boulette apporte aux jeunes semis la nourriture dont ils ont besoin

2. Des régulateurs ou des stimulants de la croissance végétale peuvent assurer le développement de racines ou hâter la germination des semis.

3. Les insecticides et les fongicides sont plus efficace en étant placés en contact direct avec la graine

4. La graine peut être protégée contre les rongeur grâce à l'addition de substances non comestibles repoussantes ou vénéneuses.

5. L'enrobage rend les petites graines plus grosse et plus lourdes, ce qui facilite le semis et le rend même parfois réalisable par avion.

Avant d'utiliser un mode quelconque d'enrobage on doit toutefois déterminer son effet sur la catégorie de graines à employer Les graines sont quelquefois enrobées pour les protéger contre les oiseaux, les rongeurs les insectes et pour lutter contre les maladies mais il est rare qu'on en profite pour leur fournir des éléments nutritifs Des résultats prometteurs ont été obtenus avec les répulsifs aux Etats-Unis La grains est enduite d'un produit adhésif d'enrobage auquel on a ajouté la quantité suffisante de poudre active, généralement dans la proportion d'une partie d'adhésif pour quatre parties de poudre L'épaisseur du revêtement est réglée par le rapport entre la quantité de produit d'enrobage et la quantité de graines.

Les émulsions de latex (ex.: Dow 512 R), de méthylcellulose, ou d'Hydrol (ex: C. 13 HCP, Flintkote) sont utilisées comme adhésif. Pour l'enrobage mécanique on peut utiliser une bétonnière mue par un moteur électrique

On conseille de traiter en une fois environ 11,5 kg de graines qui sont placées dans une petite bétonnière. Pour 45 kg de graines, on utilise habituellement 5 à 10 litres d'émulsion de latex (une partie de latex pour neuf parties d'eau)

Comme fongicide on emploie souvent l'Arasan 75 (bisulfite de tetraméthylthirame) ou l'Arasan 50 et l'Endrine Il semble que ces produits aient aussi un effet répulsif sur les oiseaux et les rongeurs. On peut utiliser isolément l'un de ces produits dans la proportion minimum de 0,9 à 1,3 kg pour 4., kg de graines, mais on peut aussi mélanger l'Endrine et l'Arasan (par exemple, une partie d'Endrine pour deux d'Arasan) On augmente l'efficacité répulsive du mélange contre oiseaux et rongeurs en y ajoutant de l'anthraquinone ou des flocons de poudre d'aluminium. L'éclat des flocons d'aluminium la rend particulièrement efficace contre les oiseaux: 225 gr suffisent pour 40 kg de graines

L'équipement nécessaire comprend, outre la bétonnière ou une machine similaire, des mesures, des récipients pour préparer le produit d'enrobage, des tamis ou des claies pour les graines traitées, des lunettes et des gants de protection et des aspirateurs de poussière Le temps total nécessité par la réalisation du mélange ne doit pas dépasser 4 mm car une agitation prolongée endommage les graines ou écaille le revêtement des boulettes

Pour d'importantes quantités de graines, on peut utiliser certains matériels spécialement conçus pour l'enrobage des graines de grande culture; on peut encore construire sur le même principe de petites unités spéciales pour graines forestières. Certaines machines combinent des procédés d'enrobage par voie sèche et par voie humide. D'autres agissent uniquement à l'aide de pâtes adhésives. Les meilleures machines sont conçues pour travailler régulièrement et rapidement en évitant que le composé servant à l'enrobage ne forme des poussières irritantes ou toxiques pour le manipulateur Elles réalisent automatiquement, suivant un cycle synchronisé, les opérations de pesage des graines et d'application des produits chimiques

Essais de graines

Les essais de graines peuvent porter sur de nombreuses caractéristiques, mais leur but final est de déterminer leur valeur en vue du semis. Les essais habituels portent sur l'origine des graines, leur pureté, leur viabilité, leur teneur en eau leur poids (lots de 1 000 graines) et leur état sanitaire.

Des règles internationales pour les essais de graines ont été adoptées lors de la réunion à Dublin (Irlande) en 1953 de l'Association internationale d'essais de semences. Ces règles furent successivement revisées à la réunion de Paris en 1956, puis à celle d'Oslo, le 10 juillet 1959. A la réunion d'Oslo, beaucoup de règles concernant les essais de semences forestières furent modifiées et élargies, en particulier pour donner des prescriptions plus détaillées concernant un plus grand nombre d'essences forestières (Règles internationales pour les essais de semences, vol 25, n° 4, Wageningen. 1959 et Catalogue de graines forestières, FAO, 1961)

Ces règles sont entrées en application dans l'hémisphère nord le 1er juillet 1960 et dans l'hémisphère sud le
1er janvier 1961 Toutes les règles internationales antérieures ont été annulées.

Une méthode standard pour la détermination de la qualité des semences est très importante non seulement pour la recherche, mais aussi pour le commerce des graines.

Le matériel employé dans un laboratoire d'analyse de graines forestières reproduit partiellement à une
échelle plus modeste le matériel et l'outillage classiques.

ECHANTILLONAGE

Dans toute le mesure possible, on doit faire en sorte que l'échantillon prélevé sur un lot de graines représente fidèlement le lot en cause

De même, en prélevant sur cet échantillon global les échantillons réduits destinés à tous les tests qui doivent être réalisés par le laboratoire de graines, on doit prendre grand soin que les échantillons sur lesquels on travaille soient vraiment représentatifs du matériel à analyser.

On utilise souvent des appareils spéciaux, mélangeurs et diviseurs mécaniques, pour obtenir l'échantillon d'analyse à partir d'un lot de graines; à un premier stade, on prélève dans différentes parties du lot un certain nombre de sous-échantillons; au second stade, on les mélange, puis on les divise pour amener le tout à la quantité voulue.

On trouve dans le commerce plusieurs modèles d'appareils pour prélever des échantillons, utilisables pour les semences agricoles, qui peuvent souvent être employés pour certaines graines forestières. Les plus courants sont des sondes de différentes longueurs, constituées par un tube épais, sans soudure, de laiton ou d'aluminium. Le tube est pointu à une extrémité et percé latéralement de trous. Un autre tube coulisse à l'intérieur du premier et peut obturer trous par rotation La sonde est plongée dans la masse des graines, trous fermés Ceux-ci sont ensuite ouverts et les graines peuvent ainsi pénétrer dans le tube Lorsqu'on en a prélevé une quantité suffisante les trous sont obturés à nouveau par rotation du tube intérieur La sonde est enfin retirée et vidée Les sondes appelées couramment thief (voleur), qui portent une seule fente toujours ouverte, sont déconseillées, car elles endommagent les graines

La sonde utilisée en Suède pour les graines forestières est un tube portant des trous rectangulaires régulièrement espacés et muni d'un tube intérieur lui-même perforé (fig. 20)

On a prétendu qu'il était possible d'obtenir des échantillons exacts avec un appareil conçu de la façon suivante: des graines coulent d'un récipient supérieur dans un récipient inférieur et une coupelle prélève des échantillons dans cette coulée de graines à intervalles réguliers.

Divers types de diviseurs, dont l'appareil ci-dessus est un exemple, permettent de ramener le total des sous-échantillons jusqu'à la dimension convenable pour l'échantillon moyen et d'obtenir l'échantillon d'analyse à partir de l'échantillon moyen. Ils ont pour principe commun de répartir les graines en plusieurs coulées (de 16 à 36) qui sont recueillies alternativement de façon à former deux parties égales.

Un type simple de diviseur est constitué par une trémie aboutissant à 16 à 20 goulottes; les goulottes successives conduisent alternativement d'un côté et de l'autre de l'appareil qui comprend également un support pour la trémie et deux boîtes de réception Il faut verser les graines aussi régulièrement que possible sur toute la longueur de la trémie, ce qu'on fait avec une petite pelle à main à fond plat de dimensions appropriées (fig. 21).

Dans certains diviseurs de précision, la division et le mélange sont réalisés par l'action centrifuge d'un disque entraîné par un moteur et placé sous la trémie. Dans l'appareil à échantillonner de Boerner décrit par Baldwin (1942), dans lequel les graines s'écoulent simplement par gravité, les différentes coulées distinctes se réunissent en deux coulées égales. Différents appareils de ce type ou basés sur le même principe existent dans le commerce et sont utilisés pour les graines forestières (La figure 22 montre un appareil à échantillonner employé au Japon.)

Le diviseurs basés sur le principe de la centrifugation ne doivent pas être employés pour les graines sensibles aux vibrations comme celles des Abies.

FIGURE 20. - Sonde pour le prélèvement des échantillons fabriquée en Suède.

(Photo Statens Skogsforkninginstitut)

FIGURE 21. - Séparateur de graines avec 18 goulottes.

FIGURE 22. - Séparateur-échantillonneur de Koyama employé au Japon

(Photo Station expérimentale de recherches forestières d'Etat, Meguro, Tokyo)

DÉTERMINATION DE L'AUTHENTICITÉ DU TYPE

Pour déterminer si les graines appartiennent ou non à l'espèce indiquée sur l'étiquette, il faut disposer d'une bonne collection de graines, surtout si l'analyste n'a pas une grande expérience. Une clef d'identification des graines est utile et doit figurer dans chaque station d'essai. Les laboratoires de graines constituent habituellement des «herbiers» de graines et des séries d'échantillons d'exposition pour la démonstration et les essais comparatifs. Néanmoins l'identification n'est parfois possible que d'après les semis, comme dans le cas de certaines espèces de chênes; aussi un herbier de semis et une clef analytique pour leur identification sont-ils d'un grand secours.

La détermination de l'authenticité du type, de la variété et de la race peut rarement être menée à bien par simple examen direct. Il est en général nécessaire d'entreprendre des essais de croissance dont succès dépendra beaucoup des connaissances et de l'expérience du personnel du laboratoire

ANALYSE DE PURETÉ

L'analyse de pureté a pour but de déterminer le pourcentage en poids de graines pures La séparation des graines et des autres constituants du lot peut être faite entièrement à la main ou partie à la main et partie mécaniquement

La séparation des impuretés à la main demande toujours beaucoup de travail On utilise des spatules, des lames de canif et des pinces. En Italie, on emploie une spatule fabriquée spécialement pour cela: c'est une mince baguette d'acier, de près de 3 mm de diamètre et 20 cm de long repliée à angle droit à 1 cm de l'extrémité inférieure; l'extrémité supérieure est enfoncée dans une tige de bois effilée, tandis que la partie repliée s'amincit et s'élargit progressivement. On tient cette spatule comme un porte-plume.

La séparation mécanique peut se faire à l'aide de tamis ou de tubes pneumatiques On peut éliminer beaucoup d'impuretés avec une série de petits tamis. Les tubes pneumatiques conviennent pour séparer les débris légers, à condition que le courant d'air soit réglé avec précision.

FIGURE 23. - Germoirs portatifs en matière plastique; ils permettent d'utiliser aussi bien le sable que le papier filtre comme substrat de germination. (a)

FIGURE 23. - Germoirs portatifs en matière plastique; ils permettent d'utiliser aussi bien le sable que le papier filtre comme substrat de germination. (b)

On utilise souvent, dans les laboratoires de graines, des tables ou bureaux pour examiner des échantillons Certains sont de simples tables où les échantillons de graines non nettoyés sont analysés. D'autres, appelés tables de pureté, existent en plusieurs modèles; ils sont pourvus d'un dispositif d'éclairage à travers un verre dépoli qui facilite la séparation de certaines impuretés, ce que permettent également les tables de pureté lumineuses et les lampes à lumière noire. Plus souvent que les dispositifs à verre dépoli ou à lumière noire, on emploie des lentilles plus ou moins grandes et plus ou moins puissantes Un dispositif de grossissement monté sur potence flexible et éclairé en lumière fluorescente peut être très utile à l'analyste

DÉTERMINATION DE LA FACULTÉ GERMINATIVE

Le but de la détermination de la faculté germinative est de fournir une indication du pourcentage des graines qui sont susceptibles de produire des plants. La viabilité des graines peut être déterminée par des essais de germination ou estimée par des méthodes indirectes (par exemple l'essai à la coupe ou les essais biochimiques).

Essais de germination

Les essais de germination doivent être faits en conditions contrôlées La température et l'humidité doivent être aussi voisines que possible de l'optimum pour l'espèce envisagée. Pour plusieurs espèces, la lumière est également très importante

Les essais de germination doivent être accomplis en conformité avec les règles adoptées par l'Association internationale d'essais de semences (ISTA) en 1959. Les méthodes prescrites pour les essais de germination des graines forestières concernent plus de 40 genres et des indications particulières sont données pour près de 70 espèces. Pour la moitié de ces espèces et la moitié de ces genres, un traitement spécial pour la levée de dormance est recommandé: il comprend: a) le prétraitement par le froid à 3-5° C ou 1-5° C; b) la stratification en milieu humide; c) l'enlèvement du péricarpe; d) le trempage dans l'eau ou dans l'acide sulfurique concentré; e) la perforation des graines ou l'enlèvement au canif ou à la meule d'un fragment d'enveloppe; f) la coupe d'un tiers de la graine vers l'extrémité qui porte la cicatrice d'insertion Des détails sont donnés sur le meilleur type de prétraitement pour chaque espèce ou genre. Les règles de l'ISTA prescrivent également le type de substratum, les conditions de température et de lumière, les dates du premier et du dernier comptage.

Germoirs et étuves à germination

On a inventé de nombreux types de germoirs à graines forestières Leur efficacité dépend des possibilités de contrôle de la température, de l'humidité, de l'aération et de la lumière Tout appareil qui assure un contrôle convenable de ces conditions convient pour les essais de germination, mais les appareils adoptés par une station d'essai doivent être conformes aux exigences de l'ISTA.

Certains types de grands germoirs, pouvant contenir un certain nombre de lots en germination, tels que les germoirs Jacobsen ou Rodewald, assurent un contrôle simultané de toutes les conditions de milieu qui affectent la germination. Ils sont très employés pour les graines forestières.

On utilise également des germoirs plus petits ou portatifs (fig. 23). Ils conviennent dans la mesure où ils permettent un bon contrôle de l'humidité et de l'aération, l'entrée de la lumière, et sont placés dans des étuves à germination (appelées aussi chambres closes ou chambres à germination) ou des incubateurs dans lesquels la température seule (fig. 24) ou la température et la lumière sont constamment contrôlées Très souvent, on ne considère pas ces petits appareils comme de véritables germoirs, mais seulement comme des caissettes ou boîtes à graines, alors que les étuves sont considérées comme des germoirs.

Un germoir spécial portatif s'est révélé intéressant pour les régions sèches. C'est une caissette en terre poreuse de 15 x 25 x 10 cm remplie de sable stérilisé, qui est plongée dans un récipient plus grand contenant de l'eau (fig. 25) On emploie parfois des chambres conditionnées comme germoirs ou une combinaison de chambre conditionnée et d'étuves On trouvera des descriptions détaillées des appareils de Jacobsen et Rodewald dans Rohmeder (1938), Baldwin (1942, 1955), Toumey et Korstian (1947) et dans les comptes rendus de l'ISTA.

Pour les étuves à germination et les dispositifs combinés chambre-étuves, on trouvera des renseignements dans Baldwin (1955) et dans les comptes rendus déjà cités

L'alimentation en eau est assurée soit par trempage ou arrosage du milieu où sont placées les graines, soit grâce à une mèche plongée dans un réservoir d'eau à niveau constant placé en dessous, ou encore en réglant l'humidité relative au voisinage des graines.

Le trempage ou l'arrosage, surtout s'ils sont répétés à court intervalle, doivent être évités: il sont pourtant souvent employés, notamment avec le sable La quantité d'eau qui doit être ajoutée au sable en début de l'essai dépend des caractéristiques du sable et des graines En général, le sable doit être humidifié à 50-60% de sa capacité de rétention en eau.

Une alimentation en eau automatique par capillarité est préférable et les systèmes avec mèche sont souvent adoptés Le Jacobsen est basé sur ce principe. Dans l'appareil de Rodewald, le sable est humidifié par des mèches rejoignant l'eau du bac. Pour maintenir une humidité élevée, chaque lot en analyse est recouvert de couvercles en verre, de coupes à filtration ou de couvercles perforés. Des cloches de verre ou entonnoirs sont munis d'une ouverture qu'on obture par un fragment de coton, de façon à permettre la ventilation mais à éviter l'évaporation et l'introduction d'agents pathogènes: l'appareil tout entier peut aussi être couvert d'une plaque de verre inclinée à 150 ou 160° pour empêcher l'eau de condensation de retomber en gouttes sur les graines. Un tel couvercle ne doit pas être hermétiquement clos, afin d'assurer l'aération et de réduire la condensation.

FIGURE: 24 - Compartiments à température constante (Les deux incubateurs avec porte vitrée à double parois permettent les essais de germination sous faible intensité lumineuse non réglable; le compartiment de droite est utilisé pour des essais à l'obscurité à une température inférieure à la température ambiante)

Il faut pouvoir garder assez d'eau dans les étuves à germination pour assurer une humidité relative de 90 à 95%. Certaines étuves ont des dispositifs d'humidification.

Les appareils de Jacobsen et Rodewald sont en général conçus pour fonctionner à une température de >0 à 30° C. Il existe des étuves pour diverses gammes de température, en général de 10 à 45° C; d'autres vont de 25 à 50° C. de 5 à 50° C et de 0 à 49° C.

Les divers modèles de germoirs ou d'étuves de germination fonctionnent, en général sous une assez large gamme de températures, mais pas au-dessous de la température normale d'intérieur (15,5° C): la température exigée étant très souvent comprise entre 20 et 30° C, beaucoup d'entre eux peuvent être employés lorsque la température normale d'intérieur n'excède pas la température de travail. Les étuves à germination modernes sont prévues pour assurer le chauffage et la réfrigération électriques, si bien qu'il est possible de continuer à travailler à la température prescrite pendant les grandes chaleurs ou sous les climats chauds.

FIGURE 25. - Germoir à graines fabriqué à Rehovot (Israël).

(Photo Station de recherches agricoles, Beit Dagan. Rehovot, Israël)

De bons incubateurs, construits à l'origine pour d'autres usages, peuvent être employés pour les essais de graines avec quelques modifications: équipement avec lumière fluorescente ou avec plateaux spéciaux. D'autres conviennent pour les essais de graines à l'obscurité Certaines armoires frigorifiques qui fonctionnent sous une gamme étendue de températures peuvent servir aussi d'étuves de germination, particulièrement pour les graines qui germent à basse température

L'ISTA prescrit l'usage de températures alternées, par exemple 16 heures à environ 20° C et 8 heures à environ 30° C, pour beaucoup d'espèces d'arbres. Une alternance rapide est souvent obtenue, par exemple dans l'appareil de Jacobsen, en changeant l'eau ou en faisant passer de l'eau froide dans des tuyaux ou serpentins jusqu'à ce que la température inférieure soit atteinte

Certaines étuves refroidies par circulation d'eau froide dans les parois permettent une alternance rapide en faisant circuler lentement l'eau froide dans les parois

Dans d'autres étuves à germination, le changement le température progressif et assez lent, aussi bien pour le chauffage que pour le refroidissement, peut être commandé automatiquement à intervalles prédéterminés. Ces étuves sont pourvues d'un dispositif synchrone avec un deuxième thermostat et un interrupteur horaire

FIGURE 26. - Dispositif pour compter et mettre en place les grosses graines fabriqué aux Etats-Unis.

(Photo E. L. Erickson Products)

Il est possible d'obtenir l'alternance de température - à vrai dire, de façon pas très commode - en transférant des germoirs portatifs ou des plateaux d'une étuve réglée à la température inférieure à une autre étuve réglée à la température supérieure, ou, dans une même étuve, d'un compartiment à l'autre En effet certaines étuves ont un compartiment chaud et un compartiment froid, ou plusieurs compartiments à des températures différentes. Parfois la température de la pièce elle-même convient, surtout si celle-ci est isolée, en sous-sol.

On peut employer des régulateurs d'air, si c'est nécessaire, pour maintenir la pièce à la température voulue tout au long de l'année Si la température de la pièce entière peut être maintenue à la plus basse température désirée, on peut y placer plusieurs germoirs ou étuves à germination chauffés individuellement aux diverses températures voulues.

Le choix du milieu où sont placées les graines pour la germination dépend du matériel utilisé, de l'espèce, des conditions de travail et de l'expérience de l'analyste. On utilise en général de préférence divers types de papier (papier filtre, buvard pour germination, ou papier absorbant sans produits toxiques) et du sable, mais d'autres milieux sont aussi employés: plaques poreuses, tourbe, agar-agar et terre Le sable et le papier peuvent être stérilisés à l'étuve.

Le gel de silice semble devoir convenir pour plusieurs graines forestières, car il retient l'eau mieux que l'agar-agar bien qu'il puisse se comporter de façon différente vis-à-vis des diverses espèces. Le gel est préparé d'après la formule de Winogradsky. Son emploi ne peut encore être recommandé pour les analyses courantes, car il n'a pas été étudié jusqu'ici de façon assez complète.

Du papier filtre et tout autre épais papier absorbant peuvent être munis d'une mèche de papier filtre ou de coton plongeant dans l'eau, ou placés sur une couche de sable On préfère le sable comme milieu de germination pour les espèces à germination lente, par exemple Rosa sp., Pinus caribaea, P. elliottii et P. palustris ou à grosses graines, par exemple Pinus pinea, Quercus spp.

Les buvards et les serviettes en papier sont employés pour les essais entre papiers. Bien que ce type d'essai ne soit pas recommandé pour les graines forestières il a donné de bons résultats au Maroc pour la germination des eucalyptus. Les essais de germination sont souvent réalisés sur Un plateau de 150 x 60 cm et de cm de haut rempli, sur 2 cm d'épaisseur, par du sable maintenu humide par vaporisation Un morceau de papier absorbant épais est posé sur le sable après trempage On y dépose un poids connu (1 à 5 g) de petites graines qui sont recouvertes par le papier replié, jusqu'à la germination On trouve dans le commerce plusieurs sortes de papier filtre et de papier à germination.

Les récipients où sont placées les graines sont en général en verre ou, comme il a été dit plus haut, en terre poreuse, porcelaine, acier inoxydable ou matière plastique Les parois du réservoir à eau, dans les appareils de Jacobsen et Rodewald sont en métal (acier inoxydable, zinc, laiton ou cuivre rouge). Les plaques de laiton ou de cuivre (1 mm) doivent être, à l'intérieur, étamées ou recouvertes d'un enduit bitumineux

La lumière, lorsqu'elle est nécessaire, peut être naturelle ou artificielle L'intensité lumineuse doit être d'environ 750 à 1 250 lux. Si les germoirs sont placés près d'une grande fenêtre, ces chiffres sont facilement atteints pendant le jour, mais les germoirs ne doivent pas recevoir le soleil directement.

La lumière artificielle peut être fournie par une série de tubes fluorescents placés au-dessus des germoirs ou dans les étuves L'intensité lumineuse peut être réglée par un dispositif (incorporé, de préférence) qui permet d'allumer ou d'éteindre un certain nombre de tubes

Appareils pour compter les semences

Deux genres de dispositifs sont fréquemment utilisée pour compter les semences: la planche à compter et les compteurs par aspiration.

Les planches a compter sont employées seulement pour les graines de forme régulière et assez grosses, telles celles de P. cembra, Tilia spp. et certaines légumineuses. Les planches doivent avoir à peu près les dimensions du substratum sur lequel sont placées les semences. Le compteur comprend deux planches, une planche supérieure perforée et fixe et, en dessous, une mince planche sans orifice qui sert de fond amovible. On place une certaine quantité de graines sur la planche qu'on incline et agite pour qu'une graine remplisse chaque alvéole. La plaque est alors placée au-dessus du substratum et, le fond étant retiré, les graines tombent tout en étant régulièrement espacées Dans certains modèles, la planche inférieure porte elle-même une seconde série de trous. En faisant glisser la partie supérieure de 1 cm environ les graines tombent sur le substratum.

Pour les essais en caissettes, une simple planche perforée peut être employée. Elle est placée sur la caissette; on dispose alors les graines sur la planche, puis celle-ci est enlevée, laissant ainsi les graines à la surface du milieu contenu dans la caissette; les graines sont pressées sur ce milieu par la planche elle-même (fig. 26), plus régulièrement et plus rapidement que par une autre méthode.

Les compteurs par aspiration conviennent pour les graines de grosseurs et de formes variées. On rencontre cependant certaines difficultés pour des graines très petites et de forme irrégulière, les compteurs mécaniques ne conviennent pas pour les très grosses graines notamment pour beaucoup de noix.

Un dispositif de comptage par aspiration comprend trois parties essentielles: a) un système d'aspiration avec les tuyaux; b) des têtes compteuses; c) une vanne à action rapide. Un petit aspirateur domestique peut être employé, mais en général, il vaut mieux un groupe spécial (moteur électrique de ¼ à ½ ch). Pour une installation centrale avec tuyaux vers plusieurs pièces du bâtiment, il faut un moteur de ½ à 1 ch

Les têtes perforées sont munies de trous régulièrement espacés (100 en général) ou se logent les graines lorsqu'elles sont aspirées: elles sont ensuite relâchées et disposées sur le substratum Les plaques ou têtes compteuses ont une forme carrée ou circulaire, suivant celle du substratum employé. L'espacement et le diamètre des trous doivent être proportionnels à la grosseur des graines Les têtes peuvent être en matière plastique, en chrome, en laiton ou en aluminium. La plaque doit être relativement opaque, et d'une couleur qui contraste avec celle des graines, ce qui permet de vérifier plus facilement que tous les trous sont remplis Il faut une bonne vanne pour pouvoir relâcher rapidement les graines et pour éviter d'aspirer une trop forte proportion des graines les plus légères.

Méthodes indirectes pour déterminer la faculté germinative

Il existe plusieurs méthodes dont la plus ancienne est le simple essai à la coupe, qui est peu sûr, surtout pour les conifères et pour les feuillus à petites graines Pour les essais à la coupe, il suffit généralement d'avoir des lames de rasoir, stylets, scalpels ou bistouris. Une loupe à main ou un verre grossissant peuvent être utiles.

Cet essai ne peut convenir que pour une grossière estimation préliminaire.

On utilise plus largement les essais biochimiques. L'essai au tétrazolium est admis par l'ISTA comme essai officiel pour estimer la viabilité des graines des espèces suivantes: Carpinus spp., Crataegus spp., Fraxinus spp., Juniperus spp., Malus spp., Pinus cembra, Prunus spp., Pyrus spp., Rosa spp., Taxus spp., Tilia spp., A la fin de la période de germination, les graines fraîches doivent être soumises de préférence à un essai au tétrazolium.

Cette méthode comporte l'emploi d'une solution à 1% de chlorure ou bromure de 2, 3, 5-triphényltétrazolium. Pendant le traitement, les préparations doivent être gardées à l'obscurité à 30° C. L'équipement comprend en plus des produits chimiques (eau distillée, sels de tétrazolium) et de la verrerie (petites bouteilles, boîtes de Pétri etc.), de petites pinces, des aiguilles à dissection, des lames de rasoir et des ciseaux fins De petits incubateurs ou des étuves de précision comme celles utilisées pour les inclusions à la paraffine sont souvent utiles. Une surface noire permet d'apprécier convenablement la coloration de l'embryon et de l'endosperme Il faut avoir à sa disposition une loupe ou un microscope binoculaires Pour les graines de Taxus il faut pouvoir disposer d'un appareil à vide.

Pour certaines graines, un matériel spécial permet une détermination plus rapide (quelques minutes) d'une faculté germinative équivalente, en opérant sous vide et à une température constante de 45° C. Les graines sont d'abord coupées avec un appareil spécial de façon a exposer l'embryon à la solution de tétrazolium. L'appareil fonctionne électriquement sous une puissance de 30 W et une minuterie indique la fin de la réaction

L'analyse par radiographie de la graine peut donner certains renseignements intéressants sur le développement de l'embryon et l'endosperme, mais ne permet pas de distinguer les graines viables des non viables, car les modifications physiologiques de la graine peuvent rarement être détectées Après imprégnation avec des sels de métaux lourds (par exemple BaCl2), la viabilité des graines peut, d'après Gustafsson et Simak (1958), être détectée sur un film radiographique. La technique radiographique a été mise au point en Suède, elle est très rapide pour certaines graines forestières. A l'heure actuelle, il faut considérer qu'elle convient pour des buts spéciaux, mais non pour les essais officiels Cette technique, qui fait l'objet de recherches poursuivies dans de nombreux pays, exige un générateur de rayons de Grenz.

En Suède, on utilise un tube à rayons X qui fonctionne sous 10 kV avec un courant de 18 mA. A Nancy, l'appareil à rayons X peut être employé avec un voltage allant de 7 kV (petites graines) jusqu'à 15 kV (grosses graines); les meilleurs films sont obtenus avec un courant de 60 à 90 mA et une distance entre tube et graine de 25 à 60 cm On estime que l'essai aux rayons X est plus sûr que l'essai à la coupe et d'interprétation plus facile (Bouvarel et Lemoine, 1959).

DÉTERMINATION DE LA TENEUR EN EAU

D'après les règles de l'ISTA, la teneur en eau des graines forestières doit être déterminée à l'étuve ordinaire soit à 130° C (ex.: Alnus spp., Pinus spp., Prunus spp. et Pyrus spp.) ou à 180° C (Ceratonia siliqua). Pour certaines graines la méthode à 105° C elle-même ne convient pas en raison de la présence de composants extrêmement volatils: dans ce cas, la méthode de distillation au toluène est recommandée (ex.: Abies spp., et Picea spp.). Il faut broyer grossièrement les grosses graines de légumineuses, comme Ceratonia siliqua.

Les méthodes mentionnées ci-dessus s'appliquent aux graines avec un taux d'humidité inférieur à 18% (20% pour les légumineuses), calculé par rapport au poids frais. Les graines ayant une teneur en eau plus élevée doivent être préséchées à température relativement basse.

Le matériel nécessaire pour la détermination de la teneur en eau à l'étuve ordinaire comprend des balances précises au moins au milligramme, des coupelles de métal inoxydable à fond plat et à angles arrondis, munies d'un couvercle qui joigne bien, des étuves chauffées électriquement, des dessicateurs avec alumine activée ou silico-gel coloré en bleu et des moulins broyeurs.

Le séchage à 130° C doit durer 6/) mn, et 16 heures à 105° C. La technique sur les méthodes à l'étuve ordinaire est décrite en détail dans les Règles de l'ISTA de 1959. Pour la méthode de distillation au toluène, voir: Official methods of analysis, Association of Official Agricultural Chemists, Washington, 1955.

Cet essai nécessite: un flacon à distillation de 250 ml. un récepteur de tube à distiller, un condenseur de Liebig à tube droit

Etuves

On peut utiliser plusieurs modèles qu'on trouve dans le commerce. Le plus courant est l'étuve «à ventilation libre», mais les étuves semi-automatiques à tirage forcé sont également fréquemment employées. Elles permettent de lire directement la teneur en eau sur un cadran. Les doseurs à infrarouges automatiques donnent très rapidement les mesures de teneur en eau. En règle générale, ils ne sont pas recommandés pour les essais officiels, mais seulement pour les estimations approximatives et rapides

Pour les essais officiels, il faut employer des étuves à bonne ventilation et à contrôle automatique de la température qui atteint 130° C avec une précision de ±3° C. et 105° avec une précision de ±2° C

Certaines étuves permettent Un contrôle précis de la température, de 15 à 200° C, avec une précision de ±2° C; d'autres conçues pour les changements rapides de température, peuvent fonctionner jusqu'à 300° C. T)ans ces dernières, la circulation d'air est assurée par un ventilateur centrifuge, de sorte que les différences entre le centre et tout autre point de l'étuve ne dépassent pas 1 à 110° C La précision est de ±1° C.

Les modèles à circulation d'air conviennent mieux pour la stérilisation et, dans ce cas, la précision peut être plus faible: il en existe plusieurs modèles.

DÉTERMINATION DES CARACTÈRES PONDÉRAUX

Dans un laboratoire de graines, il est souvent nécessaire de déterminer des poids, pour les mesures suivantes: a) poids des échantillons de graines; b) poids des graines pures, des graines d'autres espèces cultivées, des graines de mauvaises herbes et des matières inertes (analyse de pureté); c) teneur en eau à l'étuve; d) poids de 1 000 graines; e) dosage des produits chimiques.

Poids de 1 000 graines

On peut le déterminer en pesant au moins quatre répétitions de 100 graines chacune. Les résultats exprimés en grammes comprennent, suivant le poids de zéro à deux décimales.

Balances et trébuchets

Un laboratoire de graines doit être équipé de balances et trébuchets de divers modèles, plus ou moins précis suivant leur destination. Les balances employées pour la détermination de la teneur en eau doivent, comme on l'a vu plus haut, être précises au moins au milligramme et doivent être analytiques. Elles peuvent aussi être utilisées pour le dosage des produits chimiques.

Pour l'essai de pureté et pour déterminer le poids de 1000 graines, il est préférable de disposer de deux ou trois balances ou trébuchets avant des précisions différentes

Les balances les plus sensibles doivent être utilisées pour les graines les plus légères, pour lesquelles les poids minimums pour l'analyse de pureté sont inférieurs ou égaux à 10 g (ex.: Alnus spp., certains pins, Picea spp., Populus et Salix spp.). Les moins sensibles seront employées pour les graines pour lesquelles les poids minimums pour l'analyse de pureté sont égaux ou supérieurs à 100 g (ex: plusieurs espèces d'Abies, Araucaria spp., Carpinus spp., Castanea spp., Cedrus spp. Fagus spp., certains pins, Quercus spp. etc.).

En règle générale, on peut dire que pour l'essai de pureté il faut employer des balances précises au moins au milligramme pour les graines de la première catégorie mentionnée ci-dessus, tandis que pour les graines plus lourdes des balances précises à 10-25 mg sont suffisantes.

Il existe sur le marché une grande variété de balances et trébuchets Des balances de précision ayant une charge maximum de 200 g. une sensibilité au 1/20 de mg qui n'exigent pas l'emploi de poids pour lés valeurs du 1/10 de mg à 100 mg sont très pratiques et conviennent pour plusieurs usages

Parmi les balances de précision moyenne qu'on peut recommander, nous mentionnerons les balances semi-automatiques avec une charge maximum de 300 ou 1 000 g. une sensibilité de 10 ou 25 mg, et un dispositif qui permet de se passer des poids au-dessous de 2 à 5 g.

A Nancy, on utilise la balance «Vivancyl» produite en France par un groupe de cinq fabricants d'équipement de précision C'est une balance mono-plateau suspendue par fils d'or: le poids est obtenu très rapidement. Elle est sensible au 1/10 de mg.

Poids spécifique: au bushel ou poids à l'hectolitre

Les règles de l'ISTA prescrivent pour ces déterminations l'emploi de mesures étalonnées. L'équipement de base comprend un dispositif pour remplir exactement un récipient (trémie de précision), une mesure à graines soigneusement étalonnée et un trébuchet de précision Comme le laboratoire dispose en général de plusieurs trébuchets, il peut être commode d'avoir seulement une ou deux trémies de précision sur leur support et autant de mesures étalonnées à la capacité désirée.

La trémie de remplissage est absolument indispensable, parce que le remplissage à la main ou à la petite pelle entraîne de grosses erreurs La trémie, en forme d'entonnoir, comporte dans le bas une vanne à glissière pour arrêt instantané de l'écoulement des graines. Un socle lourd la rend plus stable. Elle doit être réglée à une hauteur convenable, constante, au-dessus de la mesure (en général 5 cm).

Le poids à l'hectolitre est déterminé avec des mesures étalonnées de ¼ de litre ou de 1 litre. Pour la détermination du poids au bushel on recommande l'emploi de mesures de 1 pint ou 1 quart. Les mesures, comme la trémie, sont en métal épais non corrosif, en général en laiton massif.

DÉTERMINATION DES CONDITIONS SANITAIRES

La méthode générale suppose un examen macroscopique et un examen microscopique. A la réception, les graines doivent être examinées à l'œil nu ou à la loupe pour déceler la présence éventuelle d'organismes pathogènes Il faut être très attentif, pour les Abies, Larix, Pseudotsuga, Quercus et Castanea, aux graines présentant des trous de sortie d'insectes qui peuvent encore contenir des insectes vivants.

L'examen microscopique est d'une importance primordiale En règle générale, la présence d'organismes pathogènes est décelée après un traitement spécial des graines Les spores ou les hyphes des champignons peuvent être séparés en secouant vigoureusement une quantité suffisante de graines (100 graines au moins) dans un tube à essais contenant de l'eau plus un agent mouillant ou de l'alcool Le liquide est ensuite centrifugé ou réduit par évaporation à quelques gouttes qui sont examinées sous microscope

Il est parfois nécessaire de compléter cette technique par une mise en culture sur agar. Pour identifier les insectes il peut être nécessaire de les élever dans des bocaux couverts d'une gaze à mailles très fines. D'autres examens doivent être faits au cours ou à la fin de l'essai de germination

Les Règles internationales pour les essais de semences de 1959 comprennent une liste des principaux organismes pathogènes et parasites Les certificats mentionnant des conditions sanitaires doivent être conformes à ces Règles.

Le matériel de base pour la détermination des conditions sanitaires comprend un microscope binoculaire, un ou deux microscopes grossissant au moins 500 fois, une centrifugeuse et une ou deux étuves à incubation. Ces dernières ne doivent pas être placées dans la même pièce que les germoirs. Des boîtes de Pétri, tubes à essai, bocaux, sont également nécessaires, ainsi que de l'agar comme substratum pour les cultures

IMPRIMÉS POUR L'INSCRIPTION DES RÉSULTATS DES ESSAIS

Les imprimés pour l'inscription des résultats des essais doivent être prévus pour pouvoir enregistrer toutes les données importantes concernant les échantillons en analyse. Il faut laisser une place suffisante pour les résultats de chaque essai en prévoyant la possibilité des essais supplémentaires. Un modèle d'imprimé bien conçu est donné dans l'ouvrage de Baldwin (1942).

Désinfection et entretien

Les étuves à germination et à cultures doivent être désinfectées au moins une fois par an, avec une solution de formol à 10%. Toutes les ouvertures et fentes doivent être fermées hermétiquement, ces dernières, si besoin est, avec du ruban adhésif Après 24 ou 48 heures, la vaisselle est sortie et on laisse s'échapper librement les gaz avant d'employer à nouveau l'étuve

Les germoirs portatifs et les récipients où les graines sont mises à germer peuvent être désinfectés à l'alcool ou à l'étuve Il faut faire bouillir après usage ou stériliser à l'autoclave les supports de graines en coton.

Les autres supports qui sont utilisés une seule fois (papier filtre ou sable) sont le plus souvent stérilisés à l'étuve. En règle générale, les graines ne sont pas désinfectées parce que celles qui pourrissent dans un germoir propre sont le plus souvent de qualité médiocre. Un certain nombre d'expériences sur diverses méthodes de désinfection des graines juste avant ou en cours de germination n'ont abouti à aucune amélioration sensible du pourcentage de germination.

Les boîtes de Pétri, les tubes à essai, les bocaux doivent être stérilisés à l'autoclave lorsqu'ils sont employés pour l'élevage des organismes pathogènes et parasites. La salle des germoirs et son matériel doivent être tenus parfaitement propres. Il ne faut utiliser que certains produits d'entretien spéciaux. L'aspirateur portatif est recommandé pour le nettoyage de la salle. Il existe beaucoup de modèles d'aspirateurs de différentes tailles. Ils peuvent également être employés en soufflerie Réglés sur 1,13 m3/mn à 5 m3/mn (3 657 à 7 925 m linéaires/mn), ils soufflent de l'air sec ou chaud (54° C) pour le séchage et consomment de 260 à 890 W.

Transport

Au cours de l'expédition et du transport des graines, il faut prendre les précautions indispensables pour éviter toute moisissure ou toute surchauffe. La graine doit être expédiée dans des récipients convenables, suffisamment résistants et qui protègent la graine contre l'humidité

On emploie fréquemment des sacs de toile doublés, pour assurer une meilleure protection; depuis quelques années, on utilise des récipients métalliques pour les expéditions à longue distance. Les modèles courants contiennent de 1 à 20 kg de graines. Les récipients plus grands sont réservés au stockage

Une bibliographie et une liste des fabricants du matériel mentionné dans cet article peuvent être obtenues gratuitement en s'adressant à la Division des forêts et des produits forestiers, FAO, Rome.


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