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La lutte contre les maladies animales au Yémen


Les professionnels de la santé animale au niveau local comblent les lacunes en soins vétérinaires créées par le conflit

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Tariq Al-Haidari fait partie des 200 agents communautaires de santé animale formés par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture dans le cadre d’un projet financé par la Banque mondiale. ©FAO

27/03/2024

«J’éprouve une profonde fierté lorsque je vois dans le regard des gens le respect et la reconnaissance du métier que j’ai choisi», déclare Tariq Al-Haidari, 48 ans. «Mon métier m’a apporté bien des victoires et j’en retire un vrai sentiment de réussite.»

Tariq fait partie des 200 agents communautaires de santé animale formés dans le cadre d’un projet mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et financé par la Banque mondiale. À présent, il utilise ses connaissances et ses compétences nouvellement acquises pour aider les éleveurs de bétail à préserver la bonne santé de leurs animaux.

Pendant 30 jours, la FAO a dispensé une formation théorique et pratique à des agents communautaires de santé animale. La formation pratique, qui s’est déroulée dans des exploitations agricoles du gouvernorat de Shabwah, a couvert plusieurs thèmes, parmi lesquels la sécurité au travail et la sécurité personnelle, le diagnostic et le choix des traitements adaptés, les pratiques d’élevage, l’administration des médicaments et la consignation des cas.

«Cette formation m’a donné les connaissances et les compétences requises pour aider les exploitants à protéger la santé de leur élevage», déclare Tariq.

«Je sais reconnaître les maladies les plus courantes et dispenser les soins élémentaires correspondants. Je peux aussi sensibiliser à l’importance de la vaccination afin que les éleveurs puissent prévenir les maladies. Je supervise également l’élevage des moutons et des chèvres et je renvoie les cas de maladies plus complexes au service vétérinaire du gouvernorat», précise-t-il.

Un filet de sécurité indispensable

Au Yémen, l’élevage est vital pour la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance et les revenus d’un grand nombre de familles dans les zones rurales et périurbaines. Depuis 2015, le conflit armé perturbe l’accès à des services vétérinaires fiables et efficaces. En outre, les flambées épidémiques sont devenues plus graves et plus fréquentes, ce qui accroît la vulnérabilité des ménages qui sont tributaires de l’élevage pour leurs revenus et leur alimentation.

Hussein Gadain, le Représentant de la FAO au Yémen, explique que la formation de l’Organisation donne aux communautés rurales une plus grande autonomie qui leur permet d’agir pour préserver la santé et la productivité du bétail en période de crise. Il ajoute que l’élevage représente 20 pour cent du produit intérieur brut agricole et que 80 pour cent des exploitations agricoles élèvent des animaux.

«Le bétail n’est pas qu’une source alimentaire et nutritionnelle fondamentale, c’est aussi un bien précieux, une réserve de ressources qui peut servir de garantie à un crédit et qui constitue un filet de sécurité indispensable en temps de crise», déclare M. Gadain.

«Le secteur de l’élevage a absolument besoin de la formation d’agents communautaires de santé animale, car elle permet de suppléer à l’effondrement presque total des services vétérinaires au Yémen, qui est dû au conflit», explique-t-il.

80 pour cent des exploitants agricoles au Yémen possèdent du bétail. L’élevage est une source alimentaire et nutritionnelle fondamentale qui sert aussi de filet de sécurité en période de crise. ©FAO

Une activité importante

Les agents communautaires de santé animale comme Tariq contribuent fortement au renforcement de la résilience des ménages vulnérables qui vivent de l’élevage, car ils réduisent la mortalité des animaux et améliorent la productivité. Pourtant, jusque encore récemment, de nombreuses personnes au sein de la communauté n’accordaient pas beaucoup d’importance à la santé animale.

«Je me suis heurté à de nombreuses difficultés, notamment l’absence générale d’intérêt pour cette profession au sein de la société et la stigmatisation des personnes qui travaillent dans ce domaine. Certains se moquent de nous, ils disent que nous travaillons avec des animaux et pas avec des êtres humains», explique-t-il.

«Avant, les éleveurs ne prenaient pas au sérieux la question des soins aux animaux. Ils pensaient que les animaux ne pouvaient pas être soignés. Mais depuis quelque temps, ils se rendent compte qu’il est avantageux de soigner les animaux, et la prise de conscience de ces bienfaits a poussé beaucoup de personnes à se tourner vers moi pour demander conseil», nuance Tariq.

Tariq déclare être devenu le premier interlocuteur des éleveurs lorsqu’un animal est souffrant.

«Si je suis dans les environs, ils viennent me trouver. Et si je ne peux pas les retrouver, ils me joignent par téléphone», précise-t-il.

Avant de devenir agent communautaire de santé animale, Tariq a travaillé avec des éleveurs pendant près de 10 ans. Il a donc pleinement conscience de l’importance des chèvres et des moutons pour les éleveurs et il sait combien la mort d’un animal est éprouvante.

«Quand on a élevé un animal et qu’on a investi en lui pendant deux ans, et qu’un beau matin on le retrouve mort, c’est une tragédie. C’est pourquoi je dis toujours aux éleveurs que les animaux peuvent aussi tomber malades et qu’il faut les vacciner, les maintenir en bonne santé et bien les nourrir», ajoute-t-il.

Le conflit a perturbé l’accès aux services vétérinaires et aggravé la fréquence et la gravité des épidémies. Les agents communautaires de santé animale pallient cette pénurie afin de maintenir les animaux en bonne santé. ©FAO

Une satisfaction au travail

Tariq juge son travail gratifiant parce qu’il a gagné le respect et l’estime des éleveurs avec lesquels il travaille. Pour lui, c’est une source de satisfaction.

«Je ne considère pas mon travail comme un simple moyen de gagner de l’argent. Pour moi, c’est un noble service rendu à autrui», affirme-t-il.

Faisant partie du personnel en première ligne, les agents communautaires de santé animale assurent une surveillance régulière des maladies, dont ils signalent les cas dans les régions isolées du Yémen. Grâce aux vaccins qu’ils ont administrés, l’incidence des maladies a baissé tandis que la production et la productivité du bétail ont progressé. Par ailleurs, grâce à l’amélioration de l’accès aux services vétérinaires, les éleveurs aidés par la FAO font état d’une hausse des taux de survie de leurs animaux.

Au Yémen, ce sont les agents communautaires de santé animale comme Tariq qui sont devenus indispensables dans la lutte contre les récentes flambées de maladies animales et leur gestion. Ils jouent un rôle essentiel en faveur de la santé animale, des bonnes pratiques d’élevage et d’une bonne production animale, en palliant les lacunes des services vétérinaires provoquées par le conflit.

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