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Innovation et tradition au service des forêts millénaires de Papouasie-Nouvelle-Guinée


Aider une communauté autochtone à surveiller la forêt grâce à la technologie satellite et aux tablettes numériques

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En Papouasie-Nouvelle-Guinée, les forêts sont la plupart du temps la propriété des peuples autochtones. Le programme AIM4Forests de la FAO fournit à ces derniers des moyens technologiques pour lutter contre le déboisement. ©FAO/ Cory Wright

20/03/2024

Besta Pulum ne peut cacher son enthousiasme devant la tablette numérique qu’il a entre les mains. «Dans ma jeunesse, je ne connaissais pas ce type d’ordinateur. Maintenant que je l’ai devant les yeux, je n’arrive plus à dormir [à cause de l’excitation]», raconte le chef de la communauté, qui estime être âgé d’environ 60 ans.

Comme son père avant lui, il prend soin depuis toujours de 800 hectares d’une épaisse forêt tropicale dans les hauts plateaux occidentaux du pays, une zone reculée située à environ 550 kilomètres au nord-ouest de Port Moresby, la capitale de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

«Avant, c’était très difficile de surveiller les frontières de la zone», explique-t-il. Il n’aura fallu que quelques minutes à Besta pour comprendre que la carte satellite de la forêt sur son écran lui permettait de voir avec précision les frontières de son périmètre de forêt sans avoir à marcher pendant des jours. Il peut désormais surveiller la zone en s’appuyant sur des images satellite en haute résolution.

Cette innovation technologique a été rendue possible grâce à AIM4Forests (Accélérer le suivi innovant des forêts), un programme novateur lancé en 2023 par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Gouvernement du Royaume-Uni.

L’objectif est à la fois de fournir aux pays des moyens techniques pour lutter contre le déboisement et d’associer directement les peuples autochtones à la surveillance des forêts. C’est particulièrement important dans un pays comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée, où les forêts sont la plupart du temps la propriété des peuples autochtones.

Cette nation insulaire du Pacifique Sud abrite 7 pour cent de la biodiversité de la planète et la troisième plus grande forêt ombrophile du monde, qui sert d’habitat à une grande diversité d’animaux et d’espèces d’oiseaux, dont le casoar, un oiseau peu banal, qui ne peut pas voler. Le pays regorge de ressources naturelles, mais manque de moyens techniques pour les surveiller et les gérer de manière efficace.

«Beaucoup d’éléments indiquent que les peuples autochtones sont les meilleurs gardiens de la forêt. Nous nous efforçons donc de pousser dans ce sens et de trouver des moyens techniques pour aider ces peuples à encore mieux assurer leur mission», explique Julian Fox, Forestier principal à la FAO. Besta veut protéger sa forêt car elle permet à sa communauté de se nourrir, de s’abriter et de vivre. «Nous essayons de trouver une solution technique pour l’aider», assure Julian Fox.

Grâce à un nouvel outil appelé Open Foris Ground, fruit d’une collaboration entre la FAO et Google, Besta peut délimiter et surveiller son périmètre de forêt grâce à une interface cartographique. Ainsi, il peut s’assurer que la forêt reste inviolée. ©FAO/

Ce qui plaît le plus à Besta, c’est la possibilité de faire un zoom avant et arrière sur son périmètre de forêt. Ceci est possible grâce à un nouvel outil appelé Open Foris Ground, fruit d’une collaboration entre la FAO et Google. Il s’agit d’une interface cartographique utilisable à partir d’une tablette numérique ou d’un téléphone portable. Les gardiens peuvent délimiter leur périmètre de forêt simplement en sélectionnant des points sur l’écran. À partir de là, ils peuvent surveiller la zone en utilisant Google Earth pour s’assurer que la forêt et les terres restent saines et inviolées.

Comme l’explique Besta, veiller sur une si grande forêt et toutes ses ressources n’est pas une mince affaire. «Il y a beaucoup de choses dans notre forêt. Il y a le casoar, mais aussi des larves d’insectes dans le bois. J’entaille les arbres pour les récolter. Si la forêt disparaît, toute la vie animale disparaîtrait avec elle. Les animaux s’en iraient.»

Son mode de vie et celui de toute sa communauté sont en jeu. «Cette partie de la forêt, j’en prends soin. Je ne la détruis pas», conclut-il.

Besta et sa famille se soignent grâce à la forêt. «Si je coupe tout, où trouverais-je des remèdes? Il y en a plein dans ma forêt. Mes grands-parents les utilisaient et maintenant c’est à mon tour. Mes enfants après moi feront de même. C’est pour ça que je continue de prendre soin de ma forêt.»

AIM4Forests est en train d’être lancé avec un sentiment d’urgence dans un total de 20 pays. En effet, plus de 420 millions d’hectares de forêt ont disparu depuis 1990. ©FAO/ Cory Wright

Besta n’est qu’un gardien parmi d’autres dans les 20 pays dans lesquels la FAO, en collaboration avec le Programme ONU-REDD, est en train de lancer le programme AIM4Forests avec un sentiment d’urgence. En effet, plus de 420 millions d’hectares de forêt ont disparu depuis1990. Cette disparition est non seulement synonyme d’une perte de diversité biologique, mais impacte également la régulation du climat et les moyens de subsistance de millions de personnes.

En Papouasie-Nouvelle-Guinée, le programme AIM4Forests vise à mettre un terme à la déforestation et à remettre en état des terres dégradées, dans le cadre d'une initiative mondiale bien plus large qui a pour objectif de restaurer un milliard d’hectares d’ici 2030. Le programme est axé sur l’alliance de la technologie avec le savoir traditionnel de Besta et son rôle de chef d'une communauté qui veille sur ces terres depuis des générations.

Besta partage clairement cette vision de l’avenir: «Mon souhait est qu’elles [ses trois filles] étudient. Je veux qu’elles utilisent l’informatique.»

Besta est conscient qu’il est important que ses enfants prennent en main cette technologie, qui aidera bientôt les nouvelles générations autochtones à protéger ces précieuses ressources forestières dans un grand nombre de pays.

Associée à des méthodes participatives, l’utilisation des technologies géospatiales et de l’information, comme cet outil innovant, vise à garantir, prendre en compte et documenter le droit des peuples autochtones à un consentement libre, préalable et éclairé, ainsi que la participation active de ces peuples aux initiatives de surveillance des forêts.

La mise en œuvre du programme a déjà débuté dans 11 pays: Bolivie, Brésil, Ghana, Guatemala, Indonésie, Kenya, Ouganda, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Pérou, République démocratique du Congo et Viet Nam. En Papouasie-Nouvelle-Guinée et dans nombre de ces pays, le projet met la puissance de la technologie moderne au service du savoir traditionnel irremplaçable des anciennes générations.

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La vidéo a été filmée avec le consentement libre, préalable et éclairé des peuples autochtones concernés.

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