FAO au Gabon

Développer durablement l’agriculture et les systèmes alimentaires en Afrique pour améliorer les moyens de production et créer des emplois décents et attrayants pour les jeunes

Le Coordonnateur du Bureau sous-régional de la FAO pour l'Afrique centrale, Hélder Muteia prend la parole lors de la Conférence régionale pour l’Afrique. Photo: © FAO / Luis Tato
19/03/2018

19 mars 2018, Libreville – La trentième Conférence régionale de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour l’Afrique portant sur le thème «développement durable de l’agriculture et des systèmes alimentaires en Afrique : amélioration des moyens de production et création d’emplois décents et attrayants pour les jeunes » s’est déroulée du 19 au 23 février 2018 à Khartoum au Soudan. L’objectif général poursuivi par cette rencontre auquel a pris part le Coordonnateur du Bureau Sous-Régional de la FAO pour l’Afrique centrale et Représentant de la FAO au Gabon, Hélder Muteia, était de réaliser des consultations de haut niveau afin d'indiquer les problèmes spécifiques à la région et les domaines prioritaires dont il conviendrait de tenir compte dans l'élaboration du Programme de travail et budget pour l'exercice biennal suivant, et en vue d'adapter les objectifs à plus long terme de l'Organisation aux besoins de la région. La conférence a réuni des ministres et autres délégués de haut niveau provenant d'États Membres de la FAO, des partenaires, des représentants des organisations de la société civile en Afrique et des médias.

A l’issue de cette rencontre, le Coordonnateur du Bureau Sous-Régional pour l’Afrique centrale et Représentant de la FAO pour le Gabon, Hélder Muteia a accordé un entretien au journal Economie Gabon+. Nous vous livrons l’intégralité de cet entretien.

Monsieur le Coordonnateur, du 19 au 23 février dernier vous avez pris part à la 30ème Conférence Régionale de la FAO pour l’Afrique qui s’est tenue à Khartoum, au Soudan. Quels furent les principaux sujets abordés et quel a été le leadership du Gabon au sujet des questions liées à la sous-région Afrique centrale ?

Hélder Muteia : La réunion de Khartoum s’est tenue sur le thème « développement durable de l’agriculture et des systèmes alimentaires en Afrique : amélioration des moyens de production et création d’emplois décents et attrayants pour les jeunes », et s’est déclinée en trois étapes importantes et complémentaires. Une réunion d'experts qui a traité en détail des principaux défis des systèmes agro-alimentaires en Afrique; des événements parallèles qui ont favorisé des questions transversales d'importance majeure; une table ronde ministérielle qui a un caractère plus décisif sur les politiques qui devraient être adoptées dans le contexte africain, sous-régional et national.

Parmi les principaux thèmes abordés, soulignons le défi «  Faim zéro » dans le contexte africain, en accord avec les Objectifs de développement durable (ODD), les déclarations de l'Union africaine, le Programme détaillé de développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA), les déclarations de Maputo et Malabo, avec mise en évidence de leur caractère multisectoriel et multi-participatif. Par ailleurs, les échanges ont mis en exergue l'importance de la durabilité environnementale et de la biodiversité, la nécessité de créer des emplois décents pour les jeunes et les femmes ainsi que la lutte contre les ravageurs et les maladies dans le secteur agricole, en particulier la chenille légionnaire d’automne. La présentation des priorités sous-régionales pour le secteur agroalimentaire a constitué un moment particulier au cours duquel l’Afrique centrale a présenté son point de vue à travers la Déclaration de Libreville, document adopté par les ministres de l’Agriculture, des Etats membres de la CEEAC en décembre 2017, sous l’impulsion du Ministre gabonais Yves-Fernand Manfoumbi.

Quels est l’impact des conclusions et recommandations de la Conférence régionale pour le Gabon?

Hélder Muteia : Compte tenu des défis actuels, en particulier la chute des prix du baril de pétrole, la décision qui pourrait avoir un impact majeur sur l'Afrique centrale est la recommandation d'utiliser les avantages comparatifs et compétitifs sous régionaux en termes de disponibilité des terres et de l'eau, pour diversifier les économies et créer des emplois décents pour les jeunes et les femmes. Lors de la Conférence régionale de la FAO, il a été établi que cet effort doit être fait de manière durable, car l'Afrique centrale possède l'un des écosystèmes les plus vastes et les plus riches du monde (forêts, lacs, rivières et régions côtières). Cette richesse nous permet également de rechercher de nouvelles sources d’aliments et de nouvelles solutions nutritionnelles et technologiques.

Pour une agriculture plus compétitive, l'encadrement du secteur privé et sa responsabilité dans l'utilisation des ressources ont également été soulignés ainsi que la résolution des conflits entre agriculteurs et éleveurs. L'Afrique centrale a présenté la déclaration des Ministres de l'agriculture de l'Afrique centrale qui a été applaudie comme un bon exemple de priorisation et de coordination sous régionales.

La  principale contribution de la FAO est l’assistance technique au développement de l’agriculture et à la lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Gabon. Un nouveau cadre de programmation pour la période 2017 -2022. Quels sont les domaines prioritaires identifiés dans le cadre de la coopération entre le Gabon et la FAO ?

Hélder Muteia : Le Cadre de programme pays est un document stratégique de coopération entre l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Gabon. Il faudrait au préalable rappeler que la définition des priorités de ce Cadre de programmation pays (CPP) pour le quinquennat 2017-2022 a été faite sur la base des recommandations de l’évaluation du premier CPP qui a été exécuté au cours de la période 2013-2016, des priorités nationales contenues dans le Plan Stratégie Gabon Emergent (PSGE), celles du Plan Cadre des Nations Unies pour l’Aide au Développement (PCNUAD) et en en lien avec les objectifs stratégiques de la FAO.

C’est dans ce contexte que trois domaines prioritaires ont été retenus et couvrent les actions dans l’ensemble des sous-secteurs de l’agriculture au sens large du terme. Ces domaines prioritaires s’articulent autour de différents points : (i) Le renforcement de la gouvernance institutionnelle et des capacités nationales; (ii) La gestion durable des ressources naturelles et (iii) ; Le développement des chaines de valeurs durables dans l’agriculture, l’élevage, la forêt, la pêche et l’aquaculture.

Leur mise en œuvre nécessite que les ressources financières soient mobilisées de façon conjointe, entre le gouvernement, la FAO et les autres bailleurs de fonds afin de pouvoir atteindre les objectifs fixés pour le développement du secteur agricole au Gabon à la fin  de la période couverte par le CPP.

Le Gabon s’est engagé dans la diversification de son économie et mise sur des secteurs tels que l’agriculture pour accroître son PIB, lutter contre le chômage chez les jeunes, comment la FAO accompagne le Gabon dans ce processus?

Hélder Muteia : L’un des plus grands défis du Gabon est la nécessité de diversifier l'économie pour une croissance plus durable. Le secteur agroalimentaire offre des avantages comparatifs et compétitifs pour atteindre ce résultat. L'une des priorités établies conjointement avec le gouvernement est le développement de chaînes de valeur dans l'agriculture, l'élevage, pisciculture, ainsi que les produits forestiers non ligneux. Ces initiatives mobiliseront et motiveront certainement les jeunes à s'intéresser au secteur. Cela permettra également de passer d'une agriculture essentiellement de subsistance à une agriculture plus intégrée sur le marché.

Pour que l'environnement soit favorable à cet objectif, il est important de régulariser l'accès à des terres fertiles et à l'eau pour l'irrigation à travers des politiques et une législation adéquate; l'accès à des technologies plus productives à travers des programmes de formation et des systèmes de vulgarisation; l'accès aux marchés locaux et internationaux grâce à la promotion de la qualité, au traitement des politiques et des technologies; et l'accès au crédit grâce à des partenariats solides avec le secteur bancaire, le secteur privé et d'autres initiatives de microcrédit.

Les initiatives peuvent être privées ou coopératives. Tout dépend des possibilités et des opportunités disponibles sur le terrain, et de la volonté des producteurs. Chaque cas présente des avantages et des inconvénients. La FAO propose des instruments spécifiques à utiliser selon l'un ou l'autre choix. La seule nécessité est que les initiatives soient durables sur le plan économique, social et environnemental.

 

Contact:

Levy Bouassa, Communication, FAO Gabon. Email: [email protected]

Hyacine Kacou-Amondji, Communication, Bureau Sous-régional de la FAO pour l’Afrique centrale. Email: [email protected]