Les partenariats public-privé stimulent le renforcement des capacités et du savoir-faire dans le secteur agricole

La FAO et l’Irlande s’emploient à renforcer le secteur agricole en Afrique grâce aux partenariats public-privé 

Faits saillants

Jusque dans les années 1970, la situation du secteur agricole de l’Irlande était assez semblable à celle que connaissent de nombreux pays en développement aujourd’hui: plus d’un quart de la population travaillait dans de petites exploitations, les possibilités de création de valeur ajoutée étaient rares et l'exode rural était massif. Au cours des années 1990, le secteur alimentaire irlandais a entamé un processus de transformation rapide. Aujourd’hui, l'Irlande est l'un des chefs de file mondiaux en ce qui concerne la sécurité sanitaire et la traçabilité des aliments, ainsi qu'en termes de durabilité environnementale, ce qui lui permet d'être présente sur les marchés des produits alimentaires à forte valeur de l’Union européenne, de l’Asie et des États-Unis d'Amérique. Dans le cadre d’un projet en cours, la FAO travaille avec l’Irlande et la Commission de l’Union africaine afin de faciliter la circulation d’idées entre ces deux entités et de favoriser les échanges d’informations fructueux et la mise au point de solutions aux problèmes communs rencontrés dans leurs secteurs agricoles, l’accent étant placé sur l’importance que revêtent les partenariats avec le secteur privé.

Importance des partenariats public-privé

Dans le contexte actuel marqué par des ressources publiques limitées, les partenariats novateurs, qui rassemblent entreprises, administrations publiques et acteurs de la société civile, revêtent une importance croissante si l’on veut améliorer la productivité et stimuler la croissance dans les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture partout dans le monde.  Le secteur public et le secteur privé présentent des avantages certes différents mais aussi complémentaires qui, si on les associe, sont susceptibles de donner d'excellents résultats.

Dans le secteur agricole, les partenariats public-privé (PPP) peuvent avoir une incidence concrète. Ils permettent d'allier l’efficacité opérationnelle et économique du secteur privé à la mission de création d'un environnement porteur du secteur public, ainsi qu'au rôle de régulateur de ce dernier, afin de garantir la prise en compte des intérêts sociaux et environnementaux. Les PPP sont susceptibles de stimuler la modernisation du secteur agricole et de générer des avantages qui contribuent à un développement agricole inclusif et durable. Les objectifs de développement durable (ODD) du Programme 2030 indiquent clairement qu’il faut établir davantage de relations constructives entre les politiques publiques, le secteur privé, la recherche, la science et l’éducation dans tous les domaines, y compris les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture. Grâce aux PPP dans le domaine de l'agriculture, nous sommes en mesure d’encourager un développement agricole durable assorti d’une assise financière solide.

La FAO, l'Irlande et la Commission de l’Union africaine (CUA)

Dotée de vastes surfaces de terres arables non cultivées et de la population la plus jeune du monde, l’Afrique pourrait non seulement répondre à ses propres besoins alimentaires mais aussi nourrir une grande partie du monde. La population en expansion, l’urbanisation croissante et la plus forte pression exercée sur la production alimentaire durable et éthique modifient les régimes alimentaires et les modes de production des aliments. Pour être compétitif, il faut tenir compte de ces évolutions et trouver des moyens novateurs de s’y adapter.

Quelle est la meilleure façon de le faire? Comme le montre l’exemple irlandais, une stratégie agricole claire, qui met à contribution toutes les parties prenantes, y compris le secteur privé, constitue la base de la transformation du secteur. L’expérience irlandaise des partenariats entre le secteur privé et le secteur public pour transformer la production agricole offre une possibilité de coopération Nord-Sud et permet aux pays d’échanger des expériences acquises sur l’établissement de secteurs agroalimentaires durables et producteurs d’aliments nutritifs.

Dans le cadre de son programme de coopération triangulaire et de l'initiative Main dans la main, la FAO a collaboré avec la Commission de l'Union africaine (CUA) et le Gouvernement irlandais sur ce thème. En 2017, dix pays africains ont représenté leur continent à un atelier organisé en Irlande, auquel ont participé des dirigeants du secteur public et du secteur privé. Cet atelier et un voyage de formation en Irlande ont permis aux pays participants de mettre en commun leurs expériences et de découvrir les bons résultats obtenus par le secteur agroalimentaire irlandais.

Afin de poursuivre l'échange de connaissances, la FAO, la CUA, le Gouvernement irlandais et le Gouvernement rwandais, en qualité d’hôte, ont  ensuite organisé un atelier d’accompagnement personnalisé d'une durée de quatre jours. Tenu à Kigali en juillet 2019, cet atelier conçu à l'intention des dirigeants africains du secteur public et de la filière agroalimentaire a mis l’accent sur la participation du secteur privé au développement de systèmes alimentaires durables.

Il a conduit les équipes nationales représentant la filière alimentaire et les ministères de l’agriculture, du commerce et de la planification à recenser les principaux points qu'il fallait traiter pour transformer le secteur agroalimentaire de leur pays.

Résultats

Fortes des idées échangées au cours de l’atelier, les équipes de pays ont commencé à mettre en œuvre des stratégies dans leurs pays respectifs.

Au Kenya, les participants ont rencontré le Secrétaire permanent du Ministère de l’agriculture. Celui-ci s’est engagé à mettre en œuvre au cours des deux prochaines années un certain nombre d’initiatives qui permettront de renforcer la participation du secteur privé à la stratégie. Il s’agit notamment de créer une plateforme destinée aux acteurs du secteur privé, de mettre en place un comité de haut niveau rassemblant les parties prenantes du secteur privé et du secteur public, afin qu’elles aient voix au chapitre et de lancer les procédures permettant d’associer le secteur privé à la mise en œuvre de la stratégie de transformation de l’agriculture.

En Ouganda, un atelier de suivi organisé par la FAO avec le gouvernement a abouti à la formulation d’une stratégie relative à la participation du secteur privé au nouveau Plan national d’investissement agricole. La FAO et la CUA continueront d’appuyer ces processus nationaux, tout d'abord au moyen d'une formation sur mesure destinée aux fonctionnaires ougandais en décembre 2019, à l'appui du lancement du plan stratégique du secteur agricole en 2020. Cette formation permettra aussi des échanges avec des représentants du secteur public et du secteur privé du Kenya et de la République d’Irlande.

Le secteur agroalimentaire peut jouer un rôle essentiel dans le nouvel élan donné à la transformation économique de l’Afrique et contribuer ainsi à faire reculer la pauvreté rurale, offrir des aliments nutritifs et créer des emplois à l’intention des millions de jeunes Africains qui entrent sur le marché du travail chaque année.

Consciente que les objectifs de développement durable ne peuvent être atteints qu’avec l’établissement de partenariats à tous les niveaux, la FAO favorise activement ce type de collaboration dans le monde entier et a élaboré une série de directives relatives aux partenariats public-privé, afin d’encourager un développement du secteur agroalimentaire fondé sur la collaboration et l’innovation.

Les partenariats public-privé  à l’appui du développement du secteur agroalimentaire revêtent une importance critique au regard de l’ODD 2, en favorisant l’établissement de systèmes alimentaires durables et résilients garants d’une alimentation saine, et au regard de l’ODD 1, en éliminant la pauvreté.

Approfondissements

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