Approvisionnement en juvéniles
La majorité des cultures de moules dépend de l’utilisation de naissain naturel généralement disponible grâce à l’apport naturel abondant. Cependant, la technologie d’écloserie peut aussi en fournir.
Naissain naturel
Les moules sont caractérisées par une fécondité élevée et une phase de larves vivantes libres mobiles, qui ont facilité leur grande distribution. La disponibilité des juvéniles influence fortement le choix des techniques de culture utilisées. Quand les juvéniles naturels sont utilisés, plusieurs collecteurs de naissain sont employés comme des cordes en polyéthylène et cordes en fibres de palmier ou de noix de coco.
Production d'écloserie
Une des issues clés de la culture des moules est l’approvisionnement en juvéniles. Les juvéniles produits en écloseries ont été utilisés durant les années 70 en Chine comme un supplément au naissain collecté naturellement, mais maintenant il y a un apport fiable et abondant dans cette région du monde, suffisant pour assurer la durabilité de la production. Les écloseries de coquillage permettent à l’industrie de produire des juvéniles d’une manière continue et à un coût acceptable, et d’utiliser les polyploïdes, les hybrides, et les souches sélectionnées. Quoique l’utilisation de naissain produit en écloseries ne soit pas encore anodine. Cette technologie peut aussi corriger la fixation irrégulière de naissain qui avait affectés les populations naturelles au cours des dernières 10 années dans les eaux européennes.
La production en écloseries est basée sur le conditionnement des moules en utilisant des algues comme nourriture et en ayant une température contrôlée. Le cycle de maturation naturelle est actuellement reproduit en écloserie. Les moules matures sont nettoyées et suspendues en groupes dans les bacs de larves. La ponte de
M. edulis est induite par un choc thermique ou par lacération. Une fois la ponte est terminée, les larves auront besoin de 24 heures pour atteindre le stade de charnière droite. Les larves sont nourries à volonté
ad libitum et sont maintenues jusqu’à ce qu’elles soient prêtes pour la fixation sur des cordes (13-15 jours). Déployées dans des bacs de fixation, les moules d’une taille de 1 mm, sont transférées à la nourricerie, où elles vont rester jusqu’à ce qu’elles atteignent 6-10 mm; ensuite le naissain est déplacé aux structures de grossissements en pleine mer.
Techniques de grossissement
Le taux rapide de croissance des moules assure que le produit de taille commerciale peut être obtenu après une courte période (<2-3 ans). Le fait qu’elles utilisent les filaments de byssus pour s’attacher à n’importe quel substrat dur facilite la culture et représente un critère qui distingue les moules des autres mollusques cultivés. Différentes techniques, décrites ci-dessous, sont utilisées pour le grossissement, incluant le tidal (à plat ou bouchot) et le sub-tidal (à plat, sous radeau et filières).
Culture à plat
La culture extensive à plat est basée sur le principe de transfert de juvéniles de moules (naissain) à partir des zones où elles se sont fixées en abondance aux zones de cultures où elles sont étalées à des densités plus faibles, et ce, pour obtenir des taux de croissance et d’engraissement élevés, et pour contrôler la prédation. Les juvéniles sont draguées du fond du substrat marin et sont ensuite étalées dans des sites de cultures (zones tidales ou sub-tidales), où la capacité de charge « carrying capacity » est optimale. Les sites de culture sont normalement préparés par stabilisation du fond avant la mise en place de naissain. Malgré l’existence d’une certaine variabilité, la récolte à partir de naissain étalé (avec les débris dragués) peut atteindre, environ 1 tonne de moules de taille commerciale. Une biomasse de stockage de 25-30 tonnes/ha (moules moitié cultivées) étalée en printemps aura besoin de 14-24 mois pour qu'elle soit mature (rendement 50-70 tonnes poids frais/ha). Les mytiliculteurs doivent enlever les prédateurs et les macroalgues durant le cycle de l’élevage pour faciliter la croissance. Un processus de re-arrosage peut être réalisé avant commercialisation pour éliminer les moules faibles et endommagées.
Culture sur bouchot
La technique de culture sur bouchot, qui peut combiner la collecte de naissain et son grossissement, n’a pas beaucoup changé depuis ses débuts (13ième siècle) en France. Les piquets en bois sont enfoncés dans le substrat intertidal sous forme de rangées (bouchots). Chaque piquet mesure 4-7 m de longueur, 15-25 cm de diamètre, et dépasse 2-3 m en dessus du substrat. Plusieurs types de bois sont actuellement utilisés, incluant le pin, le chêne, et plus récemment le bois dur brésilien en carré. Les structures d’élevage sont de 50-60 m de long, avec 120-130 piquets en une seule ou double ligne, pour la fixation de naissain et 80-90 piquets pour le grossissement. Les Bouchots doivent être espacés de 25 m. La fixation de naissain se fait intensivement au printemps directement sur les piquets en bois ou sur les cordes horizontales en fibres de noix de coco suspendues sur les piquets avant fixation. Les juvéniles sont donc transférés en été des filets tubulaires qui sont attachés autour des piquets de grossissement. Les filets tubulaires sont cloués sur les deux cotés. Les juvéniles de moules se propagent, éventuellement, pour couvrir le piquet en entier. Chaque piquet produit environ 60 kg de poids frais de moules.
Culture sous radeau
Pour l’expansion de la production des moules, les producteurs de moules au Maine (États-Unis d'Amérique) sont entrain de développer la culture en suspension en utilisant des systèmes sous radeau de triple ponton de 12. Chaque radeau produit 45 tonnes de moules dans un cycle d’élevage de 18 mois.
Culture sur filières (culture sur corde)
Cette pratique de culture des moules est la plus récemment développée. Bien que plusieurs types existent, les filières subflottantes ont été développées en France pour résister aux tempêtes et aux influences des vagues, et sont particulièrement adaptées aux zones montrant les grands cycles de marée. Cette technique permet une culture hautement mécanisée et des productivités de 18-20 tonnes/ha/an. Un système multi-filière utilisant de 7 à 9 headlines a été aussi développé en Norvège et en Suède. Temporairement, l’installation des filières de moules constitue une partie des pratiques d’élevage conçues pour mettre la récolte en dessous de la surface de glace durant les mois d’hiver (Canada). Le contrôle de la flottabilité est nécessaire pour ce système. Les flotteurs sont connectés ensemble avec des lignes horizontales capables de tenir un grand nombre de cordes verticales sur lesquelles les moules sont cultivées. Le juvénile est soit attrapé par le collecteur en cordes suspendues aux lignes flottantes, soit rassemblé à partir des zones de fixation naturelles intertidales. Le désatroquage, le détroquage et la re-fixation de juvéniles sur les cordes d’élevage ou le catinage sont pratiqués jusqu’à que les moules atteignent la taille commerciale.
Techniques de récolte
Une fois les moules atteignent la taille commerciale (environ 40 mm, en 12 à 15 mois), différentes techniques de récolte sont utilisées, dépendant de la zone et des pratiques d’élevages. Les moules cultivées sur des piquets en bois sont récoltées à la main ou, plus communément, en utilisant des systèmes hydrauliques qui enlèvent toutes les moules en même temps. Un cylindre est baissé jusqu’au fond, fermé, tiré en haut et les moules sont déversées dans une remorque ou récipients embarqués. Des fourchettes hydrauliques sont aussi utilisées pour décharger. Les dragues sont actuellement utilisées pour les cultures à plat, un exemple est le système, utilisé aux Pays Bas, à quatre dragues en acier (1,9 m largeur) constitué de 8 tonneaux hydrauliques ou pneumatiques aux Pays Bas. Sur les fonds durs, la drague en acier est fournie avec des lames en acier de 2x2 cm.
Manipulation et traitement
Dans les zones non polluées, les moules draguées sont nettoyées et triées par taille directement sur les ponts des bateaux avec un appareil automatique.
M. edulis peut aussi être temporairement stockée dans des estrans remplis d’eau où elles restent pendant 2 semaines, durant lesquelles elles excrètent de la vase, du gravillon, et du sable et se rétablissent du stress du dragage. Ensuite elles sont transférées aux usines de traitement, où des appareils automatiques sont actuellement utilisés pour le nettoyage, désatroquage, débyssussage, et le triage. Les moules de taille commerciale sont emballées dans des sac de 15-25 kg et sont généralement vendues sur le marché du frais. Cependant, les moules bleues sont commercialisées sous plusieurs formes: congelées – paquets surgelées – paquets sous vide ou cuisinées et traitées.
Dans les Pays Bas, des équipements automatiques sont utilisés pour le nettoyage, désatroquage, le triage, et débyssussage des moules qui sont, alors, soit commercialisées directement (70 pour cent marché du frais) soit cuisinées sous pression continue, ou préparées sous forme de quiches individuelles congelées. En Danemark, il est considéré que la production des moules cultivées en filières est réussie si elles sont vendues fraîches, à cause du coût élevé de la main d’œuvre. Ces produits sont capables d’entrer en compétition avec les moules des gisements naturels qui sont destinées à l’industrie des conserves (bouillies et mise en bocaux ou boites). Les moules fraîches peuvent être exportées dans des sacs en plastiques ou des sacs en jute, soit pour le marché du frais ou l’industrie de traitement des moules avant leur vente.
Des recettes valorisées de moules sont aussi produites: telles que les moules bouillies pour être surgelées seules ou garnies; des plats en boites non périssables tels que des moules en beurre, ou fumées ou préparées avec de l’huile dans des boites. D’autres recettes de moules périssables sont aussi produites comme des moules en vinaigre qui sont vendues dans des pots, boites et seaux. Presque la totalité des produits français sont vendus directement sur le marché du frais. En Chine, une partie de la production est commercialisée fraîche mais la majorité est passée à la vapeur et séchée. Quelque moules sont aussi cuisinées pour produire des sauces d’huître, ou sont directement utilisées comme nourriture pour les cultures de crevettes et les escargot
Rapana.
Coûts de production
Les coûts de production sont très variables, l’efficacité-coût dépend directement de la productivité du site, de la densité d’élevage et des techniques et méthodes d’élevage. L’utilisation des équipements automatiques ou dragues qui réduisent le coût de la main d’œuvre a tendance à optimiser la rentabilité. Le niveau de l’approvisionnement, ainsi que la compétition avec la production naturelle provenant de la pêche, affecte les prix du marché et par la suite le rendement global. De plus, l’approvisionnement en naissain et le taux de la prédation par les canards, mouettes et crabes présentent des facteurs significatifs dans la détermination du coût et du rendement de la production globale.
Infection parasitaire |
Marteilia maurini |
Protozoaire |
Potentiellement létal; infiltration hémocytaire de la glande digestive (tissus conjonctifs et épithéliaux); destruction extensive de la glande digestive par de fortes infections |
Aucune mesure curative; prévention et sélection de site; contrôle du transfert de moules |
Maladie virale |
Virus comme Picornaviridae |
Virus |
Fortes mortalités |
Vibrioses |
Vibrions |
Bactérie |
N’est pas spécifié |
Rickettsioses |
Organisme comme Rickettsia; et Chlamydia |
Bactérie |
Microcolonies dans les cellules épithéliales des branchies et de la glande digestive |
Aucune mesure curative et sélection de site |
Différentes infections parasitaires |
Steinhausia mytilovum |
Micro-sporidie |
Infecte le cytoplasme de l’ovaire d’une moule mature; incite à une forte infiltration hémocytaire |
Aucune mesure curative; prévention et sélection de site; contrôle du transfert de moules |
Cliona |
Eponge |
Pénètre le périostracum en formant des trous dans la surface externe et un réseau de tunnel à travers la coquille |
Aucune |
Prosorhynchus sp. |
Bucephalid trématode |
Le manteau montre une coloration anormale (mélange de jaune-blanc) chez les individus fortement affectés; castration; faiblesse; blessures gaping |
Aucune |
Polydora ciliata |
Polychète annélide |
trous & blessures; mortalités; réduction de l’indice de conditionnement; perte de la qualité exigée par le marché |
Aucune |
Petit crabe parasite « Pea crab parasites » |
Pinnotheres pisum |
Crustacé |
Réduit la valeur sur le marché |
Aucune mesure curative; diminuer les densités de stockage |
Maladies du « ver » rouge |
Mytilicola intestinalis; Mytilicola orientalis |
Copépodes |
Normalement hôte mais peut retarder la croissance |
Concernant la réglementation de la culture des coquillages, les mesures préventives ont pour objectif de limiter les importations des seuls pays où il n y a pas d’éruption de maladie, selon la liste spécifiée par OIE (voir le Code International de la Santé des Animaux Aquatiques (pathogènes à déclaration obligatoire). Même s’il ne s’agit pas de pathogène à déclaration obligatoire, le protiste parasite
Marteilia maurini est porté par la moule bleue qui constitue un hôte, contrairement à
M. refringens, parasite à déclaration obligatoire, et qui est le parasite épizootique de l’huître. Ceci indique que les mouvements des moules ne sont pas affectés par les législations sur les maladies à déclaration obligatoire. Bien que des mortalités élevées causées par des parasites ou de maladies infectieuses n’aient pas encore été rencontrées chez
M. edulis, plusieurs parasites peuvent être potentiellement nuisibles. Le transfert des moules avec des parasites doit être mené avec précaution. La surveillance des populations de
M. edulis et des parasites est très importante pour prévenir et limiter les risques associés.
Fournisseurs d’expertise en pathologie
L’assistance peut être obtenue à partir des organismes suivants:
- European Shellfish Zoosanitary Reference Laboratory, IFREMER La Tremblade, BP 133, 17390 La Tremblade, France.
- Instituto de Investigaciones Marinas Consejo Sup. de Invest. Cie., Eduardo Capelo 6, 36208 Vigo, Spain.
- University of Prince Edward Island, Faculty of Veterinary Medicine, Charlottetown, PE C1A 4P3, Canada.
- Department of Fisheries, Marine Fisheries Research Centre, Abbotstown, Castel Dublin 15, Republic of Ireland.
- CIDC Lelystad, Institute for Animal Disease Control, PO Box 2004, 8203 AA Lelystad, The Netherlands.