| DISTRIBUTION RESTREINTE MAG/76/002 DECEMBRE 1979 |
- M A D A G A S C A R -
 | Bilan de la Situation des Pêches : aux Pangalanes Est (Zone Tematave-Andevoranto) au Lac Anony (région Fort-Dauphin) Perspective et Aménagement. |
Bilan de la Situation des Pêches :
aux Pangalanes Est (Zone Tematave-Andevoranto)
au Lac Anony (région Fort-Dauphin)
Perspective et Aménagement.
Rapport préparé pour le Project de
Développement des Pêches Continentales et de l'Aquaculture
par
G. LASSERRE
Consultant F A O
(Ecologie et Aménagement des Pêches)
Ce rapport fait partie d'une série qui a été préparée au cours du Projet du P.N.U.D. mentionné sur la page de titre.
Les conclusions et recommandations figurant dans ce rapport sont celles qui ont été estimées justifiées à l'époque où il a été rédigé. Les nouvelles connaissances acquises dans les stades ultérieurs du projet pourraient éventuellement les modifier.
Les appellations employées dans ce document ainsi que la présentation des données qui y figurent n'impliquent de la part de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture aucune prise de position quant au statut juridique ou constitutionnel de tel ou tel pays ou territoire, région marine, lacustre ou fluviale, ni quant au tracé de ses frontières.
- RESUME ET CONCLUSIONS -
A - PANGALANES-EST
MOTIVATIONS :
La pêche constitue la seule production animale de la région. Elle jouit d'une situation économique favorable : Centre urbain de Tamatave relié à la zone de production par chemin de fer.
diminution des rendements d'exploitation des Poissons :
30 Kg/ha/an en 1966, 6 à 8 Kg/ha/an en 1978, 1–2 Kg/ha/an prévu en 90.
SITUATION GEOGRAPHIQUE ET ECOLOGIQUE :
La zone étudiée concerne 10.000 Ha orientée Nord-Sud. Elle communique, à ses deux extrémités avec la mer par l'intermédiaire des estuaires de l'IVONDRO au Nord et du RIANILA au Sud. Les sols environnants de ce secteur sont “dépourvus de matière fertilisante” à “réserves minérales médiocres” et “chimiquement pauvres” avec un pH acide.
Les rendements des pêches, la richesse spécifique et la diversité sont étroitement liés entre eux et diminuent au fur et à mesure que l'on s'éloigne des communications avec la mer, avec une légère amélioration au niveau du partage des eaux situé à mi distance entre les deux communications (ex. pour 1966/67, maximum de diversité, (constante de Motomura) 0,85, rendement maximum 11,8 Kg/ha/engin/an minimum de diversité 0,64, minimum de rendement 0,32 Kg/ha/engin/an).
Les variations spéciales, mises en évidence avec les données de 1966/67, ont été confirmées avec les données de 1978/79.
de 1966/67 à 1978/79, avec la chute globale des rendements, on assiste à la chute des diversités dans chaque secteur ; ceci est particulièrement net au niveau des minima, Lac RASOABE et NOSIVE Sud.
Les peuplements ichtyologiques d'une part et le système d'exploitation traditionnel d'autre part témoignant d'une vocation écologique lagunaire de l'ensemble du système.
En dehors des zones de communications avec la mer, l'ensemble des secteurs est pauvre en substances nutritives en plancton, avec des eaux de faible turbidité et un fond généralement sableux témoignent d'un milieu oligotrophe sans possibilité d'amélioration à court terme, en raison de la pauvreté des sols du bassin versant.
POSSIBILITES D'AMENAGEMENT, CRITIQUE ET CHOIX
Chaines alimentaires : elles sont équilibrées. La base très étroite de la pyramide alimentaire ne permet pas une grande diversité des peuplements ichtyologiques. Les niches écologiques étant peu nombreuses, elles sont probablement toutes occupées. Toute action dans ce domaine n'est pas possible sans un enrichissement du milieu qui permettrait d'accroître la base de la pyramide : production primaire. Le peu de succès d'introductions d'espèces nouvelles effectuées depuis 1957 et récemment : 1953-1959-1963-1965, confirme cette hypothèse.
utilisation d'engins nouveaux : actuellement les engins traditionnels sont bien adaptés au système lagunaire. L'utilisation d'engins nouveaux ne résoudrait pas les problèmes de production qui dépendent des apports nutritifs. La reconversion du système en milieu aquatique d'eau douce entrainerait une modification des techniques de Pêche traditionnelle. Elle est en outre matériellement impossible en raison du canal des Pangalanes et des infiltrations d'eaux marines à travers le cordon dunaire.
gestion des stocks et préservation : la situation actuelle est telle que les stocks d'apport et autochtones sont pratiquement inexistants donc impossibles à gérer. Le niveau de production est trop bas pour pouvoir conduire à une amélioration appréciable par la seule gestion des stocks, compte tenu des coûts de gestion.
la préservation des stocks : elle existe naturellement dans des endroits inaccessibles, car trop profonds et inadaptés à la navigation par pirogue. Elle a été entreprise avec succès par l'introduction des acadjas qui n'a cependant pas dépassé le stade pilote. Cette action bien qu'indispensable ne permettra pas un gain appréciable de rendement.
Les conditions du milieu très défavorables nutritivement et le nombre de communications insuffisant avec la mer limitent sérieusement la colonisation des lacs par les espèces d'origine marine ; en témoigne la comparaison des peuplements entre 1966/67 et 1978/79.
l'aquaculture sous forme de cage est structuralement possible mais économiquement impossible en raison de l'absence de nourriture disponible sur place.
En conclusion le seul aménagement possible consiste en un enrichissement naturel du milieu par l'ouverture de communications avec la mer en nombre suffisant, situées au niveau des Lacs NOSIVE Sud, AMPITABE, RASOABE et auxquelles peuvent s'ajouter les anciennes communications au Sud d'AMBILA et d'AMPANOTOAMAIZINA.
AVANTAGES ET INCONVENIENT DU SEUL AMENAGEMENT PROPOSABLE : OUVERTURE DES COMMUNICATIONS AVEC LA MER.
AVANTAGES :
Gains estimés des rendements en chiffre d'affaire producteur pour l'ensemble des 10.000 Ha : 367.000.000 FMG au lieu de 16.000.000 FMG actuellement, et 3.300.000 (francs constants) prévus pour 1.990.
Amélioration permanente du niveau de production de l'ensemble du système, enrichi par les apports d'eau marine et occupation naturelle des niches écologiques nouvellement oréées à partir d'espèces saumâtres marines suffisamment diversifiées avec 43 espèces :
permet l'exploitation, actuellement inexistante, d'une production marine : de nombreuses espèces marines, par des migrations courtes, trouvent refuge dans les lagunes ; fuite devant les prédateurs, conditions hydrologiques favorables ;
pas de modification du système traditionnel d'exploitation déjà bien adapté ;
amélioration ultérieure possible des rendements avec un minimum d'aménagements supplémentaires ; valliculture, tambaks et aquaculture marine (poissons, crevettes et mollusques) ;
maintien des populations de pêcheurs sur place, compatible et favorisant l'attrait touristique considérable de la région ;
diminution des risques d'inondation en cas de cyclone.
INCONVENIENT :
investissement unique à chiffrer, l'entretien des graux peut être à la charge des populations locales.
B - LAC ANONY
MOTIVATIONS :
Les motivations sont à peu près identiques à celles de l'étude réalisée aux PANGALANES Est. Les débouchés de l'exploitation des poissons au Lac ANONY existent. Ils ont été évalués à 320 Tonnes par LAMARQUE, 1957, et à 500 Tonnes actuellement.
En 1979, 22 Tonnes de poissons frais et 9,4 Tonnes de poissons salés, pêchés au Lac ANONY ont été commercialisés, au marché d'AMBOASARY-Sud.
La situation économique de la région est cependant plus favorable qu'aux PANGALANES Est en raison de l'existence d'autres secteurs d'activité : élevage, agriculture, plantation de sisal. En revanche les moyens de communication sont moins favorables, car il n'existe pas de chemin de fer dans la région.
SITUATION
D'une superficie de 2.300 Ha, le Lac ANONY ne communique plus avec la mer depuis 1971. Il est alimenté en eau douce par une rivière qui débite au minimum 500 l/s. Sa salinité n'est donc pas excessive.
Depuis ces dernières années et surtout en 1976, les captures, l'effort de pêche et la diversité des engins utilisés ont considérablement diminué. L'activité de pêche est passée de 300–400 pêcheurs, appartenant à 9 villages différents (dont 3 de pêche exclusive), à 10 en moyenne. La majorité des habitants des villages et même des villages entiers ont abandonné toute activité de pêche.
Les quelques prises enregistrées concernent des poissons d'un poids indivi duel supérieur à 2 Kg, probablement des rescapés du stock emprisonné lors de la dernière fermeture du VINANY* en 1971.
DIAGNOSTIC
Les pêches d'inventaire réalisées au filet maillant et au filet senne, selon la même technique et les mêmes moyens utilisés aux PANGALANES le mois précédent, ont toutes été négatives.
Afin de vérifier les conditions locales et la technologie utilisée, des pêches expérimentales ont été réalisées au Lac RANOFOTSY situé à 17 Km à l'Est du Lac ANONY. De taille plus petite, 500 Ha, au lieu de 2.300 Ha, il en diffère essentiel lement par un VINANY ouvert chaque année 6–7 mois. Les résultats obtenus ont été l gement positifs, 21 Kg de poissons et 34 Kg de crustacés en moins de 24 h. de pêche. Ce lac témoigne en outre, par le nombre de pêcheurs et la diversité des techniques utilisées, d'une activité de pêche très intense comparée à celle du Lac ANONY.
Il y a une très forte probabilité pour que la différence des densités de I sons et d'activité de pêche entre les Lacs RANOFOTSY et ANONY soit fortement liée une différence de fréquence de durée d'ouverture des VINANY.
* Un Vinany est un cheral temporaire de communication avec la mer.
RECOMMANDATIONS
La situation des pêches au Lac ANONY sera fortement améliorée par l'aménagement et l'entretien annuel de l'ouverture du VINANY. Les travaux ne sont pas importants ; ils nécessitent simplement le déblaiement de 600 m3 de sable. En revanche l'entretien annuel pourra être considérablement réduit ou nul par la fixation des dunes.
Vérifier les conditions physico chimiques du milieu et prévenir toute pollution éventuelle en provenance des usines à sisal.
Recueillir régulièrement des statistiques de capture (ou du moins de commercialisation) et d'effort de pêche (type d'engins, nombre, taille, maille, durée d'utilisation …). Pratiquer tous les 6 mois des sondages de contrôle afin de prévenir éventuellement des crises graves de chute de rendement, comme celles qui ont été enregistrées cette année.
- Termes de Reference -
Dans le cadre du projet PNUD/FAO “Développement des Pêches Continentales et de l'Aquaculture” ; le Dr. G. LASSERRE a été appelé en consultation du 19 Septembre au 18 Décembre 1979.
Ses termes de référence étaient les suivants :
PANGALANES (Plan d'eau d'environ 12.000 Ha).
Une étude du milieu ayant déjà été réalisée par le CTFT en 1966/67, le consultant fera une évaluation qualitative et quantitative de la situation actuelle des pêches aux PANGALANES, dans la région comprise entre TAMATAVE et ANDEVORANTO.
Il analysera en particulier la relation entre les chaines alimentaires existantes et la faune ichtyologique présente, identifiant les maillons inexploités (ou surexploités), conduisant à un programme d'aménagement des stocks (incluant des espèces nouvelles à introduire) et de leur exploitation.
Il fera en outre une évaluation des résultats prévisibles (les plus probables) sur la productivité du milieu, dans l'hypothèse d'une réouverture des chenaux de communication avec la mer, dans le cadre de l'aménagement écologique et piscicole des PANGALANES.
LAC ANONY (Lagune fermée de 2.000 Ha).
En ce qui concerne le Lac ANONY (Fort-Dauphin) dont toute communication avec la mer est coupée depuis plus de 10 ans, ce qui entraîne une augmentation progressive de la salinité, le consultant fera une évaluation rapide du milieu écologique et piscicole, et il donnera son avis sur l'opportunité d'aménager un chenal d'ouverture sur la mer à travers le cordon littoral, tant pour le maintien de la productivité du milieu que pour en assurer le réempoissonnement naturel.
R E M E R C I E M E N T S
Monsieur A. COLLART a organisé efficacement la consultation ; il a posé clairement les problèmes, il est à l'origine de nombreux conseils, suggestions et oritiques constructives.
L'équipe des Eaux et Forêts : Monsieur RASOLOFO ANDRIAMAHALY L., Monsieur RABELAHATRA A., Monsieur RAZAFITSEHENO G., Monsieur MAHAZOVELO R. et Monsieur Félix ont organisé, facilité les missions et contacts sur le terrain et participé à la synthèse des résultats. Monsieur RANDRIAMANALINA et Monsieur RAKOTONDRASOA ont effectué les pêches expérimentales et recueilli l'essentiel des données actuelles sur le terrain.
Monsieur VINCKE a effectué en 1967 un travail de base considérable et essentiel sur les PANGALANES ; ses conseils, ses résultats et les données qu'il a publiées ont été utilisées abondamment.
ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE.
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1. - SITUATION ACTUELLE (1966/67 - 1978/79)
1.1.1 - Richesse et diversité spécifique
1.1.2 - Rendements
1.1.3 - Conclusions
1.2 Facteurs écologiques et environnement
2. - AMENAGEMENTS ET PREVISIONS
2.1 Rappel critique des recommandations antérieures
2.1.1 - Chaines alimentaires et exploitation
2.1.2 - Préservation et contrôle des stocks
2.2 Avenir, aménagement et perspectives
2.2.1 - Avenir
2.2.2 - Aménagement
2.2.3 - Perspectives et prévisions
3. - CONCLUSIONS ET PRESCRIPTIONS
2. - COMPARAISON AVEC LE LAC RANOFOTSY
Tableaux Annexes.
Remarques Annexes.