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1. Introduction et contexte general

La crise économique qui a sévit au Cameroun comme dans plusieurs pays d’Afrique ans les années 90, a amené le Gouvernement camerounais en partenariat avec le FMI (Fonds Monétaire International) à mettre en place le PAS (Programme d’Ajustement Structurel). Ce PAS prévoyait la réalisation d’un certain nombre d’actions gouvernementales entre autres : le redressement du train de vie de l’Etat, la restructuration de plusieurs secteurs des activités économiques telles que les banques et les assurances. C’est dans cette mouvance et avec le climat de stabilité socio-politique du Cameroun, que l’Etat a mis en œuvre un programme de lutte contre la pauvreté, programme qui cadre avec les exigences de Bretton Woods. Ce programme devait permettre au Cameroun, avec le concours du FMI, de mettre en place des actions visant un redressement économique. Le secteur forestier n’était pas du reste. C’est ainsi qu’il y a eu plusieurs réformes qui ont abouti à des résultats positifs. C’est le secteur qui fera l’objet de notre étude, commandée par la FAO et d’autres partenaires dans le cadre du processus FOSA dont il est question de faire une prospection dans un horizon 2020.

 

Objectifs de l’étude

La présente étude d’intéresse au secteur forestier. Il vise à partir de la situation actuelle qui prévaut en matière de =gestion des forêts, à faire une projection sur 20 ans, tout en examinant les moteurs de changements qui influeront sur le secteur..

Contexte du secteur forestier

Contexte général

Le Cameroun, l’Afrique en miniature, est un pays où l’on retrouve tous les types floristiques de l’Afrique. Il couvre une superficie de 47.500.000 ha comprenant 22.000.000 ha de forêts, et le reste étant occupé par d’autres formations végétales.

Le Sud du Cameroun est occupé par une forêt dense humide sempervirente (à côté de la mer), et en progressant vers le Nord, l’on traverse les forêts décidues et semi-décidues, jusqu’à la latitude 4°50’ où commencent les savanes péroforestières suivies des autres savanes. Les forêts du Cameroun se situent au Sud du parallèle 6°30’ latitude Nord. Toutes ces formations se terminent par des steppes dans la région septentrionale du pays au 13è degré de latitude Nord.

Dans la partie forestière (Sud), le climat est composé de 4 saisons: 2 saisons humides et 2 saisons sèches bien réparties dans l’années. Dans la partie sahélienne, l’on retrouve 2 saisons: une saison humide et une saison sèche.

 

Contexte environnemental et biodiversité

La variation floristique du Cameroun lui confère automatiquement une variation faunique et une variation édaphique adaptée. Ceci confère au Cameroun une biodiversité particulière avec la présence de certaines espèces exterminées ou rares ailleurs, mais existantes au Cameroun telles que le Rhinocéros noir, le Lamantin, etc.

La flore camerounaise regorge au moins de 8.000 espèces de plantes supérieures. Cette richesse se caractérise également par sa diversité faunique. En effet, le Cameroun possède plus de la moitié des espèces d’oiseaux et de mammifères existant en Afrique (voir annexe : brochure). Outre les forêts montagnardes caractérisées entre autres par des espèces endémiques uniques au monde, d’autres types végétales existent tels que les forêts du Littoral et les forêts camerouno-congolaises. De par ses 2.500 espèces de plantes, mammifères et oiseaux sur 10.000 km² de couverture du sol, le Cameroun détient le nombre le plus élevé de plantes par unité de surface en Afrique Centrale. Une bonne partie de ces espèces se retrouve dans les forêts des plaines et les forêts du Littoral atlantique dans lesquelles l’on retrouve un nombre important de primates tels que les chimpanzés, les drills, les colobes et les gorilles des plaines. (Voir annexe (P. 10 GFW), P. 11 GFW)).

Les aires protégées classées par l’Etat camerounais occupent de nos jours 13,7% de la superficie camerounaise, soit une superficie de 6.496.500 ha (Voir annexe R.I., P. 12).

 

Le contexte économique

La contribution économique de la filière bois s’est accrue ces dernières années. La politique forestière définie en 1995 visait une mise en valeur accrue des ressources forestières pour développer la contribution du secteur au développement économique national. De ce point de vue, les résultats sont significatifs: i) contribution accrue à la formation du PIB non pétrolier de 3,6 à 8,9% en 4 ans (96 à 2000), ii) part relative dans les exportations nationales qui augmente de 15% (96/97) à 27% (98/99). Ces évolutions s’expliquent tant par une part croissante de produits transformés que par une augmentation de la valeur unitaire moyenne des produits exportés.

La production de bois de feu a quasiment doublé en 10 ans. Elle était estimée à environ 67.000.000 m3/an entre 76 et 86 contre près de 12,200.000 de m3 en 98, soit 4 fois la production de bois d’œuvre.

Les activités d’exploitation forestière, de transformation du bois et du transport ont employé 34.000 personnes en 96. En l’an 2000, on compte 55.000 personnes travaillant dans ce secteur si l’on prend en compte les emplois indirects.

Les recettes fiscales se sont accrues de 24 milliards de FCFA en 95/96 à 40,8 milliards en 97/98. Elles ont ensuite baissé à 27,2 milliards en 99/00.

 

L’exploitation forestière

Le domaine national camerounais est constitué des chantiers d’exploitation forestière qui peuvent être, soit des UFA (Unités Forestières d’Aménagement), soit des ventes de coupe, soit des récupérations de bois.

Le Ministère de l’Environnement et des Forêts, dans sa stratégie de mise en œuvre des attributions des titres d’exploitation, s’est fixé une base de potentiel de production des forêts qui est de 15 m3/ha dans le domaine forestier permanent et de 5 m3/ha ans le domaine forestier non permanent. Selon le plan de zonage méridional, le domaine permanent du secteur forestier comprend une superficie de 8,9 M ha contre 5,1 M ha pour le domaine non permanent. Ce domaine permanent est constitué des forêts de production (6 M ha), les aires protégées (2,6M ha) et les forêts communales (0,3 M ha).

Les résultats de la planification de l’attribution des UFA faite par le MINEF en juin 2000 révèlent que des 6M° ha des forêts permanentes, les 3 concessions ) attribuer ont été effectivement attribuées en 1992/1993, 23 en 97/98 et 21 concessions sur les 36 prévues ont déjà été attribuées au cours de l’année 2000/2001, soit un total de 47 concessions pour une superficie de 3.875.135 ha. Dès lors, la superficie restante, c’est-à-dire 1.104.753 ha, devra être attribuée dans les deux prochaines années. Il va s’en dire qu’en 2003, il n’y aura plus de concessions forestières à attribuer. (Voir annexe P. 18 et 19 RI). Le taux de déforestation au Cameroun estimé par la FAO est de 0,6%/an. (Voir annexe, P. 18, 19, 22 FAO).

 

L’utilisation des produits forestiers ligneux

Les produits forestiers ligneux issus de l’exploitation forestière connaissent deux destinations:

Grumes exportées;

Grumes sciées au Cameroun. Après sciage sur place, on obtient des avivés 1er choix qui sont exploités et le 2è choix qui est artisanal localement. Dans ce 2èchoix, il y a le bois d’œuvre, l’artisanat, le bois de service et le bois de feu. Pour les arbres de petit diamètre, on obtient le bois de service, l’artisanat, le bois de feu et les copeaux (utilisation ménagère, fermes, remblayage des marécages.

 

Utilisation des produits forestiers non ligneux

Il existe une gamme de produits forestiers non ligneux. Ce sont: Pygeum africanum, Gliphona simplicifonia, Tabernante iboga, Cinchronana succirubra, Strophantus gratus, Voacanga africana, Rauwofia vomitaria, Yohimbé., Okok ou Eru, Pebé, Andoh, Kola, Bitter Kola. Tous ces produits sont commercialisés au Cameroun. Certains sont exportés tels que l’Okok. D’autres sonr utilisés dans les usines de fabrication des produits médicinaux tels que Pygeum Africanum et le Yohimbé.

L’exploitation de ces produits doit faire l’objet de l’obtention d’un titre d’exploitation en fonction de l’attribution des concessions et des autres permis.

Les inventaires

L’ONADEF a entre autres comme tâches d’effectuer les inventaires au Cameroun. Pour cela, il s’est équipé d’un Centre de Télédétection de cartographie forestière. Ce Centre a établi une cartographie méridionale et la zone périforestière correspondant aux phases 6 et 7 de l’inventaire national. Mais l’attribution des concessions non couvertes par les inventaires montre que les décideurs ne trouvent plus important de continuer les inventaires. Sur les 18 concessions forestières attribuées en 1996, 10 inventaires d’aménagement sont disponibles à ce jour (taux de sondage: 0,5 ou 1%) et un est en cours.

 

Régénération forestière

Cette tâche revient à l’ONADEF qui continue un travail commencé par l’Administration coloniale. Elle est couplée à la vulgarisation sylvicole. A ce jour, 7.000 paysans ont été formés en 5 ans, soit 14.000 paysans/an. En 1992 et 1996, 6.700.000 plants d’arbres forestiers ont été produits dans le cadre de l’appui aux communautés et aux privés. De 1996 à 1999, 1.130.000 plants ont été produits et reboisés par les populations. Pour l’action de stabilisation et d’intensification des activités agroforestières et de reboisement en dehors des anciens projets sous financements extérieurs, 6 pépinières centrales ont été remises à l’état. Une pépinière villageoise a été créée. A nos jours, en zone forestière, les plantations en régie réalisées par l’ONADEF ont une superficie de 1.140 ha (répartis sur 18 sites), soit en moyenne 190 ha/an depuis 6 ans très loin des objectifs de régénération de 2.500 ha/an prévus par la politique forestière.

Concernant les plantations en savane humide, les réalisations s’élèvent à 1.400 ha en 6 ans, soit 235 ha/an pour un objectif de 13.500 ha/an. Pour la savane sèche, il s’agit de 700 ha, soit 115 ha/an pour un objectif de 1000 ha/an.

Les réalisations totales en régie se situent donc entre 10 et 20% des objectifs (sous réserve de la qualité réelle de ces réalisations).

 

Lutte contre la désertification

En vue de lutter contre la désertification dans la zone septentrionale, plusieurs réalisations ont été faites par l’ONADEF: 123 foyers améliorés, 12 km de brise-vents, 49 puits, 41 biefs, 1 marre, 14 micro barrages.

Il y a un projet de lutte contre la désertification avec un Point Focal qui coordonne toutes les activités sur le terrain.

Bureaux d’études

Comme bureaux d’études, l’ONADEF a réalisé des directives d’aménagement, l’inventaire du Pygeum, les projets pilotes d’aménagement ou de recherche sur le Teck et l’Iroko, la cartographie conventionnelle et numérique. 850.000 ha d’inventaires d’aménagement pour 10 concessionnaires et autant pour les projets propres et extérieurs, 8 des 11 plans d’aménagement disponibles aujourd’hui.

Il existe 38 bureaux agréés aux inventaires dont 26 inactifs et 6 disposant des compétences suffisantes, mais partielles.

 

Promotion du bois

Il existe au Cameroun un Centre de Promotion du Bois qui forme 10 personnes par an. De même, il existe une filière bois ans les lycées techniques situés ans les zones forestières, une filière technologique du bois à l’Ecole Supérieure de Polytechnique (Université de Yaoundé I).

Plusieurs CETIC (publics et privés) et SAR comprennent au moins une filière menuiserie et des centres privés de bois, menuiserie et d’artisanat.

Aménagement forestier

11 plans d’aménagement portant sur 11 UFA sont disponibles au Cameroun.

A ce jour, l’ONADEF est le bureau d’études le plus outillé en aménagement forestier au Cameroun. IL a réalisé 8 plans. Il est à noter que ces 11 plans d’aménagement sont ceux du 1er lot des concessions attribuées depuis 1998, soit 11 sur 15 UFA. Des 18 concessions restantes, seuls 3 plans sont prévus. Trois ans après leur attribution, tous les plans d’aménagement ne sont donc pas encore disponibles.

 

Formation, recyclage et recherche

Plusieurs centres et instituts de formation assurent la formation et le recyclage des cadres et techniciens dans le domaine de la foresterie au Cameroun. Nous citons au premier plan la Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles de l’Université de Dschang à travers le Département de Foresterie. Cette faculté forme des ingénieurs des Eaux et Forêts et des Techniciens en agroforesterie. De même, l’Ecole des Eaux et Forêts de Mbalmayo, l’Ecole de Faune de Garoua, forment des techniciens en forêts et faune.

L’exploitation forestière

Forêts communautaires et communales

La situation des forêts communautaires au 30 janvier 2001 se situe comme suit:

7 forêts communautaires attribuées ;

4 dossiers en cours de réservation ;

52 dossiers avec les forêts réservées ou ayant reçu un accord de principe du MINEF ;

14 plans simples de gestion approuvés, 4 rejetés et 2 en étude ;

16 dossiers incomplets ;

12 dossiers rejetés avec des forêts sollicitées dans le domaine permanent (Voir annexe).

Au total, les forêts communautaires couvrent une superficie de 302.574 ha dont les dossiers sont effectivement au niveau de la Cellule de Foresterie Communautaire du MINEF.

S’agissant des forêts communales, quatre demandes sont en cours, mais une seule est au stade de l’approbation de la demande de classement pour 16.000 ha (dont 15.014 ha pour la production, 7,60 ha pour l’agroforesterie et 4,66 pour la recherche).

 

Forêts montagnardes

Au Cameroun, les forêts montagnardes font l’objet des projets financés en grande partie par les bailleurs de fonds étrangers. Ces de Mont Okou, Mont Cameroun, Mont Koupé. Une réflexion est en cours sur les programmes pour la recherche sur les plantes et ses œuvres : cas de Anysthoclodus Korupensis qui soignerait le SIDA.

 

 

Mangroves

L’exploitation des mangroves se fait pour la construction des cases des pêcheurs et pour fumer les poissons. Plus de 90% des exploitants des mangroves sont des expatriés venant de l’Afrique de l’Ouest.

 

Cadre politique et institutionnel

La politique forestière du Cameroun a été élaborée en 1980. cette politique a abouti à la création du Ministère de l’Environnement et des Forêts en 1992 qui jadis relevait du Ministère de l’ Agriculture, et l’adoption en 1994 d’une nouvelle loi (N° 94/01 du 14 janvier 1994). C’est en 1995 que le PAFN (Plan d’Action Forestier National) a été élaboré sur la base du PAFT (Plan d’Action Forestier Tropical) élaboré bien avant la politique.

Le Ministère a connu deux réformes et son organigramme comporte entre autres:

La Direction des Forêts qui a éclaté en donnant naissance à la Direction de la Promotion et de la Transformation des Produits Forestiers;

Le Secrétariat Permanent à l’Environnement qui, avant, était la Direction de l’Environnement.

Le Plan d’Action d’Urgence (PAU) a été élaboré en 1999 sur la base du PAFN. Ce PAU retrace les grands thèmes entrepris et à entreprendre par le MINEF à savoir:

Conservation de la biodiversité;

Lutte contre le braconnage;

Gestion rationnelle des produits forestiers non ligneux;

Classement des UFA;

Assainissement des titres et données d’exploitation forestière;

Foresterie communautaire;

Fonctionnement du MINEF;

Coordination intersectorielle.

 

 

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