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LA FORET, L'HOMME ET SES BESOINS VITAUX

Alain NDONA NZEY 1


RESUME

Depuis l'existence de l'humanité, la forêt a toujours été pour les paysans africains en général, et de la République Démocratique du Congo en particulier, un réservoir d'intérêts extrêmement variés. Elle ne procure pas seulement la nourriture, les médicaments et les bois (principale source d'énergie et de matériaux de construction des maisons et des meubles) aux populations, mais aussi et surtout, elle est une source de pouvoir et de prestige pour les clans qui en disposent comme héritage.

Comme d'aucuns ne le pensent, ces derniers trouvent en cet héritage une certaine « richesse » qu'il faudrait nécessairement « préserver », pour le bénéfice des générations futures. Malheureusement, malgré cette volonté de préserver ces écosystèmes forestiers, l'on remarque depuis quelque temps une dégradation irréversible de certaines zones forestières car, non seulement les méthodes traditionnelles de leur «préservation » ne sont pas adéquates, mais aussi à elles, s'ajoutent diverses influences d'exploitation, notamment la coupe mécanisée des bois et les techniques traditionnelles des cultures itinérantes sur brûlis, qui ne font qu'accélérer ce processus.

Cependant, il est possible de nos jours, d'une part d'abandonner les cultures itinérantes sur brûlis, évitant ainsi l'ouverture des forêts vierges, grâce à de nouveaux systèmes d'exploitation rationnelle des terres agricoles, tels que les systèmes agroforestiers avec les légumineuses ligneuses, qui permettent ainsi une restauration rapide de la fertilité des sols cultivés. D'autre part, le repeuplement avec certaines essences de valeur des massifs forestiers livrés à l'exploitation mécanisée est aussi une solution pour préserver les écosystèmes forestiers des dégradations et garantir aux générations futures un héritage de valeur.


INTRODUCTION

Pour vivre, l'homme doit satisfaire ses besoins vitaux par l'exploitation des ressources à sa disposition. La forêt est une ressource naturelle de grande importance sur le plan socio-culturel, économique et écologique.

Cependant, l'exploitation irrationnelle des forêts entraîne progressivement sa dégradation, jusqu'à sa disparition , au point où la vie humaine se trouve menacée.

Ainsi, apparaît un conflit entre les besoins de l'homme et l'équilibre des écosystèmes en général, celui des forêts en particulier. La question la plus présente à l'esprit de certains observateurs est « comment  satisfaire les besoins des générations actuelles et futures de l'homme, sans compromettre la pérennité des écosystèmes forestiers ». .

Les systèmes agroforestiers permettent de réduire l'expansion des cultures sur brûlis et l'exploitation des forêts pour le bois de chauffage et charbon de bois. En outre, l'abandon de ces sources d'énergie au profit d'énergie électrique permettrait non seulement de réduire la pression sur la forêt, mais aussi les dépenses qu'elles occasionnent dans les milieux urbains et périurbains.

Dans ce travail, il sera question de rappeler l'importance des forêts, les causes et conséquences de sa dégradation, les stratégies de sa conservation et enfin, la possibilité de réduire la déforestation causée par l'exploitation paysanne.

1. RAPPEL SUR LE ROLE DES FORETS

Les forêts tropicales sont d'une grande importance. Elles forment un milieu hétérogène favorisant la multiplication des niches écologiques et la diversité des espèces animales et végétales.

Le climat forestier et la diversité biologique qui en est tributaire jouent un rôle déterminant sur le plan écologique, économique et socio-culturel.

Sur le plan écologique, les forêts tropicales jouent un rôle spécial dans la conservation de la biodiversité, selon Roper et al., (1999). Ces auteurs révèlent que ces forêts abritent 70 % des plantes et des animaux du monde, comptant plus de 13.000.000 espèces distinctes. On y trouve 70 % des plantes vasculaires du monde, 30 % de toutes les espèces d'oiseaux et 90 % des invertébrés.

Les forêts influencent en outre, le climat local et probablement, le climat mondial. Elles modèrent les variations de température et maintiennent l'humidité dans l'atmosphère. Les forêts absorbent le carbone et réapprovisionnent en oxygène l'air que nous respirons.

Les forêts règlent le débit des cours d'eau en interceptant les eaux de pluie, en absorbant l'eau dans les sols et en la libérant graduellement dans les cours d'eau et les rivières, qui constituent leurs bassins hydrographiques. Cela minimise à la fois l'inondation et la sécheresse. Le couvert arboré conserve l'humidité dans le sol en donnant de l'ombre, ce qui réduit l'évaporation due à l'échange d'énergie rayonnante avec l'atmosphère. Les racines des arbres rendent le sol plus poreux, réduisent la compaction et facilitent l'infiltration (Gottle et al, 1997 et Roper et al., 1999).

Les forêts permettent encore le maintien efficace de la fertilité des sols. Selon Young (1995), Soltner (1982), et Gunnar (1981), les arbres enfoncent leurs racines dans les horizons profonds, récupèrent les éléments minéraux, les incorporent dans leur biomasse foliaire et les rendent disponibles dans les horizons superficiels après sa décomposition par la microflore et la microfaune du sol.

Le couvert forestier agit aussi par l'atténuation du climat local, réduction des retombées des émissions de gaz et le contrôle de la vitesse du vent et les flux d'air. La forêt sur ce plan peut i retenir les suspensions solides et les éléments gazeux; elle peut également filtrer les masses d'air et piéger les polluants.

Sur le plan socio-économique, les forêts jouent encore un rôle important. Sur ce sujet, les révélations de Roper et al., (1999) sont éloquentes. Selon ces auteurs, les forêts fournissent un éventail de produits industriels, notamment du bois d'_uvre, des panneaux, des poteaux, des piquets, et du papier. Les produits industriels du bois totalisent 400 milliards de dollars US, représentant environ 2 % du produit national brut mondial, la contribution des forêts tropicales représentant environ 25 %. On estime à plus de 100 milliards $US la valeur des échanges internationaux de produits du bois, ce qui équivaut à 3 % du total des échanges commerciaux. En 1994, le total de la production mondiale de bois utilisé à toutes fins était de 3358 millions de m3, dont 1318 millions de m3 produits dans les pays en développement.

Le bois de chauffage et le charbon de bois représentent 56 % de la production mondiale de bois, provenant à environ 90 % des pays en développement. Le bois est de loin la plus importante source d'énergie pour ces derniers, et la seule pour la plupart des habitants des régions rurales du monde.

En plus du bois, les forêts tropicales fournissent des produits forestiers non ligneux, qui même s'ils sont souvent appelés produits « mineurs », sont dans bien des cas des produits « majeurs » pour les autochtones. Cela comprend des fibres, résines, latex, fruits et produits médicinaux traditionnels. Les forêts sont souvent d'importantes sources de produits alimentaires, notamment pendant les périodes de sécheresse et de famine quand les récoltes culturales font défaut.

Outre ces fonctions, les forêts ont acquis une fonction récréative. Des stations touristiques et climatiques jouissant d'un environnement forestier ont prospéré à proximité des villes; les résidences secondaires situées dans les régions boisées des pays développés et en voie de développement, rapprochent de nouveau les hommes de la forêt.

Sur le plan culturel, les forêts africaines ont toujours constitué un sanctuaire pour les populations autochtones. Chez les « Rega » une tribu de l'Est de la République Démocratique du Congo, la circoncision se fait traditionnellement depuis des temps ancestraux dans la forêt. Cette pratique coutumière précédée de certains rites traditionnels est sans douleur pendant l'ablation du prépuce, malgré l'absence d'application des produits anesthésiants ; la plaie se cicatrise en peu de temps avant la sortie du circoncis de la forêt.

Chez la tribu « Pende » et bien d'autres encore à l'Ouest de la République Démocratique du Congo, tout jeune garçon à peine pubère vivant au village, doit passer plusieurs jours d'initiation dans la forêt.

2. DEGRADATION DES FORETS

2.1. Causes

L'agriculture, le surpâturage, l'exploitation artisanale et industrielle de bois, l'urbanisation, etc. sont les causes de la déforestation.

D'après les statistiques de Barbault (2002), à l'échelle planétaire, la première cause de déforestation dans le tropique est le développement des cultures et des plantations, soit 45.000 km² par an. La même superficie est détruite pour l'exploitation commerciale de bois à laquelle s'ajoutent 25.000 km² dégradés pour le bois de chauffage. Enfin, 20.000 km² sont éclaircis chaque année pour les besoins d'élevage.

L'importance de ces activités varie selon les régions. Il est connu de nos jours que ces causes de déforestation sont les conséquences d'une forte poussée démographique, qui est aussi à la base de la pauvreté dans les pays en développement.

En République Démocratique du Congo, le chômage et le faible revenu des populations, amènent ces derniers à trouver en la forêt, une solution immédiate à leurs problèmes économiques. Dans la plupart de cas, ces populations se livrent à la coupe de bois de chauffage et à la fabrication de charbon de bois, qui constituent une importante source d'énergie des populations des pays en développement, comme l'indique le tableau ci-dessous. Par contre, ce dernier montre qu'en pays industrialisés, le bois se consomme en grande partie après transformations industrielles.

Production des produits forestiers dans les pays en développement en 1995

Produit forestier

Quantité

Production mondiale

Sciage en millions de m3

111

26%

Panneaux dérivés du bois en millions de m3

45

31%

Pâte à papier en millions de tonnes

41

22%

Papiers et cartons

61

22%

Bois de chauffage et charbon de bois en millions de m3

1638

89%

(source: FAO http://www.fao.org/waicent/FAOINFO/Forestry/ForeData.htm)

De ce qui précède, nous remettons en cause les statistiques qui attribuent aux cultures sur brûlis dans les pays en développement, la responsabilité de premier plan dans le processus de déforestation, étant donné qu'on remarque dans les milieux où se pratique l'agriculture sur brûlis, un retour aux anciens champs après 5 à 10 ans de jachère, car l'abattage des recrus paraît aisé que l'ouverture d'un nouvel espace forestier où l'on rencontre souvent des gros arbres, donnant un dur labeur aux paysans pour leur abattage.

2.2. Conséquences

La conséquence la plus grave de la déforestation, est l'appauvrissement en diversité biologique. Chaque année, la destruction de millions d'hectares de forêts tropicales entraîne la disparition de milliers d'espèces et de variétés végétales et animales. D'après certains estimations, 50000 espèces distinctes disparaîtraient chaque année (Roper et al., 1999). D'autres révèlent que depuis l'an 1600, 484 espèces de vertébrés et 654 espèces végétales ont disparu de la planète. En plus, 3632 espèces de plantes et 523 des vertébrés sont menacées d'extinction actuellement. Ce taux serait de 1000 à 10000 fois supérieur au taux naturel (Barbault, 2002).

La déforestation contribue beaucoup au réchauffement de la planète, mais on ne sait pas exactement dans quelle mesure par rapport aux autres facteurs. Les effets de ce réchauffement sont catastrophiques : sécheresse et désertification accrues, mauvaises récoltes, fusion des calottes glacières, inondation des régions côtières etc.(Roper et al., 1999). En chine par exemple 3000 personnes sont mortes à cause des inondations en 1998, rapporte Aymé ( 2002)

Roper et al (1999) rapportent encore que l'impact à long terme de la déforestation sur les sols peut être grave. Le défrichage et les cultures sur brûlis exposent le sol au soleil et aux pluies torrentielles. Cela accentue la compaction du sol, élimine certaines matières organiques qui s'y trouvent, lessive les éléments nutritifs, augmente la toxicité d'aluminium et en fait une terre stérile.

Dans les zones de forêt sèche, cette dégradation entraîne dans certains cas une désertification extrême. Ce problème affecte environ 3 000 à 3 500 millions d'hectares et menace la survie de 900 millions de personnes dans 100 pays du monde en développement

3. STRATEGIES DE PROTECTION DES FORETS CONTRE LES DEGRADATIONS

3.1. Approche traditionnelle

Les connaissances et compétences développées par les autochtones au cours de milliers d'années, constituent une ressource inestimable de conservation de la biodiversité, affirment Ghattas et al, (1993).

Autrefois, de petites parcelles de forêts étaient réservées à proximité des villages pour en faire des terres sacrées ne pouvant être touchées, et qui étaient strictement protégées par la loi coutumière. Comme exemple, le sanctuaire naturel de Boabeng/Fiema au Ghana qui fut établi par ces autochtones pour protéger une espèce de singe considérée comme représentant des esprits locaux de la forêt et de la terre. Ce modèle mérite une attention particulière en tant qu'exemple de programme de la conservation de la biodiversité du bas en haut (Ghattas et al, 1993).

Dans cette logique, les autochtones de plusieurs provinces de la République Démocratique du Congo, principalement à l'ouest, n'abattent pas certains arbres dont les feuilles servent de nourriture aux chenilles comestibles.

3.2. Approche restrictive

Cette approche consistait à l'instauration des zones interdites, appelées «aires protégées ».

Les aires protégées en Afrique ont généralement restreint ou complètement interdit l'accès et l'usage des terres et des forêts aux communautés locales qui, dans le passé en dépendaient pour leur subsistance. Cette forme de stricte protectionnisme était largement influencée par le colonialisme.

Malheureusement, les leçons tirées de l'histoire nous apprennent que ce type d'approche a presque toujours intensifié les conflits sur l'utilisation des ressources naturelles (Yaa et al,2000) et est soldée aux échecs dus au refus d'associer les acteurs locaux (Brown et al, 1992).

3.3. Approche participative

Les programmes de conservation ou de régénération des forêts pourraient se servir et exploiter les traditions autochtones sur les soins et les cultures des arbres, plutôt que se baser que sur le modèle non africain(Ghattas et al, 1993).

Les conservateurs de la nature et les responsables des projets reconnaissent aujourd'hui que les efforts pour conserver la biodiversité dans les pays en développement ne pourront jamais aboutir à long terme tant que les utilisateurs locaux des ressources naturelles ne se rendront pas compte que les efforts faits par les projets répondent à leurs besoins économiques et culturels (Brown et al, 1992).

Pour concevoir des projets socialement viables, l'incorporation des valeurs et des méthodes traditionnelles est fondamentale.

Ainsi, Ahouanasou (1997) définit l'approche participative comme une méthode de développement basée sur la participation et la responsabilisation accrue des communautés locales de base pour gérer aux mieux les ressources d'un terroir, dans un cadre de sécurité juridique, afin d'assurer leur durabilité et accroître leur valorisation.

Sur ce, l'éducation et la formation des populations locales constituent une clef de succès de l'approche participative ; avec l'instruction, les communautés rurales seront capables de poser des diagnostics sérieux de leurs problèmes et d'y trouver les solutions efficaces.

4. POSSIBILITE DE REDUIRE LA DEFORESTATION CAUSEE PAR L'EXPLOITATION PAYSANNE.

En République Démocratique du Congo, la responsabilité des populations locales dans le processus de déforestation réside essentiellement dans l'agriculture sur brûlis et l'utilisation du bois de chauffage et charbon de bois comme principale sources d'énergie.

Pour réduire la pression de ces besoins sur la forêt, les systèmes agroforestiers, le développement de l'énergie électrique et son accessibilité pour tous, semblent à notre avis, une voie à explorer absolument.

D'après nos observations à Kinshasa, un ménage modeste non alimenté en énergie électrique dépense jusqu'à 15 fois plus d'argent en utilisant le charbon de bois ou le bois de chauffage comme source d'énergie à la place de l'électricité.

Ainsi, à l'instar d'autres programmes de nations unies, l'instauration d'un programme « Energie électrique pour tous » dans les pays à forte utilisation de la forêt comme seule pourvoyeuse des bois énergétiques contribuerait non seulement à réduire sensiblement les dépenses des populations, mais aussi leur demande toujours croissante en charbon de bois et en bois de chauffage.

L'agroforesterie quant à elle, définie comme un système où l'on fait pousser les arbustes en association avec des cultures vivrières ou des pâturages (Young, 1995), permettrait aussi de réduire l'intensité de déforestation causée par l'agriculture sur brûlis, car elle offre entre autres avantages (Baumer, 1987, Baldy et Stigter, 1993) :

5. CONCLUSION

La forêt est une ressource d'une importance vitale pour l'humanité. L'exploitation industrielle des forêts, l'exploitation de bois de chauffage et charbon de bois, ainsi que l'agriculture constituent les facteurs majeurs de la déforestation. Cependant, dans les pays en développement où le charbon de bois et le bois de chauffage constituent la principale sources d'énergie, il est possible de réduire l'intensité de déforestation par le développement et l'utilisation d'autres sources d'énergie.

En outre, l'adoption des systèmes agroforestiers permettraient aussi la réduction de l'expansion de l'agriculture sur brûlis et par conséquent, la déforestation.

REFERENCES

Ahouansou L., 1997. La décentralisation de la gestion des ressources naturelles par les populations locales : quel espoir pour les générations africaines? in L'arbre, forêts et communautés rurales, Bulletin FTTP n°10, juin 1997 p.28

Baldy C. et Stigter C.J., 1993. Agrométéorologie des cultures multiples en régions chaudes, INRA, Collection du labo au terrain, Paris, 260p.

Barbault R., 2002. La biodiversité : un patrimoine menacé, des ressources convoitées et l'essence même de la vie, Sommet Mondial du développement durable, Johannesburg, 205p.

Baumer M., 1987. Agroforesterie et désertification, ICRAF/CTA, Wangeningen, 260p

Brown M. et Wyckoff B., 1992. Projet intégré de conservation de la nature et de développement, WWF, 68p

Ghattas M. et Dounia Loudiyi, 1993. Biodiversité africaine, fondement pour l'avenir. : Programme d'appui à la biodiversité, USAID, 167p.

Gottle et El.Hadji, 1997. Les fonctions protectrices et écologiques des forêts, Volume 2, Thème10 , XI Congrès forestier mondial, 13-22octobre 1997, Antalya

Gunnar Pulsen, 1981. L'homme et l'arbre en Afrique tropicale, CRDI, Ontawa

Aymé M., 2002. La déforestation : La forêt, c'est encore un peu du Paradis perdu http://www.nethik.net/Deforestation.htm,

Roper J., Ralph W. et Roberts R.P.F, Déforestation: Le déclin des forêts tropicales, RCFA Réseau des Conseillers Forestiers de l'ACDI, janvier, 1999

Soltner D., 1982. Le climat : Les bases de la production végétale. Tome II, 2ème édition Sciences et techniques agricoles, Angers, 312 p.

Yaa Ntiamoa, Zeba S., Mboje D., Bonnehin L., 2000. Principes en pratiques, USAID, 99p

Young A, 1995. Agroforesterie pour la conservation des sols, CTA, Bruxelles, 194p


1 Etudiant à la Faculté des Sciences agronomiques
Université de Kinshasa /République Démocratique du Congo
e-mail : [email protected]