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La sylviculture et la gestion des plantations de teck

B. Krishnapillay

Baskaran Krishnapillay est Directeur de la Division
des plantations forestières, auprès de l'Institut
malaisien de recherche forestière (FRIM).

Les stratégies de gestion à adopter et les besoins écologiques à satisfaire pour améliorer la croissance et la qualité des plantations de teck.

Alors que les billes de teck récol-tées dans les forêts naturelles, principalement en Inde et au Myanmar, représentent la plus grande partie des échanges de bois tant sur le marché mondial que sur les marchés intérieurs, l'offre en provenance de ces pays fait l'objet de restrictions croissantes. En Thaïlande, l'abattage des tecks et d'autres essences forestières indigènes est interdit depuis 1989 et en République démocratique populaire lao, les approvisionnements ont été fortement limités dans l'attente d'une réévaluation des récoltes potentielles. D'où la grande inquiétude qui règne quant à l'offre future sur de gros marchés traditionnels des produits dérivés du teck, comme la Thaïlande, Singapour et la Chine.

Les plantations sont une importante source potentielle de bois d'œuvre pour réduire l'écart croissant entre l'offre et la demande de teck. Le présent article sonde le potentiel du teck comme espèce de plantation, en focalisant son examen sur les stratégies de gestion, les besoins écologiques, les performances de croissance, la qualité du bois et les disponibilités de matériel végétal, et en s'appuyant sur des exemples directement tirés de l'expérience malaisienne. Pour finir, il mentionne certains axes des recherches actuellement menées pour favoriser le développement des plantations de teck.

Plantation de tecks de cinq ans, Malaisie

- B. KRISHNAPILLAY

DÉVELOPPEMENT DES PLANTATIONS DE TECK

Les qualités du teck, du point de vue de la durabilité et de l'ouvrabilité, sont reconnues depuis des siècles, de sorte que cette espèce est distribuée et cultivée un peu partout dans les tropiques. Aujourd'hui, le teck est l'une des cinq premières espèces tropicales feuillues, pour la surface plantée dans le monde (tableau 1).

TABLEAU 1. Principales espèces tropicales feuillues, en termes de superficie des plantations, 1995

Espèce

Superficie (ha)

Pourcentage des plantations tropicales

Eucalyptus spp.

9 949 588

17,7

Acacia spp,

3 904 307

7,0

Tectona grandis

2 246 559

4,0

Casuarina spp,

787 200

1,4

Dalbergia sissoo

626 020

1,1

Gmelina arborea

418 050

0,7

Swietenia macrophylla

151 214

0,3

Terminalia spp,

303 957

0,5

Source: D. Pandey, données non publiées.

Au Myanmar, les plantations de teck, introduites dans le pays vers l'an 1700, couvrent une superficie estimée à 139 000 ha1; elles représentent donc un complément important des approvisionnements provenant des forêts naturelles. En Inde, les premières plantations ont été établies en 1842. Pendant les 20 ans qui ont suivi, c'est-à-dire jusqu'en 1862, plus d'un million de plants de teck ont été produits pour créer de nouvelles plan-tations. La superficie plantée atteint aujourd'hui 980 000 ha.

En Thaïlande, les premières plantations de teck ont été établies à partir de 1906 et la surface plantée atteint à l'heure actuelle approximativement 159 000 ha. La Thaïlande doit importer de grosses quantités de bois de teck issues des plantations pour son industrie du meuble, qui est orientée vers l'exportation et s'accroît rapidement. Cette industrie emploie environ 400 000 personnes et rapporte quelque 400 millions de dollars EU en devises; en outre, depuis 1945, elle a largement contribué, avec l'appui des dessins et des techniques de fabrication scandinaves, au succès des meubles en teck dans le monde.

En Indonésie, les plantations de teck sont surtout concentrées à Java et couvrent actuellement plus de 700 000 ha. Cette espèce a probablement été introduite à Java au XIVe siècle, ou peut-être même dès le VIIe siècle, comme le prétendent certains rapports. Le bois récolté dans les plantations de teck de Java approvisionne une industrie du meuble en expansion rapide, de plus en plus orientée vers les marchés d'exportation. La production de teck est assurée à la fois par le secteur privé et sous le contrôle d'une entreprise d'État, appelée Perum Perhutani. La production de teck et les activités de transformation de la compagnie Perhutani sont bien organisées et étendues, puisqu'elles comprennent la fourniture de matériel végétal à planter, d'intrants consommables (par exemple les engrais) et de conseils particuliers aux exploitants, en matière d'établissement et de gestion des plantations de teck. En échange de ces apports, Perhutani acquiert les droits sur les billes coupées dans les zones concernées.

En Malaisie, la culture du teck est un phénomène relativement récent. La superficie totale plantée est estimée à 2 000 ha, tant dans la péninsule malai-sienne qu'à Sabah (Asian Timber, 1996; Tee, 1995). Récemment encore, on pensait que le teck poussait mieux dans les États plus secs du nord de la péninsule malaisienne, de sorte que cette culture n'était pas encouragée dans les autres régions plus chaudes et plus humides du pays. Cependant, les résultats obtenus dans ces zones prouvent qu'elles sont tout aussi adaptées à la production de teck (voir plus bas). L'établissement de plantations industrielles de teck suscite donc un grand intérêt et est activement promu par le Département des forêts, l'Institut malaisien de recherche forestière (FRIM), les autorités fédérales de développement agraire, d'autres institutions gouvernementales et le secteur privé. Ces programmes de plantation commerciale visent un accroissement moyen annuel (AMA) d'au moins 8 m3 par hectare et par an. De nouvelles plantations sont créées, tant à l'échelle industrielle (>100 ha) qu'à celle de la petite entreprise. La création de petites plantations est vivement encouragée, car celles-ci nécessitent peu de main-d'œuvre et ont un rendement potentiel élevé.

À Java (Indonésie), la gestion des plantations de teck est généralement sous le contrôle de la société Perum Perhutani, une entreprise d'État qui fournit une assistance aux paysans forestiers en échange des droits sur les billes coupées sur les surfaces concernées; sur la photo, travailleurs forestiers javanais débitant des tecks en billes

- FAO/12605/M. PICKSTOCK

Ailleurs en Asie, des tecks ont été plantés au Bangladesh (c. 73 000 ha), à Sri Lanka (c. 38 000 ha), en Chine (c. 9 000 ha), aux Philippines (c. 8 000 ha), en République démocratique populaire lao (c. 3 000 ha), au Népal (2 000 ha), et au Viet Nam (1 500 ha).

En Afrique, des plantations de teck ont été établies au Nigéria (c. 70 000 ha), en Côte d'Ivoire (c. 52 000 ha), en Sierra Leone, en République-Unie de Tanzanie (c. 3 000 ha) et au Togo (c. 4 500 ha). Des tecks ont aussi été plantés un peu partout dans les pays tropicaux d'Amérique du Nord et du Sud, où cette espèce a été introduite au début du XXe siècle. Ces plantations couvrent à présent une superficie estimée à 33 000 ha, principalement au Costa Rica, à la Trinité-et-Tobago, au Panama, en El Salvador, en Colombie, au Guatemala, au Venezuela et en Équateur.

Dans la région du Pacifique, le teck a été introduit par les Allemands au début du XXe siècle en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où quelque 3 500 ha de plantations ont par la suite été établis. Il a aussi été introduit dans des plantations aux Îles Fidji et Salomon et planté à titre d'essai dans le nord de l'Australie.

Bien qu'ils couvrent de vastes étendues, les tecks cultivés dans des plantations n'ont pas augmenté significativement l'offre de bois ronds industriels sur le marché mondial, si l'on excepte quelques exportations récentes de Papouasie-Nouvelle-Guinée et de l'Équateur.

Plantation de tecks d'un an et demi, Malaisie

- B. KRISHNAPILLAY

LE TECK, COMME ESPÈCE DE PLANTATION

Le teck se plante relativement facilement et a de bonnes perspectives comme espèce de plantation, en raison de la demande soutenue à l'échelle mondiale de produits dérivés du teck. Ces perspectives prometteuses sont renforcées par la tendance croissante à remplacer le bois de construction par des panneaux de bois reconstitué (Loke, 1996). Les placages tranchés de teck ont une demande assurée, comme revêtement des panneaux de bois reconstitué, car ils renforcent les possibilités d'utilisation des panneaux, sous de nouvelles formes, en remplacement du bois de construction.

Les deux principaux facteurs ayant une incidence sur les performances et la gestion des plantations de teck sont leurs taux de croissance relativement faibles et la nécessité de maximiser la longueur du fût libre (partie de la tige d'un arbre sans branches), pour maximiser la partie de la bille utilisable pour la fabrication de produits finis de qualité supérieure.

Taux de croissance

D'après les rapports, les plantations de teck ont des taux de croissance modestes. Dans des conditions favorables, une plantation peut afficher, au début de sa vie, des taux de croissance de 10 à 20 m3 par hectare et par an. Cependant, cette croissance tombe à un niveau généralement estimé à 4 à 8 m3 par hectare et par an, à mesure que la plantation vieillit (Htwe, 1999; Cao, 1999). Sur les meilleurs sites du Myanmar et de l'Inde, les plantations de 50 ans ont des arbres d'une hauteur de 30 m et d'un diamètre à hauteur d'homme (dhh) de 60 cm. Quelques paramètres de croissance afférents au teck cultivé en Malaisie sont donnés au tableau 2.

TABLEAU 2. Performances des tecks à la station forestière de Mata Air, Perlis (Malaisie)

Croissance en hauteur

4 m la première année

Croissance en diamètre

1,5-2 cm par an

DHH à 15 ans

25-35 cm

Hauteur totale à 15 ans

22-25 m

Fût libre à 15 ans

12 m

Volume par arbre à 15 ans

0,50 m3

Dans les plantations de teck, il semble indispensable d'adopter des rotations longues pour maximiser la production de bois de cœur, ou duramen. D'après des études réalisées en Inde, les arbres âgés de 51 à 52 ans contiennent 77 pour cent de bois de cœur, contre 30 pour cent seulement pour les arbres de huit ans (Bhat, 1997). Ces mêmes études ont démontré l'existence d'une corrélation positive entre le pourcentage de bois de cœur, la largeur des cernes (0,73) et le dhh (0,46), ce qui signifie que, plus la croissance est rapide, plus la teneur en bois de cœur et, partant, en bois de valeur, est élevée. Ces résultats semblent indiquer que des rotations de plus de huit ans sont nécessaires pour produire des billes d'une valeur élevée et que les taux de croissance rapide ne nuisent pas nécessairement à la qualité du bois.

La forme du fût

La présence de rainures (ondulations et renflements irréguliers) dans la tige du teck a été détectée dans un certain nombre de plantations. Dans un test de provenances internationales, les possibilités de transmission héréditaire (ou coefficient d'héréditabilité moyen) du caractère de la tige droite ont été évaluées à 0,83, ce qui indique que ce caractère est fortement déterminé par la provenance et qu'il se transmet donc génétiquement (Kaosa-ard, 1999). Il est donc possible de minimiser le rainurage en utilisant la provenance appropriée dans les essais de croisement, pour obtenir des plants à tiges droites.

La principale caractéristique de forme qui détermine la valeur des billes de teck est la longueur du fût libre, qui dépend de la période de la floraison. La floraison, qui représente la transition entre la production de structures strictement végétatives et la production de structures reproductives - se produit en réaction à certains signaux de l'environnement. Immédiatement après la floraison de la dernière pousse, partent les premières ramifications secondaires de branches. Il a été conseillé d'opter pour une floraison tardive pour maximiser la période végétative, mais cette solution est souvent en contradiction avec le choix d'une période de production de semences précoce. C'est la raison pour laquelle les stratégies de gestion que nous allons examiner sont souvent employées pour maximiser la longueur du fût libre.

STRATÉGIES DE GESTION

Le teck a besoin de beaucoup de lumière tout au long de son cycle évolutif. Les arbres les plus bas sont supprimés rapidement si la densité de peuplement est trop élevée. Il faut donc pratiquer d'importantes éclaircies à intervalles réguliers dans les plantations, en particulier durant la première moitié de la rotation. La densité de plantation initiale est généralement de 1 200 à 1600 plants par hectare.

L'espacement entre les arbres et le nombre, le calendrier et l'intensité des éclaircies ont une forte influence sur le rythme de croissance et sur le rendement de la plantation. Si les éclaircies sont pratiquées trop tard, la croissance diminue ou s'arrête; en revanche, si elles sont trop massives ou trop précoces, les arbres tendent à produire davantage de branches latérales et de pousses adventives, ce qui réduit aussi le rendement potentiel de la plantation car la croissance est détournée de la tige principale, qui devrait être dépourvue du type de défauts causés par les branches latérales et les pousses adventives.

La date de la première éclaircie est souvent déterminée par la hauteur des arbres et intervient généralement lorsqu'ils atteignent entre 9 et 9,5 m. La seconde éclaircie peut être pratiquée lorsqu'ils atteignent entre 17 et 18 m.

En général, la capacité de charge d'un site est indépendante des densités de peuplement initiales et des régimes d'éclaircie. La capacité de charge est mesurée par la surface terrière (superficie moyenne de la section transversale de tous les arbres, par unité de terre). Il est possible de trouver le régime d'éclaircie nécessaire pour obtenir une certaine surface terrière sur une superficie de terres, en conservant un nombre minimal d'arbres. On laisse souvent une surface terrière moyenne de 20 à 22 m2 par hectare, après la deuxième éclaircie. Une troisième éclaircie est ensuite effectuée pour ramener la surface terrière moyenne à 13 à 15 m2 par hectare.

Les éclaircies et les élagages ont une forte incidence sur le rendement et la qualité du bois. Pour produire de longs fûts sans nœuds, la stratégie la plus classique consiste à utiliser une densité de plantation élevée et à maintenir les peuplements serrés, sans pratiquer aucune éclaircie pendant les trois ou quatre premières années. L'objectif est de minimiser la taille des cimes et les branches latérales pour améliorer la qualité et l'apparence du bois, de manière à augmenter sa valeur.

En général, il faudrait éclaircir le peuplement jusqu'à l'obtention du nombre d'arbres optimal pour réduire la concurrence excessive et optimiser la croissance des arbres restants. L'idéal serait d'arriver à une densité finale d'environ 300 arbres par hectare.

BESOINS ÉCOLOGIQUES

Besoins du sol

Le teck pousse sur les sols les plus divers, mais sa croissance dépend de la profondeur, de la structure, de la porosité, du drainage et de la capacité de rétention d'humidité du sol. Il préfère les sols profonds bien drainés et fertiles, en particulier les substrats volcaniques (par exemple sols ignés ou métamorphiques) ou les sols alluviaux de différentes origines. Le pH optimal est compris entre 6,5 et 7,5. La teneur en calcium a également son importance, les sols pauvres en calcium donnant des tecks rabougris (Kaosa-ard, 1981). Des études réalisées à l'Institut malaisien de recherche forestière (FRIM) montrent qu'avec de bonnes techniques de gestion, il est possible d'améliorer les performances du teck sur des sols difficiles (voir encadré).

Températures et précipitations

Le teck pousse particulièrement bien lorsque la température mensuelle minimale est supérieure à 13 °C et la tempé-rature mensuelle maximale inférieure à 40 °C.

Le niveau optimal des précipitations se situe entre 1 250 et 3 750 mm par an; toutefois, pour produire du bois de bonne qualité, cette espèce a besoin d'une saison sèche d'au moins quatre mois, avec des précipitations inférieures à 60 mm (Kaosa-ard, 1981).

En Malaisie, des études de parcelles témoins réalisées à Perak (précipitations 2 800 mm), Selangor (précipitations 2 500 mm), Kepong (précipitations 2 600 mm) et Johore (précipitation 2 700 mm), sur les trois à cinq dernières années, ont montré que les performances du teck peuvent être aussi bonnes, sinon meilleures, dans des régions plus humides et plus chaudes que dans celles où il est habituellement cultivé. Les arbres ont eu une croissance précoce dans ces régions plus humides et plus chaudes, ce qui a incité à promouvoir les plantations de teck à grande échelle en Malaisie.

Un rapport indien (Kondas, 1995) montre que le teck a une croissance beaucoup plus rapide, tant en hauteur qu'en diamètre, dans les zones où les précipitations sont au moins suffisantes pendant la majeure partie de l'année, que dans les zones soumises à l'influence des moussons.

On croit, à tort, que les cernes d'accroissement annuel, qui donnent aux billes leur structure granulaire, n'apparaissent que sur les tecks poussant dans les zones où les saisons sèches et humides sont différenciées, mais pas dans celles où il pleut toute l'année. Or les arbres qui poussent dans les régions où la saison sèche dure longtemps ont souvent des anneaux de croissance concentriques très marqués et très rapprochés, car le cambium reste inactif pendant la longue période de sécheresse. Cependant, l'anneau de croissance se forme quelles que soient les conditions climatiques, même si les précipitations sont élevées tout au long de l'année.

Performances de croissance sur quelques sols
de la péninsule malaisienne

LES PEUPLEMENTS DE TECK NON AMÉNAGÉS

Les types de sols ont une influence significative sur la croissance des tecks laissés à l'état naturel (tableau 3). Sur les séries de sols de Penambang (sols riverains) et de Serdang (sols dérivés du grès), la croissance a été plus rapide que sur les sols schisteux pierreux peu profonds et modérément profonds des séries de Kuah et de Batu Lapan. La croissance des tecks cultivés sur les sols latéritiques des séries de Gajah Mati et de Pokok Sena a été considérablement plus lente (30 pour cent) que sur ceux des séries de Penambang et de Serdang.

Ces résultats semblent indiquer que les tecks poussent mal sur des sous-sols latéritiques, compactés et peu profonds, s'ils ne sont pas entretenus après la plantation. Cependant, des plantations d'hévéas se sont bien développées sur ce type de sols, lorsque le système de gestion prévoyait une bonne préparation des terres, par exemple des labours et des pratiques sylvicoles appropriées. On peut en déduire qu'avec des pratiques de gestion intensive et de bons programmes de fertilisation, le teck pourrait se développer de façon satisfaisante sur ces types de sols. Les expérimentations concernant la croissance et la gestion du teck sur sols pauvres, ont débuté depuis peu.

TABLEAU 3. Croissance de peuplements adultes de tecks non soumis à aménagement, sur divers types de sols

Séries de sols

Origine

Année de plantation

Espacement (m)

Hauteur totale (m)

Diamètre (cm)

Serdang

Grès

1965

2,4 x 2,4

31,38

35,44

Penambang

Alluviale

1966

2,4 x 2,4

31,34

34,60

Batu Lapan

Schiste latéritique

1966

2,4 x 2,4

18,12

26,20

Kuah

Schiste

1965

2,4 x 3,0

17,24

23,50

Gajah Mati

Latérite

1962

2,4 x 2,4

18,44

24,28

Pokok Sena

Latérite

1963

2,4 x 3,0

20,24

25,44

Source: Amir Husni (1998).

LES NOUVELLES PLANTATIONS SOUS AMÉNAGEMENT

Les premiers résultats des expérimentations visant à évaluer la croissance des tecks soumis à des systèmes d'aménagement optimaux, sur différents types de sols et dans diverses conditions écologiques, confirment que les performances de ces arbres peuvent être satisfaisantes sur des sols difficiles, s'ils sont gérés comme il convient. Pour réduire les coûts et garantir l'adoption de pratiques sylvicoles optimales, ces essais ont été pratiqués sur des parcelles de petits exploitants agricoles, dans le cadre d'un accord de «partenariat judicieux», aux termes duquel les agriculteurs bénéficient de conseils gratuits, de plantules de bonne qualité, d'intrants agricoles fournis par le FRIM, et encaissent les recettes de la coupe définitive, le FRIM bénéficiant, pour sa part, du travail du paysan pour la gestion de la parcelle et de l'accès aux données sur la croissance.

Comme l'indique le tableau 4, les performances de croissance des jeunes plantations semblent bonnes sur certains sols difficiles. Le suivi de ces parcelles sera poursuivi jusqu'à la rentrée de la prochaine récolte.

TABLEAU 4. Croissance de jeunes peuplements de tecks, sur divers types de sols, soumis à un régime d'aménagement

État

Séries de sols

Origine

Âge des arbres (mois)

Espacement (m)

Hauteur moyenne (m)

DHH moyen (cm)

Selangor

Bernam

Argile marin

27

3 x 4

8,2

10,4

 

Bernam

 

36

2,7 x 2,7

8,0

9,4

 

Bernam

 

36

2,4 x 2,4

7,4

7,8

 

Nerang

Schiste

24

3 x 4

6,4

5,9

Perak

Bungor

Schiste

11

2,4 x 3

5,3

4,6

Pahang

Bungor

 

6

3 x 4

1,6

-

Kedah

Gajah Mati

Schiste latéritique

30

3 x 3

6,0

6,2

 

Berserah

Granit

28

3 x 4

5,3

4,6

Perlis

Rasau

Alluviale

23

3 x 4

7,4

7,5

 

Rasau

 

20

3 x 4

4,7

4,2

 

Rasau

 

20

3 x 4

4,2

3,8

Note: Toutes les semences provenaient du FRIM, Perlis (Malaisie).

Source: FRIM, non publié.

QUALITÉ DES TECKS POUSSANT DANS DES PLANTATIONS

On a prétendu que les tecks poussant dans des plantations avaient une qualité physique inférieure à ceux des forêts naturelles. En réalité, la qualité du bois des tecks provenant des forêts naturelles est plus variable, ce qui est un inconvénient du point de vue de l'utilisation. Les utilisateurs considèrent généralement que les essences de teck à croissance rapide produisent du bois léger, fragile et spongieux (Bryce, 1966), mais ce point de vue n'est pas confirmé par les études réalisées à l'Institut de recherche forestière de Dehra Dun (Inde). Bien que les arbres des plantations poussent plus vite que ceux des forêts naturelles, il a été démontré qu'il n'y avait pas de corrélation significative entre la vitesse de croissance et la solidité du bois (Sekar, 1972).

Des études réalisées par Sanwo (1986), sur des arbres dominants, codominants et de sous-dominants d'une plantation de teck de 27 ans, située au Nigéria, ont montré que le taux de croissance n'avait pas d'influence significative sur la densité. Le bois de teck est généralement plus solide aux extrémités supérieures et inférieures, et plus fragile dans les parties intermédiaires. Cela est confirmé par une étude réalisée sur des tecks de 20 ans plantés dans des zones humides, en Inde (Kondas, 1995).

D'autres études ont indiqué que la densité et les propriétés mécaniques du bois étaient sans rapport avec la vitesse de croissance, ou que les arbres à croissance rapide d'espèces à pores diffus avaient un bois plus dense et plus solide (Harris, 1981; Bhat, Bhat et Dhamodaran, 1987; Rajput, Shukla et Lai, 1991). Plus récemment, une étude sur les propriétés du bois de teck à croissance rapide d'âges différents poussant dans des plantations a montré que la densité en bois, le module de rupture, le module d'élasticité ou d'écrasement maximal étaient sensiblement les mêmes (Bhat, 1998). L'étude concluait que les jeunes arbres (de 13 à 21 ans) n'étaient pas nécessairement inférieurs aux arbres plus vieux (de 55 à 65 ans), du point de vue de la densité et de la solidité du bois, et que, par voie de conséquence, l'âge de rotation des tecks à croissance rapide pouvait être abaissé sans risque.

Divers produits, notamment des panneaux massicotés-collés, des meubles, des portes et même de petits objets en bois de teck, ont été fabriqués avec des matériaux des éclaircies, ce qui montre que même l'aubier peut être utilisé pour fabriquer des objets de qualité supérieure.

DISPONIBILITÉ DE MATÉRIEL VÉGÉTAL

Il est possible de produire des plants de teck à partir de semences ou de tissus végétaux (souches, boutures de branches, etc.). Les plants obtenus à partir de semences collectées au hasard ont en général une croissance très variable, alors que les méthodes de multiplication, basées sur l'utilisation de boutures ou sur la culture tissulaire, garantissent la production de matériel végétal uniforme, ayant les qualités recherchées. Toutefois, les semences sont très importantes pour maintenir une large réserve génétique. Pour obtenir du matériel végétal raisonnablement uniforme à partir de semences d'origine confirmée, il est indispensable de cultiver des vergers à graines de clones ou de semis provenant d'arbres de bonne qualité.

La grande variation des conditions de croissance, dans l'aire de répartition naturelle du teck, semble indiquer qu'il existe une variabilité génétique notable suivant les provenances. En outre, étant donné que le teck est cultivé depuis longtemps en dehors de sa zone endémique (Java, Indonésie), il existe probablement des variétés locales spécifiquement adaptées aux régions dans lesquelles cette espèce a été introduite.

Pour élucider ces aspects, une série internationale de tests de provenances a été établie (Keiding, Wellendorf et Lauridsen, 1986; Kjaer, Lauridsen et Wellendorf, 1995; Kjaer et Foster, 1996). Ces essais ont montré que, d'une manière générale, les semences d'origine locale devraient être préférées, lorsque le teck est planté à l'intérieur de son aire de répartition naturelle (White, 1991). Bien que les sources locales n'aient pas toujours donné les taux de croissance les plus rapides, elles ont régulièrement donné de meilleurs résultats que les semences d'autres origines.

À l'inverse, dans les régions situées en dehors de l'aire de répartition naturelle du teck, les stocks de semences locales ont parfois donné des résultats très médiocres pour certains traits commercialement importants, de sorte qu'ils se sont révélés inutilisables pour la création de plantations commerciales. En revanche, on a noté avec intérêt la grande adapta-bilité des provenances de l'Inde du Sudet de l'Indonésie, dont la forme et les taux de croissance et de survie ont été satisfaisants.

À l'heure actuelle, les disponibilités de matériel végétal de la qualité souhaitée et de source génétique connue sont insuffisantes. Il existe une demande soutenue de matériel de plantation de bonne qualité pour des programmes de plantation, tant en Malaisie qu'aux Philippines, au Viet Nam, en Thaïlande, au Myanmar, en Indonésie et en Inde.

Les stocks de jeunes plants actuellement utilisés pour les programmes de plantation malaisiens proviennent essentiellement de sources locales non identifiées ou de Thaïlande. Aucun système d'homologation ne garantit que le matériel provient d'une source connue de matériel génétique de bonne qualité, ou même de la source indiquée par le fournisseur. Cela constitue un risque pour ceux qui gèrent les plantations. Le FRIM collabore actuellement avec des pépinières commerciales fiables et avec des centres de propagation des végétaux pour produire des jeunes plants de bonne qualité en quantités suffisantes pour satisfaire les besoins de la Malaisie.

LA RECHERCHE CONCERNANT LES PLANTATIONS DE TECK

Le teck est au centre de programmes de recherche intégrés en Inde, en Indonésie, en Thaïlande et au Myanmar depuis au moins 50 ans. L'identification de matériel génétique d'élite pour les plantations à grande échelle, et la mise au point de pratiques sylvicoles maximisant la production de bois d'œuvre de qualité supérieure, sont les principaux résultats de ces programmes, en ce qui concerne les plantations.

En Malaisie, le FRIM entreprend actuellement des recherches pour renforcer le développement des plantations de tecks dans plusieurs directions:

CONCLUSION

Le teck a d'assez bons taux de croissance et rapporte suffisamment pour justifier son exploitation sur une base commerciale. C'est donc un arbre intéressant, comme espèce forestière de plantation, dans les zones écologiquement appropriées, et il semble posséder les qualités requises pour être utilisé dans le Programme de plantation forestière malaisien. D'après des expériences préliminaires, le teck peut pousser sur les types de sols les plus divers en Malaisie, mais sur les sols difficiles, il est indispensable d'adopter des pratiques de gestion sylvicoles intensives. 

Bibliographie

1 Tous les chiffres concernant la superficie des plantations, qui figurent dans cette section, proviennent de la FAO (données non publiées).


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