Au commencement était la parole. Toute société est dabord passée par loralité. Quand deux personnes veulent établir une communication, lorsquelles sont proches lune de lautre, elles emploient la parole sans déployer de grand efforts. Quand elles sont éloignées dans une distance restant toujours à portée de voix, elles crient en usant les paumes des deux mains pour amplifier la voix.
Mais dès linstant où les deux personnes en question sont très éloignées, il existe des moyens particulièrement efficaces pour établir une liaison entre elles:
le cheval;
le cor;
le tambour, cet instrument dont Ahmadou Kourma magnifie le rôle de moyen de communication en ces termes «alors le tam-tam frappa, frappa dans tout Togobala et les rivières, les forêts et les montages, décho en écho, roulèrent la nouvelle, jusquà des villages ou dautres tam-tams battirent pour avertir dautres villages plus lointains».
Dautres moyens dinformation existent dans cette société. Nous citerons par exemple:
Quels que soient les moyens de communication quil utilisait, linformateur participait activement à la vie de la cité ou du village.
Tout comme le reporter, le griot de la cour est un témoin ou un enquêteur. Il assiste aux événements prévus, il sefforce de rétablir la succession des faits dun événement et il ne doit des comptes quà son chef coutumier et non à une quelconque administration. Avec larrivée de la colonisation, lautorité coutumière a été privée de toutes ses prérogatives et le griot transformé en un simple animateur de foules et faiseur de louanges. La modernité a suivi lévolution de la technologie et les techniques médiatiques ont largement contribué à la dévalorisation du rôle du griot dans le système communicationnel. Certains hommes politiques, pour assouvir leur soif de lintrigue, ont utilisé des griots à des fins hypocrites. Ainsi, ayant pris goût au jeu, certains griots ont préféré la prostitution à la préservation de leur propre dignité. Le processus de la démocratisation, quant à lui, a servi de voie nouvelle pour lexploitation du griot dans le cadre des campagnes politiques des élections présidentielles et législatives. Au nom de la Démocratie, le griot ne se soucie plus de son honorabilité et sest laissé dévorer par la fièvre de largent, ce qui le dépouille complètement de sa dignité.
LE CONTE
Le conte est un récit de faits denvergure imaginaire destinés à amuser ou à instruire en amusant. Il existe plusieurs sortes de contes:
Comme le souligne Thomas Melone: «En Afrique, la tradition orale est dabord une performance théâtrale. Le conte est une métaphore de la condition humaine. Au-delà dune simple histoire danimaux, de végétaux, de génies et dhumains se joue le drame quotidien de la vie de lhomme».
Dans le domaine du conte, des écrivains comme Boubou Hama, Mariko Kélétigui, Claude Coppe, Adamou Garba, Jacques Pucheu et Tersis Nicole, des institutions comme le Centre détudes linguistiques et historiques par tradition orale (CELHTO), lInstitut de recherche en sciences humaines (IRSH), les chancelleries comme celle de lAmbassade dAllemagne, ont contribué à fixer par écrit ce genre littéraire.
LES DEVINETTES
Par des interrogations posées aux enfants sous forme de devinettes, les adultes incitent à la réflexion, obligent à un effort personnel pour accéder à la connaissance et stimulent lintelligence.
A part les publications de lINDRAP, il ny a presque pas de documentation écrite dans ce domaine. Tout reste encore oral. Cependant, il y a lieu de signaler que cette tradition est en train de subir une négligence, voire un abandon dans les villages, ce qui, si on ny prend garde, risque de porter préjudice à ce moyen de communication, élément de la culture nigérienne.
LES PROVERBES
Les proverbes peuvent être définis comme une vérité dexpérience ou conseil de sagesse pratique et populaire, communs à tout un groupe social, exprimés en une formule elliptique généralement imaginée.
1) Haoussa
in ruwanka ba su isheka wanka ba, i gurmude.
Traduction: «Si ton eau ne te suffit pas pour te laver, fais ta toilette».
rishin sani ya hi dare duh.
Traduction: «Lignorance est plus sombre que la nuit».
Autrement dit, celui qui ne connaît pas est aveugle.
2) Kanouri
in gawuré kanyé duringima jatchinba balé durikambé
Traduction: «La queue de la chèvre ne ferme pas son sexe, à plus forte raison celui de quelquun dautre».
Autrement dit, que chacun sactive selon ses moyens, ne vous créez pas de problèmes quand vous navez pas les moyens de les résoudre.
3) Touareg
amagal in matt toinane maggane
Traduction: «Si tu veux quon ne le dise pas, ne le fais pas».
adarague wir imill issalane.
Traduction: «Lignorance ninstruit pas».
LART DE PARLER
Cest une technique qui consiste à exercer les jeunes dans lart de parler rapidement avec beaucoup de mots, en faisant des rimes à la fin de chaque mot.
Aussi, cet exercice a-t-il pour but de former les enfants à un jeu de mots, au calcul mental, à une bonne diction dans la prononciation des mots dans le parler courant. Dans la société haoussa par exemple, cette méthode est un moyen déducation et de contrôle de niveau dâge des jeunes gens et jeunes filles.
La finalité de cet art est damener les enfants, dès lâge de sept ans, à développer leur instinct dorateur en parlant rapidement, avec dextérité et une bonne diction dans la communication. Ce qui, au demeurant, développe leurs facultés mentales.
Exemples
tantabara tara, koye tara, da tara, zasu ari tara in da mutun tara, ke magana tara
Traduction: neuf pigeons, neuf ufs, neuf petits pigeons, vont se rendre à neuf villages, où neuf personnes font neuf phrases.
na taka dutsi bongol bongol, na yi carap, na yi ca, na yi carap da tsuwayan ragon baba na layya
Traduction: «Jai grimpé une montage en tremblant et jai chuté, puis jai attrapé les testicules du mouton que mon père va sacrifier».
LES PAROLES CODÉES
Dans chaque groupe ethnolinguistique, certaines personnes ont poussé loin leur imagination et ont inventé un code leur permettant de se parler sans que le grand nombre ne saisisse le sens des phrases. Dans tout ou presque tous les groupes ethnolinguistiques du Niger, on trouve ce langage quil est convenu dappeler paroles codées, ou langage idiomatique, ou encore langue renversée.
Chez les Haoussa
Dans larrondissement de Madarounfa, on emploie le mot Maranci pour dire «la parole codée», burkitattar magana pour dire «paroles renversées» ou encore lexpression karya halshe qui signifie «tourner la langue».
Dans la région de Tahoua, les Adéraoua emploient le Maranci. A Matamèye, dans le département de Zinder on dit zauranci
Exemple de paroles codées en pays haoussa:
Paroles dites |
Paroles codées |
Traduction en Français |
1) Ina kwana |
Mannin kiyani |
Comment vas-tu? |
2) Yarinya ina zaki |
Ya darin diyada, idi na zaki |
Jeune fille où vas-tu? |
3) Ina zaka |
I dina da zada kada |
Où vas-tu? |
4) Ina zaka je |
I bina zaba kaba |
Où vas-tu? |
Chez les Kanuri
A NGuigmi dans le département de Diffa, cest par le terme talamgaratu que les Béri Béri désignent les paroles codées.
Les Kanuri de Maïné eux, disent Ansamgui. Malheureusement, ce langage ayant disparu, nous navons pu recueillir des exemples.
Chez les Touareg:
Lexpression tagunnugan ou «tournure de la langue», désigne les paroles codées dans la région dAgadez.
Exemple de paroles codées touareg:
Paroles dites |
Paroles codées |
Traduction en Français |
Al har ghass |
A kal hakas ga sak |
Je me porte bien |
Chez les Zarma-Songay
Cirosanni veut dire étymologiquement «langage des oiseaux». Ce vocable désigne aussi lironisation de la langue zarma-songay comme moyen de communication entre les jeunes garçons et les jeunes filles dans les villages les plus reculés du Zarmaganda et du Zarmataray. La compréhension de ces paroles codées est beaucoup plus aisée chez les jeunes qui jouissent de la langue littéraire zarma-sonray.
Exemple de paroles codées en pays haoussa:
Paroles dites |
Paroles codées |
Traduction en Français |
1) Ai nigz nigz ne |
Ay ne ay ga bay ma ne ne se |
Jaimerai te dire |
2) Ay nigz nigz ma |
Ay ne ay go ga ma ni se |
Je técoute |
3) Ay kizi baza dezise zan nizi nizi seze, nizi gaza maza |
Ay ki ba da ai salam ni se ni ga ma |
Je te demande, si je te parle, tu comprends? |
4) Malfa milfi nolfo ne in golfo kolfan |
Mam ni go koy |
Où vas-tu? |
5) Koyin niima |
Mano ni go koy |
Où vas-tu? |
6) Idri fodro nodro |
I fono |
Quest-ce que cest? |
7) Ni go niba |
Ni go bani |
Comment vas-tu? |
8) Ni ba massa massai |
Ay go bani samai |
Je me porte bien. |
LE THÉÂTRE
Sans entrer dans des considérations hautement scientifiques, nous pouvons définir le théâtre comme la représentation par le jeu de ce que les gens font. Si cela est bon, il sagira de les amener à continuer et de les faire cesser dans le cas contraire. Sagissant du théâtre nigérien, Inoussa Abdou écrit «Le théâtre nigérien est sociologique, alors la thématique portera sur lhistoire et la tradition, la critique sociale, la propagande politique et lintervention comme sources dinspiration». Les thèmes ont donc trait à la reconversion des mentalités jugées surannées en vue dasseoir une société harmonieuse par léducation et la critique, et parvenir à une évolution morale et sociale.
Les types de théâtre
Le théâtre nigérien est organisé en trois types: scénique, radiophonique et télévisuel:
pour le théâtre scénique, il sagit des représentations sur scène, autres que celles radio-télévisées;
pour le théâtre radiophonique, ce sont des émissions théâtrales qui sont produites dans un studio de radio et diffusées à partir de là;
pour le théâtre télévisuel, ce sont des pièces produites dans les studios de la télévision.
LES FORMES DE THÉATRALITÉ ADDITIONNELLE
Chaïbou Dan Inna parle de théâtralité en ces termes: «Toutes les formes de représentativité supposent avant tout lacte, le jeu dun ou de plusieurs individus (acteurs) représentant devant un public les actions réelles ou imaginées de personnages réels ou fictifs dans le but de plaire, denseigner».
Dans le cas précis de la communication traditionnelle, nous avons choisi les fêtes et rites afin dillustrer cette approche pour faire la différence avec le théâtre moderne.
Fêtes
La fête a, dans les sociétés africaines, un aspect communicatif non négligeable. Dans la société nigérienne, on assiste souvent à des fêtes divinatoires, une sorte de représentation directe des événements du monde invisible par des acteurs (initiés) parlant et agissant devant le public. Ici sinstaure la distinction entre les rites dinitiation, les rites dimploration et les cultes de possession. Cette distinction a été esquissée par plusieurs chercheurs à ces deux différences près que dune part, les uns dénient au culte de possession le défaut dinitiation et que, dautre part, ils tiennent compte des aspects de représentation directe (dialogues et gestuelles) que peut comporter le rite dimploration.
Pratiques religieuses
Le panthéon animiste est variable selon les zones géographiques du pays; la dénomination des dieux peut changer dune contrée à une autre, mais il remplissent un peu partout des fonctions identiques et ils sont lobjet du même culte.
La communauté villageoise organise en effet des fêtes pour honorer les dieux et se les rendre favorables. Les individus peuvent ainsi uvrer pour le bien-être de la collectivité.
Les génies se chargent de protéger les hommes et les récoltes, le bétail contre les maladies et les fléaux, de rendre les pluies abondantes, etc.
Toujours dans le sens de lintérêt de la communauté, les dieux aident la cité à se prémunir des esprits malfaisants qui entrent dans la cité pour y propager les fléaux.
Les fêtes et rites identifiés sont des formes de théâtralité traditionnelle qui présentent un intérêt dans la communication traditionnelle. Leur théâtralité tient autant à leur contenu quà la manière dont ils sont présentés.
LES CHEFS TRADITIONNELS
Sous lautorité du chef traditionnel, les griots de la cour, les leaders dopinion voyagent beaucoup. Ils le font par nécessité beaucoup plus que par plaisir.
Ce sont les intérêts coutumiers et sociaux qui les poussent le plus souvent à affronter les dangers à dos de chameau, à dos dâne et à cheval. Lorsquils ne voyagent pas pour colporter les informations, griots et marabouts se déplacent pour des raisons religieuses, comme la visite dun chef coutumier chez un devin ou un imam, pour des raisons politiques, comme le déplacement dun chef de guerre. On connaît plusieurs histoires dexilés, aussi bien par des contes que par des légendes.
Les griots de la chefferie coutumière ont, depuis lantiquité, commencé à voyager par curiosité, pour sinstruire ou pour instruire les autres. Cest le cas des leaders dopinion qui vont de ville en ville proposer leur enseignement. Les griots, eux, se déplacent pour savoir comment vivent les gens à lextérieur ou bien ce qui se passe dans les autres régions. A travers ces griots sest développé un véritable tourisme qui deviendra commun avec le temps. Les leaders dopinion, les griots de castes deviennent ainsi ce quils sont par excellence, cest-à-dire des colporteurs de nouvelles, des vendeurs dhistoires et des donneurs denseignements.
Ils sont entièrement pris en charge par leurs chefs coutumiers respectifs. En contrepartie, ils livrent à ces chefs tous les secrets quils ont rapportés et se refusent de les révéler à quelquun dautre, sauf autorisation de la chefferie traditionnelle, cest-à-dire lautorité coutumière relevant de la cour. Aujourdhui encore, dans les villes comme dans les villages, les chefs traditionnels ont le contrôle et le monopole de linformation.
Aucun griot, aucun leader dopinion nest autorisé à divulguer une information sans laccord du chef.
LES ASSOCIATIONS DE JEUNESSES VILLAGEOISES
La samaria ou samarta est une association qui regroupe tous les jeunes au niveau dun village, mais cest aussi un mouvement dont le principe de base reste un état desprit de groupe et de cohésion de la collectivité et, partant, un facteur important pour la consolidation de la nation, un facteur de développement et de changement.
Au Niger, la samaria a une existence nationale. Elle était fortement hiérarchisée et caractérisée par son esprit communautaire et le respect des valeurs et des coutumes traditionnelles; la formation des jeunes était assurée par la famille et la samaria. Celle-ci était une structure transitoire entre la famille et le village où le jeune percevait son rôle et sa place dans la communauté.
Lorganisation de la samaria est à limage de la cour du chef et, mieux encore aujourdhui, une structure organisée de toute une collectivité. Lélection des bureaux de la samaria se fait par vote de façon démocratique. Après une campagne de sensibilisation, lensemble de la collectivité met en place une structure organisée où chaque responsable joue un rôle précis. Chaque samaria est dirigée par un sarkin samari secondé par une djermakoye ou magajia désignés par la communauté villageoise, et des dignitaires choisis par les jeunes.
Pour plus de conformité, on cherche à ce que le rôle sadapte bien à lindividu. Par exemple, le serkin noma (chef des cultures) sera le jeune homme du village qui a le plus dardeur dans les travaux champêtres, le sarkin boula le jeune le plus propre.
LE TÉLÉPHONE NOMADE
Le téléphone nomade est lun des moyens les plus fiables de communication chez les nomades (toubou, arabe, touareg, peulh). Ce procédé est très ancien et son origine se perd dans la nuit des temps. En effet, les nomades ont un système efficace pour se transmettre les nouvelles. Coupés des villes urbaines et ne disposant pas de moyens de déplacement rapides, à part le chameau, lâne et très rarement le cheval, les Toubou nomades ont choisi comme moyen de communication ce quil est convenu dappeler le «bouche-à-oreille». Les croisements de chemins, les points deau, les cérémonies de mariage et de baptême sont les meilleurs lieux et occasions de se donner les nouvelles.
La mobilité du nomade ou véhicule de linformation est à lorigine de lexpression téléphone nomade. Dans un village distant de 50 km par exemple, on apprend une nouvelle angoissante qui plonge tout le monde dans une grande perplexité. Au petit matin, un nomade habitant ce même village rencontre un autre nomade sur un carrefour et lui annonce la nouvelle. Celui-ci voit un autre et lui transmet le même message; de façon progressive, cette nouvelle va être rapidement véhiculée. Quil sagisse dune bonne ou mauvaise nouvelle, le procédé reste le même.
LES SECRETS DES CASTES
Dans beaucoup de sociétés africaines, on définit la sorcellerie comme étant une science nègre qui consiste à manger les âmes. On appelle donc sorcier un mangeur dâmes. Il y a certes des sorciers jeteurs de sorts et faiseurs de miracles, mais il y a les vrais sorciers dont le rôle consiste à développer la science de la protection de lâme, la guérison mystérieuse des maladies que la science des blancs narrive pas à détecter.
La deuxième catégorie de sorciers détient tous les secrets de la protection et de la guérison. Elle représente dans nos sociétés le corps médical, chargé de consulter les malades et de leur prescrire les produits nécessaires à leur guérison.
Le sorcier ou sorcière du village a pour mission de consulter nimporte quel habitant du village en cas de maladie. Comme le toubib chez le blanc, le sorcier prescrit au malade, après avoir détecté la maladie dont il souffre, le ou les produits pour sa guérison. Il connaît les antidotes, un autre pouvoir qui lui permet de neutraliser le mal; très souvent, il renvoie le même mal à lenvoyeur. Quand un malfaiteur jette un mauvais sort à quelquun par exemple, on fait appel au sorcier du village pour sa neutralisation immédiate. Il est aussi détenteur des incantations bénéfiques et maléfiques. Les incantations bénéfiques, il le fait pour protéger une âme. Les incantations maléfiques, il les fait contre une personne qui tient à lhumilier ou qui tente de le dépouiller de son pouvoir occulte.
Chez les Soninkés par exemple, il existe ce quil est convenu dappeler la communication par la sorcellerie. Par exemple: «A supposer que je sois présentement à Washington et que je sois capturé par des malfaiteurs pour être tué. Les battements de mon cur agissent sur ma mère et tous ceux qui ont bu le même lait maternel que moi. A laide dune tige et dune chaussure renversée, la personne en possession vole à la vitesse dune fusée à mon secours. Toute lopération dure tout au plus trente secondes. Imaginez un peu la distance de mon village à Washington».
Outre la communication par la sorcellerie, il y a ce quon appelle la «mort-minute». Cest une opération qui consiste à donner la mort en une fraction de secondes à une personne qui se trouve à des milliers de km. Cette tuerie se fait à laide dune aiguille ou à laide dun petit fusil traditionnel. On fait des incantations face à une calebasse pleine deau. On se saisit de laiguille, on prononce le nom de lintéressé et on jette laiguille dans leau comme on décoche une flèche. De façon instantanée, la personne seffondre où quelle se trouve. Il en va de même pour le fusil magique. On le braque dans le ciel, on fait les incantations, on prononce le nom de la personne et aussitôt on appuie sur la gâchette. On a la même réaction; la personne visée tombe où quelle soit et meurt sur le champ.
LA MUSIQUE RÉCRÉATIONNELLE ET DE COURTOISIE DES JEUNES GENS ET DES JEUNES FILLES
Les jeunes de treize à quinze ans ont leur activité musicale spécifique dont le répertoire nest plus comme dans la musique enfantine, car cest à partir de ces âges que se révèlent en eux des sentiments damour: lenvie daimer, dêtre aimé et de se faire aimer. Cest aussi lâge des fiançailles, des concurrences et rivalités entre groupes dâge dans un but récréationnel, éducatif et culturel.
Cest donc à travers la musique que se manifestent ces états dâme, surtout dans les villages ayant encore gardé les traditions culturelles. Organisés en associations villageoises de jeunesse, les jeunes filles et jeunes gens invitent souvent des musiciens professionnels spécialisés qui jouent pour eux. Dans leurs chants, les griots chantent les louanges et les devises de tel ou tel en incluant le nom de sa fiancée, de son ami, etc. Les jeunes exécutent des danses mixtes ou individuelles, et chacun sefforce de montrer ses performances et de sexhiber par des dons ostentatoires. Pour certains, cest même loccasion de faire leur déclaration damour en invitant la fille convoitée à venir danser ou encore en demandant aux griots de chanter son nom ou la satire de son fiancé.
LE GRIOT «MASS MEDIA»
En matière de communication, langage et parole sont des entités de base. Il est donc tout à fait naturel de constater que cest à partir dun procédé de communication orale que se sont développées en un temps au Niger les structures dinformation et de communication (griot annonçant aux habitants sur une place publique une information, un événement). Lapparition des griots et de la littérature orale donne donc un aspect nouveau à linformation et multiplie sa puissance. Le griot voyage parfois là où un chef la expressément envoyé diffuser nouvelles et idées. Parfois, il se déplace de sa propre initiative selon les occasions de rencontre quil pressent, selon les cérémonies où il pourra obtenir des cadeaux. Habitué à prendre la parole, le griot est habile à rassembler un auditoire, à toucher par conséquent un public large et varié.
Léloquence, la poésie, la musique vont accroître la puissance des informations diffusées par le «griot mass media». Grâce à ces arts, les choses se fixeront mieux dans les esprits et prendront une coloration effective susceptible de modifier totalement le contenu du message transmis.
La puissance mobilisatrice de linformation du griot se trouve ainsi multipliée et la durée de son efficacité est prolongée grâce à lhabileté du griot, musicien habile et poète estimé. Lapparition des médias modernes, radio (ORTN), journaux (Sahel, Sahel-hebdo, etc.) à plus large diffusion, a relégué le griot à un second plan. Dépositaire de la tradition orale et historique de sa communauté, le griot est attaché à une cour seigneuriale, à un maître dont il chante les louanges. Et, cest là quapparaît son lien avec le pouvoir politique traditionnel.
AU GOUVERNEMENT
Pour permettre aux griots dassurer pleinement leur rôle de communicateur, le gouvernement doit veiller à la stricte sauvegarde de leur crédibilité. Il doit en outre prendre des dispositions pour que soit dépolitisé le métier du griot car, comme le dit un adage: «un griot na pas parti, il est de toutes les parties».
AU BUREAU NIGÉRIEN DU DROIT DAUTEUR (BNDA)
Pour corriger les nombreuses lacunes constatées sur les fiches didentification de ses adhérents, particulièrement celles qui fournissent peu de détails, le BNDA doit penser à améliorer lélaboration des fiches susceptibles dapporter le maximum dinformations sur les artistes.
AU MINISTÈRE DE LINTÉRIEUR
Le Ministère de lintérieur doit apporter le soutien financier nécessaire aux chefferies traditionnelles afin quelles réorganisent les prestations des musiciens de cour qui sont des véritables détenteurs et gardiens de la communication traditionnelle.
AU MINISTÈRE DE LA JEUNESSE, DES SPORTS ET DE LA CULTURE
Au regard de sa mission essentielle, celle du rayonnement de la culture nigérienne à laquelle ce ministère semploie activement, il lui est recommandé dappuyer, en collaboration avec le Ministère de la communication, laction de lUNICEF en procédant à la collecte systématique des outils de la communication.
La samaria étant un facteur de mobilisation et de participation active de la jeunesse au développement, il est recommandé sa réhabilitation par le Ministère de la jeunesse.
À LORTN
Etant donné les fonctions didactiques essentielles et de communication efficace du théâtre en général, et du théâtre radiophonique en particulier, il est recommandé à lORTN de veiller à la conservation univoque et pérenne des bandes denregistrement du théâtre radiophonique des troupes de Zinder et de Niamey, vouées à la destruction ou à tout éventuel effacement.
En conclusion, il est souhaité que soit réhabilitée lémission «A lheure du conte», pour le bonheur du public et que lORTN apporte son aide à lUNICEF et à la FAO pour élaborer une politique nationale de communication.
Les débats sur les moyens traditionnels de communication doivent être organisés avec les hommes de culture, des traditionalistes, des chercheurs, des leaders dopinions, etc.
À LORTN ET AUX RADIOS PRIVÉES
Au regard de la mauvaise présentation des registres de la régie dantenne, il est recommandé à lORTN et aux radios privées de revoir leur méthode de présentation de musique, en particulier le nom de la musique, le nom du groupe et le nom de lartiste qui doivent servir didentité musicale.
Il est important donc dassurer, par linformation, la sauvegarde de tout moyen de communication sonore et visuelle.
À LAMBASSADE DALLEMAGNE AU NIGER
Une note de félicitations particulière est adressée à lendroit de lAmbassade dAllemagne au Niger pour avoir bien voulu publier quatre ouvrages sur les contes nigériens.
Aussi, il est recommandé à cette ambassade de sintéresser à la talentueuse conteuse de Diffa, la nommée Gaptchia en lencourageant en outre vivement à poursuivre les publications vivant à développer la tradition orale du Niger.
AU MINISTRE DE LÉDUCATION NATIONALE
Au Ministre de léducation nationale, il est recommandé de penser opportunément à lintroduction de lenseignement artistique (les contes et les proverbes notamment) dans les programmes denseignement scolaire