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13 La diversité biologique agricole au Bénin - Jean Camille ATCHADE, Alice DJINADOU, Bernadette DOSSOU, Lucien K. OWOLABI, Armande Aïvohozin ZANOU


Carte 2: Carte écologique du couvert végétal

I. GENERALITE

La République du Bénin est située en Afrique de l’Ouest, entre les parallèles 6°30 et 12°30 Nord et les méridiens 1° et 3°40 Est. Elle est limitée au nord par la République du Niger et au nord-ouest par le Burkina Faso, au sud par l’Océan Atlantique, à l’ouest par le Togo et à l’est par la République Fédérale du Nigeria. Elle couvre une superficie de 112.622 km². Le réseau hydrographique comprend 3.048 km de cours d’eau et plus de 333 km2 de plans d’eau (lacs et lagunes) localisés au sud du pays.

Le Bénin appartient à l’ensemble aplani ouest-africain constitué de roches primaires supportant des stratifications sédimentaires relativement récentes. Le Bénin est divisé en trois zones climatiques:

une zone subéquatoriale dans le sud (entre 6°30 et 7° N) où la pluviométrie varie de 900 mm à 1.500 mm par an. La température moyenne annuelle y est de 26,5 °C et l’humidité relative de 75 % en moyenne par an; l’insolation moyenne annuelle y est de 2.290 heures.

une zone guinéo-soudanienne au centre (7° et 10° N) avec des fluctuations de température très marquées et une pluviométrie moyenne de 1.200 mm par an; la température moyenne annuelle y est de 27 °C et l’humidité relative de 60% en moyenne par an, avec une insolation moyenne annuelle de 2.305 heures.

une zone soudanienne semi-aride au nord du 10° N, caractérisée par des pluies annuelles variant de 900 mm à 1.100 mm et un déficit pluviométrique élevé. La température moyenne est de 27,5 °C et l’humidité relative de 58 % en moyenne par an; l’insolation moyenne y est de 2.862 heures.

L’état naturel de la diversité biologique étant en grande partie lié aux types de sols, la problématique de sa conservation est fortement liée à leurs caractéristiques. Les sols du Bénin sont caractérisés par une grande variabilité tant au plan de leur nature, de leur fertilité que de leur répartition géographique.

Les traits caractéristiques des types de végétation du Bénin découlent de la situation géographique du pays à l’intérieur du hiatus dahoméen, encore appelé «Dahomeen Gap», qui se traduit par une interruption des denses forêts sempervirentes que connaissent les pays voisins comme le Nigeria et le Ghana. C’est dire qu’en dépit de sa position géographique apparemment favorable, le Bénin n’est pas un pays forestier. Cependant, il est couvert à près de 65 % par une végétation arborée. Il s’agit, pour l’essentiel, de végétations sub-équatoriales ou dérivées.

II. ETAT DE LA DIVERSITE BIOLOGIQUE

a) Potentialités

La monographie nationale de la Diversité Biologique élaborée en novembre 2001 dans le cadre de l’exécution du Projet BEN/97/G31, rend bien compte de ce dont le Bénin dispose en matière de potentialités forestières, halieutiques, pastorales, édaphiques, animales, éco-touristiques et agricoles pour soutenir son développement économique. Elle permet de présenter la situation actuelle.

b) Ressources forestières et faune associée

Sur un total de terres utilisables de 11.254.000 ha, les forêts et terres boisées productives occupent une superficie de 6.186.000 ha, soit plus de la moitié des terres utilisables, et les aires protégées légalement constituées (Parcs Nationaux et Zones Cynégétiques) 2.664.000 ha, soit près de 24 %. Ces statistiques rendent compte de l’effort fait par le secteur forestier pour classer et gérer les formations forestières existantes dont dispose le pays, par comparaison aux pays dits forestiers. A cela s’ajoutent 20.000 ha de teckeraies exploitables, plus de 400.000 ha de palmeraies et de cocoteraies et des superficies non encore évaluées, destinées au bois de feu et de service. La faune des formations végétales occupe une place très importante dans la promotion de l’éco-tourisme. Les habitats, diversifiés du sud au nord, expliquent la variété des espèces fauniques qu’on y rencontre.

c) Ressources halieutiques et faune des écosystèmes non forestiers

Pour occuper plus de 43.000 pêcheurs recensés dont 4.000 dans la zone économique exclusive dont on doit déterminer la superficie, il faut bien que notre pays dispose d’importantes ressources halieutiques.

Cependant, les eaux marines sont relativement pauvres en raison de la faiblesse, voire de l’inexistence des remontées d’eaux profondes froides (upwelling) et de l’étroitesse du plateau continental. Quant aux eaux continentales, elles font l’objet d’une pression de pêche intense.

La production halieutique a été de 42.000 tonnes et la consommation de poisson a avoisiné 56.000 tonnes entre 1995 et 1999. Le secteur des pêches fait vivre plus de 300.000 personnes.

d) Ressources pastorales

Elles sont à la mesure de l’importance des terres boisées productives, des jachères et des formations arbustives qui couvrent environ 6.000.000 d’ha. A cela s’ajoutent des plantations d’espèces fourragères réalisées par des projet de développement de l’élevage, notamment au niveau de l’Atacora et du Borgou, qui n’ont pas encore été évaluées.

III. ELEMENTS DE CONTRIBUTION AU DEVELOPPEMENT DE POLITIQUES NATIONALES POUR L’UTILISATION DURABLE ET LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE AGRICOLE EN AFRIQUE DE L’OUEST

a) Les services économiques et écologiques rendus par les éleveurs nomades à la biodiversité

Connaissance et détention des souches rustiques; respect des interdits et règles locales restreignant l’utilisation abusive des ressources forestières. Respect de certains sites sacrés permettant de conserver l’écosystème stationnel.

Le parcours des animaux pourrait être enrichi d’espèces végétales ou animales nouvelles. En effet, les animaux transportent au cours de leur mouvement le matériel de reproduction (graines par exemple) d’un endroit à un autre et ils ensemencent. Ainsi, il n’est pas rare de rencontrer certaines espèces dans un milieu donné où elles ne sont pas endémiques. L’exemple de la présence de striga dans la région d’Abomey, dans le département du Zou en est une illustration éloquente.

b) Les problèmes majeurs des exploitants agricoles et des éleveurs risquant d’entraver la préservation de la biodiversité

La pauvreté oblige les producteurs à adopter des pratiques peu respectueuses de l’environnement;

L’encadrement technique des producteurs et éleveurs est faible;

Le mouvement de bétail dans certaines localités ne favorise pas la régénération naturelle et occasionne souvent des dégâts au niveau des semis naturels et des jeunes plants mis en terre par les producteurs dans le souci de promouvoir l’arbre sur l’exploitation agricole;

L’élagage sévère des arbres pour l’obtention du fourrage aérien ne favorise pas la fructification; ceci a pour conséquence la réduction de semences et compromet donc la régénération naturelle des écosystèmes forestiers et la préservation de la biodiversité;

L’allumage de feux non contrôlés occasionne des dégâts sur les ressources naturelles (sol, forêts, faune sauvage);

La pratique de l’agriculture itinérante sur brûlis est une menace pour les ressources forestières. Par exemple, la culture d’igname se fait sur des sols fertiles sous forêt et est un agent dévastateur des ressources forestières;

Les forêts s’amenuisant, les habitats des animaux sauvages sont détruits et la survie de ces derniers est dangereusement compromise;

Les feux tardifs ont des effets négatifs sur le sol, sur la flore et la pédofaune;

La mise en valeur des flancs collinaires et des berges des cours d’eau aggrave l’entraînement des particules terreuses, l’ensablement et le comblement des plans et cours d’eau. En conséquence, la biodiversité floristique, aquatique et faunique résultant des agroécosystèmes à l’échelle du terroir villageois est sérieusement menacée.

c) Des problèmes spécifiques liés à la biodiversité

L’utilisation des engins de pêche inappropriés ne favorise pas l’exploitation durable des plans d’eau, mais réduit en quantité et en qualité la population des poissons. Les feux de brousse sont également nuisibles pour la population des abeilles. Ces populations décimées par les feux ne participent plus efficacement à la préservation de la biodiversité à travers leur action de pollinisation. De même, les espèces forestières dont les graines ne germent que lorsqu’elles traversent les tubes digestifs des animaux sauvages déjà menacés dans leur existence par suite de la destruction des habitats par les feux de brousse, risquent de disparaître définitivement faute de régénération naturelle.

d) Relations entre productions agricoles et pâturages

L’extension du domaine agricole au détriment des zones de pâturage et le non déstockage des troupeaux de grande taille favorisent le surpâturage. Le surpâturage entraîne la dénudation du sol, le ruissellement des eaux superficielles, l’érosion et la compaction du sol. Tout ceci conduit à la dégradation de l’environnement et à la perte de la biodiversité. En outre, la raréfaction des ressources fourragères, comme résultat de cette extension, fragilise le bétail qui devient plus vulnérable aux maladies et condamné à terme à disparaître.

L’intégration agriculture-élevage connaît un certain essor avec le développement de la culture attelée dans certaines zones productrices de coton, mais la production et l’utilisation du fumier de ferme restent à encourager pour le maintien du potentiel productif du sol qui demeure la base de la conservation de toutes les ressources. En effet le règne végétal en dépend directement et tout le règne animal dépend du règne végétal.

Il est à souhaiter que cette intégration agriculture-élevage se fasse de façon rationnelle, sinon cela risque de favoriser dangereusement le recul du couvert végétal, notamment des ressources forestières.

e) Relations entre agriculteurs et éleveurs nomades

On note de timides contrats de parcage entre les deux communautés et des échanges de produits laitiers, animaux et de produits agricoles sur les marchés locaux. L’insuffisance de ressources terres agricoles, pâturages, points d’eau, couplée avec la multiplicité des dégâts dus à la divagation des animaux entretient des relations conflictuelles entre ces deux groupes de producteurs.

f) Réactions des agriculteurs et éleveurs à la demande augmentée et changée résultant de l’urbanisation

La stratégie des producteurs (agriculteurs et éleveurs) est d’accroître les superficies de production pour satisfaire une plus grande demande de produits (animaux et végétaux) dans les zones où la disponibilité en terre le permet. Dans les terroirs saturés, où la terre constitue une contrainte majeure, les producteurs sont obligés de passer à l’intensification avec un fort accent sur l’utilisation des ressources disponibles.

g) Comment les producteurs devraient répondre à la demande augmentée et changée avec l’urbanisation

Il faudrait intensifier la production en utilisant des technologies appropriées basées sur les ressources locales. Pour ce faire les producteurs concernés ont besoin d’être accompagnés dans leurs efforts par des conseils technico-économiques de gestion de leur exploitation agricole ou pastorale. Ils ne peuvent pas continuer à produire avec les systèmes actuels d’exploitation des ressources qui ne font que dégrader ces dernières et qui, par conséquent, ne garantissent pas le maintien de la biodiversité. Il faudrait aussi adopter les innovations technologiques adaptées aux conditions socio-économiques locales et mises au point par la recherche agricole.

IV. EFFET DE L’URBANISATION ET DU SIDA SUR LES PETITS ELEVEURS ET LES NOMADES

a) Effets de l’urbanisation sur le comportement des petits agriculteurs et éleveurs nomades face à l’accès aux ressources (produits animaux, terre, eau) et les ressources biologiques

A l’image de la plupart des autres pays de l’Afrique de l’Ouest, le Bénin présente d’importants déséquilibres spatiaux notamment entre le sud et le nord du pays. Ces déséquilibres portent sur la répartition de la population, fortement concentrée dans le sud (100 à 200 habitants par km² contre 15 à 30 habitants par km² dans le nord). Ce déséquilibre est préjudiciable à la cohésion nationale et pose deux problématiques majeures:

Le développement déséquilibré et non harmonieux du territoire national;

L’urbanisation intense, mal maîtrisée et la disparition progressive des terres agricoles dans le sud et dans certaines parties du nord Bénin.

Le départ des populations vers les villes dépeuple les villages. Un exode massif des populations vers les villes conduit à des installations anarchiques, à la création et à l’accentuation des phénomènes de bidonvilles. Ces populations sans formation compétente remplissent les villes et occupent des emplois informels. L’installation de ces populations en ville réduit l’espace agricole, détruit les écosystèmes ruraux avec une forte pression sur les ressources au profit de l’urbanisation, augmente l’insécurité et la criminalité. Dans une ville comme Cotonou, on comprend aujourd’hui l’importance des difficultés de déplacements auxquelles la population est confrontée, avec en plus la pollution et le phénomène de «Zémidjan».

Dans les villages, il se crée un déficit de forces productives pour cultiver les terres disponibles. Les petits producteurs qui sont les plus nombreux ont un accès plus difficile aux ressources productives. Les éleveurs et les nomades se trouvent dans des habitats précaires et n’ont accès que difficilement à l’eau et très peu à la terre. Ces groupes en général ne sont pas atteints par les programmes de formation, de vulgarisation, d’éducation formelle et de santé de base. Les technologies développées sont le plus souvent centrées sur les préoccupations des grands producteurs (producteurs équipés, membres des structures d’organisation paysanne, ayant accès à la terre et quelquefois au crédit de campagne). Les petits producteurs naturellement défavorisés sont les plus exposés à la précarité. Le faible niveau des rendements des cultures, appuyé par la baisse de fertilité du sol, n’augure pas un lendemain meilleur.

La situation dans la commune de Karimana est présentée ici en terme d’illustration: La loi n° 97-028 du 15 janvier 1999 portant organisation de l’administration territoriale a institué les communes. Ainsi le ressort territorial de l’ex-Sous-Préfecture de Karimama est la commune de Karimama. Elle est située dans la zone soudano-sahélienne dans le département de l’Alibori et couvre 6.041 km2 dont 80 % de forêt classée, 6 % cultivables et moins de 5 % pâturables. La zone est riche en produits animaux, en ressources biologiques et en eau[18]. Les ressources en terre disponibles pour les cultures sont très faibles. Cette faible disponibilité de ressources en terre et en pâturage constitue un véritable frein au développement harmonieux de la commune. Des conflits sanglants éclatent chaque année entre agriculteurs et éleveurs.

On note une faible disponibilité alimentaire[19], surtout en période de soudure, qui montre que les effets de l’urbanisation, de la croissance démographique et du SIDA doivent contribuer à renforcer de nombreux indicateurs socio-démographiques et socio-économiques déjà au rouge.

Dans la commune de Karimama, un producteur sur deux en moyenne est locataire de terre. Les petits producteurs, les éleveurs doivent recourir à la location, au prêt ou au métayage pour accéder au foncier. Les droits délégués sont un moyen pour apporter des solutions aux problèmes créés par les inégalités dans le contrôle de la terre. Cette situation ne favorise par l’assolement, la rotation des cultures. Les petits producteurs sont pratiquement dans une insécurité foncière constante. La délégation des droits d’usage sur la terre offre un cadre de résolution des problèmes d’une grande inefficacité économique (morcellement des terres en de petits lopins économiquement non viables et contrôlés par des propriétaires différents). Dans le même temps, ces arrangements posent des problèmes divers. Ils génèrent des conflits entre protagonistes, qui sont liés parfois à la nature peu précise des conventions lorsqu’elles existent. Ainsi chaque année des conflits se déclenchent entre agriculteurs et entre agriculteurs et éleveurs sur l’accès aux ressources pâturables aux prélèvements et à l’utilisation des résidus de récolte.

b) Effets combinés de l’urbanisation et du SIDA sur le comportement des petits agriculteurs et éleveurs nomades

Les migrations des populations rurales vers les villes et les pays limitrophes sont des facteurs qui démultiplient le SIDA dans les villages. Les personnes ayant quitté les villages sont supposées les plus nanties parce que possédant «de l’argent frais» et capables de se marier facilement et de faire face à de grosses dépenses dans les villages. Ces personnes peuvent facilement infecter les paisibles populations des campagnes. Il est à souligner que cette situation est compliquée par le fait que très peu de cadres compétents exercent dans les zones rurales, et le niveau des communications est faible.

c) Proposition d’approches de solutions

La réponse des petits producteurs, des éleveurs nomades à la demande augmentée et changée des produits animaux et des ressources en terres, eau, et biologiques ne sera pas aisée. Il va falloir cibler davantage ces groupes vulnérables dans l’accès aux ressources. Les programmes de développement à la base: communication, vulgarisation agricole, éducation primaire, santé doivent être développés, en tenant compte des préoccupations des groupes concernés. Un choix plus spécifique sera opéré à l’endroit des femmes chefs de ménage et des éleveurs. Le défi sera un bon programme de gestion des terroirs.

La pratique de la culture cotonnière est une source potentielle de conflit entre la production agricole et l’écologie. L’utilisation de la traction animale montre que celle-ci permet de doubler au moins les surfaces cultivées, compromettant de façon irréversible la régénération naturelle des essences forestières surtout du karité. Or, le parc à karité est un système agro-forestier traditionnel dans lequel l’arbre et ses sous-produits, non seulement jouent un rôle stabilisateur du système de production, mais aussi et surtout constituent des sources potentielles de revenus pour les femmes collectrices. La superficie défrichée pour une culture n’indique pas encore son rôle dans le déboisement, mais plutôt l’appréciation de sa place dans l’assolement.

Pour assurer la sédentarisation, la durabilité et l’efficience de l’agriculture en zone cotonnière, l’Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) à travers la Recherche-Développement de l’Alibori a proposé une approche intégrée de type agro-sylvo-pastoral permettant une production accrue, soutenue et de qualité: le SAP qui est un modèle dynamique de gestion de l’espace et des cultures. Il a été mis au point de façon participative avec les producteurs ou groupes de producteurs, suivant leurs objectifs de production et les conditions internes de leurs exploitations, avec l’intégration de quelques innovations en pré-vulgarisation. Il permet d’accroître la production agricole et de relever le niveau des revenus des producteurs.

Le SAP est expérimenté depuis 6 ans, par la Recherche- Développement et les CARDER[20]. Une récente évaluation a montré que le système est pertinent et performant mais que sa vulgarisation bute contre quelques difficultés techniques et surtout administratives:

la disponibilité et l’accès à l’équipement agricole, à la main d’œuvre, aux intrants puis la stabilité et la disponibilité du personnel d’encadrement;

l’information qui permettrait au grand public de connaître le SAP.

Pour gérer les conflits entre agriculteurs et éleveurs, une expérience d’apprentissage, de prévention de la gestion des conflits entre les éleveurs et les agriculteurs a été mise en œuvre depuis 1998 par la Recherche-Développement de l’Alibori à Birni-Lafia (Karimama) et à Kokey (Banikoara). Lorsque le comité de prévention et de gestion des conflits entre agriculteurs et éleveurs est fonctionnel et efficace, le phénomène évolue positivement, le nombre de conflits entre agriculteurs et éleveurs est réduit.

Des facteurs externes et internes tels que la participation des leaders d’opinion, des autorités locales, la bonne gouvernance peuvent renforcer les chances de succès de l’approche. L’expérience suit son cours pour confirmer ou infirmer les facteurs d’échecs et de succès.

Pour un meilleur succès de l’approche, tous les intervenants, à savoir les groupes d’appuis externes et les comités doivent être intègres, impartiaux; ils doivent reposer leur capacité de règlement sur le consensus, les us et coutumes locaux. Le renforcement de la société civile, l’état de droit, la bonne gouvernance sont des signes précurseurs très importants pour la prévention et la gestion des conflits.

Des appuis techniques doivent être apportés aux comités pour le renforcement des capacités de leurs membres, leur fonctionnement, les méthodes de planification et de conduite des réunions. Ces appuis permettront de renforcer les capacités d’intervention des comités dans le contexte actuel de la décentralisation.

De façon globale, la mise en œuvre de l’approche, lorsqu’elle est bien menée, donne de bons résultats, même dans les zones où la situation n’évolue pas de façon satisfaisante. Enfin, l’appui aux populations de base doit tenir compte de leurs préoccupations afin d’éviter de proposer des solutions toutes faites.

V. DEGRADATION DES RESSOURCES

Comme problèmes spécifiques de la dégradation des ressources, on note:

dans tous les Départements, excepté ceux de l’Atlantique et du Littoral, la péjoration climatique, la transhumance et l’expansion de la culture cotonnière;

dans le Mono, le Couffo, le Zou, l’Ouémé, le Plateau, l’Atlantique et le Littoral, l’insuffisance de terres et l’inexistence d’aires protégées.

Quant aux facteurs (causes) de dégradation de la diversité biologique, il ressort de la synthèse de la panoplie des causes relevées au niveau des Départements que trois grandes catégories de facteurs méritent d’être retenues.

a) Facteurs anthropiques

Ils sont liés à:

la pratique de l’agriculture itinérante sur brûlis et de l’abattage consistant en l’incinération systématique des pieds des arbres, supprimant du coup toute régénération, ce qui transforme chaque année environ 160.000 ha de forêts naturelles en zones de cultures;

la pratique de l’élevage transhumant qui cause des dommages à l’environnement suite à l’émondage abusif des essences fourragères, au surpâturage, au piétinement et au tassement;

la pratique généralisée et incontrôlée de carbonisation dans les forêts de colonisation récente;

la pratique des feux de brousse tardifs qui constitue une menace particulièrement grave pour tous les écosystèmes forestiers du pays;

la pratique de la cueillette au détriment d’une utilisation durable des ressources naturelles bois de feu, d’œuvre et de service, le prélèvement des plantes médicinales, le braconnage et l’exploitation illicite des plans d’eau.

De ces relations agriculture-forêt, élevage-forêt, cueillette-forêt, il ressort que ce sont les questions relatives à la gestion des ressources forestières, au système d’élevage, à la foresterie communautaire (plantations villageoises et agroforesterie) et à la gestion des terroirs villageois qu’il s’agira de repenser globalement.

b) Facteurs d’ordre politique, juridique et institutionnel

Ils sont liés à:

une vision prospective qui présente de graves insuffisances. En effet, la plupart des textes réglementaires ne permettent pas l’émergence et la prise en compte suffisante des valeurs et savoir-faire endogènes favorables aux actions de conservation, de développement et de recherche en matière de diversité biologique. Par ailleurs, ces textes n’offrent pas d’alternatives aux populations qui dépendent étroitement de ces ressources;

l’insuffisance ou l’absence d’outils de gestion rationnelle de l’environnement et de la diversité biologique;

la faible capacité d’intervention des différentes institutions mises en place, tant au niveau matériel qu’à celui des ressources humaines;

l’inefficience des actions de responsabilisation des communautés locales par rapport à la gestion des ressources naturelles.

c) Méconnaissance des ressources et du processus de leur évolution

Elle se caractérise par:

une insuffisance de données relatives à la gestion des ressources naturelles renouvelables;

une vision limitée des composantes de la diversité biologique;

une inadéquation des liens entre la dynamique démographique, les besoins et les disponibilités en ressources exploitables. On est donc loin de cette logique qui sous-tend tout développement durable puisqu’on ne dispose que de peu d’inventaires, de plans d’aménagement et de faibles moyens pour exécuter les travaux préparatoires à toute exploitation rationnelle, ce qui fait que le contrôle des prélèvements se fait a posteriori;

une connaissance limitée des biomes que représentent les zones humides.

Au demeurant, le niveau des connaissances de la diversité biologique et du processus de son évolution reste encore très faible pour permettre une gestion rationnelle de ses éléments.

Notons qu’en terme d’illustration, la cohabitation ressources et éleveurs se traduit de la façon suivante: Au Bénin, l’agriculture est la principale activité. La pratique de culture itinérante sur brûlis est la plus répandue avec labour à plat selon les zones et les cultures. La jachère jadis pratiquée pour le relèvement de la fertilité des sols a disparu. Avec l’explosion démographique, l’urbanisation et les migrations des pays voisins, les terres sont généralement surexploitées et deviennent pauvres au bout de quelques années.

On assiste à la dégradation des écosystèmes du fait de la disparition de la végétation ligneuse, source de bois énergie, et aussi du surpâturage avec la descente des éleveurs des pays limitrophes souvent sahéliens vers le Bénin notamment dans la partie septentrionale en période de saison sèche.

Cette descente donne naissance à des conflits qui se déclenchent très souvent dans ces zones avec pour conséquences des morts d’hommes. En effet, les agriculteurs veulent sauvegarder leurs cultures alors que les nomades éleveurs amènent leur bétail brouter les cultures mises en place par ces derniers.

VI. GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

L’analyse thématique de tous les facteurs précités a permis d’identifier les grands défis à relever. Il s’agit:

de repenser globalement les modalités actuelles d’exploitation des ressources biologiques et d’éradiquer les comportements négatifs;

d’établir de nouvelles bases conceptuelles pour la formulation et l’actualisation des textes régissant jusqu’ici la conservation des ressources biologiques;

d’améliorer les connaissances sur les ressources biologiques, gage de leur exploitation rationnelle et d’élaborer des outils appropriés à leur gestion;

de promouvoir l’adhésion des populations à la gestion des ressources biologiques et le développement des communautés de base par l’amorce d’une décentralisation effective.

Mais, tout ceci ne peut être entrepris avec succès que si l’environnement politico-social créé avec la décentralisation devenue effective au Bénin le favorise; et c’est dans la fièvre d’un tel environnement porteur de prospérité d’une part, et face aux problèmes que rencontre la gestion communautaire des ressources biologiques d’autre part, qu’une orientation majeure ou encore une vision a été définie, de façon participative, dans le cadre de la Stratégie Nationale et du Plan d’Action pour la Conservation de la Diversité Biologique qui s’énonce comme suit:

La vision du Bénin:

D’ici à l’an 2025, les Collectivités Territoriales Décentralisées et l’Etat ont une conscience précise des enjeux de la diversité biologique et la gèrent durablement pour soutenir le développement socio-économique du Bénin.

Par ailleurs, pour concilier les besoins de productions et de productivité et les besoins d’adaptation des espèces animales du fait de la désertification, il est envisagé actuellement de pratiquer l’agro-foresterie qui est l’ensemble des techniques d’aménagement des terres, impliquant la combinaison d’arbres forestiers soit avec l’élevage (systèmes sylvopastoraux), soit avec l’élevage et l’agriculture (systèmes agro-sylvopastoraux).

Cette combinaison a pour but d’optimaliser la production par unité de surface. Au nombre des contraintes majeures au développement, des productions animales et vivrières chez les petits exploitants figurent le manque de fourrage de bonne qualité pour les animaux et la forte dégradation des terres.

Dans cet environnement où la disponibilité de terre constitue un problème crucial, l’association de culture de légumineuses fourragères et de céréales paraît une solution appropriée pour produire le fourrage pour les animaux avec la possibilité de restituer au sol, le fumier produit en vue de relever sa fertilité. Dans ce cadre, des systèmes d’association d’espèces fourragères avec du maïs sont expérimentés.

Des dispositions législatives et réglementaires existent pour permettre à terme de réduire les pressions sur les ressources (la flore, la faune). C’est le cas de la loi n°98-030 du 12 février 1999 portant loi-cadre sur l’Environnement en République du Bénin qui stipule dans son chapitre 1 que toute activité pouvant porter atteinte aux espèces animales et à leurs milieux naturels est interdite.

VII. PROCESSUS ET STRUCTURES INFORMELLES ET FORMELLES DE SELECTION GENETIQUE ANIMALE ET VEGETALE

a) Le niveau informel (niveau producteur)

Les végétaux

Le producteur fait le choix des meilleurs épis à la récolte, suspendus à la cuisine aux environs du foyer dans le cas du maïs. Il faut un tri basé sur la conformation des graines aptes aux semences (niébé). L’arachide conservée en gousse est triée à l’approche du semis. Dans ce processus informel, le producteur assure lui-même la sélection des variétés en garantissant les semences pour la campagne suivante. Certains producteurs vendent le surplus de semences à leurs confrères.

Les animaux

Les éleveurs ont en permanence une pratique de sélection pour la pérennisation de leur élevage. Dans ce contexte, ils recherchent deux caractères chez les femelles. La prolificité (nombre de petits par portée) et l’aptitude maternelle (habilité de la mère à conduire les petits au sevrage). Chez le mâle, ils recherchent la conformation. L’éleveur garde le plus longtemps possible la bonne mère dans le troupeau et assure son remplacement par le choix de femelles parmi ses progénitures. Dans le troupeau, ils vendent les mâles castrés ou entiers. Quelques éleveurs pratiquent les élevages de reproductions et s’adonnent à la vente des jeunes géniteurs au lait ou juste après sevrage. Les meilleurs mâles devant assurer la transmission des caractères, sont éliminés de façon inconsciente. Beaucoup de troupeaux manquent de mâles. L’éleveur compte sur quelques mâles errant dans le village, ou il loue de façon ponctuelle un mâle bien conformé dans un troupeau voisin, en cas d’élevage en stabulation.

Dans le souci d’acquisition de bons géniteurs, les éleveurs se procurent parfois de jeunes couples issus du même troupeau ou de la même mère, ce qui comporte des risques de consanguinité.

b) Le niveau formel

Les végétaux

Des producteurs sont aussi impliqués dans la chaîne formelle de production de semences. Dans cette chaîne, la recherche crée les semences de pré-base, les services de vulgarisation et les fermes produisent les semences de base, et des producteurs sont formés et suivis dans la multiplication des semences certifiées.

Les animaux

Jusqu’à une époque récente, les travaux menés ont seulement visé une caractérisation des races des espèces de ruminants (gros et petits) et de volailles (poule locale, canard).

D’autres travaux ont visé l’expression des potentialités réelles des races locales à travers l’amélioration des conditions d’élevage (alimentation, hygiène et prophylaxie des pathologies). L’amélioration vise ici une utilisation judicieuse et optimale des ressources alimentaires locales disponibles.

La troisième étape de travaux vise aujourd’hui l’élaboration de schémas de sélection sur les caractères de faible héritabilité, lait, viande, traction. Ce sont des schémas qui doivent impliquer les éleveurs pour une sélection participative.

Comment améliorer le processus, les structures et quelle politique?

1. Etablir une structure de formation des producteurs sur les principes de sélection: Choix des géniteurs mâles et femelles. Le sexe et l’héritabilité des caractères et autres.

2. Orienter d’abord la sélection vers une meilleure expression des potentialités actuelles réelles des espèces (petits ruminants, volaille, gros ruminants) dans le contexte d’une meilleure gestion des ressources alimentaires locales.

3. Redéfinir au niveau des fermes d’état des objectifs clairs de sélection.

4. Confier à la structure nationale de recherche le programme de sélection des fermes pour une exploitation judicieuse et durable.

5. Les programmes de sélection seront basés sur les espèces locales adaptées aux conditions du milieu, les expériences d’importation d’espèces exotiques de ruminants ayant échoué. (Exemple d’importation de bovins de races améliorées des zones tempérées à la ferme du Lycée Agricole Mèdji de Sékou). Le croisement de races importées de grande taille du Nord avec les races naines au Sud se heurte aux difficultés d’adaptation des géniteurs importés et des hybrides aux conditions de forte infestation parasitaire de la zone humide.

6. Orienter la sélection en priorité vers les caractères recherchés par les éleveurs:

La prolificité (nombre de petits par portée: naissances multiples);
Les caractères maternels: habilité de la mère à conduire les plus jeunes au sevrage;
Le gabarit.

VIII. POLITIQUE NATIONALE POUR LA PROTECTION AGRICOLE ET MESURES LEGISLATIVES

a) Objectifs et priorités nationaux de la production agricole

Depuis les années 90, la lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle dans les zones à risques pendant les périodes les plus critiques, constitue un axe principal des priorités de la production agricole. Cette situation est particulièrement préoccupante dans les départements fréquemment soumis à des déficits vivriers (principalement Atacora, Donga et Collines) mais n’épargnerait aucune région du pays. Ces poches d’insécurité alimentaire sont dues aux variations pluviométriques et aux caractéristiques de l’économie rurale de ces zones.

Les actions pour atteindre les objectifs de cette priorité centrale visent à corriger la faible productivité agricole et la faible connexion au marché en vue d’améliorer les revenus agricoles. Il s’agit aussi de trouver des solutions aux problèmes post-récolte surtout le stockage, de promouvoir les unités locales et industrielles de transformation des produits agricoles et de désenclaver les zones de production par l’amélioration des pistes de dessertes rurales.

La lettre de Politique de Développement Rural, signée par le gouvernement en mai 1991, précise les objectifs assignés au secteur rural. Ces objectifs se résument comme suit:

Contribuer à la croissance économique de façon durable et à la balance commerciale à travers la diversification des sources de croissance et la création des emplois.

Contribuer à l’amélioration du niveau de vie des populations par l’augmentation du pouvoir d’achat des producteurs, la lutte contre la pauvreté, le contrôle de la qualité et l’innocuité des aliments.

Maintenir la sécurité alimentaire et nutritionnelle d’une population en expansion rapide (3,3 % par an).

Diversifier et intensifier la production agricole d’une manière durable, c’est à dire sans hypothéquer la base productive nationale et le patrimoine écologique.

Contribuer au sein des communautés rurales à l’amélioration des rapports hommes/femmes.

b) Instruments politiques utilisés pour influencer la production

Le contexte politique de l’attente de ces priorités est contenu dans le Document de Politique Développement Rural (DPDR) et porte sur:

La libéralisation du secteur;

Le désengagement de l’Etat;
La décentralisation;
La promotion du secteur privé.

Au nombre des mesures découlant de ces options politiques, on peut citer l’ouverture du pays sur l’extérieur, l’intégration régionale, la libéralisation interne de l’économie.

Le Plan d’Orientation 1998-2002, le Programme d’Ajustement Structurel, le Programme d’Action du Gouvernement et l’ensemble des stratégies sectorielles constituent le cadre de référence d’intervention des politiques économiques et sociales des pouvoirs publics pour les années à venir.

c) Contraintes pour la mise en application des instruments de politique susmentionnés

Les contraintes à la mise en application de cette orientation ont trait:

à la faible capacité d’analyse stratégique au niveau national mettant l’accent entre autres sur des éléments de la politique nationale tels que la sécurité alimentaire, l’évolution des prix, les marchés sous-régionaux et internationaux;

à la faible capacité nationale et régionale à évaluer les politiques mises en oeuvre dans la perspective de favoriser une réactualisation permanente des politiques et programmes d’action;

à la faible capacité à définir des politiques sectorielles et d’analyse d’impact.

Le PSO (2001)[21] reconnaît l’importance que revêt le lieu où s’élaborent les options stratégiques sectorielles en cohérence avec les choix de politique économique globale. Quatre fonctions essentielles ont été définies dans l’accomplissement de cette tâche:

Analyse permanente et interprétation de la situation du secteur agricole grâce à un système d’information performant;

Prospective afin d’évaluer d’une part les risques liés aux évolutions tendancielles et d’imaginer d’autre part des scénarios nouveaux et alternatifs;

Proposition et prise de décisions (projets, mesures);

Suivi et évaluation des retombées des projets et choix de politiques devant nourrir l’analyse permanente.

d) Mesures législatives

Des dispositions législatives et réglementaires existent pour permettre à terme de réduire les pressions sur les ressources (la flore, la faune). C’est le cas de la loi n°98-030 du 12 février 1999 portant loi-cadre sur l’Environnement en République du Bénin qui stipule dans son chapitre 1 que toute activité pouvant porter atteinte aux espèces animales et à leurs milieux naturels est interdite.

Nous citerons aussi, la loi n° 92/009 du 2 juillet 1993, portant régime des forêts en République du Bénin, la loi sur la vaine pâture de 1977.

Il existe aussi de nombreuses dispositions réglementaires sectorielles qui concourent à la politique nationale pour la protection agricole telles que les textes sur la réglementation phytosanitaire, notamment pour ce qui touche au contrôle de l’introduction des plantes et des animaux à l’intérieur du Bénin, les textes en matière de pêche en ce qui concerne les ressources génétiques ichtyologiques, ainsi que les différents textes forestiers sur la faune sauvage. De même, des textes existent en matière d’élevage qui réglementent l’art du métier.

IX. CONCLUSION

La diversité biologique agricole occupe au Bénin une place de choix dans la politique nationale agricole. Elle revêt une importance capitale pour la population toute entière et plus particulièrement pour les populations rurales (80 %) dont la subsistance dépend entièrement des ressources biologiques agricoles.

La biodiversité agricole recouvre la variété et la variabilité des animaux, des plantes et des micro-organismes cultivés ou non, nécessaires au maintien des fonctions clés de l’écosystème agricole lui-même, et aussi des structures et processus qui la maintiennent.

C’est grâce à la biodiversité agricole que les réponses sont données aux besoins alimentaires et fondamentaux des populations humaines. Elle est activement gérée par les agriculteurs qui grâce à leur génie traditionnel, leur savoir et leurs cultures autochtones perpétuent l’existence d’un bon nombre d’éléments génétiques pour le développement de l’agriculture.

Ces éléments couvrent aussi bien les espèces animales que végétales (flore) cultivées (exemple patate douce) ou spontanées (exemple champignon sauvage), issues des différents écosystèmes (forestiers, savanicoles, saxicoles, montagnards, humides ou arides).

On distingue plusieurs types d’agriculteurs. Il y a:

les cultivateurs qui labourent les terres uniquement pour les cultures vivrières (igname, maïs, sorgho, arachides etc.) ou pour des cultures de rentes annuelles (coton). Leurs outils de production se limitent à la daba et au coupe-coupe;

les fermiers qui occupent un espace plus ou moins grand de 2 à 4 ha voire 10 ha selon leurs surfaces financières. Ces fermes sont généralement détenues par des fonctionnaires ou des commerçants. Dans ces fermes règne une complexité d’activités agricoles allant des plantations de vergers à l’élevage en passant par les cultures saisonnières et de rentes. Les fermiers utilisent des moyens de production plus modernisés que la daba (culture attelée, machines agricoles, intrants, et/ou compost).

Le rôle de l’éleveur est plus dévolu à la race peulh qui a développé en elle les qualités intrinsèques permettant de conduire les troupeaux de bétail dans les meilleures conditions avec l’aide technique du service vétérinaire. C’est dans ce rôle caractérisé par un nomadisme permanent que cette catégorie influence de son impact les fonctions de l’écosystème agricole.

Au demeurant, le savoir local et traditionnel en matière de diversité agricole ainsi que les facteurs culturels et les processus de participation sont autant de points forts qui méritent une attention particulière en ce sens qu’ils influencent les éléments constitutifs des écosystèmes agricoles et leur biodiversité.

Si l’on sait qu’il y a une grande interdépendance entre pays à l’égard des ressources génétiques pour l’agriculture et l’alimentation, surtout en raison de la pluralité des systèmes qui sont eux-mêmes fonction des cultures et des espèces animales introduites de l’extérieur, alors il devient vraiment nécessaire de réfléchir en commun à la question dans un concert sous-régional.

Voilà pourquoi, le Bénin salue l’initiative de la présente concertation.

Nous vous remercions.

Résultats des discussions:

Les succès et contraintes spécifiques au Bénin analysés par les participants pendant l’atelier ont été les suivants:

SUCCES

  • Le cadre politique et institutionnel

    - Existence d’un programme intégré de CDB végétale et animale;
    - Existence d’un cadre législatif;
    - Définition d’orientation politique;

  • La gestion de l’agro-biodiversité

    - Mise en valeur (par l’exploitation) des espèces sauvages (Agouti);

    - Elaboration des plans de gestion des terroirs pour gérer les conflits agriculteurs et éleveurs;

    - Concertation régionale pour la gestion des aires protégées transfrontalières (ECOPAS);

    - Contraintes bien identifiées;

    - Recherche du développement intégré en vue de la prévention des conflits entre agriculteurs et éleveurs;

    - Gestion des conflits par comités locaux;

    - Existence de structures de gestion des conflits agriculteurs/éleveurs;

CONTRAINTES

  • Problèmes de la politique et du cadre institutionnel

    - Réalités locales insuffisamment prises en compte dans les textes;

    - Inexistence d’un cadre institutionnel chargé des questions relatives à la conservation et à l’utilisation durable de la biodiversité agricole;

    - Nécessité d’actualiser les textes législatifs en général;

    - Non implication des populations / communautés rurales dans l’élaboration des textes. Pourquoi?

  • Problèmes de gestion de l’agro-biodiversité

    - La culture du palmier et du cocotier a-t-elle une incidence négative sur la CDBAA?

    - Quelles sont les dispositions prises par les autorités en milieu rural pour limiter les impacts négatifs du SIDA?

    - Absence de stratégie d’amélioration des ressources naturelles;

    - Il faut compléter la liste des espèces;

    - Pollution atmosphérique;

    - Erosion côtière et marine et impact sur les ressources halieutiques;

    - Erosion génétique due à la préférence du Ndama sur les autres trypanotolerantes locales.


[18] Bassin du Niger avec ses principaux affluents Mékrou (250 km), Alibori (300 km) et Sota (254 km)
[19] Une enquête sur le bilan céréalier menée en Juillet 2003 par l’Unité de Recherche - Développement de l'Alibori à Birni-Lafia (site de Recherche - Développement de l'Alibori) situé dans la commune de Karimama, a montré que 100 % des paysans enquêtés disposaient de 0 % de stock vivrier dans leurs greniers.
[20] Centre d’Action Rurale de Développement Economique et Régional
[21] vol I page 21

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