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Le monde forestier

PRÉPARATION DU TERRAIN POUR LE REBOISEMENT DANS LE CANTON DE XIJI où les pertes de sol sont de 20 000 tonnes par an

Reboisement des terres marginales dans le nord de la Chine

De vastes plateaux arides profondément ravinés par les eaux, se succédant en larges terrasses bordées de falaises, confèrent aux zones de lœss du nord de la Chine leur physionomie typique. Ces formations, dont les plus anciennes sont vieilles de 1,2 million d'années, ont révélé à l'analyse palynologique la présence d'une végétation ligneuse aujourd'hui totalement disparue, cédant la place à une couverture herbacée clairsemée.

Au cœur de ces plateaux de lœss, dans le Ningxia Huizu, l'une des cinq régions autonomes de la Chine, se trouve le canton de XIJI. Ce canton, qui couvre une superficie de 314 000 ha, est particulièrement exposé à l'érosion éolienne et hydrique, précisément en raison de la présence de lœss. Les pertes de sol peuvent y atteindre annuellement 20000 tonnes. Le Huang He (Fleuve jaune), dont le cours moyen traverse la région, charrie à lui seul chaque année à travers les gorges de Sanmen 1600 tonnes de sédiments, menaçant ainsi les cultures et les populations riveraines et colmatant canaux et réservoirs. L'un des résultats de cette érosion intense est le lessivage de millions de tonnes de phosphore, d'azote et de potasse, qui s'est traduit au cours des siècles par un appauvrissement croissant des sols instables et fragilisés.

C'est pour ces raisons que. dans son programme de lutte contre l'érosion, intitulé Ceinture verte des trois nords, le Gouvernement chinois a donné la priorité aux 12 provinces septentrionales. A son tour, le Programme alimentaire mondial (PAM) a investi dans ce programme, et précisément dans le canton de Xiji, 23 millions de dollars en aide alimentaire. Le projet du PAM, prévu pour une durée de cinq ans (1982-1987), porte sur 88 500 ha, soit 28 pour cent de la superficie du canton, dont 55 000 ha de terres marginales mais cultivées et 33 500 ha de collines dégradées et de sols infertiles. La conversion de ces terres en plantations forestières, pâturages et cultures fourragères permettra de réduire la pression agricole et d'améliorer la conservation des eaux et des sols.

L'aide alimentaire du PAM (55 000 tonnes de vivres) est destinée d'une part à dédommager les foyers ayant dû renoncer à une partie de leur production vivrière au profit des plantations d'arbres et d'arbustes. et d'autre part à rémunérer les 15 700 travailleurs affectés à la plantation des collines dénudées et des terres stériles.

Dès 1985, 40 000 ha de terres marginales avaient été boisés. Les 168 millions de plants utilisés par le projet comprenaient plus de 20 espèces d'arbres et d'arbustes. parmi lesquelles des pins. des peupliers et des pêchers représentant un potentiel de production considérable.

PLANTATION COURBES DE NIVEAU SUR TERRAINS ERODES les agriculteurs sont indemnisés avec des vivres (M. CHERRY/PAM)

UN RESPONSABLE DE COMMUNE POPULAIRE PLANTE UN PIN le reboisement a besoin du concours des populations locales (M. CHERRY/PAM)

Durant les quatre premières années du projet, les objectifs ont été largement dépassés, tant en ce qui concerne la plantation d'essences productives de bois d'œuvre et de bois de feu que la plantation fourragère. Selon les dernières données relevées. les plantations de Caragana microphylla sont passées de 800 ha en 1982 à plus de 8 000 ha en 1985, et celles de Robinia pseudoacacia de 32 à 2300 hectares.

Des cours de formation à différents niveaux et dans des domaines étroitement liés aux activités du projet ont été dispensés à la population. A l'échelon du canton. environ 1 500 techniciens paysans ont été formés, dont un tiers de femmes.

Enfin, au cours de sa réalisation, le projet a créé un nombre important d'emplois car presque tous les ménages ont participé à son exécution. A plus long terme, emplois et revenus pourront encore augmenter à mesure que seront exploités les forêts et les pâturages mis en place actuellement.

Un projet agroforestier FAO dans le Haut Atlas marocain

«Lorsque l'espace devient trop étroit pour nous et notre bétail, nous sommes obligés pour subsister de défricher la forêt.» Ainsi s'exprime un éleveur des montagnes du Haut Atlas central au Maroc, où le problème des terres agricoles et des terrains de parcours se pose chaque année avec plus d'acuité. et où les prélèvements de bois représentent presque deux fois la possibilité normale de la forêt.

Le conflit entre usagers et forestiers fait partie de la tradition de ces montagnes. Déjà en 1917, un décret avait tenté de réglementer le parcours en forêt, mais les usagers n'ont jamais renoncé à exercer librement leurs droits. et les appropriations ou «melkisations» se font d'année en année plus fréquentes. D'où une lente mais irréversible dégradation des forêts, le résultat étant que 56 pour cent de la superficie de la région sont considérés comme terrains instables, érodés ou susceptibles de l'être.

Le reboisement lui aussi constitue une menace pour les agglomérations rurales car les espaces qui lui sont affectés sont souvent pris sur les terrains agricoles. D'autre part, la forêt représente pour ces mêmes populations une source gratuite de revenus et de biens de consommation. Comment donc concilier ces exigences divergentes?

Pour entreprendre l'étude d'un plan d'aménagement et de développement de ces zones de montagne qui soit de nature à répondre aux besoins d'une population croissante, le Gouvernement marocain a choisi comme zone pilote la province d'Azilal, qui est bien représentative de la situation.

La province d'Azilal couvre une superficie de I million d'ha, s'étendant sur une vaste zone du Haut Atlas calcaire. Près de 80 pour cent de la zone ont des altitudes supérieures à 1000 m, et 60 pour cent sont au-dessus de 1500 m. Le relief, très accidenté, se présente en massifs à pentes fortes et en plateaux à rebords abrupts. Les dépressions sont drainées par les grands oueds El Abid, Ahansal, Lakhadar et Tessaout. Le climat est de type méditerranéen à influences océaniques, avec des précipitations concentrées en automne et en hiver. Bien que l'agriculture soit l'activité principale, un bon nombre des 410 000 habitants de la zone pratiquent l'élevage: le cheptel s'élève à 850 000 têtes de petit bétail et 45 000 têtes de gros bétail.

Le gouvernement entend axer son programme de développement sur sept points: équipement (moyens de communication, infrastructures sociales); population (identification et délimitation territoriale des entités usagères, regroupement des producteurs); amélioration du fond (aménagement, reboisements); extension des mises en valeur; augmentation de la capacité de production; écoulement des produits; diversification des activités.

Les résultats escomptés sont le maintien sur place de la population. l'augmentation de la valeur ajoutée et des revenus, et la préservation des ressources existantes.

En collaboration avec la FAO et le PNUD, le gouvernement se propose, dans le cadre du projet Azilal, de préparer des plans d'action et des dossiers d'investissement en vue de réaliser le développement rural intégré de la province.

Deux phases sont prévues par le plan d'opération. La première consiste à rassembler, compléter et synthétiser les données sur la situation actuelle, et évaluer le potentiel de la zone; en second lieu, identifier les secteurs où des améliorations concrètes sont possibles. Lors de la deuxième phase seront préparés des dossiers d'investissement qui permettront de réaliser, sous la forme d'un projet spécifique, des actions intégrées de nature prioritaire.

RÉSULTAT DE LA CULTURE ITINÉRANTE une tentative de sédentarisation (FAO)

L'aménagement des terrains de parcours et des forêts et l'extension des surfaces arables, qui seront entrepris par le projet. représentent un premier pas vers la solution des problèmes agroforestiers de la province et vers la création de conditions de vie incitant la population à rester dans sa région d'origine.

Installation permanente des cultivateurs itinérants en Thaïlande

Caractérisé par des sols pauvres et érodables et par une pluviométrie limitée, le plateau de Khorat. dans le nord-est de la Thaïlande, présente l'aspect d'une savane où prédominent des spécimens isolés de diptérocarpacées et où se concentre l'élevage qui y trouve son milieu idéal.

Plus de 36 pour cent de la population de la Thaïlande vivent dans cette région, la plus grande et la moins nantie du royaume. Jadis, le nord-est possédait une aire de forêt naturelle de 7 millions d'ha, soit environ 42 pour cent de sa superficie totale. Devenu motif de préoccupation au cours des années 60 et 70, le déboisement illicite a pris des proportions inquiétantes dans les années 80. Les raisons du processus de dégradation sont multiples, à savoir: d'une part. la construction accélérée d'importantes artères de communication et de grands barrages et, d'autre part, la demande croissante de cultures de rente telles que le manioc. les prélèvements de bois de feu et de service, et les appropriations des paysans en quête de terres. En ce qui concerne ces dernières, on ne peut ignorer que pour les ruraux ces espaces boisés destinés à devenir des forêts nationales ou des réserves constituent aujourd'hui de précieuses terres agricoles dont ils dépendent entièrement pour leur survie.

Ces raisons ont poussé le gouvernement, par l'intermédiaire du Département royal des forêts, à affecter environ 10 000 ha de la réserve forestière de Khao Phoo Lang à une mise en valeur destinée à répondre à long terme et d'une manière aussi harmonieuse que possible aux exigences économiques, sociales et écologiques de la zone.

Sollicitée par le gouvernement, la FAO a élaboré un projet d'une durée de cinq ans, qui doit prendre fin en 1986, et dont le coût s'élève à 1,1 million de dollars U.S. Ce projet comprend trois volets: agriculture, forêts, pêche. Ses objectifs immédiats, outre la restauration, la protection et l'aménagement de zones forestières sélectionnées, visent l'installation permanente de cultivateurs itinérants, la diversification de la production agricole, le renforcement des institutions et la vulgarisation forestière. En outre. afin de conserver l'environnement rural, le projet se propose de réduire la dégradation des forêts et de lutter contre l'érosion des terres agricoles et boisées.

Le projet prévoit l'établissement, sous la surveillance du Département royal des forêts, de plus de 2 000 ha de plantations forestières et la protection de quelque 600 ha de forêt naturelle. Dix villages agroforestiers seront construits pour montrer comment des agriculteurs itinérants peuvent être groupés en communautés et se consacrer à des activités agricoles sédentaires. Dix barrages sont également prévus pour alimenter les villages en eau à usage domestique et en vue de l'irrigation des jardins potagers et de la pisciculture. Le volet de formation portera sur l'apiculture, la production améliorée de charbon de bois à partir des eucalyptus (que les paysans sont encouragés à planter eux-mêmes), l'aquaculture et l'élevage d'animaux de ferme.

L'un des résultats les plus significatifs obtenus par le projet a été l'octroi aux paysans, par le service forestier, de droits d'usufruit sur des terres agricoles de bonne qualité. Cette mesure est d'importance capitale. car elle permet de dissiper les craintes des cultivateurs nouvellement installés de se voir évincés de leur exploitation, après y avoir engagé tous leurs efforts et tous leurs moyens. L'octroi de certificats d'usufruit. qui deviendront par la suite des actes de propriété, permettra aux agriculteurs itinérants d'acquérir une notion pour eux toute nouvelle, celle de stabilité et de sécurité découlant de la possession de son propre terrain.

La distribution de près de 200 000 plants d'arbres fruitiers et de 200 kg de semences permettra aux paysans d'installer des vergers dans leurs propres jardins ou en bordure de leurs champs. Cette initiative a déjà donné des résultats intéressants en matière de foresterie communautaire puisque, en 1985, 67 pour cent des plants fournis ont été utilisés par des agriculteurs vivant hors de la zone du projet.

Des visites sur le terrain, dans d'autres régions de la Thaïlande et à l'étranger, mettront tant les paysans que le personnel du projet en contact avec de nouvelles méthodes d'agriculture et de développement rural.

Grâce à la création de forêts, à la restauration des massifs boisés naturels et à la mise en place de villages agroforestiers, le gouvernement espère instaurer un équilibre durable entre la conservation de l'environnement et la distribution équitable de terres agricoles parmi les populations rurales. Le succès obtenu jusqu'ici par le projet a incité les autorités thaïlandaises à demander à la FAO, sur la base des expériences acquises, d'insister dans son programme sur le volet de vulgarisation, afin d'instruire et de former les cultivateurs désormais stabilisés sur les nouvelles terres.

Prévoir une industrie papetière en Guyane française

L'opération ECEREX (écologie, érosion, expérimentation) avait été lancée en Guyane française par divers organismes de recherche dans le cadre du programme MAB 1 de l'Unesco. Son titre exact était «Mise en valeur de l'écosystème forestier guyanais - étude écologique de son évolution sous l'effet des transformations». Elle avait pour objectif d'étudier et de tenter de résoudre les problèmes posés par la création d'une industrie papetière à grande échelle. et se proposait d'appuyer les efforts du gouvernement visant à accélérer le processus de développement industriel du pays.

UN CHANTIER FORESTIER EN HONGRIE un nouveau musée de la forêt

Dans un premier temps. les usines mises en place devaient être approvisionnées à partir de la forêt naturelle. Par la suite, leur fonctionnement serait assuré par des reboisements en essences à croissance rapide (pins et eucalyptus).

L'opération se proposait d'étudier le milieu naturel et d'analyser les répercussions écologiques de l'exploitation papetière. A cet effet, 10 bassins versants, d'une superficie de 1.5 ha chacun. avaient été choisis et divers types d'aménagement réalisés dans une zone représentative du massif forestier guyanais. D'autre part, une parcelle de forêt primaire avait été exploitée dans le but de suivre la régénération naturelle après exploitation. Les études ont porté sur la modification du comportement hydrologique et de l'érosion après aménagement, sur la matière organique, la bioclimatologie, la végétation, la biologie des sols et les pluviolessivats.

Ces recherches, qui durent maintenant depuis près de 10 ans. permettront à la Guyane française d'implanter bientôt une industrie papetière, qui permettra de répondre à ses exigences socio-économiques sans pour cela mettre en danger les vastes ressources de son patrimoine forestier.

Bois et forêts des tropiques (206) 1984

Un musée de la forêt en Hongrie

Un musée consacré à la forêt et au bois. rattaché à l'Université de Sopron en Hongrie, vient récemment d'être inauguré.

Déjà en 1924, avec l'installation du premier établissement d'enseignement forestier hongrois, prenait naissance l'idée de rassembler tous les témoignages matériels existants dans le domaine des forêts. Cependant, les événements qui marquèrent le cours de l'histoire entravèrent pendant longtemps la réalisation concrète de ce projet.

Aujourd'hui, établi et ouvert au public, le musée contient une collection d'instruments de topographie dont l'origine remonte au 17e siècle, des instruments de dendrométrie et d'aménagement forestier, une collection ornithologique, une collection cynégétique de grande valeur historique et plus de 70 machines à bois parmi lesquelles un modèle de scie à châssis présenté à l'exposition universelle de 1900.

L'un des objectifs que s'est fixés le musée est de jeter les hases d'une collaboration internationale avec les autres musées de la forêt et du bois du monde.

Revue forestière française (6) 1985

Un dictionnaire multilingue sur les feux de forêt

Comme un refrain, nous entendons répéter chaque année que des dizaines de milliers d'hectares de forêt ont brûlé dans les régions méditerranéennes d'Europe. Mais chaque année aussi. alimentant une faible lueur d'espoir, de nouvelles mesures sont proposées pour prévenir et maîtriser les incendies. Qu'il s'agisse de rendre la forêt moins combustible et moins vulnérable grâce au débroussaillement, à la diversification des essences et aux pare-feu, de lancer des campagne; d'éducation et de propagande ou de rendre plus performants les systèmes d'extinction, un peu partout en Méditerranée s'organisent et se multiplient les interventions visant à mettre la forêt en condition de mieux se défendre.

C'est en vue de contribuer à la poursuite de cet objectif que la FAO vient de terminer l'élaboration d'un glossaire multilingue sur les feux de forêt.

Le projet est né en 1977 lors d'une consultation technique FAO/Unesco sur les incendies en forêt méditerranéenne Trois spécialistes ont alors été sollicités: un Français, un Espagnol et un Américain Après avoir échangé entre eu' la terminologie existante. ils ont établi une version trilingue pour chacune des trois langues. Par la suite, des spécialistes des feux de forêt allemands et italiens ont offert leur concours pour la mise au point du projet. Wildland Fire Management Terminology, actuellement sous presse, est le résultat de ce travail et représente la contribution anglaise à cette entreprise, fondée sur les termes les plus courants ou les plus récents utilisés aux Etats-Unis et au Canada.

Le glossaire compte environ 1 500 termes. avec leur définition en anglais et leur équivalent en espagnol, italien, allemand et français. En outre, pour faciliter son utilisation dans les pays hispanophones, à côté du terme en usage en Espagne figure celui employé en Amérique latine.

L'objet de ce glossaire est de présenter et définir les fermes le plus fréquemment employés dans les débats et les ouvrages portant sur la lutte contre les incendies de forêt' et qui ne figurent pas dans les dictionnaires courants. On y trouve également ceux utilisés dans des domaines connexes: météorologie! aviation et protection des bâtiments contre le feu.

Les versions française et espagnole de ce glossaire sont actuellement à l'étude et font l'objet d'une proposition de projet soumise à l'approbation du PNUD.

L'ouvrage sera publié dans la série Etudes FAO: Forêts. Il est facile à consulter. accessible à tous, et constitue un précieux outil de coopération internationale dans la lutte commune pour prévenir et combattre les feux de forêt.

UN CHANTIER FORESTIER EN HONGRIE un nouveau musée de la forêt (M. ISTVÁN/ERTI)


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