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L'intégration industries forestières

RISTO EKLUND

RISTO EKLUND, qui a fait partie de la Division des forêts et produits forestiers de la FAO, travaille actuellement pour la Société Jaako Pöyry et Cie, Helsinki (Finlande). Le présent article fait partie d'une étude entreprise pour le compte de la FAO à l'intention d'un colloque sur l'intégration des industries forestières organisé par la Division FAO/CEE du bois (Genève, février 1967).

Un modèle pour la stratégie de l'intégration: les industries papetières

EN EUROPE OCCIDENTALE, les industries de la pâte et du papier ont un caractère international: investissements, commerce et contrats internationaux y tiennent une place importante et qui ne fait que croître. Pour qu'une politique d'investissement soit rationnelle, il faut que le degré d'intégration soit fonction du potentiel de croissance de l'industrie qui lui-même est lié aux différences régionales des ressources et des coûts. Toute analyse du problème de l'intégration doit donc se fonder sur ces prémisses et sur la connaissance de l'histoire de l'industrie; en outre, les décisions d'investir devront se situer dans une optique internationale.

Dans l'industrie papetière, le problème de l'intégration se pose surtout sous l'aspect de l'intégration verticale au niveau de l'établissement: il s'agit d'intégrer techniquement deux ou plusieurs stades consécutifs du processus de production. Toutefois, d'autres formes d'intégration - organisations, communes de vente, exportations collectives - sont fort importantes elles aussi, car les économies d'échelle sont très prononcées dans le commerce international et surtout le commerce intercontinental. Un chiffre d'affaires très élevé est peut-être encore plus indispensable pour une organisation mondiale de vente que pour la fabrication de marchandises de production massive.

Pour l'intégration, l'Europe occidentale est en retard sur l'Amérique du Nord

Le développement des industries de la pâte et du papier est fonction de divers facteurs: dimension du marché (zone de libre-échange), revenu par habitant et ressources. Pour bien comprendre les tendances européennes, il est intéressant de comparer l'industrie nord-américaine avec l'industrie européenne du point de vue de l'intégration. La dimension du marché, les niveaux de revenus et les habitudes des consommateurs en Europe ne sont, en effet, pas très différents, surtout étant donné les progrès de l'intégration économique, de ce qu'ils sont en Amérique. De plus, si la CEE et l'AELE fusionnent pour former une zone unique de libre-échange, cette parenté avec l'Amérique du Nord, du point de vue des ressources, s'accentuera encore, l'essentiel de la consommation de papier se situant dans les régions fortement peuplées et industrialisées tandis que les régions périphériques produisent la majeure partie de la pâte.

Le tableau 1 donne la production totale de pâte en Amérique du Nord, en Scandinavie, au Royaume-Uni et dans la CEE en 1963, et le pourcentage de cette production qui est techniquement intégrée¹. Le degré d'intégration pour les différents types de pâte appelle certaines remarques.

¹ La production de pâte marchande des fabriques de pâte et de papier partiellement intégrées n'est pas comprise dans la production intégrée.

Pour la pâte mécanique, l'intégration verticale est presque complète en Amérique du Nord, au Royaume Uni et dans la CEE. C'est dans les pays scandinaves, et surtout en Norvège et en Suède, qu'est produite la majeure partie de la pâte mécanique marchande. Même en Scandinavie, certaines petites fabriques peu rentables de pâte mécanique ont dû fermer, alors que la production intégrée de pâte mécanique s'est développée, de sorte que le taux d'intégration atteint déjà sans doute près de 70 pour cent.

Parmi les pâtes à haut rendement, la plus importante est la pâte mi-chimique au bisulfite neutre qui est employée pour le carton ondulé; or, cette marchandise de production massive et de faible valeur unitaire est généralement fabriquée dans des usines intégrées. Par ailleurs, le séchage de ces pâtes présentait autrefois des problèmes techniques.

Dans le cas de la pâte chimique écrue, le taux d'intégration en Amérique du Nord est d'environ 85 pour cent, tandis qu'en Scandinavie il ne dépasse pas 55 pour cent. Pour la pâte marchande écrue au bisulfite, l'avenir ne semble prometteur ni en Amérique du Nord ni en Europe, et certaines petites fabriques ont dû fermer. Celles qui ont pu se maintenir s'équiperont probablement de nouvelles installations de blanchiment et procéderont à une intégration plus poussée. Pour la pâte kraft écrue, les exportations et les importations sont restées stationnaires en Europe occidentale de 1962 à 1965, malgré la capacité excédentaire dont disposaient les pays exportateurs, ce qui indique un marasme du marché: on verra plus bas les conclusions à en tirer en ce qui concerne l'évolution de l'intégration.

Pour la pâte blanchie, l'intégration est beaucoup moins développée en Europe occidentale qu'en Amérique du Nord, où elle a pourtant été freinée par les droits de douane appliqués aux Etats-Unis et par les exportations nettes de pâte blanchie. En Amérique du Nord, environ 75 pour cent de la production de pâte kraft blanchie est intégrée (contre 13 pour cent seulement dans les pays d'Europe occidentale envisagés); pour la pâte au bisulfite blanchie, le taux d'intégration est de 66 pour cent en Amérique du Nord et 24 pour cent en Europe. Le retard de l'Europe est dû en partie aux barrières douanières, en partie à la structure héritée par l'industrie papetière où de nombreuses usines sont trop petites pour se prêter à l'intégration. avec la production de pâte chimique blanchie. Signalons que, depuis un certain temps, divers facteurs favorisent la production non intégrée de pâte au sulfate blanchie en Amérique du Nord; ce sont: a) les possibilités d'exportations, b) le manque de terrains appropriés à l'implantation de fabriques de pâte près des centres de consommation alors que pour beaucoup de types de papiers blanchis, la proximité des marchés présente des avantages, c) la multiplication des qualités de papier, dont certaines se font avec des mélanges de pâtes différentes, ce qui rend difficile d'intégrer totalement l'approvisionnement en matières fibreuses et favorise les ventes de pâte d'une firme à l'autre, d) l'utilisation croissante de pâte kraft semi-blanchie pour le papier journal (dans la fabrication de la pâte kraft, il y a en effet de telles économies d'échelle que, pour beaucoup de fabriques de papier journal, la production intégrée de cette pâte n'est pas rentable).

TABLEAU 1. - PRODUCTION TOTALE DE PÂTE DANS CERTAINS PAYS D'EUROPE EN 1963 ET POURCENTAGE DE «PÂTE INTÉGRÉE»

Pour la pâte obtenue avec des matières premières autres que le bois, le marché est très limité et la majeure partie de la production est intégrée.

Pour la pâte à dissoudre, la production est rarement intégrée avec celle de fils de rayonne et de fibranne car les avantages techniques de l'intégration sont relativement peu importants au regard d'autres considérations.

Dans l'industrie papetière, l'intégration peut toucher un autre processus important: celui de la transformation du papier; une très grande partie des papiers et cartons industriels et des papiers d'écriture est transformée en articles tels que caisses de carton ondulé, boîtes pliantes ou rigides, emballages pour produits alimentaires, sacs et sachets, papeterie, dossiers, étiquettes, blocs et carnets, enveloppes, fiches, boîtes en fibres, papier hygiénique, etc.

Il est impossible, faute de données, de comparer l'Amérique du Nord et l'Europe occidentale du point de vue du taux d'intégration entre la production et la transformation du papier². Le coût de la commercialisation et de l'expédition et la nécessité de pouvoir livrer à bref délai de faibles tonnages contraignent beaucoup d'installations de transformation du papier à s'établir près des centres de consommation. Si l'on ajoute à cela que les économies d'échelle sont moins prononcées qu'à d'autres stades de l'industrie papetière, on comprend que l'intégration technique de la transformation du papier avec la production est souvent impossible même lorsqu'il existe une intégration financière. En Amérique du Nord, par exemple, 38 producteurs de carton de couverture possèdent 90 pour cent environ de la capacité de production d'emballages de carton ondulé, répartie entre près de 400 installations au total. Mais ces fabriques d'emballages sont situées pour la plupart dans les centres industriels du nord et non pas dans les grandes zones de production de carton de couverture. L'intégration de la transformation avec la production de papier est généralement dictée par des raisons financières plutôt que techniques. Dans une vaste zone de libre-échange, par conséquent, elle est moins courante que l'intégration technique de la fabrication de la pâte avec la production de papier.

² Aux Etats-Unis, pour certaines qualités de papier et de carton, le pourcentage de la production qui est utilisé dans les installations intégrées est estimé comme suit: carton pour boîtes pliantes 67 pour cent; carton rigide pour caisses 10 pour cent; papier écru pour sacs multicouches 50 pour cent; papier écru pour sacs d'épicerie: 65 pour cent; autres papiers écrus pour sacs: 50 pour cent.

Le potentiel de croissance de l'industrie peut être un indice du degré d'intégration souhaitable

On ne peut évaluer sérieusement les tendances futures qu'en examinant parallèlement les objectifs en matière d'intégration et le potentiel de croissance de l'industrie. En dehors des mesures stimulantes ou restrictives prises par les pouvoirs publics, le potentiel de croissance des entreprises papetières est essentiellement fonction de la situation actuelle de leur marché et de leur approvisionnement en matières premières ainsi que de leur solidité financière. Il est impossible de consacrer ici une étude détaillée à ces facteurs. La FAO, les commissions économiques des Nations Unies, l'OCDE et diverses institutions publiques et privées ont publié beaucoup de données sur les ressources et les marchés des différentes régions du monde. Les quelques remarques qui vont suivre auront trait à la structure de l'industrie envisagée du point de vue de la situation financière des entreprises, du moins dans des conditions de concurrence.

On peut se faire une idée de la structure des industries de la pâte et du papier dans les pays d'Europe occidentale envisagés en comparant son état actuel avec les objectifs souhaitables (tels qu'ils résultent de l'analyse de modèles industriels théoriques) et avec la structure existant en Amérique du Nord, où ces industries se développent dans les régions permettant les coûts de production les plus bas et bénéficient d'un vaste marché libre; la planification des entreprises à l'échelle continentale s'y trouve de ce fait facilitée et la consommation y est uniformément élevée.

Les modèles industriels théoriques utilisés aux fins de cette analyse sont des établissements intégrés et non intégrés fabriquant un seul type de pâte et de papier de production massive. Dans chaque cas, on a étudié les solutions techniques et estimé les investissements et les prix de revient pour trois à cinq dimensions d'usines. Ces estimations comprennent non seulement le coût de l'équipement et des bâtiments, mais aussi celui du terrain, des routes, des voies ferrées, des plans et des intérêts pendant la construction, évalués à des taux représentatifs pour la Scandinavie. Pour calculer les coûts de fabrication, on s'est fondé sur la consommation réelle d'usines modernes et admis 320 jours de travail par an.

Les figures 1 et 2 donnent une idée approximative des besoins d'investissement en fonction de la dimension de l'usine. Bien évidemment, plus l'usine est grande, plus l'investissement total augmente, mais l'investissement par tonne de capacité de production diminue, surtout lorsque la capacité peut s'accroître, sans qu'il soit nécessaire de multiplier les chaînes de production, c'est-à-dire dans le cas où il existe des machines de forte capacité. Il y a, par exemple, de grands modèles de chaudières et de turbines, d'équipement pour la récupération, de lessiveurs continus et de certaines machines à papier et à carton, dont le prix par unité de capacité de production est avantageux.

Par contre, il n'existe pas de grands modèles de défibreurs, de sorte que, pour la pâte mécanique, plus la fabrique est grande plus nombreux doivent être les défibreurs.

On voit que, pour la plupart des produits envisagés, l'investissement par unité de capacité de production diminue assez rapidement. Cependant, pour la pâte mécanique, le coût des investissements par tonne de capacité de production ne dépend pas particulièrement de la dimension de l'usine.

Les figures 3 et 4 permettent de comparer les coûts de production dans diverses conditions. Ils mettent en relief l'influence de la dimension de l'usine et l'indépendance des divers produits, encore que les rapports de prix ne soient pas tout à fait constants en raison de différences locales. On voit que, pour la plupart des qualités de pâte et de papier de production massive, les coûts de fabrication dépendent beaucoup de la dimension de l'usine, de sorte que dans des marchés étendus, tels que les Etats-Unis, et dans les pays exportateurs, cette dimension tend à s'accroître et seules les grandes usines peuvent pratiquer des prix compétitifs tout en restant vraiment rentables.

Pour la plupart des qualités de pâte et de papier de production massive, il faut, avant de voir les économies d'échelle diminuer au point que d'autres facteurs priment sur elles, que les usines soient déjà assez grandes, étant entendu qu'elles peuvent s'approvisionner en bois à prix assez constants. Il est intéressant de comparer les dimensions d'usines indiquées aux figures 3 et 4 comme rentables et les dimensions effectives des usines d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord. L'auteur ne disposait pas de statistiques complètes comparables et détaillées, mais les tableaux 2, 3 et 4 donnent quelques indications utiles sur l'évolution récente et la situation actuelle.

TABLEAU 2. - CAPACITÉ DE PRODUCTION MOYENNE DES FABRIQUES EN 1957 DANS CERTAINS PAYS - (Milliers de tonnes)

 

Pâte de bois

Papier et carton

Non intégrées

Intégrées

Non intégrées

Intégrées

Finlande

70

Bisulfite 56


146



Sulfate 115



Norvège

24

27

5,5

²22

Suède

43

35

10

³31

Royaume-Uni



16, 5


France

25

15

4,4

424

Allemagne, Rép. féd. d'

8

10

5

515

Italie

4

3,5



¹ 12 fabriques ont une rapacité de production totale de 1 200 000 tonnes.
² 6 fabriques ont une capacité de production totale de 285 000 tonnes.
³ 7 fabriques ont une capacité de production totale de 700 000 tonnes.
4 9 fabriques ont une capacité de production totale de 640 000 tonnes (partiellement intégrées).
5 9 fabriques ont une capacité de production totale de 603 000 tonnes (partiellement intégrées).

SOURCES: OECE, L'industrie des pâtes et papiers en Europe, Paris, 1959 et Istituto Centrale di Statistica, Rome.

FIGURE 1. - Investissement nécessaires (fabriques de pâte) en fonction de la dimension de l'usine.

1. Pâte au sulfate blanchie (pin) séchée à l'air. - 2. Pâte au sulfaté blanchie (pin), liquide. - 3. Pâte au sulfate écrue (pire), séchée à l'air.- 4. Pâle au sulfate écrue (pique), liquide. 5. «Magnefite» blanchie (épicéa), pète au bisulfite de magnésium séchée à l'air. - 6. «Magnefite» blanchie (épicéa), pôle au bisulfite de magnésium liquide. - 7. «Magnefite» écrue (épicéa) pâte au bisulfite de magnésium séchée à l'air. - 8. «Magnefite» écrue (épicéa), pâte au bisulfite de magnésium liquide. - 9. Pâte mi-chimique au bisulfite neutre saris récupération (bouleau), liquide. - 10. Pâte mi-chimique au bisulfite neutre avec récupération (bouleau), liquide. - 11. Pâte mécanique (épicéa), 50% d'humidité. 12. Pâte mécanique (épicéa), liquide.

FIGURE 2. -Besoins d'investissements en fonctions de la dimension de l'usine (fabriques de papier et dé carton).

1. Fabrique de papier journal, intégrée avec fabrique de pâte mécanique. - 2. Fabrique de panier journal, non, intégrée. - 3. Fabrique de papier d'impression mécanique, intégrée avec fabrique de pâte mécanique. - 4. Fabrique de carton de couverture kraft, intégrée avec fabrique de pâte au sulfate (haut rendement + pâte normale). 5. Fabrique de papier pour sacs, intégrée avec fabrique de pâte au sulfate. - 6. Fabrique de pallier pour sacs, non intégrée. - 7. Fabrique de carton pour aliments, intégrée avec fabrique de pâte au sulfate blanchie. - 8. Fabrique de carton pour aliments, non intégrée. - 9. Fabrique de papier frictionné sur machine, écru intégrée avec fabrique de pâte au sulfate. - 10. Fabrique de papier frictionné sur machette, écru, non intégrée. 11. Fabrique de cannelures pour carton ondulé, intégrée avec fabrique de pâte mi-chimique au bisulfite neutre sans récupération. - 12. Fabrique de cannelures pour carton ondulé intégrée avec fabrique de pâte mi-chimique au bisulfite neutre avec récupération.

TABLEAU 3. - PRODUCTION ANNUELLE MOYENNE DES FABRIQUES DE PÂTE ET DE PAPIER EN AMÉRIQUE DU NORD ET EN SCANDINAVIE (1954/1958) (Milliers de tonnes)


Etats-Unis 1954

Canada 1957

Finlande 1958

Suède 1958

Pâte mécanique

43

67

39

20

Pâte au bisulfite

61

53

54

34

écrue

80

51

...

...

blanchie

55

56

...

...

Pâte au sulfate

151

74

109

49

écrue

171

55

...

...

blanchie

123

103

...

...

Papier et carton

41

78

59

...

On peut, d'après le tableau 4 et d'autres informations, formuler les observations suivantes:

1. En moyenne, les fabriques sont plus grandes en Amérique du Nord qu'en Europe occidentale, sauf en Finlande.

2. Dans tous les pays gros producteurs d'Europe occidentale, les principales usines sont grandes.

3. En général, la dimension moyenne des fabriques de pâte mécanique, si l'on considère le tonnage de la production et surtout celui des matières premières consommées, est plus petite que celle des fabriques de pâte chimique. Cette dimension moyenne est toutefois relativement grande au Canada et en Finlande, où la production de pâte mécanique est, pour l'essentiel, intégrée avec celle de papier Journal, pour laquelle les économies d'échelle sont plus prononcées.

4. Dans les zones de concentration industrielle d'Amérique du Nord, la dimension moyenne des usines est beaucoup plus petite que dans les zones périphériques. Cela s'explique surtout par le fait que, les ressources et les coûts n'étant pas les mêmes, les spécialisations sont différentes. Cela vaut également pour la dimension moyenne des fabriques de papier et de carton, qui ne figurent pas dans les tableaux ci-dessus.

5. Au Canada, en Finlande et en Suède, la dimension moyenne des usines augmente rapidement depuis quelques années dans certains secteurs de l'industrie à l'exemple des industries des Etats-Unis.

TABLEAU 4. - CAPACITÉ, NOMBRE, DIMENSION ET DEGRÉ D'INTÉGRATION DES FABRIQUES DE PÂTE MECANIQUE ET DE PÂTE AU SULFATE EN AMERIQUE DU NORD ET EN SCANDINAVIE (1963/1966)

SOURCE,: Gunnar Alexandersson et Bengt Geiger Pappers- och massaindustrien in Angloamerika och Norden: En jämförelse au fabrikernus storlek och integrationsgrad. Scandinaviska Banken, Quarterly Review, IV/1966. (D'après Brusewitz, Norkisk Papperskalender 1966 et Post's paper mill directory 1963)

FIGURE 3. - Coût de fabrication en fonction de la dimension de l'usine (pâte).

1. Pâte au sulfate blanchie (pin), séchée à l'air. - 2. Pâte au sulfate blanchie (pin) liquide. - 3. Pâte au sulfate écrue (pin) séchée à l'air. - 4. Pâte au sulfate écrue (pin), liquide. - 4a. Pâte au sulfate à haut rendement (pin) liquide. - .5 «Magnefite» blanchie (épicéa), pâte au bisulfite de magnésium séchée à l'air. - 6. «Magnefite» blanchie (épicéa) pâte au bisulfite de magnésium liquide. - 7. «Magnefite» écrue (épicéa), pâte au bisulfite de magnésium séchée à l'air. - 8. «Magnefite» écrue (épicéa), pâte au bisulfite de magnésium liquide. - 9. Pâte mi-chimique au bisulfite neutre sans récupération (bouleau), liquide. - 10. Pâte mi-chimique au bisulfite neutre avec récupération (bouleau), liquide. - 11. Pâte mécanique (épicéa) 50% d'humidité. - 12. Pâte mécanique (épicéa), liquide.

FIGURE 4. - Coût de fabrication en fonction de la dimension de l'usine (papier et carton).

1. Fabrique de papier journal, intégrée avec fabrique de pâte mécanique. - 2. Fabrique de papier journal, non intégrée. - 3. Fabrique de papier d'impression mécanique, intégrée avec fabrique de pâte mécanique. - 4. Fabrique de carton de couverture kraft, intégrée avec fabrique de pâte au sulfate avec chaînes de production distinctes pour la pâte à haut rendement et la pâte kraft normale. - 5. Fabrique de papier pour sacs intégrée avec fabrique de pâte au sulfate. - 6. Fabrique de papier pour sacs non intégrée. 7. Fabrique de cartons pour produits alimentaires intégrée avec fabrique de pâte au sulfate blanchie. - 8. Fabrique de cartons pour produits alimentaires non intégrée. - 9. Fabrique de papier frictionné sur machine, écru, intégrée avec fabrique de pâte au sulfate. - 10. Fabrique de papier frictionné sur machine, écru, non intégrée. - 11. Fabrique de cannelures pour carton ondulé, intégrée avec fabrique de pâte mi-chimique au bisulfite neutre, sans récupération. -12. Fabrique de cannelures pour carton ondulé, intégrée avec fabrique de pâte mi-chimique au bisulfite neutre, avec récupération.

D'après ce que l'on sait de la structure de l'industrie, certaines usines sont trop petites pour pouvoir continuer à fabriquer leur gamme actuelle de produits: elles ont le choix entre la fermeture, l'expansion, la spécialisation et l'intégration. Une forme d'intégration qui progresse est l'intégration verticale des petites fabriques de pâtes marchandes avec la production de papier. Ces changements sont inéluctables par le seul fait qu'il existe des entreprises auxquelles leur situation financière, leurs débouchés ou leurs ressources en matières premières assurent un gros potentiel de développement. Du point de vue international, le processus d'intégration présente depuis un certain temps trois aspects importants: a) participation dans des entreprises nord américaines d'intérêts européens soucieux d'assurer leur approvisionnement en pâtes et papiers de production massive, b) investissements et contrats passés en Europe par des intérêts nord-américains désireux de s'assurer des débouchés, c) investissements et contrats internationaux intra-européens, visant essentiellement à une intégration verticale

Des firmes européennes participent à une douzaine de projets récents ou en cours en Amérique du Nord, pour une capacité de production totale de plus de 2 millions de tonnes, nécessitant des investissements de l'ordre de 700 à 800 millions de dollars U.S. La plupart de ces projets sont, situés en Colombie britannique. Parmi les entreprises qui y participent, on compte le principal acheteur et le principal vendeur de pâte marchande du monde.

Depuis qu'ils s'intéressent aux débouchés européens pour des produits tels que les cartons de couverture kraft, les producteurs d'Amérique du Nord ont créé en Europe une quarantaine de filiales ou d'agences de production et de transformation des cartons de couverture. En République fédérale d'Allemagne, environ 20 pour cent de la capacité de production de cartonnages est ainsi associée à des compagnies américaines. En Italie, 6 des 8 principaux producteurs de cartonnages appartiennent à des sociétés étrangères, dont trois sont des entreprises nord-américaines et les trois autres des entreprises européennes ayant des intérêts outre-mer.

Ces exemples indiquent dans quelle mesure l'industrie de la pâte et du papier a tiré parti des possibilités de l'intégration. Une évolution analogue a lieu dans toutes les industries des pays d'Europe occidentale.

La tendance à une intégration plus poussée, évidente dans les nouvelles installations en Amérique du Nord et en Europe occidentale, appelle certaines remarques: selon les estimations de la FAO, la consommation de papier s'accroîtra de 1,6 million de tonnes par an en Europe occidentale et de 1,7 million de tonnes en Amérique du Nord entre 1970 et 1980. Cet accroissement annuel total correspond à une production quotidienne d'environ 10 000 tonnes. A ce rythme il faudra investir chaque année environ 1,5 milliard de dollars dans la construction de capacité de production nouvelle. La modernisation progressera à peu près à la même cadence. Pour faire face à la consommation croissante de papier, il faudra donc des investissements annuels de l'ordre de 3 milliards de dollars. Les autres industries forestières et la transformation du papier ainsi que la foresterie exigeront également des investissements considérables, qui peuvent être estimés à quelque 2 milliards de dollars par an.

Comme l'Amérique du Nord possède encore de grandes ressources forestières inutilisées et que les grandes firmes nord-américaines investissent pour s'ouvrir des débouchés en Europe, on trouvera ci-dessous quelques remarques sur leur situation financière. Selon les statistiques disponibles, le bilan des entrées et sorties de trésorerie des dix principales firmes papetières d'Amérique du Nord s'élevait en 1964 à 5 à 600 millions de dollars. Admettant qu'il s'accroisse de quelque 6 pour cent par an, il pourrait atteindre un milliard de dollars dans les années soixante-dix. Si ces firmes ont une politique d'investissement énergique, ayant largement recours au crédit, elles pourraient financer une très grande partie des investissements nécessaires. Comme elles possèdent ou contrôlent déjà des ressources forestières considérables, il n'est pas étonnant qu'elles investissent dans les marchés européens; l'une d'entre elles a déjà passé un contrat avec une grande société suédoise de pâte et papier pour vendre une partie de sa production de pâte en Europe.

On a beaucoup insisté sur la situation de l'Amérique du Nord en ce qui concerne les ressources forestières; il faut signaler aussi les possibilités qu'offre la fertilisation forestière pour améliorer la situation en Scandinavie. Selon une étude suédoise³, les quantités enlevées en Suède pourraient être accrues de quelque 10 millions de mètres cubes par an, pour un coût annuel d'environ 30 à 50 millions de dollars. En supposant que la fertilisation des forêts coûte 4 dollars par mètre cube de bois produit, il en résulterait un coût additionnel d'environ 12 dollars par tonne de papier journal ou 20 dollars par tonne de pâte blanchie.

³ Stig Hagner Jussi Saraste, Bengt Johansson et Allan Ahgren, Timber Production by Forest Fertilization.

Le coût du fret maritime à destination des principaux marchés de la CEE et du Royaume-Uni est moins élevé de quelque 10 à 20 dollars par tonne en Scandinavie qu'en Amérique du Nord; cette différence correspond approximativement au coût de la fertilisation des forêts: il est donc économiquement possible d'améliorer les ressources scandinaves en fertilisant les forêts, ce qui pourrait modifier profondément les estimations précédentes des perspectives de développement. L'industrie des engrais en Finlande est déjà en voie d'expansion pour permettre une fertilisation massive des forêts.

Economies permises par l'intégration verticale: modèles théoriques pour l'évaluation économique

La décision d'intégrer ne doit pas être fonction seulement, on l'a déjà signalé, de l'économie interne d'un établissement industriel; il faut aussi, pour orienter les politiques en matière d'investissements, prendre en considération les tendances générales. La structure des prix et des coûts n'étant pas statique, les économies que peut permettre l'intégration dépendent de ces facteurs externes. Au niveau de l'établissement, elles dépendent dans une large mesure des conditions locales, de sorte qu'il est difficile de formuler des conclusions générales. Par contre, les facteurs techniques, qui permettent de réduire les coûts de fabrication, sont à peu près partout analogues, de sorte que l'on peut tout de même énoncer quelques généralités valables sur les questions d'intégration. Nous allons maintenant essayer d'analyser l'économie de l'intégration à partir de plusieurs exemples d'intégration verticale des industries de la pâte et du papier.

Par une comparaison entre la production intégrale de pâte et de papier et la production de papier à partir de pâte marchande, la figure 4 indiquait déjà les économies qui peuvent être réalisées en intégrant la production de papier journal, de papier pour sacs, de cartons alimentaires et de papier frictionné sur machine écru. Les comparaisons des prix de revient sont basées sur la structure des coûts en Scandinavie, abstraction faite des différences de tarifs douaniers et de coût de fret. Les figures 5 et 6 donnent une idée des divers facteurs sur lesquels on réalise des économies en intégrant la production, pour le papier à sacs d'une part et pour le papier journal d'autre part. On suppose que la pâte provient d'un établissement distinct mais «lié» à la fabrique de papier. Les éléments sur lesquels porte l'économie sont les suivants: a) matières premières (fils de fer de cerclage), b) main-d'oeuvre (salaires et avantages accessoires), c) administration et salaires, d) énergie et vapeur (combustible), e) entretien et matériel, f) coût en capital (amortissement et intérêts, y compris intérêt du capital de roulement). On n'a pas tenu compte des différences du coût des ventes et du fret. Les principaux éléments des économies dues à l'intégration sont les coûts du capital, de la main-d'oeuvre et des cadres ainsi que de l'administration, et, dans le cas du papier pour sacs, le coût de l'énergie et de la vapeur (combustible) qui, dans les grandes usines, constitue un pourcentage très important du total.

Le tableau 5 permet de comparer, pour trois dimensions de fabriques de papier pour sacs, les coûts et les économies dues à l'intégration.

FIGURE 5. - Fabrication de papier à sacs: coûts et économies permises par l'intégration en fonction de la dimension de l'usine. Coûts relatifs: (a) Fabrique intégrée de pâte au sulfate écrue et de papier à sacs. (b) Fabriques non intégrées de pâte au sulfate écrue et de papier pour sacs.

Economies dues à l'intégration: 1. Matières premières. - 2. Main-d'œuvre. 3. Administration et salaires. - 4. Energie et vapeur. - 5. Entretien et matériel. - 6. Coût en capital, y compris intérêts du capital de roulement.

FIGURE 6. - Fabrication de papier journal: coûts et économies permises par l'intégration en fonction de la dimension de l'usine. Coûts relatifs: (a) Fabrique intégrée de pliée mécanique et de papier journal. - (b) Fabriques non intégrées de piste mécanique et de papier journal.

Economies dues à l'intégration: 1. Matières premières. - 2. Main-d'œuvre. - 3. Administration et salaires. - 4. Energie et vapeur. - 5. Entretien et matériaux (négligeable). - 6. Point en capital, y compris intérêts du capital de roulement.

La comparaison porte sur les coûts relatifs dans une fabrique intégrée de à sacs, d'une capacité de 447 tonnes/jour (145 000 tonnes/an) car c'est là, étant donné la structure actuelle des coûts, la dimension minimale rentable d'une nouvelle fabrique intégrée de papier à sacs en Scandinavie. Bien évidemment, la dimension de l'usine a plus d'influence que l'intégration sur les prix de revient, pour des dimensions comprises dans les limites de celles qui figurent au tableau 5. Les économies d'échelle sont surtout prononcées dans les fabriques de pâte «liées» et les papeteries qui en utilisent la production, sans qu'il y ait intégration technique; elles sont particulièrement faibles dans les papeteries transformant de la pâte marchande.

TABLEAU 6. - PRODUCTION DE PAPIER POUR SACS: COMPARAISON DES COUTS ET DES ÉCONOMIES PERMISES PAR INTEGRATION

Capacité de production tonnes/jour

Coûts relatifs

Economies dues à l'intégration

Usines intégrées

Usines non intégrées

Pâte provenant d'une fabrique «liée»

Pâte marchande

Unité de coût

Pourcentage

447

100

114

120

14 ou 20

12,5 ou 16,7

223

115

135

129

14 ou 20

10,8 ou 14,4

112

149

179

146

-3 ou 30

-2,1 ou 16,7

Pour des usines d'une capacité de 70 000 à 150 000 tonnes par an, l'intégration permet, semble-t-il, de réduire les coûts de 10 à 15 pour cent, en admettant que les frais de vente de la pâte contrebalanceraient la différence du coût du fret (pour le papier et pour la pâte).

Un graphique qui illustre la théorie de la corrélation entre coût de fabrication et intégration verticale éclairera ce qui précède (figure 7)4. La capacité de l'usine est portée en abscisse et le coût unitaire du produit en ordonnée. La courbe du bas représente la variation des coûts de production d'une fabrique non intégrée de pâte. On peut constater que ces coûts diminuent lorsque la dimension de l'usine augmente. La ligne qui coupe cette courbe représente le prix de marché de la pâte. Le seuil de rentabilité se situe en A; pour une capacité inférieure, l'usine est déficitaire. Pour améliorer la rentabilité, il faut accroître la capacité de production qui doit se situer à droite du point A sur le graphique. les coûts de production tombent alors en dessous du niveau critique. C'est ce qui été fait avec succès en Finlande à maintes reprises au cours des dernières années, lorsque le pays avait encore des réserves de bois abondantes. Mais lorsqu'il n'y a pas de réserves, il est impossible d'accroître la production. Dans ce cas, la situation peut être améliorée par l'adjonction d'une fabrique de papier ou de carton.

4 Ryti, Niilo, Puunjalostusteollisuuden kustannusrakonteen selvittelya tchdasmallien avulla. Paperi ja Puu, n° 6 1966. L'étude ci-après des modèles d'usines est fondée sur l'article de Ryti, avec toutefois, dans certains cas une mise à jour des prix.

FIGURE: 7. - Coûts de production en fonction de la dimension de l'usine: Fabriques intégrées et non intégrées de pète et de papier (modèle théorique).

1. Fabrique de Hôte «liée» o mais non intégrée + fabrique de papier non intégrée. - 2. Fabrique de papier non intégrée employant de la pète marchande. - 3. Fabrique intégrée de pâte et de papier. - 4. Fabrique noir intégrée de vote. - S. Pria du papier. - 6. Prix de la pète marchande. - 7. Economies dues à l'intégration. - 8. Pertes dues à l'intégration.

NOTE: Il faut approximativement 1,05 tonne de pôle séchée à l'air pour Produire une tourne de papier.

Sur le même graphique, une autre courbe représente les coûts de fabrication dans une fabrique intégrée de pâte et de papier; une troisième courbe représente le coût total de production du papier quand la production n'est pas techniquement intégrée mais que la pâte provient d'une usine «liée ». Les hachures entre les deux courbes représentent les économies permises par l'intégration.

L'amélioration due à l'intégration dépend évidemment du prix du produit final. Dans l'exemple ci-dessus ce prix est si bas que le seuil de rentabilité de la fabrique intégrée se situe à un niveau de capacité B plus élevé que pour une usine de pâte distincte A. Dans ce cas, l'intégration aggrave la situation. Mais peut-être est-il possible de trouver un produit final adapté à la production intégrée et dont le prix de vente soit supérieur à celui qui est utilisé dans notre exemple. Le seuil de rentabilité se situera alors à gauche du point A et l'intégration améliorera la situation économique de la fabrique de pâte. Une petite fabrique de pâte doit donc chercher un produit final dont le prix de vente soit suffisamment élevé et qui, du fait de difficultés de commercialisation ou de problèmes techniques, ne se prête pas à la fabrication massive. Mais les possibilités dans ce domaine sont limitées par la production des fabriques de papier non intégrées transformant de la pâte marchande. En observant le graphique, on remarque que si la capacité de l'usine est inférieure à celle qui correspond au point C, les coûts de production d'une fabrique non intégrée transformant de la pâte marchande sont moins élevés que ceux d'une fabrique intégrée. Si la dimension d'une fabrique tombe au dessous du seuil C, il est peu probable que l'intégration lui permette d'améliorer son pouvoir compétitif. Les prix de la pâte et du papier influent sur la position des points critiques A, B et C, qui dépendent également de la structure des coûts de production.

Si le produit fini doit être frappé de droits de douane alors que les produits semi-finis peuvent être admis en franchise ou frappés d'un droit réduit, il faut, pour évaluer les avantages de l'intégration, tenir compte des tarifs douaniers. Si l'on a le choix, il faut se demander s'il est plus rentable de fabriquer le papier dans une usine intégrée et de l'exporter, ou bien d'exporter le produit semi-fini (par exemple la pâte) en franchise, pour qu'il soit transformé dans une autre usine située dans la zone où le marché est protégé. A ce propos, il faut comparer les économies que permettrait l'intégration avec les droits de douane et prélèvements fiscaux, et déterminer le facteur dominant.

On a analysé, pour du papier kraft écru, notamment du papier pour sacs et pour des cartons alimentaires faits avec de la pâte kraft blanchie, les effets de l'intégration et de la protection au sein de la CEE. A cette fin, on a comparé le coût d'une production intégrée en Scandinavie et le coût du papier et du carton produits dans une autre usine d'Allemagne, à partir de pâte provenant de Scandinavie. Il s'agit du coût, franco client allemand, y compris droits de douane, fret et taxe sur le chiffre d'affaires. Les coûts sont présentés en fonction de la dimension de l'usine, en supposant que la capacité de production de la fabrique de papier et carton en Allemagne est égale à celle de la fabrique de pâte «liée» en Scandinavie. La troisième possibilité étudiée est celle d'une fabrique de papier non intégrée en Allemagne transformant de la pâte marchande.

La figure 8 illustre le cas du papier pour sacs. Il se fonde sur une gamme de prix représentative des dernières années (plus ou moins 10 pour cent). La production intégrée de pâte kraft et de papier pour sacs en Scandinavie n'est, semble-t-il, intéressante que dans la mesure où les usines de la CEE gardent des dimensions modestes. De nouvelles fabriques intégrées de petites dimensions en Scandinavie ne seraient pas rentables. Les prix relatifs de la pâte et du papier sont un élément déterminant pour les coûts relatifs des grandes usines. Au niveau actuel, les protections douanières et fiscales semblent avoir plus de poids que les économies dues à l'intégration, encore qu'il faille, pour obtenir des coûts fortement compétitifs, bénéficier à la fois de la protection douanière et d'une grande échelle de production. Enfin, il ne faut pas oublier que, certains coûts tels que le fret et le prix du bois variant d'un endroit à l'autre, le modèle a moins pour objet de servir de base à des décisions que d'illustrer la théorie des économies permises par l'intégration.

La figure 9 illustre de la même façon le cas des cartons alimentaires, qui sont des cartons blanchis représentatifs d'un groupe de produits de valeur plus élevée. Le prix de ces cartons étant supérieur à celui des papiers écrus pour sacs, la valeur absolue des droits de douane et des taxes sur ces cartons est également plus élevée. Par contre, les avantages économiques de l'intégration sont plutôt moins marqués pour les papiers et cartons blanchis que pour les cartons écrus, de sorte qu'une production sans intégration technique en Allemagne est plus rentable, semble-t-il, qu'une production intégrée en Scandinavie. Comme le montant économisé grâce à l'intégration diminue quand la dimension de l'usine augmente alors que les droits de douane et les taxes restent constants, une production non intégrée dans des usines de grande dimension est rentable si le marché est suffisamment vaste. D'après la figure 9, on pourrait conclure qu'il est plus rentable, dans le cas de papier de forte valeur unitaire, de situer les installations de production à l'intérieur du système douanier de la CEE qu'en Scandinavie, l'échelle de la production et la productivité de la main-d'œuvre étant les mêmes.

Les différences de coûts d'une région à l'autre favorisent une spécialisation régionale et le développement du commerce crée de nouvelles possibilités d'intégration

Les quatre facteurs principaux qui influencent traditionnellement la structure et l'implantation des industries de la pâte et du papier sont les suivants: a) prix et volume disponible des matières premières fibreuses, en particulier du bois rond, des résidus de scierie et des vieux papiers, b) dimension et emplacement des marchés, c) prix de l'énergie, d) droits de douane et autres obstacles au commerce. L'énergie revêt une importance particulière pour l'implantation des fabriques de pâte mécanique et des fabriques de papier journal intégrées avec celles-ci. Depuis quelques années, le développement du commerce pétrolier affranchit l'industrie de la nécessité d'implanter ses installations près des sources d'énergie (énergie hydroélectrique ou combustibles locaux bon marché). Le développement des zones de libre-échange a modifié l'influence des marchés et des tarifs douaniers.

FIGURE 8. - Comparaison du coût caf client en Allemagne, pour la production intégrée et non intégrée de pâte et de papier en Scandinavie et en République fédérale d'Allemagne: papier pour sacs.

Droits de douane sur le papier 14,8%; taxe sur le papier d'importation 8%; taxe sur le papier de production nationale 4%; taxe sur les pâtes importées 4%.

I Production non intégrée: pâte au sulfate en Scandinavie, papier pour sacs en Allemagne.

II Production non. intégrée: papier pour sacs en Allemagne, fabriqué à partir de pâte marchande.

III Production intégrée: pâte au sulfate et papier pour sacs en Scandinavie.

FIGURE 9. - Comparaison des courts caf client en Allemagne, pour la production intégrée et non intégrée de pète et de papier en Scandinavie et est République fédérale d'Allemagne: cartons alimentaires.

Droits de douaire sur le papier 15,2% tance sur le papier importé 8%; tari sur le papier de production nationale 1%; tape sur la pète importée 4%.

I Production port intégrée: pâte au sulfate blanchie erg Scandinavie cartons alimentaires en Allemagne.

II Production non intégrée: cartons alimentaires en Allemagne fabriqués à partir de pète marchande.

III Production intégrée: pâte au sulfate blanchie et cartons alimentaires en Scandinavie.

D'autres facteurs revêtent une importance croissante: a) coût de la main-d'œuvre, b) problèmes d'approvisionnement en eau et d'écoulement des eaux usées, c) possibilité d'expédier à peu de frais le produit final. Le coût de la main-d'œuvre influera vraisemblablement sur la spécialisation future respective de l'Amérique du Nord et de la Scandinavie pour la fabrication des qualités de production massive: la Scandinavie se spécialisera probablement plutôt dans les produits pour lesquels la main-d'œuvre représente une proportion élevée du coût de fabrication. Une main-d'œuvre bon marché pour les plantations et la possibilité de cultiver des essences à croissance rapide donnent à certains pays en voie de développement des avantages pour créer des ressources nouvelles de bois à pâte5.

5 Ces avantages sont particulièrement sensibles pour les pâtes à faible rendement qui ne peuvent absorber le coût d'un bois cher. Pour citer un exemple concret, une société norvégienne construit au Brésil une fabrique de pâte au sulfate avec pré-hydrolyse d'une capacité de 150000 tonnes afin de tirer parti du bois bon marché de plantations pour fabriquer de la pâte à dissoudre et pouvoir ainsi consacrer l'épicéa norvégien, relativement coûteux, à des productions dont le prix de revient est moins sensible au prix du bois. De même, une firme suédoise construit au Portugal une fabrique de pâte à dissoudre qui utilisera l'eucalyptus.

L'approvisionnement en eau et l'écoulement des eaux usées sont devenus des problèmes très graves dans les centres industriels et les zones touristiques, où il est très difficile d'installer des fabriques de pâte mi-chimique et chimique; cela Joue en faveur des industries de la pâte mécanique, des panneaux de fibres et des panneaux de particules pour l'utilisation du bois à pâte disponible dans ces régions.

Il faut pouvoir expédier la production toute l'année et à peu de frais pour fabriquer dans des zones périphériques des produits pondéreux destinés aux marchés internationaux.

L'emploi de cargos spéciaux et l'expédition par grandes quantités font que la distance à franchir par mer n'a plus autant d'importance du point de vue de l'implantation des fabriques de pâte marchande, de papier kraft pour couvertures, etc.

Quelle influence cette évolution de la structure des coûts pourra-t-elle avoir sur l'intégration dans l'industrie de la pâte et du palier? Il est impossible de le prévoir, mais on pourrait tenter de dégager certaines tendances qui se manifesteront probablement au cours des quelque dix prochaines années.

1. Dans les principaux pays consommateurs d'Europe occidentale, la production de papier intégrée avec celle de pâte mécanique et de pâte à fort rendement, ainsi que la production non intégrée de papier à partir de vieux papiers et de pâte au sulfate blanchie se développeront. La production de carton pour boîtes pliantes, de panneaux de particules pour caisses rigides, d'âmes pour emballages, de cartons de couverture et cannelures pour emballage, c'est-à-dire de qualités pour les quelles l'essentiel de la fourniture consiste en vieux papiers, augmentera probablement en dépit de la forte concurrence des qualités supérieures pour certains de ces produits. On peut prévoir un accroissement de la production de diverses qualités de papier d'impression et d'écriture et de papier de soie faits de vieux papiers et de pâte blanchie (surtout de feuillus). Le taux de récupération des vieux papiers étant de quelque 25 à 30 pour cent de la consommation, la production basée sur l'utilisation des vieux papiers à proximité des centres de consommation représentera un secteur considérable de l'industrie papetière.

Dans les principaux pays consommateurs, la production non intégrée de pâte reculera devant la production intégrée. La fabrication non intégrée de produits de papier et carton de production massive à partir de pâte écrue d'importation ne se développera probablement pas beaucoup, et l'on prévoit qu'une partie de la capacité de production sera utilisée pour des produits de plus forte valeur unitaire. Les papiers spéciaux, pour lesquels il n'y a pas d'économies d'échelle et pour lesquels l'intégration ne présente pas d'avantages considérables, seront privilégiés. Les qualités qui comportent un mélange de fibres et celles dont la fabrication est intégrée avec la transformation du papier (laquelle se diversifie de plus en plus), gagneront en importance, ainsi que la transformation du papier, qui fera l'objet d'une intégration financière plus poussée avec la fabrication du papier.

2. En Scandinavie, la production intégrée de pâte et de papier se développera. Les qualités en progrès seront probablement le papier journal, le papier pour impression mécanique, le papier kraft pour sacs et sachets d'emballage et les cannelures, c'est-à-dire les qualités de production massive dont le prix se ressent le moins de celui du bois et dont la fabrication exige plus de main-d'œuvre que la pâte chimique et les cartons de couverture kraft6.

Pour bénéficier des économies d'échelle, les fabriques qui produisent actuellement d'autres qualités pour l'exportation seront peut-être agrandies7. De plus, la capacité de production (surtout intégrée) se développera pour satisfaire le marché intérieur. Le progrès de l'intégration économique européenne influera sur les politiques de l'industrie en matière d'intégration industrielle.

6 Une formule permettant d'analyser la réaction du coût du produit au coût du bois est proposée dans un document récent intitulé «Recent Trends in the Utilisation and Handling of Pulpwood» par Jaakko Pöyry, 21st Tappi Engineering Conference, Boston.

7 Selon le bulletin 1966 de l'Association suédoise des fabricants de papier, Den Svenska Pappersindustrin, la capacité de production de pâte chimique en Suède augmentera entre 1966 et 1970 de 2 millions de tonnes consistant essentiellement en pâte marchande destinée à l'exportation.

3. En Amérique du Nord, quelque 80 à 90 pour cent de la production de pâte à papier est intégrée techniquement avec la production de papier, et environ 80 pour cent de la production de pâte marchande est financièrement intégrée avec la production de palier8.

Le commerce de pâte marchande consiste surtout en échanges de qualités différentes entre des firmes intégrées. Les plans d'expansion laissent prévoir un fort accroissement de la production de pâte au sulfate blanchie destinée aux marchés d'Amérique du Nord, d'Europe occidentale et du Japon. L'essentiel de cette production est financièrement intégré avec les principales sociétés fabriquant de la pâte et du papier en Amérique du Nord et en Europe. La production nord-américaine intégrée techniquement et destinée au marché européen comprendra des cartons de couverture kraft ainsi que du papier journal et du papier pour sacs. Comme douze nouvelles machines à papier journal d'une capacité totale d'environ 1,2 million de tonnes sont déjà en projet ou installées en Scandinavie et en Allemagne et doivent commencer à produire entre 1965 et 1970, et que de nouvelles installations sont également probables en France et en Espagne, il semble que la capacité de production de papier journal en Europe occidentale s'accroisse plus rapidement que la consommation, de sorte qu'il restera un excédent exportable, même si une partie de la capacité nouvelle comme de la capacité déjà établie est employée pour fabriquer du papier d'impression mécanique.

8 L'intégration financière intéresse notamment la production de pâte des fabriques «liées sans intégration technique. Par exemple, en 1962, environ 39 pour cent (soit 870000 tonnes) des importations de pâte des Etats-Unis en provenance du Canada consistaient en pâte fournie par des sociétés canadiennes subsidiaires de sociétés papetières des Etats-Unis.

A ce propos, on peut signaler que les importations de l'Europe occidentale de papier journal en provenance d'Amérique du Nord ont diminué de 73000 tonnes entre 1962 et 1965, passant de 480000 tonnes à 407000 tonnes.

Iran. - Le Schah de Perse et S.M.I. Farah Dibah conversent avec le directeur de la Division des forêts et des produits forestiers de la FAO (à gauche) au cours d'une cérémonie de plantations d'arbres qui a eu lieu dans la forêt-parc Arya Mehr, au nord de la nouvelle route Téhéran-Karadj.


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