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1. PREAMBULE

1.1. Définition

On se demande pourquoi a-t-on donné à ce type de reboisement l’appellation "Reboisements industriels ou plantations industrielles ?"

MADAGASCAR, soucieux de faire décoller son économie après avoir recouvré son indépendance politique, estime que tant que plus de 80 % des Malgaches vivent encore dans le secteur primaire, ce décollage de l'économie ne sera jamais effectif.

Le secteur secondaire du pays encore au stade embryonnaire devra être développé pour qu'il soit pourvoyeur d'emplois afin d'absorber ce surplus de main-d'œuvre dans le secteur primaire. Une synergie entre les deux secteurs devra donc être instaurée.

C'est ainsi que vers les années 1967-1968, le Ministère chargé de l'Agriculture a déployé une politique agricole dénommée "les grandes opérations agricoles" visant à stimuler la relance des industries agricoles par la création de grandes cultures à l'échelle industrielle pour approvisionner sur place en matières premières les agro-industries prioritaires afin de fournir à l'économie nationale, d'une part, des produits de substitution à l'importation, et d'autre part, de produits nouveaux pour l'exportation.

Dans ce cadre, pour ne citer que quelques exemples, on a mis en place l'opération palmiers à l'huile à TAMATAVE pour approvisionner une huilerie, la SOMAPALM, l'opération de plantation de cocotiers à SAMBAVA pour alimenter une huilerie à base de coco la "SAMBAVA-VOANIO".

Dans le domaine de la foresterie, le Ministère a pensé à l'approvisionnement des usines de pâte à papier par le truchement des installations des plantations des conifères qui se prêtent bien aux conditions écologiques malgaches.

En effet, MADAGASCAR grâce à son climat et sa disponibilité en terres cultivables pour la reforestation, offre une opportunité unique pour s'adonner à des reboisements de grande envergure de conifères pour approvisionner des usines de pâte à papier destinée pour l'exportation.

Donc, les reboisements industriels ou plantations industrielles, ce sont de grands reboisements de l'ordre de plus de DIX MILLE HECTARES (10 000 Ha) qu'on a créé en vue d'approvisionner des usines dont les produits sont destinés à l'exportation.

Pour le cas de MADAGASCAR, seules les plantations du HAUT-MANGORO (FANALAMANGA) à MORAMANGA et de la HAUTE-MATSIATRA à FIANARANTSOA rentrent dans cette catégorie de reboisement que nous venons de donner ci-dessus la définition.

L'étude que la F.A.O. nous a demandée va donc se consacrer uniquement à ces deux plantations.

1.2. Place des reboisements industriels ou plantations industrielles dans la politique économique nationale en général et dans la politique forestière nationale en particulier

L'urbanisation, la démographie galopante, l'utilisation du bois comme principale source d'énergie dans la vie quotidienne par la majorité des Malgaches, la disparition annuelle de DEUX CENT MILLE HECTARES (200 000 Ha) de forêts par les feux de brousse exposent MADAGASCAR à la désertification si une politique de reforestation efficace ne sera pas mise en place dans un prochain avenir.

Les reboisements industriels ou plantations industrielles de par leurs dimensions constituent un élément essentiel pour activer la reforestation du pays.

A cette contribution à l'amélioration de l'environnement, s’ajoute leur action à la relance du tissu industriel dans le pays se spécialisant en particulier dans le domaine de l'exportation en vue de renforcer les recettes en devises et partant, participent à diminuer le déficit chronique de la balance des paiements du pays.

D'autre part, le développement des plantations industrielles atténue la pression sur les produits des forêts naturelles qui sont devenus des matières rares car les bois provenant des plantations industrielles alimentent non seulement le marché extérieur mais aussi le marché intérieur donc, il renforce la politique de conservation des forêts naturelles protégées, véritables sanctuaires floraux et fauniques pour le monde entier.

1.3. Localisation des plantations industrielles

Par définition, l'endroit idéal pour ces types de reboisement est une région où :

- la densité de population est faible autour de 5 à 10 habitants au kilomètre carré ;

- le cheptel bovin accuse un effectif relativement bas ;

- l’évacuation des produits est assurée par un réseau de desserte (route de grande circulation ou voie ferrée) menant jusqu’à un port d'embarquement où les navires de gros tonnages peuvent accoster jusqu’au quai et lequel port ne doit pas être loin du site de reboisement. C'est le cas des plantations du Haut-Mangoro, situées dans la région de MORAMANGA et se trouvant à 250 km du port de Tamatave.

Quant aux plantations de la HAUTE - MATSIATRA, le choix du site n'a pas été guidé par les contraintes physiques précitées.

En effet, fort des résultats encourageants qui furent obtenus dans les premières plantations forestières de pins, le service forestier de l'époque a lancé en 1953 un vaste programme de plantations de pins dans la région de FIANARANTSOA. Dans une première phase, une plantation de 7 000 Ha furent réalisées.

 

Ce fut un succès. La destination finale de ces reboisements n'était pas précisée mais très vite ce programme fut étendu à 13 000 Ha avec l'idée d'alimenter une usine de pâte à papier dont la capacité aurait été de 30 000 T/an.

Mais au démarrage des grandes opérations industrielles vers les années 1967-1968 et vu le bon comportement des pins dans la région, le service forestier a cru bon d'étendre l'opération pour atteindre quelques dizaines de milliers d'hectares en vue d'approvisionner une usine de pâte à papier. Une telle initiative a reçu l'approbation générale de la population de la région qui souffre d'une sous-industrialisation.

Bien que les contraintes exigées par ce genre d'opération (vaste espace presque vide de population, proximité d'un port apte à embarquer les productions) ne soient pas remplies car la région est surpeuplée et le port de MANAKARA est en rade foraine, mais compte tenu de la présence déjà des peuplements de pins dans le coin et la pression politique, l'opération fut engagée. Ainsi, par manque de terrains d'un seul tenant, l'opération a été répartie dans plusieurs endroits.

1.3.1. Les plantations industrielles du HAUT-MANGORO

 

1.3.1.1. Situation géographique

Les plantations industrielles du HAUT-MANGORO se trouvent dans la partie orientale de la région montagneuse centrale de MADAGASCAR, comprise entre :

. latitude : 17º 45' - 19º 10'

. longitude : 48º 00' - 48º 20' (voir carte jointe en annexe).

Les plantations s'étendent sur une longueur de 120 km, du Sud au Nord, et sur une largeur de 25 km de l'Est à l'Ouest.

Au Nord, elles sont limitées par la route du chrome et au Sud par le village de BEPARASY.

 

1.3.1.2. Caractéristiques physiques du sol

 

1.3.1.2.1. Topographie

La zone de reboisement couvre la large vallée du HAUT-MANGORO au relief ondulé comprise entre les deux premières falaises des contreforts Est du plateau central.

. Altitude comprise entre 800 m et 1 000 m

. Relief assez différent entre les trois régions de plantation :

- Région Nord : assez accidentée

- Région Centre : moyennement ondulée

- Région Sud : relativement plate sur la partie Nord,

assez accidentée sur les parties Sud et Ouest.

1.3.1.2.2. Sols

Les sols d'origine latéritique ou ferralitique sont dégradés et très pauvres en éléments minéraux et organiques, suite à une longue culture industrielle extensive et aux feux de brousse réitératifs, expliquant leur abandon quasi total par l'agriculture. Certaines pentes ont subi une érosion oblique intense et sont devenues pratiquement stériles. Il existe également de vastes plaines sablonneuses avec horizon hydromorphe proche de la surface, impropres à toute culture sans drainage ni apport important de fumure.

 

1.3.1.2.3. Climat

Le climat est du type subtropical caractérisé par deux grandes saisons très nettes et deux intersaisons relativement courtes :

- été : chaud et pluvieux, de décembre à mars ;

- hiver : frais et humide, de juin à août ;

-1ère intersaison : douce d'avril à mai ;

- 2e intersaison : chaude et sèche, de septembre à octobre.

La pluviométrie annuelle décroît de 1 600 mm à 1 000 mm en allant du Sud vers le Nord. (voir données climatiques en ANNEXE).

1.3.2. Les plantations industrielles de la HAUTE-MATSIATRA

1.3.2.1. Situation géographique

L'ensemble des reboisements industriels de la HAUTE-MATSIATRA est situé en bordure de la forêt qui couvre la falaise de l'Est et déborde sur la contre pente du plateau. Ils s'étendent du Nord d'AMBOHIMAHASOA jusqu'à la limite Sud de la sous-préfecture de FIANARANTSOA sur le plateau de LAKERA.

Ces reboisements sont installés généralement sur des croupes à pente douce ou parfois plus accentuée.

Ils se subdivisent en plusieurs chantiers.

L'altitude des terrains est comprise entre 1 100 m et 1 500 m.

 

1.3.2.2. Climat

Les plantations sont situées dans la région climatique des Hauts plateaux à influence orientale. Le climat est du type tropical d’altitude soumis à l’influence des alizés de l’océan indien, vecteurs d’humidité.

Il est caractérisé par une pluviométrie moyenne de l’ordre de 1500 à 1700 mm vers l’Est (Ampamaherana 1739 mm) diminuent ensuite vers l’Ouest (Fianarantsoa 1240 mm).

 

Le régime pluviométrique est marqué par une saison des pluies de novembre à mai et une saison sèche pendant laquelle les précipitations sous forme de crachin sont non négligeables.

Enfin les précipitations occultes (rosée, brouillard) ne sont pas négligeables.

 

1.3.2.3. Géologie - pédologie

L’ensemble des terrains se trouve situé sur le socle ancien du massif cristallin, système du graphite. Ce système se caractérise par une migmatisation intense et d’importants phénomènes de granitisation. Les roches rencontrées sont surtout des gneiss à muscovite et à biotite, des granites, des migmatites granitoïdes et parfois des micaschistes et des quartzites.

La roche-mère en place ne s’observe que sur les massifs granitiques, en dômes parfois ou falaises.

Sur gneiss, la roche-mère est toujours altérée et forme un assemblage de lits multicolores.

Les sols dérivés de ces roches-mères et utilisés pour la reforestation sont des sols ferralitiques jaune sur rouge en général.

D’une manière générale, ces sols sont pauvres, carencés en phosphore, en calcium et potassium.

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