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4. L'élevage de Tilapia nilotica en monoculture mixte.

4.1. Le Tilapia nilotica : Biologie

4.1.1. Morphologie

  1. Nageoire dorsale
  2. Nageoire caudale
  3. Nageoire anale
  4. Nageoires ventrales
  5. Nageoires pectorales
  6. Première ligne latérale
  7. Deuxième ligne latérale
  8. Opercules
  9. Bouche
  10. Narine
  11. Oeil

4.1.2. Pourquoi élever le Tilapia nilotica ?

Enumérons quelques conditions auxquelles doit répondre un bon poisson de pisciculture.

  1. Il doit accepter de vivre avec d'autres poissons dans un espace assez restreint, puisqu'on veut élever beaucoup de poissons sur une petite superficie.

  2. Il doit avoir une croissance rapide : plus vite le poisson est grand, plus vite le pisciculteur peut récolter.

  3. Il doit se nourrir avec des aliments faciles à trouver et pas trop chers.

  4. Il doit se reproduire facilement. Si non il faut avoir une source d'alevins pour pouvoir recommencer.

  5. Il doit résister aux manipulations et au transport.

  6. Il ne doit pas être trop sensible aux maladies.

  7. Il doit être apprécié par le consommateur.

Comment réagit le Tilapia nilotica

  1. Il aime vivre avec ses congénères. On peut en mettre deux par mètre carré ou même plus si on les nourrit avec un aliment complet.

  2. Bien nourri, il dépasse les 100 grammes en six mois.

  3. Il se nourrit de tout. Le plancton qui est produit par le fumier et le compost, des sous-produits agricoles comme le son de riz et le tourteau de coton, les déchets de la cuisine, etc…

  4. Il se reproduit sans problèmes en captivité. La reproduction est même tellement abondante que l'on élève parfois seulement les mâles pour éviter la reproduction ( et parce que les mâles grossissent plus vite que les femelles) ou qu'on ajoute des prédateurs pour éliminer la reproduction.

  5. C'est un poisson solide. Il peut rester vivant pendant quelque temps après être sorti de l'eau. Il supporte bien le transport à condition de surveiller l'aérateur de l'eau.

  6. Il a très peu de maladies si les conditions de vie sont normales (deux par mètre carré, bonne température, suffisamment d'oxygène dans l'eau, suffisamment de nourriture)

  7. Il est très apprécié par le consommateur.

4.1.3. La respiration

Quand on sort de l'eau un Tilapia ou un poisson en général, après un peu, de temps, ils meurent. Comme l'homme ne peut pas respirer dans l'eau, le poisson ne peut normalement pas respirer dans l'air (il y a des exceptions). Pourtant homme et poisson ont besoin du même oxygène (02) pour vivre. De même que l'homme qui a des poumons qui peuvent prendre l'oxygène (02) dans l'air, le poisson à des branchies capables de prendre l'oxygène (02) dissous dans l'eau.

Les mouvements des opercules du poisson fait que l'eau est aspiréc dans la bouche, passe à travers les branchies et sort sous les opercules.

Quand on regarde sous les opercules d'un poisson on voit un grand nombre de lamelles très rouges (à cause du sang). C'est au niveau de ces lamelles rouges que l'oxygène dissous dans l'eau passe à travers la fine membrane qui recouvre les lamelles, dans le sang du poisson. Le sang transporte l'oxygène partout dans le corps du poisson où il est utilisé pour les diverses fonctions du corps (croissance, mouvements, reproduction, etc…). La consommation de l'oxygène par le poisson produit comme déchet le gaz carbonique (CO2) qui est toxique et qui doit donc être enlevé du corps. C'est de nouveau le sang qui se charge du gaz carbonique (CO2), le transporte vers les branchies ou il est rejeté dans l'eau.

Schéma de la respiration

  1. L'eau chargée d'oxygène (O2) dissous, entre en contact avec les lamelles branchiales.

  2. L'oxygène (O2) de l'eau, traverse la fine membrane des lamelles branchiales et passe dans le sang

  3. Le sang ammène l'oxygène vers tous les organes du corps où il est échangé contre le gaz carbonique (CO2)

  4. C'est le coeur qui pompe lesang à travers les vaissaux sanguins du corps.

  5. Le sang a échangé tout l'oxygène (O2) contre le gaz carbonique (CO2)

  6. Arrivé au niveau des branchies, le sang décharge le gaz carbonique (CO2) dans l'eau et se recharge d'oxygène (02).

  7. L'eau qui sort des opercules du poisson est chargé de gaz carbonique (CO2).

Opercules : C'est sous les opercules que se trouvent les bran chies.

Les branchies du Tilapia se composent de deux fois quatre ares branchiaux, quatre de chaque côté. Sur les ares branchiaux on trouve les branchiospines et les lamelles branchiales. Les lamelles branchiales sont donc des organes vitaux pour le poisson.

Le pisciculteur doit y penser quand il vidange son bassin et qu'il veut garder des alevins pour le réempoissonnement. Sou vent les poissons ont traîné dans une eau très boueuse lors de la vidange. La boue ( ce sont des fines particules d'argile) va se coller sur la fine peau des lamelles et boucher le passage de l'oxygène (O2) et du gaz carbonique (CO2).

Le poisson ne résistera pas longtemps. Quand on sort des alevins du bassin, il faut toujours immédiatement les rincer plusieurs fois dans de l'eau propre. Si les lamelles sont couvertes de boue le poisson mourra asphyxié.

Donc pour que le poisson puisse respirer il faut que ses branchies soient propres. Mais en est pas tout. Il faut aussi qu'il y ait de l'oxygène dans l'eau. Quand on met beaucoup d'alevins dans un seeau d'eau, l'oxygène disponible sera rapidement consommé. On verra tous les alevins à la surface avec la bouche ouverte. Ils n'essaient pas de prendre l'oxygène de l'air, ils ne peuvent pas puisqu'ils n'ont pas de poumons. C'est la couche d'eau supérieure qui est en contact avec l'air qu'ils cherchent car la couche supérieure contient toujours un peu plus d'oxygène que l'eau du fond. Dès que cet oxygène sera consommé, les poissons mourront. Si l'on veut garder des alevins pour le réempoissonnement, il faut toujours les mettre à l'ombre.

4.1.4. La voie digestive.

La Tilapia nilotica a une grande bouche non protractile avec des petites dents sur la lèvre supérieure et inférieure. Dans le fond de la bouche commence l'oesophage. De chaque côté on voit quatre arcs branchiaux chacun pourvu de petites épines : les branchiospines. De l'autre côté des arcs branchiaux sont fixées les lamelles branchiales qui servent à la respiration. Les arcs branchiaux et les branchiospines ressemblent a des peignes. L'eau qui entre dans la bouche et qui passe dans les fentes entre les arcs branchiaux est filtré par les branchiospines. Le phytoplancton (plancton végétal), le zooplancton (plancton animal), les petits insectes et larves sont retenu par les branchiospines et canalisés, vers l'oesophage. Selon le régime alimentaire du poisson le nombre et la taille des branchiospines va varier. Les poissons microphages (comme le Heterotis) ont beaucoup de branchiospines fines qui sont très serrées, qui leurs permettent de retenir même le tout petit plancton. Le Tilapia est un mangeur de plancton, il a beaucoup de branchiospines (± 25 par rangée), mais elles ne sont pas si serrées que chez Heterotis. Les poissons voraces ont souvent de courtes branchiospines très écartées. Ils ne retiennent pas le plancton.

Dans le fond de la bouche on voit aussi les dents pharyngiens.

L'oesophage est très court et débouche dans l'estomac et ensuite un très long intestin. (± 8,5 × la longueur du corps chez Tilapia nilotica).

Chez les voraces l'intestin est beaucoup plus court mais l'estomac est plus développé. C'est dans l'estomac et l'intestin que se passe la digestion.

4.1.5. La reproduction.

Si la température de l'eau monte autour de 20°C les Tilapia vont se choisir un partenaire pour la reproduction. Du couple, c'est le mâle qui construit le nid. La forme du nid est différente pour chaque espèce de Tilapia. Chez le T. nilotica le nid a la forme d'une cuvette de 20 à 30 cm de diamètre, que le mâle aménage de préférence dans un sol sablonneux à une profondeur comprise entre 30cm et 150cm, selon les possibilités. Quand le mâle a creusé le nid, la femelle vient y déposer ses oeufs. Le mâle vient alors déposer la laitance sur les oeufs et la femelle reprend les oeufs fécondés en bouche. La femelle va garder les oeufs fécondés en bouche jusqu'à l'éclosion. On appelle cela : "INCUBATION BUCCALE" Par le jeu des machoires, les oeufs sont mélangés avec de l'eau fraiche bien oxygènée.

Les larves de Tilapia nilotica écloses restent dans la bouche de la mère jusqu'à ce qu'elles soient capable de nager. La mère libère alors ses petits, mais ils restent à proximité des parents et apprennent à se nourrir. En cas de danger, toutes les larves se refugent dans la bouche de la mère.

Une femelle mature (3 à 4 mois) peut pondre une fois toutes les 3–4 semaines. C'est pour cela que les femelles de T. nilotica grossissent sensiblement moins vite que les mâles :

  1. Elles produisent une grande quantité d'oeufs
  2. Pendant toute la période de l'incubation buccale la femelle se nourrit mal.

Il est assez difficile de reconnaître les mâles des femelles chez T. nilotica, surtout quand il sont petit. Il faut qu'ils pèsent plus de 30 grammes avant de les pouvoir reconnaître à l'oeil d'une façon certaine.

Les différences sont :

  1. La hauteur du corps est plus grande chez le mâle que chez la femelle.

  2. La femelle a une couleur légèrement plus foncée et bleuatre.

  3. Les bas de joues de femelles sont gonflés à cause de l'incubation buccale.

  4. La papille urogénitale est légèrement différent chez les deux sexes.

La papille urogénitale est un organe qui sert à l'excrétion de l'urine et à l'expulsion des produits sexuels. C'est une petite excroissance située à l'arrière de l'anus, percée d'un petit trou par lequel le poisson mâle peut uniner et faire sortir le sperme et le poisson femelle peut uniner et expulser les oeufs.

4.2. La préparation du bassin. avant l'empoissonnement.

4.2.1. Controle avant la mise sous eau.

4.2.2. La mise sous eau

4.3. La mise en charge.

4.3.1. Manipuler les alevins avec précaution.

4.3.2. Seulement du Tilapia nilotica.

On veut faire l'élevage mixe : de Tilapia nilotica en monoculture.

Monoculture veut dire qu'on va élever seulement une espèce à la fois : le Tilapia nilotica.

Le mot mixe indique qu'on va avoir plusieurs classes d'âge mélangées dans l'étang. On met seulement des alevins au début, mais ils vont se reproduire. On veut qu'ils se reproduisent pour avoir des alevins pour recommencer après la vidange. On va donc trier les alevins par espèce. On va enlever toutes les autres espèces comme le Hemichromis, le Tilapia zillii, etc…

Quelles sont les différences entre un T. nilotica et un T. zillii
 T. zilliiT. nilotica
- Couleur  
du corps noir et blanc
de la queuejaune bordée de rougenoir et blanc strié verticalement
- Formele corps est plus haut 
- Têtela tête est plus grosse 
- Le nidplusieurs trous par nid (4–5)seul trou en forme de cuvette
- Nombre de branchiospinespetit nombre 10 – 15grand nombre 20 – 25
- Croissance en étangfaibleforte

4.3.3. Deux alevins par mètre carré

Il ne faut pas en mettre plus ni moins.

Exemple :S= 100 m2
PM= 5 gr
M.E.C.= 100 × 2 × 5
= 1000 gr
= 1 kg
M.E.C.Mise en charge

4.4. L'alimentation du TILAPIA NILOTICA

PECHEUR : “Je me demande comment les poissons vivent dans l'eau ?”

MAITRE : “Eh bien ! tout comme le font les hommes : les gros mangent les petits.”

- Périclès-

4.4.1. Comment cela se passe-t-il dans la nature ?

Les eaux naturelles (les rivières et les marigots) contiennent des poissons, même si ce n'est pas l'homme qui les a mis dedans. Il y a aussi plein d'autres animaux et plantes.

Tous ces animaux et plantes dans leur milieu forment un système en équilibre qu'on appelle écosystème.

Voici comment cela fonctionne :

  1. L'eau de pluie, avant d'arriver dans le marigot, coule sur la terre et se charge de très petites particules de roches : les minéraux dissous. Toute plante a besoin de ces minéraux pour sa croissance.

  2. C'est dans cette eau là, chargée de minéraux dissous que, sous l'action des rayons solaires, des plantes se forment.
    On appelle celà la photosynthèse. Il n'y a pas seulement les plantes qui poussent sur le fond ou a la surface, il y a aussi des toutes petites plantes qui flottent dans l'eau et qui donnent une couleur verte à l'eau si elles sont nombreuses. Ces plantes minuscules, invisibles à l oeil nu, s'appellent : le plancton végétal ou le phytoplancton.

  3. Ces plantes servent de nourriture à des animaux très petits :
    le plancton animal ou le zooplancton.
    Il y a aussi des poissons qui se nourrissent avec le phytoplancton comme la Oarpe argentée et l'Hétérotis. On les appelle des phytophages. D'autres poissons mangent les plantes aquatiques comme la Carpe herbivore.

  4. Les très petits animaux (le zooplancton) servent à leur tour de nourriture à des animaux plus gros comme des crevettes, des escargots, des vers ou à des poissons comme le Tilapia Nilotica.

  5. Ensuite il y a les poissons qui mangent de préférence ces petits ani-maux et les poissons voraces qui mangent les autres poissons.

  6. Quand les poissons meurent (et aussi quand d'autres organismes aquatiques meurent) ils tombent dans la vase au fond de l'eau. La, des animaux très petits, invisibles à l'oeil nu (les bactéries) vont aider à la décomposition et ils vont transfomer le poisson mort en minéraux dissous.
    Ces minéraux dissous seront utilisés par les plantes vertes et le cycle recommence.

Chaîne alimentaire dans le milieu aquatique.

Ceci s'appelle une chaine alimentaire :

4.4.2. Quand le pisciculteur intervient.

Quand le pisciculteur enlève les poissons de son bessin, le cycle ne peut pas recommencer comme auparavant :

- parce qu'il n'y a plus de poissons pour manger les plantes et les animaux,
- parce qu'il n'y a plus de poissons qui tombent dans la vase du fond où les bactéries les transforment en minéraux dissous et il n'y a done plus (ou moins) de minéraux dissous.

Le pisciculteur enlève donc une partie de la chaine alimentaire et il arrête le cycle.

Il va réempoissonner son bassin afin de redémarrer son élevage, mais il doit aussi ajouter des minéraux à l'eau, sinon la production sera faible.: Il va fertiliser son bassin avec un compost et s'il veut obtenir de bonnes productions, il va nourrir ses poissons comme il nourrit ses poussins ou ses lapins.

Pour que tout marche bien il faut donc :

  1. qu'il y ait le plus possible de minéraux dissous dans l'eau,

  2. que l'étang soit bien exposé au soleil parce que le plancton végétal et les plantes en ont besoin pour pousser (on va donc enlever les plantes flottantes),

  3. il faut mettre un compost dans l'étang pour donner des minéraux,

  4. en plus, on peub nourrir directement le poisson, mais dans ce cas il faut savoir ce que le poisson mange.

4.4.3. La fertilisation de l'étang.

Si on veut que le poisson trouve à manger dans l'étang, il faut qu'on remplace les minéraux dissous. Ce sont les minéraux dissous et l'énergie solaire qui constituent la base de la nourriture naturelle du poisson.

Il y a beaucoup de choses qu'on peut mettre dans un étang pour qu'il produise assez de nourriture naturelle. Ce sont des engrais organiques qui ne coûtent souvent rien sauf l'effort de les ramasser :

- le fumier de volaille, porcs, vaches,
- déchets d'abattoir,
- levure de brasserie,
- des os, restes de repas, des animaux morts,
- graines de coton,
- déchets des cultures,
- fruits avariés,
- épluchures de manioc, légumes, etc…
- balayures de la cuisine, cendres…

La meilleure solution est de faire du compost. On peut faire le compost à l'intérieur du bassin ou sur la digue.

- Le compost à l'intérieur du bassin

C'est le plus facile. Dans un coin de l'étang on construit un enclos avec des bambous qui retiennent ce qu'on y met. On peut aussi construire un enclos rond pas trop loin de la digue facilement rechargeable.

Dans cet enclos on met des couches de paille alternées avec des couches de fumier et d'autres engrais organiques mentionnés plus haut. Il ne faut pas oublier le fumier parce qu'il contient beaucoup de minéraux et aussi des bactéries qui accélèrent la décomposition et la minéralisation du compost. Chaque semaine il faut ajouter une couche de paille et une couche de déchets.

- Le compost extérieur

On prépare le compost à côté de l'étang, de préférence dans un endroit ombragé protégé de la pluie. On fait le compost en couches : d'abord des herbes et des feuilles, après du fumier et toutes sortes de déchets organiques. On ajoute un peu de terre fertile et on arrose. Comme ça on prépare un grand tas de couches d'herbes et de fumier alternés. Chaque jour on arrose un peu. Après 3 à 4 semaines le compost est prêt. On peut faire le compost de telle façon que d'un côté on ait du compost prêt à l'utilisation pendant qu'on ajoute des couches de l'autre côté. Ainsi on a toujours du bon compost.

Ce compost est de meileure qualité. Il est aussi plein de vers et d'autres petits animaux et des larves. Un autre avantage c'est que le compost extérieur ne prend pas d'oxygène à l'eau.

Dans le compost se produisent des fermentations qui peuvent nécessiter beaucoup d'oxygène dans l'eau et la mort des poissons.

Quelques dosages pour obtenir de bonnes productions :

- Fumier de volaille ou de porcs : une demie brouette (251) par are et par semaine.

- Sang : 10 litres par are et par semaine.

- Os : 10 Kg par are et par mois d'os frais donnent un bon développement du zooplancton.

- Graines de coton : une brouette par are et par semaine.

- Parches de café : convient mieux à un compost extérieur vu le taux élevé de cellulose.

- Le rouissage du manioc : 10 à 25 Kg par are et par jour. Un excès peut causer des mortalités de poissons.

- Engrais minéral

On peut aussi fertiliser son étang avec des engrais minéraux. Vu leur coût prohibitif on va se contenter de noter seulement quelques dosages indicatifs :

Superphosphate :70 grammes par are et par semaine ;
Azote :150 grammes par are et par semaine.

On mettra ces engrais chaque semaine dans un panier à fleur d'eau pour que la dissolution se fasse progressivement.

Il faut utiliser uniquement des engrais minéraux dans des étangs bien étanches avec un minimum de renouvellement d'eau.

4.4.4. L'alimentation

A côté d'une fertilisation de l'eau, afin d'augmenter la nourriture naturelle du poisson (le plancton végétal et le plancton animal, les petits insectes et leurs larves, etc…), la meilleure façon pour obtenir de bonnes productions est d'alimenter les poissons comme on alimente les poules ou les cochons dans un élevage intensif.

La plupart des nourritures artificielles sont à la fois consommées par le poisson et utiles pour le développement du plancton.

On peut utiliser presque tous les sous-produits de l'agriculture ainsi que des déchets de transformation des produits alimentaires :

- son de riz
- son de blé
- son de maïs
- tourteau de coton
- graines de coton pillées
- tourteau d'arachide
- tourteau palmiste
- feuilles de manioc, papaye, etc…
- termites
- drèche de brasserie
- restes de nourriture de la cuisine

On va nourrir nos poissons tous les jours, de préférence même deux à trois fois par jour. On essayera de les nourrir toujours au même moment, par exemple à sept heures du matin, à midi et à cinq heures de l'après midi.

Il n'est pas facile de savoir exactement combien d'aliments il faut donner aux poissons. Pour cela on va les observer. On va les nourrir toujours au même endroit pour qu'ils s'y habituent. On choisira le côté peu profond de l'étang pour mieux les voir manger.

Quand on constate que les poissons ne mangent pas tout, on donnera un peu moins le jour prochain. S'ils finissent vite la nourriture distribuée, on donnera un peu plus le lendemain. Plus le poisson pousse, plus il a besoin de nourriture. On va donc progressivement augmenter la quantité tout en faisant attention de ne pas donner trop. Si il reste de la nourriture non consommée sur le fond de l'étang, elle risque de fermenter et de consommer l'oxygène dissous dans l'eau. En plus, la nourriture non consommée représente de l'argent perdu.

Pour mieux suivre la consommation des aliments on marque l'endroit dans l'étang où on nourrit, avec un cadre en bambou.

Comme ça, en déposant les aliments toujours à un endroit bien précis, on peut savoir si il reste des aliments sur le fond, ou si on ne le voit pas on peut fouiller de temps à autre avec la main pour constater si on ne donne pas trop.

4.5. La surveillance de l'étang pendant la production

Une fois l'étang remplie et empoissonné, le travail n'est pas fini. Le pisciculteur doit entretenir son étang pendant toute la production. Chaque semaine il va recharger le compost et chaque jour il va distribuer des aliments. Il profitera de ces occasions pour contrôler l'état général de son bassin.

4.5.1. Le maintien du niveau d'eau

Le niveau d'eau de l'étang doit rester pendant toute la production au même niveau. Il faut respecter une certaine revanche (hauteur de garde). C'est à dire que le niveau d'eau ne doit pas atteindre le sommet des digues. La "revanche" est la distance comprise entre le niveau d'eau et le sommet des digues. Pour des petits étangs une revanche de 20cm est suffisante. Pour les grands étangs et pour les étangs dont on contrôle mal l'arrivée d'eau, il faut respecter une revanche plus importante. Pour l'élevage du Tilapia il n'est pas utile que l'étang soit parcouru par un courant d'eau. Il faut seulement y laisser entrer l'eau nécessaire pour maintenir le même niveau.

Chaque jour le pisciculteur doit nettoyer les grillages de l'arrivée et de la sortie d'eau, vérifier le niveau et son bon écoulement dans le système d'arrivée et le déversoir. Il faut contrôler aussi les digues. Si on constate une fuite d'eau, il faut diminuer le niveau d'eau jusqu'au niveau de la fuite et amener de l'argile pour boucher les trous de la fuite. Le mieux est d'ouvrir la digue à l'endroit de la fuite et de refaire la digue avec de l'argile bien tassée. Les fuites sont souvent annoncé par des suintements à la base des digues. Les suintements ne sont en général pas graves mais il faut les surveiller.

4.5.2. Le renouvellement d'eau.

Comme on l'a déjà marqué dans le paragraphe précédent, il ne faut pas que le bassin soit parcouru par trop d'eau. Ceci entrainerait des pertes d'aliments et de plancton. Le tilapia est un poisson qui se porte bien dans les eaux chaudes des zones tropicales mais il se peut, quand il fait très chaud ou quand on alimente trop, ou quand on a trop fertilisé l'étang, qu'il y a un manque d'oxygène dans l'eau de façon que le poisson ne sait plus respirer (relire § 4.1.3. p 25).

Quand on voit les poissons à la surface, la bouche ouverte, il faut intervenir rapidement. Il faut diminuer l'alimentation et arrêter la fertilisation de l'étang pendant plusieurs semaines et il faut augmenter le taux d'oxygène de l'eau. On va donc laisser entrer plus d'eau fraiche dans le bassin et le surplus d'eau partira par le trop plein. Il est bon que l'eau qui entre tombe d'une certaine hauteur de façon que plus d'oxygène est mélangé dans l'eau du bassin. Chaque matin, plusieurs jours de suite, on va augmenter l'entrée d'eau dans le bassin pendant deux à trois heures, jusqu'a ce qu'on voit que les poissons ne manquent plus d'oxygène.

4.5.3. Le contrôle de la végétation aquatique.

Les plantes qui poussent dans l'eau ou en bordure de l'eau nuisent à la production piscicole, surtout si elles apparaissent en abondance. D'une part elles fixent à leur profit des éléments fertilisants, sans pour autant être comestible pour le T. nilotica, et, d'autre part, elles ombragent l'eau et freinent ainsi le développement du plancton végétal. On ne va pas s'inquiéter pour un nénuphar, mais il faut éviter que des parties entiers de l'étang sont envahie par des herbes ou des plantes recouvrants la surface d'eau.

La flore aquatique.

Pour se débarasser des plantes il faut d'abord veiller à ce qu'il y ait toujours au moins 50 cm d'eau dans les endroits les moins profonds de l'étang. De cette façon on empeche les plantes des berges de se développer puisqu'elles ne peuvent pas pousser quand elles sont recouvertes d'eau, et on freinera aussi la croissance des plantes immergées puisqu'elles n'auront pas beaucoup de lumière à cette profondeur. Une méthode pour lutter contre la végétation aquatique qui se développe dans le fond des bassins est de provoquer un développement abondant de phytoplancton (plancton végétal). Quand on fertilise bian un étang (avec un compost), l'eau daviendra vere et la lumiere ne pourra plus pénétrer en profondeur, de façon que toute activité de photosynthèse s'arrèts : les plantes immergées ne pourront plus se développer.

Lorsque l'étang se trouve quanmême envahi de plantes aquatiques, le pisciculteur doit y remédier. La méthode la plus simple est d'arracher touts plante nuisible. Toutefois, quand elles sont trop nombreuses, il ne doit pas les laissar trainer dans l'eau. Leur décomposition pourrait entrainer une trop importante réduction de l'oxygène dissous dans l'eau, provoquant la mortalité par asphixie des poissons. Il est conseillé d'entasser ces plantes sur les digues pour qu'elles se décomposent et de les mettre au fur et masure dans le compost de l'étang.

4.5.4. Les pêches de contrôle.

Les pêches de contrôle ont comme buts principaux la vérification de la croissance et de la taille du poisson afin de décider du moment de vidange complête ou d'une recolte partielle (pêche intermédiaire).

Les poissons d'une pêche de contrôle seront toujours remis dans l'étang. On les traitera donc avec précaution et les manipulations seront reduit au strict minimum. D'habitude il suffit d'estimer si les poissons (géniteurs) conviennent à la consommation et à la vente et si les alevins sont d'une taille suffisante pour supporter une vidange et d'être remis dans le bassin (réempoissonnement).

Le pisciculteur peut aussi faire le poids moyen des géniteurs, estimer leur poids total dans le bassin et ajouter l'alimentation. Les pêches de contrôle se font d'habitude avec un épervier ou un filet, mais jamais à la ligne puisqu'on ne veut pas blesser le poisson.

4.6. La recolte du poisson.

La recolte du poisson peut se faire par plusieurs méthodes. On peut recolter tout le poisson en une seule fois (vidange complète) ou on peut le faire en plusieurs fois en faisant des pêches intermédiaires sans vider l'étang avant de vidanger complètement.

4.6.1. Les pêches intermédiaires

Cette méthode permets au pisciculteur de se procurer du poisson pendant la durée de l'élevage. Il peut le faire avec un filet, un épervier, des nasses ou des lignes. En même temps il peut suivre la croissance des poissons. Les pêches intermédiaires ne doivent toutefois pas se faire trop tôt, puisqu'en enlevant les géniteurs trop vite, on dérange la reproduction dans l'étang. Il faut donc attendre le moment que les premiers alevins apparaissent avant de commencer la pêche.

A chaque recolte il faut enlever qu'une petite quantité de poisson, surtout si on fait beaucoup de pêches intermédiaires. Le pisciculteur devrait chaque fois noter le poids du poisson qu'il sort du bassin, afin de les additionner à la production au moment de la vidange complète.

Si ces pêches se font d'une façon modérée, elles permettent de recolter une production totale plus élevée que si on pratique une seule vidange à la fin du cycle.

4.6.2. La vidange complète.

Il n'est pas toujours possible de vider complètement le bassin, mais c'est le meilleur moyen de cloturer une période de production et en même temps de remettre en état le bassin.

Une vidange se fait toujours tôt le matin, afin de pouvoir travailler pendant les heures de fraicheur. Ainsi les poissons et surtout les alevins que l'on gardera pour le réempoissonnement souffriront moins. Le matériel et les outils nécessaires pour la vidange (pelle, bassines, paniers, etc…) seront rassembles le soir avant. La vente du poisson sera prévu ou bien au bord de l'étang et dans ce cas on fera la propagande chez les voisins, ou bien au marché du village et un moyen de transport rapide sera prévu.

4.7. Les travaux d'entretien après la vidange.

4.7.1. L'assec.

La mise à sec d'un étang ou l'assec, est la durée que reste un étang sans eau (période entre la vidange et la remise sous eau). Elle peut être totale ou partielle, de courte ou de longue durée.

L'assec permet, grâce à des phénomènes physico-chimiques et biologiques, les effets bénéfiques suivants:

  1. une mobilisation des éléments nutritifs contenus dans le sol,
  2. une minéralisation rapide des débris organiques,
  3. la destruction des plantes aquatiques, des germes de maladie, des parasites et de certains prédateurs du poisson.

Dans les pays tropicaux, la période de mise à sec peut être réduite à quelques jours. Une courte période est d'ailleurs préférable pour éviter la formation de fissures dans les digues ainsi que dans le fond de l'étang, due au retrait des argiles. Un léger travail superficiel du fond de l'étang peut aider à l'aération du sol et aux trois points mentionnés plus haut. Toutefois il ne faut pas labourer profondément, car cela pourrait provoquer une remonté à la surface de terre stérile, et un enfouissement en profondeur de la couche superficielle riche en éléments nutritifs. Une culture (légumineuses ou culture vivrière) pourra être effectuée sur le fond de l'étang pendant une mise à sec prolongée. Les parties non recoltées seront ensuite enfouies dans le sol avant la remise sous eau. Le pisciculteur qui adopte cette solution d'exploitation mixte cherchera une culture aussi brève que possible. Il doit comparer la rentabilité d'une culture intercalaire avec l'exploitation purement piscicole.

4.7.2. Curage de l'assiette.

C'est généralement à l'endroit le plus profond de l'étang (devant le moîne), que la vase tend à s'accumuler. Il faut sans cesse procéder à l'enlèvement de celle-ci afin que les poissons puissent, lors de la recolte, y trouver de l'eau la plus propre possible. Cette vase se compose d'une accumulation de sédiments de la couche superficielle du fond de l'étang et de débris organiques. Elle est donc très riche en éléments nutritifs et peut être utilisée à côté de l'étang comme engrais pour des cultures maraichères. Il est aussi possible, afin de ne pas perdre ces éléments nutritifs, de répartir cette boue sur d'autres endroits de l'assiette sans toutefois en laisser trop.

4.7.3. Réfection des drains.

Ceux-ci ont tendance à se combler au cours des productions. Un passage rapide selon le tracé du réseau initial suffira, mais la boue devra être rejetée au loin et non pas déposée sur les bords de ces drains.

4.7.4. Remise en état des digues.

Au moment de la construction des étangs une pente de 1/2 à l'intérieur de l'étang à été respectée. Au cours de la production une dégradation s'effectue suite à :

Il faut alors effectuer un rechaussement des digues par apport de nouvelle terre (argile) et refaire la pente initiale.

4.7.5. Réparation de l'arrivé d'eau.

Il arrive souvent que le conduit d'arrivée d'eau a été mal prévu (trop court) et qu'un affouillement se produit dans la digue amont de l'étang à l'aplomb du conduit. La meilleure solution est évidemment de prévoir un conduit suffisamment long, de façon à ce que son extrémité arrive en avant du pied de la digue. Une pierre plate est déposée sur le fond de l'étang au point de chute du filet d'eau pour casser le jet de réduire les dégradations par affouillement. Sinon une réparation de la digue s'impose avec un parement de pierres pour limiter l'érosion de l'eau.

4.7.6. L'entretien du moîne.

Lorsqu'il s'agit de moînes en brique ou en maçonnerie, il est nécessaire de vérifier le crépi extérieur. Si l'on constate :


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