2. RENTABILITE D'UNE FERME DE PRODUCTION DE TILAPIA NILOTICA

2.1. Investissement

On construit un barrage en dur sur un petit cours d'eau. Les dimensions prévues sont 0,8 m X 17 m, y compris deuz déversoirs de 3 m de largeur et de 0,65 m de hauteur. Un canal en terre de 300 m ammène l'eau à l'endroit d'implantation de la station. L'amortissement est prévu en 25 années.

Coût de construction d'un barrage de dérivation avec canal d'amenée d'eau

Amortissement annuel : 15 960 F.CFA/an

Le coût de construction des étangs a été calculé par unité de 2 étangs de 20 ares. Les premiers étangs sont plus onéreux que les suivants ; car pour ces derniers, la digue est déjà existante. Les étangs sont amortis en 25 ans.

Coût de construction des deux premiers étangs de 20 ares chacun :

Amortissement annuel : 49 520 F.CFA/an

Coût de construction des deux bassins suivants (2 × 20 ares) :

Amortissement annuel : 44 400 F.CFA/an

La construction des bâtiments nécessaires se résume à une habitation-bureau et un magasin de stockage.

Un magasin de 40 m2 suffit pour 80 ares de bassins en production ; Pour chaque 40 ares supplémentaires, on ajoute 10 m2 de surface de stockage. L'amortissement du bureau est prévu en 20 années, celui de l'équipement du bureau et du magasin de stockage en 10 années.

Coût des bâtiments

Le coût des bâtiments s'élève à 540 000 F + 50 000 F pour chaque 40 ares de surface productive au delà des 80 ares.

TABLEAU I : TOTAL DES INVESTISSEMENTS EN 1 000 F. CFA pour une installation d'élevage de T. NILOTICA. (prix 1983, RCA)

2.2. Coûts fixes

Pour les coûts fixes, on a pris en considération les amortissements des installations et l'intérêt du capital-investissement (10 %).

TABLEAU II : Coûts fixes en 1 000 F. CFA d'une ferme commerciale de production de T. NILOTICA, selon la surface productive. (prix 1983, RCA).

2.3. Coûts de fonctionnement

Les coûts de fonctionnement sont réduits au strict minimum. Il s'agit :

• du salaire d'un chef (qui peut être le propriétaire) qui s'occupe de la gestion de l'entreprise (tout achat, vente, organisation du travail). Il est doté d'une mobylette, amortie en 3 ans, et de 20 L d'essence par mois;

• La main d'oeuvre se limite à un garde bassin - alimenteur, et un gardien qui s'occupe aussi de l'entretien

La présence de gardiens de nuit est inutile ; le système de gardiennage nocturne par des privés s'étant avéré inefficace à la station piscicole de la Landjia à Bangui.

En cas de vol régulier, il est impossible de gérer et de rentabiliser une ferme commerciale de production de TILAPIA telle qu'elle est décrite içi.

Dans les salaires sont compris les frais de sécurité sociale et de congé annuel.

2.4. Coûts proportionnels.

2.4.1. Main d'oeuvre supplémentaire pour l'entretien de la ferme

Dès que la surface productive dépasse 80 ares, les 3 personnes mentionnées dans le coût de fonctionnement ne suffisent plus ; il faut ajouter un manoeuvre par 80 ares supplémentaires, soit : 233 000 F/an.

2.4.2. Main d'oeuvre temporaire pour travaux d'appoint

Chaque bassin est vidé deux fois par an. Une vidange nécessite 3 personnes supplémentaires pour une journée : 4 vidanges × 3 hommes × 1 jour = 12 hommes-jours/40 ares/an.

Par année, il y a en moyenne 4 fuites d'eau par bassin. Pour la réparation de chaque fuite, il faut deux hommes pendant une journée : 8 fuites × 2 hommes × 1 jour = 16 hommes-jours/40 ares/an.

Par unité de 40 ares, nous pouvons compter 28 hommes-jours par an, soit 17 000 F/40 ares/an.

2.4.3. Alevinage (pour 40 ares)

2.4.4. Alimentation

L'entretien continu d'un bon compost avec des déchets d'origine végétale ET animale est indispensable pour obtenir le rendement de 50 kg/are/an.

2.4.5. Transport et petit matériel (pour 40 ares).

Les 40 000 F par 40 ares pour le petit marériel, permettent d'acheter et de renouveler le matériel de récolte comme : paniers, épuisettes, éperviers, seaux, ect…

TABLEAU III : Total des coûts proportionnels (en 1 000 F CFA) selon la surface productive d'une ferme commerciale de production de TILAPIA (prix 1983, RCA).

2.5. Coûts, recette et bénéfices

Avec le compost, les graines de coton et du tourteau de coton, une production de 50 kg/are/an de TILAPIA (40 à 120 gr) est vendable en moyenne à 500 F/kg. Les alevins gardés pour le réempoissonnement sont déjà comptés comme coût et ne seront pas retirés des recettes.

TABLEAU IV : Coûts, recettes et bénéfices (en 1 000 F.CFA) d'une ferme commerciale de TILAPIA selon la surface productive (prix 1983, RCA).

La surface productive minimale pour une ferme commerciale de production de TILAPIA, afin d'équilibrer les coûts et les recettes est done de 1 33 ares.

2.6. Fonds de démarrage et rentabilité annuelle

Dans le tableau IV sont marqués les coûts, recettes et bénéfices annuels, selon la surface productive de la ferme. Pourtant l'exploitant peut gérer la ferme avec des fonds beaucoup moins importants que les coûts annuels. Car après six mois, il peut commencer à vidanger et obtenir les premières recettes ; celles-ci seront déja excédentaires au coût du semestre. Il peut alors démarrer la ferme avec des fonds qui s'élèvent à la moitié des coûts annuels

Nous pouvons considérer cette somme comme l'apport de l'exploitant avec lequel il payera tous les coûts, l'amortissement et les intérêts sur l'investissement pour l'infrastructure, considéré également comme location.

Pour une ferme de 160 ares, les fonds de démarrage apportés par l'exploitant sont donc

Cette somme permet de réaliser un bénéfice annuel de 379 000 F.CFA. La rentabilité annuelle ou le rapport bénéfice/ fonds de démarrage s'élève donc à :

2.7. Rentabilité financière interne sur une période de 20 années (160 ares).

Pour calculer la rentabilité financière interne, on considère que la construction de l'infrastructure est faite par le piscicolteur même. La partie des coûts fixes couvrant les 10 % d'intérêt (considérée dans le § précédent comme loyer) sera déduite du coût d'exploitation.

Pour une ferme de 160 ares, ce montant s'élève à 561 000 F (tableau II). Les coûts annuels s'élèvent done à 3 621 000 F - 561 000 F = 3 060 000 F ; les fonds de démarrage correspondent à la moitié de cette somme, soit 1 530 000 F. Le bénéfice annuel sere augmenté de ce montant, soit 379 000 F + 561 000 F = 940 000 F.

Après 20 années d'exploitation, la production eat arrétée et la ferme vendue. L'exploitant reçeit donc le dernier bénéfice (940 000 F) ; il récupère les fonds de démerrace (1 530 000 F) et le prix de vente de la ferme (5 607 000 F).

La valeur actualisée nette d'une ferme de production de TILAPIA de 160 ares de surface productive durant 20 années, est de 2 069 000 F.CFA à un taux d'actualisation de 10 %.

Le taux de rentabilité financière interne s'élève à 13,6%. Pour une ferme de 200 ares, on obtient avec le même calcul, un taux de rentabilité interne de 16,9 % (voir tableau XVII).

2.8. Sensibilité de la rentabilité annuelle aux fluctuations des civers coûts et du prix de vente.

Les différents coûts d'une ferme de 160 ares de surface productive sont répartie dans le iableau V en pourcentage.

Les coûts de fonctionnement sont les plus importants. S'ils pouvaient être réduits de 10 %, la rentabilité augmenterait de 9,7 %. Selon que la surface productive augmente, les coûts de fonctionnement deviennent relativement moins importants (seulement 22, 1 % du coût total pour une ferme de 400 ares), et les coûts proportionnels augmentent (51,7 % du coût total).

Le coût de l'alimentation est le plus important des coûts proportionnels. L'alimentation est principalement basée sur le tourteau de coton disponible toute l'année + les graines de coton qui sont gratuites, mais seulement disponible localement aux usines d'égrainage. En raison du volume de ces graines, le transport s'avère difficile et l'exploitant préfère donc doubler l'alimentation avec du tourteau. Dans ce cas, le coût de l'alimentation doublers et le coût de transport augmenters de 10 000 F.CFA par 40 ares de surface productive. Il faudra alors une ferme de 200 ares de surface productive afin d'équilibrer les coûts avec les recettes (bénéfice = 0).

Le rapport bénéfice annuel/fonds de démarrage est visualisé dans le graphique IV.

TABLEAU V : Répartition en pourcentage des coûts et l'impact sur la rentabilité annuelle (20,9 %) d'une variation de 5 % et de 10 % des coûts individuels, pour une ferme de 160 ares de production commerciale de TILAPIA;

	Répartition des coûts en %	Variation de la rentabilité annuelle pour une variation des coûts de
		5 %	10 %
Coûts fixes	22,4	± 2,5	± 5,1
Coûts de fonctionnement	42,1	± 4,7	± 9,7
Coûts proportionnels
- main d'oeuvre	8,3	± 0,9	± 1,9
- alevinage	7,1	± 0,8	± 1,6
- alimentation	14,6	± 1,6	± 3,3
- transport et petit matériel	5,5	± 0,6	± 1,2

Selon le tableau VI, la rentabilité annuelle se révèle surtout sensible aux variations du prix de vente. Une baisse de 1 % entraine une baisse de 2,2 à 2,9 % de la rentabilité annuelle en fonction de la surface productive.

Une ferme de 160 ares ne peut donc pas supporter une baisse du prix de vente de 10 % ou plus.

Un prix de vente de 500 F/kg pour du TILAPIA frais est considéré comme modique puisqu'à Bangui, ce poisson toutes tailles mélangées, est vendu en moyenne à 600 F/kg. Au marché de Bangui, le TILAPIA frais subit une réelle concurrence avec le poisson frais du fleuve le poisson fumé en provenance du nord. Les 500 F/kg laissent donc assez de marge pour un éventuel transport sur le marché de Bangui.

TABLEAU VI : Rentabilité annuelle d'une ferme commerciale de production de TILAPIA, selon la superficie productive et selon le prix de vente du poisson.