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A N N E X E 2
Commercialisation des poissons de pisciculture en zone Est (année 1984)

INTRODUCTION

Nous nous proposons dans cette annexe d'étudier les productions piscicoles pour l'année 1984 en zone Est du Centrafrique et leur commercialisation au niveau des stations et en zone rurale.

Si, à proximité des centres urbains, les productions piscicoles sont aisément commercialisables, il n'en va pas de même en milieu rural où la production reste dispersée et vise essentiellement à l'autosuffisance; la plus grande partie des mécanismes d'échange y fonctionne toujours dans le cadre de la très solide structure familiale.

1. STATION DE BAMBARI

1.1. Résultats globaux des productions piscicoles et leur commercialisation

 Production brute(kg)Vente de poisson au marché (kg)Vente d' alevins en vulg.(kg)Pds commercialisé (kg)%commercialisé
1 ersem.823660,72098,2533,32631,572
2d sem.823967,92272,1316,62588,765
1 ersem.832560,21113,7512,61626,563
2 dsem.834869,32156,4468,52624,954
1 ersem.845899,11785,4647,82433,241
2d sem.847152,83382,4230,73613,147

Pour l'année 1984, la production brute fut de 13.051,9 kg. Sur cette production, 5.167,8 kg ont été vendus au marché de Bambari et 876,5 kg d'alevins vivants ont été livrés en vulgarisation en zone rurale pour un prix de 400 fCFA/kg.

Les poissons commercialisés et les alevins de vulgarisation ne constituent que 46,3% de la production brute. Les empoissonnements correspondent à 18,9% de cette production. Les 34,8% subsistant sont perdus: mortalité lors des transferts et des vidanges, perte de poids lors des stockages, prédation par les oiseaux, reptiles et mammifères abondants à la station. Ces pertes concernent essentiellement la catégorie des alevins.

1.2. Détail des poissons commercialisés par espèce

Espèces commercialiséesPds commercialisé (kg)Recettes (CFA)Prix moyen au kilo (CFA)Prix officiel (CFA)
Til.nil.alevins
(vulg.) (a)
878,5343.780391,3400
Til.nil.commer.
(b)
4936,22.493.900505,2marchand:500
super marc.:600
Til.nil.total
(a+b)
5814,72.837.680488,0 
Til.zilii67,512.920191,4200
Clarias laz.84,359.010700,0700
Heterotis nil.79,855.770698,8700
Total pour 19846046,32.965.380483,3 

L'ensemble de ces poissons a été commercialisé sur le marché de Babari et en vulgarisation (cat. alevins d'empoissonnement). Les alevins de vulgarisation sont livrés vivants aux pisciculteurs à un prix de 400 fCFA/kg et coûtent donc le double des même alevins vendus au marché, ceci de manière à favoriser les autoempoissonnements en milieu rural.

1.3. Limites à la commercialisation

La station de la Bengué se situe à proximité de la ville de Bambari et pour peu qu'elle dispose d'un moyen de transport, la commercialisation du poisson destiné à la consommation ne pose pas de problèmes majeurs. Globalement une matinée de vente absorbe à Bambari 50 kilos de poisson par jour. Les limites à la vente de poisson sont: le pouvoir d'achat des habitants et la taille de l'espèce piscicole:

a. Le pouvoir d'achat des habitants

Le PNB est peu élevé, contrairement au coût de la vie. Sue 198 pays, la R.C.A. occupe la 161 ème place avec pour 1982

1.4. Capacité potentielle du marché de Bambari (estimation sur 310 jours par an)

Esp.pisc.Vente potentielle (kg)Prix/kg (CFA)Recette potentielle (CFA)
Heterotis n. Clarias laz.500700350.000
Tilapia n. marchand et supmarc.11.000±5005.500.000
Tilapia n. alevins3.000200600.000
Tilapia zilii20020040.000
 14.700 soit environ 310 j de vente × 50 kg de poisson

Le marché de Bambari pourrait absorber selon nos estimations environ 15 tonnes de poisson de pisciculture par an. La station n' en commercialise que 5,2 tonnes (1984). Ceci laisse de larges perspectives pour le pisciculteur privé (± 10 tonnes par an).

2. ZONE RURALE

L'essentiel de la production vient de la zone rurale. Ainsi pour la zone Est, si la station de Bambari a produit environ 10 tonnes en production nette, nous estimons sur base de moyennes pondérées et de vidanges contrôlées qu'en 1984 la production nette en zone rurale serait de ± 63 tonnes de Tilapia nilotica.

La moitié de cette production vient de la Ouaka et plus précisément de la zone proche de Bambari. La proximité de la station et l'existence du grand marché de Bambari y favorise le développement de la pisciculture rurale et plus particulièrement de la pisciculture artisanale. Ceci nous amène à distinguer deux types de pisciculture: la pisciculture artisanale et la pisciculture familiale, tant au point de vue de la production que de la commercialisation de celle-ci et de l'évaluation des données.

2.1. La pisciculture artisanale

Ce type de pisciculture concerne ⅓ des bassins de vulgarisation (confer tabl. 6). Ils sont situés à proximité des centres urbains: Bambari, Alindao, Kembé, Mobaye, Ippy, Bria qui offrent un marché où la production peut être commercialisée.

Ces bassins, groupés en petites unités, ont plus ou moins 2 ares 87.400 fCFA (Atlaséco 1984). Le smig est fixé aux alentours de 500 fCFA/jour et il faut par conséquent un jour de travail et plus pour un salarié smig pour acheter un kilo de Tilapia de taille moyenne (500 à 600 f). En règle générale, peu d'argent circule. Ceci explique que nous vendons difficilement plus de 50 kilos de poisson par jour dans une ville de 40.000 habitants, sauf lors des fêtes (100 kg/jour) et des paiements irréguliers des fonctionnaires qui constituent une grande part de notre clientèle. Le marché sera égalemnt tributaire de la récolte du coton et de celle du café qui apportent des recettes aux acheteurs potentiels que sont les paysans.

b. La taille et l'espèce piscicole

Elles ont un réel retentissement sur la commercialisation. Ainsi Clarias lazera et Heterotis niloticus: ils constituent une production marginale à la station (500kg/an). Ils sont vendus 700 f/kg. Leur grande taille (sup.à1kg) favorise la vente et la demande est largement supérieure à l'offre.

Pour des raisons de rentabilité évidentes, le Tilapia nilotica est commercialisé à 8 mois càd 2 mois d'alevinage et 6 mois de production. A ce moment, son poids oscille entre 90 et 140 g.A cette taille, le marché de Bambari achète près de 50 kilos/jour à 500 et 600 fCFA/kg. Les tailles inférieures sont plus difficilement commercialisables, les préparations culinaires des alevins étant rares en R.C.A..Le marché a une capacité d'absorption de 15 kilos par jour pour les alevins (> à 40g).

Les petites quantités de Tilapia zilii et les mortalités lors des vidanges sont généralement vendues sur place au personnel de la station à 200 fCFA/kg.

La seule concurrence que rencontre la station au marché pour la vente du poisson est celle des pisciculteurs privés vendant le produit de la vidange de leur bassin. Par contre peu de poisson de rivière est vendu au marché, ce commerce étant peu pratiqué par rapport aux possibilités et se faisant essentiellement le long de la route ou dans les villages.

de superficie chacun, sont alimentés par compostières (en graines de coton là où la campagne de distribution de graines organisée au départ de Bambari par la station est possible) ou en alimentation non compostée de déchets divers. Les pisciculteurs obtiennent des rendements élevés (50 kg/are/an). Ce sont des gens qui ont investi dans la pisciculture temps et argent avec le souci de faire de leurs bassins une entreprise rentable. Ces bassins ont généralement été construits sur base de crédits piscicoles (confer §5.3.1).

On peut estimer à 60% le poisson destiné à la vente. Les plus gros Tilapia sont vendus au marché, alors qu'une partie des alevins est revendue à d'autres pisciculteurs pour réempoissonnement. Le reste de la production sera consommé en famille (30%). On estime les pertes à 10%. Sur base des rendements et des possibilités de commercialisation, les bassins ne devront pas excéder 2 ares si le pisciculteur veut écouler facilement sa production lors de la vidange (une cinquantaine de kilos à vendre). Les prix pratiqués par les pisciculteurs privés sont les mêmes que ceux pratiqués par la station.

Actuellement on peut estimer l'intervention des pisciculteurs privés sur le marché de Bambari à 3 tonnes par an.

2.2. La pisciculture familiale

La pisciculture familiale concerne la zone rurale proprement dite, à savoir la pisciculture de village. Les bassins y sont de petites tailles (1 are), dans l'ensemble peu ou pas alimentés. Leurs rendements sont généralemnt inférieurs de 50% aux possibilités réelles.

La répartition de la population, la structure des exploitations, le manque de motivations ne favorisent guère à priori la commercialisation du produit piscicole et du produit agricole en général. Nous avons affaire à un système autarcique où les denrées produites sont autoconsommées: c'est le même paysan qui produit le manioc, l'arachide, le maïs et le poisson. Ainsi les pêches intermédiaires seront fréquentes et largement pratiquées pour compléter l'aliment quotidien et la production sera auto consommée lors des réjouissances auxquelles donne lieu la vidange ou lors des fêtes.

Néanmoins on assiste à une commercialisation des alevins d'empoissonnement à des prix variant d'une zone à l'autre (400 à 500 fCFA/kg).

Les observations concernant la production, la commercialisation et la consommation du poisson en pisciculture familiale restent toutefois difficiles à cerner et ne peuvent faire l'objet que d' évaluations très approximatives.


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