La libéralisation des économies africaines, à la faveur des Programmes d’ajustement structurel (PAS) conçus et appliqués dans la plupart des pays africains depuis les années 80, a considérablement modifié les données du commerce des denrées alimentaires. Ainsi, la plupart des organismes publics de commercialisation, chargés de commercialiser les produits locaux et d’importation, ont été soit supprimés, soit privatisés, tandis que les opérateurs privés sont devenus les principaux acteurs des filières d’approvisionnement alimentaire des villes africaines.
Cependant, cette libéralisation ne s’opère pas au même rythme dans tous les pays; dans certains pays, les interventions des Administrations centrales ou locales dans les activités commerciales sont réduites au strict minimum. C’est le cas de la Guinée, où les opérateurs n’ont plus besoin d’agrément technique ou de licence pour les importations ou la distribution alimentaires; les demandes d’importation qu’ils établissent au niveau des banques sont les seules autorisations administratives requises. Au Sénégal et au Burkina Faso, le Ministère du commerce ne joue pratiquement aucun rôle dans l’approvisionnement alimentaire, sauf dans l’élaboration et l’application des réglementations communes à tout le secteur commercial.
Malgré quelques différences dans l’avancée du processus de libéralisation des économies, la plupart des pays africains sont confrontés à une nouvelle organisation des approvisionnements alimentaires qui modifie profondément la structure des filières des denrées, ainsi que l’importance relative des intervenants dans l’approvisionnement et la distribution alimentaires des villes africaines.
Cette redistribution des rôles entre secteur privé et secteur public ne se fait pas sans problèmes: globalement, on peut dire que le secteur privé n’est pas prêt (formé) à assumer la prise en charge des filières de produits agricoles, et que le secteur public n’est pas formé à assurer un rôle de soutien à l’initiative privée et la coordination d’une politique d’approvisionnement des grandes villes. Beaucoup d’acteurs assurant des fonctions essentielles telles que le financement, les achats, le stockage, le transport, les ventes, la coordination, la planification, etc. se trouvent confrontés à de nombreux problèmes que nous allons essayer d’analyser de leur point de vue. Cependant, il est important de présenter tous ces acteurs et le rôle qu’ils jouent dans la filière d’approvisionnement alimentaire des villes.
Ce document ne se veut pas exhaustif en matière de problèmes rencontrés par les intervenants des filières de produits alimentaires. Les auteurs ont cependant cherché à répertorier le maximum de contraintes dont les intervenants leur ont fait part au cours des différentes missions qu’ils ont pu effectuer en Afrique.
