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Résumé

Les circuits d’approvisionnement et les marchés

Les circuits d’approvisionnement

Les circuits marchands fournissent l’essentiel de l’approvisionnement urbain en produits vivriers.

Deux types d’organisations différencient les circuits d’approvisionnement:

La gamme de produits sur lesquels le grossiste intervient est alors beaucoup plus diversifiée au gré des opportunités commerciales: la commercialisation des produits manufacturés et des denrées alimentaires de base (riz, farine, sucre) complète celle des produits vivriers et représente souvent une composante du fret de retour entre correspondants.

L’environnement économique du commerce des produits vivriers se caractérise par un niveau élevé de risque et d’incertitude. L’environnement institutionnel, quant à lui, se caractérise par l’existence de pratiques réglementaires inadaptées et tatillonnes ainsi que de taxations abusives et fréquemment arbitraires. A ces différentes contraintes s’ajoutent celles propres aux commerçants - de capital, d’accès au crédit -, pour ne citer que les deux plus importantes.

Ces contraintes affectent, en conséquence, tous les commerçants, façonnent leurs comportements, orientent leurs choix et fixent leurs stratégies.

Ces stratégies revêtent des formes identiques quels que soient les produits ou les types d’organisation des circuits: les pratiques visent avant tout, à travers des relations personnalisées avec les producteurs et les détaillantes, des associations et des systèmes de crédit, à restreindre l’entrée des «outsiders» dans le commerce, afin de garantir une certaine régulation d’un marché caractérisé par une forte instabilité (de prix, d’offre et de demande).

En définitive, on remarque que les grossistes des marchés constituent des communautés dont l’accès est relativement fermé, soudées par de forts liens sociaux et ethniques et où la concurrence joue peu. C’est en effet la condition de la permanence et de la régularité de leurs activités.

Par conséquent, les grands marchés urbains sur lesquels s’exerce l’essentiel des activités de gros d’approvisionnement ne sont pas des lieux de formation des prix (au sens de la rencontre entre une offre et une demande); ceux-ci se fixent en amont par le jeu des rapports de force et de négociation entre le producteur et le commerçant, et en aval entre les détaillantes et les acheteurs, suivant les relations de crédit et de confiance qu’ils ont nouées et, en dernier ressort, suivant le pouvoir d’achat des consommateurs urbains.

Dans le domaine des produits manufacturés tout particulièrement, l’approvisionnement des marchés, à partir des circuits de la fraude, est le fait marquant de la situation actuelle.

Les marchés

La place des marchés dans le secteur commercial urbain

Les marchés concentrent aujourd’hui l’essentiel de l’activité et du dynamisme du secteur commercial informel urbain. Ils sont encore l’endroit où s’approvisionne la très grande majorité de la population urbaine, aussi bien pour les produits manufacturés et vivriers que pour les grands produits de base de première nécessité (riz, sucre, farine, etc.).

On distingue très nettement deux sous-secteurs spécifiques dans l’activité des marchés:

Le réseau des marchés

Le réseau des marchés ne présente pas un caractère figé dans le temps: selon les saisons, les produits, leur origine géographique, l’importance respective des marchés d’approvisionnement et de redistribution se modifie, le nombre de grossistes qui s’y trouvent augmente ou, au contraire, se contracte fortement.

L’évolution des conditions et des modes de transport, tant des voyageurs que des marchandises, et leur organisation dans le tissu urbain, spontanée ou formalisée par des interventions administratives, expliquent l’émergence de certains marchés d’approvisionnement, comme leur déclin, voire leur disparition.

Une certaine volatilité des marchés de gros traduit une capacité de réaction très rapide des circuits d’approvisionnement à toute intervention extérieure.

Ceci concerne en particulier les grossistes opérant hors de l’emprise physique des marchés, dans des conditions très précaires, en particulier sur la chaussée.

On observe souvent, suite à des mesures administratives restrictives (réglementation de la circulation, interdiction de tel ou tel commerce pour cause de nuisances, délocalisation, etc.), la disparition des activités de ces grossistes et leur reconstitution dans un autre lieu de la ville qui entraîne de nouvelles concentrations de détaillants. Ainsi se développe un véritable marché d’approvisionnement et de redistribution.

A la différence des circuits d’approvisionnement des produits vivriers qui organisent une certaine hiérarchisation des marchés, dans le cas des produits manufacturés, on observe toujours une polarisation des activités sur un seul marché et dans une seule zone urbaine: le centre-ville.

Le développement d’hypercentres et le déséquilibre des réseaux de marchés

Le développement d’hypercentres concentrant au coeur des agglomérations l’ensemble des formes d’activité commerciale (gros, demi-gros, détail et micro-détail), à la fois sur l’espace public du marché, dans les rues adjacentes et dans les entrepôts des grossistes des quartiers environnants, est un aspect caractéristique de l’urbanisme commercial des villes subsahariennes aujourd’hui.

Or, il est frappant de constater que les activités d’approvisionnement et de distribution des produits vivriers occupent en définitive une place secondaire dans les flux économiques et financiers brassés par ces commerces.

Le véritable moteur de l’activité économique de l’hypercentre - qu’il s’agisse des magasins et entrepôts des grossistes importateurs, des vendeurs réguliers des marchés ou des innombrables vendeurs à la sauvette -, c’est la vente des produits manufacturés, en particulier de tous ceux provenant de la fraude et/ou de ceux qui seront écoulés par les réseaux clandestins transfrontaliers des grands commerçants, ou par la petite entreprise contrebandière.

On doit souligner, par conséquent, que cette surconcentration d’activités et de vendeurs sur un marché pôle exerce un «effet d’ombre» sur l’ensemble du réseau de distribution. Seuls peuvent subsister de très petits marchés dont la multiplication, dans un contexte de très faible solvabilité de la clientèle, contribue à les fragiliser dangereusement.

La problématique des marchés de gros

L’organisation spatiale des activités de gros de produits vivriers dans les grandes villes en Afrique et à Madagascar présente deux caractéristiques principales:

Ce sont ces concentrations de grossistes que l’on désigne, selon les sources, par les noms d’«aires de dégroupage», «aires de gros», «centres grossistes» et que, par commodité, on appellera «marchés de gros».

On observe que les conditions d’activité des grossistes de produits vivriers sont toujours particulièrement défectueuses, en particulier dans le cas des grossistes de produits frais.

La relative dispersion spatiale des grossistes de produits vivriers dans le tissu urbain permet une bonne irrigation du réseau des marchés et des innombrables points de vente qu’ils approvisionnent (étals des rues, commerces du soir, etc.) et, de ce fait, une optimisation des coûts de redistribution, compte tenu du prix très élevé du transport urbain.

De nombreux grossistes de produits frais, produits les plus générateurs de déchets, sont contraints d’exercer leurs activités sur la chaussée à proximité des marchés. Dans ces conditions, leur activité représente un facteur parfois non négligeable, mais surtout le plus visible et souvent le plus spectaculaire, des nuisances attachées à la présence des grossistes de produits vivriers dans les villes. Cette situation alimente le discours des autorités sur «la nécessaire délocalisation des grossistes du centre-ville».

Les marchandises générales et les denrées alimentaires de première nécessité: une surconcentration d’entrepôts dans le centre-ville

Par contraste avec cette relative dispersion des lieux d’activité des grossistes de produits vivriers, il faut remarquer que le commerce de gros des marchandises générales et des denrées alimentaires importées est une donnée fondamentale de l’activité commerciale des centresvilles.

Aussi faut-il souligner que le trafic fret généré par ces commerces de gros représente une source d’encombrement de la circulation et de congestion du centre-ville souvent bien plus importante que celle occasionnée par les activités des grossistes de produits vivriers.

Partant du constat fait par les Autorités des nuisances associées à la présence des seuls grossistes de produits vivriers sur les grands marchés du centre-ville, on s’interroge sur la pertinence de la création de marchés de gros à l’extérieur des agglomérations, comme le souhaitent généralement les responsables municipaux.

Toute création d’un marché de gros de produits vivriers, très loin des zones les plus peuplées et des lieux d’activités du centre urbanisé, semble vouée à l’échec considérant la logique des circuits d’approvisionnement actuels.

Trois points doivent être soulevés:

Comme on l’a souligné, la congestion du centre-ville tient, pour une large part, aux activités liées aux grands entrepôts des grossistes importateurs. Or, pour le moment, on ne constate pas de la part des Autorités l’intention de prendre des mesures vigoureuses visant à limiter la prolifération de ces entrepôts privés en plein coeur des villes (incitations à la délocalisation vers une zone de stockage excentrée, application plus rigoureuse de règlements de circulation, de stationnement et de traversée de la ville pour les poids lourds, etc.).

En conclusion, un aménagement de marché de gros de produits vivriers doit se donner pour premier objectif d’améliorer les conditions d’activité des opérateurs et non de les pénaliser, de fournir les facilités en matière de services (eau, gardiennage, sécurité, éclairage etc.), de stockage, de groupage et de conditions de manutention qui sont régulièrement réclamées par les grossistes.

C’est pourquoi, lorsque c’est possible (configuration du terrain, possibilité d’extension, localisation par rapport aux flux principaux), il faut privilégier la réorganisation des activités de gros sur le site existant. Dans d’autres cas, la délocalisation peut s’avérer nécessaire: des sites d’implantation potentielle doivent être recherchés à distance raisonnable des lieux d’activités du centre urbanisé.

L’organisation des marchés

Les aménagements et les équipements des marchés

La halle (qui remonte souvent à la période coloniale) est le premier équipement, et souvent le seul, qui ait été construit sur les marchés centraux. La plupart de ces marchés ne comprenait aucun aménagement spécifique en matière d’installations de vente ou de stockage.

Il faut attendre la fin des années 60 et le début des années 70 pour voir la réalisation de nouveaux équipements sur plusieurs marchés centraux. Ces bâtiments en hauteur, selon la mode de l’époque, ont d’abord été réalisés sur les lieux du commerce de produits manufacturés. Ces équipements se sont révélés souvent non fonctionnels, et ont été insuffisants pour répondre à la demande croissante de places de vente sur les marchés centraux.

Ils n’ont pu enrayer le développement incontrôlé d’un grand nombre de constructions précaires ni celui des marchés «zone» qui caractérisent les années 80.

Les installations de vente et de stockage sur les marchés

La multiplicité et l’hétérogénéité des installations de vente semblent, à première vue, caractériser les marchés africains. Un examen plus attentif montre qu’en fait, on retrouve toujours les quatre mêmes grandes catégories d’installation de vente, dont le niveau d’équipement est directement fonction du niveau de revenu du commerce considéré. Cette typologie, classée par niveau d’équipement, distingue: les bâtiments et les boutiques, l’installation délimitée par quatre poteaux, couverte et ouverte (hangar), la table et l’étalage au sol.

D’une façon générale, on constate que sur les marchés africains, les aménagements ont été réalisés et financés en grande partie par les commerçants eux-mêmes.

Les caractéristiques physiques des marchés

Du point de vue des caractéristiques physiques, on peut classer les marchés africains en deux grandes catégories: les marchés «centres commerciaux» et les marchés «zone».

Les marchés «centres commerciaux» sont d’origine souvent ancienne et de taille plutôt réduite car ils ont été implantés dans le coeur commercial des cités. Leurs emprises ont été bien circonscrites dès leur création. Ils sont fortement structurés et organisés et les vendeurs de produits manufacturés sont les plus nombreux.

Les marchés «zone» (Marché au mil, Dantokpa, Andravoahangy) ont été implantés sur de vastes terrains, à l’origine relativement éloignés du centre tertiaire et marchand de la cité. Leurs limites n’ayant jamais été définies avec précision, ils se sont étendus et développés de façon quasi spontanée. Sur ces marchés, le bâti est très hétéroclite: boutiques modernes très bien construites, misérables baraques bricolées en matériaux de récupération.

Les statuts et modes d’utilisation des installations de vente: des enjeux de pouvoir

Les règles d’attribution des places de marché, qui interdisent la sous-location et imposent qu’il n’y ait qu’un attributaire par emplacement et qu’un vendeur ne puisse en cumuler plusieurs, sont partout transgressées. Le nombre d’installations d’un marché ne correspond jamais au nombre de vendeurs: de même, la liste d’attributaires que l’on peut trouver auprès de la municipalité n’a qu’un lointain rapport avec la réalité.

La sous-location et la revente de pas de porte

Il s’agit de pratiques généralisées sur tous les grands marchés.

Les montants de la sous-location représentent une charge beaucoup plus lourde que le paiement de la redevance mensuelle ou du droit de place.

La cession d’installations semble aussi une pratique courante. Elle aurait été particulièrement fréquente entre la fin des années 70 et le début des années 80, dates qui marquent sur les marchés l’essor important des vendeurs de produits manufacturés (les produits «riches»). A cette époque, en effet, l’essentiel des cessions aurait consisté en la revente, par les vendeuses de produits vivriers, de leur installation (hangar).

La multipropriété

Il est très courant qu’un vendeur dispose de plusieurs installations de vente à travers des prête-noms. On constate que ces cas de multipropriété concernent exclusivement des commerçants de produits manufacturés à forte valeur ajoutée et des commerçants de produits alimentaires de première nécessité (riz, sucre, farine, sel).

Le recours à cette multipropriété est souvent la façon de satisfaire les besoins de locaux de stockage de faible capacité qui caractérisent les marchés, besoins qui ne peuvent être satisfaits par la location d’entrepôts en ville, trop grands ou trop chers.

Le partage d’installation

On constate que la pratique inverse de partage d’une installation par plusieurs vendeurs est tout aussi répandue. Deux causes distinctes sont à l’origine de cette situation: d’une part, la saturation des marchés et l’impossibilité d’obtenir un emplacement et, d’autre part, la nécessité de partager les frais d’installation et d’exploitation de l’installation.

Les vendeurs et les produits

Le développement des vendeurs «illégaux»

Les différentes observations faites sur les grands marchés urbains en Afrique et à Madagascar confortent toutes ce même constat: il y a une réelle mutation dans la composition et le comportement des vendeurs des marchés.

Ce qui frappe aujourd’hui dans cette population c’est, d’une part, le nombre croissant d’ambulants itinérants, semi-itinérants et occasionnels, d’autre part, la forte mobilité spatiale qui caractérise les stratégies commerciales des vendeurs installés.

Les distinctions, opératoires autrefois, entre sédentaires et ambulants, réguliers et occasionnels, deviennent de plus en plus floues: l’image du vendeur à l’étal attendant son client et de l’ambulant se portant au devant de celui-ci est aujourd’hui totalement brouillée.

Les vendeurs réguliers payant redevance sont prompts à dénoncer la concurrence des ambulants, des occasionnels, des «illégaux» squattant les allées et les abords des marchés et à exprimer leur regret d’un âge d’or où l’ordre régnait sur les marchés, où chacun était à sa place; mais ces discours véhéments masquent des comportements ambigus: ces vendeurs sont souvent aujourd’hui les premiers à utiliser des ambulants pour écouler plus rapidement leurs marchandises, et à se déplacer eux-mêmes sur d’autres marchés régionaux où ils concurrencent à leur tour les vendeurs régulièrement installés.

L’organisation interne des marchés

Des services inexistants ou largement insuffisants palliés par les vendeurs

En règle générale, la sécurité des personnes et le gardiennage des marchandises ne sont de fait jamais assurés par le gestionnaire des marchés ou l’Autorité publique. Les vendeurs se sont organisés en conséquence.

Un nettoyage intérieur des marchés est dans presque tous les cas assuré par l’Autorité du marché, mais toujours de façon très insuffisante. Les vendeurs pallient dans la mesure du possible l’insuffisance de ce service (recours à un aide familial qui est chargé de faire le nettoyage de la place très tôt le matin). Si le nettoyage pose peu de problèmes pour les vendeurs de produits manufacturés, en revanche les commerces produisant beaucoup de déchets (produits vivriers et surtout boucheries) ont beaucoup plus de mal à atteindre un niveau minimal d’hygiène.

Presque tous les marchés sont équipés de latrines (à l’exception notable des marchés de N’Djamena) qui sont dans des états plus ou moins satisfaisants. Elles sont de toute façon toujours en nombre insuffisant et chères.

Sur tous les marchés fonctionnent des systèmes de gardiennage et de stockage temporaire (à façon) mis en place et assurés par les commerçants. Ils consistent en réseaux d’installations où les commerçants viennent déposer le soir leur marchandise contre paiement d’un loyer calculé à la journée ou au mois et dont le montant est indexé sur la valeur de la marchandise. Ces installations sont le plus souvent des constructions fermées - boutiques, magasins - mais on rencontre aussi des «gardiens à façon» installés sous des hangars ou autour des marchés dans les installations des particuliers.

Les gargotes des marchés ont pour clients tous les usagers (vendeurs et acheteurs), et sont devenues les cantines des travailleurs des quartiers environnants. Ce sont les seuls endroits, comme à Antananarivo par exemple, où peuvent s’approvisionner les ménages très démunis.

Le coût et le revenu des activités commerciales sur les marchés

On constate une remarquable stabilité de la structure des chiffres d’affaires par catégorie d’activités sur l’ensemble des marchés étudiés.

Les tableaux ci-après résument les chiffres d’affaires quotidiens et les coûts par marchés, en francs CFA, observés en Afrique centrale et occidentale (Libreville excepté).

Chiffres d’affaires (FCFA)

Produits

Détail

Gros

Vivriers

2000 - 5000

20000 - 80000

Alimentaires

11000 - 28000

50000 - 155000

Manufacturés

10000 - 30000

80000 - 1400000


On notera la particulière faiblesse des chiffres d’affaires des produits vivriers qui aboutissent à des marges commerciales se situant entre FCFA 500 et 1000 par jour pour les toutes petites détaillantes qui forment la grande majorité des vendeuses.

Coûts par marché (FCFA)


Afrique de l’Ouest

Libreville

Postes de coûts

Vivrier

Manufacturé

Vivrier

Manufacturé

Gardien

33

113

100

166

Eau

25

25

100

100

Latrines

25

29

100

200

Nettoyage

17

8

50

-

Droit de place

25

93

500

1000

Sous-location

17

150

666

-

Total charges

142

418

1516

1466

Chiffres d’affaires

3000

16666

20000

40000


La logique spatiale et l’organisation des marchés

La division entre commerces riches et pauvres commande l’organisation spatiale des marchés. Cette dynamique, qui a entraîné de profondes mutations ces dix dernières années dans la physionomie des marchés, consiste en l’expulsion progressive des vendeurs de produits «pauvres» (vivriers) par les vendeurs de produits «riches» (manufacturés). Ce phénomène ne se limite pas au commerce de détail mais intéresse aussi le commerce de gros.

Aujourd’hui, les produits manufacturés occupent la plus grande partie de l’emprise des marchés et le véritable marché alimentaire s’exerce bien souvent dans les rues autour du marché.

Les souhaits des commerçants à l’occasion d’un réaménagement du marché

Au-delà de la diversité des situations étudiées, il faut souligner certaines préoccupations des usagers des marchés.

Les souhaits des détaillants sont apparemment très simples.

En premier lieu, ils souhaitent avoir une place sur le marché, ce qui est loin d’être acquis pour tous les vendeurs selon leur statut et leur catégorie d’activité, leur ethnie, leur nationalité, leur situation dans le secteur informel.

Les facteurs d’exclusion sont innombrables et jouent à plein dans la situation d’un réaménagement d’un marché. Il ne faut pas masquer cette réalité-là.

En second lieu, s’ils ont une place, ils désirent pouvoir payer la redevance, ce qui est loin d’être acquis pour les commerces les plus pauvres et les artisans.

Si, aujourd’hui, la plupart de ces marchés sont des marchés polyvalents où chacun a malgré tout une chance d’entrer, l’augmentation des droits de place consécutive à un réaménagement, entraîne l’exclusion de ces commerces pauvres et les rejette vraisemblablement à la périphérie immédiate du marché, voire, dans le cas des artisans, à la périphérie de la ville, ce dont sont bien conscients de nombreux acteurs de ces marchés.

Ensuite, ils veulent disposer d’un certain nombre de services dont l’amélioration est demandée de façon unanime:

Enfin, ils désirent être dans un marché couvert. La protection contre la pluie et le soleil passe avant toute autre considération relative aux équipements de vente.

Les besoins prioritaires exprimés par les grossistes de produits vivriers sont:

Les détaillants, comme les grossistes, demandent en outre de façon insistante à être informés à l’avance du contenu et des objectifs des projets de réaménagement de marchés et être associés à la gestion et à l’organisation interne du marché futur.

Conclusions et recommandations

Informer et appuyer les autorités locales dans la mise en oeuvre d’une stratégie globale des marchés pour l’approvisionnement urbain

Les carences générales dans le secteur des marchés urbains entraînent des coûts sociaux, économiques et politiques élevés pour la collectivité, tandis que les autorités locales manquent d’éléments pour définir les interventions prioritaires: par quel marché commencer, quelle hiérarchie dans les actions, quels en seront les différents coûts, les différents impacts, etc.?

Il est par conséquent impératif d’appuyer les Autorités locales dans la mise en oeuvre d’une stratégie globale des marchés pour l’approvisionnement urbain suivant trois axes:

Elaborer des outils facilitant la prise de décision

Les ressources à mettre en oeuvre sont rares et, par conséquent, il est primordial d’avoir une vision d’ensemble afin d’établir des priorités pour les actions à entreprendre. Les outils suivants doivent apporter les premiers éléments indispensables à la prise de décision en permettant de clarifier les objectifs attendus des interventions dans le secteur des marchés et de mettre à jour leur impact économique:

Cette première phase doit fournir l’occasion de mettre en place l’indispensable processus de concertation avec les commerçants usagers de ces équipements sans lequel la réussite est loin d’être assurée.


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