Page précédente Table des matières Page suivante


2. Les caractéristiques du fret urbain pour la redistribution et l’approvisionnement: Une approche multi-modale


2.1 Le fret urbain pour l’approvisionnement et la redistribution intermarchés: Un transport multi-modal
2.2 Le transport intermarchés: Des produits qui circulent aussi bien dans les véhicules du transport collectif des passagers que dans des véhicules spécifiques
2.3 Le fret urbain de redistribution des produits et de l’approvisionnement des marchés: Un secteur spécifique du transport urbain
2.4 Le parc de véhicules du fret urbain, TNM et véhicules motorisés: Ordres de grandeur
2.5 Un service de transport adapté à la demande du secteur informel marchand et des particuliers
2.6 Les coûts du service transport urbain de marchandises pour les usagers

Une approche en termes de circuits d’approvisionnement et de redistribution en suivant les stratégies adoptées par les usagers met en évidence la pluralité des modes de transport utilisés par les acteurs commerciaux pour pouvoir mener à bien leurs activités.

Dans le tableau 1, on a regroupé les différents moyens de transport du fret urbain en Afrique et à Madagascar2 en établissant une typologie à partir des critères suivants:

Le transport urbain des produits pour l’approvisionnement des marchés et des petits commerçants des quartiers présente les caractéristiques suivantes:

Tableau 1 - Les modes de transport du fret urbain pour l’approvisionnement des marchés dans les villes en Afrique

Modes de transport urbains

Transport non mécanisé

Transport motorisé

Secteur du transport urbain/ organisation/ mode de traction

Fret «Mixte»

Spécialisé

Fret «Mixte»

Spécialisé

Transport passagers






Entreprises modernes



Bus






Train



Secteur artisanal



Taxis ambulants (une place)



Véhicules



Taxis collectifs (cinq à 15 places)


Deux roues



Zemidjan (taxis motos)


Fret urbain






Secteur artisanal






Véhicules (0,5T- 6T)




Fourgonnettes





Camionnettes





Moyens porteurs





4L, 3CV, cars rapides, jeeps, bâchées, Saviem, ZIL, etc.

Energie animale
(âne, cheval) (0,3T-1,5T)

Calèches

Charrettes



Energie humaine individuelle
(<0,180T)


Bicyclettes



Deux roues (0,03T-1T)


Pousse-pousse



Quatre roues (0,3T-2,4T)


Charrettes





Traîneaux





Charrettes



Marche à pied: portage






2.1 Le fret urbain pour l’approvisionnement et la redistribution intermarchés: Un transport multi-modal

Trois grands modes de transport urbain sont en jeu: le transport motorisé, les TNM et le portage.

Il faut rappeler en effet que la marche à pied représente toujours l’un des modes de déplacement importants dans les villes en Afrique. Les données disponibles sur celui-ci sont peu nombreuses, disparates et «varient fortement suivant les méthodologies utilisées; elles nous indiquent cependant que l’on marche beaucoup dans nombre de capitales africaines3». La charge transportée à pied ne peut dépasser 30 à 50 kg pour une femme, éventuellement 80 kg s’il s’agit d’un homme; le portage s’effectue sur de courtes distances et concerne de très petits détaillants. On ignore la part du portage dans les modes de transport pour l’approvisionnement des marchés: il est probable que celui-ci sera non négligeable dans les très petites villes (de moins de cent mil habitants).

Le fret urbain est un transport routier car l’exemple du transport ferroviaire (le Petit train bleu) de Dakar reste exceptionnel aujourd’hui. Cependant, on peut penser que dans de très grandes villes africaines, les modes de transport par rail en site propre seront appelés à se développer et immanquablement seront utilisés pendant une certaine période par les détaillants des marchés.

Si les embarcations (pirogues, etc.) jouent un rôle important dans l’approvisionnement de certaines villes (Kinshasa, Cotonou, Conakry, etc.), les cas que nous connaissons concernent exclusivement le secteur amont du transport de produits à destination des grands marchés, et non pas la redistribution intra-urbaine.

2.2 Le transport intermarchés: Des produits qui circulent aussi bien dans les véhicules du transport collectif des passagers que dans des véhicules spécifiques

Le transport collectif de passagers est assuré, dans les grandes villes seulement, par les entreprises modernes, généralement du secteur public et, partout, de façon majoritaire par le secteur artisanal4.

Le rôle des autobus dans le transport des produits intermarchés semble, d’une manière générale, marginal ou tout au moins très dépendant de situations bien spécifiques: si, dans la capitale malgache, ce mode de transport peut être utilisé par les détaillantes de quartiers très excentrés c’est, d’une part, en raison de la desserte par toutes les lignes d’autobus de la ville du marché d’Analakely (qui est aujour-d’hui encore un pôle d’approvisionnement de certains produits frais), d’autre part, au prix d’arrangements tarifaires continuellement négociés avec le conducteur et à la condition que les trajets s’effectuent aux heures creuses (entre cinq et sept heures du matin au plus tard).

Le cas du Petit train bleu est à cet égard encore exceptionnel dans la mesure où les besoins des acteurs commerciaux de l’approvisionnement et de la redistribution intermarchés sont pris en compte de manière spécifique en matière de tarification (billet marché), d’horaires et d’organisation de la desserte des stations (temps d’attente pour le chargement, déchargement, volumes transportés).

L’essentiel du transport urbain de passagers est organisé par les véhicules du secteur artisanal: il s’agit des taxis individuels et collectifs. On notera dans la catégorie de taxi individuel les taxis-motos de Cotonou (ou Zemidjan) qui transportent les passagers, comme les détaillants des marchés, avec leurs colis.

L’utilisation de taxis individuels, du fait de leurs prix généralement élevés (trajet du passager plus tarifs de la marchandise), est réservée à certaines catégories de commerçants et pour une quantité limitée de marchandises5.

En ce qui concerne les taxis collectifs (des voitures prenant cinq passagers aux diverses camionnettes et minibus pouvant contenir 25 personnes), le fret mixte est certainement la règle générale pour ce type de véhicule dans le transport amont (paysans et commerçants de la campagne ou des villes de province se rendant avec leurs produits aux grands marchés d’approvisionnement urbains). En revanche, leur rôle dans le transport de redistribution intra-urbain est fort variable. Il dépend de plusieurs paramètres: la taille des villes et l’importance des flux de passagers, le réseau de desserte et la hiérarchisation des moyens de transport collectif, l’organisation d’un secteur spécialisé du fret urbain et le niveau économique général.

A Conakry, en 1988, dans un contexte marqué par une extrême faiblesse des revenus et du niveau de vie, les Alakabon et les «1 000 kg» - véhicules qui constituaient le bas de l’échelle en matière de transport collectif - représentaient effectivement à cette époque le moyen de transport le plus utilisé pour le transport intermarchés: ils étaient les seuls à accepter systématiquement les détaillantes et leurs marchandises pour un prix extrêmement modique, avec en sus des risques élevés en matière de sécurité bien connus de tous les habitants de Conakry, sans compter les aléas des arrêts passagers au gré du conducteur.

Ceci étant, le transport de marchandises par les passagers dans les moyens de transport urbains classiques, taxis conventionnels et minibus, se heurte nécessairement à de multiples contraintes, de facilité (volume), de prix, de temps (nombreux arrêts avant la desserte du marché du vendeur, dans le cas des transports collectifs).

2.3 Le fret urbain de redistribution des produits et de l’approvisionnement des marchés: Un secteur spécifique du transport urbain

Dans toutes les villes, on observe un secteur spécifique du transport urbain spécialisé dans le fret inter-marchés et l’approvisionnement des petits grossistes.

Il a ses véhicules spécifiques, motorisés et non motorisés, et ses gares routières, celles-ci le plus souvent spontanées.

Les véhicules du transport motorisé sont les fourgonnettes (3CV, 4L, etc.), les camionnettes et pick-up (bâchées, vieilles jeeps, etc.), les moyens porteurs de trois à cinq tonnes de charge utile pour les plus courants, très rarement des plus gros porteurs (sept tonnes) comme ceux que l’on a observés à Antananarivo. Le chargement type des fourgonnettes est de quelques centaines de kg (entre 300 et 500 kg) et consiste indifféremment en produits vivriers ou en denrées alimentaires. Les camionnettes et les pickup prennent une tonne en moyenne et sont utilisés par des détaillants organisant un transport groupé ou par de petits grossistes. Quant aux moyens et gros porteurs, il s’agit du véhicule type pour le transport des denrées alimentaires et des matériaux de construction; il faut noter qu’ils ne sont que rarement chargés à leur maximum, et que lorsqu’ils transportent plus de trois tonnes, il s’agit d’une commande groupée de plusieurs grossistes.

Ces différents véhicules sont toujours d’occasion et le plus souvent «hors d’âge». Ils ont leurs gares routières spontanées: on trouve les fourgonnettes à côté des grands marchés de gros, les moyens porteurs se regroupant à proximité de zones d’entrepôts ou dans les quartiers des grossistes importateurs, près de certains carrefours stratégiques.

Le parc des TNM comprend les bicyclettes, les véhicules à traction humaine à deux roues (les charrettes et les pousse-pousse) et à quatre roues (les charrettes et les traîneaux), enfin les véhicules à traction animale (les charrettes tirées par un cheval ou un âne, les calèches, ces dernières n’étant observées que dans la capitale malgache et en nombre infime). Les «garages» ou lieux de concentration des TNM sont en majorité situés sur les marchés mêmes ou à leur proximité immédiate. Cependant, comme on l’a relevé dans les exemples ci-dessus, les charrettes peuvent être rattachées aussi à un pôle commercial, tel qu’une douane (douane fluviale de N’Djamena), des petits ports (Conakry), un quartier de grossistes (Bobo-Dioulasso, Antananarivo, etc.).

La bicyclette, d’après certaines études, peut transporter jusqu’à 180 kg, le pousse-pousse et la charrette à deux roues prennent entre 200 et 500 kg en moyenne, voire parfois 600 kg pour certains pousse-pousse. Les charrettes à quatre roues peuvent être chargées jusqu’à 1,5 tonne. Certaines charrettes à deux roues peuvent charger jusqu’à deux tonnes; dans ce dernier cas (observé à N’Djamena uniquement), le conducteur de la charrette se fait aider par deux personnes.

Il faut noter que tant les pousse-pousse que les calèches d’Antananarivo étaient autrefois des modes de transport passagers (la calèche étant considérée comme l’autobus du pauvre et le pousse-pousse comme le taxi du paysan débarquant en ville) qui se sont progressivement adaptés aux besoins croissants de transport du fret urbain de tout le vaste secteur informel des marchés et des petites boutiques. Quant à la charrette à traction animale du Sénégal qui peut charger 1,5 tonne environ, si l’on y trouve un passager, il s’agit uniquement du propriétaire des marchandises convoyées.

On relèvera que les TNM se rencontrent dans toutes les villes, quelle que soit leur taille. Ce n’est pas un mode de transport archaïque de villes aux traditions particulières; on rappellera qu’il est particulièrement développé dans les grandes villes d’Asie. Il n’est donc pas propre à un stade de l’urbanisation ou du développement des modes de transport motorisé; bien au contraire, il coexiste avec les modes de transport motorisé et parfois même entre en concurrence avec ceux-ci sur certains trajets.

Les distances, la topographie de la ville et l’organisation de la circulation tracent des limites à son action:

Tous modes confondus, on observe que la majorité des véhicules transportent moins d’une tonne. Quant aux moyens porteurs, leur chargement est inférieur à trois tonnes, en commande groupée généralement.

Le service assuré par ces véhicules constitue bien «la face cachée du transport» dans les villes en Afrique. Mais le constat est identique sous d’autres cieux, et il paraît pertinent de citer ici les termes du problème du fret urbain dans les villes en Europe tels qu’ils ont été mis en évidence dans un article récent sur le sujet:

«Le fret urbain est tout aussi invisible au regard du droit commercial, technique et social qu’il l’est du droit public. Bien que la livraison ait une grande importance juridique, (...) on doit constater que «le fret urbain n’est pas une catégorie juridique d’activité». On ne trouve pas davantage de définition précise de l’urbain (...) que de définition du métier de transporteur urbain, dans la mesure où l’essentiel des outils et exigences réglementaires (entrée dans la profession, nomenclature des emplois, rémunérations...) s’adresse aux plus de 3,5 tonnes. Cette limite de 3,5 tonnes est en effet le critère majeur d’une série de distinctions d’ordre social, technique, commercial, en deçà duquel il n’y a guère de salut, voire d’existence.»
Ainsi tout ce qui n’est pas 3,5 tonnes est considéré comme véhicule utilitaire léger (VUL) et, à ce titre, bien que constituant la réalité du transport de marchandises en ville (60 pour cent des véhicules/km), échappe le plus souvent aux contraintes réglementaires. «Le véhicule de fret urbain n’existe pas»6.

2.4 Le parc de véhicules du fret urbain, TNM et véhicules motorisés: Ordres de grandeur

Les données sur le parc de ces véhicules sont, soit produites à l’occasion d’enquêtes spécifiques, soit obtenues auprès des Administrations en charge du transport et de la circulation, plus souvent auprès des Autorités locales. La règle générale étant la sous-estimation du parc de TNM et, pour les véhicules motorisés, l’absence d’informations distinguant entre véhicules de fret urbain et autres véhicules (VUL ou VL) pour les raisons évoquées ci-dessus, les données sont par conséquent rares et fragmentaires. On présentera ici quelques éléments chiffrés pour fixer des ordres de grandeur:

A Antananarivo, le nombre de moyens porteurs était très limité (en moyenne une dizaine par gare routière) et un problème identique d’identification des réguliers et des occasionnels se posait. Il s’agit là cependant de deux villes présentant des caractéristiques assez identiques du point de vue du niveau économique et des revenus de la population, capitales de pays ayant vécu une longue période d’intervention étatique dans les circuits de commercialisation et d’approvisionnement. Au Sénégal, dans un contexte marqué par un niveau de développement bien différent des circuits économiques, il faut souligner que, sur le marché de gros de Thiaroye (agglomération de Dakar, commune de Pikine), plus d’une centaine de véhicules réguliers ont été dénombrés en 1996 pour les seules gares routières officielles (organisées par les transporteurs mais reconnues par la municipalité) de fourgonnettes et pick-up (4L et 504). Le nombre de cars de ramassage effectuant la livraison à l’abonnement des marchés de Dakar n’est pas connu, mais on peut penser qu’il doit être important d’après différentes sources et observations.

On peut comparer ces chiffres avec les effectifs des véhicules assurant le transport collectif. Deux exemples: à Lomé (environ 800 000 habitants en 1993) où l’offre de ce type de transport est considérée comme satisfaisante, on compte quelque 3 000 taxis collectifs, tandis qu’à Bamako (avec une population équivalente), où le parc total des véhicules du secteur artisanal est estimé à un peu plus d’un millier, les autobus sont moins d’une centaine, offre qui reste en conséquence fortement contrainte, même si les données officielles sont sous-estimées.

En ce qui concerne les TNM, on est certes loin des effectifs recensés dans certains pays asiatiques7! Cependant, ce rapide survol à partir des données disponibles, indique que les véhicules non motorisés comptent fréquemment plusieurs milliers d’unités dans une ville de 600 000 à 800 000 habitants, et si les chiffres ne sont pas connus avec plus de précision pour les véhicules motorisés, l’exemple d’un seul marché de gros à Dakar (il y en a d’autres, sans compter les gares routières non répertoriées) indique que dans une ville de cette taille, leur nombre peut s’élever à plusieurs centaines. Il ne s’agit donc pas d’un secteur marginal.

2.5 Un service de transport adapté à la demande du secteur informel marchand et des particuliers

Ces moyens de transport sont parfaitement adaptés aux besoins spécifiques de fret individuel des détaillantes des marchés, des petits grossistes de denrées alimentaires ou des particuliers aux faible revenus. Si les commerçants forment l’essentiel de la clientèle régulière, les citadins sont aussi des usagers fréquents pour le transport de produits de première nécessité (sacs de riz et bidons d’huile) et pour tous les objets encombrants et volumineux, en particulier les matériaux de construction (l’auto-construction étant un aspect fondamental de l’économie des citadins). Le transport par camion, qui pourrait être assuré par les entreprises de la place, est en effet inaccessible à ces différentes catégories d’utilisateurs en raison de son coût élevé et, en ce qui concerne les commerçants, parce qu’il ne possède pas la souplesse nécessaire pour fournir les services répondant très exactement à leurs contraintes spécifiques.

En choisissant le transport par charrette, pousse-pousse ou véhicule spécialisé motorisé, les usagers commerçants bénéficient en effet de plusieurs services essentiels:

2.6 Les coûts du service transport urbain de marchandises pour les usagers

Dans le cas des TNM et de tous les véhicules motorisés de faible charge utile (4L, 3CV, etc.), il existe une série de prix fixés à l’unité en fonction du poids type du produit (sac de riz, panier de légumes de 25 kg, etc.), les moyens porteurs fixant leurs tarifs à la tonne. Les prix varient suivant la distance et le volume chargé, d’où l’intérêt du groupage, mais aussi - en particulier pour les TNM - suivant les périodes (périodes creuses ou non), l’état de la concurrence des «irréguliers», les besoins financiers des conducteurs (début ou fin de journée) et les relations tissées avec le client (statut d’abonné, client occasionnel).

Des coûts de transport ramenés à la tonne-kilométrique pour des chargements types suivant les véhicules sont présentés au tableau 2.

A l’exception des coûts du transport par pousse-pousse et charrettes dans les trois villes sahéliennes, l’intérêt du tableau 2 ne réside pas tant dans la comparaison des niveaux de prix d’une ville à l’autre pour un type de véhicule donné (les tarifs étant exprimés en trois devises différentes), mais dans les rapports qui peuvent être établis au sein d’une même ville entre les prix des différents moyens de transport.

Pour les pousse-pousse et les charrettes (l’essentiel du parc des TNM), on relève que les prix du transport sont sensiblement identiques d’un type à l’autre dans les trois villes sahéliennes: les coûts ramenés à la t/km pour des chargements moyens de 0,2 tonne (pousse-pousse) et de une tonne (charrette quatre roues) s’élèvent entre FCFA400 et 1 200 selon le trajet (de deux à cinq km) à N’Djamena et à Bobo-Dioulasso (avant la dévaluation) et entre FCFA300 et 2 000 à Dakar (trajet de deux à 10 km).

Dans chacune des villes considérées, il n’y a pas de grandes différences entre les coûts moyens des véhicules motorisés et ceux des TNM, de charge utile équivalente (4L, 3CV) et pousse-pousse, bâchées et charrettes. Tout au plus peut-on relever une légère majoration du prix moyen du transport des TNM par rapport à celui des véhicules motorisés (différence en relation avec les courts trajets d’action et les faibles quantités transportées de la majorité des TNM, deux critères de prix élevé du transport).

Dans les transports motorisés, la loi du rendement décroissant propre au transport de marchandises joue pleinement: les prix des moyens porteurs sur 12 à 15 km pour un chargement d’une à deux tonnes sont les plus bas de l’ensemble des prix des différents véhicules (Conakry et Antananarivo).

Il faut cependant souligner les tarifs particulièrement bas pour les petites quantités transportées sur de longues distances (une quinzaine de km dans les deux cas) par les transports collectifs de Conakry (les Alakabon et les «1 000 kg») et par le système des abonnements aux cars de ramassage de Thiaroye sur la ligne de Thiaroye-Castors à Dakar respectivement (FG 80 et FCFA100 la t/km).

En définitive, le choix effectué par les commerçants entre les différents moyens de transport dépendra certes de leurs coûts (en particulier le choix entre les taxis conventionnels et les autres moyens de transport), mais aussi et surtout de la quantité de marchandises à transporter, de la distance et du type de desserte du marché de destination (comme à Dakar où certains grands marchés sont desservis suivant une périodicité régulière par des cars de ramassage), de la rapidité avec laquelle le commerçant souhaite être livré (choix entre motorisé et non motorisé sur un même trajet, comme à Antananarivo), de telle sorte que l’on constate une réelle fragmentation du marché du transport, chaque type de véhicule étant dominant sur un segment de marché pour un trajet donné, un type de marchandise transporté et une catégorie d’utilisateur8.

Tableau 2 - Les coûts du fret urbain pour l’approvisionnement et la redistribution alimentaires en Afrique et à Madagascar
FCFA/FMG/FG/t/km

Mode de transport

Motorisés

Non motorisé

Type de véhicule

Fourgonnette
4L, 3CV

Bâchée

Taxi collectif

Camion
Car de ram.

MGP, ZIL
3T, 7T

Bicyclette

Pousse-Pousse

Charrette2-4 roues

Charrette chevaux

Calèche

Ville











Dakar

300-1 700

400-2 000

200-1 000

100- 1 000





300-2 000


N’Djamena







500-1 500

370-1 500



Bobo-Dioulasso







500-1 400

400-1 200



Conakry


500-1 200

80-1 000


200-700



800-1 200



Antananarivo

900-1 200

500-1 200



90-500


500-1 000

500-900


500-700


On mentionnera que si le service transport de marchandises est organisé de façon à répondre parfaitement à la demande des commerçants et des particuliers, il reste pour les détaillantes des marchés le problème quotidien d’assurer leur propre transport entre leur domicile et le marché d’approvisionnement et entre celui-ci et leur marché de vente habituel. Les dépenses occasionnées par ces trajets peuvent être aussi élevées, voire plus que celui du fret.


Page précédente Début de page Page suivante