FI : DP/MAG/88/005
Document de travail 2
Septembre 1992

Developpement d'une nouvelle approche de developpement piscicole
- expérience de la région-pilote du Vakinankaratra -
Republique democratique de madagascar
Rapport final d'activités


TABLE DES MATIERES



Rapport final d'activités préparé pour le projet
Promotion de l'aquaculture et privatisation de la production d'alevins


par


P. F. Lardinois
(Cadre associé en pisciculture)


Le présent document a été préparé durant l'exécution du projet identifié sur la page du titre. Les conclusions et recommandations figurant dans ce document sont celles qui ont été jugées appropriées lors de sa rédaction. Elles seront éventuellement modifiées à la lumière des connaissances plus approfondies acquises au cours d'étapes ultérieures du projet.

Les désignations utilisées et la présentation des données qui figurent dans le présent document n'impliquent, de la part des Nations Unies ou de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE
Antsirabe, 1992


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TABLE DES MATIERES

1. INTRODUCTION

1.1. Termes de références
1.2. Rappel des principaux résultats

1.2.1. Evolution des Commandes et Ventes d'alevins
1.2.2. Evolution du nombre d'acheteurs et du nombre d'alevins cédés par acheteur
1.2.3. Répartition des producteurs dans la Circonscription du Vakinankaratra

1.3. Moyens mis en oeuvre

2. PROMOTIION DE L'AQUACULTURE

2.1. Problématique
2.2. Approvisionnement en alevins
2.3. Qualité de la rizipisciculture

3 LES PRODUCTEURS PRIVES

3.1. Problématique
3.2. L'outil de production - la Station piscicole-
3.3. Le producteur

4. LES RIZIPISCICULTEURS

4.1. Problématique
4.2. L'outil de production de la rizière
4.3. Le rizipisciculteur

5. LES AGENTS DE VULGARISATION DE TERRAIN

5.1. Problématique
5.2. La vulgarisation
5.3. L'agent de vulgarisation de terrain

6. LA PLANIFICATION

6.1. Problématique
6.2. Méthode mise en oeuvre
6.3 La privatisation de la production d'alevins
6.4. Les rizipisciculteurs

7. CONCLUSION ET RECOMMANDATION

ANNEXE 1

1. INTRODUCTION

L'objet de ce rapport final d'activités consiste essentiellement à une approche critique des différents aspects du programme de promotion de l'aquaculture qui ont été traités au cours de mon mandat d'expert associé.

Préalablement à cette brève analyse, je rappellerai les termes de références qui m'ont été attribués ainsi qu'un résumé des principaux résultats obtenus au cours de mes trois années de présence au sein du projet PNUD/FAO-MAG/88/005 (12/04/1989 – 30/06/1992). Ce document se termine par la liste des documents et rapports établis au cours de ces trois années.

1.1. Termes de références

Sous la responsabilité et les directives du Conseiller Technique Principal, ainsi qu'en étroite collaboration avec son homologue, le Cadre associé se chargera de:

1.2. Rappel des principaux résultats

Les résultats obtenus annuellement ayant déjà été détaillés dans des compte-rendus spécifiques, nous nous contenterons d'une présentation graphique des résultats principaux.

1.2.1. Evolution des Commandes et Ventes d'alevins

Le graphique 1 présente l'évolution des différentes composantes des ventes d'alevins sous ou avec le contrôle de la CIRRH1projet, à savoir les cessions d'alevins à partir des stations d'Etat et les ventes des producteurs privés.

1 Circonscription des Ressources Halieutiques, auparavant dénommée CIRPA (Circonscription de la Pêche et de l'Aquaculture”.

Graphique 1. Evolution des composantes des ventes d'alevins

Graphique 1.

1.2.2. Evolution du nombre d'acheteurs et du nombre d'alevins cédés par acheteur

Le graphique 2 présente l'évolution du nombre d'acheteurs du secteur privé et public ainsi que les moyennes du nombre d'alevins cédés par acheteur.

Graphique 2. Evolution du nombre d'acheteurs

Graphique 2

1.2.3. Répartition des producteurs dans la Circonscription du Vakinankaratra

La carte 1 présente l'emplacement des producteurs privés dans la Circonscription du Vakinankaratra. Nous rappelons que la Circonscription couvre une surface de 18.014 km2.

Carte 1. Répartition des producteurs dans la Circonscription du Vakinankaratra

Carte 1

1.3. Moyens mis en oeuvre

La stratégie retenue pour atteindre à moyen terme les objectifs du projet a consisté en la mise en place d'une base de travail. Les premiers éléments de cette base de travail ont été d'apprécier objectivement les références techniques à utiliser et à redéfinir le fonctionnement de l'équipe de vulgarisation. Ces deux points ont abouti d'une part, à l'établissement de fiches et documents techniques et d'autre part, à une nouvelle articulation de la cellule de vulgarisation. L'élargissement de la base de travail s'est fait entre autres par l'organisation d'appuis destinés au secteur privé et présentés sous forme de service. Ces services comprennent principalement un service intrants, un service crédit et un service de formation-suivi.

L'axe de formation tant théorique que pratique, destiné au secteur privé et aux agents de vulgarisation a été intensifié par la préparation de maquette de cours, l'invitation d'intervenants extérieurs, des visites, etc ….

Le développement de cette première base de travail concernant essentiellement l'appui au secteur privé de production d'alevins, a induit deux sous-bases de travail. L'une en amont du secteur privé, concerne la qualité et l'autonomie de plus en plus importante des agents de vulgarisation et implique directement les cadres du projet. Celle-ci est à nouveau appuyée par des formations mais également par la responsabilisation objective de l'agent vis-à-vis des personnes encadrées. La seconde, située en aval du secteur privé, s'adresse aux acheteurs utilisateurs d'alevins. Elle comporte les bases d'un service à la clientèle qui devra à terme être géré par le secteur privé. Ces deux sous-bases sont appuyées par des approches et du matériel de gestion technique et financière ainsi que de marketing qu'il est encore nécessaire d'améliorer.

Bien que les résultats soient déjà convaincants, il est sans doute plus objectif de décrire le travail réalisé comme une phase pilote de conception qui a permis de définir, suite à de nombreuses révisions, une méthodologie et un ciblage d'appui à la création d'un secteur privé autonome. La phase réelle de développement n'a été vraiment entamée qu'au cours de la troisième année de mon mandat.

2. PROMOTION DE L'AQUACULTURE

2.1. Problématique

La zone d'action du projet présente un potentiel très important de production aquacole qui a été évalué à près de 10.000 tonnes et ceci principalement par la rizipisciculture1 Le bilan financier de la rizipisciculture comparé à la riziculture simple se passe de commentaire quand on sait que la valeur marchande du poisson élevé est souvent égale, voire supérieure à la valeur marchande du paddy à la récolte.

Ces deux éléments sont donc de véritables propulseurs d'un programme de promotion de l'aquaculture, ceci bien sûr si l'on parvient à réduire les principaux freins à ce développement.

Les principaux freins aux programmes de promotion de l'aquaculture sont également et principalement au nombre de deux. Le premier est constitué par les sources d'approvisionnement en alevins ; pour arriver à une production de poissons marchands de 10.000 tonnes, il faut pouvoir satisfaire à une demande annuelle de près de 100.000.000 d'alevins. Le second est lié aux techniques d'élevage très simples qui doivent être mises en application pour obtenir des rendements minima en poissons marchands de l'ordre de 250 kg/ha en rizipisciculture. Ces deux freins à la promotion de la rizipisciculture sont donc principalement d'ordre technique.

1 Pour la facilité du texte, nous regrouperons sous l'appellation rizipisciculture, les activités rizipiscicoles et piscicoles.

2.2. Approvisionnement en alevins

L'approvisionnement en alevins est le principal frein au développement de la rizipisciculture.

Il faut pourtant savoir que même sans programme de promotion et outre l'empoissonnement naturel des rizières (inondation, canal d'irrigation …), des sources d'approvisionnement en alevins existent dont la pêche d'alevins dans les réservoirs naturels (lacs, rivières, …) et certains exploitants producteurs d'alevins qui produisent selon des techniques très simples et souvent aléatoires. Ces producteurs proposent sur le marché des produits divers allant d'oeufs fécondés jusqu'à des alevins de plusieurs centimètres.

La promotion de la rizipisciculture s'est faite principalement avec la carpe commune dont la multiplication était assurée dans les stations d'Etat.

La problématique de distribution d'alevins en milieu rural à partir des stations d'Etat s'est vite démontrée coûteuse et insatisfaisante au fur et à mesure que la demande en alevins de cette source augmentait. La prise en charge par le gouvernement de la production et distribution d'alevins à partir des stations d'Etat subventionnées ne pouvait être considérée que comme une phase temporaire. D'autre part, même si les rizipisciculteurs sont satisfaits par les bonnes performances de la carpe commune var. royale distribuées à partir des stations d'Etat, l'accès à cet approvisionnement est souvent insatisfaisant (information, durée et calendrier de vente, conditionnement des alevins, point fixe de cession…).

Une réponse à cette problématique de source de distribution d'alevins de qualité a été entamée par la mise en place d'un réseau de producteurs privés d'alevins. L'expérience obtenue jusqu'à présent, malgré certain tatônnement, a prouvé que cette approche est très satisfaisante pour la distribution d'alevins et engendre de nombreux effets secondaires très favorables que nous étudierons plus loin.

2.3. Qualité de la rizipisciculture

Nous savons que l'empoissonnement naturel des rizières est percu comme un des avantages inhérents à la riziculture. Il est donc considéré comme normal de trouver quelques poissons dans les rizières à la récolte du riz, et ceci d'autant plus certainement que la rizière est inondable. La démarche de l'empoissonnement volontaire des rizières n'apparaît donc pas comme une condition sine qua non à la rizipisciculture. Le changement de perception de la rizipisciculture par opportunité à la rizipisciculture maîtrisée par les riziculteurs n'est donc pas, à priori, très sensible.

On sait que le bilan financier de la rizipisciculture contrôlée est largement supérieur à la riziculture classique. Ce bilan est d'autant meilleur que le rendement est élevé, ce qui suppose des techniques d'élevage bien comprises et bien maîtrisées (aménagement des rizières favorables et densité à l'empoissonnement, principalement). En dehors des conditions d'élevage bien maîtrisées, la rizipisciculture se révèle peu attrayante, comme beaucoup d'autres spéculations.

L'approche spéculative de la riziculture passe donc par une certaine qualité des techniques d'élevage. En général, le travail de diffusion de l'approche qualitative de la rizipisciculture est confiée aux agents de vulgarisation. Les résultats de ce travail, bien que non négligeables, sont assez faibles et tiennent plus d'une gageure, car le transfert de savoir-faire est lent et le public est composé de plusieurs milliers, voire dizaines de milliers de rizipisciculteurs.

De la qualité de la rizipisciculture dépendra sa productivité et in fine, sa perception comme activité spéculative. Un des effets secondaires de l'installation d'un réseau de producteurs privés est la diffusion de technique et de savoir-faire rizipiscicole par ces producteurs-rizipisciculteurs convaincus et souvent démonstratifs.

3. LES PRODUCTEURS PRIVES

3.1. Problématique

L'approche de l'installation d'un réseau de producteurs privés comme réponse aux difficultés d'approvisionnement en alevins en milieu rural a été conduite avec un certain succès au cours de trois années successives. Trois années ont été nécessaires pour définir cette approche et pouvoir l'affiner suffisamment afin de la généraliser.

Dès le départ, la production d'alevins en milieu rural a été présentée comme une spéculation agricole, devant être rentable pour pouvoir survivre. L'assistance technique a été centrée vers un transfert de savoir-faire et dans une moindre mesure comme une agence de service (service intrant, service crédit…). L'autonomie du producteur a toujours été recherché comme une priorité.

L'esprit ayant été défini, la méthodologie s'est avérée assez délicate et porte, principalement sur le choix du site, l'aménagement et le suivi. Le choix du site se fait à partir d'un dossier présenté par un candidat et est établi avec l'aide d'un agent de vulgarisation. Les candidats sont donc volontaires et ne sont pas attirés par des incitatifs artificiels. Les critères de choix sont d'abord liés à un site favorable (maîtrise d'eau, pente…). Arrive ensuite l'aspect que nous appellerons individuel (dyna-misme, esprit d'entreprise, capacité d'investissement…). Ces critères plus subjectifs sont à rapprocher de l'aspect gestion de petite entreprise qui se sont avérés importants pour une station de production d'alevins (fonds d'investissement, utilisation des revenus). L'aménagement est un des éléments critiques du succès d'un producteur. L'aménagement des étangs doit être de qualité pour faciliter toutes les activités de production qui s'y déroulent. Le suivi sera d'autant plus facile et les activités de production performantes que le site sera bien choisi et les étangs bien construits.

3.2. L'outil de production - la Station piscicole -

On en est venu à considérer la station de production d'alevins comme une petite entreprise et le producteur privé comme un gestionnaire.

Le choix de l'implantation de cette petite entreprise doit répondre à des critères spécifiquement piscicoles (eau, topographie, pédologie …) que nous ne détaillerons plus ici. Les critères spécifiquement piscicoles étant satisfaits, les critères d'aménagement doivent être étudiés. Ces critères d'aménagement ont été parfois sous-estimés, il en a résulté des complications, souvent dommageables à la production. Il faut considérer la qualité de l'aménagement comme étant essentielle à l'établissement d'un outil de production, non seulement performant, mais pratique. Notons encore que les investissements en aménagement sont relativement importants et qu'il est beaucoup plus économique de réaliser dès le premier investissement, des aménagements de qualité, plutôt que de devoir les corriger, voire même, les recommencer. Le piquetage et le respect des normes de construction sont des phases impératives à l'aboutissement d'aménagement de qualité.

La taille de l'outil de production peut être évolutive pour répondre à une demande croissante en alevins, pourtant le potentiel de surface exploitable doit être bien estimé et correspond à ± 20 ares pour une production de 100.000 alevins cessibles.

Une des composantes de l'outil de production est constituée par le stock de géniteurs. La mise en vente sur le marché d'alevins de qualité dépend, au moins en partie, des souches et de l'entretien des géniteurs. Il sera donc utile de prévoir un programme d'amélioration des souches et de formation concernant les soins à prodiguer aux géniteurs.

La structure de l'outil de production étant en place, l'équipement et le petit matériel pour son fonctionnement seront des éléments qualitatifs importants de la production, surtout en ce qui concerne les manipulations et la vente. Ces éléments ne devront pas être négligés et se rapportent directement à la qualité de production.

3.3. Le producteur

La fonction de gestionnaire-propriétaire d'une petite entreprise qui incombe au producteur privé, s'est révélée d'une importance accrue pour le développement de la station, voire même, pour son maintien. Le producteur privé ne doit en aucun cas, être considéré comme seulement un “vulgarisé performant”, mais plutôt comme un chef d'entreprise.

On a constaté que le transfert de la technologie de la reproduction de la carpe commune se faisait assez aisément. Par contre, outre la gestion comptable des revenus et des dépenses, la gestion des éléments de production (eau, intrants, géniteurs), qui doit se faire par des prises de décision, manquait de facon flagrante de base de raisonnement. Le manque d'expérience peut justifier certaines de ces carences, plus probablement, le manque d'éléments de comparaison, le manque d'outil de gestion sont à souligner.

De la capacité naturelle du producteur à retenir les meilleures options de production, dépendra un développement rapide de sa station. La classification distinguant les producteurs artisanaux (qui sont ceux qui nous intéressent) des producteurs familiaux, se rapportera de plus en plus souvent à la capacité de gestion. En effet, outre des éléments physiques, comme des sources d'eau de faible débit ou des impossibilités d'extension, le potentiel de développement dépendra de la prise de décision raisonnée, donc, de gestion.

Dans la même optique, la fonction de promoteur de la rizipisciculture doit être bien comprise pour le producteur. C'est à ce prix qu'il s'assurera une clientèle, qu'il développera son marché et que son rôle sera reconnu dans le milieu rural.

Les activités de promoteur-producteur-fournisseur-conseiller à la clientèle devront être percues comme un tout, dont dépendra la réussite de l'entreprise. La très bonne rentabilité de ces petites entreprises qui a pu être démontrée dans une étude de faisabilité (cf. document technique No2) devrait amener le producteur à assurer ces fonctions.

4. LES RZIPISCICULTEURS

4.1. Problématique

Force nous est de constater que bien que très nombreux, les rizipisciculteurs sont des inconnus. Les agents de vulgarisation ne connaissent que quelques rizipisciculteurs et encore plus rarement les rizières utilisées. Plusieurs éléments expliquent cet état de fait dont, les surfaces couvertes très importantes, le nombre élevé de rizipisciculteurs (± de 10.000), l'identification brève et soudaine des rizipisciculteurs lors des cessions d'alevins organisée par la CIRRH/Projet…

De ce premier constat résulte un très faible impact des tentatives de diffusion des techniques rizipiscicoles auprès des rizipisciculteurs.

Nous savons que le succès de la promotion de la rizipisciculture dépend non seulement de l'existence de source d'approvisionnement en alevins, mais également de l'approche spéculative par les pratiquants de la rizipisciculture.

L'approche spéculative passe par des techniques améliorées de production or, la mise en pratique de ces techniques n'a jusqu'à présent rencontré que de très faibles échos.

Notre deuxième constat se rapporte aux producteurs privés d'alevins qui sont non seulement des producteurs, mais également d'importants rizipisciculteurs souvent modèles. De ce fait, le producteur bien connu de la clientèle de son terroir, pourrait devenir l'agent de diffusion des techniques rizipiscicoles améliorées. Si la mise en place d'un réseau de producteurs privés peut devenir un biais à la diffusion des techniques rizipiscicoles, des mesures d'accompagnement et une nouvelle conception de mise en pratique de la vulgarisation marketing devront être étudiées.

4.2. L'outil de production de la rizière

Nous avons constaté un taux relativement faible d'adoption des aménagements rizipiscicoles préconisés depuis plusieurs décennies. D'un point de vue technique, le caractère précaire et saisonnier des aménagements recommandés ainsi que la difficulté de son intégration dans le cycle cultural rizicole, nous amènent à proposer une révision de ceux-ci. Cette révision pourrait se faire dans le sens d'une rizipisciculture plus intensive telle que recommandée en Asie du Sud-Est qui, bien que plus longue à mettre en place, l'est de manière plus définitive.

Des aménagements similaires à ceux préconisés en Asie du Sud-Est ont été observés ici et là dans la zone d'action du projet, et sont bien appréciés par leurs utilisateurs. Cette méthodologie est connue sous l'appellation “Fernando” à Madagascar. II est remarquable de constater que si ces deux techniques rizipiscicoles sont assez proches, elles apparaissent très différentes une fois mises en place.

Cette nouvelle conception de la rizipisciculture intensifiée, c'est-à-dire avec des aménagements à longue durée de vie pourrait être diffusée à partir des producteurs privés. Le réaménagement, ou même plus simplement, l'aména-gement de rizière pour la rizipisciculture est très faiblement pratiqué, d'une part, en raison de la réticence du riziculteur à modifier sa rizière et d'autre part, en raison du très faible suivi de la rizipisciculture rendu possible par les systèmes de vulgarisation utilisé jusqu'à présent.

Un système plus lourd de type “Fernando”, mais rencontrant l'intérêt des pratiquants de la rizipisciculture spéculative et diffusé à partir des producteurs privés (qui ont une valeur de garant-démonstrateur) devrait permettre l'acceptation progressive d'une nouvelle conception de la rizipisciculture.

4.3. Le rizipisciculteur

Le rizipisciculteur est trop souvent percu comme n'étant qu'un acheteur d'alevins, pourtant de son expérience dépendra, non seulement le succès de la rizipisciculture, mais également sa perception en tant qu'activité agricole. Nous reconnaissons que le rizipisciculteur est le plus souvent un inconnu des sources de vulgarisation, et que sa perception de la rizipisciculture est très extensive, voire même opportuniste, comportant de nombreux risques (inondation, sècheresse, vol…). Ce pessimisme rizipiscicole de la majorité est loin d'être partagé par certains, et en premier lieu par les producteurs privés, que nous pourrions qualifier de rizipisciculteurs professionnels.

Cette dualité de la conception de la rizipisciculture est donc directement liée à la qualité de son intégration dans l'exploitation agricole et seule, une amélioration de l'aspect qualitatif de la rizipisciculture pourra entraîner une perception générale plus optimiste.

Les producteurs pourront jouer un rôle très important auprès de leurs clients rizipisciculteurs en tant que catalyseurs et diffuseurs de techniques améliorées. Ce rôle devra être appuyé par des actions de la CIRRH/Projet. Il serait peut-être utile de promouvoir une conception technique de la rizipisciculture différente de celle qui est actuellement vulgarisée et percue comme une activité marginale par la plupart des intéressés.

5. LES AGENTS DE VULGARISATION DE TERRAIN

5.1. Problématique

Les agents de vulgarisation s'attachant à promouvoir la rizipisciculture, se sont d'abord adressés au rizipisciculteur potentiel afin de diffuser les techniques améliorées et surtout pour annoncer l'approvisionnement en alevins se faisant par des cessions d'alevins produits dans les stations d'Etat.

Très vite, le suivi (plusieurs milliers de personnes) s'est avéré, sinon ardu, du moins impossible. Le moment privilégié de rencontre étant la vente d'alevins (seul bref moment où beaucoup de rizipisciculteurs sont réunis) en dehors duquel le suivi devait se faire par visite individuelle.

Avec l'installation des producteurs privés qui correspond à la réduction du nombre d'agents de terrain, la cible privilégiée de l'agent n'était plus le rizipisciculteur, mais bien le producteur privé. Une nouvelle dynamique devait être développée, ainsi l'agent de terrain n'étant plus le tâcheron du fait accompli (rizière empoissonnée), est devenu l'encadreur de petites entreprises qui, quoique petites, n'en restent pas moins assez complexes et requièrent une bonne qualification.

La mise en place d'un réseau de producteurs privés a donné de nouvelles attributions aux agents de terrain ; ces nouvelles attributions les ont fait passer d'un stade de spectateurs engagés à des fonctions beaucoup plus responsabilisantes où ils devaient démontrer leurs capacités. Contrairement au rizipisciculteur qui est un inconnu dans la masse, avec le producteur privé, l'agent de terrain a trouvé un champ d'application de ses connaissances.

5.2. La vulgarisation

Les services de vulgarisation se sont avant tout préoccupés de l'approvisionnement en alevins qui représente le premier frein au développement de la rizipisciculture. L'approvisionnement en alevins à partir des stations d'Etat ne permet pratiquement que très peu de suivi en amont et en aval de la vente.

L'installation d'un réseau de producteurs privés déplace l'action de la vulgarisation du niveau rizipisciculteur au niveau terrain couvert par les ventes du producteur (schéma). Contrairement au vulgarisateur, les rizipisciculteurs de son terroir sont bien connus du producteur. Ces relations préexistantes devraient permettre de créer une dynamique de formation rizipiscicole en amont, ce qui fait actuellement fortement défaut. L'action de vulgarisation passe donc du mode individuel à une dynamique de groupe axée sur l'existence du producteur. La CIRRH/Projet pourra appuyer cette dynamique de formation-vulgarisation par des séances de formation audio-visuelle.

Schéma I.: Développement de l'action de vulgarisation auprès des rizipisciculteurs au travers des producteurs privés.

A. faible potentiel de formation-vulgarisation de l'agent de terrain si les ventes ont lieu à partir des stations d'Etat

Schéma I.

B. développement d'un service à la clientèle en amont et en aval de la vente par le biais des producteurs privés

Schéma I.

On constate donc que l'action des agents de vulgarisation de terrain est centralisée chez les producteurs privés et peut comporter deux axes horizontaux. Le premier, interproducteurs privés, qui se développera au fur et à mesure que le réseau s'étoffera. Cet axe deviendra important pour améliorer la qualité générale des producteurs et reposera principalement sur la démonstration.

Le second axe horizontal sera inter-rizipisciculteurs ou plus précisemment inter-rizipisciculteurs-producteurs en tant que rizipisciculteurs. La qualité de la rizipisciculture chez les producteurs pourra servir de modèle de démonstration et se basera sur les relations privilégiées que le producteur entretiendra avec sa clientèle.

5.3. L'agent de vulgarisation de terrain

L'agent de vulgarisation est devenu un encadreur actif d'un réseau de petites entreprises. Son rôle ne peut plus se limiter à prodiguer des conseils techniques, il devra assurer un nouveau dynamisme de diffusion de la rizipisciculture de qualité.

L'action de l'agent de vulgarisation rayonnera principalement à partir des bases que sont les stations des producteurs privés ; ces bases pourront devenir outre des points d'approvisionnement en alevins, des lieux de démonstration-formation. Pour ce faire, l'agent de vulgarisation ne sera plus seul, mais bénéficiaire de l'appui des producteurs privés.

La réussite d'un tel programme dépendra de la capacité de l'agent à redistribuer son capital d'expérience et d'analyse, non plus d'individu à individu, mais plutôt à le redistribuer directement à des groupes, et même mieux, par le biais des producteurs ayant accès à des groupes.

Ceci constitue déjà un vaste programme de vulgarisation en aval de l'agent de vulgarisation. En amont, la formation et le suivi devront être assurés par les cadres du projet. Une des innovations de l'efficacité des agents de vulgarisation dûe à l'installation d'un réseau de producteurs consiste à la mise en pratique de nombreuses connaissances théoriques acquises au cours des formations. Cette nouvelle approche créative a enfin permis de développer le savoir-faire de l'agent, et a induit non seulement sa raison d'être en tant qu'agent, mais aussi sa responsabilisation. De plus, l'analyse de ses diverses expériences le confirmera dans sa conviction des normes théoriques, ce qui donnera plus de poids au message qu'il vulgarisera.

Nous avons appris que la valeur d'un agent de vulgarisation ne dépendait pas seulement de sa formation théorique, mais aussi de l'attrait du programme qu'il a à mettre en place.

6. LA PLANIFICATION

6.1. Problématique

La planification d'un programme de promotion d'une activité agricole est généralement confiée aux cadres. Dans notre cas, la promotion de la rizipisciculture devait se faire sur la base d'un programme de privatisation de production d'alevins.

La distribution des alevins à partir des stations d'Etat a permis une sensibilisation à grande échelle des rizipisciculteurs, cette phase ne pouvait être que transitoire, car économiquement, non viable. Bien que les coûts de production fussent satisfaisants, les coûts de distribution étaient prohibitifs. Il s'imposait donc d'installer de petites unités de production pouvant écouler leur production d'alevins, sans avoir recours au déplacement pour la vente.

Il reste toujours à définir une stratégie de diffusion de méthodes améliorées rizipiscicoles et même la cas échéant, de redéfinir ces méthodes améliorées.

6.2. Méthode mise en oeuvre

L'appui à la mise en place d'un réseau de producteurs comprend trois axes: la formation, le suivi, les services.

Les choix retenus pour la mise en pratique de ces trois axes sont pour:

Ces formes d'appui sont essentiellement d'ordre technique et s'adressent presque exclusivement aux producteurs. Il importe donc, d'une part de définir une nouvelle approche de la vulgarisation rizipiscicole, et d'autre part, de vulgariser des concepts de gestion d'entreprise aux producteurs.

6.3 La privatisation de la production d'alevins

L'appui à l'installation des producteurs après quelques tatônnements est assez satisfaisant.

Il importe pourtant de consolider les matériaux de formation tels que cours, fiches techniques et ceci, non seulement dans les domaines techniques, mais également dans les domaines gestionnels. La mise en place d'une équipe de terrain constituée par des responsables de zone est pertinente, car ces agents deviennent assez rapidement d'une bonne efficacité. A nouveau, des formations seront nécessaires pour améliorer leur performance et leur perception d'une vulgarisation-information de qualité.

Les services proposés par la CIRRH/projet sont présentés de tel sorte que leur accès se fait de manière didactique. Il faut veiller à ce qu'ils ne deviennent pas indispensables aux producteurs privés et gardent une fonction formative.

En général, l'option des producteurs privés est satisfaisante, mais requiert encore une phase d'appui de quelques années pour s'autogérer sans trop de risques.

6.4. Les rizipisciculteurs

En sachant que les rizipisciculteurs restent principalement des inconnus des services de vulgarisation, mais qu'ils deviennent les interlocuteurs privilégiés et généralement connus des producteurs privés, il faudra démontrer à ces derniers l'importance de leur rôle en tant qu'agents de formation et de démonstration. L'intégration des producteurs en tant que pivot de manifestation plus importante de formation (audio-visuelle) sera également un atout.

Il apparaît aujourd'hui que seule une action concertée entre producteur privé et agent de vulgarisation permettra un essor important de la rizipisciculture améliorée.

Cette phase finale de promotion de la rizipisciculture s'appuyant sur des sources d'approvisionnement en alevins indépendante sera progressive, mais reposera sur des acquis à long terme.

7. CONCLUSION ET RECOMMANDATION

De mon expérience au sein du projet, trois points d'approche dont l'importance s'est fortement dégagée sont rappelés ici:

Les recommandations portent respectivement sur :

Pour finir, il a été remarquable que l'objectif principal du projet à savoir : “la privatisation de la production d'alevins” a permis assez rapidement d'obtenir sans restriction l'adhésion de toute une équipe.

Le choix de l'objectif à atteindre, ainsi que les premiers résultats obtenus ont cautionné l'action du projet. Il répond assez justement par la privatisation à la promotion à long terme d'un secteur intéressant une large portion de la pofpulation rurale.

ANNEXE 1.

RECAPITULATIF DES RAPPORTS ET DOCUMENTS

Rapports semestriels:1.Mai 1989 - Mars 1990, 4 p.
2.Avril 1990 - Septembre 1990, 4 p.
3.Octobre 1990 - Décembre 1991, 7 p.
4.Rapport terminal - juin 1992, 15 p.

Comptes-rendus

Compte-rendu de la campagne de cession 1989/1990, 9 p.

Compte-rendu de la campagne de cession 1990/1991, 10 p.

Compte-rendu de la campagne de cession 1991/1992, 11 p.

Compte-rendu du suivi de l'élevage rizipiscicole et piscicole de la campagne 1989/1990,9 p.

Compte-rendu de la campagne des producteurs privés d'alevins 1989/1990, 21 p.

Compte-rendu de la campagne des producteurs privés d'alevins 1990/1991, 14 p.

Compte-rendu du voyage d'études en Hongrie du 18/05/90 au 01/06/90, 4 p.

Compte-rendu du voyage d'études aux Philippines du 25/07/91 au 07/08/91, 7 p.

Documents techniques

Etude de faisabilité d'une station privée de production d'alevins de carpe commune à Madagascar.
1ère partie: Etude fictive, 37 p.
Document technique No1 :

Etude de faisabilité d'une station privée de production d'alevins de carpe commune à Madagascar.
2ème partie : Etude réelle, 43 p.
Document technique N°2 :

Etude de faisabilité d'une station privée de production d'alevins de carpe commune à Madagascar.
1 ère partie : Etude fictive, 40 p., Nouvelle version (sous presse)
Document technique N°1

Manuel pour le développement de la pisciculture à Madagascar.
Document technique N°4 (participation à l'élaboration des fiches).

Maquette provisoire de support à la formation :

Divers



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