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2. ELEVAGE DE LA CARPE COMMUNE (suite.)

2.5. ALEVINAGE EN ETANG

2.5.1. GENERALITES

La réussite de la production massive d'alevins dépend essentiellement de deux types de facteurs : des facteurs de milieu et des facteurs humains.

Le succès de la production massive d'alevins de carpe commune ou carpillons dépend de deux types de facteurs. D'une part, des facteurs de milieu dont les principaux sont :
- une température optimale de 20 à 25°C ;
- une nourriture suffisante, aussi bien naturelle qu'artificielle ;
- une teneur en oxygène dissous élevée (≥ 5 mg/l) ;
- une absence de prédateurs, leur présence pouvant provoquer des pertes considérables ;
- de bonnes conditions climatiques (du mauvais temps, une chute brusque de température, des vents violents ou des grêles peuvent diminuer le taux de survie).
D'autre part, des facteurs humains, c'est-à-dire l'intervention de l'homme qui, par une organisation parfaite, garantit les conditions d'élevage optimales.
Les principaux facteurs humains sont :
- la planification : bien avant le début de la saison de production, il faut programmer la production d'alevins en fonction du besoin en alevins, autant pour le producteur lui-même que pour sa clientèle ;
- l'exécution du programme de production en respectant les normes techniques de la construction des étangs jusqu'à la récolte de poissons, en passant par les services de soutien comme l'entretien, la sécurité, l'approvisionnement et l'administration.
Voici les principales étapes des techniques de production massive de carpillons en étang de terre.
On commence par construire les étangs suivant les normes techniques (1). Ensuite, la plus importante étape est la préparation à sec des étangs (2). Après les avoir remplis à moitié, on y introduit les kakabans remplis d'oeufs et on fertilise l'eau pour favoriser la production d'aliments naturels (3). Un aliment artificiel supplémentaire est distribué (4). Selon les conditions de milieu et d'élevage et après une lutte systématique contre les prédateurs (5), des alevins de 3 à 4 cm pourront être récoltés 4 à 6 semaines après la mise sous eau de l'étang (6).

2.5.2. CONSTRUCTION D'UN ETANG D'ALEVINAGE

Les étangs d'alevinage destinés à recevoir les kakabans remplis d'oeufs doivent permettre le développement des oeufs mais également celui des larves et des post-larves. Ces dernières requièrent assez d'espace, de nourriture et de protection pour se développer rapidement.

Pour faciliter la gestion de l'alevinage, en particulier la mise en charge d'oeufs/larves, les étangs d'alevinage doivent avoir une superficie de 2,5 ares (= 250 m2) ou de 5 ares (= 500 m2).
Les étangs rectangulaires, par exemple 12,5 × 20 m (2,5 ares) ou 20 × 25 m (5 ares) sont pratiques, autant techniquement que pour la capture des alevins.
Un producteur d'alevins important peut construire des étangs d'alevinage de 10 ares, mais la gestion de ces étangs est plus compliquée, délicate.
Les étangs d'alevinage doivent avoir une hauteur d'eau d'au moins 60 à 100 cm : 60 cm sur le bas-fond et 100 cm sur le haut-fond. Cette profondeur est nécessaire, d'une part pour assurer suffisamment d'espace et d'aliments naturels, et d'autre part, pour éviter les prédateurs potentiels, surtout les oiseaux. Une hauteur moyenne d'eau entre 80 et 100 cm est considérée comme optimale.
Chaque étang d'alevinage doit avoir son tuyau d'alimentation d'eau, son tuyau de vidange et son tropplein, afin de faciliter la gestion d'eau de l'étang.
Chaque étang d'alevinage, comme tout étang de pisciculteur, est pourvu d'un canal de vidange pour faciliter la récolte des alevins et pour vidanger, assécher le bassin complètement.
On construit un canal de 20 à 40 cm de largeur de la digue en amont vers le point le plus bas de l'étang, en général du tuyau d'alimentation vers celui de vidange (= le point le plus bas de l'étang). La profondeur de ce drain est de 0 (côté amont) à 20–30 cm (côté aval).
Quel que soit le type de pêcherie utilisé (en amont ou en aval du tuyau de vidange), il est toujours pratique d'élargir le drain jusqu'à un carré de 100 × 100 cm (= 1 × 1m) juste devant le tuyau de vidange
(voir fiches 2.5.7.).

2.5.3. PREPARATION D'UN ETANG D'ALEVINAGE (1)

Une importante condition d'élevage est un milieu exempt de prédateurs. Les prédateurs aquatiques peuvent être évités par un assec et en plaçant un dispositif filtrant dans chaque étang. Quant aux prédateurs terrestres, ils sont à chasser à tout prix.

Comme les étangs de ponte, chaque étang d'alevinage doit être mis à sec pendant au moins 15 jours pour éliminer les parasites, les prédateurs aquatiques et pour accélerer la minéralisation du fond de l'étang.
Il faut le nettoyer, enlever toute végétation qui pourrait s'y trouver, réparer les fuites, crevasses ou affaissements éventuels et vérifier toutes les boîtes ou grillages de protection de l'entrée du trop-plein et de la sortie d'eau.
Pour empêcher tout prédateur aquatique dont les poissons carnivores, les insectes aquatiques et leurs larves, mais aussi les oeufs de grenouilles de s'introduire dans le bassin, chaque étang doit être pourvu d'un dispositif filtrant. Habituellement, on utilise des grillages comme des tôles trouées, des toiles moustiquaires fixées sur un cadre en bois ou encore des treillis en bambou ou des lianes tressées (cas A) (voir fiche 1.6.3).
Une boîte ou une caisse filtrante ou un panier posé à l'intérieur du bassin, au-dessous de l'alimentation d'eau peut également faire l'affaire (cas B).
Les grillages sont fréquemment nettoyés pour éviter qu'ils ne soient bouchés, empêchant l'eau d'entrer.
Pour éviter que les grillages ne se bouchent trop rapidement, on les place de façon oblique dans le canal d'alimentation d'eau.
Il est judicieux de poser un grillage à grosses mailles à l'entrée de la station pour éliminer les plus gros prédateurs et débris.
N'oubliez pas d'installer un grillage sur le tuyau de trop-plein, par exemple une boîte percée, pour empê cher les poissons élevés de quitter le bassin de manière prématurée.

2.5.3. PREPARATION D'UN ETANG D'ALEVINAGE (2)

Le pisciculteur profite de la période d'assec pour installer et préparer la compostière ainsi que pour labourer légèrement l'assiette du bassin.

Une semaine avant la mise sous eau de l'étang, on effectue un léger labour. A l'aide d'une pelle, on laboure avec précaution la couche supérieure (d'environ 5 cm d'épaisseur) de l'assiette de l'étang.
Ce labour facilite l'aération du sol et donc la minéralisation et empêche d'éventuels oeufs ou kystes, des ennemis d'oeufs et larves de se développer rapidement.
Un à deux jours avant la mise sous eau, il faut prévoir d'installer des piquets fourchus dans l'étang pour pouvoir y déposer les kakabans remplis d'oeufs.
Pour assurer une oxygénation optimale et par conséquent un taux d'éclosion élevé, les kakabans sont impérativement installés près de l'entrée d'eau.
La disposition et l'écartement des piquets sont les mêmes que ceux des étangs de ponte. On fait en sorte que les kakabans soient installés plus ou moins à 30 cm au-dessous de la hauteur d'eau optimale, c'està-dire au-dessous du niveau du trop-plein.
Pour fertiliser les étangs d'alevinage à moindre frais, le pisciculteur aménage une bonne compostière dans chaque étang.
Pour un étang de 2,5 ares, un rayon de l'enclos de 2 m suffit, tandis que pour un étang de 5 ares, cet enclos doit avoir un rayon de 3 m.
La construction et le remplissage de la compostière avec des résidus végétaux et des déjections animales sont décrits dans la fiche 1.5.3. (4).

2.5.3. PREPARATION D'UN ETANG D'ALEVINAGE (3)

Les soins apportés à la préparation des étangs d'alevinage sont primordiaux à la réussite d'une production massive d'alevins de carpes communes. Tous ces préparatifs ont pour but d'optimiser la production d'aliments naturels et de contrôler les ennemis des jeunes poissons.

Chaux agricole, sol argileux
pHnouvel étang
(kg/are)
ancien étang
(kg/are)
5 – 5,420 – 3010 – 15
5,5 – 5,910 – 205 – 10
6 – 6,55 – 102,5 – 5
≥700
Pour obtenir un pH optimal pour le développement d'aliments naturels (pH 6,5 à 8,5), on doit répartir une dose de chaux agricole ou de dolomie de façon homogène sur toute la surface de l'assiette du bassin avant le remplissage (voir fiche 1.5.3.(3)).
Voici à titre indicatif, les quantités des amendements de chaux agricole ou de dolomie pour des sols argileux. Pour des sols sableux, on peut doubler ces doses.
Le jour de la mise en pose des géniteurs dans l'étang de ponte, on commence par remplir le bassin d'alevinage. Quand l'étang est à moitié rempli, on ferme l'alimentation en eau en attendant le transfert des kakabans remplis d'oeufs.
Pour un étang construit suivant les normes, on dispose à ce moment d' une hauteur d'eau de 30 cm sur le bas-fond et il reste encore 30 cm pour obtenir la hauteur d'eau optimale.
Le jour de la mise sous eau de l'étang d'alevinage, quand celui-ci contient une lame d'eau d'environ 30 cm, on répand la dose de fond de l'engrais organique.
La quantité de fumier recommandée est de 10 à 20 kg par are. La quantité nécessaire pour votre étang est préalablement liquéfiée et bien aérée pendant au moins 24 heures (voir fiche 1.5.3.(5)). N'oubliez pas  de doubler la dose de fond si vous utilisez du fumier de bœuf chargé de litière.
Attention : le jour de la mise en eau du bassin d'alevinage correspond avec le jour de la mise en pose des géniteurs dans l'étang de ponte.

2.5.4. INCUBATION DES OEUFS

La mise sous eau de l'étang d'alevinage ne devrait être terminée qu'à la fin de la période d'incubation des oeufs, c'est-à-dire 3 à 4 jours après le transfert des kakabans.

Après la fertilisation des ovules, le développement embryonnaire ou incubation démarre. Ce développement est un processus rapide et ne prend que 2 à 4 jours suivant la température de l'eau (voir fiche 2.2.3. (2)). Pour assurer un taux d'éclosion optimal de 50 à 70%, il est nécessaire de prendre soin des oeufs tout au long de leur développement. Les principales conditions pour assurer l'éclosion des larves sont:
- un apport continu d'oxygène à haute concentration (taux d'oxygénation de 5 à 10 mg/l),
- une température de l'eau comprise entre 20 et 24°C,
- une eau pure, dépourvue de gros zooplanctons comme les copépodes et autres prédateurs invertébrés.
Les oeufs déposés sur les kakabans sont mis à incubation dans l'étang d'alevinage. Pour ce faire, les kakabans remplis d'oeufs sont retirés de l'étang de ponte et installés dans l'étang d'alevinage à l'endroit prévu à cette fin, c'est-à-dire juste avant l'alimentation en eau.
Rappelons qu'à présent, le bassin n'est rempli qu'à moitié.
Attention : pour faciliter la gestion des étangs, nous avons appelé le jour de transfert des kakabans (= le jour de ponte) le premier jour de l'alevinage (= jour 0).
La deuxième moitié de l'étang n'est remplie qu'une fois que les kakabans ont été transférés pour assurer un taux d'oxygène dissous optimal pendant toute la période d'incubation (3–4 jours).
Par exemple, pour terminer le remplissage d'un étang d'alevinage de 5 ares en 3 jours, il faut un volume de 500 m2 × 0,3 m = 150 m3 correspondant à un débit d'eau de 0,6 l/s. Pour un étang de 2,5 ares, ce débit est de 0,3 l/s. N'oubliez pas de rajouter à cette quantité d'eau le débit pour compenser les pertes par évaporation et infiltration (voir fiches 1.3.3.).
Attention : le manque d'oxygène diminue de façon considérable le taux d'éclosion et constitue l'une des principales causes de mortalité des œufs.

2.5.5. L'ELEVAGE LARVAIRE

Comme pour le développement des oeufs, l'élevage larvaire dans l'étang d'alevinage nécessite des soins particuliers, surtout pour assurer un taux d'oxygène dissous élevé ainsi que pour éviter et éliminer les prédateurs de larves.

Les larves n'éclosent pas toutes en même temps. En général, il faut quelques heures jusqu'à une demijournée pour que toutes les larves viables aient brisé l'enveloppe de l'oeuf. Une fois que toutes les larves sont sorties (3 à 5 jours après la mise en incubation), on peut retirer les kakabans. On secoue doucement les collecteurs d'oeufs avant de les enlever, ceci permettra aux larves qui s'y abritent de rester dans le bassin. Sur les kakabans enlevés, il ne reste que quelques oeufs blancs n'ayant pas terminé le développement embryonnaire et des débris d'enveloppes d'oeufs brisés.
Attention : n'oubliez pas de fermer l'entrée d'eau une fois que les larves commencent à éclore et que le bassin est entièrement rempli.
Jusqu'au stade de post-larve, la larve ne se nourrit qu'avec des réserves emmagasinées (voir fiche 2.2.2.).
Ceci n'empêche pas que les larves, comme les oeufs, requièrent des soins spéciaux, en particulier pour maintenir les bonnes conditions d'élevage comme :
- un taux d'oxygène dissous élevé, de préférence supérieur à 5 mg/l ;
- une température d'eau optimale (20–24°C) en évitant des changements de température brusques ;
- un milieu d'élevage exempt de prédateurs. 
Un autre soin important est la lutte contre les ennemis des oeufs et des larves comme les micro-prédateurs (gros zooplanctons) et les macro-prédateurs (insectes, larves d'insectes, têtards, poissons et grenouilles).
Rappelons que l'élevage larvaire se fait dans de l'eau stagnante. Une fois que le bassin est rempli, on ne fait rentrer de l'eau que pour compenser les pertes par évaporation et infiltration.

2.5.6. L'ELEVAGE DES POST-LARVES ET ALEVINS - GENERALITES - (1)

La production massive de jeunes poissons dans des étangs de terre est un système de production semi-intensif qui requiert une fertilisation optimale, une alimentation artificielle supplémentaire et une lutte ardue contre les ennemis des post-larves et alevins.

Comparés à leurs états antérieurs (développement embryonnaire et larvaire), les post-larves et les alevins ont besoin de plus de précautions et d'attention pour pouvoir survivre et grandir convenablement.
On estime que l'absence d'alimentation appropriée et la présence de prédateurs sont les principales causes de mortalité des jeunes poissons. En pratique, l'alevinage est une course contre la montre pour, d'une part, développer suffisamment de nourriture natu-relle au moment voulu et d'autre part, pour empêcher les prédateurs de se développer et de pénétrer dans le bassin.
L'élevage massif de post-larves et d'alevins est un système de production semi-intensif, basé sur une densité à la mise en charge élevée et une nourriture appropriée en quantité suffisante (voir fiches 1.5.3.).
Pour assurer une nourriture appropriée, le bassin est fertilisé de façon optimale afin de favoriser le développement d'aliments naturels riches en protéines et minéraux. Cette nourriture naturelle doit être complétée par une nourriture artificielle riche en protéines et en énergie.
Il est recommandé de n'élever les alevins de carpe commune qu'en monoculture en évitant également de mélanger les groupes d'âge différents.
La fertilisation optimale du bassin entraîne aussi des inconvénients contre lesquels le pisciculteur doit lutter.
Les principaux inconvénients sont : 
- la dégradation des conditions d'élevage, en particulier la diminution du taux d'oxygène dissous,
- le développement des ennemis des jeunes poissons dans ce milieu riche en nutriments.
C'est dans ce domaine que l'intervention de l'exploitant piscicole est déterminante pour la réussite de l'élevage massif d'alevins de carpe commune.

2.5.6. L'ELEVAGE DES POST-LARVES ET ALEVINS - FERTILISATION - (2)

Une fertilisation optimale d'un étang d'alevinage nécessite une fertilisation de base avec une compostière complétée par des épandages de fumure organique et aussi d'engrais chimiques.

2 à 3 jours après l'éclosion, quand les réserves de nourriture sont consommées aux trois quarts, les postlarves commencent la quête des aliments. Cette première nourriture doit être composée essentiellement de petits zooplanctons, c'est-à-dire de rotifères (voir fiche 2.2.2.).
Le développement de ces aliments naturels en quantité suffisante dépend des conditions d'élevage optimales (température, pH, etc…) et d'une fertilisation optimale.
La base de la fertilisation est la compostière qui doit être entretenue et aérée régulièrement, au moins une fois par semaine, par exemple chaque samedi (voir fiche 1.5.3.(4)).
Pour compléter la fertilisation, on doit épandre de la fumure organique et aussi des engrais chimiques.
Ces matières fertilisantes sont distribuées en une dose de fond et plusieurs doses d'entretien. Le jour de la mise sous eau de l'étang d'alevinage, on a répandu 10 à 20 kg de fumure organique (voir fiche 2.5.3.(3).
Le lendemain (= le jour de transfert de kakabans), on effectue l'épandage d'une dose de fond d'engrais chimiques, préalablement dilués : 0,75 kg d'urée/are et 0,5 kg de NPK 11–22-16/are.
Pour maintenir une bonne production d'aliments naturels, les doses d'entretien suivantes sont distribuées chaque semaine :
- 2,5 à 5 kg de fumier/are,
- 0,2 kg d'urée/are,
- 0,125 kg de NPK/are.
Pour éviter des taux d'oxygène dissous trop faibles, il est préférable de diluer et d'aérer pendant au moins 24 heures de la fumure organique et de la distribuer en deux fractions par semaine, à priori toujours les mêmes jours, par exemple chaque lundi et jeudi.
Le meilleur moment de la journée pour l'épandage est la fin de la matinée ou le début de l'après-midi quand le taux d'oxygène dissous de l'eau est élevé.
Quant aux engrais chimiques, ils sont administrés une fois par semaine, par exemple chaque lundi, en même temps que la fumure organique.

2.5.6. L'ELEVAGE DES POST-LARVES ET ALEVINS - FERTILISATION - (3)

Une importante activité pour garantir une fertilisation optimale est l'observation du développement planctonique. N'oubliez pas que les doses des amendements ne sont données qu'à titre indicatif et qu'il faut les adapter soit à la hausse soit à la baisse, si nécessaire.

Les doses des amendements de fond et d'entretien ne sont données qu'à titre indicatif. Les quantités d'engrais requises dépendent d'une part, de la fertilité de chaque bassin et d'autre part, de la qualité de la fumure organique (type de fumier et degré de pureté).
Il est indispensable de vérifier régulièrement le développement planctonique à l'aide d'un disque de Secchi et d'ajuster, si nécessaire, les doses des amendements
(voir fiche 1.5.3(7)).
En cas de sur-fertilisation (transparence inférieure à 25 cm), n'oubliez pas d'arrêter temporairement la fertilisation du bassin et d'ouvrir l'alimentation en eau pour obtenir à nouveau une transparence optimale de 25 à 40 cm.
Par la suite, on peut recommencer les amendements, mais en appliquant, dans un premier temps, des doses plus faibles.
En cas de sous-fertilisation (transparence supérieure à 40 cm), il faut augmenter les doses des amendements.
En général, on augmente d'abord la dose d'entretien de la fumure organique (moins onéreuse que les engrais chimiques) puis, si c'est nécessaire, les doses d'entretien chimique pour obtenir une transparence optimale (25 à 40 cm) indiquant une quantité d'aliments naturels optimale.
Attention : chaque site piscicole est unique, de même que chaque étang. Par conséquent, le besoin en matières fertilisantes est différent d'un étang à l'autre. C'est pour cela que les doses ne sont données qu'à titre indicatif.

2.5.6. L'ELEVAGE DES POST-LARVES ET ALEVINS - ALIMENT DE COMPLEMENT - (4)

Pour obtenir une bonne croissance et un taux de survie élevé, il faut compléter la nourriture naturelle en distribuant une nourriture artificielle supplémentaire aux jeunes poissons à partir de la 10è journée de l'alevinage.

Si au début de l'alimentation externe, les post-larves ont une bouche trop petite pour s'attaquer aux aliments artificiels, ceci n'est plus le cas après quelques jours de nourrissage optimal.
De ce fait et étant donné le désir d'obtenir une croissance rapide et un taux de survie élevé, le pisciculteur commence à distribuer une nourriture artificielle à partir du 10è jour d'alevinage (= 10 jours après la ponte). Rappelons qu' à ce moment, les post-larves auront environ 6–7 jours.
Pour habituer les jeunes poissons à l'aliment artificiel, on peut aussi commencer la distribution de cet aliment quelques jours plus tôt, par exemple à partir du 7ème jour de l'alevinage.
Les ingrédients que l'on peut utiliser pour la préparation d'une alimentation pour poissons sont :
- les sons (riz, blé, maïs …),
- les farines (manioc, maïs, taro, haricot, pois …),
- les tourteaux (arachide, soja, coton …),
- la farine de poissons.
Les jeunes poissons sont plus exigeants pour la qualité de l'aliment artificiel de complément que les géniteurs.
Il leur faut un aliment énergétique riche en protéines. 
La nourriture naturelle fournira le complément du besoin en protéines, vitamines et minéraux.
INGREDIENTSPROTEINES DIGESTIBLES (%)ENERGIE DIGESTIBLE (K cal/kg)
Son de riz5550
Son de blé101050
farine de manioc11650
maïs broyé71750
haricot211700
soja cru321800
tourteoux d'arachide391750
tourteaux de coton341500
tourteaux de soja532000
farine de poisson501500
Pour répondre aux exigences des jeunes carpes, il est recommandé de préparer un mélange avec 40–50% d'ingrédients riches en protéines (tourteaux et farine de poisson) et 50–60% de ceux riches en énergie (sons et autres farines1).
Voici un tableau indiquant le taux de protéines digestibles (en %) et la quantité d'énergie digestible des principaux ingrédients. Ce tableau permettra de choisir quels ingrédients utiliser par groupe en fonction de leur qualité, disponibilité et prix.
Attention : La composition chimique des ingrédients alimentaires est variable en fonction de l'endroit et du temps. Ces chiffres ne sont donnés qu'à titre indicatif.

1 Les farines des légumineux ne sont pas seulement riches en énergie mais aussi en protéines, en particulier le soja.

2.5.6. L'ELEVAGE DES POST-LARVES ET ALEVINS - ALIMENT DE COMPLEMENT - (5)

La nourriture artificielle ne doit pas seulement avoir une bonne composition chimique, mais elle doit aussi avoir une texture appropriée permettant aux jeunes poissons de la consommer.

L'aliment artificiel doit avoir une texture appropriée à la taille des jeunes poissons et à celle de leur bouche.
Durant les 14 premiers jours de nourrissage artificiel, c'est-à-dire du 7ème jour au 20ème jour de l'alevinage = 7 à 20 jours après la ponte), la taille des composantes du mélange doit être de 100 à 200 microns (= 0,1 à 0,2 mm). Pour la période de l'élevage qui reste (du 21ème au 42ème jour), une taille de 400 à 500 microns (= 0,4 à 0,5 mm) est acceptable.
Afin d'obtenir des aliments aussi fins, il suffit de piler les ingrédients trop gros un à un avant de les mélanger et de les tamiser à travers une maille correspondante à la taille des ingrédients désirés.
La partie des ingrédients trop gros qui est retenue dans le tamis, est pilée à nouveau ou récupérée pour l'alimentation artificielle des géniteurs.
La ration journalière de nourriture est habituellement donnée, en, au moins, deux fractions égales pour augmenter la consommation et la digestion de cette nourriture artificielle.
Les périodes de nourrissage d'alevins sont les mêmes que celles des géniteurs : la première moitié est distribuée le matin entre 9 et 10 heures quand la température de l'eau commence à se réchauffer. La deuxième moitié vers la fin de l'après-midi entre 16 et 17 heures quand la température de l'eau n'est plus trop chaude (voir fiche 2.4.3 (8)).
La nourriture artificielle est distribuée en la semant en quelques endroits fixes indiqués par des piquets.

2.5.6. L'ELEVAGE DES POST-LARVES ET ALEVINS - ALIMENT DE COMPLEMENT - (6)

La quantité d'aliment distribuée journalièrement en deux fractions doit être ajustée en fonction de l'appétit et du comportement des poissons observés.

La quantité d'aliment artificiel à distribuer journalièrement dépend du nombre de jeunes carpes présents dans le bassin et de leur poids moyen. S'il n'est pas difficile de connaître le poids moyen, on ne connaîtra jamais le nombre exact des post-larves ou alevins au cours des différents stades de développement.
Le tableau ci-contre indique, pour les pisciculteurs débutants, les quantités d'aliment de complément à  distribuer journalièrement dans des étangs d'alevinage de 2,5 et 5 ares. Notons que la dose va de 0,25 kg/jour (7ème jour) à 1,00 kg/jour (à partir de la 35ème journée).
Ces quantités d'aliments doivent être adaptées en fonction du nombre de jeunes poissons et l'évaluation de leur poids moyen. Ce n'est qu'en observant les poissons que l'on peut savoir si la quantité de nourriture artificielle est suffisante ou non.
Au début, le nombre de post-larves à nourrir peut être estimé à partir :
- de la quantité d'oeufs pondus ; celle-ci peut être vérifiée en observant le taux de remplissage en oeufs des kakabans,
- du taux d'éclosion ; ceci peut être vérifié en observant le nombre de mauvais oeufs (= œufs blancs) sur les kakabans retirés des étangs.
Par la suite, la ration journalière est ajustée en fonction de l'appétit observé (voir fiche 2.4.3.(8)).
En règle générale, quand les jeunes poissons grandissent plus vite que d'habitude et que tout l'aliment n'est pas consommé, ils sont peu nombreux et il faut diminuer la quantité d'aliment.
Au contraire, dans un bassin bien fertilisé, quand les juvéniles grandissent moins vite que d'habitude et  que tout l'aliment est consommé rapidement, ils sont très nombreux et il faut augmenter la ration.
Si toutes ces consignes sont bien appliquées, on peut disposer d'alevins de 3–4 cm de longueur après 5 à 6 semaines d'élevage et il est temps de les retirer du bassin.

2.5.6. L'ELEVAGE DES POST-LARVES ET ALEVINS - CONTROLE DES PREDATEURS - (7)

Il ne suffit pas d'assurer une alimentation appropriée en quantité suffisante pour réussir l'élevage d'alevins, il faut également assurer un taux de survie élevé en luttant de façon permanente contre les ennemis des jeunes poissons.

Pour lutter efficacement contre les ennemis aquatiques des oeufs, larves et jeunes poissons, il ne faut remplir le bassin d'alevinage que le jour de la mise en pose des géniteurs (= jour -1). En respectant cette règle de base et à condition de disposer de géniteurs bien mâtures, le pisciculteur peut installer les kakabans remplis d'oeufs dès le lendemain dans l'étang  d'alevinage (= jour 0). Ainsi, le développement du plancton (1er aliment des post-larves) et de la faune aquatique évolue de façon synchronique avec le développement des jeunes poissons et ceux-ci seront toujours suffisamment grands.
Attention : les jeunes carpes sont les prédateurs et les prédateurs potentiels sont devenus proies.
Si cette règle de base n'est pas respectée, c'est-à-dire si l'étang est rempli quelques jours avant l'obtention de la ponte, le développement des planctons et de la faune aquatique est en avance sur le développement des jeunes poissons et ceux-ci auront toujours un retard important sur leurs prédateurs aquatiques potentiels.
Attention : dans ce cas, les prédateurs potentiels deviennent des prédateurs réels et les jeunes carpes sont devenues leur proie.
Même en respectant cette règle de base, l"attention et les soins apportés à la lutte contre les ennemis des oeufs, larves et jeunes poissons sont déterminants pour la survie des alevins.
Tous les jours, en particulier durant les premières semaines de l'élevage, il faut contrôler et vérifier les étangs plusieurs fois par jour quant à la présence d'oeufs de grenouilles, de têtards, d'insectes aquatiques et leurs larves et les enlever aussitôt.
Il faut également effrayer ou encore mieux, chasser les oiseaux pêcheurs de poissons : épouvantails, banderoles, clochettes, pièges, catapulte, etc…

2.5.6. L'ELEVAGE DES POST-LARVES ET ALEVINS - RECAPITULATIF - (8)

Une bonne organisation et surtout une bonne synchronisation entre les activités de chaque type d'étang, en particulier entre l'étang de ponte et l'étang d'alevins sont nécessaires. L'étang d'alevinage est un facteur clé pour assurer une bonne production.

Ci-après un récapitulatif des principales activités : environ 30 jours avant la reproduction (= jour -30), on commence les préparations à sec des étangs de ponte et d'alevinage.
La veille de la mise sous eau de l'étang d'alevinage (= jour -2), on remplit l'étang de ponte et on applique l'amendement de chaux pour l'étang d'alevinage.
Attention : rappelons que le décomptage et le comptage se font à partir du jour 0 qui est défini comme le jour du transfert des kakabans remplis d'œufs de l'étang de ponte vers l'étang d'alevinage.
Le lendemain (=jour-1), on remplit l'étang d'alevinage que l'on fertilise aussitôt (dose de fond : fumier). A la fin de l'après-midi de cette même journée, on sélectionne les géniteurs qui sont mis en pose dans l'étang de ponte. Ainsi, le jour de mise en pose, on commence à remplir l'étang d'alevinage (= jour -1). L'après-midi suivant (= jour 0), on retire les kakabans remplis d'oeufs fertilisés pour les installer dans l'étang d'alevinage que l'on continue à fertiliser (dose de fond engrais chimique).
A ce moment, l'étang d'alevinage bien préparé à sec est dépourvu de copépodes carnivores et d'autres prédateurs potentiels.
L'éclosion des premiers oeufs a lieu 2 à 4 jours après le transfert des kakabans et les premiers post-larves commencent à chercher de la nourriture 2 à 4 jours plus tard, c'est-à-dire 6 à 8 jours après la mise sous eau de l'étang d'alevinage.
Cette période est suffisamment longue pour permettre aux plus petits organismes zooplanctoniques (les rotifères) de se développer et de se multiplier. Cette excellente nourriture naturelle est aussitôt consommée en grande quantité par les post-larves.
Une fertilisation optimale permettra le développement, quelques jours plus tard, des plus gros zooplanctons qui sont consommés par les jeunes poissons ayant à présent une bouche assez grande.

2.5.7. VIDANGE D'UN ETANG D'ALEVINAGE (1)

1 à 2 jours avant la vente d'alevins, il faut pêcher les alevins et les conditionner dans un dispositif de stockage. La manipulation des alevins se fait avec soin et précaution.

1 à 2 jours avant chaque vente d'alevins, il faut les pêcher. Plusieurs pêches partielles sont réalisées pour satisfaire les premières commandes.
La meilleure façon de pêcher les alevins est l'utilisation d'un filet senne spécialement fabriqué à cette fin (voir fiche 1.6.4 (8)). A défaut, on peut utiliser un morceau de toile moustiquaire ou de jute ou encore une simple épuisette.
Attention : La récolte d'alevins se fait toujours tôt le matin quand l'eau est encore fraîche.
Aussitôt après la pêche partielle, les alevins sont placés dans un dispositif de stockage, où ils sont conditionnés pendant 1 à 2 jours. Le conditionnement des alevins avant les cessions est très important pour éviter des mortalités au cours du transport, essentiellement dûes à la manipulation lors des pêches. De plus, après 1 à 2 jours de jeûne, les alevins auront vidé leurs intestins, ce qui les empêche de salir l'eau pendant le transport (manque d'oxygène !).
Le conditionnement des alevins qui facilitera le transport de façon significative est un important service rendu à la clientèle.
Un hapa installé au-dessous de l'entrée d'eau dans un des étangs de ponte est le meilleur dispositif de stockage mais peut être remplacé pour des stockages d'un nombre d'alevins restreint et de courte durée (maximum 1 journée) par un panier (voir fiches 1.6.4 (12 et 13)).

2.5.7. VIDANGE D'UN ETANG D'ALEVINAGE (2)

Pour faciliter les pêches partielles, on peut diminuer le niveau d'eau du bassin de 10 à 30 cm, mais lorsqu'il devient difficile de pêcher des alevins avec un filet senne ou avec une épuisette, on procède à la vidange totale du bassin.

Comme pour les pêches d'alevins, les ventes sont également organisées tôt le matin. Il est à présent très facile de capturer plusieurs centaines d'alevins dans le dispositif de stockage avec une simple épuisette et les déposer aussitôt dans une bassine remplie d'eau propre.
De ce récipient, on compte le nombre d'alevins commandé par le client à l'aide d'une passoire à thé ou d'une petite épuisette préparée pour la manipulation et le comptage des alevins (voir fiche 1.6.4 (9)).
Attention : le comptage des alevins se fait toujours à l'ombre pour éviter une augmentation inutile de la température de l'eau du récipient de comptage et par conséquent, une augmentation de la consommation d'oxygène.
Pour faciliter les pêches partielles ou intermédiaires, on peut diminuer le niveau d'eau de l'étang d'alevinage.
Quand il devient également difficile de pêcher les alevins avec le niveau d'eau baissé, on procède à la vidange complète de l'étang et la récupération de tous les alevins encore présents (cas A).
Une caisse de vidange spécialement conçue et préparée pour la récolte des alevins est installée à l'extrémité du tuyau de vidange (cas B). De cette manière, il est relativement simple de récolter tous les alevins sans trop de manipulation et en les gardant en  permanence en contact avec l'eau (voir fiche 1.6.4.(11)).
La chasse aux alevins dans des eaux boueuses dépourvues d'oxygène dissous doit être évitée à tout prix. N'oubliez pas qu'un alevin mort est un alevin perdu.
Un drain bien construit et entretenu après chaque vidange permettra de vidanger complètement le bassin en récupérant pratiquement tous les alevins dans ce drain et par conséquent, dans le dispositif de vidange, qu'il soit placé avant ou derrière le tuyau de vidange.
Attention : l'investissement dans de l'équipement professionnel comme un filet senne, un hapa ou des épuisettes, est largement récupéré par la diminution de la mortalité lors des pêches et ventes.

2.5.8. RENDEMENT D'UN ETANG D'ALEVINAGE

Dans un étang d'alevinage aménagé, empoissonné, fertilisé, alimenté et contrôlé suivant les normes, un pisciculteur débutant peut espérer un rendement d'environ 2.000 alevins par are tandis qu'un pisciculteur confirmé obtiendra au moins 5.000 alevins par are.

On a vu qu'un géniteur femelle bien mature disposant de 100.000 à 200.000 ovules dormants par kg de poids corporel pouvait déposer 70.000 à 140.000 œufs sur les kakabans. Pour la suite de nos calculs, nous retenons la valeur minimale, c'est-à-dire 70.000 œufs pondus par kg de poids corporel du géniteur femelle.
Si le taux d'éclosion varie de 0 à 70%, un bon pisciculteur peut espérer un taux d'éclosion de 50% :
50/100 × 70.000 = 35.000 larves

En fonction des conditions de l'élevage larvaire, 50 à 70% de ces larves arrivent au stade post-larve :
50 à 70/100 × 35.000 = 17.500 – 24.500 post-larves par kg de poids corporel du géniteur femelle.
Le rendement d'un étang d'alevinage de 2,5 ares empoissonné suivant la norme technique est calculé pour un pisciculteur débutant :
- poids corporel du reproducteur femelle : 2 kg
- nombre de larves : 2 × 35.000 = 70.000
- taux de survie : 50%
- nombre de post-larves : 50/100 × 70.000 = 35.000
- taux de survie : 15%
- nombre d'alevins : 15/100 × 35.000 = 5.250
- rendement : 5.250 : 2,5 = 2.100 alevins/are.
Ainsi, un pisciculteur débutant peut espérer récolter au moins 2.000 alevins par are de bassin d'alevinage. Notons que le pourcentage de survie des larves et des post-larves est respectivement de 50 et 15%.
Le rendement d'un étang de 5 ares empoissonné suivant la norme technique est calculé pour un pisciculteur confirmé :
- poids corporel des reproducteurs femelles : 2 kg
- nombre de larves : 4 × 35.000 = 140.000
- taux de survie : 70%
- nombre de post-larves : 70/100 × 140.000 = 98.000
- taux de survie : 25%
- nombre d'alevins : 25/100 × 98.000 = 24.500
- rendement : 24.500 : 5 = 4.900 alevins/are.
Ainsi, un pisciculteur confirmé peut obtenir un rendement d'environ 5.000 alevins/are. Cette performance est basée sur un taux de survie des larves et post-larves respectivement de 70 et 25%.

2.6. GROSSISSEMENT EN ETANG

2.6.1. CONSTRUCTION ET PREPARATION D'UN ETANG DE GROSSISSEMENT

La production de poissons marchands appelé aussi grossissement se fait dans des étangs relativement grands de 5 à 10 ares ou plus. Cela requiert une préparation à sec identique à celle des étangs d'alevinage.

La production de poissons marchands se fait habituellement dans des étangs rectangulaires de 5 à 10 ares ou plus, ayant une profondeur identique à celle des étangs de géniteurs, c'est-à-dire d'au moins 80 cm à 120 cm. Les étangs d'alevinage du producteur d'alevins sont également de bons étangs pour élever des poissons marchands.
Chaque étang est pourvu d'un dispositif d'entrée et de vidange, ainsi que d'un trop plein et d'un canal de drainage.
Attention : évitez de construire des étangs inférieurs à 2,5 ares car le rapport investissement/bénéfice n'est plus favorable.
La préparation d'un étang de grossissement est identique à celle d'un  étang d'alevinage :
- mise à sec d'au moins 15 jours (1) ;
- nettoyage et réparation (2) ;
- installation des dispositifs filtrants à l'entrée et à la sortie d'eau (3) ;
- léger labour (4) ;
- installation d'une ou de plusieurs compostières (5).
(voir fiches 2.5.3.).
Pour obtenir un milieu d'élevage optimal pour la production de nourriture naturelle, il faut amender le fond de l'étang avec une dose de chaux - de la chaux vive si disponible - et à défaut, de la chaux agricole ou de la dolomie. Les doses sont celles du chaulage d'un étang d'alevinage (voir fiche 2.5.3.(3)).
Avant la mise sous eau, il faut également remplir la compostière (voir fiche 2.6.3.).
La préparation à sec de l'étang de grossissement et les soins y apportés sont déterminants pour la réussite de la production de poissons de consommation.

2.6.2. MISE EN CHARGE

La saison de croissance de la carpe commune sur les Hautes-Terres malgaches s'étale de début septembre à fin mai. Les étangs de grossissement sont empoissonnés dès que possible avec une densité de 50 ou 100 alevins d'au moins 2 à 4 cm par are.

Quand la préparation à sec est terminée, on peut procéder à la mise sous eau du bassin. Pour un empoissonnement avec des alevins de 2–4 cm, un délai de remplissage relativement court de 3–4 jours est recommandé (voir fiche 1.3.2.(2)). Ainsi, 3–4 jours avant la date prévue pour la mise en charge, on commence le remplissage du bassin.
Avant la mise sous eau, on calcule le délai de remplissage en fonction du débit d'eau du canal d'amenée, du volume de l'étang et des pertes d'eau estimées
(voir fiches 1.3.2.).
En fonction de la température, la saison de croissance de la carpe commune sur les Hautes-Terres à Madagascar s'étale de début septembre à fin mai quand la température journalière moyenne de l'eau est supérieure à 16–18°C.
Les alevins sont commandés préalablement (au mois d'août) chez le producteur privé d'alevins de la région.
Quant au producteur privé d'alevins, il sélectionne bien évidemment les plus gros et plus beaux alevins de sa propre production pour son élevage de poissons marchands.
Le jour prévu pour la mise en charge et quand l'étang est rempli ou presque rempli, on achètera les alevins chez le producteur privé d'alevins.
La densité de mise en charge recommandée est de 50 de 2 à 4 cm par are pour des étangs piscicoles bien aménagés et fertilisés. On peut empoissonner le bassin avec une densité plus forte, c'est-à-dire 100 alevins par are, à condition de prévoir en plus de la fertilisation une alimentation complémentaire.
Le transport des alevins entre son étang et le site de production d'alevins est expliqué dans les fiches 3.7.

2.6.3. FERTILISATION

La production de poissons de consommation est, comme pour les élevages de géniteurs et d'alevins, basée sur une fertilisation optimale afin d'obtenir une production optimale de nourriture naturelle.

La production de poissons de consommation est, comme pour les élevages de géniteurs et d'alevins, fondée sur la fertilisation optimale de l'étang avant de recourir à l'alimentation supplémentaire.
La base de toute fertilisation d'un étang piscicole est la compostière. Une compostière bien remplie et bien entretenue (voir fiches 1.5.3.) fertilise de façon adéquate et à peu de frais l'étang piscicole de terre.
La compostière est complétée par une fumure organique. Il n'est pas nécessaire d'utiliser des engrais minéraux dont les prix prohibitifs ne sont pas justifiés pour accélérer le développement planctonique.
La dose de fond recommandée est de 10 à 20 kg de fumier par are. Si l'on dispose de fumier de bœuf mélangé à la litière, on peut doubler cette dose. La dose de fond est appliquée pendant le remplissage de l'étang dès que celui-ci est rempli à moitié.
La fertilisation optimale du bassin est maintenue par une dose d'entretien de 2,5 à 5 kg de fumier par are et par semaine. Cette dose est distribuée en deux fractions qui sont, de préférence, appliquées des jours fixes (p.e. tous les lundis et jeudis). N'oubliez pas de liquéfier et d'aérer, au moins pendant 24 heures, le fumier avant de le répandre sur toute la surface de l'étang (voir fiche 1.5.3.(5)).
Attention : les doses de fond et d'entretien ne sont données qu'à titre indicatif. Habituez-vous à vérifier tous les jours la fertilisation de votre étang (voir fiche 1.5.3.(7)) et si nécessaire à ajuster les doses de matières fertilisantes. 

2.6.4. ALIMENTATION SUPPLEMENTAIRE

En complément de la nourriture naturelle, un aliment artificiel est distribué tous les jours, à la même heure et au même endroit. La quantité journalière de cette provende dépend du nombre de poissons et de leur poids moyen.

Les poissons en grossissement à une densité de 100 poissons par are doivent recevoir une alimentation artificielle, en complément des aliments naturels produits par l'étang.
On peut les nourrir avec un ingrédient (p.e. du son de riz ou du maïs), mais un mélange de plusieurs ingrédients est préférable. La provende utilisée pour le grossissement doit être riche en énergie (voir fiche 2.5.6.(4)). Mais surtout, elle ne doit pas coûter plus de 250 à 300 Fmg/kg1 afin d'assurer la rentabilité du grossissement.
Attention : en utilisant des ingrédients cultivés par soi-même, on améliore encore la rentabilité de la provende .

MoisDose
g/are/j)
aliment par jour
5 ares10 ares
1550,28 kg0,55 kg
2750,38 kg0,75 kg
31000,5 kg1,0 kg
41400,7 kg1,4 kg
51900,95 kg1,9 kg
62501,25 kg2,5 kg
73201,6 kg3,2 kg
84002,0 kg4,0 kg
La quantité d'aliment artificiel à distribuer par jour dépend du poids moyen des poissons et de leur nombre (voir fiche 1.5.3.(10)).
Ci-contre, nous avons calculé la dose d'aliment à distribuer par are et par jour, ainsi que la quantité pour un étang de 5 et de 10 ares. Ces quantités sont calculées à base d'une croissance et d'un taux de survie moyen pour une période d'élevage de huit mois (octobre à mai) avec une provende de qualité moyenne2. La ration journalière est ajustée en fonction des observations faites lors de la distribution de l'aliment de complément (voir fiche 2.4.3.(8)).

L'aliment est distribué tous les jours à la même heure  et au même endroit sur le haut-fond de l'étang pour habituer les poissons élevés. Les meilleures périodes pour nourrir sont, soit le matin entre 9 et 10 h, soit l'après-midi entre 16 et 17h. L'endroit de nourrissage est indiqué par un piquet ou encore mieux, on distribue l'aliment dans un cadre flottant fixé à un piquet.
Attention : pour obtenir une meilleure croissance, on distribue la ration journalière en deux fractions égales dont l'une le matin et l'autre l'après-midi.

1- prix campagne 1990–1991

2- ⅔ de son de riz et ⅓ de tourteau d'arachide

2.6.5. VIDANGE D'UN ETANG DE GROSSISSEMENT

A la fin de la saison de croissance, quand la température de l'eau diminue au-dessous de 16–18°C, on vide l'étang de grossissement. Le producteur privé d'alevins sélectionne les meilleurs sujets comme futurs géniteurs, les autres sont vendus et/ou consommés.

Quand la température de l'eau descend au-dessous de 16–18°C (fin mai-début juin), les poissons ne grossissent presque plus. Il est temps de vidanger l'étang et de récupérer tous les poissons.
Avant de vidanger l'étang, on informe les clients potentiels du jour de vidange pour qu'ils puissent se rendre sur le lieu d'élevage pour acheter les poissons bien frais.
La veille du jour de vidange, on commence déjà à diminuer le niveau d'eau de l'étang afin qu'on puisse le vider complètement le lendemain. La vidange se fait tôt le matin quand la température est encore fraîche.
Etant donné que les poissons de consommation sont trop grands pour traverser le tuyau de vidange, ils sont pêchés devant le dispositif de vidange dans le canal de drainage élargi pour cette activité (voir fiche 1.2.9.(3)).
Attention : si l'eau de cette pêcherie en amont devient trop boueuse, on fait rentrer un peu d'eau propre bien oxygénée du canal d'alimentation.
Après la récolte, tous les poissons sont pesés rapidement, permettant d'analyser les résultats de grossissement aussi bien techniques que financiers.
Par la suite, les poissons sont, soit vendus aux clients, soit retenus pour la consommation du pisciculteur et de sa famille. Les exploitants piscicoles producteurs d'alevins choisiront d'abord les plus beaux sujets pour les conserver comme prégéniteurs pour des reproductions futures.

2.6.6. RENDEMENT D'UN ETANG DE GROSSISSEMENT

Dans un étang de grossissement aménagé, fertilisé et empoissonné suivant les normes ainsi qu'avec une alimentation journalière des poissons, on peut obtenir un rendement piscicole de 16 kg/are/8 mois, soit 2,4 t/ha/an.

Dans un étang piscicole empoissonné avec 50 alevins par are et fertilisé suivant les normes, c'est-à-dire 95 kg de fumier par are et par 8 mois, le pisciculteur peut espérer un rendement de 8 kg/are/8 mois ou à base annuelle de 12 kg/are/an, soit 1,2 t/ha/an.
Ainsi, pour chaque lot de 50 alevins déversés initialement, on récoltera 40 poissons de 200 g. De notre étang de 5 ares empoissonné avec 5 × 50 = 250 alevins, on récoltera 200 poissons pour un poids total de 200 × 0,2 kg = 40 kg.
Un rendement plus important peut être obtenu avec une mise en charge de 100 alevins par are et une alimentation supplémentaire. En 8 mois d'élevage, un étang bien fertilisé et alimenté - c'est-à-dire 47 kg de provende/are/8 mois - peut atteindre un rendement de 16 kg de poissons/are/8 mois ou calculé à base annuelle 24 kg/are/an, soit 2,4 t/ha/an.
Ainsi, pour chaque lot de 100 alevins déversés initialement, on récoltera 80 poissons de 200 g. De notre étang de 5 ares dans lequel on a déversé 5 × 100 = 500 alevins, on récoltera 400 poissons pour un poids total de 400 × 0,2 kg = 80 kg.
Rappelons que dans le dernier cas, la production s'est accrue puisque la quantité de nourriture disponible a été augmentée considérablement. En effet, en plus de la nourriture naturelle, les poissons ont pu disposer d'un aliment artificiel de complément, ce qui a permis d'augmenter également le nombre de poissons élevés.
Le niveau de l'augmentation de la production dépendra aussi de la qualité de l'aliment artificiel. Plus la qualité est bonne, plus les poissons grandissent. En revanche, en général, plus la qualité est bonne, plus chère sera la provende.

2.6.7. BILAN FINANCIER

Avec un bon savoir-faire piscicole et une bonne gestion, le pisciculteur peut obtenir une rentabilité par unité de surface de 16.925 Fmg par are d'étang aménagé, empoissonné, fertilisé et alimenté suivant les normes contre 11.825 Fmg par are sans aliment de complément.

Evaluation économique d'un étang piscicole de terre fertilisé et  empoissonné à une densité de 50 alevins par are (unité de 5 ares, valeur en Fmg1) :
Charges
- alevins:250 alevins × 30=7.500
- fumier:475 kg × 25=11.875
- autres:=1.500
Total des charges20.875
Revenus
- poisson:40 kg × 2.000=80.000
Marge brute59.125

De même, pour le même étang fertilisé, alimenté et empoissonné à 100 alevins par are :
Charges
- alevins:500 alevins × 30=15.000
- fumier:475 kg × 25=11.875
- provende:235 kg × 2002=47.000
- autres:=1.500
Total des charges75.375
Revenus
- poisson:80 kg × 2.000=160.000
Marge brute84.625
Cette évaluation économique démontre clairement que la rentabilité du grossissement avec alimentation supplémentaire dépend du prix du poisson au marché, mais surtout du prix de l'aliment de complément. Par exemple, si vous pouvez vendre tous vos poissons à 2.500 Fmg au lieu de 2.000 Fmg/kg, votre bénéfice augmentera de 40.000 Fmg par étang de 5 ares (= 47%). Au contraire, si votre aliment vous coûte 300 Fmg le kg, votre bénéfice diminuera de 23.500 Fmg (= 28%), mais surtout il sera pratiquement identique à celui obtenu sans provende, ce qui ne justifie donc plus le surplus de travail pour l'alimentation de complément sans parler du surplus de risques.

1- prix campagne 1990–1991

2- ⅔ de son de riz à 120 Fmg/kg et ⅓ de tourteau d'arachide à 480 Fmg/kg.

2.7. STATION TYPE D'UN PRODUCTEUR PRIVE D'ALEVINS

2.7.1. DIMENSIONNEMENT D'UNE STATION TYPE (1)

Le dimensionnement d'une station piscicole type productrice de 100.000 alevins en année de croisière est calculé. Pour assurer cette production, il faut 20 ares d'étang d'alevinage, soit 8 étangs de 2,5 ares, soit 4 étangs de 5 ares.

Le dimensionnement d'une station piscicole rurale productrice d'alevins se fait à partir de la production d'alevins. On a appris dans la fiche 2.5.8. qu'un pisciculteur confirmé peut obtenir, sans trop de difficultés, un rendement de 5.000 alevins par are.
Ainsi, une ferme rurale ayant une production de 100.000 alevins en année de croisière requiert une superficie totale en étang d'alevinage de : 100.000 alevins : 5.000 alevins/are = 20 ares.
A présent, après avoir pris connaissance de la technique de production d'alevins, on peut calculer la surface d'un bassin d'alevinage. Cette surface est calculée à partir d'une densité optimale de post-larves au début de l'alevinage de 20.000 par are. Sachant qu'un géniteur femelle d'environ 2 kg produit plus ou moins 50.000 post-larves (voir fiche 2.5.8.), on peut calculer la surface pour les œufs d'une femelle :
50.000 post-larves : 20.000 post-larves/are = 2,5 ares.
Pour faciliter la gestion d'une station piscicole productrice d'alevins, on utilise soit des étangs de 2,5 ares (tous les œufs d'une femelle de 2 kg) soit de 5 ares (tous les œufs de deux femelles de 2 kg).
Le nombre d'étangs d'alevinage nécessaire pour assurer la production de 100.000 alevins par campagne est calculé comme suit :
20 ares : 5 ares = 4 bassins

                        ou

20 ares : 2,5 ares = 8 bassins.

Donc, l'exploitant. piscicole doit disposer, soit de 4 étangs de 5 ares, soit de 8 étangs de 2,5 ares. D'autres configurations comme, par exemple, 2 bassins de 5 ares et 4 de 2,5 ares, sont aussi possibles.

2.7.1. DIMENSIONNEMENT D'UNE STATION TYPE (2)

Pour produire 100.000 alevins par campagne, on a besoin d'une superficie sous eau de 26,6 ares dont 0,6 are pour la mise en pose, 6 ares pour l'élevage de géniteurs et 20 ares pour l'alevinage.

La mise en charge de 8 bassins de 2,5 ares requiert : 8 × 1 femelle = 8 femelles d'environ 2 kg chacune, et par conséquent 16 mâles. Pour toute sécurité, il est prudent de garder une marge de manœuvre et de prévoir 4 géniteurs femelles et 8 mâles en réserve, ce qui amène le total à 12 femelles et 24 mâles, soit une biomasse maximale de 12 × 2,5 kg = 30 kg pour les femelles et 60 kg pour les mâles.
En retenant une densité de stockage de 10 kg pour les femelles et de 20 kg pour les mâles, les étangs de géniteurs doivent avoir une superficie de 30 kg : 10 kg/are = 3 ares pour les femelles et de 60 kg : 20 kg/are = 3 ares pour les mâles.
Quant à la mise en pose, on a vu qu'il fallait deux étangs de ponte de 30 m2 chacun (voir fiche 2.4.4.).
Les étangs de ponte sont également utilisés, durant la campagne de vente d'alevins, comme étangs de stockage et de conditionnement d'alevins.
La superficie totale des deux étangs de ponte est donc de 2 × 30 m2 = 6 m2, soit 0,6 are.
En récapitulant, notre station rurale productrice de 100.000 alevins - en année de croisière - dispose de :
- 2 étangs de géniteurs :    2 × 3 ares =    6,0 ares
- 2 étangs de ponte :          2 × 0,3 are =   0,6 are
- 4 étangs d'alevinage :    4 × 5 ares =     20,0 ares
               superficie totale :                    26,6 ares.
Pour pouvoir construire une station piscicole ayant une surface sous eau de 26,6 ares, il faut un site d'au  moins 30 ares de terrain piscicole et un débit en eau de 3 l/s pendant la période de l'étiage (voir fiche 1.3.2.(6)).

2.7.2. BILAN FINANCIER D'UNE STATION TYPE (1)

Une évaluation économique simplifiée d'une station type produisant 100.000 alevins en année de croisière est réalisée. Dans ces calculs, nous ne tenons pas compte du revenu de grossissement dans les étangs d'alevinage et des intérêts d'un éventuel crédit, ni des impôts et taxes1.

Les investissements sont évalués comme suit :
- infrastructures :
26,6 ares à 20.000 Fmg/are =532.000 Fmg
- équipement :
1 filet senne de 15 m à 20.000 Fmg/m =300.000 Fmg
1 hapa de 1,5 × 1 × 1 m =130.000 Fmg
2 épuisettes 60 × 35 cm à 20.000 Fmg/u =40.000 Fmg
total équipement =470.000 Fmg
- géniteurs :
12 femelles de 2,5 kg à 5.000 Fmg/kg =150.000 Fmg
24 femelles de 2,5 kg à 5.000 Fmg/kg =300.000 Fmg
total géniteurs =450.000 Fmg
Le coût annuel de ces investissements dépend de l'amortissement de chaque poste calculé comme suit :
- infrastructure amortie en 15 années 
           532.000 : 15 =  35.467 Fmg
- équipement amorti en 8 années 
          470.000 : 8 =  58.750 Fmg
- géniteurs : ne sont pas comptabilisés puisqu'ils sont remplacés par des sujets issus de l'élevage de l'exploitant                                                                                 
dépréciation annuelle = 94.217 Fmg
Le fond de roulement est calculé à partir des charges annuelles des étangs auxquelles il faut ajouter le salaire de l'exploitant-pisciculteur :
Les étangs de géniteurs :
- chaulage :
10 kg/are × 6 ares à 100 Fmg/kg =  6.000 Fmg
- fumure organique : 
dose de fond 15 kg/are × 6 à 25 Fmg/kg =  2.250 Fmg
dose d'entretien 2,5 kg/are × 52 semaines × 6 ares à 25 Fmg/kg =  19.500 Fmg
- alimentation de complément : 
90 kg × 1,5/100 × 365 j × 310 Fmg/kg =  152.750 Fmg
total étangs de géniteurs = 180.500 Fmg

1 Une étude financière complète est présentée dans le document technique N°2 du projet PNUD/FAO-MAG/88/005.

2.7.2. BILAN FINANCIER (2)

En année de croisière, un exploitant piscicole propriétaire d'une ferme piscicole productrice d'alevins de 26,6 ares peut espérer une marge brute d'environ 1,7 million de francs1, soit 17 Fmg par alevin vendu.





Les étang d'alevinage
- chaulage : 10 kg/are × 20 ares × 100 Fmg/kg =  20.000 Fmg
- fumure minérale : dose de fond  
0,5 kg NPK/are × 20 × 600 Fmg/kg =  6.000 Fmg
0,75 kg urée/are × 20 × 480 Fmg/kg =  7.200 Fmg
dose d'entretien 
6/4 × dose de fond NPK (6.000 Fmg) =  9.000 Fmg
6/4 × dose d'entretien urée (480 Fmg) =  10.800 Fmg
- fumure organique : 
dose de fond 
15 kg/are × 20 × 25 Fmg/kg =  7.500 Fmg
dose d'entretien 
6/4 × dose de fond (7.500 Fmg) =  11.250 Fmg
- alimentation : 
23 kg/are × 20 × 430 Fmg/kg =  197.800 Fmg
total étangs d'alevinage = 269.550 Fmg
Le salaire de l'exploitant-propriétaire
50.000 Fmg par mois : 12 × 50.000 Fmg = 600.000 Fmg
charge sociale : 18/100 × 600.000 =  108.000 Fmg
        total salaire de l'exploitant = 708.000 Fmg
Total des charges
- amortissement annuel 94.217 Fmg
- fonds de roulement :
. étangs de géniteurs :  180.500 Fmg 
. étangs d'alevinage :  269.550 Fmg 
. salaire :  708.000 Fmg 
total fonds de roulement =  1.158.050 Fmg
total des charges = 1.252.267 Fmg
Revenus
100.000 alevins × 30 Fmg =  3.000.000 Fmg
total des revenus = 3.000.000 Fmg
Marges brutes1 = 1.747.733 Fmg
Cette marge brute est réalisée sur une surface d'étang d'alevinage de 20 ares, ce qui valorise 1 are d'alevinage à environ 87.000 Fmg, soit 17 Fmg par alevin vendu.

1- Prix campagne 1990/1991


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