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1. INTRODUCTION

1.1. Importance de la connaissance du nombre de paysans pratiquant la (rizi)pisciculture1

A Madagascar, le déficit en protéines animales est assez alarmant, notamment en milieu rural sur les Hautes-Terres. La rizipisciculture et la pisciculture sont en mesure de contribuer à la réduction de cette carence protéinique à court terme, compte tenu d'un potentiel élevé. Conscient de l'importance de cette alternative, le Gouvernement malgache, avec l'assistance du PNUD et de la FAO, a mis en place un projet pilote pour le développement de ces activités.

Depuis la mise en place de ce projet - 1985 pour la région du Vakinankaratra (zone Nord) et 1989 pour celle de Fianarantsoa (Zone Sud) -, les résultats obtenus semblent probants. Cependant, les chiffres disponibles ne concernaient que les paysans encadrés, c'est-à-dire ceux visités régulièrement par les 30 vulgarisateurs dans chaque zone. Il faut noter que ces personnes encadrées sont les paysans de contact du village qui, à leur tour, transmettent les techniques acquises auprès de leurs voisins. A propos de ces derniers, on ne dispose d'aucun renseignement à part les constatations sur l'augmentation peu précise du nombre de pratiquants.

De plus, lors de la deuxième phase du projet, le nombre de vulgarisateurs travaillant sur le terrain a été réduit au 1/5e, ce qui rendait encore plus difficile la collecte des données statistiques, tant quantitatives que qualitatives.

Le problème se pose donc au niveau du projet qui est de connaître si l'action de vulgarisation menée est réussie ou non et s'il pourrait atteindre ses objectifs concernant l'augmentation de la production (rizi)piscicole. Sur le plan national, il est important d'apprécier l'efficacité et l'impact de ce projet pilote afin de pouvoir déterminer dans quelle mesure cette activité peut contribuer à la lutte contre la carence protéinique.

Conscient de ces faits mais étant limité dans ses moyens, le projet a essayé de mettre en place un système de suivi-évaluation assez léger et a commencé sur le volet quantitatif par une enquête géographique.

Cette enquête géographique - intitulée "Etude de l'impact quantitatif des activités rizipiscicoles et piscicoles menées dans les régions pilotes du Vakinankaratra et du Betsileo, campagne 1991–1992 - qui n'est qu'une première expérience a permis d'obtenir certains résultats que nous essayerons d'apprécier dans ce document.

1 Le terme pisciculture ne se réfère qu'à l'évage de poissons en étang, celui de rizipisciculture à l'élevage de poissons en rizière. Pour indiquer que les deux modes d'exploitation sont concernés, nous utilisons le terme (rizi)pisciculture.

1.2. Cadre général de l'enquête géographique

Il existait déjà une tradition en aquaculture sur les Hautes-Terres malgaches, c'est-à-dire dans les régions d'Antsirabe et de Fianarantsoa. Il s'agissait surtout de l'aquaculture extensive. Dans les années 50, le Gouvernement malgache a commencé à développer la pisciculture. Selon Kiener (1963), il existait 85.000 étangs de pisciculture familiale à Madagascar en 1962, dont 55.000 dans la province de Fianarantsoa et 22.000 dans la province d'Antananarivo. Quant à la rizipisciculture, elle commençait à se développer en 1962 et Kiener estimait la superficie en rizières empoissonnées à 150 ha “au grand maximum”. Malheureusement, par manque d'appuis financier et technique, et surtout faute d'alevins de qualité, la plupart des efforts en milieu rural ont été abandonnés.

C'est à partir de 1985, avec la création de la Direction de la Pêche et de l'Aquaculture et l'installation de projets financés par le PNUD et exécutés par la FAO, que la pisciculture s'est développée à nouveau.

Rabelahatra (1988) estimait, qu'en 1985, il y avait au total environ 6.000 étangs à Madagascar et que la surface rizipiscicole était de quelques hectares.

Une publication de 1992 du Ministère de l'Elevage et des Ressources Halieutiques en collaboration avec le PNUD et la FAO (“Pêche et Aquaculture à Madagascar”) ne donnait aucune autre information sur le nombre d'étangs piscicoles à Madagascar.

1.3. Promotion de l'aquaculture

La Circonscription des Ressources Halieutiques du Vakinankaratra (assistée par le Projet PNUD/FAO-MAG/82/014 (1985–1988) dénommé “Vulgarisation de la pisciculture et développement de la pêche continentale”) a commencé le développement de la pisciculture dans cette région (ci-après dénommée région d'Antsirabe). Elle a installé 30 vulgarisateurs piscicoles qui avaient comme tâche la promotion de l'aquaculture. En même temps, la CIRRH/projet organisait des cessions de vente d'alevins en milieu rural. Les alevins venaient de la station piscicole d'Ambatolampy qui a été mise à la disposition du projet à cette fin.

1.4. Installation des producteurs privés d'alevins

A partir de 1989, le projet PNUD/FAO-MAG/88/005 a continué ce travail dans la région d'Antsirabe, avec une extension dans la zone de Fianarantsoa et d'Ambositra, en collaboration avec la Circonscription des Ressources Halieutiques de Fianarantsoa (CIRRH de Fianarantsoa ci-après dénommée région de Fianarantsoa). Une carte indiquant les deux zones d'action des CIRRH/projet se trouve en annexe 1. L'objectif du projet est la promotion de l'aquaculture à travers la privatisation de la production et de la distribution d'alevins. Cette privatisation assurera, d'une part, l'approvisionnement en alevins du milieu rural, soulageant ainsi le Gouvernement malgache de cette tâche lourde et coûteuse, et d'autre part, la continuation du développement de la pisciculture par le biais des producteurs privés qui vulgariseront les techniques améliorées afin d'assurer leur intérêt économique.

1.5. Ancienne méthode de recensement des (rizi)pisciculteurs

Dans la zone d'Antsirabe, la CIRRH du Vakinankaratra/projet a établi des recensements annuels des (rizi)pisciculteurs, de 1986 à 1990. Ces recensements étaient faits par les 30 vulgarisateurs piscicoles installés par le premier projet. Ils n'ont recensé que les rizipisciculteurs et les pisciculteurs “encadrés”, c'est-à-dire ceux identifiés, installés et suivis individuellement par la CIRRH/projet.

Dans la zone de Fianarantsoa, la CIRRH de Fianarantsoa/projet a également installé 30 vulgarisateurs piscicoles. Ces vulgarisateurs ont seulement recensé les (rizi)pisciculteurs qui avaient acheté leurs alevins pendant des cessions organisées par la CIRRH/projet ou les producteurs privés d'alevins encadrés par la CIRRH/projet, et cela de 1989 à 1991.

1.6. Manque de personnel mais nombreuses activités (rizi)piscicoles

Actuellement, le nombre initial de vulgarisateurs a été réduit à 6 responsables de zone pour la région d'Antsirabe (en 1989) et à 5 pour la zone de Fianarantsoa (en 1992). Ils ont chacun une région vaste à suivre et leur tâche principale est d'installer et d'encadrer les producteurs privés d'alevins. D'une part, les responsables de zone n'ont donc plus le temps de suivre individuellement les (rizi)pisciculteurs dans leur région et d'autre part, le nombre de paysans pratiquant la (rizi)pisciculture a augmenté considérablement grâce aux efforts de vulgarisation de la CIRRH/projet.

Seulement une partie des paysans qui pratiquent la pisciculture achète leurs alevins auprès de la CIRRH/projet. Actuellement, il y a un bon nombre de vendeurs d'alevins et beaucoup de paysans qui pêchent eux-mêmes des alevins dans des rivières ou les reproduisent de façon familiale. Aussi n'est-il pas exagéré de dire que toutes ces activités sont directement ou indirectement les résultats des efforts de la CIRRH/projet.

1.7. Etat des connaissances actuelles

Actuellement, dans chaque village des Hautes-Terres, on vend au marché pendant une certaine période de l'année de plus en plus de poissons qui ont été élevés dans des rizières ou dans des étangs. Il y a une augmentation considérable du nombre de producteurs privés d'alevins (60 dans les régions d'Antsirabe et de Fianarantsoa, situation décembre 1992) encadrés par les CIRRH/projet ainsi que de leur production en alevins (600.000 alevins au total pour les deux zones d'action, campagne 1991–1992). Une enquête réalisée en collaboration avec l'Opération de Développement Rural (ODR) d'Antsirabe sur la riziculture a montré que 13,2% des riziculteurs pratiquaient la rizipisciculture (campagne 1990–1991). Une extrapolation théorique pour toutes les exploitations agricoles dans la zone d'Antsirabe donnerait un nombre de 17.770 rizipisciculteurs avec une superficie empoissonnée de presque 2.000 ha et une production de 376 tonnes de poissons. Parce que cette enquête n'a été menée que dans une partie de la région d'Antsirabe et n'a pas étéréalisée par le personnel encadré par le projet, les résultats ne sont qu'indicatifs. En outre, elle n'a pas donné de résultats relatifs à la pisciculture en étang.

Quant à la région de Fianarantsoa, à part les acheteurs d'alevins auprès de la CIRRH/projet et les producteurs privés encadrés, aucune information officielle sur la pratique de l'aquaculture et la production réelle en milieu rural n'existait jusqu'à la campagne 1991–1992.

1.8. Nouveau système de suivi-évaluation

En 1991, une cellule de Suivi-Evaluation a été créée au sein de la CIRRH du Vakinankaratra/projet. Cette cellule a, entre autres, mis en place un nouveau système qui visait à déterminer l'échelle sur laquelle les paysans des Hautes-Terres pratiquaient la (rizi)pisciculture, ainsi que leur production piscicole.

Ce système de suivi-évaluation est divisé en 2 volets pour des raisons de temps. Le volet qualitatif “Suivi de production” sera repris chaque année afin de connaître l'évolution de la production piscicole des acheteurs d'alevins auprès de la CIRRH/projet et des producteurs privés. Le volet quantitatif “Enquête géographique” qui est le sujet du présent rapport et dont la périodicité est encore à déterminer, permettra de se prononcer en particulier sur le nombre de (rizi)pisciculteurs et les superficies exploitées dans les deux zones d'action des CIRRH/projet (région d'Antsirabe et celle de Fianarantsoa).

L'enquête géographique a été réalisée auprès d'un nombre restreint d'exploitations agricoles, choisies au hasard, dont l'objectif principal était de savoir si l'exploitant pratiquait la (rizi)pisciculture. La méthode utilisée a permis de faire l'enquête avec les 6 responsables de zone pour la région d'Antsirabe. Pour la région de Fianarantsoa, les 30 vulgarisateurs piscicoles étaient encore opérationnels à l'époque de l'enquête et en conséquence, l'enquête et en conséquence, l'enquête a été menée par eux.

En extrapolant les résultats de l'enquête sur le nombre total d'exploitations agricoles, on obtiendra l'impact quantitatif du projet dans les deux zones d'action.

1.9. Principales conséquences escomptées de l'enquête géographique

L'enquête géographique donnera surtout des données quantitatives sur la situation aquacole sur les Hautes-Terres de Madagascar afin d'évaluer et de valoriser les activités des CIRRH/projet.

En fonction des résultats, la stratégie de développement des CIRRH/projet et les efforts de vulgarisation et d'installation des producteurs privés d'alevins pourraient être adaptés et si nécessaire, intensifiés. Cette intensification éventuelle de l'appui au développement de l'aquaculture nécessitera le support de bailleurs de fonds et du Gouvernement malgache.


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