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1. INTRODUCTION

La vulgarisation de la pisciculture à Madagascar s'est développée suite aux introductions, vers les années 1950, de Tilapia et de Cyprinus carpio notamment, corrigeant ainsi partiellement la pauvreté de la faune ichtyologique naturelle du pays, dont aucune espèce ne se prête vraiment à l'élevage piscicole.

Déversées simultanément dans les plans d'eaux principaux, ces espèces exogènes constituent aujourd'hui plus de 90% de la production piscicole. Par ailleurs ces mêmes espèces ont fait l'objet de vulgarisation en riziculture, sous l'impulsion de la Division Pêche et Pisciculture. Toutefois, un impact plus sensible de cette vulgarisation n'a été possible que tout récemment, grâce à la maîtrise des technologies de la reproduction artificielle de la Carpe commune.

L'ensemble des plans d'eaux continentaux couvre 550.000 Ha se décomposant comme suit:

-Mangroves (zones côtières de palétuviers soumises aux marées)300.000 Ha
-Lacs et lagunes150.000 Ha
-Rivières et marais100.000 Ha

Les mangroves ainsi qu'une grande partie des lagunes font partie du domaine des eaux saumâtres, pour la plupart propices à l'aquaculture.

Les rivières du Pays, particulièrement celles des Hauts Plateaux et du versant Ouest, à très haute turbidité, ne constituent pas telles quelles, un milieu piscicole favorable; mais elles sont pratiquement toutes utilisées pour l'irrigation des vallées rizicoles et à ce stade, les eaux deviennent des plus intéressantes pour la pisciculture. On peut dire en effet que dans ce Pays, la caractéristique agricole principale est celle de la colonisation de toutes les vallées par la culture du riz irrigué. Les paysans ont acquis dans cette technique agricole une assez bonne maîtrise de l'eau et, sur les Hauts plateaux notamment, bon nombre d'entre eux pratiquent simultanément la pisciculture en rizières.

On estime que les rizières irriguées couvrent actuellement quelques 900.000 Ha parmi lesquelles 100.000 Ha au moins conviennent à la pisciculture ; toutefois celle-ci ne concerne encore jusqu'à présent qu'un bon millier d'Ha.

Du fait de l'occupation totale des vallées par le ris, on ne mène pas ici de politique particulière de création d'étangs piscicoles collectifs ou familiaux (individuels) comme cela se pratique en de nombreux pays d'Afrique ; ici, l'accent porte plutôt sur l'aménagement technique et physique des rizières, pour les utiliser en bassins rizi-piscicoles familiaux.

Cette option piscicole demande chaque année un nombre considérable d'alevins. La densité de peuplement ou de mise en charge en rizière étant de 2.500 alevins à l'Ha, 100.000 Ha de rizières irriguées et aménagées exigent 250.000.000 de jeunes poissons/an.

De telles productions d'alevins ne peuvent être obtenues qu'à partir d'espèces de poissons très prolifiques, et c'est pourquoi à Madagascar, la Carpe a été choisie comme espèce piscicole de base, en plus des raisons suivantes:

Les Tilapias (la plupart hybrides) dont certaines espèces herbivores attaquent les jeunes pousses de riz, et les gambuses sont répandus dans toutes les eaux et envahissent naturellement la plupart des rizières.

L'action de vulgarisation rizi-piscicole concentrée jusqu'à présent sur les Hauts Plateaux oû fonctionnent 3 stations piscicoles principales, porte donc essentiellement sur la Carpe, mieux adaptée que Tilapia aux eaux fraîches de cette région. En basse altitude, il est évident qu'en plus de la Carpe, certaines espèces de Tilapia non-herbivores devraient également être prises en considération, l'association Carpe-Tilapia utilisant au mieux la nourriture disponible dans les eaux rizicoles.

Parmi les 3 stations piscicoles productrices d'alevins de Carpe, une seule dispose depuis cette année d'une Ecloserie de capacité de production moyenne (5 à 10.000.000 d'alevins) permettant l'application de la reproduction artificielle de ce poisson. Jusqu'alors, en pratiquant la technique de reproduction semi-artificielle, ces stations ont produit et distribué ces dernières années, en milieu rural, une moyenne annuelle de 1.000.000 d'alevins, ce qui représente une mise en charge correcte de 400 Ha/an de rizières.

La gestion de centres piscicoles producteurs d'alevins a fait l'objet d'un document technique cité en bibliographie (1).

Seule, la région des Hauts Plateaux est touchée par cette action limitée du fait de la localisation des stations piscicoles ; sur le plan social, c'est la région la plus peuplée du Pays, où les grands plans d'eaux naturels font défaut et où il n'y a guère d'élevage bovin. Par conséquent, pour ces populations, la pisciculture en rizières revêt une très grande importance, en améliorant la qualité de leur nutrition.

L'ensemble des activités agricoles du Pays tombe sous le contrôle des Agents de Développement Rural qui en principe sont polyvalents, et jouent dono en même temps le rôle d'animateurs piscicoles, dans leurs secteurs respectifs.

En ce qui concerne la pêche lacustre et lagunaire, la Division Pêche et Pisciculture a été en mesure de constituer depuis 1979, certaines brigades de pêches chargées de l'administration et de la gestion des plans d'eaux principaux : Lacs Alaotra, Itasy, Pangalanes, régions lacustres de Miandrivaso - Belo sur Tsiribihina et de Marovoay - Ambato Bceni. Leurs activités présentes portent respectivement sur le recensement complet des pêcheurs et de l'arsenal de pêche, les statistiques de production (effort de pêche) et observations biologiques, le contrôle des marchés (quantité - qualité et prix), ainsi que l'appui technique aux formations coopératives en cours.

Des études et observations plus particulières ont été effectuées récemment sur les deux principaux plans d'eaux lacustres et lagunaires dont la situation piscicole est critique ; le Lac Alaotra et les Pangalanes qui ont fait l'objet de rapports et documents techniques cités en bibliographie (2) (3) (4).

Toutes ces caractéristiques propres à Madagascar expliquent les raisons d'une structure piscicole restée jusqu'alors à l'état plus ou moins embryonnaire, mais qui maintenant, tend à se consolider très sérieusement.


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