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1. INTRODUCTION

Parmi les plans d'eaux de la Grande Ile, le Lac Alaotra occupe une place de choix avec ses 22.000 Ha d'eaux libres, ceinturé dans sa partie Ouest par un immense marais de Cyperus d'une surface estimée à 55.000 Ha.

Bien que peu productif de nature, ce marais doit certainement jouer un rôle important dans le processus relatif au maintien du potentiel biologique du lac, car en période de crue coïncidant avec l'époque de reproduction, il offre aux Carpes notamment, et peut-être à certains Tilapias, des zones refuges où ces poissons peuvent frayer et se reproduire à l'abri des voraces (Black bass) et des pêcheurs ; les oeufs, larves et jeunes alevins de Carpe y sont cependant à la merci d'autres prédateurs dangeureux tels que Anguille - Eléotris - Grenouille, etc… tandis que Tilapia protégeant sa progéniture (incubation bucoale et/ou surveillance des parents au premier âge de l'alevin, le plus vulnérable) est beaucoup moins menacé à ce stade.

La faune du lac anciennement composée de Paratilapia, Eleotris et Anguille principalement, a été successivement enrichie par Carassius auratus au début du sièole (en 1920, il était avec Paratilapia, l'espèce dominante), suivi de Carpe en 1923 (30 ans plus tard, Carpe constituait 80–90% des captures mais entraînait inversément une diminution parallèle de Paratilapia et Carassius), Tilapia rendalli était introduit en 1955, Tilapia macrochir en 1958, Tilapia mossambica et Tilapia nilotica en 1959, et enfin le Black bass au début des années 1960. A cette même époque, on estimait la production du lac à 2.000 Tonnes de poissons frais.

Situé entre 2 marchés-de-consommation des plus importants, Antananarivo et Toamasina, le lac Alaotra devenait-rapidement l'objet de pêches commerciales très actives, pratiquement non contrôlées. Ce n'est qu'au début des années 1960 que l'étude sérieuse du lac commence. En 1962, on dresse un inventaire assez complet des effectifs de pêche (745 pirogues recensées) dont la production est estimée à 2.400 Tonnes; en 1963–64 on l'évalue cependant entre 3.000 et 4.000 Tonnes et en 1965 à 3.000 T.A la même époque, les stocks se composaient respectivement de: Tilapia macrochir 77%, Tilapia rendalli 3%, Carpe 19%, ces 3 espèces totalisant à elles seules 99%; le reste, Cyprin, Anguille, Eleotris, Paratilapia et Black bass ne représentant que 1%.

De 1967 à 1969 se réalise un projet de développement des pêches dans ce plan d'eau, basé surtout sur la vulgarisation de filets maillants de nylon, avec comme objectif une production double du lac, soit 6.000 Tonnes; en 1969 – 70, à la fin du projet, cette production était estimée à 4.000 Tonnes résultant de l'effort de pêche exercé par 65 Km de filets maillants, au lieu des 8.5 Km existant auparavant.

Il est vraisemblable qu'alors, le potentiel piscicole exploitable résultant de l'introduction des Tilapias avait augmenté dans des proportions substantielles et attiré sans doute bon nombre de nouveaux pêcheurs. Il est probable également qu'à cette époque, la production totale du lac se soit maintenue quelque temps à son niveau maximum (selon la composante des stocks), de l'ordre de 4.000 T. environ, estimation ne reposant cependant sur aucune observation statistique, ce qui est bien regrettable; de même, il est tout aussi regrettable que depuis 1962 – 63 le recensement des effectifs de pêche n'ait pu être tenu à jour.

Actuellement, le projet de développement des pêches en cours, s'efforce de combler ces lacunes importantes. Pendant toute l'année 1978, la Brigade des Pêches du Lac Alaotra (2 unités) a effectué des observations statistiques ponctuelles dans le village des pêcheurs de Marovato (Côte Est du lac) regroupant l'activité de 120 pirogues; par ailleurs, le marché urbain local d'Ambatondrazaka a été contrôlé régulièrement. Ce sont les résultats de ces premières observations que présente ce document.


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