Les connaissances générales de la reproduction artificielle des Carpes communes sont décrites séparément par l'auteur.
Les Carpes chinoises se reproduisent en été (en Europe, en juin-juillet) quand la température des eaux est au-dessus de 22° C. et ne descend pas en-dessous des 20° C. La période la plus favorable pour la reproduction se situe au moment où les eaux atteignent une température de 23 à 26° C.
En régions tropicales et subtropicales il est plus facile de déterminer la période de reproduction. En raison de la rapidité du processus de développement de l'oeuf, les Carpes sont prêtes à la reproduction avant la saison des pluies.
Mais, si à ce stade on les garde sous température élevée pendant un mois environ, les Carpen deviennent sur-matures, et la masse des oeufs commence aussitôt à se résorber ; à oe stade, les géniteurs ne sont plus aptes à la reproduction artificielle.
Il apparaît qu'à Madagascar, l'époque de reproduction semble devoir commencer de la mi-Septembre à la mi-Octobre à Kianjasoa (eaux plus chaudes) et en Novembre et Décembre à Andasibe (eaux plus fraîches). En général les mâles montrent des signes de maturité 2–3 semaines avant les femelles. Quelques expériences ont démontré que les Carpes herbivores ainsi que les Carpes argentées peuvent être reproduites au moins deux fois au cours de l'année, à 3–4 mois d'intervalle, en régions tropicales et subtropicales.
Le développement des oeufs dans l'ovaire est très similaire à celui de Carpe commune. La seule différence réside dans le fait que pour ce processus, les Carpes chinoises ont besoin d'eaux plus chaudes et d'un temps plus long que chez les Carpes communes.
Quand la masse des oeufs est matériellement construite, les oeufs parviennent au stade “stagnant” ou “dormant” ou encore “stade d'attente”. Dans la nature, les poissons parvenus à ce stade de maturité commencent à émigrer vers les zones de reproduction, dès que les facteurs d'environnement adéquat apparaîssent. Au cours de cette migration qui est déclenchée également par les hormones sexuelles, des compléments de maturation des oeufs s'accomplissent qui permettent l'ovulation (ponte) immédiate dès l'arrivée des géniteurs dans les zones-frayères. Mais si le poisson est maintenu plus longtemps en milieu fermé, les oeufs au stade “dormant” atteignent l'état de sur-maturité et ils commencent dès lors à se résorber.
Les oeufs en sur-maturité ou en résorption ne réagissent pas du tout au traitement hormonal. Ceci signifie qu'il faut connaître pour l'avoir expérimentée localement, la saison présumée de reproduction.
Après résorption, la reconstitution des oeufs recommence pour parvenir de nouveau à maturité, après 3–4 mois sous les tropiques, dono aptes à la reproduction. Il est un fait que le développement des oeufs des Carpes chinoises est beaucoup plus uniforme que celui des Carpes communes, et par conséquent une reproduction (ponte) hors saison, est très rare.
En raison de la nervosité et de la susceptibilité aux stress de ces espèces de poissons, les manipulations ne peuvent être les mêmes que pour Carpe commune beaucoup plus calme et plus robuste. Généralement toutes les manipulations et transports doivent s'effectuer dans un laps de temps le plus court. Pendant les transports, les poissons doivent être maintenus dans l'eau; des sacs ou cabas faits en matériel imperméable conviennent parfaitement pour le transport individuel à courte distance, des géniteurs dans l'eau.
La capture des géniteurs est inévitable afin de sélectionner les meilleurs d'entre eux pour la reproduction. La méthode de fréquentes mises à sec et remises sous eau des étangs à géniteurs est un long, fatiguant sinon fastidieux travail, plein de facteurs provoquant des “stress” et qui par conséquent doit être évitée. La capture des géniteurs au filet est la meilleure méthode pour la sauvegarde du poisson. La pêche au filet doit s'effectuer aussi rapidement que possible et en silence, de manière à éviter le saut des poissons. On utilise un filet-senne de 3–4 m. de chute, lequel est maintenu à bout de bras par les pêcheurs, à environ 1 m. audessus du niveau de l'eau; c'est le seul moyen d'éviter la fuite de beaucoup de poissons, par leurs bonds intempestifs. Il faut absolument éviter la mise à sec des poissons capturés et de les laisser là, à se débattre, de même que de les laisser s'enliser dans la vase; il convient au contraire de garder les poissons capturés dans la poche ou le boursage du filet, en pleine eau et en dehors de la vase remuée. Là, peuvent être directement sélectionnés les géniteurs matures, aptes à la reproduction. Ici, il n'est pas nécessaire de séparer les sexes, contrairement à ce qui est si important pour Carpe commune ; les Carpes chinoises mâles et femelles, sont habituellement gardées ensemble.
La différentiation des sexes peut être faite sans prendre les poissons hors de l'eau; les rugosités de la partie supérieure des nageoires pectorales désignent les mâles, tandis que les nageoires pectorales lisses appartiennent aux femelles.
L'aptitude d'une femelle prête à la reproduction peut aussi être diagnostiquée dans l'eau, en la retournant tout simplement sur le dos : le ballonnement du ventre et le jaillissement de l'ouverture génitale peuvent être observés dans cette position. Le ballonnement de la partie postérieure ventrale, ajouté à la coloration rouge ou rosée de la papille génitale en saillie, ainsi que l'anus gonflé et en saillie sont les signes montrant les femelles matures, aptes à recevoir le traitement hormonal (hypophyses). Las Carpes herbivores bien nourries ont normalement le ventre gonflé, en raison de la quantité d'herbes ingérées ; en conséquence l'aptitude de ces poissons à la reproduction doit être examinée quand ils sont vides, le premier diagnostic portant sur l'état de la papille génitale. Il convient donc de supprimer toute nourriture à ces poissons quelques jours avant de faire le choix en vue de la reproduction.
Les mâles peuvent laisser suinter un peu de sperme sous une légère pression ventrale ; ce test doit être fait très délicatement, notamment chez les Carpes argentées.
Les mâles et femelles sélectionnés sont alors transférés dans un bac en ciment de l'écloserie, ou bien mieux, dans une cage en filet dénommée “hapa”.
La pêche des géniteurs doit être organisée au cours de la journée, au moment opportun permettant de procéder à la première injection hypophysaire immédiatement après leur capture; dans ce cas, il n'est plus nécessaire de les reprendre à nouveau en mains, pour procéder à cette opération.
Les bacs en ciment servant à garder les géniteurs en incubation doivent avoir les parois très lisses, sans aspérités; dans les écloseries modernes de tels bacs sont recouverts d'une peinture plastique. Les dimensions de ces bacs en ciment dépendent de la capacité de l'écloserie : ils ont de 3 à 5 m. de long, 1 à 1.5 m. de large et 1 m. de haut; ces bacs sont recouverts par un filet empêchant le poisson de bondir. Le niveau de l'eau se règle à l'aide du tuyau giratoire de vidange du bac qui permet la baisse très rapide du niveau de l'eau, prévenant ainsi les bonds désordonnés du poisson au moment de leur manipulation.
Quand de tels bacs ne sont pas disponibles, il convient de garder les géniteurs dans des “hapas”, dans lesquels les poissons peuvent difficilement se blesser, et hors desquels ils peuvent être très facilement retirés pour les différentes manipulations. Les “hapas” sont fixés dans la partic avant des bacs en ciment, ou dans un petit étang, sous la chute d'eau du canal d'alimentation. Il convient de recouvrir en partie le bac ou le “hapa” d'une toile jute (sac) ou de feuilles de bananier, etc…, procurant un endroit calme et ombragé, cù le poisson stocké se sent parfaitement à l'abri.
Il est évident que les “hapas” doivent recevoir un très bon débit d'eau, de manière que les poissons injectés ne souffrent pas d'une déficience en oxygène. Les dimensions d'un “hapa” sont de l'ordre de 2 m. de long, environ 1 m. de large et 0.70 m. à 1 m. de haut. Un tel “hapa” convient pour garder 2–3 géniteurs en même temps.
Seuls, les poissons mûrs à point pour la reproduction réagiront positivement au traitement hormonal (hypophysation); l'état de maturité peut être décelé par les signes suivants :
les femelles ont la partie postérieure de l'abdomen renflée, ballonnée (chez la Carpe herbivore, ce ballonnement peut provenir de la quantité d'herbe ingérée); la papille génitale saillante, de couleur rouge ou rosée; l'anus gonflé et saillant.
Malheureusement ces mêmes signes sont également apparents chez les femelles en état de sur-maturité ou quand les oeufs sont au stade de résorption.
les mâles ont des rugosités à la partie supérieure des nageoires pectorales, et quelques gouttes de laitance suintent sous une légère pression de l'abdomen.
Il existe de nombreuses technologies confirmées, menant à bien l'ovulation des Carpes chinoises. Ces technologies ont été mises au point, selon les circonstances locales, l'expérience et la compétence des techniciens concernés.
Il est vrai que quand les géniteurs des Carpes chinoises principales sont bien nourris, bien traités et manipulés délicatement, et qu'ils sont mûrs à point pour l'ovulation, il est très facile d'obtenir les produits sexuels fertilisables ; cependant, si pour une raison quelconque ils ne sont pas prêts au traitement hormonal, rien ne peut être fait, excepté d'attendre le moment opportun.
La technologie décrite ci-dessous se pratique avec plein succès en Asie et en Europe notamment, où elle permet de produire chaque année plusieurs centaines de millions d'alevins. Selon cette technique les géniteurs femelles sont injectés deux fois, recevant une première injection hypophysaire introductoire de 0.5 mg par Kilo de poids vif, et après 13–15 heures, la seconde injection décisive de 4.5 à 5 mg. d'hypophyses par Kilo de poids vif. Quand les géniteurs sont très bien préparés pour l'ovulation et qu'ils montrent tous les signes de maturité (quelquefois les vieilles femelles ont une papille génitale frangée), ils peuvent être injectés avec de bonnes chances de succès, avec une dose de 3.5 à 4 mg. d'hypophyses (séchée à l'acétone) par Kilo de poids vif, diluées dans 1.5–2 cc maximum de soluté injectable (solution physiologique).
Les mâles reçoivent une seule injection, 1 ou 2 heures après la première dose administrée aux femelles. La dose unique destinée aux mâles est uniforme ; 2 mg. d'hypophyse par Kilo de poids vif. En respectant cet horaire, il s'écoule environ 20 à 22 heures entre l'injection des mâles et l'extraction de la laitance ; la dose adéquate d'hypophyse ainsi que l'horaire mentionné ci-dessus pour les mâles ont ici beaucoup plus d'importance que pour Carpe commune. Les Carpes chinoises mâles ont en effect besoin des hormones et du temps indiqués, pour produire une quantité suffisante de laitance.
La proportion optimale des sexes est de : 1–1 pour Carpes argentées et à grosse tête, et 2 femelles, 1 mâle pour la Carpe herbivore.
Le temps-horaire du traitement hypophysaire peut être le suivant :
- à 15.00 heures : capture et sélection des femelles : administration immédiate de la première injection introductoire.
- à 16.00 heures : capture des mâles : mais au cas où ils sont stockés avec les femelles, ils seront également capturés à 15.00 heures et transférés directement dans un bac en ciment ou dans un “hapa”, où ils recevront leur dose d'hypophyse entre 16.00 et 17.00 heures.
- à 5.00–6.00 heures le lendemain matin, les femelles reçoivent leur seconde injection décisive. L'extraction des oeufs pourra s'effectuer 8 à 10 heures plus tard, selon la température de l'eau dans les bacs de stockage des géniteurs (voir ci-après).
Dans les endroits où l'on dispose d'un moyen d'éclairage pour la nuit, et que durant la journée la température de l'eau est trop élevée, un autre temps-horaire peut être appliqué :
1ère injection des femelles à 8.00 heures du matin.
injection des mâles entre 9.00 et 11.00 heures du matin.
seconde injection des femelles le soir, à 22.00 heures.
l'extraction des produits sexuels s'effectuera entre 6.00 et 8.00 heures, le lendemain matin, selon la température de l'eau durant la nuit.
Elle est exactement la même que celle appliquée aux Carpes communes. Pour procéder à la pesée des femelles, le mieux est de les prendre une à une dans une épuisette étroite à fond ouvert, munie d'un crochet à son extrémité et qui accrochée à un peson, permet de connaître directement le poids. Ce poids est arrondi au demi-kilo au-dessus du poids réel : par exemple un poids réel de 3.3 Kg est arrondi à 3.5 Kg ; 4.6 Kg sont comptés pour 5 Kg et ainsi de suite.
L'injection hormonale est administrée dans le muscle dorsal, à hauteur de la nageoire dorsale, ou le long du péritoine, sous la nageoire pectorale : celle-ci présente l'avantage d'éviter toute perte partielle de la solution par exudation, et ne nécessite aucun massage de la partie du corps injectée.
La première injection amène les femelles au stade de pré-ovulation, tandis que la seconde provoque l'ovulation (ponte des oeufs).
Le temps exact où se produit l'ovulation, après la seconde injection, peut être calculé en connaissant la température de l'eau dans laquelle le poisson est gardé.
En Europe, où les écloseries sont alimentées en eau chauffée, assurant une température constamment stable, le calcul est simple. L'ovulation se déclenche après 210–220 degrés-heures pour les Carpes argentées et herbivores, et après 220–230 degrés-heures pour la Carpe à grosse tête (marbrée). Dans les régions tropicales et subtropicales, où en général on ne dispose pas d'installation de chauffage de l'eau d'alimentation des écloseries, le moment de l'ovulation et de l'extraction des oeufs doit être déterminé en prenant ponctuellement chaque heure, la température de l'eau. Quand la somme des températures horaires totalise une valeur de 210–215 degrés C., l'extraction des oeufs peut commencer pour les Carpes argentées et herbivores, et 220–225 degrés C. pour Carpe à grosse tête.
Voici deux exemples (Carpes argentées et herbivores):
Seconde injection pratiquée à 5.00 heures du matin
- la température de l'eau à:
| 6.00 H. | = | 22°C | = | 23°C | ||
| 7.00 H. | = | 22 | 23 | |||
| 8.00 H. | = | 22 | 24 | |||
| 9.00 H. | = | 23 | 25 | |||
| 10.00 H. | = | 23 | 26 | |||
| 11.00 H. | = | 24 | 26 | |||
| 12.00 H. | = | 25 | 26 = | 173 | ||
| 13.00 H. | = | 25 = | 186 | 26 + | 26 | |
| 14.00 H. | = | 25 + | 25 | 199 | ||
| 211 |
Dans le premier oas, le poisson doit être tranquillisé (anesthésié) pour l'extraction des oeufs à 14.00 H. Dans le second cas, ces opérations s'effectueront aux environs de 13.10–13.15 H. Une température des eaux supérieures à 25°C. peut accélérer la maturation des oeufs et réclame donc dans ce cas une surveillance particulière des géniteurs.
Le moment exact de l'extraction des oeufs doit être respecté ponctuellement. Les Carpes chinoises passent très rapidement au stade de sur-maturité et si les oeufs sont obtenus dans cet état ils ne sont pas fertilisables ; quand le temps exact de l'extraction des oeufs est dépassé de 30 minutes, environ 50% des oeufs obtenus ne seront pas fertilisés : un délai de 60 minutes peut entraîner la non-fertilisation de 100% des oeufs.
Il arrive parfois que certaines femelles réagissent tardivement à la seconde injection, retard probablement causé par des effets de stress. Dans ce cas, l'ovulation peut se produire environ 30 minutes plus tard que le temps normalement prévu. Habituellement, les femelles prêtes à pondre ont un comportement significatif : elles quittent le coin ombragé du bac ou “hapa” pour nager le long des parois et plutôt vers la surface de l'eau.
Du fait que la papille génitale des Carpes chinoises n'est pas suturée, comme c'est le cas pour Carpe commune, ces géniteurs doivent être retirés de l'eau avec beaucoup de délicatesse si l'on veut éviter de très grosses pertes d'oeufs.
Le moment venu, et indépendamment des signes indicateurs de maturité décrits ci-avant, on inspecte d'abord l'aptitude du poisson à donner ses oeufs; pour ce faire, on retourne le poisson dans l'eau, sur le dos, et l'on applique une légère pression vers la partie génitale pour s'assurer que quelques oeufs apparaissent. Si tel est le cas, le manipulateur doit aussitôt saisir le pédoncule caudal du poisson, de la main, de telle façon que le pouce presse la papille génitale pour l'obturer ; la tête du poisson est ensuite poussée dans l'épuisette à l'aide de laquelle le poisson est sorti de l'eau, dans cette position. Si le poisson n'est pas retiré de l'eau de cette façon, il commence à donner de vigoureux coups de queue et disperse les oeufs jaillissants, dans toutes les directions.
Cette technique d'extraction des oeufs, sans anesthésie du poisson nécessite une longue pratique, beaucoup de dextérité et de compétence, et de ce fait elle n'est pas conseillée aux débutants insuffisamment entraînés. Aussi, il est indiqué de pratiquer d'abord l'anesthésie du poisson, avant de procéder à l'extraction des oeufs. Après cette opération, le poisson endormi est placé sur une table, la tête couverte d'une serviette. Avant l'extraction des oeufs, l'abdomen, la queue du poisson, ainsi que les mains du manipulateur, sans oublier également le pouce maintenu sur la partie génitale, sont soigneusement séchés à l'aide d'une serviette douce. Cette ultime préparation est immédiatement suivie de l'extraction des oeufs qui sont récoltés dans un bol bien sec. Habituellement, les femelles restent calmes pendant cette opération. Quand l'extraction des oeufs des femelles est finie, ou mieux, pendant qu'elle s'effectue, la laitance des mâles doit également être recueillie.
Les Carpes chinoises ne donnent pas autant de laitance que la Carpe commune. Par conséquent, la récolte du sperme doit être faite avec le plus grand soin, en utilisant notamment une pipette ou un collecteur de laitance: parfois on récolte aussi la laitance dans une petite fiole en verre. Les premières gouttes de sperme sont écartées parce qu'elles sont souvent souillées par du contenu intestinal, de l'eau ou du sang; une laitance crèmeuse, blanchâtre ou jaunâtre sans trace de sang est considérée de bonne qualité.
Quand on a récolté suffisamment de laitance, celle-ci est versée immédiatement sur les oeufs. Mais il faut de nouveau souligner ici que tous les produits sexuels doivent être obtenus “à sec” sans une goutte d'eau.
Les produits sexuels sont mélangés ensemble en agitant légèrement le bol, ou en se servant d'une plume (gallinacée) ou d'une cuillère en plastique.
Un ou deux cm3 de laitance suffisent pour fertiliser 500 gr. d'oeufs. Habituellement la laitance de deux mâles est utilisée pour fertiliser un lot d'oeufs, de manière à s'assurer de toutes les chances de fécondation (de même qu'à des fins génétiques). Il arrive parfois qu'il y ait trop peu de laitance : dans ce cas on en utilise moins, mais le mélange des produits sexuels s'effectue avec davantage de soin. On peut aussi faciliter la procédure de reproduction de Carpe herbivore et Carpe commune notamment, par la récolte anticipée du sperme (la veille par exemple) dilué dans une solution (3 gr. Urée + 4 gr. NaCl + 1 l. d'eau) ou non dilué, conservé dans un simple réfrigérateur domestique.
En raison de l'extrême nervosité des Carpes chinoises principales, les pré-disposant à réagir par des sauts intempestifs, il est tout indiqué de les anesthésier avant de procéder à l'extraction des oeufs, de manière à faciliter leur manipulation et surtout d'éviter de grosses pertes inutiles d'oeufs. Pour ce faire, il faut tenir compte de la sensibilité très différente des espèces de Carpes chinoises aux doses de tranquillisant.
Sous ce rapport, la Carpe argentée est la plus sensible. Pour obtenir une anesthésie satisfaisante et garantir un sain réveil, on utilise une solution au cent millième (1 cc pour 100 l. d'eau) de Quinaldine (Chinaldin : C10 H9 N) ou une solution au douze millième (1 cc pour 12 l. d'eau) de MS 222. On utilise plutôt la Quinaldine en raison de son prix raisonnable et de sa facilité de manipulation.
La Quinaldine est un liquide concentré qui doit être bien mélangé avec de l'eau dans un bassin ou un seau, avant d'être répandu dans le bac ou le “hapa” où sont stockés les poissons.
Pour s'assurer de la dose exacte à administrer, on utilise une seringue ou un tube cylindrique gradué, employé uniquement à cet usage ; la dose est calculée en fonction du volume d'eau dans lequel les poissons sont gardés. Par exemple, à la Station piscicole d'Analamazaotra (Andasibe), dans un bac en ciment contenant 40 cm d'eau où était fixé un “hapa” de 2 m2 de surface, il y avait donc dans cet “hapa” un volume de 800 litres d'eau. Dans ce cas il a été utilisé 8 cc de Quinaldine pour anesthésier les Carpes argentées et 10 cc pour les Carpes herbivores.
Avant le traitement, l'adduction d'eau est momentanément réduite au minimum; la dose correcte de Quinaldine versée dans un seau d'eau est bien mélangée à l'aide d'un stick et ensuite répandue au-dessus de la surface du “hapa”. Pour garantir après ce traitement une distribution rapide et uniforme du somnifère dans le “hapa”, on jette par-dessus ce dernier quelques seaux d'eau claire. Dans les 3 à 5 minutes suivantes, les poissons nagent ou s'immobilisent, le ventre en l'air, et l'extraction des oeufs peut aussitôt commencer.
Quand les poissons sont dans cette position, l'adduction d'eau doit être partiellement rétablie de telle sorte qu'ils ne souffrent pas de déficience en oxygène. L'effet de l'anesthésie se prolonge durant une demi-heure environ, après quoi le poisson se remet dans sa position naturelle. Au cas où quelques poissons ne sont pas encore prêts pour l'extraction des oeufs, ils peuvent de nouveau être anesthésiés, ce qui n'affecte en rien le processus d'ovulation.
Quand l'extraction des produits sexuels est terminée et que les oeufs sont déjà mis en incubation dans les jarres (ou en cas de non-ovulation) les géniteurs doivent être retransférés sans délai dans leurs étangs de stockage. Cela ne gêne en rien qu'ils soient encore éventuellement dans un état de demisommeil, mais il importe qu'ils se maintiennent en position normale, (nageant ou non) et non le ventre en l'air. Leur transport rapide jusqu'aux étangs s'effectue dans des cabas contenant de l'eau. Les géniteurs sont délicatement retirés des cabas et remis en position normale dans l'eau de surface des étangs; en les jetant ou en les déversant sans précaution dans les étangs, les poissons peuvent s'enfoncer la tête dans la vase ou encore s'enchevêtrer dans les herbes du bord des bassins où ils meurent rapidement.
Dans les écloseries modernes de Hongrie, on considère absolument normale une mortalité de 30 à 50% chez les géniteurs de Carpe argentée.
La fertilisation des oeufs des Carpes chinoises s'opère très simplement dans de l'eau propre d'un étang (ou de l'écloserie). On ajoute tout d'abord aux produits sexuels qui viennent d'être mélangés, une petite quanäté d'eau, environ 10–20 cc, et après 10–20 secondes on en rajoute davantage tout en continuant à remuer le mélange.
L'eau entrant en contact avec les produits sexuels, stimule l'activité des spermes et la fécondation des oeufs peut s'effectuer. Cette fécondation se produit dans la minute qui suit le contact de l'eau avec les produits sexuels et, par conséquent, il n'est pas nécessaire de remuer la masse des oeufs au-delà de 2–3 minutes pour assurer le processus de fertilisation avec toute la sécurité voulue.
Après cela, on rince plusieurs fois la masse des oeufs avec de l'eau propre; puis les oeufs sont transférés dans les jarres d'incubation. On peut déverser 100–150 gr. d'oeufs “secs” dans les jarres de capacité moyenne de 50 l. et 300–400 gr. dans les grandes jarres de 200 l.
Dans l'eau, les oeufs commencent immédiatement à gonfler : ce gonflement très rapide est terminé après 30 à 50 minutes. Les oeufs des Carpes chinoises se dilatent très fort et peuvent atteindre de 3.7 à 5.6 mm. de diamètre.
Ces oeufs n'étant pas du tout adhésifs, ils n'ont par conséquent besoin d'auoun traitement chimique spécial, comme c'est notamment le cas pour la Carpe commune. Les oeufs gonflés sont du type semi-flottants (bathypélagiques) et de ce fait ils ne roulent pas, mais ils ondulent seulement dans les jarres.
A l'opposé du matériel courant utilisé pour Carpe commune, les petites jarres de 8 à 16 litres ne sont guère indiquées pour l'incubation des oeufs des Carpes chinoises parce qu'elles ne peuvent contenir que 30.000 à 50.000 oeufs (30–50 gr. d'oeufs “secs”); de plus, les larves écloses peuvent se sauver aisément en nageant hors des jarres. Par conséquent, dans le cas où malgré tout, de telles jarres doivent être utilisées, il convient alors de fixer un collecteur de larves, suffisamment grand, à l'extrémité du trop-plein évacuant l'eau de ces jarres.
Pour l'incubation des oeufs des Carpes chinoises, les jarres de capacité moyenne de 50 l. ainsi que les grandes jarres de 200 l. conviennent le mieux; dans celles-ci l'éclosion des larves s'effectue également sans nécessiter le transfert des oeufs prêts à éclore, dans d'autres jarres, comme c'est le cas pour Carpe commune.
L'adduction d'eau dans les jarres doit être très modérée car un courant trop fort peut dépouiller les oeufs de leur enveloppe, les détruire (oeufs ondulants et non roulants), et provoquer l'éclosion prématurée des larves.
Bien que les oeufs des Carpes chinoises gonflent très fortement, les larves sont de taille plus petite que celles de Carpe commune; les plus petites d'entre-elles sont les larves de Carpe argentée juste écloses. Par conséquent les mailles du tamis de protection ceinturant le sommet des jarres seront de 300–500 microns et non de 600–800 microns comme c'est le cas pour Carpe commune. Si cette dimension de maille n'est pas respectée, beaucoup de jeunes larves s'échapperont ou seront fatalement coincées, la queue en avant, en dérivant à travers les mailles d'un tamis inadéquat.
Le développement des oeufs fertilisés des Carpes chinoises est très rapide; il dure 18 Heures dans des eaux au-dessus de 26° C, 24 H. dans celles de 24–25° C et 30 H. dans celles de 20–22° C. A Andasibe, dans des eaux de 20–24° C, l'éclosion s'effectue après 27–28 heures consécutives à la fertilisation des oeufs.
Si l'eau d'adduction de l'écloserie est polluée, il arrive souvent que des colonies de bactéries d'eau attaquent l'enveloppe délicate des oeufs, ce qui entraîne la perte de leur rigidité et de leur consistance provoquant alors l'éclosion prématurée des larves très faibles. On peut éviter de tels accidents en traitant les oeufs une ou deux fois selon l'intensité ou la gravité de l'infection bactérienne, avec une solution de 10 gr. de Tannin dans 10 l. d'eau. Ce traitement se pratique dans les jarres, de la même manière que celui du Vert de Malachite décrit pour le traitement des oeufs de Carpe commune. Quand l'eau d'adduction de l'écloserie est saine, un tel traitement n'est pas du tout nécessaire. A Andasibe par exemple, où l'eau alimentant actuellement l'écloserie est très bonne, il n'y a pas lieu de pratiquer un quelconque traitement des oeufs.
En raison du développement très rapide des oeufs, le champignon Saprolegnia n'a pas le temps de se développer sur les mauvais oeufs; ces derniers étant plus légers, ils flottent au-dessus des bons et s'accumulent vers la surface d'où ils peuvent être enlevés facilement par siphonage.
Parmi les Carpes chinoises, la Carpe herbivore uniquement se prête à la reproduction induite (semi-naturelle) dans des espaces aussi restreints qu'un bac en ciment ou un “hapa”. Dans le cas d'un bac en ciment, le mieux est de le munir d'un tuyau de vidange giratoire qui permet de récolter automatiquement les oeufs fertilisés et gonflés, dans un collecteur d'oeufs approprié; sans cette facilité, les oeufs doivent être récoltés du bac ou du “hapa” à l'aide d'une épuisette à très fines mailles, ou encore à l'aide de seaux, de bassins ou de bols, après en avoir au préalable, retiré les géniteurs. Les oeufs ainsi récoltés sont alors placés dans les jarres d'incubation.
La technologie des injections hypophysaires est identique, dans le cas de reproduction semi-naturelle comme dans celui de reproduction artificielle. Après la seconde injection (des femelles), mâles et femelles sont mis ensemble dans le bac en ciment ou dans le “hapa” (2 mâles + 2 femelles ou 2 mâles + 1 femelle).
L'horaire des opérations peut être arrangé et calculé de manière que la ponte (reproduction) ait lieu dans les premières heures de la matinée.
Il est très important d'étendre en surface du bac ou du “hapa” des objets flottants tels que des feuilles de bananier, couverture en toile jute (sac) ou en plastique dur, etc… Sous un tel environnement les géniteurs se sentent en parfaite sécurité et se reproduisent très rapidement.
L'éclosion des larves des Carpes chinoises principales est très rapide, ne durant que 2 à 4 heures pour la plupart d'entre elles et complètement finie après 6–8 heures, alors que l'éclosion d'un lot d'oeufs de Carpe commune peut se prolonger de 24 à 30 heures. Pendant la durée de l'éclosion, le tamis à fines mailles ceinturant le dessus des jarres doit être nettoyé très souvent à l'aide d'une forte plume, de manière à le débarrasser au fur et à mesure des coquilles vides des oeufs partant à la dérive et venant l'obstruer; il s'agit en effet d'empêcher l'eau de déborder des jarres et de prévenir ainsi la fuite (perte) des larves qui nagent dès leur sortie de l'oeuf.
Les larves des Carpes chinoises dépourvues de pigmentation sont des créatures transparentes blanc-jaunâtre. Elles sont appelées “larves nageant”; elles nagent vers la surface et après un certain temps, elles se laissent aller sans mouvement vers le fond des jarres. Cette attitude (nage et repos) des larves saines se répète pendant 15 à 24 heures après l'éclosion, tandis que les larves chétives ou inviables sont roulées en masse dans le fond des jarres, avec les coquilles et autres débris.
Quand les oeufs sont incubés dans les petites jarres, un gros tuyau collecteur est fixé à la sortie du trop-plein de ces jarres qui récolte automatiquement toutes les “larves nageant”, les séparant des débris et des coquilles vides.
Dès que l'éclosion des larves est finie, les oeufs morts, les coquilles et autres débris doivent être retirés des jarres sans délai. Si ces déchets ne sont pas enlevés, les champignons se développent rapidement sur ces matières organiques inertes; beaucoup de larves “negeant” peuvent alors s'empêtrer dans les ramifications chevelues (comme des fils ouateux de coton) de ces champignons - Saprolegnia -, pendant qu'elles se reposent sans mouvement sur le fond des jarres et y mourir. Il est donc essentiel d'enlever ces débris afin d'éviter des pertes massives de larves; pour ce faire, on arrête momentanément le débit d'eau dans les jarres; les débris se rassemblent au fond de celles-ci et en sont retirés par siphonage. Si quelques larves (au repos) sont également siphonées en même temps que les déchets, elles peuvent être récupérées et mises immédiatement dans un bassin d'alevinage.
Le stade de développement des larves non-nourries dure 3 à 4 jours selon la température. Pendant ce temps, les organes larvaires se développent, tels que la bouche, les branchies, l'intestin, les yeux, les nageoires, etc… (pour ne citer que les principaux). Environ 10–12 heures après l'éclosion, la nage des larves se reláche. De plus en plus de larves se laissent aller sans mouvement, et roulent en masse dans le fond des jarres.
Dans le passé quand des cages en filet à fines mailles étaient utilisées pour l'élevage des larves, beaucoup d'entre elles mouraient par suffocation quand elles étaient entraînées par le courant dans un coin de la cage, où elles s'accumulaient en couche épaisse. Ces grosses pertes sont aujourd'hui totalement évitées, en utilisant les jarres d'incubation et d'élevage des larves, notamment les jarres de grande capacité surmontées d'un tamisfiltre.
Le léger roulement des larves rassemblées en masse au fond des jarres ne leur est pas du tout dangereux; elles reçoivent directement le débit d'eau qui les pourvoie largement en oxygène. Toutefois à ce stade, une partie des larves continue à nager, de telle sorte que l'ensemble de la masse n'est jamais totalement au repos, sans mouvement. En appliquant cette technique d'élevage des larves, les pertes sont pratiquement nulles.
Après 24 heures environ, les larves qui ont développé leurs organes se remettent en mouvement pour nager alors de plus en plus “comme un poisson”. Pendant ce temps, elles gonflent d'air leur vessie natatoire, en procédant de la même manière que les larves de Carpe commune, et dès lors, elles sont prêtes à prendre leur première nourriture. Quand ce stade commence, les larves disposent encore d'une réserve de 25–35% de leur sac vitellin.
La première alimentation des larves des Carpes chinoises est identique à celle des Carpes communes : rotifères, animaux unicellulaires (Paramecium) ainsi que des larves de copépodes (nauplii).
Dans les écloseries les larves sont d'abord nourries une ou deux fois avec du jaune d'oeuf cuit dur, pressé à travers un tissu à fine trame, de manière à donner aux larves de fines particules de jaune d'oeuf qu'elles peuvent prendre en bouche et avaler ; ou encore, on réduit le jaune d'oeuf dur en très fines particules qui restent en suspension dans l'eau, à l'aide d'un mixer (broyeur - mélangeur électrique).
A présent K.W. CHOW suggère une technique particulièrement adéquate pour la préparation de nourriture des larves, à base d'oeufs entiers réduits en microcapsules.
Cette préparation s'effectue de la manière suivante :
Casser l'oeuf entier dans un bol résistant, légèrement chaud.
Battre énergiquement l'oeuf à l'aide d'un fouet métallique afin de l'homogénéiser. On peut ajouter à cette préparation, des vitamines prémix et 0,2% de carbonate de calcium.
Verser rapidement par dessus l'homogénat approximativement 150 cc d'eau bouillante, par oeuf, tout en battant vigoureusement sans arrêt, au fouet, jusqu'à obtention d'une substance fine et opalescente.
Obtenir le volume désiré en ajoutant de l'eau froide.
Nourrir directement les larves de poisson à l'aide d'une cuiller ou d'un godet.
Cette préparation d'oeufs entiers en microcapsules a été expérimentée et appliquée avec succès à Andasibe.
Après cette première nourriture à base d'oeufs, les larves doivent être transférées aussitôt que possible dans des étangs d'alevinage bien préparés.
La préparation des bassins d'alevinage des jeunes larves de Carpes chinoises commençant à se nourrir est exactement la même que celle décrite pour Carpe commune.
Au moment de l'obtention des oeufs fécondés, les bassins d'alevinage doivent être mis sous eau et fertilisés à l'aide de fumier de poule de préférence (10 à 20 kg/are) ; autant que possible, immerger le long des berges des bassins, des bottes d'herbes sèches (graminées) ; 3 à 4 jours sont suffisants pour développer dans ce milieu un plancton riche en zooplancton et en animaux unicellulaires (Paramecium) procurant ainsi la première nourriture naturelle la mieux indiquée pour les larves et le jeune frai.
Jusqu'à l'âge d'un mois, tous les alevins des Carpes chinoises se nourrissent de zooplancton, sans exception. Aussi, pour maintenir un zooplancton suffisamment abondant, les bassins d'alevinage doivent être fertilisés au moins deux fois par semaine, en y répandant 5 kg de fumier de poule ou 10 kg de fumier de boeuf, à la fois et par are.
Si la végétation aquatique apparaît dans les bassins d'alevinage, il convient de l'enlever aussitôt, sinon les plantes de cette macro-végétation utiliseront à leur seul profit tous les éléments nutritifs de la fumure, et plus aucun développement de phyto - et zooplancton ne sera possible.
Le taux de mise en charge des bassins de premier alevinage est d'environ 100 larves/m2. Toutefois, dans des étangs très riches en plancton, la densité de stockage peut atteindre 200 larves/m2.
Le premier alevinage des Carpes chinoises principales, jusqu'à l'âge de 20–30 jours se fait autant que possible en monoculture. Il n'est pas indiqué non plus de mélanger dans un même bassin d'alevinage des larves d'âges différents.
Les jeunes Carpes chinoises atteignent une longueur de 2.5–3 cm (longueur standard) à l'âge de 20–30 jours environ, et dès lorsellelles peuvent être transférées dans des étangs de second alevinage où leur élevage se poursuit alors en polyculture.
Dépassé l'âge de 30 jours, ces jeunes alevins commencent à se nourrir respectivement de phytoplancton (Carpe argentée), d'algues filamenteuses et des jeunes feuilles tendres de plantes aquatiques (Carpe herbivore). La Carpe à grosse tête (marbrée) change également son alimentation, consommant alors du phytoplancton et du zooplancton beaucoup plus gros.
Les alevins des espèces principales de Carpes chinoises sont beaucoup plus robustes et résistants que ceux de Carpe commune du même âge ; aussi, en général on obtient un meilleur taux de survie que celui atteint par Carpe commune.
Mais toutefois, la récolte de ces jeunes alevins doit être faite avec beaucoup plus de soins, en raison de leur très grande sensibilité, tant de la peau qu'à l'oxygène.
Dans un étang de premier alevinage bien préparé, le taux de stockage est de l'ordre de 100–200 larves par m2. A une telle densité, ces larves ont vite fait de venir à bout de la nourriture naturelle disponible dans le bassin, même en fertilisant celui-ci régulièrement. En raison du taux élevé de survie de ces espèces de poissons, il est nécessaire de réduire la densité de mise en charge des jeunes alevins, après une dizaine de jours calculés à partir du moment où ils reçurent leur première nourriture. La réduction du stock est relativement facile, du fait que les jeunes Carpes chinoises ne vivent pas en bordure des bassins, mais plutôt rassemblées en bancs dans les eaux libres des étangs. Pour la capture des jeunes alevins de cet âge, on utilise un petit filet (senne miniature) de 3–4 m. de long, fait en PVC tel que le tissu moustiquaire synthétique à mailles de 1–1.5 mm., et dont les extrêmités sont maintenues rigides par un bâton. Un tel engin peut être facilement manipulé par 2 pêcheurs opérant en pleine eau. Les alevins capturés sont maintenus dans l'eau, dans le boursage du filet d'où ils sont prélevés et évacués dans des seaux ou des bassins contenant assez d'eau propre (sensibilité à l'oxygène). Si les alevins doivent être transférés loin de l'écloserie, il faut les conditionner avant le transport. Dans ce cas, ils sont stockés dans des cages en filet très fin (fait en général en tissu moustiquaire) où ils reçoivent un bon débit d'eau propre et où ils sont maintenus en stabulation pendant une durée de 4 heures minimum et de 24 heures maximum.
Des cages basses aux parois rigides, d'une surface de 1 à 4 m2, telles que les caisses d'incubation et d'éclosion utilisées à Madagascar pour la reproduction semi-naturelle de Carpe commune conviennent très bien à cette fin. Le fond et les parois des cages sont recouverts d'un tissu rigide à fines mailles, de 0.8–1 mm.
Ces cages sont fixées par des piquets, dans un étang bien fertilisé, riche en Rotifères, le jour même où l'on a obtenu les oeufs fécondés.
Une poignée de fumier de poule est diluée dans un bassin d'eau et seule la partie liquide répandue au-dessus de la surface de la cage.
Le frai est stocké dans ces cages, dès que les larves prêtes à se nourrir ont reçu leur première alimentation sous forme de jaune d'oeufs durs (ou d'oeufs entiers en microcapsules) ; 2.000 larves environ sont stockées par m2 de cage. On élève le frai dans ces conditions pendant une dizaine de jours au terme desquels il atteint 10–15 mm de long. Après ce temps, le frai doit être transféré et élevé en polyculture, dans des étangs d'alevinage normalement préparés.
Le jeune frai de Carpe argentée a très grand appétit, de même que celui des autres espèces. Il consomme avidement de la farine finement moulue, répandue à la surface de l'eau. Habituellement et en complément de la nourriture naturelle, on nourrit le frai des Carpes chinoises avec de la farine de soja, de maïs ou de son de riz, passée au travers d'un tamis à fine maille. Dans les pays industrialisés, des aliments spéciaux sont préparés pour le nourrissage du frai.
Le transport des jeunes Carpes chinoises revêt un aspect particulièrement important du fait que dans une région ou dans un pays, la propagation de ces poissons ne peut être effectuée qu'en très peu d'endroits.
Le transport des oeufs fertilisés est possible, mais très difficile ; cette technique est actuellement en expérimentation.
Par contre, il est possible de transporter les larves de 2–3 jours, ensuite du jeune frai de 10–15 jours, de même que des alevins de 20–30 jours. Au fur et à mesure que les alevins de Carpes chinoises grandissent et prennent de l'âge, leur transport devient de plus en plus difficile, les sacs ou containers pouvant contenir de moins en moins de poissons.
Le transport s'effectue dans des sacs en plastique (chlorure de vinyle), avec ou sans oxygène en ce qui concerne les larves de 2 jours. A cet âge, c'est la meilleure possibilité de transporter aisément un très grand nombre de larves. Pour un transport d'une durée de 8–10 heures, 2.000 à 3.000 larves peuvent être stockées par sac, dans 15–20 l. d'eau fraîche, sans oxygène. Il est indiqué de doubler le sac en plastique d'un sac de toile jute qui doit être mouillé au départ et en cours de route, de manière à maintenir la température de l'eau assez basse pendant toute la durée du transport. Si les sacs sont gonflés d'oxygène, on peut alors stocker dans le même volume d'eau, 8.000 à 10.000 larves, le transport s'effectuant dans les mêmes conditions (par mesure de sécurité on utilise toujours 2 sacs en plastique à la fois, glissés l'un dans l'autre).
Des larves de 3 jours doivent être transportées uniquement sous oxygène, pour la bonne raison que si elles sont empêchées de gonfler d'air leur vessie natatoire, elles mourront aussitôt.
Les larves de 4 jours ont besoin d'une grande quantité de nourriture adéquate, et de ce fait il est contre-indiqué et trop risqué de procéder à un long transport à cet âge.
Les larves parvenant à leur lieu de destination doivent être déversées dans des étangs d'alevinage bien préparés. Il est particulièrement important de veiller à ce que ces bassins ne contiennent aucun Gambusia, Tilapia, ou toute autre espèce de poisson (ou prédateur) qui pourrait consommer toutes les larves. Une autre possibilité de stockage des larves consiste à les placer momentanément dans des caisses (cages) en filet fin, fixées dans un bassin riche en Rotifères ; 2.000 larves peuvent être stockées dans une caisse de 1.20 × 1.50 m. Entre temps, les bassins d'alevinage doivent être préparés et après 4 à 6 jours, les larves y sont transféréss.
Le jeune frai doit être capturé en pleine eau, à l'aide d'un filet à très fines mailles (1–1.5 mm.) duquel il est retiré sans le sortir de l'eau, à l'aide de seaux dans lesquels on rajoute assez d'eau propre, pour les transporter jusqu'au lieu de stockage; le frai est déversé dans une caisse (ou cage) en filet à très fines mailles au travers de laquelle passe un bon débit d'eau fraîche, propre et oxygénée, où il reste en conditionnement pendant 4 à 24 heures.
Selon la durée du transport, on met de 3.000 à 5.000 poissons dans les sacs en plastique contenant 20 l. d'eau : pour 4–5 heures = 5.000, pour 6–8 heures = 3.000 respectivement. Ils doivent évidemment être transportés sous oxygène. Ici également, il est indiqué de doubler les sacs en plastique d'un sac en jute mouillé, de manière à éviter toute élévation de température pendant le transport.
Au cas où l'on ne dispose pas d'oxygène, le transport peut toutefois s'effectuer dans les sacs en plastique; mais alors on ne peut stocker que 200–300 poissons seulement par sac contenant 10 l. d'eau fraîche et bien oxygénée.
Le transport d'alevins âgés de 20–30 jours environ est le même que celui des alevins de Carpe commune. Il est évidemment très important de conditionner au préalable ces alevins en eau propre, pendant un maximum de 24 heures au cours desquelles l'intestin se vide; la pollution de l'eau pendant le transport, par les matières fécales, est ainsi évitée.
Quand les jeunes Carpes chinoises furent transportées de Hongrie à Madagascar, 40–50 alevins de 3–4 cm. de longueur standard furent mis dans des sacs en plastique gonflés d'oxygène et contenant 3 l. d'eau. Ces alevins furent tout d'abord mis en stabulation pendant 6–7 jours, sans nourriture, dans un bac recevant un bon débit d'eau. Le transport dura 4–5 jours et ils parvinrent à destination, sans mortalité.
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1. NOURRITURE DES CARPES CHINOISES PRINCIPALES
1a. La Carpe herbivore de grande taille mange la macro-végétation aquatique.
1b. La Carpe herbivore consomme également l'herbe fraîche naturelle terrestre coupée…
1c. … de même que les algues aquatiques tendres.
1d. L'alevin de Carpe herbivore mange les algues filamenteuses.
2a. La Carpe argentée filtre les algues des eaux libres - pélagiques; elle peut tamiser des algues très fines, de 0,02 mm.
2b. L'alevin de Carpe argentée se nourrit de zooplancton, jusqu'à l'âge d'un mois.
3a. La Carpe à grosse tête ou Carpe marbrée filtre le zooplancton et le phytoplancton de plus grosse taille, dans les eaux libres -pélagiques. Son appareil filtreur n'est pas aussi fin que celui de la Carpe argentée.
3b. L'alevin de Carpe à grosse tête se nourrit de zooplancton, comme celui de Carpe argentée.
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2. MAINTIEN ET MANIPULATION DES CARPES CHINOISES - GENITEURS - PENDANT LA REPRODUCTION ARTIFICIELLE
Cage ou “Hapa” en tulle moustiquaire convenant parfaitement pour le maintien/stockage des Géniteurs, pendant leur traitement les préparant à la reproduction artificielle.
pierres maintenant le fond du “Hapa” en place, en profondeur
un débit d'eau continu doit passer au travers du “Hapa”
le dessus du “Hapa” (cuverture) doit être couvert d'un sac ou de feuilles de bananier (ou autres) procurant un abri ombragé et calme aux géniteurs
dans un “Hapa” de 2 × 1 × 1 m. on peut garder 2–3 géniteurs.
A partir du “Hapa” il est très facile de retirer les géniteurs pour les diverses manipulations. On soulève le fond du “Hapa” de l'avant vers l'arrière pour le ramener vers l'ouverture, en surface de l'eau, avec les géniteurs qui ne peuvent ni sauter, ni se débattre.
Le même type de “Hapa” est fixé dans un étang, à l'aide de piquets
et utilisé pour la reproduction semi-naturelle de Carpe herbivore
géniteurs en reproduction
oeufs flottants
Les oeufs fertilisés et gonflés sont récoltés à l'aide de seaux, après enlèvement préalable des géniteurs.
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3. LES DIFFERENCES EN DEGRES-HEURES POUR L'OVULATION DES CARPES CHINOISES PRINCIPALES SELON LA TEMPERATURE DE L'EAU (HORVATH - 1978)
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4. EXTRACTION DES PRODUITS SEXUELS DES CARPES CHINOISES PRINCIPALES ET FERTILISATION DES OEUFS
la manière correcte de retirer les géniteurs femelles hors de l'eau, le pouce du manipulateur pressant-obturant la papille génitale.
extraction des oeufs, le poisson reposant sur une table ; la tête et la queue sont couvertes d'une serviette.
les géniteurs anesthésiés peuvent être manipulés par un seul homme.
les oeufs sont pesés “secs”.
l'extraction du sperme des mâles anesthésiés et séchés au préalable, peut être faite directement au-dessus de la masse des oeufs
les oeufs et la laitance sont mélangés ensemble sans délai.
processus de fertilisation des oeufs (fécondation) : on ajoute une petite quantité d'eau propre (10–20 cc) aux produits sexuels, en mélangeant pendant 20 secondes environ, à l'aide d'une plume.
on rajoute davantage d'eau propre en continuant à mélanger les oeufs pendant 2–3 minutes maximum.
les oeufs fertilisés sont versés dans un seau d'eau.
la masse des oeufs est rincée 3–4 fois à l'eau propre.
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5. INCUBATION DES OEUFS DES CARPES CHINOISES
après rinçage la masse des oeufs est placée sans délai dans les jarres d'incubation
- dans une jarre de 50 l., 100 à 150 gr d'oeufs …
- dans une jarre de 200 l. de capacité, on peut placer 300 à 400 gr d'oeufs
si l'eau alimentant les jarres d'incubation est polluée par des matières organiques et que les bactéries attaquent l'enveloppe des oeufs, on utilise une solution de Tannin pour prévenir l'éclosion prématurée des larves ; 10 gr de Tannin dans 10 l. d'eau : mélange duquel on prélève 0,5 l. pour traiter les jarres de 50 l. et 1,5 l. pour les grandes jarres.
quand beaucoup d'oeufs blancs (mauvais) s'accumulent en surface, audessus de la masse des oeufs sains, ils doivent être enlevés par siphonage fait avec grand soin.
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6. ANESTHESIE DES CARPES CHINOISES AVEC LA QUINALDINE
mesurer exactement la dose à utiliser à l'aide d'un tube gradué ou d'une seringue, ou de fioles de volume déterminé :
1/100.000 pour la Carpe argentée
1/60.000 pour la Carpe herbivore et la Carpe à grosse tête, soit respectivement : 1 cc dans 100 l. d'eau et 1 cc dans 60 l. d'eau.
verser la Quinaldine dans un seau d'eau, en mélangeant continuellement.
arrêter partiellement le débit d'eau du bac ou “Hapa”.
répandre la solution de Quinaldine au-dessus de la surface du bac ou “Hapa”.
jeter 3–4 seaux d'eau par-dessus le bac ou “Hapa” pour assurer une bonne distribution de la Quinaldine.
après 4–5 minutes, les géniteurs sont endormis, la plupart se trouvant
alors flottant en position retournée, le ventre en l'air;
-l'extraction des oeufs peut alors commencer sans délai.
6.2. Développement de l'oeuf de la Carpe argentée
| a. | oeuf non gonflé | e. | stade gastrula |
| b. | oeuf gonflé | f. | fermeture du blastopere |
| c. | division cellulaire | g.j. | développement de l'embryon |
| d. | stade morula | j. | larve prête à éclore |
6.3.
larve de Carpe argentée juste éclose
larve prête à se nourrir - la vessie natatoire est déjà gonflée d'air.
6.4. Comment préparer une nourriture à base d'oeufs entiers réduits en microcapsules, pour les larves de poisson (d'après K.W. CHOW - 1980)
casser l'oeuf entier dans un bol résistant, légèrement chaud.
battre l'oeuf vigoureusement avec un fouet métallique, pour l'homogénéiser
on peut ajouter à cette préparation des vitamines prémix et 0,2% de carbonate de calcium.
faire bouillir 150 cc d'eau par oeuf.
verser rapidement l'eau bouillante sur l'homogénat, en battant constamment au fouet, jusqu'à obtention d'un mélange finopalescent.
obtenir le volume désiré en ajoutant de l'eau froide.
alimenter directement les larves de poisson de cette substance opalescente, à l'aide d'une cuiller.
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7. ECLOSION DES OEUFS DE CARPES CHINOISES
pendant la durée de l'éclosion, la bande de tissu-tamis ceinturant et surmontant la partie supérieure des jarres doit être souvent nettoyée, sinon les coquilles vides des oeufs viennent obstruer et boucher les mailles de ce tamis; l'eau peut alors déborder des jarres et les larves s'enfuir.
quand l'éclosion est terminée les débris doivent être enlevés par siphonage.
mesure adéquate des mailles du tamis ceinturant et surmontant les jarres, pour les Carpes chinoises.
7.2. Comment fabriquer un cabas pour le transport à courte distance des géniteurs, dans l'eau.
mesures de la toile imperméable (toile de bâche) pour obtenir un cabas de 60 × 40 × 15 cm.
façon de replier la toile et de fixer les plissures, comme l'indique la flèche.
coudre les plis sur les côtés du cabas, et placer les poignées.
le cabas terminé, muni de sticks en bambou passés sous les plis, afin de raidir l'ouverture du cabas.
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8. TABLEAU HORAIRE DE LA REPRODUCTION ARTIFICIELLE DE LA CARPE ARGENTEE ET DE LA CARPE HERBIVORE
(Les flèches épaisses montrent l'heure exacte des activités).
Capture et sélection des géniteurs prêts à la reproduction.
Première injection des femelles (0,5 mg/Kg).
Injection des mâles (2 mg/Kg).
Seconde injection des femelles (4,5 mg/Kg).
Récolte des produits sexuels mûrs (oeufs et laitance).
Placer les oeufs fertilisés dans les jarres d'incubation.
Préparation (mise sous eau - fumure) des étangs d'alevinage.
Eclosion des larves (27–30 heures après fertilisation des oeufs).
Le tamis ceinturant le dessus des jarres est souvent nettoyé pour éviter son obstruction et le débordement de l'eau qui permettrait l'évasion des larves “nageant”.
Quand l'éclosion est finie (durée maximum 4–6 H.) les débris doivent être enlevés des jarres, par siphonage.
Les larves “nageant” âgées de 2 jours peuvent être transportées avec ou sans oxygène.
Les larves “nageant”, avant de prendre l'oxygène (3ème jour), doivent être transportées uniquement sous oxygène.
Larve remplissant d'air sa vessie natatoire.
Nourrir les larves avec du jaune d'oeuf dur, ou de l'oeuf entier préparé en microcapsules.
Taux de mise en charge des larves dans les bassins d'alevinage : 100–200 par m2.
8.2. Comment distinguer l'alevin de Carpe argentée et de Carpe à grosse tête (ou Carpe marbrée).
Carpe argentée : la nageoire pectorale n'atteint pas la base de la nageoire abdominale.
Carpe à grosse tête : la nageoire pectorale dépasse la base de la nageoire abdominale
nageoire pectorale
nageoire abdominale.
