Previous Page Table of Contents Next Page


SECTION I: PRESENT STATUS OF AQUACULTURE AND POTENTIAL FOR DEVELOPMENT (contd.)

POTENTIALITES HYDRIQUES DE LA TUNISIE ET VOCATION AQUICOLE DE SES PLANS D'EAU

par

Habib Fouad Nasfi
Projet de développement de la Pêche (PNUD/TUN 33) 16 Avenue Farhat Hached
Salammbô, Tunisie

Résumé

Après une brève description de la géographie de la Tunisie, l'auteur définit les stades bioclimatiques. Comme conséquence des conditions physiques les cours d'eau sont en majorité des torrents qui ne sont en eau qu'une partie de l'année et des lacs salés peuvent s'assécher complètement (sebkhas, chotts). Les lacs, lagunes, cours d'eau, barrages, réservoirs, sebkhas, réservoirs d'oasis, forages artésiens et bassins de ciment sont énumérés en indiquant leurs caractéristiques principales et les conditions de leur exploitation piscicole sont indiquées tout en décrivant l'état présent.

Les centres expérimentaux d'aquiculture, d'empoissonnement et de repeuplement des eaux sont cités ainsi que les espèces de poissons introduites en Tunisie.

L'auteur conclue par une vue optimiste de l'avenir de l'aquiculture dans les eaux continentales tunisiennes.

Abstract

After a brief description of the geography of Tunisia the bioclimatic stages are defined. As a consequence of the physical conditions, most of the rivers have flowing water for only part of the year and some salt lakes may dry up completely (sebkhas, chotts). The lakes, lagoons, rivers, dams, reservoirs, sebkhas, oasis reservoirs, artesian wells and concrete tanks are listed and their main features and conditions for fish exploitation are described.

The experimental centres for fishculture, stocking and restocking of water bodies are listed with the fish species introduced into Tunisia.

The author concludes with an optimistic view of the future of aquaculture in the Tunisian water bodies.

1. INTRODUCTION

La pisciculture ayant souvent été du ressort de la Direction des forêts, il va de soi, et cela a été par la suite adopté, que barrages, plans d'eau, aménagement des eaux (et par là-même empoissonnement et pisciculture) ne peuvent être érigés que dans un cadre respectant la lutte contre l'érosion ou un programme de reboisement. En d'autre termes, l'étude de l'eau doit suivre l'étude climatologique, géographique et géo-morphologique d'une région.

Puisque telle est la règle, cette étude qui timidement a pour objet de brosser un état sommaire des potentialités hydriques de la Tunisie avec l'indication des caractéristiques principales des plans d'eau, la particularité de chacun d'eux et leur vocation aquicole, ne pourra venir qu'à la suite d'une étude aussi sommaire soit-elle de la carte tunisienne dégagée des données, climatographiques, géo-morphologiques et bioclimatologiques.

2. ASPECT GEOGRAPHIQUE

Située entre le 38ème et le 31ème parallèles Nord; et malgré sa limite sud saharienne, la Tunisie a une pluviométrie qui n'est pas des plus défavorables. La pluviométrie est en effet de 450 mm dans la région Nord, 330 mm dans la région du centre et de 150 à 50 mm dans la région Sud.

Le prolongement de l'Atlas dans ce pays fait que les régions du nord et de l'ouest sont montagneuses avec pour conséquence immédiate l'existence de nombreux cours d'eau. Le climat étant méditérranéen, ces cours d'eau appelés oueds sont pour la grande majorité saisonniers et connaissent donc un étiage périodique sinon un tarissement après la vague de pluie. Il n'empêche que certains coulent toute l'année tels que les oueds Medjerda, Meliane et R'Mel.

La pente, le débit, les natures géologique et morphologique du terrain, font que ces cours d'eau se jettent dans la mer ou dans les dépressions formant des lacs; c'est ainsi que bon nombre de lacs existent en Tunisie.

Le pays ayant montré des signes certains d'érosion et de dégradation des sols, des mesures ont été prises depuis longtemps en vue de freiner ce processus, là où il n'est déjà pas irréversible, et la mise en valeur des sols en dégradation, des sols à croûtes calcaires ou gypseuses, des zones très fortement hydromorphes est maintenant pratique courante, ceci évidemment après classification des zones, classification basée essentiellement sur la pente, la texture, la profondeur, le drainage et la salure des sols. De plus ces types de sols ne peuvent qu'être classés dans leur étage bioclimatique propre, étage bioclimatique aride, semi-aride, steppique.

Avant d'aborder le problème des plans d'eau eux-mêmes il serait d'abord utile d'avoir une idée d'ensemble des zones où ils se trouvent pour une meilleure compréhension des problèmes qu'ils peuvent soulever.

De l'association des trois critères: climat, géographie, géo-morphologie découle une classification groupant quatre régions bien définies ou étages bioclimatiques (Fig. 1).

Le 1er étage bioclimatique sera celui se trouvant au nord de la ligne Sakiet sidi Youssef-Bou-Ficha soit, légèrement au dessus du 36ème parallèle.

Un axe Ghardimaou-Ghar-el-Melh, marquant la vallée du fleuve Medjerda le traverse, le divisant ainsi en deux zones, la zone ouest recevant plus de 600 mm de pluie, la zone est environ 450 mm. Cet étage se fait remarquer par son altitude, la qualité de son sol, de nombreux cours d'eau coulant souvent à longueur d'année, la bonne qualité et la basse température de l'eau.

Le 2ème étage bioclimatique est celui formé par la partie centrale de la chaîne montagneuse “la Dorsale” et ayant pour limite sud la ligne Sbeitla-la Chebba où les précipitations sont de 330 mm environ. Là, les oueds sont tous saisonniers et les problèmes d'érosion se posent avec beaucoup plus d'intensité. Les sols y sont très sensibles et l'équilibre biologique de cette région proche des zones arides est extrêmement fragile. La limite est étant constituée par des vallées et des plaines (le Sahel) les oueds n'atteignent pas la mer, et se jettent alors dans les dépressions donnant naissance à des lacs continentaux relativement peu salés et connaissant un étiage saisonnier.

Le 3ème étage bioclimatique et celui dont la limite sud passe par la ligne Mahares-Maknassy soit le parallèle 34°30' Nord. C'est la région des steppes où la pluviométrie n'excède pas les 200 mm, où le sol est souvent à dénudé, sujet à l'érosion, érosion par ruissellement surtout. La dégradation du sol est dangereusement aggravée par le surpâturage et la culture aléatoire des céréales. Les cours d'eau sont rares, sont tous saisonniers, encore plus rares y sont les plans d'eau.

Le 4ème étage bioclimatique serait celui situé au sud du 3ème et se prolongeant dans le désert.

La côte de cette région peut enregistrer des précipitations totales de 300 mm, mais l'intérieur rarement 150 mm. Quant à la zone désertique, sa pluviométrie dépasse rarement 50 mm par an. Cette région a sérieusement été éprouvée par l'érosion par ruissellement et l'érosion éolienne qui ont dégradé les sols à un point tel que l'on peut se demander si le processus de dégradation dans ces zones n'est pas devenu irréversible. A part une chaîne montagneuse au nord (région de Gafsa) et une au centre (région de Matmata) la région est connu pour sa platitude. Le sol y est souvent hydromorphe. Bon nombre de lacs s'y trouvent, pour la plupart salés et tous connaissent un étiage. C'est la région des “sebkhas” et “chotts” (lacs salés), des oasis et du désert.

En résumé le climat étant méditerranéen, avec des pluies saisonnières, les cours d'eau sont donc des torrents ou oueds, gonflés d'eau après la pluie et charriant tout sur leur passage. Il s'en suit une érosion par ruissellement et un lessivage important, causant une grande dissolution de sels minéraux et chargeant les eaux de chlorures ou de bromures. Quant ces oueds se jettent dans des lacs, il en résulte un apport de boues et de sédiments, dû au premier phénomène, et un apport de sels minéraux dû au second. Si en plus, le sol supportant le lac est de nature halomorphe, il s'en suit une certaine salinité plus ou moins grande selon la nature du terrain, salinité qui va en s'accentuant au printemps et en été par l'effet d'évaporation de l'eau pour atteindre des salinités élevées jusqu'à 70 g/l quand l'évaporation n'affecte qu'un certain volume du lac, tel est le cas de certains enclos du lac de Tunis en été par exemple, et pour donner d'énormes dépôts de sel après assèchement complet du lac comme dans le cas des sebkhas et chotts ou lacs salés (chotts Jérid et Féjej, par exemple).

L'étage bioclimatique, la géo-morphologie du terrain, l'altitude vont faire que quand il y a accumulation d'eau, en aura affaire à un lac, une lagune ou un lac salé, s'il n'y a pas intervention de l'homme, intervention qui se limite le plus souvent en l'édification de réservoirs de retenue d'eau ou de barrages.

Compte tenu de ces critères des différences hydrologiques viendront marquer ces divers plans d'eau dont nous essayerons de dresser un inventaire aussi complet que possible.

3. INVENTAIRE DES PLANS D'EAU (voir Fig. 2 et 3)

3.1 Les lacs tunisiens

Près de 95 000 ha du sol tunisien sont occupés par des lacs généralement situés sur la côte, les lacs se rencontrent du nord au sud tunisien jusqu'au niveau du 33ème parallèle. Ces lacs sont généralement peu profonds, dépassant rarement 4 m de profondeur. Ils sont pour la plupart salés, ayant approximativement la même salinité que l'eau de mer, étant en communication avec cette dernière, certains cependant comme par exemple le lac d'Ichkeul, ont une très faible salinité dûe à l'action de lessivage des eaux de ruissellement. De tels lacs font fonction de collecteurs d'eaux d'oueds et sont peu ou pas en communication avec la mer.

Qu'ils soient salés ou saumâtres, ces lacs hébergent généralement de grandes quantités de poissons et sont l'objet d'activités halieutiques: pêche au chalut, pêche au filet trémail, à la “damassa”, à la ligne, et autre. De plus des bordigues sont installées sur la plupart d'entre eux, aidant ainsi à l'accroissement du produit de la pêche.

Le Lac Garaat Sidi Mansour est situé au niveau du 34ème parallèle nord, à 70 km de la côte. Ce lac, d'une superficie d'environ 2 000 ha, d'une salinité de 1,2 g/l d'une eau à température variant entre + 3°C en hiver et + 24°C en été se signale par une certaine particularité, il a été formé en 1969 à la suite des inondations dévastatrices de ladite année. Trois oueds s'y jettent, ce sont l'oued Baiache, l'oued Segui, et l'oued Belkhire. Il n'a malheureusement pas été possible de statuer sur l'état d'empoissonnement de ce lac, mais la présence de poules d'eau, de bécasses, de flamants roses laisse y présager la présence de poissons.

Les espèces qui pourraient donc y être représentées seraient vraisemblablement:

Un empoissonnement de ce lac avec Tilapia nilotica, T. mossambica et de Cyprinus carpio est prévu pour un proche avenir, étant donné la richesse de ce lac en phytoplancton et en zooplancton. Une végétation benthique y existe, le taux d'oxygène dissous y est satisfaisant, l'évaporation n'affecte que très peu le volume d'eau et par là-même les variations de salinité.

Les lacs de Salammbô, Haouaria et Ferjouna ne sont que faiblement exploités, et ce par des pêcheurs solitaires, pêchant souvent à l'épervier.

Les lacs de Kelibia et de Kniss ont été peuplés de:

Les autres lacs sont fortement exploités et les poissons qui y sont capturés appartiennent aux espèces suivantes:

Il est à noter que des carpes, tanches et rotengles, déversés à différents endroits et à quelque cent kilomètres de distance, ont été pris dans le lac de Kelibia, y seraient arrivés par différents cours d'eau.

En plus des espèces de poissons citées plus haut,

Le lac de Bizerte héberge une conchyliculture florissante

Le lac de Tunis quoique très riche en poissons pose annuellement des problèmes qui seront résolus sinon en 1975 du moins en 1976.

Le problème du lac de Tunis est sa dégénérescence en été avec le phénomène “d'eau rouge” (J.M. Pérès). En effet, servant de déversoir aux égoûts de Tunis, le lac de Tunis reçoit par jour environ 150 000 mètres cubes d'eaux usées contenant 150 tonnes environ de sels minéraux dissous et de matières organiques, ce qui favorise le développement d'un riche phytoplanction de même que du phytobenthos, entre autre Ulva lactuca et Enteromorpha qui dégénérant, la température et l'activité bactérienne aidant provoquent une diminution du taux d'oxygène dissous, une libération de l'acide sulphydrique avec pour conséquence la mort des poissons et la coloration de l'eau en rouge. La mortalité des poissons, du moins ceux qui n'arrivent pas à sortir du lac pour regagner la mer est presque de 100 pour cent en été.

En conclusion, tous les lacs de Tunisie montrent de grandes vocations piscicoles, ceux qui ne communiquent pas avec la mer sont alevinés périodiquement et les bordigues ne se referment sur le poisson que de juin à novembre, dans les lacs communiquant avec la mer.

Le tableau I fait l'inventaire de tous les lacs tunisiens avec quelques caractéristiques de chacun.

3.2 Les lagunes tunisiennes

Les lagunes couvrent près de 11 250 ha de terre. Ces lagunes sont presque toutes situées sur la côte est. Elles sont généralement peu profondes, dépassant rarement 1,5 m de profondeur, leur salinité est de 4 à 11 g/l pour les lagunes n'ayant qu'une étroite communication avec la mer, ou pas de communication du tout. Pour les autres, leur salinité dépasse 20 g/l, leur communication avec la mer étant plus grande, et le brassage des eaux plus important. Les étés étant chauds en Tunisie (33° à 35°C), l'évaporation est importante, ce qui inévitablement augmente la salinité des eaux, surtout quand celles-ci ont des très faibles profondeurs (0,3 à 0,5 m). C'est le cas des certains points des lagunes, quand on sait que le sol immergé n'est pas uniformément plat.

Les lagunes tunisiennes présentent, certes, une vocation aquicole certaine puisque déjà plusieurs d'entre elles sont naturellement peuplées de mulets, loups, anguilles, daurades, soles et autres espèces. Cependant, avant d'affirmer leur vocation, il peut être intéressant de les étudier d'un peu plus près.

Lagune de Menzel Temime

Peu profonde, cette lagune possède une communication avec la mer et est naturellement peuplée de plusieurs espèces de poissons; vu sa faible superficie, elle pourrait devenir une exploitation aquicole florissante, si certains capitaux y étaient investis. Ces investissements consisteraient principalement en l'augmentation du nombre et de la largeur des canaux de communication avec la mer, de plus, la mise en place de digues riveraines serait nécessaire.

TABLEAU I
Les lacs tunisiens

LacsSuperficieProfondeur maximumProfondeur moyenneSalinité minimumSalinité maximumParticularité
hamm
Tunis Nord  2 950    1,50,83640Phénomène d'eau rouge en été
Tunis Sud  1 220    1,10,63640      "       "       "
Ghar-el-Melh  4 200    2,41,52939Dépôt important d'alluvions
Bizerte15 000122,63039Phénomène partiel d'eau rouge
Isckeul12 000    1,61,3  434Dépôt important d'alluvions
Hergla  5 000    3,72,21345Etiage important
Kelibia10 000    3,82,1  545      "         "
Kniss  2 70045    3437      "         "
Bibane30 00073,53437      "         "
Sidi Bou Ali         131,7  540      "         "
Haouaria       3032,1  439      "         "
Ferjouna       35    4,52,1  439      "         "
Garaat Sidi Mansour  2 00041,2      1,211Etiage partiel
Salammbô         1    0,80,535    36,7Phénomène de flux et de reflux

L'approvisionnement en alevins ne poserait aucun problème puisque les alevins de mulets, de loups et daurades existent par milliers aux embouchures des oueds avoisinants.

Lagune de l'Ariana

Déversoir d'un oued, cette lagune n'a de communication avec la mer que par temps de crue quand le niveau de la lagune atteint son optimum. Des peuplements naturels y florissent dans une eau saumâtre. Mais cette lagune n'est pas exploitée, sa faible profondeur interdisant l'accès des barques côtières l'achat de barques à fond plat est ici impératif.

Pour pallier l'étiage partiel que connaît la lagune chaque été une communication avec la mer est à prévoir, même si pour cela on devait installer une station de pompage d'eau. Son empoissonnement pourrait facilement être réalisé par nos services.

Lagune de Sedjoumi

Cette lagune forme la limite sud-ouest de la ville de Tunis située dans une dépression, elle fait fonction de bassin d'accumulation des eaux de ruissellement.

Les seules espèces qu'on y rencontre sont Barbus callensis et Phoxinellus sp.

Elle connaît un étiage presque total. Sa vocation aquicole ne pourrait s'affirmer qu'après détournement de cours d'eau et aménagement spéciaux nécessitant de gros investissements.

Lagune de Bou-Ficha

Cette lagune contenant plus d'eau de rivière que d'eau de mer donne parfois l'impression d'être une immense rizière. Une rivière y coule toute l'année avec un débit moindre en été. Il est évident que les pertes en eau sont considérables: des millions de mètres cube d'eau d'irrigation sur plus d'environ 2 000 ha de terres cultivables. Une solution doit être trouvée pour cette lagune, qui telle qu'elle est ne peut être de grande utilité. L'érection d'un barrage s'avère nécessaire et antérieure à tout statut sur le devenir des 2 000 ha immergés.

Lagune de Hergla

Présente à peu près les mêmes caractéristiques que celle de Bou-Ficha; cependant son empoissonnement naturel est plus grand et sa faible superficie fait qu'elle est exploitée par certains pêcheurs de la région. Néanmoins son aménagement est nécessaire aussi si l'on veut exploiter sa vocation piscicole.

Lagune de Zarzis

La superficie, le volume, la salinité de cette lagune sont variables d'année en année suivant la pluviométrie de l'année.

Quoi qu'un peuplement piscicole naturel y soit hébergé, certains aménagements sont nécessaires à savoir surtout l'élargissement des canaux de communication avec la mer et le dragage de façon à en augmenter la profondeur et par là-même diminuer l'évaporation dans une région où l'ensoleillement est le facteur limitant en agriculture comme en aquiculture.

Le tableau II donne une liste des lagunes tunisiennes avec leurs caractéristiques principales.

TABLEAU II
Les lagunes tunisiennes

LagunesSuperficieProfondeur maximumSalinité moyenneSalinité maximumSalinité minimumParticularité
hamm
Menzel Temime     40010,62140Etiage important
Ariana  4 500   1,50,72143Etiage important
Sedjoumi  3 200   1,20,6  421Etiage presque total
Bou-Ficha  1 90030,8  837Etiage important
Hergla     500   1,80,8  840Etiage important
Zarzis     75010,61140Etiage important
Total11 250     

3.3 Les cours d'eau

Le climat étant de type méditerranéen, les cours d'eau tunisiens (Fig. 4) répondent donc au terme d'oued avec tout ce que cela peut englober comme critères. En effet, les oueds sont saisonniers, ne coulent que pendant une courte période de l'année, et après un orage, leur aspect n'est autre que celui de violents torrents dévalant des pentes raides, et entraînant tout sur leur passage: terre, rochers, arbres; ces oueds sont très sujets aux crues violentes, à la moindre pluie ils roulent des eaux boueuses, tellement chargées d'argile qu'on peut même y enregistrer des mortalités de barbeaux, très certainement par asphyxie, pourtant le barbeau est réputé être un genre rustique et résistant.

A part certains oueds de la région nord, en aval d'Aïn Draham, qui eux, s'assagissent à cette latitude après leur pente raide en Kroumirie et qui pourraient héberger certaines espèces de poissons, il faut hélas à constater que les oueds tunisiens offrent très peu d'intérêt du point de vue piscicole à moins d'aménagements nécessitant de gros investissements ou alors, d'importation d'espèces exotiques dont l'adaptation d'ailleurs aléatoire à la vie dans les eaux boueuses serait supérieure à celle du barbeau.

Toutefois certains cours d'eau de plaine prenant leur source avant la montagne ou encore ayant un débit normal et un courant lent constituent des exceptions intéressantes du point de vue piscicole.

Dans leur embouchure ou delta on rencontre toujours mulets, bars, athérines et daurades.

3.4 Les barrages

Le problème de l'ensoleillement et donc de l'assèchement périodique de plusieurs plans d'eau, a fait que, lors de l'introduction de nouvelles espèces de poissons d'eau douce en Tunisie, au cours des années 1966 et 1967, on ait pensé aux barrages (Fig. 5), énormes réservoirs de plus du million de mètres cubes d'eau, où les poissons ne risqueraient pas de périr à cause de l'étiage complet du plan d'eau. Ce n'était qu'une expérience, mais cette expérience a fait ses preuves puisque l'on peut pêcher aujourd'hui truites et black-bass sur certains de nos barrages.

Les espèces qui ont été introduites en Tunisie et qui ont servi à l'empoissonnement de nos barrages sont les suivantes: Cyprinus carpio, Salmo gairdneri, Micropterus salmoides, Tinca tinca, Scardinius erythrophthalmus.

L'état d'empoissonnement du barrage Mellègue serait des plus satisfaisants, d'après l'interprétation des prises qui y sont faites. Là, prédomineraient black-bass et carpes. Les barrages de Silana et de Nebhana présentent à peu de choses près les mêmes caractéristiques quant à leur état d'empoissonnement. Sans trop tomber dans un excès d'optimisme, on pourrait peut-être avancer que l'empoissonnement des barrages a été une réussite, que cette action devrait s'étendre à tous les barrages. Cependant l'état de leur empoissonnement, le développement des populations, le dépistage d'éventuelles maladies devraient être contrôlés et ce au moyen de prises périodiques d'échantillons.

Une liste des barrages tunisiens, avec leurs caractéristiques principales, fait l'objet du tableau III.

3.5 Les réservoirs de retenue d'eau

Erigés sur le cours ou en fin de course d'un cours d'eau, les réservoirs sont des barrages dont l'eau sert à l'irrigation des terres cultivées avoisinantes. Ce qui les différencie des barrages, n'est autre que le fait que leur construction est beaucoup plus rudimentaire, souvent se résumant à des remblais ou des digues en terre battue, et le fait aussi que leur capacité est beaucoup plus petite.

TABLEAU III
Barrages tunisiens

BarragesGouvernoratsDélégationsHauteur mCapacité millions m3Espèces déversées
SejnaneBizerteSejnane  ?  68carpe miroir
Beni AtaBizerteRas Jebel13    ?carpe miroir
Chebed DoudBizerteRas Jebel21    ?carpe miroir
NachrineBizerteRas Jebel14    ?       -
BezirkCap BonMenzel Bouzelfa22  29carpe miroir, tanche
MlabiCap BonMenzel Temime12    ?       -
Abdel MenemCap BonMenzel Temime17    ?       -
MasriCap BonGrambalia38  41       -
KassebBéjàBéjà  ?  45       -
Bou HertmaJendoubaAïn Draham44117       -
Sidi SalemJendoubaTeboursouk  ?430truite arc-en-ciel
Beni M'tirJendoubaAïn Draham60  25truite arc-en-ciel
MellègueKefNabeur65150black-bass
LakmassKefSiliana31    ?truite arc-en-ciel
JoumineBéjàMateur  ?  70       -
BebhanaKairouanSbika62  25carpe miroir, tanche
     truite arc-en-ciel

Accumulant les eaux de petits ruisseaux ou de sources de montagnes, les réservoirs renferment toujours une eau très claire, souvent potable, calme et de salinité voisine de 0 g/l. Provenant souvent de sources, leurs eaux sont généralement assez froides et conviennent bien aux espèces européennes. Leur potentialité piscicole est grande et la capture des spécimens y est beaucoup plus facile. De nombreux réservoirs se trouvent dans le nord, et dans la presqu'île de Cap Bon l'un d'entre-eux, Besbessia a été empoissonné en 1966 avec des brochetons et des black-bass.

Ceux de la région de Bizerte ont été empoissonnés cette année à l'aide de carpe miroir.

La vocation piscicole de ces plans d'eau est indéniable, plusieurs prises ayant été effectuées à El Habibia et donnent des carpes, tanches, et rotengles; pour sa part l'auteur a remarqué la présence de poissons de grande taille à Besbessia, mais n'ose pas dire s'il s'agit de barbeaux ou de brochets, vue la distance du point d'observation. En tout cas à Besbessia où les conditions de vie et d'acclimatation sont très bonnes, 2 000 brochetons ont été déversés au cours de l'année 1966.

Une liste des réservoirs tunisiens est donnée au tableau IV.

TABLEAU IV
Réservoirs de retenue d'eau

RéservoirsSuperficie haProfondeur moyenne mNature de l'eauSalinité g/lEspèces existantesExpèces déversées
Besbessia1,54,5oued  1,2Barbus callensisBlack-bass Brochet
Aïn Jemmala0,22,5source0Barbus callensisCarpe miroir
El Habibia2    3    oued2–3Phoxinellus sp.Rotengle
Barbus callensisCarpe miroir Tanche
Zaghouan0,31,2source0-Truite arc-en-ciel Tanche, Rotengle
Hofret el Oucif (Aïn Draham)0,32    oued1–2Barbus callensisTruite arc-en-ciel
Kisra0,21,5??--
Le Kef0,21,8oued1–2Barbus callensisCarpe miroir
Phoxinellus sp.
Tajerouine0,53    oued1–2-Carpe miroir
Borg Bourguiba0,5?   puits artésien?-Carpe miroir

3.6 Les lacs salés

Couramment appelés en arabe: sebkha ou chott dans le sud, ces lacs ont pour particularité d'être peu salés en hivér et fortement salés en été, avant leur étiage complet par été chaud. Ces sebkhas se situent toujours dans des dépressions, certaines sont même au dessous du niveau de la mer; elles reçoivent le flux des cours d'eau descendant des collines et montagnes avoisinantes.

Etant donné leur salinité variable entre des minimums et des maximums très éloignés les uns des autres, et aussi leur capacité variable atteignant l'assèchement complet at cours d'étés chauds pour plusieurs d'entre elles, ces sebkhas ne peuvent présenter d'intérêt, du moins à l'heure actuelle, quant à l'aspect piscicole.

La salinité des sebkhas est d'au moins 5 ppm en hiver, et plus de 40 ppm en été, cet assèchement périodique des sebkhas situe inévitablement celles-ci dans l'étage bioclimatique semi-aride et au sud de celui-ci, c'est-à-dire au sud du 36ème parallèle. Pour en revenir à la vocation piscicole des sebkhas qui, nous l'avons dit, semble limitée étant donné les variations considérables de leurs données hydrologiques (température de l'eau, salinité, oxygène dissous, faible profondeur d'eau, etc.), il semblerait quand même qu'elles pourraient dans un proche avenir, quand l'aquiculture aura atteint le développement voulu, servir des lieux de transit ou d'étangs d'engraissement du poisson, pendant une certaine fraction de l'année.

Le tableau V fait l'inventaire des lacs salés tunisiens avec certaines de leurs caractéristiques.

TABLEAU V
Les lacs salés ou sebkhas

SebkhasSuperficieProfondeur maximumProfondeur moyenneSalinité ppmParticularité
hamm
Halk El Menzel    2 00010,40Etiage légèrement partiel
Sahline    3 000   1,10,50"Pas d'étiage
Moknine    4 000   1,20,50"Etiage partiel
Sidi El Hani  30 000     0,800,40"Etiage presque total
Cherita    1 000     0,700,30"Etiage presque total
El Bahira       170     0,700,35"Etiage presque total
El Jem         8010,40"Etiage partiel
Bou jemel         70    0,80,40"Etiage presque total
Dam       110    1,20,80"Pas d'étiage
En Nouail    6 50010,70"Etiage presque total
Rharsa       100    1,20,70"Etiage presque total
Chott Jerid450 000    1,10,50"Etiage total
Chott Féjej  40 00010,50"Etiage total
S. El Melah  25 000      0,700,30"Etiage important
S. Bibane    6 000    1,20,40"Etiage partiel

3.7 Les réservoirs d'oasis

Les oasis s'installent toujours autour d'une ou plusieurs sources. L'existence de plusieurs sources fait que les agriculteurs de l'oasis ont toujours tendance à rassembler les eaux dans un bassin ou réservoir d'oasis avant leur distribution aux différentes propriétés. Les réservoirs dépassent rarement un ha de superficie et 2 m de profondeur, leur salinité est de l'ordre de 2 à 4 g/l. Cyprinodon et Hemichromis sont les peuplements naturels de ces eaux. L'étude hydrologique a montré que si cette eau, quoiqu'utilisée en agriculture, présente certains inconvénients pour celle-ci, elle montre des qualités certaines pour l'aquiculture. C'est ainsi qu'en 1973 des expériences ont été mises sur pied et ont montré l'aptitude piscicole de ces eaux.

En effet, certains réservoirs d'oasis (Kébili et Zaafrane) empoissonnés avec:

Tilapia nilotica, Cyprinus carpio, Mugil auratus, Mugil capito, Mugil cephalus ont donné de bons rendements, sans nourriture d'appoint. De plus d'autres constatations s'en dégagent à savoir que:

Carpes et tilapias atteignent une valeur marchande après une année, c'est-à-dire un poids d'environ 300–350 g,

Carpes et tilapias se reproduisent après la première année,

Le mulet se développe très bien en eau saumâtre.

Ces résultats encourageants n'ont pu que stimuler l'effort d'empoissonnement des réservoirs d'oasis qui seront tous repeuplés durant 1975–76, surtout que le poisson de même que les autres protéines animales sont plutôt rares dans la région du sud. Là, l'aquiculture pourrait prendre un essort considérable en même temps que venir en aide à une population non privilégiée.

Le tableau VI donne une liste des réservoirs d'oasis.

3.8 Les forages artésiens

A la recherche de beaucoup plus d'eau, ainsi qu'à la recherche de nappes pétrolifères, la Tunisie a procédé depuis 1958 à de très nombreux forages, surtout dans la région du sud, oû l'eau est rare et a une importance capitale aussi bien en agriculture que dans la lutte contre la désertisation. Malheureusement plusieurs forages n'ont produit qu'une eau saumâtre impropre à l'agriculture. Ces forages, quand le puits est artésien sont souhaitables pour l'installation d'une exploitation piscicole, surtout dans cette région, quand on sait que l'eau titrant 10 ou 14 ppm de sel sera quand même perdue. L'exploitation de l'Akarit est alimentée par un tel puits, titrant 10 ppm de sel.

Des forages de ce genre, non utilisés, coulant ou bloqués par vanne existent en grand nombre, témoins les listes de forages uniquement de Skhira (tableau VII). Une exploitation aquicole installée au voisinage d'un puits artésien n'a à supporter ni frais d'eau, ni de pompage, c'est-à-dire l'intérêt de ce choix.

3.9 Les bassins cimentés

Certains bassins servant à l'irrigation et contenant donc en permanence de l'eau ont fait l'objet depuis 1966 de peuplement de poissons. Malheureusement le nombre de ces bassins empoissonnés demeure faible et il serait souhaitable de voir un jour prochain des poissons comestibles peupler toute sorte de bassins.

Il serait temps d'inculquer à nos agriculteurs la notion de diversité des sources de revenu, dans lesquelles interviendrait bien sûr une forme quelconque d'aquiculture, à l'image du combinat agriculture-aquiculture du sud-est asiatique (Fig. 7).

Il est à signaler que le service de développement de la pêche et l'INSTOP se feraient un plaisir de fournir des alevins à quiconque en réclamerait.

Le tableau VIII fait état des bassins empoissonnés à l'aide d'espèces variées.

TABLEAU VI
Réservoirs d'oasis

OasisSuperficieProfondeur moyenneNature de l'eauSalinité g/lEspèces existantesEspèces stockéesParticularités
ham     
Gabès (Chenini)0,41,5source3  Cyprinodon (Aphanius iberius, Aphanius fasciatus--
El Hamma0,31    source2  ---
Kebili1     0,8source2,2–4,2Hemichromis bimaculatusCyprinus carpio + Tilapia nilotica-
Nefta0,30,8source2,2Hemichromis bimaculatusTilapia mossambica-
Douz0,31,2source0,8---
Zaafrane0,41,2source0,8-Tilapia nilotica + Mugil capito, Mugil auratus, Mugil cephalus-
Tozeur0,31    source1,5–3,5Hemichromis bimaculatusTilapia mossambica-
El Hamma de Tozeur0,21    source2,0–4,0Hemichromis bimaculatusTilapia mossambicaExistence de soufre/source thermale
Gafsa0,21,8source1,5–2,2Aphanius fasciatus--

TABLEAU VII
Etat des forages de la région de Skhira

No. B I.R.T.Profondeur totaleCaptageNo. PQ l/sR.M.R.S. g/lTubageObservations
ProfondeurNature
    9630/510040 à 60marne-13,03   13,50-9 ⅝ inExécution en août 1968
6980   926,5207 à 237sable+ 0,30   2,6651,54-9 ⅝ inExécution en août 1959
7094   238,5196 à 226sable+ 3,1316,9--9 ⅝ inExécution en mai 1960
7093260 195 à 211sable+ 8,0015,9--9 ⅝ inExécution en mai 1960
7020        17,10  - 9,00     
    10257non captéargile- 3,30  11,6546 cm   Exécution en juin 1898
6996   173,2107 à 167sable+ 5,7051    -  5,613 ⅜ inExécution en nov. 1959
6044901111 à 172sable+ 6,4570,8   5,5813 ⅜; inExécution en avril 1963
1019724520 à 45marne-13,5---9 ⅝ inExécution en déc. 1968

6947 - 6942 - 6939 - 6946 - 6944 - 6945 - 6943 = pas de renseignements

TABLEAU VIII
Bassins empoissonnés

Bassins cimentésSuperficie m2Profondeur mNature de l'eauSalinitéDate d'ensemencementEspèces déversées 
Aïn Jemmala    1002source01975Carpe miroir 
Zriba    3003"01967Tanche 
Djra dou    3803"01967Carpe + rotengle 
Medjez El Bab     702"01966Carpe 
Soukhra     308"81974Mugil cephalus
Mugil capito
 
Belvedère3 5001"01966Carpe, rotengle, tanche 

3.10 Les centres aquicoles expérimentaux (voir Fig. 6)

En 1965 le premier centre aquicole expérimental a été créé, Aïn Sellam, spécialisé depuis dans la multiplication de la carpe.

L'année 1972 vit la création de bassins et d'enclos expérimentaux en bordure du lac de Tunis où l'étude du développement de muges, et d'anguilles a pu être entreprise.

L'année 1973 vit la création du centre expérimental de l'Akarit dans le sud Tunisien, où une polyculture de carpes et de muges a pû être mise sur pied.

Au cours de la même année furent créés les centres de Kebili et de Zaafrane; à Kebili où l'on étudie le développement de Tilapia nilotica et Cyprinus carpio et à Zaafrane où l'on étudie le développement de C. carpio et différents muges.

Le centre de Ghar El Melh de la Société Laurent-Bouillet étudie le développement et la multiplication des muges, du bar, de la daurade, de la sole, pour ne citer que des espèces de poissons.

L'année 1975 verra l'achèvement de la construction du centre de Bizerte qui s'occupera de la réproduction provoquée du mulet, du loup et de la daurade.

Le centre de l'Akarit s'agrandit pour quatrupler sa superficie et passer ainsi à 4 ha, le loup et le Tilapia y seront introduits cette année.

La création d'une exploitation dans le Nord, totalisant 10 ha de bassins est prévue pour fin 1975, les espèces qui y seront déversés seront les muges, le loup et probablement la daurade.

A Salammbô, dans les bâtiments de l'INSTOP les recherches se poursuivent et la Direction des pêches a déjà mis sur pied un programme de vulgarisation de l'aquiculture, qui en est, soit dit en passant, à ses premiers balbatiements en Tunisie.

La vulgarisation dans ce domaine pourait faire en sorte que l'aquiculture prenne la place qui normalement devrait lui revenir, étant donné les possibilités qu'offre le pays pour cette activité.

Le tableau IX indique les centres expérimentaux tunisiens.

TABLEAU IX
Centres aquicoles expérimentaux

LieuSuperficie haProfondeur moyenne mNature de l'eauSalinité g/lEspèces élevéesRendement ha
Lac Tunis Nord:      
Bassin 11    0,9mer35anguilleexpérience en cours
Bassin 21    1    mer35anguilleexpérience en cours
Bassin 30,30,8mer35muletexpérience en cours
Bassin 42,01,4mer35mulet + anguilleexpérience en cours
Aïn Sellam0,51,0source  0carpe miroir1 200 kg
L'Akarit1     1,0puits artésien11carpe + mulet1 086 kg
Kebili1    0,8source     2,2carpe + Tilapia nilotica  1 100 kg ?
Zaafrane (Douz)0,41,2source     0,8carpe + mulet  1 100 kg ?
Ghar el Melh4   1    mer35mulet, bar, crevetteexpérience en cours

3.11 Les espèces de poissons introduites en Tunisie

Au cours des années 1964–68, plusieurs espèces de poissons ont été introduites et ce en vue du peuplement de nos plans d'eau (eau douce ou saumâtre). Les espèces autochtones n'ont jamais présenté d'intérêt quant à la consommation puisqu'il s'agit des espèces suivantes:

Les espèces qui ont fait l'objet d'introduction et qui depuis se sont bien acclimatées sont les suivantes:

Le tableau X donne les quantités de même que le site choisi pour ces espèces introduites de 1964 à 1967.

TABLEAU X
Répartition des alevins en Tunisie au cours des années 1964, 1965, 1966 et 1967

Lieux1964196519661967
Parc Belvedère  6 Carpes  6 Carpes      23 Carpes   100 Carpes
10 Tanches
10 Rotengles
Aïn Sallem   6 Carpes    108 Carpes   500 Carpes
  5 Tanches      13 Tanches   100 Truites
El Habibia   8 Carpes      20 Carpes4 000 Carpes
10 Rotengles      10 Tanches   500 Tanches
Besbessia  2 000 Brochets 
      10 Black-bass
Medjez El Bab        50 Carpes 
Djradon       47 Carpes
       4 Rotengles
Zaghouan (Zriba)      850 Tanches
Barrage de Nebhana        73 Carpes
   550 Tanches
     22 Truites
Barrage de Siliana        15 Truites
Makthar      300 Truites
Aïn Draham   1 050 Truites
Oasis de Kebili        10 Tilapia nilotica 
Oasis de Tozeur        19 Tilapia mossambica 
El Hamma de Tozeur        12 Tilapia mossambica 
Oasis de Nefta        16 Tilapia mossambica 

4. CONCLUSION

D'immenses superficies de terres sont immergées en Tunisie; elles sont recouvertes par des lacs, des lagunes, des lacs salés, des barrages et des réservoirs. A part les sebkhas ou chotts qui connaissent un étiage complet en été et qui ne pourraient à l'heure actuelle présenter d'intérêt réel pour l'aquiculture, les autres plans d'eau, eux, s'avèrent d'une potentialité piscicole excellente.

A l'heure actuelle, énormement d'eau se perd dans la mer. Sa récupération ou du moins la rétention et l'utilisation à bon escient d'un maximum de cette eau se fait graduellement. Le manque de capitaux, la méconnaissance de l'aquiculture en Tunisie, l'évaluation erronnée de la qualité du poisson d'eau douce ont pour résultat une sous-exploitation des eaux tunisiennes.

Cependant, le Gouvernement tunisien est fermement convaincu du succès et de l'avenir de l'aquiculture et essaie d'encourager au maximum ce secteur d'activité. C'est ainsi qu'un projet d'aménagement des lacs: Bibane, Kelibia et Hergla est en cours. L'empoissonnement de tous les réservoirs d'oasis est prévu pour l'année en cours. Le repeuplement des lacs Kelibia et Hergla par des civelles et des mulets est du domaine de la routine aujourd'hui.

Le lac de Kniss aménagé pour plusieurs milliers de Dinars donnera en fin 1975 l'image d'une aquiculture rationnelle et moderne.

Des études en vue de l'accroissement des populations dans les lacs d'Isckeul et Ghar El Melh sont en cours.

La formation d'ingénieurs des pêches se poursuit, une plus grande place étant maintenant réservée à cette formation. Ceci dit pour les activités futures, quant à l'activité piscicole lagunaire des dernières décennies, elle se réduisait à la pêche dans les lacs et lagunes dont le repeuplement naturel était toujours assuré.

Les tableaux établis par l'ONP (Office National des Pêches, Service de la Division des Lacs) font le bilan des produits de la pêche lagunaire des années 1973 et 1974 (voir Annexe).

Cette étude s'est bornée à dresser un répertoire des plans d'eau tunisien, avec la situation géographique de chacun d'eux (voir figures). Elle n'a pas la prétention d'être complète, ni scientifique, étant donné le temps très limité qui y a été consacré. Ceci étant, le pH, la température, l'oxygène dissous, l'analyse des éléments minéraux, la turbidité, la densité optique, le pourcentage de pénétration de la lumière et l'étude sérieuse de la flore n'ont pu faire l'objet d'études élaborées. Cependant en se basant sur les résultats acquis nous pourrions empiriquement avancer sans craints que la vocation piscicole de la majeure partie des plans d'eau tunisiens est satisfaisante.


Previous Page Top of Page Next Page