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SECTION III: SYSTEMS AND TECHNIQUES OF AQUACULTURE (contd.)

2.4 Technique de la rizipisciculture

L'élevage du poisson en rizière peut débuter environ 8 jours après le repiquage du riz ou 1 mois après le semis direct. En rizière, il y a donc eu, au préalable, rehaussement et consolidation des diguettes, aménagement du drain périphérique et du trou-refuge et mise en place des dispositifs d'entrée et de sortie d'eau et du trop-plein. Le paysan aura également effectué tous les travaux culturaux (labour, hersage, planage, épandage des engrais). L'eau de la rizière est propre et il y a une lame d'eau d'environ 5 cm sur la plate-forme repiquée. Le drain périphérique et le trou-refuge sont remplis d'eau. L'action des engrais est déjà visible: l'eau a une couleur verdâtre et il y a un premier développement de plancton. Le riz est enraciné convenablement.

On peut donc procéder à l'empoissonnement ou mise en charge de la rizière. Il y aura ensuite, en cours d'élevage, certains travaux à faire: sarclages, éventuelles applications d'engrais chimiques et de produits phytosanitaires. Nous examinerons ci-après la conduite de l'élevage, de l'empoissonnement jusqu'à la moisson du riz et la récolte du poisson.

2.4.1 Mise en charge

Il est préférable de faire le déversement des alevins tôt le matin pour éviter les fortes chaleurs de la journée. Les alevins viennent, soit d'un bassin de pisciculture proche des rizières, soit d'installations piscicoles plus éloignées. Les alevins auront donc à subir un transport sur une plus ou moins longue distance. La durée du trajet et les conditions du transport ont une grande importance car les alevins arriveront sur place plus ou moins fatigués par le transport. Si on les déverse ainsi dans la rizière on risque d'en perdre beaucoup. Il faut donc, au moment du déversement, prendre certaines précautions.

Dès l'arrivée des alevins, retirer de l'alevinière (ou autre récipient ayant servi au transport) tous les alevins morts et les dénombrer. On a ainsi le compte exact des alevins survivants. Ensuite, prendre de l'eau propre de la rizière à empoissonner et la verser dans l'alevinière. On mélange ainsi, à trois ou quatre reprises, l'eau de la rizière, et celle de l'alevinière. Il en résulte une égalisation entre la température de l'eau de l'alevinière et celle de la rizière et les poissons s'adaptent progressivement à leur nouveau milieu. Ces opérations prennent environ une demi-heure.

On déverse ensuite avec précautions les alevins dans le trou-refuge ou dans le drain périphérique où les conditions sont meilleures que dans les autres parties de la rizière.

2.4.2 Choix des espèces pour l'élevage

Les essais menés à Madagascar ont prouvé qu'il est possible d'envisager la rizipisciculture avec les espèces suivantes:

Parmi ces espèces, les plus intéressantes, au point de vue de la croissance, sont la carpe commune, les tilapia et, dans une moindre mesure, Heterotis. Pour l'Afrique, l'on pourrait ajouter à cette liste Clarias lazera (à l'essai, en rizipisciculture, au Centre Piscicole National de la Landjia, République Centrafricaine), Tilapia galilaea et les hybrides 100 pour cent mâles des croisements Tilapia hornorum mâle x T. nilotica ou T. mossambica femelle.

Comme moyen de lutte contre les mollusques, vecteurs de la bilharziose, il faudrait essayer l'élevage en rizières des espèces malacophages suivants: Haplochromis mellandi et Astatoreochromis alluaudi. D'autres espèces pourraient sans doute encore s'ajouter à cette liste, mais cela ne pourra se faire qu'après avoir réussi des essais d'élevage de ces espèces, en rizières. Il faut aussi que ces poissons se reproduisent facilement en étangs d'alevinage, sinon leur utilisation en rizipisciculture serait aléatoire.

En se basant sur les résultats obtenus jusqu'à présent en rizipisciculture, à Madagascar, au Libéria, en Côte-d'Ivoire et au Gabon, l'on peut résumer comme suit, les principales données concernant les espèces déjà utilisées en rizipisciculture.

2.4.2.1 Carpe commune

Un des meilleurs poissons pour l'élevage en rizières. Espèce déjà introduite dans certains pays d'Afrique (Afrique du Sud, Cameroun, Madagascar, Nigeria, République Centrafricaine, Ruwanda, Togo et Ouganda). La carpe se reproduit normalement à Madagascar mais dans d'autres pays, la reproduction pose parfois des problèmes. En rizières avec trou-refuge et drain périphérique en monoculture, et partant de carpillons de 4–5 cm, le taux de survie varie entre 50 et 75 pour cent. Avec des alevins de 8–10 cm le taux de survie atteint 90 pour cent. Après un élevage de 100 à 120 jours, à la densité de 25 carpillons/are, l'on obtient des carpes de 100 à 180 g. On atteint parfois 200 à 250 g en milieu riche. En polyculture, avec divers tilapia, la carpe commune donne d'excellents résultats en rizière.

2.4.2.2 Tilapia macrochir

S'élève assez facilement en rizières mais n'atteint que 50 à 70 g en 120 jours avec des taux de survie allant de 20 à 40 pour cent pour des alevins n'ayant que 4–5 cm à la mise en charge. Avec de plus gros alevins (8–10 cm) l'on obtient jusqu'à 80 pour cent de survie et des poissons d'environ 80 g.

2.4.2.3 Tilapia mossambica

S'adapte très bien à l'élevage en rizières et sa reproduction est extrêmement facile. En monoculture et à la densité de 25 alevins/are (alevins de 4–5 g), on obtient, en 120 jours, des poissons dont le poids moyen varie entre 30 et 90 g. A cette densité, et avec de petits alevins, le taux de survie est en moyenne de 40 pour cent, mais atteint jusque 80 pour cent avec, au départ, des alevins de 8–10 g. Convient également en polyculture avec la carpe commune, T. zillii et T. rendalli.

2.4.2.4 Tilapia nilotica

Microplactonophage qui s'adapte très bien en rizipisciculture et qui s'associe parfaitement avec la carpe. A la densité de 25 alevins/are on obtient, en fin d'élevage, des poids moyens de 50 à 80 g et des taux de survie allant de 40 à 80 pour cent, selon les cas. Se multiplie très facilement, même en rizière, et accepte une alimentation artificielle.

2.4.2.5 Tilapia rendalli

Espèce herbivore qui a la réputation de causer des dégâts importants en rizières, notamment à Madagascar. Il semble cependant que les méfaits que l'on attribue généralement à T. rendalli soient nettement exagérés.

De nombreux essais en Stations à Madagascar, en utilisant des alevins de T. rendalli de 3 à 5 cm, il ressort qu'il n'y a aucune attaque de plants de riz et la production de paddy de ces rizières n'est pas inférieure à la récolte des parcelles empoissonnées avec de la carpe commune var-royale.

A la densité de 25 alevins/are, le taux de survie de T. rendalli en rizières est d'environ 50 pour cent. On obtient des poissons de 50 à 65 g, en 120–130 jours.

2.4.2.6 Tilapia zillii

Egalement phytophage. S'adapte parfaitement à la rizipisciculture où il ne cause cependant pas de dégâts au riz. T. zillii en rizières a un taux de survie plus élevé que T. rendalli et on atteint entre 45 et 90 pour cent pour des poids moyens allant de 40 à 65 g en 120 jours environ.

2.4.2.7 Heterotis niloticus

En rizipisciculture, a donné de bons résultats en Côte-d'Ivoire, mais une très faible croissance à Madagascar. De nouveaux essais devraient être entrepris afin de préciser les possibilités d'utiliser cette espèce en rizipisciculture.

2.4.2.8 Clarias lazera

A notre connaissance, n'a pas encore été employé en rizières. Du fait de ces besoins réduits en oxygène dissous, de son régime alimentaire (omnivore, à tendance carnassière) et de sa croissance rapide, cette espèce pourrait, sans doute, très bien s'adapter en rizipisciculture.

2.4.2.9 Tilapia galilaea

Devrait fair l'objet d'essais en rizières. Se multiplie facilement en étangs et a une croissance rapide, comparable à celle de Tilapia nilotica.

2.4.2.10 Tilapia hybrides

Devraient également être essayés en rizipisciculture, à cause de leur rendement très élevé.

2.4.2.11 Haplochromis mellandi

Espèce malacophage vraie qui se nourrit de mollusques vecteurs de la bilharziose. H. mellandi a été testé avec succès, en rizières, en 1955 (De Bont, 1955). De nouveaux essais devraient être entrepris en rizières afin de préciser l'utilité de H. mellandi dans la lutte contre les mollusques et l'impact éventuel de la prédation de cette espèce sur les autre poissons élevés en rizières.

2.4.2.12 Astatoreochromis alluandi

Espèce également malacophage, déjà testée en étangs, mais pas encore en rizières. Devrait être essayé en rizipisciculture, au même titre que H. mellandi.

2.4.3 Densités d'empoissonnement des rizières

Pour obtenir, en 120 jours d'élevage, des poissons de consommation ayant une valeur commerciale, il est nécessaire d'adopter, pour chaque espèce, une certaine densité. La mise en charge de la rizière sera adaptée à la richesse du milieu, aux possibilités de nourrir éventuellement les poissons en cours d'élevage et aux conditions du marché. Il y a, en effet, une forte demande pour des poissons de taille moyenne et le producteur n'a pas intérêt à produire des poissons de forte taille qui, du fait de leur prix plus élevé, trouvent plus difficilement acquéreur sur les marchés de l'intérieur.

Pour Madagascar, l'on a préconisé les densités de mises en charge données ci-après. Sans doute peuvent-elles également être appliquées dans d'autres pays d'Afrique, en attendant les résultats de nouveaux essais.

  1. en milieu riche: cas des rizières avec application de fumier de ferme et une bonne dose d'engrais chimiques.

  2. en milieu moins riche: rizières avec fumure moyenne, sans application d'engrais en cours d'élevage et sans distribution de nourriture.

Les chiffres cités ci-dessus sont des moyennes et il faudra adapter la mise en charge en tenant compte des conditions de chaque rizière.

2.4.4 Elevages en association (polyculture)

Comme un étang de pisciculture, la rizière constitue un ensemble de plusieurs niches écologiques différentes et en élevage intensif, une seule espèce n'est pas capable d'utiliser toutes les ressources alimentaires de la rizière.

On sait, en effet, que pratiquement toutes les espèces de poisson d'élevage ont des préférences alimentaires assez prononcées et, de ce fait, n'exploitent qu'une fraction du potentiel alimentaire disponible. En associant des espèces à régimes alimentaires différents mais complémentaires, on exploite plus efficacement la rizière.

Pour exploiter au maximum la nourriture disponible en rizière, il est donc intéressant de faire un élevage en utilisant des espèces en mélange. Des recherches sont encore en cours à ce sujet, mais on peut déjà signaler que les combinaisons suivantes donnent des résultats intéressants, à des densités de 25 ou de 50 alevins à l'are, sans distribution de nourriture artificielle:

  1. 50 pour cent de carpillons + 50 pour cent d'alevins de Tilapia nilotica. Cette combinaison donne, pour une durée d'élevage d'environ 120 jours, une production de 1,2 à 1,9 kg de poisson/are. Avec une bonne fumure on atteint 2 kg/are.

  2. 50 pour cent de carpillons + 50 pour cent d'alevins de Tilapia zillii ou T. rendalli: on obtient en 120 jours, une production de 1,4 à 1,8 kg de poisson à l'are.

  3. 50 pour cent d'alevins de T. nilotica + 50 pour cent d'alevins de T. zillii ou T. rendalli: donne, après 120 jours, entre 1,5 et 1,8 kg de poisson/are.

Les essais dans le domaine des élevages en association devraient se poursuivre et l'on peut penser qu'il sera possible de trouver encore d'autre combinaisons qui donneront des rendements encore plus élevés. Il s'agira de choisir des espèces d'accompagnement qui ne font pas de concurrence alimentaire à la carpe ou à d'autres espèces principales et qui exploiteront des niches écologiques différentes. De telles combinaisons pourraient être:

2.4.5 Alimentation artificielle

Différents essais ont prouvé qu'en rizière (comme en étangs d'ailleurs), on double les rendements en distribuant régulièrement une nourriture artificielle aux alevins.

Pour que cette opération soit rentable, il est nécessaire de disposer, sur place, des déchets ou de sous-produits de cultures d'un prix abordable et d'une certaine valeur alimentaire. Le paysan dispose très souvent de son riz, de manioc frais ou de cossettes, de maïs, etc. Ces aliments n'ont pas tous une égale valeur alimentaire, mais le poisson les consomme.

On peut évidemment préparer une provende et la distribuer régulièrement au poisson. Un tel mélange pourrait être composé d'environ 90 pour cent de son de riz, 3 pour cent de farine de sang séché, 3 pour cent de tourteau d'arachide et 3 pour cent de poudre d'os. Ou encore d'environ 50 pour cent de manioc sec, 25 pour cent de maïs broyé ou en farine et 25 pour cent de son de riz.

On estime généralement que la ration journalière à distribuer doit être environ l'équivalent de 1/10 du poids total du poisson se trouvant en étang ou rizière. Ainsi pour une rizière contenant à un moment donné 2 kg de poisson, on distribue journellement 200 g de nourriture.

Les poissons s'habituent très rapidement au nourrissage, spécialement la carpe. La ration doit être réajustée régulièrement en tenant compte de la croissance des poissons.

Dans certaines régions de la République Centrafricaine l'on pourrait nourrir les poissons en rizières en leur distribuant des granulés à 30 pour cent de protéines végétales.

2.4.6 Conduite de l'élevage

Peu de temps après la mise en charge débutant les travaux de culture du riz: sarclage, traitements phytosanitaires, etc. A certaines occasions, le paysan est obligé de baisser le niveau d'eau dans la rizière. Nous examinerons ci-après ces différentes opérations et leur incidence sur l'élevage des poissons.

2.4.6.1 L'eau dans les rizières

Au fur et à mesure de la croissance du riz, le paysan augments la hauteur d'eau dans la rizière, sans cependant dépasser 15–20 cm. Pour permettre aux poissons de circuler assez librement, il est nécessaire d'avoir un minimum d'eau sur la plate-forme repiquée.

Si, pour certains travaux, notamment les traitements phytosanitaires contre le borer blanc (Maliarpha separatella), il est nécessaire de baisser le niveau ou de mettre temporairement la rizière à sec, il est recommandé de baisser l'eau assez lentement pour donner aux poissons l'occasion de se retirer dans le drain périphérique et le trou-refuge.

2.4.6.2 Sarclages

Les sarclages peuvent se faire normalement sans danger aucun pour les poissons. Cette opération rend généralement les eaux boueuses, mais cependant sans grand inconvénient pour les poissons, qui, devant le mouvement sur la plate-forme, se réfugient dans le drain et le trou-refuge.

En plus de son utilité pour le riz, le sarclage, en remuant le fond, déloge des vers et des larves d'insectes que le poisson, surtout la carpe, s'empresse d'ingurgiter.

Le sarclage n'a pratiquement pas d'influence sur les algues, surtout les algues vertes filamenteuses, et on constate assez souvent qu'après un sarclage, les algues se développent avec plus d'exubérance qu'avant. Cela résulte vraisemblablement du fait qu'en sarclant, on remet en circulation une certaine quantité d'éléments nutritifs.

Ces algues font partie de la nourriture de Tilapia mossambica et il semble donc intéressant de l'utiliser en élevage pour réduire le développement des algues filamenteuses.

Au Libéria, l'on utilise des herbicides tels que MCPA (4 chloro - 2 methylphenoxyacetic acid) et U 46. Il y a peu de renseignements au sujet de la toxicité de ces produits envers les poissons et il nous paraît indispensable d'effectuer des recherches dans ce domaine.

2.4.6.3 Application d'engrais en cours de culture

Les techniques modernes de riziculture nécessitent l'épandage d'un engrais azoté, vers le 45e jour, après le repiquage. A Madagascar, on utilise généralement du sulfate d'ammoniaque, à des doses allant de 60 à 150 unités d'azote/hectare. Cet épandage se fait lors d'un assec de quelques heures.

Cette opération culturale, à des doses de 300 à 400 kg/ha de sulfate d'ammoniaque, ne présente aucun danger pour les poissons des rizières, dans lesquelles existent drain et trou-refuge. Dans les rizières sans ces aménagements, il est évident que ce traitement entraînera la mort de tous les poissons qui s'y trouvent du fait de l'assec et d'une intoxication. Il n'en est pas de même quand il s'agit d'épandages du sulfate d'ammoniaque à la surface de l'eau, sans assec. Dans ce cas, le poisson semble bien supporter ce traitement et il n'y a que de très rares mortalités.

Au Libéria, quand cela s'avère nécessaire, l'on applique, vers le 80e jour après le repiquage, une dose de 50 kg/ha d'urée à 45 pour cent de N. Durant cette opération, la rizière reste à sec durant une demie journée.

2.4.6.4 Utilisation de produits phytosanitaires

En cours de culture, le riz est parfois sujet aux attaques du borer blanc (Maliarpha separatella) ou du borer rose (Sesamia calamistis). Dans les deux cas, l'adulte est un papillon jaune paille. La femelle pond la nuit sur les feuilles des plants de riz. Les oeufs sont groupés en masse allongée sur la face supérieure des feuilles. Il y a environ 50–60 oeufs par ponte. L'éclosion a lieu environ 7 à 15 jours après la ponte. Entre le moment où la chenille nouveau-née sort de l'oeuf et se trouve en mesure de provoquer des dégâts notables sur la plante s'écoule un mois. La jeune chenille se déplace activement sur les feuilles et tiges.

Si à ce stade elle tombe à l'eau, elle peut servir de nourriture aux poissons, spécialement aux carpes. Il serait utile de vérifier par des analyses des contenus stomacaux si, réellement, les poissons se nourrissent de chenilles de borer. S'il s'avérait que la prédation par les poissons est certaine, on pourrait peut-être envisager de supprimer en partie les traitements contre le borer.

On emploie actuellement le Lindane pour lutter contre le borer blanc du riz. On utilise des granulés solubles titrant 3 à 6 pour cent de Lindane. L'application se fait généralement au 45e jour après le repiquage, par épandage à la surface des rizières. L'application se fait lors d'un assec de quelques heures et parfois dans les rizières maintenues sous eau.

Les essais que nous avons menés depuis 1967–68, au sujet de la toxicité du Lindane sur les poissons en rizières, permettent d'affirmer que le Lindane en granulé à 6 pour cent à une dose de 0,5 kg/are ne cause pratiquement aucun dégât aux poissons, à condition de n'épandre le produit que sur la plate-forme repiquée lors d'une mise à sec, permettant ainsi aux poissons de se regrouper dans les drain et trou-refuge.

Avec épandage en pleine eau, sans mise à sec, on constate quelques mortalités chez la carpe atteignant parfois 7–8 pour cent.

Parmi les poissons d'élevage, la carpe commune est moins sensible que les différentes espèces de Tilapia (IRRI, 1964).

On peut donc considérer que l'emploi de Lindane à 6 pour cent à la dose de 0,5 kg/are n'est pas toxique pour les poissons, à condition de faire l'épandage sur la plate-forme durant un assec de quelques heures, pendant lequel les poissons se refugient dans les drain et trou-refuge. On remonte ensuite progressivement le niveau d'eau pour atteindre assez rapidement 15–20 cm.

2.4.7 Récolte du riz et du poisson

Si le riz mûrit généralement bien en rizière sous eau, on pratique parfois un assec durant une semaine avant la moisson, afin de rendre la maturation plus homogène. Il est préférable pour le poisson de ne pas faire cette opération. Si elle était cependant nécessaire, il importe de surveiller le comportement des poissons afin de les transférer dans un petit étang de stockage, si cela s'avère indispensable.

On peut évidemment, à ce moment, procéder à la pêche des poissons et considérer que l'élevage est terminé. Ce serait raccourcir d'autant la durée de l'élevage et perdre le bénéfice d'un gain de croissance.

En général, on drains la rizière un ou deux jours avant la moisson. La mise à sec doit être lente pour permettre aux poissons de se regrouper dans les drain et tron-refuge. Aussitôt que toute l'eau s'est retirée de la plate-forme, on peut récolter. Il arrive qu'ainsi on ne récolte pas immédiatement tous les poissons, car il en reste toujours quelques-uns qui se cachent sur la plate-forme entre les plants de riz où ils s'enfoncent dans la vase. On les retrouve à la coupe du riz.

Si le poisson récolté est destiné à la vente immédiate ou à la consommation familiale, il n'y a pas de précautions spéciales à prendre après la récolte. Par contre, si on décide d'en continuer l'élevage (élevage complémentaire en rizière ou poursuite de l'élevage en étang) il est indispensable d'avoir à proximité un étang de stockage de superficie adéquate pour y déverser les poissons provenant de la rizière.

2.4.8 Elevage complémentaire

Dans bien des cas il est possible, après la récolte du riz, d'utiliser la rizière sous eau pour y poursuivre l'élevage de poissons. Il est alors nécessaire de disposer d'un étang de stockage pour y garder les poissons un certain temps, entre le drainage de la rizière pour la moisson et la remise sous eau.

L'élevage complémentaire se fait donc avec les mêmes poissons, mais il est à conseiller de réduire cette seconde mise en charge afin de ne pas dépasser 2 à 3 kg à l'are.

Il est bon, avant la seconde mise en charge, de remettre du fumier en tas dans la rizière, à raison de 15 à 20 kg/are. On provoque ainsi une éclosion de plancton qui s'ajoute aux détritus végétaux laissés dans la rizière après la récolte.

La durée de l'élevage complémentaire est variable et dépend du paysan et des conditions locales (maîtrise de l'eau). Il est souhaitable de maintenir l'eau à un niveau assez élevé (30–40 cm) et de garder en bon état les drains et trous-refuges.

Les rendements que l'on peut espérer durant l'élevage complémentaire sont assez variables et dépendent de nombreux facteurs (saison et température de l'eau, profondeur de la rizière, nourriture naturelle disponible, durée de l'élevage, etc.). Le pourcentage d'accroissement de poids durant l'élevage complémentaire va de 25 à 100 pour cent selon les conditions. Signalons qu'en nourrissant les carpes, on peut, en deux mois environ, faire doubler leur poids.

2.4.9 Dégâts causés au riz irrigué par les poissons

Dans certains pays, les riziculteurs se méfient de la rizipisciculture, car ils craignent que les poissons vont “manger le riz”. N'empêche que très souvent, à la moisson du riz, ces paysans récoltent, avec empressement, les poissons “sauvages” qui se sont introduits dans leurs rizières et les consomment ou les vendent. Ils ne calculent pas la valeur de ces poissons. Or, dans bien des cas, la valeur de ce poisson dépasse 25 pour cent de la valeur du paddy récolté dans cette rizière et cela compense largement, s'il y en a eu, les dégâts causés au riz par ces poissons.

A notre connaissance, il n'y a jamais de dégâts, ni à Madagascar, ni ailleurs, dans les rizières aménagées et cultivées correctement et où il y a maîtrise complète de l'eau.

Les seuls dégâts, dont les poissons ont été rendus responsables, concernent les champs de riz, sans maîtrise de l'eau et soumis à des inondations périodiques (Matthes, 1969; Kiener, 1956, 1962, 1963; Rabelahatra, 1972; Vincke, 1972b, 1972c). Dans ces conditions les dégâts peuvent être assez importants, surtout si les eaux recouvrent des jeunes plants et qu'il y a, parmi les poissons circulant dans les rizières inondées, des espèces phytophages. Matthes (1969), pour les rizières des environs de Mopti (Mali), estime que par rapport aux superficies, les dégâts causés par les poissons ne dépassent pas 10–15 pour cent.

Quand, à certaines phases de sa croissance, le riz irrigué est complètement submergé pendant plusieurs jours. la récolte peut être complètement anéantie, non pas à cause des poissons, mais parce que le riz ne résiste pas à un tel traitement. C'est le cas notamment lorsque l'immersion survient au moment de la floraison du riz. Il n'est donc pas toujours certain que, par temps d'inondations, tous les dégâts causés au riz soient imputables aux poissons.

De toutes façons, en rizipisciculture vraie, où il y a maîtrise complète de l'eau, il ne peut y avoir de dégâts au riz du fait des poissons, car les espèces déversées en rizières ne présentent aucun danger pour le riz. Il a d'ailleurs été prouvé que des espèces telles que Tilapia rendalli et T. zillii ne s'attaquent pas aux plants de riz, si la mise en charge est effectuée correctement et à temps voulu et qu'avec ces espèces les rendements en paddy sont aussi élevés que dans les rizières empoissonnées avec de la carpe commune (Vincke, 1972b).

2.5 Productions piscicoles en rizières

Les seules données récentes dont nous disposons sont celles obtenues à Madagascar (Vincke, 1972b; Rabelahatra, 1972).

Il résulte des essais entrepris les dernières années à Madagascar, tant en stations piscicoles qu'en milieu rural, qu'en rizipisciculture, durant le cycle de croissance du riz, l'on peut escompter les rendements suivants:

  1. Sans fumure, ni distribution de nourriture: 20 à 30 kg de poisson à l'hectare en 120 jours;

  2. Avec une bonne fumure, mais sans nourriture: 80 à 200 kg/ha/120 jours;

  3. Avec une bonne fumure et distribution de nourriture: 200 à 400 kg/ha/120 jours.

Les chiffres ci-dessus sont des productions moyennes qu'il est possible d'obtenir dans des conditions normales, en rizières avec aménagements piscicoles, partant d'alevins de 5 à 7 cm.

A Madagascar, en 1971/72, la Division de Recherches Piscicoles du Centre Technique Forestier Tropical (CTFT) a effectué des essais de vulgarisation de la rizipisciculture en milieu rural afin de rassembler les données indispensables au calcul de la rentabilité financière de la rizipisciculture. En tablant sur un rendement moyen de 2 tonnes de paddy à l'hectare, la rentabilité d'un hectare de rizipisciculture s'établissait comme suit, au niveau du paysan-producteur:

- Paddy: 2 tonnes/ha à F.MG. (ou CFA.F.) 14 le kgF.MG.  28 000
- Carpes royales: 200 kg/ha à F.MG. 130 le kg 26 000
Total/ha 54 000

Ces chiffres se passent de commentaires et démontrent suffisamment l'intérêt de cette spéculation.

3. LA RIZIPISCICULTURE EN AFRIQUE

C'est vraisemblablement à Madagascar, vers les années 1900, que la rizipisciculture est née en Afrique (Vincke, 1972b).

Dans d'autres pays d'Afrique, il y a eu sporadiquement, des essais de rizipisciculture, surtout à partir des années 1950.

Dans le monde on pratique la rizipisciculture depuis plus d'un siècle dans certains pays d'Extrême-Orient (Japon et Indonésie). La rizipisciculture est pratiquée par ailleurs aux Philippines, en Malaisie, au Viet-Nam (en pays Thai), en Italie, aux Indes, en Tanzanie et à Madagascar.

De nombreux auteurs ont fait le point des recherches et de l'évolution de la rizipisciculture dans les différentes parties du monde et il existe une abondante littérature à ce sujet (Lemasson, 1955; FAO, 1957; Mouy, 1965; Coche, 1967; Huet, 1970).

Notons cependant que la littérature traitant de la rizipisciculture en Afrique est assez réduite et ne concerne qu'une douzaine de pays.

Nous examinerons ci-après la situation de la rizipisciculture en Afrique avant 1966 et ensuite l'évolution de cette rizipisciculture, de 1966 à 1974.

3.1 Situation de la rizipisciculture en Afrique avant 1966

En se basant sur les communications présentées en 1966 au Symposium Mondial sur la pisciculture en étang à température élevée, la rizipisciculture en Afrique, avant 1966, n'avait connu qu'un développement très limité. Des essais sporadiques avaient été entrepris dans quelques pays, en utilisant différentes espèces de poissons, mais sans qu'il n'en résulte des données concrètes.

3.1.1 Développement limité de la rizipisciculture

Malgré les essais de rizipisciculture réalisés avant 1966, en Egypte, en Côte-d'Ivoire, Ghana, Madagascar, Maroc, Mozambique, Nigeria, Rhodésie, Tanzanie, Zaïre et Zambie, ce système de pisciculture ne s'est pratiquement pas développé en Afrique (Meschkat, 1966), à l'exception de Madagascar.

3.1.2 Espèces de poissons utilisés en rizipisciculture

Jusqu'en 1966, les espèces utilisées en rizipisciculture expérimentale en Afrique étaient les suivantes: Tilapia melanopleura, T. macrochir, T. mossambica, T. nilotica, Paratilapia polleni, Cyprinus carpio, Carassius auratus, Barbus spp., Gardinus rutilis, Tinca tinca et Haplochromis mellandi (Meschkat, 1967). Il faut y ajouter T. zillii et T. galilaea (Denyoh, 1967).

3.1.3 Manque de données expérimentales concrètes

Dans aucune des communications présentées au Symposium de la FAO de 1966, l'on ne cite des résultats concrets d'essais de rizipisciculture entrepris en Afrique. Ne sont mentionnées non plus, les méthodes et techniques de rizipisciculture mises en oeuvre dans certains pays, et, applicables en zones tropicales d'Afrique.

Le bilan de 1965/66 de la rizipisciculture en Afrique, tel qu'il ressort des communications présentées au Symposium de Rome et de quelques autres publications, démontre bien que, malgré les immenses possibilités de développement et d'extension de la rizipisciculture en Afrique, les administrations des pêches, les services agricoles et les organismes chargés de la vulgarisation de la riziculture irriguée n'avaient pas réalisé pleinement les possibilités d'accroissement des productions piscicoles qu'offre la rizipisciculture.

Cette situation est vraisemblablement le résultat d'un manque d'information sur les techniques, les résultats obtenus et les possibilités de la rizipisciculture en Afrique.

Cette lacune a été comblée, en partie, par quelques publications récentes, comme nous le verrons au paragraphe 3.2 ci-après.

3.2 Evolution de la rizipisciculture en Afrique de 1966 à 1974

De plus en plus on s'intéresse, en Afrique, à la production de protéines animales et depuis une dizaine d'années il y a un intérêt croissant, de la part des administrations des pêches, pour la rizipisciculture.

Plusieurs pays ont manifesté leur intention de développer la rizipisciculture comme un moyen d'améliorer la ration alimentaire des habitants de certaines régions. Il s'agit des pays suivants: Cameroun, République Centrafricaine, Côte-d'Ivoire, Congo, Dahomey, Egypte, Gabon, Ghana, Kenya, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Nigeria, Tanzanie, Togo, Ouganda, Zaïre et Zambie.

L'on se rend compte que de nombreux pays d'Afrique s'intéressent aux possibilités de la rizipisciculture et envisagent sa mise en pratique, notamment quand on projette des programmes de développement ou d'extension de la rizipisciculture.

A notre connaissance, il y a eu les dernières années des travaux sur la rizipisciculture dans les pays suivants: Cameroun, Côte-d'Ivoire, Gabon, Libéria et Madagascar. Les résultats de ces essais seront passés en revue aux chapitres qui suivent, en même temps que les renseignements récents sur la situation de la rizipisciculture dans différents pays d'Afrique.

3.2.1 Cameroun

Des essais de rizipisciculture sont signalés au Centre National de pisciculture de Foumban. Ces essais ont donné des résultats encourageants et des essais complémentaires étaient en cours en 1972 (Rajaona, 1973).

A notre connaissance, les résultats de ces essais n'ont pas été publiés.

Le service de la Pêche Continentale et de la Pisciculture envisage la rizipisciculture comme un moyen d'augmenter la production piscicole du pays. Il est cependant admis que, jusqu'à présent, cette technique n'est pas encore pratiquée mais qu'elle devrait être vulgarisée (Tondo, 1974).

3.2.2 Côte-d'Ivoire

Les premiers essais de rizipisciculture en Côte-d'Ivoire datent de fin 1963. Ils ont été entrepris à Korhogo par Stiemer, expert FAO, affecté à la SODERIZ. A l'origine, l'on avait songé à l'élevage de poissons en rizières irriguées comme un moyen pratique pour promouvoir une meilleure maîtrise de l'eau dans les rizières (diguettes plus larges et plus hautes, planage plus correct, etc.). En général, et selon les renseignements obtenus sur place, les rizières empoissonnées étaient plus soignées et les aménagements étaient meilleurs.

Les résultats de ces premiers essais étaient encourageants mais n'ont pas été publiés.

De nouveaux essais ont été entrepris par la SODERIZ en 1965, toujours dans la région de Korhogo. Les résultats des essais de 1965 ont été très hétérogènes (Stiemer, 1972, communication personnelle).

Les espèces utilisées étaient Heterotis niloticus, Tilapia nilotica, T. macrochir et des Tilapia hybrides. Le poids des alevins à la mise en charge est inconnu. Les densités à la mise en charge étaient comprises entre 20 et 80 alevins à l'are. La durée de l'élevage n'a pas été précisée, mais elle a du être de 100 à 120 jours.

Les rendements obtenus ont été les suivants:

Ces résultats sont intéressants, mais il manque des données indispensables pour permettre de tirer des conclusions. Il faut cependant souligner la très bonne croissance d'Heterotis niloticus en rizières, à Korhogo.

3.2.3 Dahomey

A partir de 1969, suite à la baisse des productions de la pêche lagunaire, le Département des Pêches du Dahomey s'intéresse à la pisciculture et reconnaît qu'il y a des possibilités de développement de la rizipisciculture dans le pays (FAO, 1969). Il semble cependant qu'il n'y a pas eu d'essais de rizipisciculture au Dahomey.

3.2.4 Gabon

Des essais de rizipisciculture ont été conduits au Centre Piscicole National d'Oyem (Département du Woleu-N'Tem), en 1971/72. Ces essais ont été effectués en rizières de 2,5 à 10 ares, avec fossés et trous-refuges.

Six essais ont eu lieu, mais seulement un essai est à prendre en considération, les autres ayant été, soit négligés, soit arrêtés brutalement par des inondations, suivies de la perte totale des poissons.

De cet essai l'on ne connaît que les résultats qui ont trait au poisson, sans précisions sur la récolte de riz (variété Taïwan 430). En utilisant Tilapia nilotica (1 alevin au mètre carré) + géniteurs T. rendalli (1 couple à l'are) + Heterotis niloticus (0,9 alevins pour 10 m2), l'on a obtenu, après 6 mois d'élevage en rizière, un rendement de 680 kg de poisson à l'hectare/an. Après 6 mois les tilapia marchands avaient atteint 56 g, tandis que pour les Heterotis on signale une augmentation du poids moyen de 56 g, avec un taux de survie de 50 pour cent, parce que les Heterotis sautent souvent sur les diguettes et y meurent d'asphyxie. Il se confirme que T. rendalli est un bon sarcleur, du moins lorsque le niveau d'eau est suffisant pour permettre aux poissons de circuler entre les plants (CTFT, 1972).

3.2.5 Haute-Volta

Le projet d'Aménagement des Vallées des Volta, qui a démarré en 1972, prévoit la mise en valeur de deux grands périmètres: celui des Volta Blanche et Rouge et le périmètre de la Volta Noire. Ces aménagements nécessiteront la construction de plusieurs barrages dont celui de Bagré, sur la Volta Blanche, qui permettrait l'irrigation d'environ 30 000 ha. L'on y cultivera vraisemblablement du riz irrigué et il y aurait là sans doute des possibilités de rizipisciculture.

3.2.6 Kenya

Depuis 1969/70, le Département des Pêches du Kenya a entrepris des essais de rizipisciculture à la Sagana Fish Culture Farm, dans le cadre du programme de développement de la riziculture irriguée dans les régions de Mwea et de Ahero. Le Département de la Santé était intéressé à ces essais, considérant la rizipisciculture comme un moyen de contrôle et de lutte contre les insectes vecteurs, tels que les moustiques, et contre les mollusques responsables de la transmission de la bilharziose.

Malgré cet intérêt et les résultats encourageants de ces premiers essais de rizipisciculture, il y a eu un ralentissement de ces activités les dernières années (Odero, 1974).

L'auteur estime qu'il est indispensable, avant d'appliquer ou de vulgariser cette méthode de rizipisciculture, de faire des recherches de base sur le terrain. Actuellement des chercheurs de l'EAFFRO prêtent leurs concours à cette recherche (Odero, 1974).

3.2.7 Libéria

Avant 1970, il n'y avait aucun intérêt pour la rizipisciculture au Libéria. A partir de 1971, des essais de rizipisciculture ont été entrepris, à la Station Centrale d'Expérimentation Agricole de Suakoko, par la Division des Pêches, conjointement avec le projet FAO/PNUD Développement de la Riziculture au Libéria (Vincke, 1972a).

Le premier essai a été effectué dans quatre rizières, de chacune 243 m2, sans drains et trous-refuges. La variété de riz Gissi-25 a été utilisée avec repiquage de plants d'environ 30 jours. Les parcelles ont été fertilisées avec NPK 30–30–30 en deux doses de chacune 28 kg/ha. L'empoissonnement des rizières avec Tilapia macrochir, s'est fait 56 jours après le repiquage, à la densité de 4 952 alevins/ha. Le poids moyen des alevins à la mise en charge variait entre 10 et 26 g. Durant l'essai, il n'y a pas eu d'application de produits phytosanitaires et il n'y a eu qu'un seul sarclage manuel. Les poissons n'ont reçu aucune alimentation artificielle.

Les traitements appliqués aux quatre rizières étaient les suivants:

- 2 parcelles (No. A1 et B2): riz + poisson
- 1 parcelle (No. A2): riz, sans poisson
- 1 parcelle (No. B1): poisson, sans riz.

Les résultats de cet essai sont sujet à caution car il y a eu vol de poissons durant l'élevage et l'on a constaté que des poissons sont passés d'une parcelle à l'autre, par des trous dans les diguettes. Il y a lieu de noter aussi que le riz a été récolté 166 jours après le repiquage, sans assec des rizières. Les poissons n'ont pas été récoltés et l'on a repiqué du riz une seconde fois dans les mêmes parcelles. Ainsi, les poissons ont séjourné 238 jours en rizière.

Malgré les circonstances qui ont quelque peu faussé cet essai, les résultats étaient les suivants, après 166 jours de culture du riz et 238 jours d'élevage des poissons:

- Parcelles avec riz + poisson:234 et 282,7 kg de poisson par hectare/an + 61 et
71 kg/ha de paddy;
- Parcelle avec riz seul:56 790 kg de paddy ha/an;
- Parcelle avec poisson, sans riz:102,8 kg de poisson par hectare/an (Vincke, 1972a).

Le second essai a débuté en août 1971, par semis direct de la variété de riz flottant “Indochine Blanc”, dans la partie profonde d'un ancien étang. Dans l'autre moitié peu profonde du même étang, l'on a effectué un semis direct de la variété “Gissi-25”.

Au moment du semis sur la vase humide, l'étang-rizière n'avait pas été mis complètement à sec et il restait dans des poches d'eau un nombre inconnu d'alevins de différentes espèces (vraisemblablement un mélange de Tilapia melanopleura, T. zillii et T. macrochir). On ne connaît donc pas exactement, ni le nombre d'alevins, ni leur taille, ni la densité. Il n'y a pas eu d'apports de nourriture artificielle, aucune fertilisation et pas de sarclages du riz.

Durant la première semaine après le semis, il n'y avait que de la boue humide dans les parties cultivées mais il restait de l'eau dans les poches. Quinze jours après le semis il y avait en moyenne 80 cm d'eau sur toute la surface. Sept semaines après le semis il y avait 1,20 m d'eau dans les parties les plus profondes.

L'essai a duré 150 jours, du semis jusqu'à la récolte du paddy. La production de riz, après 150 jours de culture était de 1 799 kg/ha. Malheureusement, le poisson n'a pas été récolté et il n'y a donc pas de données à ce sujet. Il a cependant été noté que le poisson n'avait pas causé de dégâts au riz et que la production était élevée (Vincke, 1972a).

Malgré les conditions dans lesquelles ces essais ont été réalisés et les données fragmentaires que l'on a pu obtenir, ces essais font penser qu'il y a, au Libéria, de réelles possibilités de développement de la rizipisciculture, à condition de mettre en place, et de mener à bien, une série d'essais afin d'avoir des données de base précises qui serviront ensuite à mettre en oeuvre et à vulgariser un programme de développement de la rizipisciculture.

Aucune des pratiques culturales du riz irrigué, appliquées jusqu'à présent au Libéria, n'est un obstacle à l'élevage de poissons en rizières, si toutefois l'on utilise les espèces adaptées à ce milieu.

Fin 1972, on estimait que la superficie totale des rizières irriguées au Libéria atteignait 626 ha, produisant annuellement 1 540 010 kg de paddy (Vincke, 1972a). Dans de nombreuses régions du pays et notamment dans les zones de Suakoko, Gbedin et Foya-Kamara, la rizipisciculture pourrait être pratiquée, avec succès, sur des grandes superficies.

Le développement de la rizipisciculture au Libéria est conditionné par:

3.2.8 Madagascar

A Madagascar, la rizipisciculture extensive existe vraisemblablement depuis le début des années 1900, mais elle n'a réellement connu un certain succès qu'à partir de 1920, surtout sur les Hauts-Plateaux (régions de Manjakandriana et de Betafo-Antsirabe).

En ce qui concerne spécialement la rizipisciculture malgache, il y a lieu de citer les publications de Legendre (1924, 1928), Lemasson (1954, 1955), Kiener (1956, 1962), Mouy (1965), Vincke (1972b, 1972c) et Rabelahatra (1972).

Jusqu'en 1920–23, la rizipisciculture était extensive et ne concernait que des surfaces réduites. L'on utilisait des alevins de cyprin doré (Carassius auratus) et Eleotris legendrei. Les productions à l'époque devaient se situer aux environs de 50 à 70 kg de poissons à l'hectare de rizières.

A partir de 1925/26, la carpe miroir (Cyprinus carpio var. specularis) s'est répandue et, petit à petit, a remplacé les espèces utilisées précédemment en rizières. Nous ne possédons, malheureusement, aucune donnée, même approximative, des surfaces exploitées jadis par la rizipisciculture.

L'élevage de poissons en rizières n'a pratiquement pas connu d'extension jusque fin 1962. C'était resté un élevage extensif, sans application de techniques précises et, très souvent, l'empoissonnement des rizières était le fait du hasard, à l'exception de la région de Betafo (Antsirabe) où, en 1953, il y avait 16 hectares de rizières dans lesquelles on élevait des carpes miroir.

A partir de 1962, la Division de Recherches Piscicoles du CTFT a mis sur pied un programme de recherches tendant à mettre au point les techniques d'élevage de poissons en rizières (Vincke, 1973).

Les premiers essais ont été effectués avec Tilapia mossambica et la carpe commune var. royale. Il s'agissait principalement de la recherche de la densité idéale de mise en charge des rizières.

Ces expériences se sont poursuivies en 1964/65 et on a obtenu, en rizières, des rendements allant de 410 à 929 kg/ha/an. Dans de bonnes conditions le poids moyen des carpes atteint 200 g après trois mois d'élevage.

En 1966/67, de nouveaux essais de rizipisciculture ont été entrepris dans le but de préciser l'influence des aménagements piscicoles préconisés en rizière: drain périphérique et trou-refuge.

C'est également durant cette période qu'ont débuté les essais en milieu rural. On y a obtenu, sans aménagements spéciaux, des carpes dont le poids moyen se situait entre 160 et 250 g et un rendement allant de 30 à 180 kg/ha.

En 1968/69, on a intensifié l'expérimentation afin de mettre au point une méthode rationnelle et définitive de rizipisciculture. Ces essais ont prouvé que l'application de sulfate d'ammoniaque à la dose de 1,5 kg/are, au 45e jour après le repiquage du riz, ne provoque aucune mortalité parmi les carpillons se trouvant en rizière.

On a également étudié les effets de l'application de Lindane à 6 pour cent, sous forme de granulé, à raison de 500 g à l'are. Ce traitement au Lindane semble assez inoffensif en ce qui concerne les carpillons car, sur trois rizières traitées, il n'a été constaté qu'une seule mortalité.

En 1969, il y a eu 8 essais d'élevage en rizières utilisant les espèces suivantes: carpe commune var. royale, T. zillii, T. nilotica, T. mossambica, T. macrochir, T. rendalli, marakely (Paratilapia polleni) et cyprin doré. Ces élevages ont été menés dans les stations piscicoles d'Ampamaherana et de Périnet, en élevages purs (monoculture) et en élevages en mélange (polyculture). Ces essais se sont poursuivis en 1970–72 avec, en plus, black bass (Micropterus salmoides) et Heterotis niloticus.

En monoculture, l'on a adopté la densité de 25 alevins/are. En polyculture l'on a ajouté à l'espèce principale (25 alevins/are) entre 25 et 50 pour cent de poisson d'accompagnement atteignant une densité totale de 50 poissons à l'are. Compte tenu des variétés de riz utilisées et de leur cycle cultural, les durées d'élevage se situent généralement entre 120 et 140 jours.

Tous les essais ont été faits dans des rizières expérimentales de 40 à 100 m2, avec les aménagements suivants: drain périphérique avec ou sans trou-refuge. Ces rizières ont subi les traitements culturaux habituels (fertilisation, sarclages, etc.). Il n'y a pas eu de semis direct en rizières, mais repiquage de plants de riz provenant de pépinières.

Les poissons en rizières n'ont pas reçu une alimentation artificielle, sauf à l'occasion de certains essais sur l'influence du nourrissage des poissons en rizipisciculture.

Il y a également eu des essais d'élevages complémentaires, dans des rizières restées sous eau après la récolte du paddy, mais ces essais n'ont pas toujours donné les résultats escomptés, sans doute parce que ils ont été effectué en saison froide où la température moyenne diurne de l'air descend de 19 à 13,4°C.

Rabelahatra (1972), a dressé le bilan des recherches sur la rizipisciculture, effectuées à Madagascar, par la Division de Recherches Piscicoles du CTFT. Ses conclusions peuvent se résumer comme suit:

Le développement de la rizipisciculture à Madagascar a été très lent jusqu'au début des années 1960. En 1960, la production piscicole des rizières était évaluée à 15 tonnes (Vincke, 1972c). L'obstacle majeur à l'extension de cet élevage reste encore toujours une pénurie d'alevins d'espèces utilisées en rizipisciculture, notamment des carpillons de souches sélectionnées. L'augmentation des surfaces consacrées à la rizipisciculture est en étroite relation avec les quantités de carpillons que l'on met annuellement à la disposition des paysans. La majorité des rizipisciculteurs des Hauts-Plateaux est disposée à faire de l'élevage de carpes en rizières, mais le manque de carpillons reste l'unique goulot d'étranglement. En 1968, par exemple, il a été vendu environ 150 000 carpillons. Or la demande dépassait les 900 000 carpillons et les besoins de l'époque n'étaient de loin pas couverts.

Les dernières années, les superficies consacrées à la rizipisciculture n'ont fait qu'augmenter, à un taux annuel de 12 à 15 pour cent. En 1969–71, l'extension de la rizipisciculture s'est accentuée, notamment dans les régions de Betafo (Antsirabe) et d'Ambohimangakely (Tananarive) du fait d'un meilleur encadrement des cultivateurs et parce que l'on a pu mettre à leur disposition les alevins de carpe royale nécessaires.

En 1971, l'on estimait qu'il y avait 411 hectares consacrés à la rizipisciculture, donnant 82 tonnes de poisson, valant F.MG. 8 220 000 (Vincke, 1972c).

Il est évident qu'il y a encore d'énormes possibilités d'extension de la rizipisciculture à Madagascar. Cela suppose un encadrement des paysans et l'augmentation des capacités de production des stations d'alevinage de l'Ile.

3.2.9 Malawi

La rizipisciculture irriguée a été envisagée, selon la FAO (1972), dans le domaine de Kasinthula. Il n'y a cependant pas d'informations sur les possibilités d'y faire de la rizipisciculture.

3.2.10 Mali

Le riz irrigué est cultivé, sur plus de 50 000 ha, dans différentes régions du pays, spécialement dans le Delta Central du fleuve Niger. Une partie des rizières a été aménagée pour y avoir la maîtrise de l'eau (casiers rizicoles de Baguinéda, Nienébale, San, etc.), mais dans bon nombre d'endroits, les rizières sont exposées aux inondations périodiques du Niger et de ses affluents.

Les terrains inondables où se pratique une riziculture assez extensive, sans aménagements hydrauliques, sur des terrains non endigués, sont soumis aux crues et les poissons y viennent librement et causent parfois des dégâts au riz (Matthes, 1969). On y cultive surtout du riz flottant (type Indochine) et aussi la variété locale Mogo.

Dans ces rizières traditionnelles, non aménagées et non endiguées, il est impossible de faire de la rizipisciculture intensive. Par contre les casiers aménagés, entourés de diguettes et où il y a maîtrise de l'eau, se prêtent fort bien à la rizipisciculture.

L'Opération Pêche de Mopti envisage la rizipisciculture comme un des moyens d'augmenter la production piscicole (Konare, 1974). Des essais de rizipisciculture seront entrepris à Mopti, vraisemblablement en 1975/76.

3.2.11 Conclusions

Il ressort de cette revue sommaire de la situation de la rizipisciculture en Afrique que ce n'est qu'à Madagascar que se pratique couramment l'élevage de poissons en rizières. C'est aussi le pays d'Afrique où il y a eu le plus de recherches dans le domaine de la rizipisciculture. Les résultats de ces recherches ont permis le développement de cette méthode de pisciculture dans la grande Ile.

Il est vraisemblable que les données techniques obtenues en rizipisciculture, à Madagascar, pourront servir de base pour l'élaboration des programmes de recherches appliquées qu'il nous paraît indispensable de mettre en oeuvre, dans certaines régions d'Afrique, où se pratique la riziculture irriguée et où existent des possibilités d'introduire la rizipisciculture, avec des chances de succès.

3.3 Conclusions et propositions pour l'avenir de la rizipisciculture en Afrique

Dans beaucoup de pays d'Afrique existent des possibilités, parfois considérables, de développer la riziculture irriguée et la rizipisciculture. La rizipisciculture malgache pourrait servir de modèle pour entreprendre, en Afrique continentale, la rizipisciculture intensive.

A notre avis, le développement de la rizipisciculture en Afrique est subordonnée à la connaissance des éléments de base suivants:

  1. Inventaire détaillé des surfaces de riziculture irriguée dans chaque pays d'Afrique.

  2. Situation, pour chaque pays, de techniques culturales rizicoles mises en oeuvre, notamment en ce qui concerne l'aménagement des rizières irriguées, hauteur des diguettes, maîtrise de l'eau et alimentation en eau, variétés de riz cultivées, exigences du riz (niveau d'eau maximum, fertilisation en cours de culture et applications de produits phytosanitaires), durée du cycle cultural des riz utilisés, les sarclarges (fréquences et méthodes appliquées), utilisation d'herbicides, récolte du riz, etc.

  3. Compte-rendu détaillé des essais de rizipisciculture qui auraient déjà été entrepris dans le pays.

  4. Description des techniques de rizipisciculture mise en oeuvre dans chaque pays (espèces de poisson utilisées, taille des poissons à la mise en charge, densités d'empoissonnement des rizières, durée de l'élevage, récolte, etc.), influence sur les poissons en rizière de l'utilisation de fertilisants, d'herbicides et de produits phytosanitaires (pesticides et insecticides), etc.

  5. Données économiques complètes concernant le paddy et le poisson récolté en rizières irriguées.

  6. Inventaire complet et détaillé, par pays, des projets de programme de développement ou d'extension de la riziculture irriguée, ainsi que les possibilités d'y intégrer la rizipisciculture et d'augmenter ainsi les revenus des paysans.

Ces données, aussi complètes que possible, sont indispensables à l'établissement d'un bilan de la rizipisciculture en Afrique. Ce bilan permettrait de faire le point de la situation de la rizipisciculture et d'élaborer, à une échelle régionale africaine, un programme de recherches en vue de promouvoir et de développer la rizipisciculture dans les régions d'Afrique où elle pourrait contribuer efficacement à réduire les carences en protéines animales, tout en apportant aux ruraux des revenus monétaires non négligeables.

4. LES ELEVAGES ASSOCIES DE POISSONS ET D'ANIMAUX DE FERME

De toutes les techniques de pisciculture préconisées en Afrique depuis des dizaines d'années, ce sont sans doute certains types d'élevages associés qui, d'abord à l'échelle expérimentale et, ensuite, au niveau des exploitations commerciales intensives, ont permis d'obtenir les rendements en poisson les plus élevés en pisciculture tropicale. En effet, en élevage associé porcs et poissons, l'on obtient couramment entre 8 et 10 tonnes de poisson par ha/an. Il sera sans doute possible, dans un proche avenir, d'encore améliorer ces rendements en pratiquant une polyculture adéquate. Nous examinerons ci-après le rôle des élevages associés en pisciculture tropicale et les types d'associations déjà expérimentés.

4.1 Rôle des élevages associés

En élevage associé, l'on cherche à obtenir le rendement maximum en combinant deux élevages. Le poisson doit être considéré comme un sous-produit de l'élevage associé, qui ne demande aucun soin particulier et ne nécessite, comme investissement, que la construction d'un étang.

Le rôle du poisson est donc d'augmenter la rentabilité d'un élevage d'animaux de ferme, par l'utilisation rationnelle et régulière d'une fertilisation organique et de déchets de l'alimentation des animaux.

4.2 Types d'associations

Huet (1970) cite les possibilités de faire de l'élevage associé de poissons avec canards, porcs et ragondin (Myocastor coypus) ainsi que les productions accessoires que peuvent donner les récoltes de mollusques, crustacés et batraciens dans les étangs d'élevage.

Nous n'envisagerons ici que les élevages associés de poissons avec canards, porcs, oies et poules, associations qui ont déjà fait l'objet d'essais en Afrique.

  1. Association canards/poissons: est la plus courante et se pratique, cependant encore toujours à l'échelle expérimentale, à Madagascar et en République Centrafricaine. Donne de bons résultats, mais la rentabilité financière est parfois aléatoire du fait des coûts de nourriture des canards et de l'absence de débouchés pour ces volailles.

  2. Association porcs/poissons: semble actuellement la plus rentable et c'est aussi cette combinaison qui donne les rendements les plus élevés. Elle est pratiquée, à l'échelle commerciale, en République Centrafricaine.

  3. Association oies/poissons: a été testée à Madagascar uniquement, et ne donne généralement que des résultats aléatoires.

  4. Association poules/poissons: a été essayée seulement au Gabon. Cette association pourrait être intéressante si, localement, il y a un débouché assuré pour les oeufs.

4.3 L'élevage associé des canards et des poissons

Cette association semble être la plus ancienne et celle qui a été essayée le plus souvent dans les régions tropicales. C'est une technique simple, à la portée des paysans africains et qui ne nécessite qu'un investissement minime. Elle implique la stabulation de canards ce qui n'est cependant pas une pratique très courante en Afrique, où les volailles sont laissées en liberté. La stabulation des animaux s'imposera sans doute progressivement, surtout dans les zones suburbaines qui sont généralement les plus favorables aux opérations de développement piscicole, parce qu'il s'y trouve une certaine masse monétaire, un débouché certain et des sous-produits agricoles disponibles.

Les résultats que l'on obtient dépendent largement du type d'installation retenue, du choix de la race de canards, des espèces de poissons utilisées et de l'alimentation des canards.

4.3.1 Les installations

Pour l'implantation, il y a deux solutions possibles: soit installer les abris pour les canards sur les digues, à côté de l'étang; soit placer les installations sur pilotis, dans l'étang. A notre avis, et si l'on veut obtenir le rendement maximum, c'est l'installation sur pilotis, surplombant l'eau, qui est la plus rationnelle et généralement aussi la moins coûteuse. Il y a deux possibilités de se procurer les canetons nécessaires à l'élevage: soit les acheter à un éleveur, soit les produire soi-même. L'achat direct à un éleveur de canards, comme cela se pratique à Madagascar, n'est pas toujours possible et, vu le prix d'achat des canetons, l'achat peut ne pas toujours être rentable.

Si l'on choisit la solution de l'achat des canetons, les installations pour l'élevage associé sont simplifiées, car il ne faut prévoir que des enclos de grossissement pour les canetons.

La production de canetons, partant de l'oeuf, est plus compliquée et nécessite des installations spéciales, plus grandes et plus complexes.

Dans tous les cas, l'importance des installations est déterminée par la surface d'exploitation disponible. Pour obtenir une production élevée de poissons, il faut prévoir l'installation de 10 à 15 canetons par are sous eau. Si on utilise des canards qui ne se tiennent pas souvent sur l'eau, l'on peut augmenter la densité jusqu'à 20–25 canetons/are. A de telles densités, les canards assurent une fertilisation convenable de l'eau, sans danger pour les poissons.

Nous examinerons ci-après les différents types d'installations expérimentées en République Centrafricaine, à Madagascar et au Gabon. Il s'agit des installations pour la production de canetons de trois mois, les enclos pour le grossissement installés sur les digues et les installations sur pilotis.

4.3.1.1 Les installations pour la production de canetons de trois mois

Selon Croizeau (1971) un élevage de canards passe par quatre phases: reproductions (ponte) et éclosion, élevage des canetons durant les trois premières semaines, élevage complémentaire jusqu'au troisième mois et enfin, grossissement des canetons pour la vente. A chacune de ces phases correspond un agencement spécial des installations.

Au départ il faut acheter des canards reproducteurs. Un mâle et cinq canes adultes permettent généralement d'obtenir, en pisciculture rurale, les 15–20 canetons nécessaires à un élevage associé sur environ 2 ares.

Pour servir à l'échelle des petits élevages associés ruraux, Croizeau (1971) a mis au point un système d'élevage compartimenté à installer sur un étang de 4–5 ares. L'ensemble est installé sur les digues et comprend:

  1. Un abri pour les reproducteurs, équipé de boîtes de ponte dans lesquelles couvent les canes;

  2. Une ou plusieurs caisses d'élevage dans lesquelles, après éclosion, on place la cane et ses canetons. Après 8 jours on retire la cane qui retourne dans l'enclos des reproducteurs et les canetons, âgés d'une semaine, restent encore environ 3 semaines dans la caisse d'élevage;

  3. Un abri à fond grillagé, disposé à 20 cm du sol, dans lequel les canetons séjournent encore approximativement deux mois;

  4. Un abri rustique implanté sur les digues, à proximité de l'étang, entouré d'une clôture. A l'âge de 3 mois, les canetons quittent l'abri à fond grillagé et sont mis dans l'enclos de grossissement.

Les cinq canards reproducteurs sont installés dans un abri rustique implanté sur les digues, dans un coin de l'étang qui, au préalable a été clôturé au moyen de grillage à poules. La hauteur du grillage dépend de la capacité de vol de la race de canards en élevage. Un grillage de 50 cm suffit amplement, si on prend la précaution de déséquilibrer les canards en leur coupant les plumes d'une aile. Ainsi ils ne peuvent s'envoler et quitter l'enclos.

Pour cinq reproducteurs, un abri de 5 à 6 m2 suffit. On y dispose quatre boîtes de ponte et une mangeoire. Pour empêcher les vols, et l'entrée de chiens ou autres animaux, les canards doivent être enfermés à clef chaque soir. Les reproducteurs ont un petit parcours enherbé et un accès à l'étang.

Un à deux mois après l'installation des reproducteurs, on obtient les premières éclosions de canetons, si l'alimentation a été rationnelle et régulière. A Bangui, la cane de Barbarie pond généralement entre 20 et 25 oeufs tous les trois à quatre mois.

Dès qu'une cane manifeste l'intention de couver, il y a lieu de l'isoler du mâle, car le canard empêche souvent la cane de rester sur les oeufs. Les canes pondent et couvent dans des boîtes de ponte.

Les oeufs les plus récents sont mis en incubation. Une cane peut facilement couver une quinzaine d'oeufs. L'incubation dure de 35 à 36 jours pour le canard de Barbarie et est de 25 jours pour les autres races. Dans de bonnes conditions, le pourcentage d'éclosion atteint 90 pour cent.

Quand ils ont trois mois, les jeunes canards sont lâchés sur l'étang, dans l'enclos de grossissement. La nuit, ils se refugient dans un abri rustique implanté sur la berge.

Le système imaginé par Croizeau (1971) convient pour une très petite exploitation mais présente certains inconvénients: toutes les installations sont à terre et très peu de fientes de canards tombent à l'eau. Les déchets de nourriture des canards se perdent aussi sur les digues et n'entrent pas dans l'étang, au détriment de la croissance des poissons.

D'autre part, le fait de regrouper quatre phases de l'élevage sur un même étang, nécissite de nombreuses clôtures grillagées dans lesquelles les poissons se blessent. Mieux vaut, à notre avis, parquer les reproducteurs dans des installations sur pilotis, sur un étang clôturé de 50 à 100 m2 et de placer sur le même étang les canetons, de l'éclosion jusqu'à l'âge de 3 mois, dans un abri sur pilotis. Comme à cet âge, les canetons ne sont pas sur l'eau, il n'y a pas lieu de prévoir de clôture et, étant élevé sur pilotis, leurs déjections et les restes de leur nourriture tombent dans l'eau, au profit des poissons.

Dans ces conditions, l'élevage des reproducteurs et des canetons jusqu'à l'âge de trois mois se ferait sur un seul petit étang, dans des installations qui surplombent l'eau. Les canetons de trois mois seraient mis en grossissement sur un étang de production.

4.3.1.2 Enclos pour grossissement installés sur les digues

Ces installations sont conçues en fonction de la superficie des étangs et du nombre de canetons à y mettre en grossissement. Rappelons que l'on place habituellement 10 à 15 canetons à l'are.

L'étang doit être clôturé. La meilleure solution est de placer la clôture presque au bord de l'eau pour empêcher les canards de circuler sur les digues et les obliger, autant que possible, à rester sur l'eau.

A l'intérieur de l'enclos, il y a un abri rustique, construit sur les berges et les canards viennent s'y abriter la nuit. Il y a également une mangeoire.

Sur de grands étangs, l'on peut ne clôturer qu'une partie de la surface sous eau et y parquer le nombre de canards voulu. Cela permet de réduire le coût de la clôture.

C'est dans les enclos de grossissement que débute réellement l'élevage associé. Les canetons que l'on utilise ont été produits sur place ou achetés à un éleveur. Il est impératif de ne mettre en enclos de grossissement que des canetons âgés de deux mois et demi à trois mois car, plus jeunes, les mortalités sont généralement très élevées. A cet âge, ils pèsent entre 500 et 800 g.

Le but de l'opération est de mener ces canetons, le plus vite possible, à un poids moyen de 1,4 à 1,8 kg. Partant de canetons de 500 à 600 g, on peut obtenir des canards de 1,5 kg après un élevage de 90 à 130 jours (Vincke, 1972), à condition de nourrir correctement les canetons.

En disposant l'abri pour les canetons et la mangeoire sur les digues, une grande partie des déjections et des déchets d'aliments restent sur les digues et n'arrivent pas dans l'eau. C'est pourquoi il est plus rationnel de placer l'abri sur pilotis, dans l'eau. La mangeoire également se trouve dans l'abri, sur un plancher à claire-voie. Ainsi la majorité des fientes et des déchets de nourriture tombent directement dans l'eau.

4.3.1.3 Installation sur pilotis

Ce genre d'installation a été essayé à Madagascar par le Centre Technique Forestier Tropical (Vincke, 1972). Le parcours sur les digues est réduit au minimum pour obliger les canards de vivre sur l'eau ou dans un abri qui surplombe l'eau. La mangeoire également se trouve au dessus de l'eau, dans l'abri. Ainsi toute la nourriture gaspillée par les canetons tombe directement dans l'eau.

Les installations doivent être aussi simples que possible et adaptées aux possibilités financières des paysans. Il faut prévoir deux phases dans l'élevage et les installations suivantes:

  1. Un étang d'environ 1 are, clôturé en bordure de l'eau, avec un abri sur pilotis pour les reproducteurs. Une passerelle leur donne un accès à l'eau. Le nombre de reproducteurs est en fonction de la superficie vouée à l'élevage associé.

  2. Sur le même étang, on place sur pilotis, un abri à fond grillagé, équipé de caisses d'élevage, pour loger les canetons de l'éclosion jusqu'à l'âge de 3 mois. Rappelons qu'avant 3 mois, les canetons ne vont pas sur l'eau.

  3. Un ou plusieurs étangs de grossissement où se fera le véritable élevage associé, en partant de canetons de 3 mois et d'alevins d'espèces à croissance rapide. Les étangs sont clôturés de façon à limiter les possibilités de voir les canards circuler sur les digues et d'ainsi les maintenir au maximum sur l'eau ou dans l'abri sur pilotis. Pour dix canards, il faut prévoir un abri couvert et fermé d'environ 3 mètres carrés, avec plancher à claire-voie.

Si l'on veut vulgariser l'élevage associé en milieu rural, il est inutile de prévoir des constructions très élaborées qui, de toute façon, ne sont pas à la portée du paysan moyen. C'est pourquoi il faut utiliser, au maximum, des matériaux du pays: rondins, gaulettes, bambou, paille, etc., et éviter, parce que trop coûteux, l'emploi de ciment, de bois sciés, de tôles, de fil de fer et de grillages métalliques.

Des installations-types, simples et rustiques, ont été conçues à Madagascar et donnent entière satisfaction.

4.3.2 Choix des canards et des poissons

Les canards qui conviennent le mieux pour ce genre d'élevage sont ceux qui passent, sur l'eau, la plus grande partie de la journée. L'on trouve en Afrique diverses races de canards telles que canards de Barbarie, Pékin et Muskovie. Il y a également d'innombrables races locales, très rustiques et moins sensibles auxépidémies que les races améliorées.

Le canard de Barbarie est assez rustique, mais il ne reste jamais très longtemps sur l'eau et, comme le signale Croizeau (1971), les canards de Barbarie on, au début, une répulsion très nette pour l'eau. La cane est une bonne couveuse, mais la ponte est relativement faible.

Les Pékin et Muskovie sont meilleurs nageurs que le canard de Barbarie. Les canes sont bonnes pondeuses et elles couvent bien.

A Madagascar, les canes de race locale ne couvent que très rarement et les oeufs de cane sont généralement couvés par des poules.

En définitive, quand on débute un élevage, l'on a rarement l'occasion de pouvoir choisir entre diverses races car il est très rare, en Afrique, de trouver des élevages de canards de différentes races. Il faut donc souvent se contenter de ce qu'il y a moyen de se procurer sur place.

Quant aux poissons, ce sont les espèces à régimes alimentaires omnivores et microphage qui conviennent le mieux pour exploiter les apports organiques des canards. Tilapia nilotica a été utilisé, avec succès, au Cameroun, au Congo, au Gabon, à Madagascar, en République Centrafricaine et en Tunisie.

Parmi les autre espèces qui ont donné de bons résultats, citons Cyprinus carpio, Clarias lazera, Tilapia melanopleura, T. macrochir et T. andersonii.

On a remarqué cependant que les eaux des élevages associés, riches en matières organiques, attirent des insectes aquatiques et les grenouilles. Il est vrai que les canards consomment une grande partie des larves d'insectes et éliminent les têtards et les mollusques, mais cette nourriture pourrait également être consommée par un poisson carnivore. Dans ce sens, l'on a testé, à Madagascar, le black bass (Micropterus salmoides) et le marakely (Paratilapia polleni), deux poissons à grande valeur commerciale, mais à croissance relativement faible (Vincke, 1972).

Les résultats de nombreux essais menés par le Centre Technique Forestier Tropical à Madagascar démontrent qu'en élevage associé canards/poissons, l'on obtient les rendements les plus élevés en pratiquant la polyculture des poissons. De nombreuses combinaisons ont été essayées et ont donné des indications très intéressantes au sujet des possibilités d'augmenter encore les rendements obtenus jusqu'à présent. Les résultats de ces recherches seront décrits au paragraphe 5.2.4.

Dans certains cas, pour diminuer la propagation de la bilharziose, il peut y avoir intérêt à introduire dans le peuplement piscicole, quelques poissons malacophages tels que Haplochromis mellandi ou Astatoreochromis alluaudi.

4.3.3 Organisation de l'élevage associé

Nous n'envisageons ici que la phase de grossissement des canetons, associée à l'élevage de poissons. Le paysan dispose de canetons d'environ trois mois et des alevins nécessaires à la mise en charge de son étang.

4.3.3.1 Mise en charge de l'étang et démarrage de l'élevage

En monoculture de Tilapia nilotica ou de Clarias lazera, on place généralement 2 alevins au mètre carré, soit 200 alevins/are. Si l'on utilise des carpes communes, les densités d'empoissonnement varient entre 25 et 50 carpillons à l'are.

Les rendements en poisson sont cependent généralement plus élevés en polyculture qu'en monoculture. Les espèces principales, en polyculture, restent Tilapia nilotica et la carpe commune (Cyprinus carpio) qui, de plus en plus, prendra sans doute de l'extension en Afrique. En empoissonnement avec ces espèces de base, il faut ajouter, à des densités adéquates, des espèces d'accompagnement telles que Clarias lazera, Heterotis niloticus, divers tilapia et, le cas échéant, quelques malacophages. On utilise généralement les espèces d'accompagnement à des densités allant de 100 à 200 alevins à l'are, à l'exception d'Heterotis niloticus qui ne donne des résultats intéressants qu'à des densités comprises entre 25 et 50 alevins/are. Pour les poissons malacophages, la densité ne doit pas dépasser 25 alevins/are.

Les canetons sont mis en grossissement en même temps que la mise en charge de l'étang en poissons. On place entre 10 et 15 canetons de 3 mois à l'are. L'on commence à nourrir immédiatement les canards.

Certains paysans craignent que les canetons s'attaqueront aux alevins. Il a été prouvé, lors d'essais à Madagascar, que ce danger est pratiquement inexistant. Les canards ne mangent pratiquement les alevins que dans la boue des étangs lors des vidanges.

4.3.3.2 Alimentation des canards et des canetons

Pour les canards adultes et les reproducteurs, il faut prévoir un mélange pour volailles du type “pondeuse” dont la composition est généralement la suivante (Croizeau, 1971):

- Protéines18 à 20 pour cent
- Hydrates de carbone       57 pour cent
- Lipides   4 à 5 pour cent
- Fibres et divers18 à 21 pour cent

La ration journalière à Bangui est d'environ 125 g de mélange type “pondeuse” par canard. A Madagascar, l'on distribue journellement une ration calculée au 1/10 du poids des canards. Le mélange distribué est composé de 91 pour cent de son de riz, 3 pour cent de tourteau d'arachide, 3 pour cent de poudre d'os et 3 pour cent de sang séché. Ce mélange revenait à F.MG. 12,2 le kg en 1971 (Vincke, 1972).

En République Centrafricaine la base de la ration est constituée de farine de maïs et de son de blé auquel on ajoute environ 5 pour cent de farine de poisson ou de farine de viande et approximativement 5 pour cent de tourteaux d'arachide, de coton, ou de sésame. Ce mélange revenait à environ CFA.F. 35 le kg en 1972.

Dans certains pays, l'on peut également trouver dans le commerce des aliments équilibrés pour vollailles qui contiennent les vitamines et sels minéraux indispensables à une croissance normale et rapide des canards.

A Bangui, l'alimentation des canetons durant le premier mois est assurée par une distribution à refus d'une farine type “poussin”. Ensuite, à partir du deuxième mois jusqu'au quatrième mois, on distribue, 3 fois par jour, un aliment composé du type “farine de croissance”. La ration journalière est de l'ordre de 5 pour cent du poids des canetons et pour éviter les gaspillages, dès le premier mois, les aliments sont distribués humectés.

En utilisant des mélanges équilibrés, l'on obtient un coefficient de transformation de 4 pour 1. Les canards ne sont généralement pas aussi exigeants que les poulets en ce qui concerne la composition et l'équilibre de leur ration. Par contre, les canetons sont assez sensibles à des modifications brutales dans leur alimentation.

La ponte des canes est parfois arrêtée, quand leur alimentation est irrégulière et mal équilibrée, notamment en vitamines (Croizeau, 1971).

Tant que les canetons sont enfermés, il faut leur donner de l'eau, tout en évitant qu'ils ne tombent dans les récipients de distribution d'eau d'où ils ne pourront sortir.

4.3.3.3 Maladies

Il n'y a pas eu de maladies durant les essais à Madagascar et seulement quelques cas de Salmonellose en Centrafrique. En observant des règles d'hygiène, il n'y a généralement pas de problèmes.

Il faut éviter de laisser les canetons sur des litières sales qui favorisent la Salmonellose, maladie épidémique qui, très rapidement, peut décimer un élevage, surtout parmi les jeunes canetons de quelques semaines.

Le traitement contre la Salmonellose consiste à mélanger de la Furazolidine aux aliments secs à raison de 10 g pour 25 kg d'aliment. On peut également utiliser da la Sulfadimerazine à la dose de 3 g par kg de nourriture sèche.

4.3.4 Récolte et rendements

La durée de l'élevage est en fonction de l'élevage des canards en stabulation et en grossissement au dessus de l'étang. Si les canardeaux sont nourris régulièrement et convenablement, ils atteignent 1,4 kg à 1,6 kg après 4 à 5 mois et ils sont prêts à la vente. On peut donc, en un an, faire sur le même étang 3 élevages de canards successifs de 4 mois chacun. Dans ces conditions, et pour une densité de 15 canetons à l'are, le rendement en canards se situe entre 40 et 60 kg/are/an.

Les étangs de ces élevages associés peuvent être récoltés environ tous les 5 mois. Avec un départ des Tilapia nilotica de 10 g, à une densité de 200 alevins/are, en association avec Clarias lazera, 100 alevins/are, l'on obtient à Bangui des rendements allant de 38 à 45 kg de poissons par are et par an. Si l'on additionne les deux sources de production, l'on peut obtenir entre 58 et 85 kg par an et par are, soit entre 5 800 et 8 500 kg/ha/an.

A Madagascar, en zone forestière, du fait des conditions climatiques, les rendements des élevages associés sont plus faibles et l'on obtient, dans de conditions exceptionnelles, entre 18 et 22 kg/are/an de poisson et entre 20 et 25 kg de canards/are/an, en polyculture de carpe royale 25 alevins/are plus T. nilotica entre 25 et 100 alevins/are.

4.3.5 Rentabilité de l'élevage associé “canards/poissons”

La rentabilité financière de cette spéculation dépend largement des facteurs suivants: coût des installations, frais des amortissements, prix de la nourriture des canetons en grossissement et prix de vente des canards.

Dans bien des cas, les essais d'élevages associés “canards/poissons” donnent des résultats qui techniquement sont très valables, mais qui ne peuvent être vulgarisés parce que, du point de vue financier, ils ne laissent aucun bénéfice au paysan. C'est le cas notamment quand le prix de la nourriture pour canards est trop élevé par rapport au prix de vente des volailles. Ainsi des canards élevés à peu près de la même façon à Madagascar et en République Centrafricaine, se vendaient, en 1972, à CFA.F. 700 le kg à Bangui et ne coûtaient que F.MG. 200 le kg à Madagascar. Ce qui était un élevage très rentable à Bangui ne l'était pas ailleurs.

Il y a lieu de noter que le coût des aliments pour canards varie dans des très larges proportions d'un pays à l'autre.

Le CTFT (1972) a publié le bilan financier d'un élevage associé “canards/poissons” sur 4 ares d'étangs, avec Tilapia nilotica. Les installations placées sur les digues, étaient en matériaux durables et revenaient, en 1969, à CFA.F. 25 000, à amortir en 5 ans. Ce bilan se trouve au Tableau I.

Sur les six essais d'élevage associé “canards/poissons” entrepris à Madagascar, par la Division de Recherches Piscicoles du CTFT en 1971–73, un essai a donné un bilan financier négatif (perte de F.MG. 3 995). Pour les autres essais, les bénéfices se situaient en F.MG. 43 et 3 539 (F.MG. 1 = CFA.F. 1).

Au Tableau II se trouve le compte d'exploitation d'un essai mené à Ampamaherana (Madagascar) avec 15 canetons/are et 25 carpillons + 200 T. nilotica/are. Au départ, les canetons avaient un poids moyen de 670 g.

4.4 Elevage associé de porcs et de poissons

De tous les élevages associés, c'est incontestablement l'association “porcs/poissons” qui, jusqu'à présent, a donné les rendements les plus élevés. Malgré cela, seulement quatre pays africains ont entrepris ou continué des essais concernant les possibilités de cette association. Ces essais ont été menés à Madagascar, en République Centrafricaine, au Gabon et en République Populaire du Congo.

TABLEAU I

Bilan d'exploitation d'un élevage associé canards/poissons à Bangui (Selon CTFT, 1972)

RubriquesCFA.F.
DépensesRecette et Avoir
Amortissement du matériel (5 ans)  5 000 
Petit équipement et réparations  1 000 
Aliments pour canards: 900 kg à CFA.F./kg27 000 
Achat d'alevins  1 000 
Achat de canards reproducteurs  6 000 
Vente de 40 canards (4 à 6 mois) 50 000
Vente de poissons: 80 kg 12 000
Valeur estimative de 40 canards adultes et en croissance 25 000
Totaux40 00087 000
Bénéfice47 000-
Balance87 00087 000

TABLEAU II

Compte d'exploitation d'un élevage associé canards/poissons à Ampamaherana (Madagascar)

RubriquesF.MG.
EntréesSorties
Amortissement des installations sur 5 mois   1 520
Achat de 30 canetons à F.MG. 150 pièce   4 500
Nourriture des canards   6 356
Vente:   
 - canards:49,85 kg × F.MG. 200/kg  9 970 
 - Carpes:15,4 kg × F.MG. 200/kg  3 080 
 - T. nilotica:19,1 kg × F.MG. 150/kg  2 865 
  Totaux15 91512 376
  Bénéfice   3 539
  Balance15 91515 915

Cet élevage associé paraît plus facile à réaliser en milieu rural que l'association canards/poissons. Il nécessite moins de soins que l'élevage avec canards, mais les investissements sont plus élevés, surtout si on utilise de la maçonnerie.

4.4.1 Les installations

Les essais, jusqu'à présent ont été effectués dans trois types d'installations: soit en bordure de l'étang, soit dans l'étang, sur une berge en pente, soit sur pilotis. Dans certaines de ces installations, les porcs ont accès à l'eau et ils se baignent fréquemment. Cela n'a aucun effet néfaste sur leur santé et l'eau leur apporte fraicheur et propreté et ils passent une grande partie de la journée, vautré dans l'étang.

La ventilation des porcheries est essentielle et les porcs doivent pouvoir s'abriter du soleil. Pour les reproducteurs il faut prévoir, par animal, des loges d'une superficie allant de 7 à 9 mètres carrés. Pour des porcelets à l'engraissement, pesant au départ 10 à 15 kg, il faut environ 2 m2 par porc. Dans chaque loge, il y a une auge compartimentée pour nourrir et abreuver les cochons. Ces auges sont généralement en beton.

Il y a lieu de prévoir un point d'eau à proximité des porcheries (canalisation et robinet ou canal qui sert à alimenter l'étang en eau). De plus, il faut un local pour entreposer les aliments. Il sera de préférence cimenté et protégé contre les rats. La consommation annuelle de 10 truies est de l'ordre de 40 à 70 tonnes d'aliments et il paraît indispensable, pour un élevage moyen, de prévoir l'acquisition d'une camionnette.

Les différentes installations qui ont été expérimentées en élevage associé sont décrites ci-après.

4.4.1.1 Porcheries en bordure de l'étang

Ce type de porcherie a été utilisé en Centrafrique et à Madagascar. Il s'agit d'une porcherie classique construite à proximité d'un étang. Les fondations et le sol sont généralement en dur (dallage ou beton), avec une pente vers un petit canal qui sert à recueillir les déjections, urines et eaux de lavage pour les évacuer dans l'étang.

A Bangui, la toiture est en tôles, la charpente étant posée sur des piliers en bois. Les parois sont constituées de chevrons ou de rondins fixes sur les piliers. Le sol est betonné. Les porcs sont en stabulation et ne sortent pas de la porcherie. Le coût de ces installations va de CFA.F. 3 200 à 3 500/m2 (1974).

A Madagascar, les porcheries sont couvertes de paille ou de papier goudronné posé sur des lattes. Le sol est betonné et les parois des porcheries sont faites en bambou fixé sur des rondins. Un couloir partant de la porcherie, mène à un enclos de 20 à 25 m2 où les porcs peuvent se baigner. Le couloir et l'enclos sont constitués de rondins, enfoncés côte à côte dans le sol, tenus par des gaulettes horizontales. Le coût au mètre carré était de F.MG. 945 (ou CFA.F.) en 1972.

Les porcheries en bordure de l'étang sont relativement plus coûteuses que les autres types, mais elles sont durables. Elles nécessitent cependant une main-d'oeuvre supplémentaire, car il faut chaque jour laver le sol à grandes eaux pour évacuer les déchets dans le canal d'évacuation.

4.4.1.2 Porcherie sur la berge, dans l'étang

Ce type a été mis au point à Bangui (Croizeau, 1971). La porcherie est implantée sur la berge de la digue à l'intérieur de l'étang. Le pavement des loges est en pente douce vers l'étang de façon qu'au niveau normal de remplissage, l'eau de l'étang recouvre une partie du pavement de la porcherie. Ainsi, tout en restant dans leur loge, les porcs ont accès à l'eau de l'étang. Leurs déjections, urines et restants de nourriture se retrouvent dans ce petit parcours aquatique d'environ 2 m2.

Pour la construction de pareilles porcheries, on utilise les mêmes matériaux que pour la porcherie implantée en bordure de l'étang. Les auges sont en maçonnerie.

Ce type de porcherie en matériaux semi-traditionnels, revenait à CFA.F. 650 le mètre carré, en 1970. Le prix de revient de cette installation est relativement bas, comparé aux autres types de porcherie. Du fait de la faible pente, les déjections des porcs ont tendance à s'accumuler dans le petit parcours aquatique où les poissons n'ont pas accès. Il faut donc régulièrement nettoyer ces endroits et jeter le fumier de porc dans l'eau profonde.

4.4.1.3 Porcherie sur pilotis

Ce genre d'installation a été expérimenté à Madagascar, par le Centre Technique Forestier Tropical, partant du principe que la fertilisation des étangs serait plus efficace si la porcherie surplombait l'étang plutôt que de la placer à côté des bassins. Les résultats d'essais comparatifs ont confirmé cette hypothèse: production de poisson doublée, poids moyen des poissons nettement plus élevé et production de porcs plus importante.

A Madagascar les installations expérimentales étaient très rustiques: toiture en papier goudronné fixé sur des lattes, parois en bambou, plancher à claire-voie en dosses, le tout posé sur des bois ronds enfoncés dans le fond de l'étang. Un couloir constitué de rondins, mène à l'enclos où les porcs peuvent se baigner. En 1972, le coût de cette installation était de F.MG. 710 (ou CFA.F.) au mètre carré.

Différentes porcheries sur pilotis ont été construites en République Centrafricaine, à partir de 1974, en utilisant des sciages et des tôles, ou encore des bois ronds, des gaulettes et de la paille.

Une porcherie rustique, sur pilotis, a été construite au Centre Piscicole National de Bangui-Landjia, en guise de démonstration. Elle a été construite entièrement en matériaux locaux, à l'exception des clous. Le plancher à claire-voie est composé de gaulettes d'un diamètre de 2 à 4 cm, fixés côte à côte sur des rondins. Les parois des loges, sur une hauteur de 1 m, sont faites de bois ronds fixés sur des rondins verticaux, le tout recouvert d'une toiture traditionnelle en gaulettes et paille. Le prix de revient de cette porcherie est de CFA.F. 1 556 le mètre carré (1974), en comptant les salaires d'un menuisier et de trois ouvriers.

Ce type de porcherie sur pilotis est parfaitement à la portée du paysan moyen. Il ne doit mettre en oeuvre que des matériaux locaux, à l'exception des clous, et il peut très facilement faire tous les travaux lui-même, ce qui abaissera notablement le prix de revient. De ce fait, ce genre de porcherie peut être vulgarisé aisément en milieu rural.

Les porcelets s'habituent très facilement à circuler sur un plancher en gaulettes juxtaposées et les craintes de les voir se casser des pattes ne sont absolument pas fondées.

4.4.2 Choix des porcs et des poissons

Le porc est un animal assez rustique et, si il est nourri convenablement, il n'est pratiquement jamais malade. Etant donné leur croissance, il est avantageux de choisir des porcs de races sélectionnées, telles que le Yorkshire Large White utilisés sans problèmes, en élevage associé, à Madagascar et en République Centrafricaine. En milieu rural, on trouve plutôt des races locales, très rustiques, et des produits de métissage. Des animaux reproducteurs améliorés peuvent généralement être obtenus auprès des Services de l'Elevage ou dans des exploitations spécialisées.

Les espèces de poissons qui conviennent pour l'élevage associé “porcs/poissons” sont les mêmes que celles que l'on utilise pour les élevages “canards/poissons”. Les espèces qui paraissent les mieux adaptées sont la carpe commune, Tilapia nilotica et Clarias lazera.

4.4.3 Organisation de l'élevage associé

Les élevages peuvent se faire, au départ, soit avec des porcelets provenant de son propre élevage, soit avec des porcelets achetés à un éleveur, que l'on met immédiatement en grossissement.

Si l'on commence l'élevage par l'acquisition de porcelets, destinés à devenir des reproducteurs, il faut tenir compte qu'une truie ne doit pas être saillie avant l'âge de 9 mois et que les verrats ne doivent pas être mis en reproduction avant l'âge de 8 mois. Les jeunes truies doivent donc être séparées des mâles à l'âge de 4 ou 5 mois, pour éviter des gestations trop précoces qui risquent d'épuiser les femelles. Il faut veiller spécialement à ce qu'il n'y ait pas de lien de parenté (consanguinité) entre verrat et truie.

Il est à prévoir au maximum 20 truies pour un verrat adulte. La durée de gestation est de 120 jours, en moyenne, et la période d'allaitement de 60 jours environ.

Les truies peuvent être saillies à nouveau, aux premières chaleurs, environ trois semaines après la fin de l'allaitement. Le cycle complet de reproduction du porc est en moyenne de 201 jours, soit:

- période de gestation120 jours
- période d'allaitement  60 jours
- période de repos  21 jours
Total201 jours

Un élevage bien conduit permet d'obtenir, par truie, 3 portées de 6 à 8 porcelets en deux ans. Ainsi, l'on peut commercialiser, en moyenne, 8 à 10 porcs par an et par truie reproductrice.

Après le sevrage qui a lieu après 2 mois, les porcelets sont mis en grossissement et peuvent donc être utilisés en élevage associé. A condition que les jeunes soient à peu près de même poids, on peut regrouper en une seule bande des porcelets provenant de différentes truies. Les porcelets mâles que l'on ne désire pas conserver comme reproducteurs doivent être castrés. Cette opération doit être pratiquée à l'âge d'un mois. Elle a pour but d'empêcher que la viande, au moment de l'abattage, ne prenne une odeur désagréable. La castration de verrats de reforme doit se faire au moins 3 mois avant l'abattage. C'est une opération plus délicate qui, en général, est effectué par un infirmier du Service de l'élevage.

En élevage rationnel, avec des porcs de bonne souche, bénéficiant d'une alimentation équilibrée, la croissance est approximatement la suivante (CTFT, 1972):

AgePoids
1 mois  6 kg
2 mois15 kg
3 mois27 kg
4 mois42 kg
5 mois57 kg
6 mois72 kg
7 mois87 kg

Pour des raisons de rentabilité, les porcs pour la boucherie se vendent généralement quand ils on atteint entre 70 et 80 kg.

4.4.3.1 Mise en charge de l'étang et démarrage de l'élevage

La densité de mise en charge des poissons varie selon les espèces utilisées et les poids moyens que l'on désire obtenir en fin d'élevage. En général, plus la mise en charge est forte, plus petit est le poids moyen des poissons à la récolte. Comme pour les autres élevages associés, il y a intérêt à faire de la polyculture.

A Bangui, au début des essais, Tilapia nilotica a été utilisé le plus souvent en monoculture, à la densité de 2 alevins de 8–10 g par mètre carré. A présent, en polyculture, l'on déverse 1 ou 2 alevins de T. nilotica plus 1 ou 2 alevins de Clarias lazera au m2, soit au total entre 200 et 400 alevins à l'are.

A Madagascar l'on a adopté, en polyculture, la combinaison suivante: Carpe commune: 25 alevins de 8–10 g/are + T. nilotica: 200 alevins de 4 à 5 g/are.

Quant aux porcs, l'on place généralement 1 porcelet par are d'étang, afin d'éviter un excès de fumure organique qui pourrait provoquer la mort de certaines espèces de poissons par désoxygénation de l'eau. Il n'est cependant pas certain qu'il ne serait pas possible d'obtenir des rendements plus élevés, en augmentant la densité de porcs à l'are d'étangs. Il reste à faire des recherches dans ce domaine.

4.4.3.2 Alimentation des porcs

L'on admet généralement qu'une ration équilibrée pour porcs doit contenir les éléments suivants:

- Matières azotées:16      à 18 pour cent
- Cellulose (maximum):6     à 8   pour cent
- Calcium:0,80        pour cent
- Phosphore:0,65        pour cent
- Chlorure de sodium (sel de cuisine):0,40        pour cent
- Vitamines A (unité 1/kg):4 000              
- Vitamines D (unité 1/kg):700           

Partant de ces données, différentes formules alimentaires ont été préconisées dans différents pays. A titre documentaire, nous donnons ci-après deux formules préconisées par le Service de l'Elevage Centrafricain.

 Type IType II
- Céréales (mil ou maïs broyés):72,0%-
- Remoulage:-30,0%
- Manioc:-39,0%
- Tourteaux (d'arachide, sésame ou coton):23,0%26,0%
- Farines animales (farine de poisson ou sang séché):  2,0%  2,0%
- Os calcinés ou broyés:  2,5%  2,5%
- Sel:  0,5%  0,5%

A cette ration, il faut obligatoirement ajouter de la verdure en quantité importante, telle que feuilles de Pueraria, Stylosantes, des papayes, mangues, etc. Avec les rations indiquées ci-dessus, il faut entre 7 et 9 kg d'aliments pour produire un kg de poids vif commercialisable.

Les Services de l'Elevage recommandent les rations journalières suivantes:

- Porcelet de 20 kg:1,250kg
- Porcelet de 40 kg:2       kg
- Porc de 60 kg:2,700kg
- Porc de 80 kg:3,200kg
- Truie gestante:3       kg
- Truie en location:6       kg

4.4.3.3 Maladies des porcs

Malgré leur rusticité, les porcs sont parfois exposés à certaines maladies: trypanosomiase, maladie de Teschen (à Madagascar), tuberculose et parasitisme par des larves et des vers. En cas de maladies, l'éleveur peut lui-même traiter ses porcs mais il est recommandé de faire appel au Service Vétérinaire local.

Signalons que les parasites des porcs, tels que larves du Tenia, ne sont pas transmis aux poissons.

4.4.4 Récolte et rendements

Partant de porcelets de deux mois qui, dans de bonnes conditions d'alimentation, atteignent 60 à 70 kg après une période d'engraissement de 5–6 mois, il est donc possible de faire des cycles d'élevage de 5 à 6 mois, soit deux élevages successifs de porcs par an. On obtient ainsi un rendement net de 40 à 50 kg de porc sur pied après 6 mois ou 80 à 100 kg/are/an. Ces données sont des valeurs idéales mais les résultats des essais de routine en stations et en milieu rural, font penser qu'en moyenne, et avec un porcelet à l'are, le rendement net de porc sur pied se situe entre 60 et 90 kg/are/an.

Les étangs sur lesquels se pratique l'élevage associé peuvent être récoltés tous les 5 à 6 mois, compte tenu des espèces de poissons utilisés et la densité à la mise en charge.

A Bangui, au Centre Piscicole National, l'on a obtenu, en élevage associé “porcs + poissons”, les productions de poisson moyennes suivantes:

- Monoculture de Tilapia nilotica (2 alevins/m2)8 997 kg/ha/an
- Monoculture de Clarias lazera (2 alevins/m2)8 576 kg/ha/an
- Polyculture T. nilotica + C. lazera8 944 kg/ha/an.

Ces résultats moyens ont été obtenus avec des densités de porcs variables et inférieures à la densité préconisée d'un porcelet à l'are. Dans certains cas, l'on a atteint 10 et 11 tonnes de poisson par ha/an.

Si l'on additionne les deux sources de production de protéines (chair de poisson et viande de porc), l'on obtient entre 14 et 18 tonnes/ha/an. A Madagascar, du fait de l'influence de la saison froide, l'on obtient une production additionnée de 8 à 12 tonnes/ha/an.

4.4.5 Rentabilité des élevages “porcs/poissons”

Comme les autres élevages associés, la rentabilité financière dépend étroitement de l'incidence, sur le prix de revient, de l'amortissement des installations, du prix des aliments pour les porcelets et du prix de vente des porcs et du poisson.

Pour une porcherie de 3 loges et un étang de 4 ares, un bilan indicatif fait apparaître un bénéfice de CFA.F. 54 500. Ce bilan, repris au Tableau III, tout étant théorique, laisse entrevoir le niveau des bénéfices que l'on peut espérer d'une telle spéculation.

Les essais d'élevage associé “porcs/poissons” à Madagascar se sont soldés par des pertes allant de F.MG. 2 621 à 5 502 (ou CFA.F.). Cela résulte du prix trop élevé des aliments distribués aux porcs.

A titre d'information, nous donnons au Tableau IV le bilan d'un des essais récents d'élevage associé de porcs et de Tilapia nilotica réalisé au Centre Piscicole National de Bangui-Landjia. En 5 mois, l'on obtient un bénéfice net de CFA.F. 129 780. Il y a lieu de noter qu'il n'y avait qu'un porc pour 2 ares, au lieu de un porcelet à l'are, ce qui explique que le rendement en poisson n'a atteint que 7 310 kg/ha/an. En monoculture, et sans prédateur, le poids des alevins T. nilotica cst trois fois supérieur au poids des poissons marchands.


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