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REALISATIONS DE LA CECPI DEPUIS 1964

Nous nous sommes attardés sur les trois premières sessions de la CECPI (1960–64), car c'est pendant cette période que la CECPI a véritablement pris corps. Toutefois, nous ne nous proposons pas de relater en détail toutes les activités de la Commission lors de ses sessions biennales depuis 1964, mais bien plutôt de recenser les réalisations des trois Sous-Commissions dans leurs domaines spécifiques. Nous nous référons en outre aux rapports établis par le Secrétariat sur des questions qui ne relèvent pas directement de l'une des Sous-Commissions.

La plupart des travaux des trois Sous-Commissions ont été réalisés au sein des différents groupes de travail qu'elles ont créés, avec l'approbation de la Commission, dans un but spécifique. Les groupes de travail sont composés d'un coordonnateur désigné par la Commission sur recommandation de la Sous-Commission compétente, d'un Rapporteur et de quelques experts, qui ne sont pas nécessairement ressortissants des pays membres. Les groupes de travail sont habituellement composés de quatre à huit membres, selon la nature de la question à l'étude et l'étendue des connaissances requises et disponibles. Il s'est avéré utile d'engager des experts provenant de différentes régions, notamment d'Amérique du Nord, et parfois des experts ayant une connaissance du sujet en plusieurs langues. Les groupes de travail font rapport aux Sous-Commissions lors des sessions biennales et, à cette occasion, on planifie également leurs travaux futurs.

La subdivision des travaux de la Commission en trois domaines représentés par les Sous-Commission - biologie et exploitation des pêches, pisciculture et maladies des poissons et pollution des eaux - a permis de s'occuper de la plupart des questions qui ont été examinées par la Commission, bien qu'un problème particulier puisse, inévitablement, relever de la compétence de plus d'une Sous-Commission. Par exemple, l'examen des incidences possibles de la pollution sur les pêches (Sous-Commission III) a démontré qu'il était difficile d'en évaluer les effets à long terme pour les populations de poissons des cours d'eau, si bien qu'on a organisé un colloque sur les méthodes de prospection des populations de poissons dans les grands fleuves et dans les lacs (Sous-Commission I). Toutefois, certains sujets n'ont pu être confiés à une Sous-Commission et, pour des raisons de commodité, ont été attribués au Secrétariat. Le Secrétariat a régulièrement indiqué à chaque session l'état d'avancement de certaines de ces questions, qui ont fait l'objet de rapports de la FAO.

Par exemple, c'est au Secrétariat qu'incombe la responsabilité des études synoptiques rassemblant des données biologiques sur les principales espèces européennes de poissons d'eau douce, après désignation, sur proposition de la Commission, d'un auteur compétent prêt à les établir. Ces études progressent souvent très lentement, principalement en fonction du temps que leurs auteurs peuvent leur consacrer. Ceux-ci ne reçoivent aucune rémunération, encore que le versement d'une rétribution pourrait, pense-t-on, constituer un stimulant. Plusieurs tentatives visant à établir une étude synoptique sur le saumon de l'Atlantique ont échoué, bien que l'on ait mis à contribution plusieurs auteurs; ce sujet est peut-être trop vaste pour ce type de publication.

Le Secrétariat a également fait paraître deux éditions d'un Répertoire des spécialistes des pêches intérieures en Europe (1964 et 1971), qui a été compilé à partir de formulaires complétés et renvoyés par les spécialistes désirant figurer dans la liste. Il faut bien admettre que cette liste n'est pas représentative de l'ensemble des spécialistes des pêches. Un répertoire des écoles et cours de formation en matière de pêches intérieures a été établi en 1964 et révisé en 1966 et 1968, mais n'a pas été publié.

En 1962, on a commencé à établir un glossaire multilingue des termes généralement usités dans le domaine des pêches intérieures, et en 1968, l'édition provisoire du glossaire avait été traduite en russe et en serbo-croate, et on comptait la traduire dans toutes les langues européennes. En 1976, le glossaire, qui comportait 1 400 termes, a été une nouvelle fois révisé et a finalement été publié en anglais et en français en 1978. Un catalogue multilingue des noms des poissons vivant dans les eaux intérieures d'Europe a été publié en 1971, après qu'une liste provisoire eut été établie en 1966 pour la quatrième session de la CECPI.

Depuis 1962, le Secrétariat prépare des rapports sur l'état des pêches intérieures en Europe, en s'inspirant en grande partie des communications des représentants et des correspondants nationaux. Un rapport sur l'organisation de l'administration des pêches intérieures en Europe a été publié en 1968 en tant que document technique (No5) de la CECPI. Etant donné que l'administration et la législation évoluent, le rapport a été révisé en 1974 et, actuellement, il est de nouveau mis à jour par le Secrétariat.

En 1963, un bulletin a été largement diffusé par le Secrétariat, dans l'espoir que des contributions régulières des représentants nationaux et d'autres personnes fourniraient suffisamment d'informations pour justifier sa publication sur une base régulière. Cette tentative a échoué et on a arrêté la publication du bulletin après 1969.

Toutefois, les principales réalisations de la Commission découlent surtout des travaux des trois Sous-Commissions, de leurs groupes de travail, de groupes ad hoc et de colloques sur des questions revêtant une grande importance. Les chapitres suivants passent en revue ces activités et montrent comment certaines questions ont pris de l'ampleur, alors que d'autres se sont révélées trop difficiles à aborder, ou n'ont pas bénéficié d'un appui suffisant pour continuer à être examinées.

Sous-Commission I - Biologie et exploitation des pêches

L'une des premières questions étudiées par cette Sous-Commission a été la technique de pêche à l'électricité dans les eaux courantes pour capturer et prélever le poisson. Cette question découle d'une étude sur la classification des eaux de pêche et l'évaluation de leur population, qui a été entamée lors de la première session. Un second document de travail sur ce sujet a été présenté à la deuxième session et recommandait la réalisation d'une série d'études sur la dynamique des populations de poisson, à commencer par les populations de poisson vivant dans les eaux courantes. Un rapporteur nommé pour cette étude a présenté un nouveau document à ce sujet lors de la troisième session, en 1964. La pêche à l'électricité étant considérée comme l'une des méthodes les plus efficaces d'échantillonnage des populations de poisson, la Commission a décidé de créer un groupe de travail chargé de cette question (qui a été confiée à la Sous-Commission I) et d'organiser un colloque sur la pêche à l'électricité lors de sa quatrième session, en 1966.

Le groupe de travail s'est réuni pendant l'exercice biennal et a établi un rapport préliminaire. Le rapport a été définitivement mis au point lors du colloque (1966) et on a recommandé sa publication. La Commission a également approuvé une recommandation visant à normaliser les méthodes d'expérimentation utilisées pour les filtres et le matériel électrique de pêche, ainsi que les termes s'y rapportant à la lumière des recommandations qui seront proposées par un groupe de travail.

Le rapport définitif du colloque sur l'application de l'électricité à la biologie et à l'exploitation des pêches a été publié en anglais et en français en 1968 et a été assorti de documents publiés par des éditeurs extérieurs ayant conclu un accord avec la FAO.

La deuxième proposition visant à normaliser la terminologie et les méthodes d'expérimentation a été entravée faute de fonds pour constituer un groupe de travail, mais après qu'une consultation à ce sujet ait eu lieu en Pologne en 1969 (au cours de cette réunion, qui a été financée par les participants, des tests comparés sur le terrain ont également été organisés), un projet de rapport a été présenté à la Commission, à sa sixième session. Toutefois, ce projet de rapport n'a pas été examiné de manière approfondie en raison de l'absence de spécialistes. La Commission a recommandé la poursuite des efforts du groupe de travail chargé de normaliser les méthodes d'expérimentation, l'équipement électrique de pêche et les termes s'y rapportant. Le Groupe de travail s'est réuni en 1970 pour examiner le projet de rapport sur la terminologie, mais celui-ci n'a pas été publié bien qu'il fut en bonne voie en 1974. Les résultats des essais comparés de terrain effectués en Pologne ont été publiés en 1973 dans la série des documents spéciaux de la CECPI (No6). Ces résultats n'ont pas été aussi concluants qu'on le pensait.

Nous avons décrit en détail la façon dont le sujet a été abordé, afin de démontrer comment il est possible de réussir avec des compétences bien utilisées et la volonté de conjuguer les efforts pour atteindre l'objectif visé, à savoir, dans ce cas, la publication d'un manuel sur une technique importante à la fois pour les spécialistes et pour les administrateurs des pêches. Au même moment, les efforts visant à élaborer un glossaire terminologique et à établir des procédures précises d'expérimentation ont eu moins de succès, en partie à cause du manque de fonds pour les réunions d'experts, mais aussi probablement en raison de l'intérêt moindre porté à la question ou des désaccords qu'elle suscite.

Le deuxième problème examiné par la Sous-Commission I concernait les méthodes permettant de déterminer l'âge des poissons communs. A l'époque (1966), le CIEN entamait une étude similaire pour le saumon et la truite et le fait que la CECPI ait décidé de concentrer ses efforts sur les poissons communs a permis d'éviter tout chevauchement. La détermination de l'âge des poissons est un élément important à la fois pour les spécialistes et pour les responsables de l'exploitation des pêches, et plusieurs méthodes différentes ont été décrites dans les ouvrages consacrés à ce sujet. Bien que l'examen de cette question ait été limité aux espèces européennes de poissons vivant dans les eaux intérieures, à l'exclusion des saumons et des truites, les techniques de base pourraient être appliquées aux poissons d'autres régions du monde. A sa quatrième session, la Commission a demandé qu'un rapporteur prépare un rapport à ce sujet et que le Président de la CECPI convoque, entre les sessions, une réunion ad hoc de biologistes s'intéressant à la détermination de l'âge des poissons, à l'occasion d'une conférence qui se tiendrait au Royaume-Uni.

La coopération entre les spécialistes de plusieurs états membres a encouragé la Sous-Commission à poursuivre l'examen de ce sujet en 1968. Ces spécialistes ont recommandé qu'un groupe de travail précise la terminologie, entreprenne des recherches sur les aspects physiologiques des critères utilisés pour la détermination de l'âge, mette au point une approche quantitative permettant de valider la méthode de détermination de l'âge, et prépare un atlas consacré aux écailles et à d'autres éléments utilisés pour déterminer l'âge des poissons. Deux ans plus tard, la Commission a été saisie, à sa sixième session, d'un document technique intitulé “Eléments de la théorie de la détermination de l'âge des poissons grâce à l'examen des écailles - problème de sa validité”, qui a été établi par M. R. Sych (Pologne). On a recommandé la traduction de cette étude en français, en espagnol, en allemand et en russe ainsi que sa distribution sur une grande échelle, y compris en dehors de la région. En 1972, cette étude avait été traduite en français, en polonais et en russe. Les versions française et anglaise de l'étude ont été publiées dans la série des documents techniques de la CECPI (No 13).

Lors de la convocation de la septième session, en 1972, on n'avait pas encore entamé la réalisation de l'atlas consacré aux écailles de poisson, mais en 1973, la CECPI a organisé un colloque international sur la détermination de l'âge des poissons, qui s'est tenu au Royaume-Uni en collaboration avec la Société britannique des pêches et l'Association sur la biologie des eaux douces, un groupe de travail a été réuni immédiatement après ce colloque afin d'examiner les informations reçues pour l'établissement de l'atlas. Une deuxième réunion du groupe de travail a eu lieu pendant la huitième session, et compte tenu des progrès réalisés, la Sous-Commission a recommandé que le groupe de travail poursuive ses activités et élargisse son domaine d'étude afin d'y inclure des éléments autres que les écailles. Les travaux ont tout d'abord porté sur les écailles du gardon, puis, en 1976, on a établi un projet de rapport sur les écailles de la brème, et l'on envisageait ensuite d'entreprendre des travaux sur les écailles du rotengle.

Le démarrage a été lent, mais en profitant des conférences auxquelles participaient des biologistes des pêches, il a été possible de s'assurer la collaboration de spécialistes connaissant particulièrement bien les différentes espèces, et de se procurer la documentation nécessaire à la réalisation d'au moins un des projets présentés par la Sous-Commission (l'atlas sur les écailles de poisson). De par leur nature, les travaux progresseront lentement, mais les activités futures du groupe de travail devraient bénéficier de l'apparition de nouvelles techniques et de nouvelles connaissances.

La troisième question ayant retenu l'attention de la Sous-Commission I a été envisagée d'une manière différente. Il s'agit des aspects économiques des pêches intérieures. A la première session, le Secrétariat avait sélectionné parmi les sujets proposés l'évaluation de la valeur économique et récréative de la pêche à la ligne et le développement de ce sport, estimant qu'il s'agissait d'un domaine intéressant vivement les pays membres de la CECPI. Cette question n'a toutefois pas été retenue pour faire partie du programme de travail initial de la Commission. Lors de la deuxième session, le Secrétariat a présenté un résumé sur certains aspects des pêches intérieures qui pourraient être étudiés d'un point de vue économique. A la troisième session, le Secrétariat a présenté une bibliographie partielle concernant l'évaluation des ressources halieutiques et de la pêche sportive du point de vue économique. L'intérêt ayant ainsi été éveillé, un débat général sur la question a eu lieu à la quatrième session, débat au cours duquel deux questions ont été plus particulièrement abordées: pêche commerciale et pêche sportive.

A la cinquième session (1968), M. I. Norling (Suède) a présenté un document sur les aspects économiques de la pêche sportive qui a suscité une discussion animée, et plusieurs pays ont estimé que cette forme d'exploitation des pêches intérieures non seulement permettait d'attirer des devises, mais qu'elle avait son importance en tant qu'activité récréative et source de nourriture. Ce document a été publié dans la série des documents techniques de la CECPI (No 7). On a toutefois signalé que des enquêtes préliminaires étaient nécessaires avant d'entreprendre des études détaillées visant à évaluer les possibilités de mise en valeur de la pêche sportive, études qui entraîneraient des dépenses considérables. On a recommandé la création d'un centre d'information pour l'Europe chargé d'aider les pays membres dans des domaines tels que méthodologie, bibliographie et prise de contact avec les experts sur le terrain. On a encouragé la recherche ainsi que la coordination des études économiques sur la pêche sportive et des études concernant la pêche commerciale et d'autres utilisations de l'eau.

L'évaluation économique de la pêche commerciale s'est heurtée à des difficultés, bien que le Secrétariat ait fourni de la documentation, y compris des formulaires standard pour le rassemblement de données sur ce type de pêche. L'emploi de celles-ci étant assez limité, aucune recommandation n'a été faite pour développer le sujet.

Un centre d'information chargé d'évaluer les aspects économiques de la pêche sportive a été créé en Suède et cette question a suscité suffisamment d'intérêt pour encourager les Pays-Bas à convoquer, par l'intermédiaire de la CECPI, la première Consultation européenne sur l'évaluation économique des pêches sportives et commerciales, qui s'est tenue à la Haye en 1972. Cet intérêt est dû en partie à une meilleure prise de conscience de l'importance de l'environnement et de l'utilité de la pêche sportive en tant que loisir. A sa septième session, la Commission a étudié les résultats de la Consultation et a recommandé que la bibliographie concernant l'évaluation économique de la pêche sportive, qui a été établie par W.A. Dill, soit mise à jour et publiée; elle a en outre indiqué qu'une étude était nécessaire afin d'instaurer une base normalisée pour la description des pêches sportives des pays de la CECPI.

Une deuxième Consultation européenne sur l'évaluation économique des pêches sportives et commerciales s'est tenue en Suède en 1975. L'intérêt accru suscité par la question s'est traduit par la participation de représentants de l'Amérique du Nord, qui a constitué un facteur d'encouragement. A sa neuvième session (1976), la Commission a approuvé les recommandations de la Consultation, qui avait notamment proposé que la CECPI et la FAO organisent un colloque international sur l'allocation de ressources aux pêches intérieures. On prévoit maintenant que cette réunion devrait se tenir à Vichy (France) en 1980. Il s'agira d'une consultation technique internationale bénéficiant d'une contribution importante de l'Amérique du Nord. La réunion se composera de cinq groupes consécutifs chargés d'étudier les sujets suivants: la pêche en tant que loisir; utilisation “optimale” des ressources halieutiques; méthodologies; les pêches et conflits suscités par l'utilisation des ressources; dispositif en vue d'une coopération internationale et de l'échange de renseignements.

D'après l'expérience acquise par la CECPI, l'un des problèmes majeurs auxquels se sont heurtés les biologistes des pêches a été l'évaluation des populations de poissons vivant dans les lacs et dans les grands fleuves. (La technique d'échantillonnage utilisant la pêche à l'électricité, qui a fait l'objet d'une étude précédente de la Sous-Commission I, n'est généralement adaptée qu'aux petits cours d'eau.) Toute évaluation des ressources halieutiques exige une connaissance des types et des effectifs de poissons que comportent ces ressources; en outre, lors d'un colloque organisé en 1970 par la Sous-Commission III au sujet des effets de la pollution sur les pêches, on a souligné qu'il fallait évaluer avec un certain degré de précision les populations de poissons si l'on voulait déterminer quantitativement les effets de la pollution. En conséquence, un colloque sur la méthodologie utilisée pour l'étude, le contrôle et l'évaluation des ressources halieutiques des lacs et des grands fleuves s'est tenu en Ecosse en 1974 pendant la huitième session et près de 200 experts y ont assisté. Le colloque était en huit groupes chargés d'étudier les objectifs et les techniques, ainsi que de formuler des conclusions et recommandations. Les rapports des groupes ainsi que les comptes rendus des débats ont par la suite été publiés (document technique de la CECPI No23). Sur la base de la documentation du colloque, on a préparé la publication de directives pour l'èchantillonnage des poissons d'eau douce (document technique No 33), en impression.

Une recommandation complémentaire proposait de procéder au niveau international, à l'inter-étalonnage des différents types d'engins de pêche lacustre. Ces activités ont été planifiées au cours des réunions qui ont eu lieu à Hambourg en 1975 et à Helsinki en 1976. Elles ont été réalisées en 1976 dans plusieurs lacs finlandais. Le rapport, qui a été présenté à la dixième session (1978), recommandait que les résultats soient publiés en tant que document technique de la CECPI (No 34); ce document est actuellement en impression. D'autres travaux d'interétalonnage entrepris dans le cadre d'un groupe de travail élargi, ont été consacrés aux méthodes d'échantillonnage des bancs de poissons pélagiques, principalement à l'aide d'écho-sondeurs. Cette deuxième initiative devrait avoir lieu en septembre 1980 dans un lac du nord de la Finlande.

Enfin, en 1974, la Sous-Commission I, qui depuis plusieurs années avait examiné la question des pêcheries d'anguilles, a recommandé une coopération de la CECPI et du CIEM dans ce domaine. Bien que le CIEM ait constitué, depuis plusieurs années, un comité chargé d'étudier les poissons anadromes et catadromes, celui-ci s'était principalement occupé du saumon de l'Atlantique et de la truite de mer, l'étude des anguilles restant une question secondaire. La CECPI a toutefois reconnu que le CIEM disposait de connaissances techniques sur les anguilles et elle a proposé l'organisation d'un colloque conjoint en 1976, à l'occasion de sa neuvième session, afin d'étudier les questions liées à la recherche et à l'aménagement des anguilles. Le colloque, qui a duré trois jours, a réuni près de 200 spécialistes. Le rapport est paru en tant que document technique de la CECPI (No 28) et certains documents ont été publiés dans les Rapports et Procès-verbaux des réunions du CIEM (volume 174) en juillet 1979. Le colloque conjoint CIEM/CECPI a notamment recommandé l'organisation d'expéditions multinationales pour recenser les zones de frai de l'anguille européenne. On a organisé en 1979 une expédition préliminaire chargée de préparer l'expédition internationale de 1981. Un groupe de travail commun CIEM/CECPI sur les anguilles a également été créé, et les travaux du groupe se sont poursuivis sous la direction de deux co-présidents - un pour chaque organisation.

Parmi les principales réalisations de la Sous-Commission I, on peut citer: 1) la publication d'un manuel sur la pêche à l'électricité; ii) la sensibilisation à l'importance de la pêche récréative, du point de vue économique et social; iii) l'élaboration de directives sur les techniques utilisées pour l'échantillonnage des populations de poissons vivant dans les lacs et les grands fleuves; iv) la mise au point de techniques permettant de déterminer l'âge des poissons; v) l'élaboration d'un programme destiné à comparer l'efficacité des différentes techniques utilisées dans ce domaine; et vi) l'encouragement de recherches communes CIEM/CECPI sur les anguilles.

Sous-Commission II - Pisciculture et maladies des poissons

Cette Sous-Commission a organisé plusieurs stages et colloques concernant principalement la pisciculture. A la quatrième session (1966), un colloque a étudié les problème d'alimentation dans la trutticulture. Lors de la cinquième session, en 1968, les nouvelles connaissances concernant la nutrition des carpes et des truites ont fait l'objet d'un autre colloque, qui a eu pour conséquence directe l'organisation d'un stage sur la technologie de l'alimentation du poisson. En effet, le colloque avait été informé par un groupe de travail chargé de faire rapport sur les faits nouveaux en matière de technologie de l'alimentation des poissons qu'il y avait à cet égard pénurie de technologues et de chercheurs dans la région de la CECPI. Le stage a eu lieu aux Etats-Unis en 1970, à l'invitation du Fish and Wildlife Service des Etats-Unis, et son rapport a été publié par le Service en tant que document de référence (102).

Un autre groupe de travail a tenté d'évaluer les différents types de pisciculture du point de vue économique et technique afin de formuler des principes directeurs en vue du développement de la pisciculture dans différents contextes économiques et écologiques. Ce groupe s'est réuni à deux reprises pendant la sixième session (1970), mais n'a pas pu se réunir entre les sessions en raison du manque de ressources financières. Une nouvelle réunion a eu lieu à Rome en 1972 pour définir les principales questions à étudier: évaluation des coûts de production du poisson en pisciculture; évaluation du rendement des investissements; comparaison des rendements, à la fois au niveau national et international; accroissement de l'efficacité des exploitations piscicoles et contribution à la création de nouvelles exploitations.

A sa huitième session, en 1974, la Commission a reconnu qu'elle avait besoin de plus de données concernant les aspects économiques de la pisciculture, et elle a demandé à un autre groupe composé de ressortissants de plusieurs pays de fournir ces informations. Toutefois, à sa neuvième session (1976), les travaux avaient progressé lentement et le groupe de travail a recommandé que la FAO désigne un spécialiste des aspects économiques de l'aquaculture au Département des pêches, afin d'aider la CECPI et d'autres organismes à progresser plus rapidement dans ce domaine. La dixième session (1978) a pris connaissance du rapport de ce spécialiste, ainsi que d'un projet de document sur les principaux problèmes posés par l'économie de la pisciculture, qui a été préparé par le Professeur M. Leopold (Pologne) Coordonnateur du groupe de travail. On a proposé de surseoir à la réalisation de toute nouvelle activité, comme par exemple l'organisation par la Commission d'un stage mondial sur les aspects économiques de l'aquaculture, jusqu'à ce que le document révisé du Professeur Leopold ait fait l'objet d'un examen approfondi et ait été publié.

A la sixième session (1970), le Professeur K. Tiews (République fédérale d'Allemagne) a été chargé, en sa qualité de Rapporteur, de rassembler des données sur les instituts et organismes s'occupant d'aquaculture et sur leurs programmes de recherche en matière de nutrition des poissons, afin d'établir le programme à long terme de la CECPI dans ce domaine. Un groupe de travail a été chargé pendant la septième session (1972) d'étudier son rapport, encore incomplet à l'époque, et il a recommandé que ces pays membres aident le Professeur Tiews à terminer son étude. Les pays ou les différentes institutions ont également été invités à envoyer tous les ans à la Division des ressources halieutiques et de l'environnement du Département des pêches de la FAO une liste de leurs publications sur l'aquaculture, afin que la FAO puisse en assurer la distribution.

Le groupe de travail a pris note de l'existence du Programme de recherche en commun sur l'aquaculture (COPRAQ) lancé par le CGPM, ainsi que d'un programme similaire de la Commission indo-pacifique des pêches (CIPP) concernant l'aquaculture côtière. Il a reconnu l'importance de ces efforts coopératifs, qui facilitent les progrès dans le domaine de la recherche, et il a recensé plusieurs questions qui pourraient faire l'objet d'études conjointes ou coopératives dans la région de la CECPI: recherche sur les différentes maladies des poissons, fabrication d'aliments meilleur marché pour la truite et la carpe, sélection génétique et hybridation de la carpe commune, lutte contre les plantes adventices aquatiques, culture en nasse dans les eaux douces, saumâtres et salines et dans les eaux chaudes des effluents. On a attendu les résultats d'un stage sur les techniques d'élevage des poissons, qui a été organisé en 1973 par la CECPI, avant d'aborder la question relative au contrôle de la reproduction et de l'élevage des larves de poissons. Le Secrétariat a été prié d'examiner dans quelle mesure les différentes institutions étaient prêtes à s'engager dans de telles recherches concernant l'un ou l'autre des problèmes sélectionnés par le groupe de travail.

La huitième session, qui s'est tenue en 1974, a donné lieu à de nouvelles discussions sur ce sujet et la première session du Programme de recherche en commun sur l'aquaculture (COPRAQ) s'est tenue en Yougoslavie, en 1975. Cette session a formulé une recommandation, approuvée ensuite par la neuvième session de la CECPI (1976), selon laquelle la FAO devrait, par l'intermédiaire du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), encourager et aider les acquaculteurs pathologistes travaillant dans les laboratoires existants, tandis que les pays des régions recevant une assistance technique du PNUD devraient consacrer une partie de leur Chiffre indicatif de planification (CIP) aux recherches prioritaires sur les maladies des poissons, telles qu'elles ont été recensées par le COPRAQ. Ce programme revêt une importance et un intérêt évidents pour de nombreux pays de la CECPI, qui disposent de tels laboratoires de pathologie et pourraient donc aider les pays d'autres régions par l'entremise du PNUD.

Le COPRAQ a tenu sa deuxième session en France, en 1977, et sa troisième session en République fédérale d'Allemagne, en 1979. Les domaines d'activité envisagés pour l'avenir sont les suivants: nutrition des poissons, reproduction contrôlée des poissons d'élevage, génétique, introduction d'espèces exotiques et nouvelles techniques culturales. En ce qui concerne cette dernière question, un colloque sur les nouvelles connaissances en matière d'utilisation des eaux chauffées et recyclées en vue de l'aquaculture intensive a été organisé en 1980, en collaboration avec la Sous-Commission III, à l'occasion de la onzième session de la Commission.

L'un des domaines d'activités intéressant le COPRAQ, à savoir la nutrition des poissons, a fait l'objet d'une recommandation de la Commission à sa neuvième session (1976), à savoir l'organisation, en 1978, d'un colloque sur la nutrition des poissons et la technologie des aliments pour poissons. Ce colloque a eu lieu avant la dixième session, qui s'est tenue à Hambourg, avec l'appui du CIEM et la collaboration du CGPM et de l'Union internationale des sciences de la nutrition (UISN). Plus de 300 experts provenant de 36 pays ont assisté à la réunion et une vaste documentation technique y a été présentée. Compte tenu de la distribution tardive des documents et de la grande variété des questions abordées, il a été difficile aux participants de se familiariser avec le sujet. Toutefois, la subdivision du colloque en plusieurs groupes chargés de résumer les documents et de préparer des exposés a permis de surmonter la difficulté. En outre, ces documents ont été regroupés en un livre1 publié un an après le colloque, ce qui leur a assuré rapidement une diffusion mondiale. Le rapport du colloque est paru en tant que document technique de la CECPI (No 31). Un des résultats de ce colloque a été la création, sous l'égide de la CECPI, du CIEM et de l'UISN, d'un groupe de travail composé de nutritionnistes chargés d'élaborer des principes directeurs en vue de la normalisation des modèles expérimentaux et de leur évaluation. Le rapport de ce groupe de travail est actuellement sous presse et sera publié en tant que document technique.

L'autre activité fondamentale de la deuxième Sous-Commission a consisté à organiser, en collaboration avec l'Office international des épizooties (OIE), un colloque sur la lutte contre la propagation des principales maladies transmissibles des poissons en Europe, qui s'est tenu aux Pays-Bas en 1972 en présence de 150 savants et observateurs représentant 24 pays. A sa septième session, la Commission a approuvé le rapport du colloque, reconnu la nécessité urgente de contrôler le commerce international des poissons vivants et des oeufs de poissons, et estimé que l'adoption d'une convention internationale sur la certification constituait la méthode la plus efficace de contrôle. On a également recensé dix sept domaines de recherche hautement prioritaires. Nombre de ces domaines ont été insérés dans le Programme de recherche en commun sur l'aquaculture (CECPI/COPRAQ) - plus précisément dans la partie consacrée aux maladies des poissons.

Conformément à une décision prise par la Commission à sa septième session, une Consultation gouvernementale sur le projet de convention a été organisée avant la huitième session, qui s'est tenue en 1974, et le Directeur général de la FAO a été prié de poursuivre les travaux concernant l'élaboration du projet de convention et des annexes techniques. En 1976, la majorité des gouvernements étaient favorables à une lutte plus intensive au niveau international contre les maladies des poissons et ont en général approuvé les concepts de base contenus dans le projet de convention et dans les annexes techniques. En 1977, une Consultation gouvernementale FAO/OIE sur la Convention internationale pour la lutte contre la propagation des principales maladies transmissibles des poissons s'est tenue à Paris. Toutefois, la Commission a appris, à sa dixième session, en 1978, que la Communauté économique européenne voulait présenter ses vues et ses observations concernant le projet de convention. Tous nouveaux travaux concernant la convention seront différés en attendant de connaître ces vues et observations. Toutefois, entre temps, à la suite de la consultation FAO/OIE, l'OIE a modifié son Code zoosanitaire en fonction des annexes techniques du projet de convention, afin que les pays intéressés puissent plus facilement contrôler le commerce international de poissons vivants et d'oeufs de poissons.

Les activités de la Sous-Commission II intéressent donc une région beaucoup plus vaste que celle de la CECPI. En général dans le domaine de l'aquaculture, de nombreux domaines de recherche considérés comme hautement prioritaires pour la région européenne intéressent directement des pays appartenant au CGPM et à la CIPP, ainsi que des pays en développement d'Afrique et d'Amérique latine. Le projet de convention, dont l'objectif est de créer un système de lutte internationale contre la propagation des maladies des poissons, découle directement du colloque organisé en 1972 par la Sous-Commission; ce projet bénéficie, en général, de l'appui de la plupart des pays et l'on espère que les travaux aboutiront bientôt. Telles sont les principales réalisations de la deuxième Sous-Commission.

1 J.E. Halver et K. Tiews (Eds.), Finfish Nutrition and Fish feed technology, Heenemann 1979 Verlagsgesellschaft, mbH, Berlin, Vol. I:593 p., Vol. II:622 p.

Sous-Commission III - Le poisson et l'eau polluée

La production d'une série de rapports sur les critères permettant de déterminer la qualité de l'eau dans les pêches intérieures constitue la principale réalisation de la troisième Sous-Commission. Ces rapports contiennent une analyse critique des ouvrages concernant les effets de certains agents polluants sur les poissons d'eau douce. Un certain nombre de pays et d'organismes internationaux, y compris la Communauté économique européenne, ont estimé que ces rapports constituaient une base acceptable pour l'adoption de règlements visant à fixer des normes pour l'évaluation de la qualité de l'eau.

Les rapports sont établis par le groupe de travail sur les critères de qualité de l'eau, qui a été constitué par la Commission à sa deuxième session (1962) et rattaché ensuite à la Sous-Commission III au moment de sa création en 1964. Le groupe de travail se réunit pendant et entre les sessions. Jusqu'en décembre 1979, dix huit réunions avaient été organisées. La plupart des travaux s'effectuent par correspondance et les membres du groupe ont consacré une grande partie de leur temps à l'examen d'ouvrages spécialisés ainsi qu'à la rédaction de rapports. Ces membres sont cooptés en fonction des connaissances techniques et des langues requises pour l'établissement de rapports sur des agents polluants précis ou sur les paramètres de la qualité de l'eau, toutefois M. J.S. Alabaster (Royaume-Uni) est resté le coordonnateur du groupe de travail tout au long de cette période et a été assisté de manière compétente par son compatriote M. R. Lloyd.

Jusqu'à présent, des rapports techniques de la CECPI ont été publiés dans les domaines suivants: matières solides finement divisées, température de l'eau (y compris une liste distincte des ouvrages en langues slaves, consacrés à ce sujet), oxygène dissous, valeurs extrêmes du pH, ammoniaque, zinc, cuivre, cadmium, phénols monohydratés et chlore. Tous les rapports établis jusqu'en 1978 sont actuellement mis à jour afin d'être publiés en un seul volume, en anglais et en français, ce volume comprendra également un rapport sur les procédures de détermination de la toxicité pour les poissons (confié à un groupe de travail différent mentionné plus loin), qui a été publié pour la première fois en 1975. Un rapport sur le mercure est encore en préparation et un rapport sur les effets des mélanges de substances toxiques sur le poisson sera prêt vers le milieu de 1980. Le rapport sur les essais de toxicité est utilisé par plusieurs pays et organisations internationales afin de formuler des protocoles pour l'acquisition et l'évaluation de données sur la toxicologie aquatique, en vue de l'homologation de nouveaux produits chimiques.

Outre cette activité très importante, la Sous-Commission a été chargée, en 1968, de rassembler auprès des pays membres des informations concernant les problèmes de pollution les plus urgents affectant les pêches intérieures. Suite à cette initiative, un colloque a été organisé avant la sixième session, qui s'est tenue en Pologne en 1970, afin d'examiner la nature et l'ampleur des problèmes de pollution de l'eau affectant les pêches intérieures en Europe. Près de soixante experts, ainsi que des observateurs de plusieurs pays non européens ont participé à cette réunion. Les résultats du colloque ont été publiés dans un document technique (No 16).

Une des recommandations adoptées par les représentants priait la Sous-Commission I d'étudier le problème de la mise au point de méthodes permettant d'évaluer de manière quantitative les populations de poissons vivant dans les grands fleuves et dans les lacs. Il était déjà possible d'effectuer de telles évaluations quantitatives dans les petits cours d'eau, mais il n'était pas possible d'évaluer les effets de la pollution (ou d'autres facteurs) sur les populations de poissons vivant dans des masses d'eau plus importantes. Comme on l'a signalé au chapitre précédent, la Sous-Commission I a finalement organisé un colloque international sur cette question lors de la huitième session, qui s'est tenue en 1974. Il s'agit là d'un bon exemple de collaboration fructueuse entre deux sous-commissions.

Une autre recommandation proposait que la CECPI coordonne les efforts des pays européens pour normaliser les méthodes d'essais de toxicité pour les poissons et la terminologie s'y rapportant. A la suite d'une réunion avec l'Office des eaux pour Baden-Wurttemburg, qui s'est tenue en République fédérale d'Allemagne en 1971, on a créé un groupe de travail sur les essais de toxicité, qui s'est réuni en 1973 et 1974. Comme on l'a déjà signalé, le rapport du groupe de travail a été publié en 1975 (document technique No 24).

Le colloque de 1970 a également recommandé la réalisation d'une analyse des systèmes de classification des fleuves d'Europe en fonction de la qualité de l'eau. Un rapport établi à ce sujet par M. J.M. Hellawell (Royaume-Uni) a été examiné par la Sous-Commission à sa huitième session (1974), et par la suite, la Commission a adopté, lors de cette même session, une recommandation préconisant l'organisation, en 1976, d'un colloque sur l'évaluation de la surveillance biologique de la qualité de l'eau, et notamment des pêches. Cent-neuf experts ont participé à ce colloque, qui a été organisé par la Sous-Commission III immédiatement avant la neuvième session, tenue à Helsinki. Un ouvrage contenant les documents du colloque a été publié en 19771 et on a par la suite créé un groupe de travail sur la surveillance biologique, dont le rapport a été publié en 1979 en tant que document technique de la CECPI (No 32).

Les principales réalisations de la troisième Sous-Commission ont donc été les suivantes: préparation de rapports sur les critères de qualité de l'eau qui peuvent être utilisés au niveau mondial, évaluation des principaux problèmes de pollution affectant les pêches intérieures et mise au point de techniques permettant d'effectuer des tests de toxicité en laboratoire et d'évaluer les effets de la pollution en milieu aquatique. Les publications relevant de la Sous-Commission sont énumérées à la fin de la présente étude, avec les publications des autres Sous-Commissions et du Secrétariat.

1 J.S. Alabaster (ED.), Biological Monitoring of Inland Fisheries, Applied Science Publishers, 1979 (Londres)


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