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ANNEXE D
EXPOSE PRONONCE PAR M. EDOUARD SAOUMA, DIRECTEUR GENERAL, A L'OUVERTURE DE LA SOIXANTE-NEUVIEME SESSION DU CONSEIL DE LA FAO, A ROME, LE 12 JUILLET 1976

Monsieur le Président, Messieurs les Représentants, Mesdames, Messieurs,

C'est pour moi un privilège que de vous présenter aujourd'hui les prémices de l'examen que la Conférence m'a invité à faire par sa résolution 16/75.

Je ne répéterai pas ici les arguments et les propositions qui figurent dans le document. Je parlerai plutôt des concepts sur lesquels il se fonde.

Deux remarques d'emblée:

La résolution, et plus particulièrement les débats de la Conférence dont la résolution m'a demandé de tenir compte, m'ont donné pleins pouvoirs pour proposer des modifications radicales.

En second lieu, les concepts qui étaient mes propositions sont, non pas statiques, mais dynamiques. Notre Organisation a maintenant besoin d'une refonte, mais ensuite elle ne devra pas et nous ne la laisserons pas retomber dans le conservatisme satisfait et l'aridité académique.

La FAO ne doit pas uniquement relever les défis de notre époque. Il lui faut aussi évoluer avec elle. Elle doit être maîtresse de son propre développement et ne pas être le jouet passif des forces qui l'entourent.

Ces défis de notre époque, quels sont-ils? J'aimerais pouvoir dire que le Conseil mondial de l'alimentation a répondu si clairement à la question qu'un mois après la clôture de sa session, plus personne n'a rien à ajouter. Mais ce n'est pas le cas et, j'en ai peur, ce ne le sera jamais.

Le Conseil de la FAO qui se réunit aujourd'hui doit prendre en compte et accepter les responsabilités que les pères fondateurs de l'Organisation ont prévues pour lui en ce qui concerne la situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture.

Puisque l'actuelle session extraordinaire du Conseil a été convoquée à des fins limitées mais fondamentales, je me garderai de me lancer aujourd'hui dans l'exercice fâcheusement coutumier qui consiste à énumérer des chiffres consternants en matière de tonnages, de calories, d'éléments nutritifs et de prix. Qu'il me suffise de dire que le drame, ou plutôt la tragédie, du combat mené pour protéger des millions de pauvres gens contre l'effroyable fléau de la disette et de la famine est toujours réel et, hélas, le demeurera longtemps encore.

Le problème de la faim et de la malnutrition ne sera pas entièrement réglé en dix ans. Les fleurs de réthorique peuvent remplir les salles mais pas les ventres.

En revanche, il convient d'évoquer le contexte socio-économique global de notre réunion. Sans doute certains gouvernements ne jugeront-ils pas opportun d'inscrire leurs attitudes et leurs actions dans le cadre du Nouvel ordre économique et social international; il n'en demeure pas moins que ces gouvernements eux-mêmes doivent reconnaître et reconnaissent effectivement que l'ancien ordre est défectueux, qu'il évolue et qu'il cède la place à un nouveau.

Un élan d'une puissance extraordinaire pousse à la création d'un nouveau cadre de rapports économiques, fondé sur l'équité et la compassion et non plus sur l'anarchie de la jungle économique.

Quelles que soient les vicissitudes de la lutte idéologique et économique que l'on observe aujourd'hui dans de nombreuses enceintes mondiales, je suis convaincu que ces affrontements peuvent et doivent mener à des résultats positifs. Ni le Conseil ni moi-même ne saurions accepter que notre Organisation se contente d'un rôle de spectateur passif.

Notre existence et notre rôle trouvent leurs fondements dans notre charte qui traduisait les voeux de l'humanité au sortir de l'holocauste que fut la deuxième Guerre mondiale. Nous disposons d'instruments d'organisation dont les possibilités et la puissance réelle sont très grandes et s'appuient sur des connaissances techniques et une expérience opérationnelle solides, accumulées pendant une génération.

En cette conjoncture critique, il nous faut exploiter à fond et correctement les instruments que possède la FAO. Pour relever le défi, nous devrons, selon les besoins, emprunter de nouvelles voies, prendre de nouveaux départs, donner des dimensions nouvelles à la nature et à l'oeuvre de la FAO ainsi qu'à ses rapports avec d'autres organisations et institutions.

Tels sont mon ambition et mon but; s'ils sont également les vôtres et si vous m'appuyez, je ne ménagerai pas ma peine pour y parvenir.

Dès lors, n'est-il pas étonnant qu'ailleurs on ait déjà tant parlé, parfois avec véhémence, des forces “centrifuges” et de la “fragmentation” qui menaceraient le système des Nations Unies?

Je ne saurais évidemment parler pour le compte d'autres organisations ou initiatives que viserait l'emploi de tels termes. Ce que je peux dire, c'est que, quand elles visent la FAO, ces expressions traduisent sans doute certains intérêts et certaines préoccupations, mais qu'à mon avis elles ne sont guère justifiées. A tout le moins, il s'agit d'exagérations grossières.

Comment pourrait-on taxer de centrifuges, quel que soit le sens donné à ce mot, mes très modestes propositions visant à créer un Programme de coopération technique qui découlent de la charte originelle de la FAO et reflètent la nécessité désormais impérieuse de répondre à l'exigence des Etats Membres qui réclament une attention plus exacte à leurs besoins et une action plus efficace dans ce sens?

Voici quelques exemples concrets. Jusqu'ici, avec l'OACI et l'OMCI, la FAO a fait partie d'une triade isolée d'institutions spécialisées qui ne fournissent aucune assistance technique au titre de leur programme ordinaire. Il est vrai que d'autres institutions comme l'UIT, l'OMM et l'UPU n'apportent qu'une aide limitée. Mais combien de gens savent que ces institutions et toutes les autres ont consacré au total plus de 70 millions de dollars en 1975 à l'assistance technique au titre de leur programme ordinaire, l'Organisation des Nations Unies ayant elle-même apporté 7, 7 millions de dollars et l'OMS 53 millions? Il s'agit là de chiffres annuels.

Cela étant, comment pourrait-on prétendre que le Programme de coopération technique de la FAO déchaînera une nouvelle et terrible force centrifuge qui menacera le système des Nations Unies ou, tout au moins, un de ses éléments?

La FAO est-elle réellement condamnée à n'entreprendre des activités d'assistance technique que lorsque des donateurs bénévoles en expriment le voeu? Est-il vrai que la FAO ne puisse pas mener des activités d'assistance technique en coopération avec ses Etats Membres, quand ces derniers le désirent, simplement parce que les sources de financement sont entourées d'une aura de magie? Comment peut-on prétendre que la FAO est compétente lorsqu'il s'agit d'exécuter, pour le compte des bailleurs de fonds du PNUD et de fonds fiduciaires, des projets d'assistance technique représentant, en 1975, deux fois et demie le volume de son Programme ordinaire pour cette année-là et qu'elle ne l'est plus lorsqu'il s'agit de consacrer 11 pour cent de son Programme ordinaire à des activités de coopération directe avec ses Etats Membres? Quel paradoxe!

Je ne puis croire que le voeu du Conseil soit de faire fi des droits que la charte de la FAO lui a conférés depuis 31 ans, de la maintenir uniquement dans un rôle secondaire voire de sous-ordre, de lui refuser la nouvelle dimension dont elle a désespérément besoin. Je ne puis croire non plus qu'à la place d'un Programme de coopération technique les gouvernements préféreraient revenir aux augmentations antérieurement proposées du nombre des postes, des réunions et des publications à Rome.

En ce qui concerne la “fragmentation”, je suis quelque peu étonné ici encore par cette exagération verbale. Apparemment, d'aucuns pensent que le système des Nations Unies ne sera rien moins que fragmenté si, cédant à plusieurs années de pressions exercées par nombre de ses Etats Membres, la FAO transforme ses postes actuels de Conseillers agricoles principaux/Représentants dans les pays - dont elle assume un tiers des coûts - en postes de Représentants dans les pays, qu'elle prend entièrement à charge.

Le système est-il si fragile, les pays sont-ils si désarmés que ce changement - qui, soit dit en passant, fournirait quelques collègues aux 84 représentants pleinement indépendants de l'OMS dans les pays et à quelques douzaines de représentants d'autres institutions - puisse exercer des incidences si profondes?

Bien entendu, ce serait grave si nous envisagions de nous soustraire au contrôle normal et admis que le Représentant résident du PNUD et le Siège de son Organisation à New York exercent sur les projets financés par cette dernière. Mais il n'en est pas question. Le contrôle général, qui devrait toutefois tenir dûment compte de la compétence professionnelle des institutions spécialisées, demeurera inchangé.

Ce serait moins grave encore que sérieux si la FAO entendait contester la position du Représentant résident du PNUD en tant que “primus inter pares” parmi les représentants des organisations des Nations Unies dans un pays. Mais nous ne voulons pas affaiblir sa position ni le rôle de coordination générale qui lui est attaché.

Le Représentant de la FAO s'insérera sans difficulté dans l'actuel système de coordination des activités de l'OMS, de l'Unesco, de l'ONUDI, du FISE, de l'OIT et d'autres institutions qui ont des représentants dans les pays. Nous ne ferons pas moins que ces institutions. En fait, notre programme bénéficiant de l'aide du PNUD est encore si important, nos relations sont si étroites que nous ferons plus que d'autres, j'en suis sûr, pour informer le Représentant résident, coordonner nos activités avec les siennes et - je tiens à le rappeler - lui donner des avis et des orientations.

A ce propos, n'oublions pas qu'en 1975 la FAO s'occupait d'activités au titre de fonds fiduciaires représentant un montant presque égal à celui des projets FAO exécutés pour le compte du PNUD, soit une centaine de millions de dollars dans chaque cas. Or, nul n'a jamais songé à dire que nous donnions dans la “centrifugation” ou la “fragmentation” ni que la coordination soulevait des difficultés. Aucun problème ne s'est en fait posé.

En réalité, à l'origine comme au terme de la coordination il y a le gouvernement du pays en cause. C'est là le point crucial que l'on semble avoir oublié.

Par ailleurs, contrairement à nombre d'autres organisations, la FAO possède un département tout entier - le Département du développement - et au sein de celui-ci une division des programmes de terrain, qui ont pour mandat d'assurer la cohésion et la coordination des programmes, quelle qu'en soit la source de financements, à l'échelon national et régional. Ce Département coopère très étroitement avec les gouvernements des pays donateurs et bénéficiaires, avec les représentants sur le terrain, ainsi qu'avec le Siège du PNUD, les banques et l'industrie privée.

Les fonctions de coordination ne sont donc pas l'apanage du Représentant résident au niveau des pays. Son rôle est certes très important, mais quelle serait son efficacité s'il ne disposait des avis du Représentant de la FAO dans le pays, qui a toute l'Organisation derrière lui? Ces avis continueront à être libéralement dispensés au Représentant résident.

Permettez-moi, Monsieur le Président, de parler sans fard. Nous n'accepterons pas que coordination signifie assujettissement au contrôle du Représentant résident ou du Siège du PNUD à New York à l'égard des responsabilités qui sont essentiellement et en dernière analyse les miennes envers les Etats Membres de la FAO. Dans le cas particulier de la gestion et du contrôle du Programme de coopération technique, je serai responsable devant les Etats Membres de la FAO. Le Représentant résident sera informé et consulté aussi souvent que cela sera nécessaire et souhaitable, mais il ne pourra pas contrôler ce Programme, ni le transformer en une activité du PNUD, avec toutes les longues et fastidieuses procédures qui en découleraient.

Cette position, Monsieur le Président, ne contrevient pas à ce qu'il est convenu d'appeler le Consensus. Celui-ci déclare très clairement que les activités non financées par le PNUD ne peuvent être coordonnées par le Représentant résident que dans la mesure où les institutions conviennent qu'il en soit ainsi. (Il en sera sans doute de même du FIDA. Ou alors les pays donateurs insisteront-ils, comme le demande le PNUD, pour que les opérations du FIDA dans les pays soient le monopole du Représentant résident?)

Sans vouloir parler des événements qui, dans la pratique, ont brisé le système quelque peu rigide de programmation par pays qu'envisageait le Consensus, il me paraît invraisemblable que les programmes par pays puissent être disloqués ou même simplement ébranlés par une assistance non programmée de caractère occasionnel, d'une durée inférieure à un an et d'un montant inférieur à 250 000 dollars, réclamée par les gouvernements qui sont seuls maîtres de leur programme national.

En vérité, comme il ressort de mes propositions, le Programme de coopération technique servira autant que possible à compléter les programmes dans les pays par un apport modeste mais dynamique.

Ce sont les gouvernements et non la FAO qui auront l'initiative des demandes. Il s'agira nécessairement d'activités non programmées, destinées à combler des lacunes des programmes par pays.

La préférence sera donnée aux propositions tendant à maximiser l'utilité des autres ressources d'origine intérieure ou extérieure déjà disponibles, et si possible propres à engendrer un effet multiplicateur, en attirant vers le programme du pays des ressources supplémentaires provenant d'institutions de financement, de fonds multilatéraux et de sources bilatérales.

A la demande des gouvernements, les crédits affectés à des études d'investissement pourront aussi servir à fournir des moyens d'améliorer la programmation à l'échelon du pays par des analyses sectorielles ou des études orientées vers l'action.

Il n'y a donc pas lieu de craindre que mes propositions portent atteinte à la programmation par pays. Bien au contraire, elles pourront la renforcer.

Si un Etat Membre ne souhaite pas qu'un représentant de la FAO lui soit affecté ou bien s'il veut que le représentant travaille d'une certaine façon et passe par certaines filières, ses volontés doivent être respectées. Je ne peux pas obliger un pays à accepter un représentant de la FAO, une mission d'investissement, une analyse sectorielle ou un projet de coopération technique et jamais je n'essaierai de le faire.

Mais si un pays le demande à la FAO, la décision peut-elle être laissée entièrement au Représentant résident, qui peut ne rien connaître des problèmes techniques?

Je voudrais aussi évoquer un autre aspect de ce que l'on appelle le Consensus, aspect qui semble oublié depuis quelques mois. Le Consensus envisage clairement une association entre le PNUD et les institutions spécialisées en vue de tirer un parti maximum de la compétence technique et du potentiel opérationnel que possèdent ces institutions.

Dans ces conditions, comment se peut-il que, sans consulter les institutions, sans faire appel à elles et même malgré leurs protestations, le PNUD se soit engagé dans l'exécution directe de projets sectoriels et qu'il ait clairement l'intention de persévérer dans ce sens?

Ce n'est pas chose nouvelle. Cela a commencé en 1969. Le Consensus date de 1971; la valeur des projets exécutés directement par le PNUD n'atteignait alors pas le million de dollars. Elle dépasse aujourd'hui 28 millions de dollars. Or, cette somme comprend un montant considérable destiné à des projets agricoles.

Si je vous en parle, ce n'est pas pour opérer un jeu de substitution.

Mais si de vaines controverses sont imposées à la FAO, n'oublions pas que ni consensus ni association ne sauraient être à sens unique.

Monsieur le Président, si je me suis étendu sur ces questions, c'est parce qu'avant la session extraordinaire du Conseil, d'autres réunions ont essayé d'anticiper sur vos débats et de les influencer par des arguments dont la logique et même la véracité sont très douteuses. Il importe qu'en cette session extraordinaire, le Conseil puisse, en pleine connaissance de cause et en appréciant la situation réelle, s'acquitter de la responsabilité souveraine qui lui a été déléguée par la Conférence.

Ceci dit, je tiens à souligner que je n'ai jamais cherché et que je ne cherche pas l'affrontement avec quiconque souhaite sincèrement sauvegarder une association véritable sur un pied d'égalité dans l'intérêt des Etats Membres. D'autant plus qu'à mon avis, la décision sur ce point est du ressort des pays eux-mêmes.

Je puis vous affirmer que, si vous approuvez mes propositions, j'ai l'intention très ferme d'établir des rapports constructifs et harmonieux avec les Etats Membres à l'échelon du pays. Nous accepterons avec joie toute association véritable. Nous ne cacherons ni nos intentions ni nos actions, et nous ne chercherons pas à rivaliser avec d'autres ou à les surpasser. Nous ne manquerons jamais d'avoir à coeur les intérêts véritables du pays plutôt que ceux de telle ou telle organisation.

Comptant sur votre total appui, mon intention est de me concerter soigneusement avec l'Administrateur du PNUD, et, le cas échéant, avec les chefs des institutions spécialisées possédant déjà des bureaux dans les pays ou dans les régions, sur toutes les questions et arrangements pertinents, y compris les dispositions transitoires qui seront nécessaires.

Permettez-moi maintenant, laissant de côté la question des rapports entre la FAO et d'autres organismes, qui sera examinée à part, d'aborder certaines questions plus fondamentales.

Je ne reviendrai pas sur tous les points traités dans les observations si constructives et si utiles contenues dans les rapports du Comité du programme et du Comité financier.

En ce qui concerne la possibilité de reporter les crédits du Programme de coopération technique, j'accepte la recommandation du Comité financier de limiter à un seul exercice la durée de ce report. Mais cette autorisation doit valoir aussi bien pour tous les fonds, engagés ou non. Autrement, de fortes pressions s'exerceraient pour que je dépense les crédits aussi vite que possible dans l'exercice en cours, sans apporter autant de soins et d'objectivité dans le choix des dernières propositions reçues que dans celui des premières.

La modification à apporter au Règlement financier est en fait l'extension d'une clause existante. Elle ne met en cause aucun principe statutaire important. Elle n'a pas non plus de conséquences budgétaires, puisque le niveau de chaque budget devra être déterminé cas par cas et compte tenu de la situation du Programme de coopération technique au moment donné.

Je n'ai pas l'intention de discuter ici des utilisations qui seront faites du Programme de coopération technique. J'attendrai de connaître vos observations et vos vues, et je vous répondrai ensuite. En général, je tiens à souligner que, pour moi, l'objectif prioritaire est de mettre la FAO en mesure d'agir directement et efficacement dans les quatre grands domaines que décrit le document. C'est essentiel pour que le programme soit en prise sur les problèmes réels et immédiats des pays et puisse avoir un véritable effet.

J'espère aussi que vous me conserverez la confiance que vous m'avez témoignée lorsque vous m'avez élu et que vous me donnerez toute la latitude dont j'ai besoin pour mettre en oeuvre le Programme de coopération technique, puis pour le développer à la lumière de l'expérience. Certains - je m'en rends bien compte - voudraient que l'on discute dans le détail les définitions, les critères et les procédures, mais je vous demanderai instamment de résister à cette tentation, car l'heure est grave, puisqu'il s'agit de décider d'une nouvelle approche.

Il ne me semble pas nécessaire de m'étendre beaucoup aujourd'hui sur la priorité que j'ai l'intention de donner à l'investissement. A ma connaissance, personne ne nie son importance. La FAO travaille depuis longtemps déjà dans ce secteur, en coopération avec la Banque mondiale, les banques régionales, les banques privées et d'autres sources d'investissement.

Un événement se profile à l'horizon: la création et les opérations du Fonds international de développement agricole. Ce sera là un élément nouveau et très important de l'effort pour accroître les investissements dans la production alimentaire et agricole.

Il est essentiel que la FAO soit en mesure non seulement de répondre aux besoins accrus découlant des activités du FIDA et d'autres institutions de financement, mais aussi d'aider les gouvernements qui cherchent à obtenir des ressources de ces institutions.

Nous souhaitons étendre notre rôle au-delà des limites où nous nous sommes trouvés confinés ces dernières années, mais nous ne répéterons pas ce qui se fait déjà et nous ne chercherons pas à en faire plus que ce qui nous est demandé.

Pour le moment je propose d'aller de l'avant aussi vite que possible dans ce domaine prioritaire, en tirant parti de l'expérience et des connaissances accumulées à la FAO ainsi que des ressources des départements techniques qui, jusqu'à présent, sont restées inexploitées ou insuffisamment utilisées. Il se peut que je doive plus tard, à la lumière de l'expérience, proposer de nouvelles mesures et des changements.

En ce qui concerne la décentralisation, j'espère que la confusion créée par ailleurs à propos du Consensus n'obscurcira pas la question.

Je tiens à souligner qu'il faut réfléchir beaucoup plus sérieusement aux fonctions et au rôle futurs des bureaux régionaux, compte tenu de la tendance actuelle des Nations Unies à décentraliser fonctions et pouvoir de New York aux Commissions économiques régionales, tout en subordonnant les institutions spécialisées à un nouvel organe centralisé ou à une nouvelle bureaucratie centrale.

D'un autre côté, je vois bien que l'augmentation des pouvoirs et des fonctions des Commissions économiques régionales appellera une réponse appropriée de la FAO; cela vaut particulièrement pour les aspects véritablement régionaux du travail des bureaux régionaux et notamment celui des divisions mixtes que, contrairement à d'autres, nous avons déjà. C'est peut-être sur ce point, dans le cadre authentiquement régional de politiques et d'activités intégrées à l'échelon de la région, que les bureaux régionaux de la FAO trouveront leur rôle le plus satisfaisant et le plus efficace.

Mais pour l'instant, je suspendrai tout jugement définitif, tel celui que supposerait l'augmentation très considérable des postes techniques précédemment proposée pour cet exercice dans les bureaux régionaux. Cette pause sera salutaire et nous permettra de motiver nos actions de façon plus réfléchie. Bien évidemment, les créations de postes ont été réduites de façon encore beaucoup plus radicale au Siège. J'ai clairement dit, et je répète ici, que, loin de vouloir ériger une bureaucratie centralisée à Rome, je chercherai par tous les moyens à arrêter et renverser la tendance à la prolifération des locaux du Siège, qui a été rendue nécessaire par la progression des effectifs à Rome. Ce n'est là qu'un début limité par les engagements résultant de décisions et de mesures prises en 1975 - et je continuerai dans cette voie.

Dans le même ordre d'idées, je continueral à m'attaquer à ce fléau qu'est la prolifération constante des publications et des réunions. Mais cet effort ne portera ses fruits que si je puis compter sur votre appui total et constant. Il y a déjà eu des pressions pour rétablir certaines réunions. De nombreux groupes techniques ou autres estimeront qu'une exception se justifie dans leur cas et feront des représentations dans ce sens. Certes, je ne suis pas infaillible mais, si vous ne m'accordez pas une confiance et un appui sans réserve pour prendre les décisions, les coupes nécessaires ne seront jamais réalisées.

J'en viens maintenant à l'examen des programmes des départements et divisions. Il y a à cet égard bien des points sur lesquels je voudrais m'étendre. Pour le moment, je me limiterai toutefois à un ou deux problèmes qui risquent de susciter des malentendus.

Dans un cas, une interprétation erronée a même fait penser que je supprimais l'une des fonctions fondamentales de la FAO en m'attaquant à toutes les activités théoriques et de longue haleine. Cette déformation de mes intentions peut servir le dessein de ceux qui veulent délibérément empêcher la FAO de prouver son aptitude à exercer un impact concret et immédiat sur les problèmes alimentaires et agricoles des Etats Membres. Mais c'est là dénaturer ma pensée.

Il est tout à fait exact que je n'ai nullement l'intention de permettre à l'Organisation de devenir de plus en plus une tour d'ivoire dans laquelle des économétriciens et autres théoriciens élaborent des études et des modèles toujours plus abscons.

Etant donné le manque de données fiables et les incertitudes méthodologiques et autres, ces études compliquées ne gagneront ni en pertinence ni en précision si on leur affecte des ressources encore accrues.

En fait, au moment où elles sont publiées et examinées - selon leurs auteurs, elles ne sont d'ailleurs jamais terminées - elles sont généralement dépassées. On met tellement de temps à rédiger l'ordonnance qu'au moment où on la signe le patient souffre d'une autre maladie.

Toutefois, cela ne revient pas à dire que toutes les activités de portée mondiale, de nature prospective et de longue haleine sont inutiles. Au contraire, les travaux sur la trypanosomiase ou les ressources génétiques par exemple, ainsi que les recherches dans de nombreux domaines, exigent nécessairement un effort à long terme. Quant aux études, si elles sont suffisamment concises, claires et pertinentes et si elles arrivent au bon moment, elles peuvent constituer la base et le ressort des actions concrètes, de portée parfois immense, qui doivent suivre.

Le document reconnaît donc explicitement le rôle de l'analyse et de l'étude des politiques mais souligne la nécessité d'un meilleur équilibre, spécialement en ce qui concerne l'affectation de ressources à des études trop sophistiquées, trop théoriques et trop prolixes. Je suis d'autant plus sûr de mon fait que le Comité du programme, le Conseil et la Conférence avaient eux aussi estimé, avant même que de nouvelles augmentations soient encore proposées dans le Programme de travail et budget pour 1976–77, qu'il y avait un déséquilibre au détriment des divisions agricoles.

Vous n'avez pas à craindre que je retire à la FAO - ou que j'abandonne à d'autres organisations - le rôle prééminent qu'elle doit exercer pour l'analyse et l'harmonisation des politiques alimentaires et agricoles sur le plan international. Ce que je voudrais, c'est qu'il gagne en précision et qu'il s'exerce sous le contrôle des organes directeurs de la FAO au lieu d'obéir à des forces extérieures.

Des ressources suffisantes seront fournies à cet effet quand il le faudra. Dans ces propositions révisées, le budget pour la seule Division de l'analyse des politiques est de 4,5 millions de dollars, chiffre encore supérieur au budget de la plupart des divisions du Département de l'agriculture. Les travaux sur l'EPDAM, les études prospectives par pays et l'ajustement agricole se poursuivront, la dépense à ce titre dépassant 1,2 million de dollars, mais nous espérons les conduire de façon plus économique et plus efficace qu'il n'était prévu, auparavant. Surtout, l'importance du commerce est pleinement reconnue comme en témoigne le budget de 7,5 millions de dollars proposé pour la Division des produits et du commerce international.

A ce propos, je voudrais signaler que les propositions contenues dans le document sont conformes aux conclusions de la CNUCED IV, mais je suis prêt à opérer tous les autres ajustements nécessaires, à l'issue des consultations en cours avec le Secrétaire général de la CNUCED, de manière à garantir que la FAO donnera à la CNUCED IV les suites qui auront été approuvées.

Quant au reste, je suis sûr qu'il y aura un certain nombre de questions, quelques déceptions et quelques avis contraires au sujet d'un certain nombre de modifications dans l'affectation des ressources. Mais ces propositions forment un tout équilibré bien intégré.

Cet ensemble a été examiné très soigneusement, quant au fond et dans le détail, par le Comité du programme et par le Comité financier. J'ai assisté personnellement à la plus grande partie des réunions de ces comités, quand ils examinaient ces propositions. Leurs questions et leurs observations étaient pénétrantes, et je les ai trouvées fort utiles. A la lecture de leur rapport, je constate avec satisfaction et gratitude que mes propositions ont rencontré leur approbation et leur appui, et j'espère qu'il en sera de même dans votre cas.

Bien entendu, il est normal que le Directeur général de la FAO espère que ses propositions, quel qu'en soit l'objet, seront acceptées. Mais nous avons affaire là à des circonstances extraordinaires, et c'est bien en session extraordinaire que siège le Conseil.

Ce n'est pas simplement parce que j'ai été élu récemment et parce que je veux prendre un bon départ. Ce n'est pas simplement parce que la Conférence m'a confié un mandat dont je veux m'acquitter avec succès.

La cause profonde est qu'il existe, chez la plupart des Etats Membres de la FAO, le sentiment largement répandu et bien ancré que, au moment où beaucoup proclament ouvertement que le système des Nations Unies est victime d'une crise de confiance et où il semble que l'Organisation arrive à un tournant de son histoire, il est indispensable que la FAO prenne un nouveau départ. Le moment est venu de s'engager dans ces voies nouvelles, sinon le vent cessera de gonfler nos voiles et les courants viendront entraver notre marche.

C'est donc maintenant qu'il faut introduire des changements audacieux et décisifs, modifier les attitudes et les méthodes et faire preuve de courage et de confiance dans l'avenir.

Comme il était prévu à sa naissance même, il faut maintenant donner à l'Organisation - outre des ressources extérieures importantes et que, nous l'espérons, la création du FIDA va fortement accroître - les moyens de se faire connaître par la promptitude et l'efficacité de ses interventions au service des pays, dans le cadre de son programme ordinaire.

Ce sera un aspect essentiel de l'action à entreprendre pour qu'elle retrouve sa place à la pointe du développement alimentaire et agricole. Les gouvernements et les peuples devraient d'instinct se tourner d'abord vers la FAO pour obtenir des informations, des orientations et une aide efficace sur le plan international. La FAO devrait être le premier centre de réflexion, d'harmonisation et de coopération au service de l'effort déployé à l'échelle mondiale pour résoudre les problèmes de la production, de la distribution et de la consommation alimentaire et du développement rural.

Mais surtout, elle devrait ouvrir des perspectives qui ne déçoivent pas l'espérance de tous ceux, hommes et femmes, qui aspirent à un monde libéré des iniquités intolérables qui l'affligent.

Le mal présent dans le monde revêt de multiples visages: la misère, l'oppression, la discrimination et l'indifférence aux souffrances d'autrui.

Peut-on imaginer pire mal que la faim des enfants, des femmes et des hommes, quand l'humanité a le pouvoir de l'éviter?

Audacieusement peut-être, je vois déjà en esprit le moment où la communauté internationale, dont la FAO constitue et demeurera un pilier essentiel, ne tolérera plus que la faim côtoie l'abondance.

Cette vision, vous la partagez, vous pouvez la transformer en réalité, et vous y parviendrez un jour. En toute modestie, mais avec résolution, mes efforts seront consacrés à hâter l'avènement de ces temps meilleurs, Je sais que j'aurai votre appui.

CONSEIL

(jusqu'au 31 décembre 1976)

Président indépendant: Gonzalo Bula Hoyos

Allemagne, Rép. féd. d' 1
Argentine 1
Brésil 2
Bulgarie 1
Burundi 2
Canada 2
Chine 1
Colombie 2
Congo 1
Egypte 3
Equateur 3
Espagne 2
Etats-Unis d'Amérique 2
Finlande 3
France 3
Gabon 2
Gambie 2
Guinée 1
Inde 3
Indonésie 1
Italie 3
Japon 1
Jordanie 2
Liban 2
Libye 3
Malawi 3
Maurice 3
Mexique 2
Niger 3
Nouvelle-Zélande 3
Pakistan 3
Panama 1
Pays-Bas 2
Pérou 1
Philippines 1
Royaume-Uni 3
Soudan 3
Sri Lanka 1
Thaïlande 1
Trinité-et-Tobago 2
Tunisie 2
Yougoslavie 1

1 Mandat expirant le 31 décembre 1976.
2 Mandat expirant à la fin de la dix-neuvième session de la Conférence, novembre 1977.
3 Mandat expirant le 31 décembre 1978.

CONSEIL

(à partir du 1er janvier 1977)

Président indépendant: Gonzalo Bula Hoyos

Allemagne, Rép. féd. d' 3
Argentine 3
Bangladesh 3
Brésil 1
Burundi 1
Canada 1
Chine 3
Colombie 1
Egypte 2
Equateur 2
Espagne 1
Etats-Unis d'Amérique 1
Finlande 2
France 2
Gabon 1
Gambie 1
Grèce 1
Guinée-Bissau 3
Inde 2
Indonésie 3
Italie 2
Japon 3
Jordanie 1
Liban 1
Libye 2
Malawi 2
Maurice 2
Mexique 1
Niger 2
Nouvelle-Zélande 2
Pakistan 2
Panama 3
Pays-Bas 1
Philippines 3
Royaume-Uni 2
Rwanda 3
Soudan 2
Tchécoslovaquie 3
Thaïlande 3
Trinité-et-Tobago 1
Tunisie 1
Venezuela 3

1 Mandat expirant à la fin de la dix-neuvième session, novembre 1977.
2 Mandat expirant le 31 décembre 1978.
3 Mandat expirant à la fin de la vingtième session de la Conférence, novembre 1979.

COMITÉ DU PROGRAMME

(novembre 1975 – novembre 1977)

Président:

R.W. Phillips (Etats-Unis d'Amérique)

Membres:

J.S. Camara (Guinée)
S. Juma'a (Jordanie)
B. Shaib (Nigeria)
M. Trkulja (Yougoslavie)
A.S. Tuinman (Pays-Bas)
J.C. Vignaud (Argentine)

Premier suppléant:

W.A.F. Grabisch (Allemagne, Rép. féd. d')

Deuxième suppléant:

P. Celan (Roumanie)

Troisième suppléant:

C. Nagata (Japon)

COMITÉ FINANCIER

(novembre 1975 – novembre 1977)

Président:

S. Ahmed (Bangladesh)

Membres:

S.B. Ahmad (Pakistan)
M. Bel Hadj Amor (Tunisie)
C.H. Lagerfelt (Suède)
C.J. Valdes (Philippines)

Premier suppléant:

P.J. Byrnes (Etats-Unis d'Amérique)

Deuxième suppléant:

M. Paniza de Bellavita (Panama)

Troisième suppléant:

A.K. Appiah (Ghana)

COMITÉ DES QUESTIONS CONSTITUTIONNELLES ET JURIDIQUES

(novembre 1975 – novembre 1977)

Algérie
Costa Rica
France
Italie
Philippines
Suisse
Tchécoslovaquie

COMITÉ DES POLITIQUES ET PROGRAMMES D'AIDE ALIMENTAIRE ONU/FAO, 1976

* Allemagne, Rép. féd. d' 1
* Arabie saoudite 2
   Argentine 1
* Australie 2
   Belgique 3
* Brésil 3
* Canada 2
   Chili 1
* Congo 3
* Danemark 3
* Etats-Unis d'Amérique 2
   Ethiopie 3
* France 1
   Hongrie 2
* Inde 2
* Indonésie 3
   Irlande 1
   Japon 3
   Malawi 1
   Mauritanie 2
* Nicaragua 1
* Ouganda 3
   Pakistan 3
* Pays-Bas 3
   Philippines 2
   Royaume-Uni 1
* Sénégal 1
   Suède 2
* Suisse 1
   Turquie 2

* Membres élus par le Conseil de la FAO.
1 Mandat expirant le 31 décembre 1976.
2 Mandat expirant le 31 décembre 1977.
3 Mandat expirant le 31 décembre 1978.

ÉTATS MEMBRES DE LA FAO

(au 16 juillet 1976)

Afghanistan
Albanie
Algérie
Allemagne, Rép. féd. d'
Arabie saoudite
Argentine
Australie
Autriche
Bahamas
Bahreïn
Bangladesh
Barbade
Belgique
Bénin
Birmanie
Bolivie
Botswana
Brésil
Bulgarie
Burundi
Cambodge
Cameroun
Canada
Cap-Vert
Chili
Chine
Chypre
Colombie
Congo
Corée, République de
Costa Rica
Côte-d'Ivoire
Cuba
Danemark
Egypte
El Salvador
Emirats arabes unis
Equateur
Espagne
Etats-Unis d'Amérique
Ethiopie
Fidji
Finlande
France
Gabon
Gambie
Ghana
Grèce
Grenade
Guatemala
Guinée
Guinée-Bissau
Guyane
Haïti
Haute-Volta
Honduras
Hongrie
Inde
Indonésie
Irak
Iran
Irlande
Islande
Israël
Italie
Jamaïque
Japon
Jordanie
Kenya
Koweït
Lao
Lesotho
Liban
Libéria
Libye
Luxembourg
Madagascar
Malaisie
Malawi
Maldives
Mali
Malte
Maroc
Maurice
Mauritanie
Mexique
Mongolie
Népal
Nicaragua
Niger
Nigeria
Norvège
Nouvelle-Zélande
Oman
Ouganda
Pakistan
Panama
Papouasie-Nouvelle-Guinée
Paraguay
Pays-Bas
Pérou
Philippines
Pologne
Portugal
Qatar
République centrafricaine
République Dominicaine
République du Sud Viet-Nam
Roumanie
Royaume-Uni
Rwanda
Sénégal
Sierra Leone
Somalie
Souaziland
Soudan
Sri Lanka
Suède
Suisse
Surinam
Syrie
Tanzanie
Tchad
Tchécoslovaquie
Thaïlande
Togo
Trinité-et-Tobago
Tunisie
Turquie
Uruguay
Venezuela
Yémen, République arabe du
Yémen, République dém. populaire du
Yougoslavie
Zaïre
Zambie

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