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XI. PROTECTION DES VERSANTS CULTIVES

Aménagement de terrasses sur des versants abrupts en régions humides

par

T.C. Sheng

Spécialiste de l'aménagement des bassins versants, FAO 1/

1. INTRODUCTION

La culture sur des pentes raides dans les pays humides entraîne souvent de sérieux problèmes si l'on ne prévoit pas des mesures de protection de bassins versants. Elle aboutit non seulement à une détérioration de la productivité des terres sur l'endroit même, du fait de l'érosion hydraulique, mais aussi à une aggravation des atterrissements et des dégâts causés par les crues en dehors de la zone considérée, c'est-à-dire en aval. Dans les pays en voie de développement, les problèmes se compliquent encore du fait que les cultivateurs qui exploitent les versants abrupts sont pour la plupart de petits exploitants pauvres. Le dilemme est toujours le même: d'une part la réinstallation des exploitants et la transformation de l'utilisation des terres ne sont pas réalisables, ou souhaitables du point de vue économique et d'autre part les ressources du pays en terres et en eaux sont menacées en permanence par ce type de culture.

L'aménagement de terrasses et de voies d'eau protégées permettrait de cultiver ces versants abrupts en toute sécurité et de façon profitable. on peut alors accroître la production agricole, minimiser l'érosion, améliorer l'écologie des exploitations, donc résoudre en partie ce dilemme.

Il existe essentiellement quatre types de terrasses qui sont: horizontales, à profil déversé vers l'aval, en réseau discontinu, à profil déversé vers l'amont (Voir Figure 1). Dans le présent chapitre, nous allons traiter surtout de ces dernières, c'est-à-dire des terrasses à profil déversé vers l'amont qui sont construites à contre-pente et conviennent particulièrement aux pays humides à relief accidenté pour assurer un bon écoulement du ruissellement excédentaire.

Le profil et la construction des terrasses irriguées ou rizières sont moins compliqués que ceux des terrasses à profil déversé. Elles ne doivent pas poser de problème une fois que l'on a étudié et compris le principe de la terrasse à profil déversé. Les terrasses à profil déversé vers l'aval et les terrasses en réseau discontinu sont destinées aux régions arides ou semiarides. Elles seront traitées par d'autres auteurs.

1/ La présente communication découle de travaux réalisés par l'auteur, alors qu'il travaillait en Jamaïque (depuis 1975, il travaille au Salvador pour la FAO).

2. TYPES DE TERRASSES: SPECIFICATIONS ET APPLICATIONS 1/

Nous allons examiner six types de terrasses, toutes à profil déversé: (1) les terrasses en escalier, (2) les fossés isohypses 2/, (3) les impluviums (ou impluvia), (4) les terrasses-vergers, (5) les mini-terrasses de culture et (6) les hexagones. La figure 2 montre les profils transversaux de ces structures. Ces six types d'aménagement des terres permettent de cultiver en toute sécurité des versants de 7 à 30º.

1/ Note de l'Editeur FAO: Le terme anglo-américain ''terraces'' peut prêter à confusion car en terminologie française il englobe à la fois les terrasses, les banquettes et les gradins.

Rappelons que:

Les terrasses (bench terraces) sont des étendues de terre horizontales (ou presque horizontales) plus ou moins larges, disposées généralement en escalier sur un versant; la culture est pratiquée sur la pente horizontale appelée sole ou lit.

Les banquettes (terraces) sont constituées par une bande de terre de largeur réduite comportant un talus amont en plus ou moins forte pente, un fond en légère contre-pente et un bourrelet saillant caractéristique, non franchissable, à l'aval; encore qu'il existe des banquettes de culture et que le fond de la banquette puisse, dans certains cas, être utilisée, c'est généralement la zone entre deux banquettes (inter-banquette) qui est cultivée.

Les gradins (steep terraces) sont des banquettes de petit format à profil en V plus ou moins évasé, utilisés généralement pour les plantations forestières ou fruitières sur fortes pentes.

Dans cet article, l'auteur décrit un certain nombre d'ouvrages sans bourrelets et dont la sole est entièrement cultivable; il s'agit donc, en fait, de terrasses, même si certains types pourraient être apparentés à des banquettes ou à des gradins.

2/ Note de l'Editeur FAO: fossé isohypse » traduction littérale du terme anglais utilisé par l'auteur; malgré sa largeur restreinte, il s'agit bien ici aussi d'une terrasse.

Figure 1

TYPES DE TERRASSES

1. Terrasses horizontales en escalier

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2. Terrasses à profil déversé vers l'aval

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3. Terrasses horizontales en réseau discontinu

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4. Terrasses à profil déversé vers l'amont

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2.1 Description générale

2.1.1 Les terrasses

Elles consistent essentiellement en une série de bandes horizontales ou quasi horizontales, s'étendant en travers du versant et soutenues par des talus abrupts. Ces talus sont construits soit en terre protégée par du gazon, soit en murettes de pierres si l'on en dispose. Les terrasses peuvent être construites et cultivées soit à la main, soit à l'aide d'outils attelés ou encore de machines. La figure 3 montre le profil détaillé de ce type d'ouvrage ainsi que la terminologie et les calculs qui s'y rapportent.

2.1.2 Fossés isohypses

Le fossé isohypse est une sorte de terrasse discontinue et étroite, à profil déversé, construite en travers du terrain de manière à diviser une longue Dente en un certain nombre de pentes courtes de façon à ce que le ruissellement puisse être intercepté et drainé en toute sécurité avant qu'il ne provoque l'érosion. Le profil de ce type de terrasse étroite se prête mieux à l'entretien que la tranchée de protection traditionnelle. on peut aussi l'utiliser en même temps comme chemins d'exploitation. La distance entre deux fossés est déterminée par le degré ou pourcentage de la pente correspondante. La bande cultivable entre deux fossés doit bénéficier de mesures complémentaires de conservation agronomique.

2.1.3 Les impluviums (ou impluvia)

Les impluviums sont de petites terrasses circulaires où l'on installe séparément les plants. Elles sont particulièrement utiles pour les cultures semi-permanentes ou permanentes sur versants, pour lutter contre l'érosion, pour conserver les engrais et l'humidité dans le cas du paillage, et pour éliminer les mauvaises herbes. on peut s'en servir en terrain accidenté et avec des sols de profondeur variable. Elles doivent normalement être complétées par des fossés isohypses ou des terrasses fruitières.

2.1.4 Terrasses-vergers

Les terrasses-vergers sont essentiellement des terrasses étroites, construites sur des pentes très raides (de 25 à 30º), avec un écartement déterminé par la distance de plantation des arbres fruitiers ou vivriers. En raison de la déclivité, l'espace compris entre les terrasses doit être maintenu sous couvert herbacé permanent. On peut planter les arbres soit sur les terrasses soit dans des cuvettes individuelles creusées dans les espaces gazonnés.

2.1.5 Les mini-terrasses de culture

Les mini-terrasses de culture sont des terrasses de largeur moyenne, construites selon l'écartement choisi pour les fossés isohypses. Sur ces terrasses,on fait des cultures de plein champ, tandis que l'espace intermédiaire est planté en arbres fruitiers ou à usage alimentaire. Si l'on envisage une utilisation plus intensive des terres en pente, on pourra transformer les espaces intermédiaires en banquettes également. Si, pour des raisons de pénurie de main-d'oeuvre, c'est le contraire qui se produit, on pourra alors planter la totalité des terrasses en vergers.

Figure 2

SECTION TRANSVERSALE DES SIX PRATIQUES PRINCIPALES DE TRAITEMENT ANTI-EROSIF

1. Terrasses

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5. Mini-Terrasses Convertibles

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6. Hexagones

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Figure 3

COUPE TRANSVERSALE D'UNE TERRASSE ET CALCULS

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1.

Intervalle vertical (VI) VI =  S   x  Wb  
100 - S x U
(S : Pente en %
U : 1 ou 0,75)

2.

Hauteur du dévers (RH) RH = Wb x 0,05

3.

Hauteur du talus (Hr) Hr = VI + RH (profondeur de déblai = Hr/2)

4.

Largeur du talus (Wr) Wr = Hr x U

5.

Largeur de la terrasse (Wt) Wt = Wr x Wb

6.

Longeur (L) L = 10.000/Wt (par ha)

7.

Superficie nette de la sole cultivable (A) A = L x Wb

8.

Pourcentage des terrasses (Pb) Pb(%) = A/10.000  x 100 (par ha)

9.

Section transversale de la terrasse (C) C = (Wb x Hr)/8

10.

Volume à déblayer et remblayer (V) V = L x C

2.1.6 Hexagones

Un hexagone est le résultat d'un tracé particulier, sur un versant, de la route qui dessert une exploitation et entoure une pièce de terre aisément accessible à des tracteurs à quatre roues. La route ou route secondaire contourne le versant de manière à se raccorder à chaque chemin d'exploitation ou terrasse où l'on entre à angle obtus. Un groupe d'hexagones forme un ensemble d'alvéoles, en nid d'abeille, et aucune parcelle du terrain n'est perdue. Cet aménagement est conçu en premier lieu pour la culture mécanisée des vergers sur un vaste bloc de terrain uniforme. on peut également l'utiliser sur des versants abrupts (à 20º par exemple) ou pour une petite exploitation (un quart d'hectare). Dans ce dernier cas, les chemins d'exploitation peuvent être travaillés en cultures de rapport en attendant que poussent les arbres fruitiers ou les cultures vivrières plantées dans la bande gazonnée.

2.2 Spécifications et applications

Les spécifications et applications des six principaux aménagements que nous venons de décrire sont résumées au tableau 1. On trouvera dans les sections ci-après quelques indications complémentaires:

2.2.1 Largeur

La largeur à donner aux terrasses dépend tout d'abord des besoins des cultures, de l'outillage à utiliser, de la profondeur du sol et de la pente, ainsi que des souhaits du cultivateur et de sa situation financière. Une terrasse trop large ne sera pas seulement trop coûteuse, mais nécessitera en outre des fouilles profondes et la construction de talus très élevés, ce qui est contre-indiqué. Les largeurs citées au tableau 1 pour des banquettes construites à la main et construites à la machine montrent qu'elles sont approximatives. Pour les fossés isohypses et les terrasses-vergers, une largeur de 1,8 m suffit généralement, encore que les secondes puissent être plus larges quand le sol est profond et que la pente avoisine 25º. On estime qu'une largeur de 3,4 m représente un minimum pour les terrasses construites à l'aide de machines et pour la mécanisation.

2.2.2 Intervalle vertical et écartement

(1) Terrasses en escalier

Trouver l'intervalle vertical (VI) constitue l'étape suivante une fois qu'on a déterminé la largeur; c'est une opération importante car elle ne donne pas seulement la hauteur approximative du talus, mais également les données de base qui permettent de calculer la section transversale et le volume de sol par unité de superficie. Elle fournit également une indication utile pour le piquetage des terrasses sur le sol.

L'intervalle vertical (VI) représente en fait la différence de niveau entre deux terrasses successives. Il est déterminé par la pente du terrain et la largeur des terrasses; on le calcule à l'aide de la formule ci-après:

VI =   S x Wb  
100 - S x U

VI = l'intervalle vertical, en pieds ou mètres

S = le pourcentage de la pente (%)

Wb = la largeur de la terrasse, en pieds ou mètres

U = pente du talus (rapport entre la distance horizontale et la hauteur verticale, en utilisant une valeur 1 pour les terrasses construites mécaniquement et 0,75 pour les terrasses construites à la main).

(2) Fossés isohypses et mini-terrasses de culture

L'équation est la même que celle qui est utilisée dans les pays d'Amérique du Nord pour les terrasses à large emprise:

VI = aS + b

VI = l'intervalle vertical entre deux fossés, en pieds

S = le pourcentage de la pente (%)

a = la constante correspondant à la situation géographique

b = la constante correspondant à l'érodabilité du sol et à l'état du couvert du sol pendant les périodes critiques.

Les valeurs de "a" et de "b" varient selon les régions et selon l'état du sol et des cultures. Néanmoins, on donne une valeur 0,3 pour "a" en régime humide,et une valeur 2 pour "b" quand on applique un traitement de conservation complémentaire sur les espaces intermédiaires. En Jamaïque, on a mis au point et utilisé avec grand profit un tableau des écartements des fossés isohypses sur diverses pentes, comme celui du tableau 2. On peut utiliser le même tableau pour les mini-terrasses de culture.

Dans d'autres pays humides qui emploient le système métrique, on se sert d'une équation similaire formulée comme suit:

VI =

S + 4

ou

VI =

S + 6

10

10

VI = l'intervalle vertical, en mètres

S = le pourcentage de la pente

2.2.3 Longueur

La longueur d'une terrasse est limitée par la taille et la forme du champ, le relief, la perméabilité et l'érodabilité du sol. Des ouvrages relativement longs augmenteront l'efficacité des opérations dans le futur système de culture, notamment du point de vue de la mécanisation, permettant également deréduire les frais de construction. Toutefois, une longueur excessive dans une direction donnée peut provoquer un ruissellement et une érosion accélérée. Ala lumière de l'expérience, on recommande pour les pays humides un maximum de 100 mètres dans une direction donnée.

2.2.4 Pente longitudinale

Il est très important de contrôler les pentes des terrasses. Dans les régions où la pluviomètrie est faible et les sols perméables, la pente longitudinale peut être inférieure à 0,5 pour cent tandis que dans les régions où les pluies sont violentes et le sol lourd, il est préférable d'avoir une déclivité de 1 pour cent pour évacuer le ruissellement excédentaire. Il est également nécessaire de donner un dévers de 5 pour cent aux terrasses pour maintenir le ruissellement contre la partie creusée ou le drain de pied, plutôt que sur la zone meuble et remblayée qui pourrait s'ébouler. Pour des ouvrages plus étroits, il faut un dévers de 10 pour cent.

2.2.5 Talus et pente du talus

La hauteur du talus dépend de la largeur de l'ouvrage. Un talus trop haut comporte toujours un risque en ce qui concerne la protection et l'entretien. On a constaté qu'une hauteur de 1,8 m à 2 m après tassement constitue une limite pratique. Le tableau 3 montre les hauteurs de talus correspondant à quelques pentes du terrain et largeurs d'ouvrages.

La pente du talus dépend de la texture du sol, ainsi que des outils et matériaux que l'on compte employer pour construire l'ouvrage. Dans des conditions moyennes, elle est de 1/1 lorsque la construction est faite avec des moyens mécaniques 1/ et de 0,75/1 dans les constructions faites à la main à condition que les ouvrages soient suffisamment bien compactés puis protégés d'un couvert herbacé dense ou d'une murette en pierres.

2.2.6 Profondeur minimum de sol

La profondeur minimum de sol nécessaire pour aménager des terrasses en escalier s'obtient en divisant la hauteur du talus par deux. Dans le cas d'autres ouvrages discontinus, la profondeur de creusement est égale à la hauteur du talus après tassement. Tous ces éléments peuvent se calculer en utilisant les équations de la figure 3. Le tableau 2 montre également les profondeurs minimales de sol nécessaire pour quelques largeurs et pentes différentes.

1/ (y compris les ouvrages construits avec le scraper Fresno, voir paragraphe 4.2).

2.2.7 Limite de pente

On peut utiliser les ouvrages faits à la main sur des pentes de 7º à 25º (12 à 47 pour cent); ceux construits mécaniquement convenant pour des pentes comprises entre 7º et 20º (12 à 36 pour cent). En arboriculture, on peut employer le système discontinu de terrasses-vergers de 1,8 m sur des pentes allant jusqu'à 30º, si le sol est suffisamment profond. La limite pratique pour tous les types d'ouvrages est 30º. Au-delà, le talus sera trop haut et trop large et la pente cultivable trop étroite.

On ne recommande généralement pas la confection de terrasses sur des pentes de moins de 7º (12 pour cent) pour deux raisons: (i) sur des pentes allant jusqu'à 7º on peut facilement adopter les terrasses à base large et autres traitements simples de conservation, et (ii) les pentes comprises entre 0º et 7º ne font généralement pas obstacle à la culture mécanisée.

2.2.8 Superficie nette

La superficie nette, c'est-à-dire la superficie en terrasse horizontale après aménagement est un élément très important dans le contexte de 1'utilisation des terres. Pour la calculer, on peut se servir de l'équation mentionnée à la figure 3. Il est intéressant de noter que, pour une pente donnée du terrain et du talus, la superficie nette des terrasses sera la même quelle que soit leur largeur. Par exemple, sur une pente à 13º, un hectare ou une acre fourniront 80 pour cent de terrasses horizontales, que celles-ci aient 3 mètres ou 5 mètres de largeur. Plus la pente augmente, plus la superficie nette diminue. Sur une pente à 25º,  la superficie nette des terrasses du type continu n'est que de 63,5 pour cent alors qu'elle est de 87,8 pour cent sur une pente à 7º.

2.2.9 Tableaux des spécifications et volumes

On peut établir progressivement un tableau des spécifications d'après les équations de la figure 3 correspondant à différentes largeurs de terrasses et pentes, pour les besoins de la planification et les applications pratiques. Enfin, on peut calculer les volumes des déblais et des remblais. On peut aussi utiliser la même méthode pour d'autres types de terrasses, ,sauf en ce qui concerne les chemins enveloppant un hexagone. Nous donnons ici, à titre de référence, deux exemples de tableaux (4A et 4B), l'un pour les terrasses construites à la machine, et l'autre pour les fossés isohypses creusés à la main.

3. PREPARATION, TRACE ET PIQUETAGE

3.1 Préparation

La préparation et le tracé des terrasses comprend des études in situ (les éléments ci-après: topographie, pente, profondeur du sol, texture, érosion, présence de pierres, végétation actuelle, utilisation des terres et futurs plans de culture. Un plan de conservation ou une carte du potentiel agricole des terres seront très utiles, le cas échéant. Après avoir étudié attentivement tous ces paramètres, on choisira le type d'ouvrage qui convient, ses dimensions et l' outillage nécessaire. On déterminera l'intervalle vertical, la hauteur du talus et le volume des matériaux de déblai/remblai, etc. à l'aide des tableaux de spécifications.

Avant de commencer à piqueter le terrain, il faut décider de l'implantation et du type des exutoires et du réseau routier (voir 5.1 et 5.2). On déterminera aussi, si nécessaire, l'emplacement des brise-vent. Tous ces éléments doivent s'intégrer dans les travaux d'aménagement. On conservera, à toutes fins utiles, un schéma représentant toutes les décisions prises au sujet de chaque champ en particulier.

3.2 Tracé et piquetage

Il existe deux manières de procéder au tracé et au piquetage des terrasses selon les outils que l'on compte utiliser pour creuser et le type d'ouvrage choisi. Dans les deux cas, le piquetage doit commencer en partant de la terrasse supérieure. Après avoir fait le piquetage, on apportera des corrections si les courbes de niveau accusent des virages brusques ou des variations de largeur importantes dans les intervalles.

3.2.1 Méthode de la ligne médiane

Elle consiste à tracer et piqueter les lignes médianes des ouvrages en fonction de la dénivelée. Après avoir piqueté toutes les lignes médianes, on ajoute à vue d'oeil une rangée de jalons à mi-distance entre chaque ligne médiane (les remblais et les déblais étant égaux) pour indiquer la limite inférieure de l'ouvrage supérieur qui est aussi la limite supérieure de l'ouvrage suivant. Dans le cas des terrasses du type discontinu, comme les fossés isohypses et les terrasses-vergers, une fois que l'on a piqueté les axes pour marquer l'écartement dans le sens de la pente, on trace une ligne supérieure et une ligne inférieure parallèlement à la ligne médiane et à distance appropriée pour indiquer la largeur du fossé ou de la terrasse.

Cette méthode convient particulièrement pour toutes les terrasses faites à la main. Il faut conserver et marquer la ligne médiane qui doit servir de limite où les déblais et les remblais sont nuls pendant toute la durée de la construction. La zone située au-dessus de cette ligne représente la zone à creuser tandis que la zone située au-dessous représente la zone de remblai (figure 3). Cette méthode permet également au géomètre de commencer le piquetage en partant du passage d'eau envisagé,par courbe de niveau à pente longitudinale de 1 pour cent pour s'assurer que le futur ruissellement aboutira à un point considéré comme un exutoire souhaitable.

3.2.2 Méthode des deux lignes

Avec cette méthode, on ne piquette pas les lignes médianes. Par contre, on trace et on piquette la ligne supérieure et la ligne inférieure des ouvrages en respectant les distances voulues pour établir la largeur des terrasses. on consultera un tableau des spécifications pour trouver la largeur de la terrasse (Wt) qui dépend de la largeur de la sole cultivable (Wb) pour une pente déterminée.

Avant de piqueter, il faut installer une ligne allant de haut en bas sur une pente représentative de la zone considérée. On pose ensuite des jalons le long de cette ligne d'après la largeur de l'ouvrage (Wt) ou la largeur de la route et de la bande gazonnée dans le cas des hexagones. Cela fait, on peut jalonner les courbes de niveau en partant de chaque jalon guide,

Cette méthode convient pour une pente uniforme constituée de grandes parcelles de terrain où le réseau anti-érosif pourra être créé mécaniquement.

4. CONSTRUCTION DE TERRASSES

Quel que soit le mode de terrassement que l'on compte employer, il convient de déblayer et remblayer progressivement en travaillant à profondeurs égales, de manière à ce qu'il ne soit pas nécessaire d'évacuer du sol excédentaire ou d'en prélever ailleurs.

4.1 Construction à la main

En règle générale, un homme peut creuser et remblayer de 3,8 à 4 m3 en une journée de huit heures. Cette norme peut varier avec la largeur de lia terrasse, le type de sol, la présence de racines d'arbres ou de pierres. Si l'on respecte les règles ci-après, le travail sera efficace et de qualité.

1) Construire la terrasse quand le terrain n'est ni trop sec ni trop humide.

2) Commencer la construction en partant du sommet d'une colline et progresser vers le bas de la pente. En cas de forte pluie, la terrasse ne sera pas entraînée. Quand on pratique un traitement du sol superficiel, il est préférable de commencer la construction par le bas. Il faut alors mettre en oeuvre des mesures de protection temporaires.

3) Le premier déblai doit être ouvert juste au-dessous des jalons du haut. Le remblai doit commencer contre les jalons du bas. Ainsi, on obtiendra la pente voulue sans trop creuser. Parfois, on peut placer des pierres le long des lignes inférieures, ou retourner les mottes gazonnées le long des lignes de jalons inférieures avant de remblayer.

4) Chaque fois que l'on augmente le remblai de 15 cm, compacter solidement le sol par damage. Si le remblai est trop épais, il devient difficile à compacter. Les ouvrages traversant des zones à dépression doivent être construits de manière particulièrement solide.

5) Confectionner le bord de l'ouvrage légèrement plus haut que prévu pour tenir compte du tassement. Le taux de tassement peut représenter jusqu'à 10 pour cent de l'épaisseur du remblai.

6) Tant le pente longitudinale que le dévers doivent être vérifiés au niveau pendant la construction. Rectifier immédiatement chaque fois que nécessaire.

7) Façonner le talus avec une pente de 0,75/1.

8) Ne commencer à façonner les passages d'eau qu'une fois les ouvrages construits. S'assurer que tous les exutoires des terrasses se trouvent plus haut que le fond de la voie d'eau.

9) Une équipe de trois hommes pour les terrasses étroites, et de quatre hommes pour celles plus larges, constitue une bonne unité de travail pour un aménagement efficace.

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Figure 4

Travail du Fresno scraper (pelle attelée). Le sol est versé et le scraper se déplace sur ses sabots.

4.2 Construction au moyen d'outils attelés

Dans de nombreux pays on emploie, pour construire les terrasses, des charrues et des scrapers Fresno 1/ (voir figure 4) tirés par des boeufs, des chevaux ou des buffles. on ne peut cependant utiliser les scrapers Fresno pour la construction d'ouvrages de moins de 3 mètres de largeur. Ils ne conviennent pas non plus sur les sols comportant des pierres nombreuses et grosses (de la taille d'une tête). Il faut observer un certain nombre de règles générales qui sont les suivantes:

(1) ne pas utiliser les Fresnos quand les sols sont humides et collants;

(2) si la partie à déblayer est très dure ou abondamment revêtue d'herbes, labourer d'abord pour que le Fresno puisse remuer le sol;

(3) quand on utilise le Fresno, commencer par relever le manche de manière que l'arrière du châssis du scraper soit 10 cm plus haut que le bord de la lame. Sous cet angle, le scraper entamera le sol facilement;

(4) quand la pelle est chargée, lacher le manche et laisser le scraper glisser à plat sur son châssis jusqu'à l'endroit du remblai pour rejeter la terre;

(5) toujours commencer à charger la pelle en haut de la zone à creuser et, dès qu'elle est remplie faire tourner l'animal de trait et rejeter le sol le long de la ligne de jalons inférieure;

(6) ne jamais charger le Fresno au point que l'animal ne puisse le tirer;

(7) quand on décharge la pelle, lever le manche en position verticale pour que le scraper avance sur ses sabots et que les déblais glissent vers l'avant de la pelle;

(8) le travail sera plus efficace si l'on continue de creuser et de déblayer en faisant tourner l'animal sans le faire s'arrêter.

4.3 Constructions avec des moyens mécaniques

Pour construire des terrasses plus larges, sur des pentes de moins de 15º, on peut employer une machine de taille moyenne telle que le bulldozer Caterpillar D-6 à lame oblique. Pour des ouvrages étroits, sur des pentes régulières à 20º, on peut employer un engin moins puissant. En ce qui concerne l'efficacité et l'économie, le D-6 fera un bien meilleur travail si ,La pente n'est pas trop raide. La production horaire moyenne pour un bulldozer D-6 relativement efficace est la suivante:

1/ Note de la rédaction FAO: Le "Fresno scraper" décrit par l'auteur est analogue à la pelle attelée pour la construction d'ouvrages anti-erosifs en Afrique du Nord notamment.

Largeur de la terrasse (Wb)

Production horaire

m

m3

3.4

45.0

4.6

43. 5

5.8

42.0

7.0

40.7

8.2

39.7

Par exemple, pour construire 0,40 ha de terrasses de 4,6 m de largeur sur une pente à 13º, il faut compter 600 m3 (ou 785 yards cubes) de volume total de déblais et remblais (voir Tableau 4A) . Un bulldozer D-6 mettra 13,7 heures pour effectuer une taille grossière et 2,5 heures pour le nivellement et le planage définitif. Il faut observer certains principes, notamment:

(1) commencer à creuser parallèlement à la ligne de jalons supérieure et à environ 50 cm de celle-ci, pousser les débris vers le bas et les rejeter juste au-dessus de la ligne inférieure. On obtient le meilleur résultat quand le bulldozer se déplace vers le bas de la pente sur une distance correspondant à environ 3 fois sa longueur, soit approximativement 12 à 13,5 m pour décharger les débris;

(2) quand on creuse parallèlement à la ligne supérieure, faire attention au moment où la lame du bulldozer est pleine. Dès que la lame est pleine, et ni avant ni beaucoup après, conduire le bulldozer vers la zone de décharge;

(3) chaque fois que l'on a déchargé une couche d'environ 30 cm d'épaisseur le long de la ligne inférieure, compacter les débris au moyen du bulldozer. Chaque fois que le bulldozer doit se déplacer d'une extrémité de la terrasse à l'autre, le faire toujours passer sur le bord de la banquette pour compacter;

(4) utiliser à chaque fois la lame oblique pour creuser environ« 40 à 50 cm. Continuer à creuser et à remblayer jusqu'à ce que l'on obtienne les pentes voulues, en dévers et longitudinalement. Sinon, indiquer la hauteur de remblai sur la ligne de jalons inférieure au moyen de rubans colorés servant de points de contrôle;

(5) ne creuser ni remblayer à l'endroit où l'on compte installer un passage d'eau et ne pas trop entamer le terrain à l'endroit du drain de pied;

(6) un contrôle très attentif est nécessaire. Se servir d'un niveau à lunette pour vérifier les pentes pendant la construction. Le nivellement et le planage finals doivent s'effectuer dès que l'on a contrôlé le niveau;

(7) façonner la pente du talus à 1/1.

4.4 Traitement du sol superficiel

La confection d'ouvrages met généralement à nu le sous-sol stérile, ce qui meut entraîner une baisse de production si l'on ne prend quelques précautions ou mesures améliorantes. L'une de ces méthodes est le traitement du sol superficiel. Quand il existe une couche de sol fertile, il est toujours bon d'effectuer un traitement du sol superficiel. Il existe deux moyens de le faire:

(1) Construire les terrasses en partant du bas et en remontant la pente. Quand l'ouvrage du bas est approximativement creusé, on pousse le sol superficiel qui se trouve plus haut et on l'étale sur la sole de la terrasse. De la même manière, le second ouvrage reçoit le sol superficiel qui le surplombe. on continue ainsi jusqu'au sommet de la colline et le dernier ouvrage est construit sans sol superficiel. Un bulldozer de taille moyenne mettra 8 heures de plus pour traiter 1 acre, ou 20 heures pour 1 hectare.

(2) La seconde méthode consiste à pousser le sol superficiel vers les extrémités avant de commencer à construire les ouvrages puis à le remettre en place quand l'excavation est terminée. Quand les terrasses sont construites à la main, on peut entasser le sol superficiel le long de la ligne médiane ou à intervalles déterminés, à condition que les ouvrages soient suffisamment larges.

5. PASSAGES D'EAU (WATERWAYS) ET ROUTES

5.1 Passages d'eau (ou voies d'eau, ou chemins d'eau)

Le passage d'eau fait partie intégrante de l'aménagement des terrasses dans les régions humides. Le plus souvent, une dépression naturelle non façonnée et non protégée n'offre pas une sécurité suffisante pour acheminer le ruissellement supplémentaire qui se concentre sur les ouvrages. Il faut en moyenne 100 m de passages d'eau par hectare. Pour des parcelles plus importantes, un même passage d'eau peut desservir jusqu'à 2 ha. Il faut parfois compter 150 à 200 pieds de voie d'eau par acre.

5.1.1 Préparation des passages d'eau

L'implantation et le type des passages d'eau pour un champ déterminé dépendent de la pente, de la vitesse et du volume du ruissellement, ainsi que des outils utilisés pour la culture. Il est toujours souhaitable de trouver une zone en dépression douce pour y placer la voie d'eau; ensuite on lui donnera forme et on reconstituera la végétation. Quand la vitesse d'écoulement dépasse 1,8 m/seconde, on aura généralement besoin de constructions pour assurer une protection complémentaire. Un passage d'eau gazonné, employé seul sur des pentes raides, par exemple à plus de 11º (ou 20 pour cent) offre rarement une sécurité suffisante. Dans les régions de collines escarpées, on ne peut éviter la construction d'ouvrages complémentaires.

Le passage d'eau se situe généralement à l'une des extrémités du champ; parfois, cependant, il faut en installer deux, un à chaque extrémité des terrasses, pour recevoir de gros débits et quand les terrasses ont plus de 100 m de longueur. Parfois, on peut installer un passage d'eau au milieu de la terrasse, ce qui laisse les deux extrémités libres pour les routes d'accès. On peut construire un passage d'eau en escalier (voir 5.1.2) dans le milieu, si l'on utilise des engins agricoles à quatre roues. Le même passage d'eau peut par ailleurs être utilisé comme voie d'exploitation du haut en bas des terrasses. Sur des pentes douces, on peut combiner passage d'eau et fossés routiers pour faciliter le passage des tracteurs.

La dimension du passage d'eau dépend des débits de pointe de la superficie drainée, mais cette question ne sera pas traitée ici. Il n'est pas indiqué, cependant, d'avoir des passages d'eau dépassant 3 m de largeur sur les petites exploitations, car elles enlèvent beaucoup trop de terrain à la production.

5.1.2 Types de passages d'eau et d'ouvrages

Il existe de nombreux types de passages d'eau qui varient selon les mat riaux disponibles, la forme du chenal, les buts recherchés et les besoins en ouvrages. Une voie d'eau peut aussi comporter de nombreuses sections différentes, variant avec les besoins de protection. Nous allons décrire brièvement quelques uns des principaux types de passages d'eau. Le tableau 5 indique leurs utilisations et limites approximatives.

(1) Passage d'eau enherbé: c'est un chenal de forme parabolique, tapissé de gazon bas ou du type à rhizome. Le chenal doit être façonné de manière à présenter un profil aussi uniforme et une pente transversale aussi homogène que possible. Sur les pentes douces, c'est le type de passage d'eau le moins coûteux et son entretien est aisé.

(2) Passage d'eau enherbé avec petits barrages: sur des pentes modérément raides ou dans un chenal de type discontinu, on peut utiliser, en combinaison avec le gazonnement, des petites chutes et des barrages bas dans les tronçons raides. Chaque ouvrage ne doit pas avoir plus de 2 m de hauteur et la pente transversale, entre le radier amont et le déversoir de l'ouvrage qui suit immédiatement, ne doit pas dépasser 3 pour cent si l'on veut être sûr de sa stabilité.

(3) Passage d'eau empierré sur pentes modérément raides également où l'on trouve de grandes quantités de pierres de la dimension d'une tète, un enrochement du chenal parabolique au moyen de pierres ancrées dans le sol peut assurer une bonne protection. Sur des pentes plus raides ou si le ruissellement est abondant, on utilisera un grillage métallique.

(4) Passage d'eau préfabriqué en béton: sur des pentes très raides ou s'il pleut si souvent que toute construction normale est impossible, les ouvrages préfabriqués, de forme parabolique ou en V, sont faciles à utiliser pour protéger la partie centrale du passage d'eau, les côtés étant préservés par du gazon. On peut aussi les utiliser dans les fossés où circulent de manière constante de petits débits provenant d'infiltrations ou de nappes souterraines.

Figure 5

OUVRAGES PREFABRIQUES EN BETON

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VUE LATERALE

Plan montrant comment placer le treillis métallique pour renforcer l'ouvrage

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VUE ISOMETRIQUE

(5) Passage d'eau en escalier: pour protéger les talus abrupts des terrasses, on utilise une série de chutes avec bassins, tandis que sur les terrasses horizontales on utilise des passages d'eau gazonnés, paraboliques, avec une pente transversale de 3 pour cent pour relier les chutes entre elles. La partie gazonnée des terrasses-banquettes peut être aisément franchie par un tracteur et les ouvrages installés sur les talus peuvent servir soit à recueillir les limons soit comme chemins. On les construit généralement au milieu des champs.

(6) Ensemble passage d'eau et fossé routier: combiner le fossé d'une route et le passage d'eau dans un même chenal sur une pente douce constitue une solution non seulement économique mais aussi favorable à la mécanisation à quatre roues. En ce cas, il faut donner à la route un profil déversé pour que l'eau de ruissellement de la route puisse s'écouler dans le chenal; le profil des terrasses doit, lui aussi, être incliné en direction du chenal. Celui-ci doit être de forme parabolique et protégé par un empierrement pour faciliter le passage des tracteurs.

(7) Ensemble chemin et chute: sur des versants très raides, où l'on ne peut utiliser la mécanisation, on peut construire une chute en maçonnerie ou béton, de forme rectangulaire ou trapézoïdale et pourvue de marches en son milieu; elle sert à la fois à évacuer le ruissellement et comme sentier. Cette solution est particu lièrement appréciée des petits cultivateurs.

5.1.3 Implantation des passages d'eau

(1) Façon: Les passages d'eau, quel que soit leur type, doivent être façonnés de manière aussi régulière que possible quant à leur profil et leur pente. Il faut éviter les virages brusques et ruptures de pentes soudaines sauf si l'on prévoit un bassin pour recueillir l'eau ou si l'on envisage de construire une chute. Les ouvrages doivent, dans la mesure du possible, être implantés dans des sols taillés dans la masse ou dans la roche. Dans de nombreux cas, on aura besoin de jalons, cordes ou arcs en bambou pour marquer la zone à façonner et les profondeurs. Il est important également de façonner le passage d'eau un peu plus bas que l'exutoire de la terrasse pour que l'eau puisse y pénétrer.

(2) Engazonnement: en principe, les herbes utilisées pour tapisser le passage d'eau doivent appartenir à une espèce locale et être du type à rhizome ou formant des mottes. Le semis revient moins cher que le revêtement avec mottes de gazon mais exige la confection de sillons peu profonds et un paillage au début de la saison des pluies. On peut assurer une protection rapide en plaçant un revêtement avec mottes de gazon en bandes. On utilise parfois des chevilles pour fixer les mottes. On peut aussi se servir des techniques d' "hydro-semis", décrites en détail dans une autre partie du manuel.

(3) Construction des ouvrages: en ce qui concerne la conception et la construction des chutes et ouvrages régulateurs, on consultera les autres sections du manuel ou un manuel ordinaire de génie civil. On peut voir à la figure 5, à titre de référence, un diagramme représentant un ouvrage préfabriqué en béton,destiné à un passage d'eau,de forme parabolique, utilisé en Jamaïque. Un sac de ciment dosé à 1/2/4 permet de construire trois ouvrages. N'importe quel travailleur agricole non qualifié peut, avec un cadre en bois, construire cet ouvrage.

Voici quelques principes importants relatifs à la construction des ouvrages:

(a) L'eau doit franchir les ouvrages et non les contourner. Cela peut être la cause la plus courante d'un mauvais fonctionnement. En ce qui concerne les chutes, les parois latérales doivent être suffisamment hautes pour diriger l'écoulement vers le déversoir et il faut prévoir des murs écrans en arrière sur les côtés et au-dessous de l'ouvrage pour empêcher l'eau de s'infiltrer. Quel que soit le type de chute, les murs-écrans sont toujours nécessaires.

(b) Les ouvrages doivent être construits dans un sol creusé et stable; les fondations doivent être suffisamment profondes et solides. Les chutes et les ouvrages plus élevés construits en blocs de ciment sont armés de barres d'acier ou de grillage métallique.

(c) Le radier ou bassin d'amortissement de la chute doit être solidement construit et suffisamment fort pour dissiper l'énergie de la chute d'eau et empêcher le sapement.

(d) Employer un mortier de suffisamment bonne qualité pour s'assurer que l'ouvrage sera imperméable et ne laissera pas passer l'eau, ce qui provoquerait des fuites.

(e) Une fois l'ouvrage construit, tasser solidement la terre tout autour et en arrière pour empêcher la formation de fissures.

(f) Placer des mottes de gazon à la jonction de la terre et de l'ouvrage pour éviter une érosion en tunnel.

5.2 Voies d'accès

Les voies d'accès sont également un élément essentiel des programmes d'aménagement d'un réseau anti-érosif. Bien que la construction de routes soit traitée dans une autre partie du Manuel, les sections qui suivent apportent des éléments importants en ce qui concerne leur conception et leur tracé en relation avec les ouvrages anti-érosifs construits.

5.2.1 Pour la culture mécanisée

L'emploi de machines agricoles à quatre roues suppose l'existence de voies d'accès à la zone en terrasses. Sur des pentes assez douces, on peut construire les routes allant du haut en bas des collines. Sur des pentes plus raides, il faut les construire en diagonale en travers du terrain. La pente maximale autorisée,quand on emploie des tracteurs, est de 7 à 8º (12 à 14 pour cent). Les terrasses pouvant être utilisées comme voies d'accès, il n'est pas nécessaire d'avoir des chemins transversaux. D'une manière générale, 200 m de voie d'accès à l'hectare devraient amplement suffire, même en terrain accidenté et raide. Une largeur de 3,4 m convient.

Il existe quatre types de chemins que 1 'on peut utiliser pour faire face aux différentes conditions du terrain et aux exigences de la mécanisation. Ce sont:

(1) Le système à deux chemins: deux chemins orientés dans le sens de la pente raccordent chaque extrémité des terrasses, faisant approximativement un angle droit avec elles. C'est le système idéal pour la culture mécanisée sur des pentes douces (inférieures à 10º ou 18 pour cent). Si l'on a de grandes parcelles, chaque chemin peut desservir deux côtés.

(2) Le système à un chemin avec virages en épingle à cheveu: si les pentes sont modérément raides ou l'on n'a pas suffisamment de place pour le premier système, on peut construire un chemin raccordant un côté des terrasses tandis que, de l'autre côté, une petite route en épingle à cheveu relie les ouvrages deux à deux pour permettre aux tracteurs de virer.

(3) Le système à un seul chemin: si les soles des terrasses sont suffisamment larges pour que le tracteur puisse tourner, il suffit dl un chemin reliant une extrémité de chaque terrasse. Dans le cas de pentes plus raides et de collines rondes, le chemin peut traverser le terrain en diagonale.

(4) Le système de l'hexagone: comme nous l'avons expliqué plus haut, ce système convient particulièrement aux grandes exploitations et à la culture complètement mécanisée des vergers.

5.2.2 Pour la culture manuelle ou attelée

Les besoins en voies d'accès de la culture manuelle ou de la culture attelée sont moins stricts. Une largeur de 2 m devrait suffire et le gradient (Je la route peut atteindre 15º (26,8 pour cent) ou même davantage. Il faut environ 100 à 150 m de chemins pour un hectare.

6. PROTECTION ET ENTRETIEN

La réussite du programme global de terrassement exige absolument que 'L'on prenne des mesures de protection et que l'on assure, par la suite, l'entretien des terrasses, voies d'eau et routes nouvellement construites. Les ouvriers agricoles et les cultivateurs doivent surveiller avec soin la zone -traitée pendant les deux premières saisons pluvieuses. Un dégât mineur doit immédiatement être réparé avant qu'il ne s'aggrave. "Un point à temps en épargne cent!''. De nombreux programmes de terrassement ont échoué en raison, non d'un défaut de conception ou de construction, mais de négligences sur le plan de la protection et de l'entretien.

6.1 Mesures de protection

6.1.1 Protection des terrasses

(1) Après avoir convenablement façonné les talus, il faut les enherber par semis ou hydro-semis. Des espèces locales, du type à rhizome, sont de beaucoup préférables aux espèces hautes,bien que ces dernières puissent produire du fourrage pour le bétail. La figure 6 montre des talus de terrasses bien protégés par un gazon tapissant (Axonopus compressus).

(2) Les exutoires des terrasses, qui constituent toujours un point critique, doivent être bien protégés soit par des plantes herbacées formant des mottes, soit par de petits ouvrages régulateurs (on utilise une pierre ou une brique pour faire barrage).

(3) Sur la partie de l'ouvrage anti-érosif que traverse une voie d'eau en escalier, il faut aussi implanter des plantes herbacées.

(4) Entre les terrasses du type discontinu, il faut prévoir des traitements auxiliaires de conservation des sols, ou bien les enherber.

6.1.2 Protection des passages d'eau

(1) Dans la plupart des cas, on met en place des plantes herbacées pour protéger le chenal ou une partie de celui-ci. En saison pluvieuse, un support mécanique est parfois nécessaire et l'on emploie par exemple des chevilles pour ancrer les mottes ou un paillage dans le cas de semis.

(2) Il faut empêcher toute autre utilisation des voies d'eau, telle que circulation ou transport de matériaux.

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Figure 6

Terrasses sur une pente à 15 à 20º. On note la protection des talus au moyen d'un tapis gazonné et la voie d'eau en escalier au milieu. (Secteur de démonstration du bassin versant de Smithfield, Jamaïque).

6.1.3 Protection des routes

(1) Les accotements non stabilisés doivent être protégés par diverses méthodes, par exemple par clayonnage et piquetage, revêtement en mottes gazonnées ou "hydrosemis" etc.; ces méthodes sont décrites dans d'autres chapitres.

(2) La chaussée des chemins en pente raide doit être protégée soit par du gazon, soit par de la marne ou des pierres. De toute manière, des drains transversaux sont nécessaires. On peut déterminer l'écartement entre les drains d'après la formule ci-après, qui est une variante de celle qu'utilisent les Services forestiers des Etats Unis et qui a donné de très bons résultats en Jamaïque:

I = 800/S

I = l'intervalle le long de la chaussée, en pieds

S = la pente mesurée en %.

(3) Les fossés des routes en pente raide doivent être protégés par un enrochement ou une combinaison de gazon et de petits barrages en enrochement. La communication de Megahan ci-incluse (Vol. 1 Chap. XIV) contient d'autres détails sur la protection des routes.

6.2 Entretien

Un total de 30 hommes/jour par an doit suffire pour entretenir un hectare de terrasses, soit 12 hommes/jour par acre. Il en faut beaucoup moins pour les fossés isohypses, les terrasses-vergers, etc.

6.2.1 Entretien des terrasses

(1) Soles cultivables:

(a) Conserver les drains de. pied toujours libres et avec la pente voulue, ne tolérer d'accumulation d'eau en aucun point des ouvrages.

(b) Laisser tout le ruissellement se rassembler dans le drain de pied pour qu'il soit évacué en toute sécurité vers la voie d'eau protégée. Briser les obstacles tels que buttes ou planches continues pour que l'eau puisse se déverser dans les drains de pied.

(c) Eliminer les herbes et mauvaises herbes.

(d) Entretenir le dévers des soles ou impluviums et les remodeler tout de suite après la moisson. Les labours doivent être effectués soigneusement de manière à ne pas détruire les drains de pied et le dévers.

(2) Talus:

(a) Ne pas laisser le ruissellement se déverser par-dessus les talus.

(b) Favoriser la croissance des plantes herbacées sur les talus. Les mauvaises herbes et les vignes qui menacent l'existence du tapis herbacé doivent être coupées ou déracinées. Ne pas laisser les herbes pousser trop en hauteur et leur mettre de l'engrais.

(c) Réparer immédiatement la moindre rupture ou chute du talus.

(d) Eloigner le bétail pour éviter qu'il ne piétine les talus ou ne mange l'herbe.

(3) Exutoires

(a) Vérifier l'état des exutoires et voir s'ils sont convenablement protégés.

(b) Enlever les limons qui peuvent se déposer dans les canaux.

(4) Productivité du sol

(a) Procéder à un labour profond, un scarifiage ou un soussolage sur la partie creusée de la sole cultivable pour améliorerla structure des sols.

(b) Appliquer également des engrais verts, des composts ou des boues au début pour améliorer la fertilité du sol.

(c) Entretenir la productivité du sol en choisissant l'assolement qui lui convient et en apportant des engrais.

6.2.2 Passages d'eau ( waterways)

(1) Veiller à ce que l'eau s 'écoule dans les passages d'eau et ne contourne pas l'ouvrage ou ne passe pas au-dessous. Si l'on détecte des ruptures, réparer immédiatement.

(2) Enlever les buissons ou plantes adventices importantes avant qu'ils n'affaiblissent l'enherbement. La voie d'eau doit conserver sur toute la longueur un tapis gazonné dense et bas, aussi homogène que possible pour éviter un écoulement turbulent.

(3) Inspecter les ouvrages au moins deux fois l'an, une fois avant la saison des pluies et une fois après les pluies. Réparer les fissures, galeries et ruptures mineures sur ou autour de l'ouvrage avant que les dégâts ne deviennent trop importants ou très sérieux.

(4) Curer les limons pris dans les bassins de décantation. Eventuellement, replacer le limon sur les soles de culture.

(5) Maintenir les pierres correctement fixées dans les voies d'eau empierrées.

6.2.3 Chemins et voies d'eau

(1) Entretenir le profil des drains transversaux et curer les limons des drains après de fortes pluies.

(2) Empêcher que de gros camions n'empruntent les routes quand elles sont trop humides ou meubles.

(3) Veiller à ce que les dalots et fossés latéraux restent toujours dégagés.

(4) Remodeler la chaussée dès qu'apparaît une érosion en ornière, provoquée soit par le passage de véhicules à roues soit par les sabots des animaux.

7. COUTS ET BENEFICES

7.1 Coûts

7.1.1 Coût de l'aménagement en terrasse

Le Coût de l'aménagement en terrasse par unité de superficie dépend de la pente, du sol, du type des ouvrages, de leur largeur, de la présence de roches ou de souches d'arbres, ainsi que des outils employés pour les construire. Si la largeur est imposée, plus la pente sera raide, plus les travaux clé terrassement seront coûteux. Si c'est la pente qui est imposée par contre, plus la sole cultivable sera large plus elle coûtera cher, bien que le pourcentage de sole (surface horizontale) par unité de superficie soit le même. Si les volumes à déblayer sont les mêmes, des ouvrages construits avec des moyens mécaniques reviennent généralement moins cher que ceux faits à la main. biais les types de routes et de voies d'eau imposés par la culture mécanisée peuvent influer très sensiblement sur le coût global. Les ouvrages du type discontinu, c'est-à-dire les fossés isohypses, les terrasses-vergers, etc., sont généralement beaucoup moins coûteux que les terrasses en escalier.

La figure montre des exemples des volumes de sol à déblayer et remblayer par hectare et par acre pour un type d'ouvrage: les terrasses en escalier. La Figure 3 donne l'équation qui sert à calculer les volumes. En matière de conception et de construction des terrasses, le volume des déblais doit être égal à celui des remblais de manière qu'on n'ait pas à emprunter ailleurs un supplément de sol ni à évacuer un excédent. Quand on calcule le volume, il n'est donc nécessaire de déterminer qu'un seul élément, le volume des déblais.

Une fois les volumes calculés ou évalués d'après les tableaux de spécification (voir 2.2.9), on calculera facilement le coût des fouilles correspondant à divers types de terrasses en utilisant l'équation ci-après:

C = v/T  x  R

C =coût des excavations

v = volume des déblais et remblais

T = production par homme/jour ou par heure d'engin

R = salaire par homme/jour ou tarif horaire.

La production par homme/jour ou par heure d'engin est fonction de l'emplacement, de l'efficacité du travail et de l'outillage utilisé. En moyenne, un homme muni d'outils à main peut creuser et remblayer quatre mètres cubes en une journée (huit heures); un bulldozer D-6 peut terrasser 42 mètres cubes à l'heure; un homme muni d'outils attelés (charrue et scraper Fresno) peut creuser et remblayer 16 mètres cubes. En ce qui concerne les cuvettes individuelles (impluviums) faites à la main en une journée, un homme peut en confectionner environ 18 ayant 1,5 mètre de diamètre.

Un hectare de terrasses en escalier de 4,6 mètres sur une pente à 15 degrés par exemple peut nécessiter 425 hommes/jour, 47 heures de bulldozer ou 106 journées d'animal. Il ne faut que 41 hommes/jour pour réaliser un hectare de fossés isohypses de 1,8 mètre sur la même pente.

7.1.2 Coûts annexes et coûts annuels

Les coûts des voies d'eau et des routes varient d'un champ à l'autre. En général, les terrasses construites en vue de la culture mécanisée devraient coûter davantage en passages d'eau et construction de routes. si un hectare de terrasses en escalier nécessite 100 mètres de voies d'eau et 200 mètres de route (voir 5.1 et 5.2), on peut évaluer le coût d'après la main d'oeuvre et les matériaux nécessaires à la construction. on peut également estimer, d'après les besoins réels, d'autres coûts liés par exemple à la consolidation des talus, l'amélioration du sol (coût facultatif), l'entretien des ouvrages, etc.

Le Tableau 6 offre un exemple des coûts totaux et annuels relatifs à l'aménagement de terrasses en escalier en Jamaïque (voir référence bibliographique 9). Bien que les chiffres,se rapportent à 1971, les taux de salaire et de mécanisation sont assez voisins dès taux pratiqués dans la plupart des pays en développement à l'heure actuelle. Le coût annuel de 70 à 80 dollars E.U. par acre ou de 175 à 200 dollars E.U. par hectare, respectivement, avec ou sans amélioration du sol, devrait représenter une estimation assez juste. En ce qui concerne les terrasses étroites de type discontinu, le coût annuel sera bien moins élevé car les frais d'excavation et d'entretien sont peu importants.

Dans beaucoup de pays en développement, les petits cultivateurs peuvent utiliser leur propre main-d'oeuvre pour réaliser des travaux d'aménagement sur leurs exploitations, progressivement,en quatre ou cinq ans, en ayant recours aux services techniques et aux aides diverses comme,par exemple, subventions et ciment fournis par le Gouvernement. Ces travaux d'aménagement n'écraseront pas l'agriculteur si les coûts,représentés essentiellement par une main-d'oeuvre familiale et les matériaux de l'exploitation, peuvent être étalés sur un certain nombre d'années.

7.2 Bénéfices

7.2.1 Augmentation de la production agricole

On peut attendre de la construction de terrasses une augmentation de la. production agricole de 20 à 30% en moyenne. Elles conservent les engrais, l'humidité et les sols superficiels et améliorent progressivement la fertilité. Elles favorisent également une meilleure culture et un meilleur aménagement. Dans de nombreux cas, la production par unité de superficie a plus que doublé. Ainsi, le Projet PNUD/FAO de mise en valeur des forêts et d'aménagement des bassins versants en Jamaïque a, dans son secteur de démonstration de Smithfield, triplé la production des ignames Lucea comme des ignames jaunes (Dioscorea spp.) dans les zones nouvellement aménagées. Le profit net par acre d'ignames, déduction faite du coût annuel d'entretien des terrasses, se situe autour de 750 dollars E.U.

7.2.2 Protection contre l'érosion

Les études réalisées dans de nombreux pays tropicaux humides sur des parcelles expérimentales ont montré que, comparés aux modes traditionnels de culture sur versants, les divers types de terrasses et banquettes permettaient de réduire dans une proportion considérable la perte de sol.

Par exemple, les résultats d'une expérience poursuivie pendant quatre ans sur la perte de sol intéressant un versant de 17º, planté en igname jaune, dans le nord-ouest de la Jamaïque, où la pluviométrie annuelle est de 3 250 millimètres, ont montré que la perte moyenne de sol sec par acre et: par an dans la parcelle témoin était de 54 tonnes, tandis qu'elle était de 7 tonnes sur la parcelle traitée en terrasses. Les fossés isohypses, avec billons ou buttes isolées, ont perdu 11 et 16 tonnes respectivement. Dut point de vue de l'épaisseur du sol, la parcelle témoin a perdu 1,1 centimètre l'an, tandis que les terrasses en ont perdu 0,15 centimètre.

7.2.3 Autres avantages

Outre ces bénéfices, les réseaux anti-érosifs présentent bien d'autres avantages. Ils ont notamment pour effet de:

Figure 7

VOLUMES DE SOL A DEBLAYER ET REMBLAYER A L'HECTARE POUR LA CONSTRUCTION

DE TERRASSES EN ESCALIER

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A longue échéance, un réseau anti-érosif contribue à conserver pour l'avenir les ressources en terre et en eau du pays, en vue d'une production soutenue. Il est comparable aux programmes de santé publique ou de défense nationale qui sont tous nécessaires à une nation. Il est peut-être plus approprié d'analyser un tel programme sous l'angle coût-efficacité que du point de vue traditionnel de la rentabilité, coût-bénéfice.

En un moment où le monde entier est perturbé par des pénuries alimentaires et la dégradation de l'environnement et où beaucoup de pays en voie de développement ont des chômeurs ou des terres en friche dans des bassins versants au relief accidenté, l'aménagement de réseaux anti-érosifs représente l'une des meilleures solutions.

8. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

(1)

FAO 1965 Soil erosion by water.  Agricultural Development Paper  No. 81, FAO, Rome
(2) Hudson, N.1971 Soil conservation. B.T. Batsford Ltd., London
(3) Japan Agricultural Land Development and Farm Machinery Corporation.1967 Design outlines for construction of farmland and land préparation (in japanese), Tokyo.
(4) Liao, M.C.1970 A compréhensive review of soil conservation practices in Taiwan. Quarterly Journal of Chinese Forestry. Vol. 3, No. 1, p. 1-38 (in Chinese), Taipei, Taiwan.
(5) Maher, C.1973 Soil conservation 4: bench terracing. World crops. July/August 1973, p. 202-206.
(6) Phelan, J.T.1960 Bench levelling for surface irrigation and erosion control. Transactions of the American Soc. of Agric. Engr. 1960. p. 14-17.
(7) Powell, W.I.1974 Hillside agriculture in demonstration watersheds in Jamaica. UNDP/FAO Jamaica 505 Project, Technical Report 11.
(8) Schwab, O.G. and R.K.1968 Frevert et al. Soil conservation engineering (2nd Ed.). John Willey & Sons, Inc.
(9) Sheng, T.C.1972 Bench terracing. IN Report on the Latin American Water shed Management Seminar.FAO No. TA 3112: p. 144-155.
(10) Sheng, T.C.1972 A treatment oriented land capability classification scheme. IN Report on the Latin American Watershed Management-Seminar. FAO No. TA 3112: P. 156-173.
(11) Sheng, T.C. & T. Michaelsen.1973 Runoff and soil loss studies in yellow yams. UNDP/FAO Jamaica 505 Project Working Document.
(12) Sheng, T.C. & H.R. Stennett. 1975 Lecture notes: watershed management and soil conservation training course. UNDP/FAO Jamaica 505 Project Working Document.
(13) Stallings, J.H. 1959 Soil conservation. Prentice-Hall, Inc.
(14) U.S. Department of Agriculture.1954 A manual on conservation of soil and water. Agricultural Handbook No. 61. Washington, D.C.
(15) UNDP/FAO 1973 JAM 505 Project. Specification tables for soil conservation treatments.

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Figure 8. Principaux types de voies d'eau (voir Tableau 5).

 

Tableau 1

SPECIFICATIONS RELATIVES A SIX TYPES DE TERRASSES ET APPLICATIONS

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Tableau 2

ECARTEMENT DES FOSSES ISOHYPSES EN FONCTION DE LA PENTE

Pente

Intervalle vertical

Ecartements ou distance inclinée

Degré (º)

Pour cent (%)

(m)

(m)

1 1,8 0,77 44,2
2 3, 5 0,93 26,5
3 5,2 1,08 20,7
4 7,0 1 25 17,7
5 8,6 1,40 15,8
6 10,5

1,57

14,9
7 12,3 1 73 14,0
8 14,1 1,90 13,4
9 15,8 2,05 13,1
10 17,6 2,22 12,4
11 19,4 2,38 12,2
12 21,3 2,56 12,2
13 23,1 2,72 11,9
14 24,9 2,88 11,9
15 26,8 3,06 11,6
16 28,7 3,23 11,6
17 30,6 3,41 11,6
18 32,5 3,58 11,6
19 34,4 3,76 11,6
20 36,4 3,94 11,3
21 38,4 4,12 11,3
22 40,4 4,30 11,3
23 42,4 4,49 11,3
24 44,5 4,67 11,3
25 46,6 4,87 11,3

Remarques:

1. Les écartements doivent être réduits dans la proportion de 25 pour cent ou augmentés de 10 pour cent pour tenir compte des conditions du sol, du climat, de la culture et des conditions agronomiques.

2. De 1 à 6 degrés, l'écartement sera le même que pour les terrasses à large emprise.

Tableau 3

HAUTEUR DES TALUS ET PROFONDEUR MINIMUM DE SOL POUR QUELQUES

PENTES  DU TERRAIN ET LARGEURS DE SOLES CULTIVABLES

Largeur des soles cultivables (Wb)

Pente

Hauteur du talus

Profondeur minimum du sol 1/

Remarques

1. Terrasses        
  2,5 m

18º (32,5%)

1,17 m

59 cm

Faites à la main
   

25º (46,6%)

1,87 m*

93 cm

Faites à la main
  3,4 m

11º (19,4%)

0,93 m

46 cm

Faites à la main
   

20º (36,4%)

1,84 m*

92 cm

Faites à la main
  4,15 m

14º (24,9%.)

1,74 m*

87 cm

Construites avec des machines
  5,13 m

12º (21,3%)

1,85 m*

92 cm

Construites avec des machines
  7,0 m

10º (17,6%)

1,84 m*

92 cm

Construites avec des machines
2. Fossés isohypses        
  1,8 m

11º (19,4%)

0,30 m

30 cm

Faits à la main
   

18º (32,5%)

0,48 m

48 cm

Faits à la main
   

25º (46,6%)

0,75 m

75 cm

Faits à la main
3. Terrasses-vergers        
  1,8 m

29º (55,4%)

0,97 m

97 cm

Faites à la main
  2,5 m

25º (46,6%)

0,93 m

93 cm

Faites à la main
4. Mini-terrasses de culture et hexagones        
  3,4 m

11º (19,4%)

0,49 m

49 cm

Construites avec des machines
   

18º (32,5%)

0,89 m

89 cm

Construites avec des machines

* A la limite de la hauteur du talus

1/ En raison des calculs et des conversionsp les mesures et dimensions précises indiquées ici devront être arrondies pour utilisation sur le terrain.

Tableau 4A

EXEMPLE DE TABLEAU DES SPECIFICATIONS

Spécifications relatives aux terrasses construites avec des moyens mécaniques

Dévers : 5%
Pente du talus: 1/1

X010F86b.gif (49537 bytes)

Publié en 1973 par le projet PNUD/FAO JAM 505.

* Note de la Rédaction FAO: 1 pied = (1 foot) = 0,305 m
1 pied carré = (1 square foot) = 0,0929 m2
1 pied cube =  (1 cubic foot) = 0,0283 m3
1 yard cube = (1 cubic yard) = 0,764 m3.

Tableau 4B

EXEMPLE DE TABLEAU DES SPECIFICATIONS

Spécifications relatives aux fossée isohypses

Largeur:

1,80 m

Dévers:

10 %

Pente du talus:

0,75 /1.

X010F86c.gif (17848 bytes)(41)

X010F86d.gif (17921 bytes)

Publié en 1973 par le projet PNUD/FAO JAM 505.

* Note de la Rédaction FAO: 1 pied = (1 foot) = 0,305 m
1 pied carré = (1 square foot) = 0,0929 m2
1 pied cube =  (1 cubic foot) = 0,0283 m3
1 yard cube = (1 cubic yard) = 0,764 m3.

Tableau 5

PRINCIPAUX TYPES DE PASSAGES D'EAU: UTILISATIONS ET LIMITES 1/

Type

Forme

Protection du chenal

Vitesse unité

Fente limite

Utilisations

1. Passage d'eau gazonné Parabolique

Gazon

1,8 m/s

<11º (20%)

Pour un passage d'eau nouvellement construit ou dépression à pente uniforme
2. Passage d'eau gazonné avec chutes Parabolique Gazon et ouvrages en béton ou maçonnerie 1,8 m/s

Entre deux ouvrages: 3%, pente générale <11º (20%)

Pour un chenal du type discontinu
3. Passage d'eau empierré Parabolique Pierres ou pierres et grillage métallique 3 m/s

<15º (26%)

Quand on dispose de pierres
4. Passage d'eau préfabriqué en béton

a. Passage d'eau parabolique

b. Chute à seuil en V

 

 

Parabolique

Seuil en V 90º

 

 

Ouvrages en béton et gazon

Ouvrages en béton et gazon

 

 

-

-

 

 

<20º (36%)

> 20º (36%)

Un bassin de dissipation de l'énergie est généralement nécessaire à l'extrémité

Quand les pluies sont fréquentes et les débits constants

Comme ci-dessus et sur des pentes très raides

5. Passage d'eau en escalier Parabolique et rectangulaire Gazon et chutes en béton ou maçonnerie Sur la partie gazonnée 1,8 m/s Pente générale 

< 20º (36%)

Pour la culture mécanisée avec engins à 4 roues et au milieu des terrasses
6. Ensemble passage d'eau et fossé de route Parabolique Gazon et enrochement 3 m/s

< 8º (14%)

Pour le passage des tracteurs et la culture mécanisée avec engins à 4 roues
7. Ensemble chemin et chute Trapézoidale ou rectangulaire Ouvrage en béton ou maçonnerie

-

>20º (36%)

Comme chemins sur de petites exploitations, et sur les versantstrès raides

1/ Ces limites sont des approximations présentées à titre général. Dans la pratique, il faut tenir compte du volume et de la vitesse du ruissellement ainsi que des conditions du site pour déterminer le type de voie d'eau nécessaire. La plupart de ces types de voies d'eau peuvent recevoir le ruissellement de quelques hectares.

Tableau 6

COUTS TOTAUX ET COUTS ANNUELS D'AMENAGEMENT D'UN ACRE 1/ DE TERRASSES

SUR PROPRIETES PRIVEES ET TERRES DOMANIALES

Construction de soles cultivables de 4,6 m de largeur sur une pente à 13º (23%)

 

A la main

Avec machines

Superficie nette

Volume à déblayer et remblayer

0,80

798 yd3 (610 m3)

0,74

785 yd3 (600 m3)

 

A la main (privées)

Avec machines (terres domaniales)

A. Aménagement des terrasses
1. Construction
2. Consolidation des talus
3. Amélioration de la fertilité du sol
 
(177 m/d x 2,00$) 2/
354,00 $ J 2/
(2 m/d x 2,00$J) 4,00
(50,00)(facultatif)
 
(16,2 h. x 10,008) 162,00 $ J
(10 m/d x 2,33$J) 23,30
(100,00)(facultatif)

Total partiel

358,00 (408,00) 185,30 (285,30)
B. Voie d'eau et route:

1. Voie d'eau

2. Route

 

80,00

 

130,00

71,70

Total partiel

80,00 201,70

COUT TOTAL

438,00$J 387,00$J
C. Intérêt et amortissement 4/ 35,30 31,20
D. Entretien annuel (15 m/d x 2,00$) (15 m/d x 2,33$)
COUT ANNUEL TOTAL 65,30$J 66,20$J
(Avec amélioration de la fertilité du sol) (69,30$J) (74,30$J)

1/ 1 acre = 0,4046 hectare

2/ Les salaires sont de 2,00$J par homme-jour sur les propriétés privées et de 2,33$J sur les terres domaniales

3/ 1,00$J = 1,10$ E.U.

4/ Amortissement sur 30 ans et intérêts à 7 pour cent.

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