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5. DISCUSSION ET CONCLUSIONS

5.1 Matériel de prospection et méthodes

Cette septième prospection acoustique des ressources halieutiques du lac Kivu, est une preuve éclatante de la supériorité du matériel moderne par rapport aux techniques en cours lors des précédentes prospections, particulièrement l'utilisation du système de comptage des échos HADAS et le traitement informatisé. le fait que les estimations de populations puissent être réparties en fonction de la taille des poissons et par tranches de profondeur, font de cette méthode un outil performant pour l'évaluation détaillée et la gestion des stocks. Dans cette optique un suivi de cette opération par un programme intensif de prospection sur une année devrait permettre d'améliorer nos connaissances sur les variations de l'abondance de la population d'isambaza pour mieux comprendre la variabilité qu'elle induit sur la pêcherie du lac Kivu.

5.2 La biomasse du stock

L'estimation actuelle de 3039 tonnes est bien inférieure au niveau des estimations antérieures effectuées entre 1984 et 1986, qui s'élevait à 7500 tonnes (LAMBOEUF, 1989). Cette différence importante reflète-t-elle la réalité, ou est-elle la conséquence de l'utilisation d'appareils et de méthodes différentes entre les premières prospections d'une part et cette dernière?

Mis à part le fait que les sondeurs utilisés dans les prospections différentes étaient différents, la méthode utilisés dans les pour les premières prospections (JOHANNESSON, 1985), est une méthode hybride, basée sur la répartition de la densité en trois catégories. Les échos de poissons sont comptés visuellement sur l'enregistrement pour la catégorie la moins dense, pour les deux catégories suivantes, on a utilisé des données de l'écho-intégrateur en combinaison avec une détermination subjective de la densité. La méthode actuelle, on l'a vu, fait aussi appel au comptage des poissons, mais celui-ci est effectué par un ordinateur.

Un poids moyen de 7,18 g a été utilisé dans les calculs précédents alors que ce poids a été évalué à 1,56 g au cours de la présente prospection. Cette différence importante est à relier à l'hypothèse de la répartition dans le lac des juvéniles ou pré-recrues (2 – 4cm), prise alors. On pensait que les juvéniles ou occupaient exclusivement la zone très côtière qui ne représente qu'environs 10% de la superficie totale du lac, et que la surface qui avait été réellement prospectée, ne couvrait pas ou très peu cette zone côtière. Dans ces conditions on avait utilisé un poids moyen établi sur la base des échantillons des captures, qui elles portaient sur des poissons de 4 à 12 cm. Grâce à la technologie actuelle, la dernière prospection nous a permi de compter le nombre de poissons du groupe des pré-recrues, et nous avons pu nous apercevoir que leur distribution s'étend sur toute la surface, les tableaux des appendices 8 et 9 permettent de le mettre en évidence.

Le poids moyen de 1,56 g a été obtenu par mesure directe au moyen du sondeur et du système de traitement, il est representatif de la totalité du lac et de l'ensemble des tailles de poissons présents dans le lac au moment de la prospection. Il est aussi en accord avec d'autres mesures effectuées au lac Kariba (LINDEM 1988).

On peut donc dire, sous reserve de confirmation par les prospections suivantes, que les biomasses estimées au cours des prospections précédentes étaient surestimées par rapport à la présente, en raison des poids moyen individuel du poisson utilisé pour la transformation de l'abondance numérique en abondance pondérale.

La densité moyenne le long de chaque radiale varie entre 4,4 kg/ha à la radiale 19, et 40,8 kg/ha à la radiale 15. Les densités les plus hautes se situent dans la partie sud du lac. Dans la partie nord, des densités de 21,6 kg/ha et 23,3 kg/ha ont été mesurées pour les radiales 40 et 6a respectivement. la densité pour la totalité du lac calculée en divisant la biomasse totale 3039000 kg par la surface totale 237000 ha est de 12,82 kg/ha. Ces densités sont faibles comparées à des évaluations obtenues récemment lors d'une prospections sur le lac Kariba en Zambie et Zimbabwe (LINDEM, 1988), où la densité de Limnothrissa miodon varie de 16 à 76 kg/ha. Cependant une autre prospection dans le lac Cahora Bassa au Mozambique, (LINDEM, 1983), a obtenu des valeurs beaucoup plus faibles de 10 à 23 kg/ha.

En ce qui concerne la distribution géographique. cette prospection confirme les résultats précédents, c'est a dire que les isambazas son repartis de façon assez homogène sur toute la surface du lac. Les tableaux des APPENDICES 8 et 9 mettent bien en évidence ce résultat. La distribution verticale montre une relation quasiment linéaire entre l'abondance et la profondeur, avec la valeur la plus haute de 932 tonnes (30,7%) dans l'intervalle 2–16m, et la plus faible de 545 tonnes (17,9%) dans l'intervalle 44–58m, (FIGURE 10 et APPENDICE 8).

Enfin il convient de souligner que nos observations ne permettent pas de conclure à une diminution de la population d'isambaza dans le lac depuis 1984.


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