C 2003/INF/6


Conférence

Trente-deuxième session

Rome, 29 novembre – 10 décembre 2003

PRIX B.R. SEN (2002 ET 2003)


1. À sa quatorzième session (novembre 1967), la Conférence de la FAO a décidé qu'en considération du rôle joué par l'ancien Directeur général, M. B.R. Sen, dans la transformation de la FAO d'organisme de recherche en institution de développement, un prix B.R. Sen serait attribué au début de chaque session ordinaire de la Conférence. À sa cinquante et unième session (octobre 1968), le Conseil a ratifié la proposition d'attribuer un prix annuel au fonctionnaire de terrain ayant le plus contribué au développement du pays ou du groupe de pays auxquels il (elle) était affecté(e), en particulier dans les domaines du développement agricole et rural durable ou de la sécurité alimentaire.

2. Tout fonctionnaire de terrain de la FAO ayant occupé un poste sur le terrain dans le cadre de l'un quelconque des programmes exécutés par la FAO pendant l'année où le prix est attribué peut être candidature.

3. Le prix consiste en:

4. Avant la Conférence, le Comité du prix B.R. Sen, présidé par le Directeur général et composé du Président indépendant du Conseil et des Présidents du Comité du Programme et du Comité financier, désigne le candidat à partir de la liste restreinte établie par le Comité de sélection interdépartemental1 et après avoir consulté le gouvernement des pays où les candidats sont ou ont été affectés.

5. Les prix pour 2002 et 2003 seront remis lors d'une cérémonie spéciale qui aura lieu au début de la trente-deuxième session de la Conférence de la FAO. Pour 2002, le lauréat est M. Narendra Singh Tunwar (Inde) et le lauréat pour 2003 est M. James William Everts (Pays-Bas). On trouvera ci-après de brèves notices sur les deux lauréats et sur leurs activités.

M. Narendra Singh TUNWAR

1. M. Narendra Singh Tunwar est né le 2 août 1942 en Inde. Il est titulaire d'une maîtrise en agronomie et d'une spécialisation en technologie des semences de l'Université Massey en Nouvelle-Zélande.

2. Avant d'entrer à la FAO, M. Tunwar a travaillé pendant 14 ans pour la National Seed Corporation en Inde. Il a ensuite été nommé Vice-Commissaire et Secrétaire du Conseil indien de certification des semences, poste qu'il a occupé de 1979 à 1992.

3. En 1991, M. Tunwar est entré à la FAO en tant que Conseiller technique principal pour plusieurs projets financés par le PNUD, à savoir:

Il est actuellement Conseiller technique principal pour le projet GCP/AFG/018/EC - Renforcer les capacités nationales de production de semences pour le projet GCP/AFG/025/GER - Élaboration d'un programme semencier durable dans le Sud de l'Afghanistan.

4. M. Tunwar travaille depuis une dizaine d'années dans des conditions éprouvantes en Afghanistan à la formation et à la constitution d'un cadre d'experts nationaux dévoués (plus de 50 cadres nationaux). En 2002, son travail a abouti à la production, par le projet et ses partenaires d'exécution, de plus de 10 000 tonnes de semences de qualité déclarée à usage interne. Ces semences ont été produites à partir des 27 variétés/lignées améliorées de qualité exceptionnelle obtenues par le projet, dont 15 pour le blé.

5. Avant l'arrivée de M. Tunwar, le secteur semencier afghan végétait. M. Tunwar a créé, avec le Ministère de l'agriculture et de l'élevage, l'Entreprise d'amélioration des semences (Improved Seed Enterprise ou ISE). Cette organisation paraétatique visait à produire des variétés locales de semences de blé de qualité exceptionnelle, qui sont très demandées des agriculteurs. Avec cinq unités de production opérationnelles dans le pays et plusieurs autres sont en construction, l'ISE a pu coordonner les activités de production de semences et tirer plus de 4 millions de dollars E.-U. de la vente des semences sous le contrôle du Comité de gestion des fonds (FMC). Celui-ci a été mis en place par M. Tunwar pour assurer la transparence des opérations financières et superviser l'utilisation des recettes générées par la vente des semences et des engrais dans le cadre du projet. Ceci a conduit, en outre, à l'expansion du programme semencier et à l'achat du matériel nécessaire. M. Tunwar a également posé les fondements d'une politique nationale en matière de semences, ainsi que d'une législation et d'une loi sur les semences.

6. Ses autres réalisations incluent:

7. La connaissance qu'a M. Tunwar des problèmes de développement agricole de l'Afghanistan et son habileté à trouver des solutions à des situations difficiles lui ont gagné le respect et l'admiration de ses collègues, tant dans les cercles gouvernementaux que dans le secteur privé. En facilitant le triage de plus de 1 400 variétés de plantes cultivées présentant une grande diversité génétique en Afghanistan, puis la sélection et l'homologation de variétés améliorées destinées aux agriculteurs, il a considérablement amélioré la productivité des cultures et plus particulièrement du blé.

8. Ces résultats ont été obtenus pendant une période de conflit et d'hostilités. Les succès remportés par M. Tunwar ont été relevés par toutes les personnes concernées, du fait notamment que de nombreux agriculteurs afghans en ont profité. Ses compétences techniques exceptionnelles, sa détermination et son désir de contribuer au développement du secteur agricole pendant une période difficile sont exemplaires.

M. James William EVERTS

1. M. James Everts est né le 12 février 1947 aux Pays-Bas. Il est titulaire de plusieurs diplômes délivrés par des universités de ce pays: diplôme de l'École d'agriculture tropicale de Deventer, diplôme de biologie de l'Université de Groningen et maîtrise en biologie et doctorat (Ph.D.) en toxicologie de l'Université de Wageningen.

2. M. James Everts a commencé sa carrière en tant que directeur de projet sur l'écotoxicologie de la lutte contre la mouche tsé-tsé en Afrique de l'Ouest, sous les auspices de l'Université de Wageningen. Par la suite, M. Everts a enseigné au Département de toxicologie de cette Université pendant une dizaine d'années, tout en effectuant des missions consultatives pour la FAO, l'OMS et l'AIEA. En 1990, il a été nommé Chef de l'unité de recherche écotoxicologique du Ministère néerlandais de la gestion de l'eau.

3. M. Everts est entré à la FAO en 1994 en tant que Directeur de projet/Conseiller technique principal pour plusieurs projets consécutifs exécutés au Sénégal:

Il est récemment entré au Service de la protection des plantes du Département de l'agriculture de la FAO.

4. M. Everts a contribué à l'établissement d'un centre de recherche et de formation au Sénégal, dans un domaine pratiquement nouveau pour le pays, à savoir la toxicologie environnementale des pesticides. Le centre (Locustox) a formé un groupe d'experts sénégalais à l'écotoxicologie environnementale (analyses chimiques, écotoxicologie aquatique et terrestre, et toxicologie humaine), l'accent étant mis sur les aspects opérationnels; a créé un laboratoire chimique et biologique complètement équipé relié à la Direction de la production végétale du Ministère; a formé une équipe d'agents de vulgarisation chargée de former à son tour des agriculteurs, des techniciens et des décideurs à l'écotoxicologie; et a évalué les effets secondaires de tous les pesticides recommandés par la FAO contre le criquet pèlerin en effectuant des études de terrain et des titrages biologiques sur place. Les résultats de ces travaux ont été publiés et intégrés dans les recommandations du Groupe consultatif sur les pesticides de la FAO.

5. M. Everts et ses collaborateurs ont largement publié les résultats de leurs travaux, qui sont d'un grand intérêt pour les scientifiques et les agents gouvernementaux s'occupant d'écotoxicologie dans le Sahel. Ils ont formulé des recommandations extrêmement judicieuses sur l'utilisation des pesticides et ses effets écotoxicologiques, notamment dans le cadre d'opérations de lutte contre le criquet pèlerin menées par la FAO à Madagascar.

6. Après avoir créé ce centre d'expertise, M. Everts a obtenu l'appui du gouvernement, du donateur et de la FAO pour en faire une fondation privée chargée d'une mission publique; a étendu son champ d'action à tous les pesticides; et a fait le nécessaire pour l'adapter aux normes internationales de qualité.

7. La nouvelle Fondation CERES-Locustox/Centre de recherches en écotoxicologie pour le Sahel est opérationnelle et ses partenaires et clients aux niveaux local, national, régional et international incluent des organisations d'agriculteurs, des ONG internationales, le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), un programme régional de lutte intégrée (avec le Mécanisme mondial de lutte intégrée – GIF) et un programme régional pour la conservation de la biodiversité aquatique au niveau communautaire dans les Bassins du Sénégal et du Niger.

8. La Fondation dispose de l'infrastructure, du matériel et des capacités nécessaires pour communiquer des avis scientifiques et des informations sur l'écotoxicologie non seulement au Gouvernement sénégalais, mais aussi aux autres États membres du Comité inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS). Ces informations sont nécessaires pour évaluer l'impact de l'utilisation des pesticides sur la santé humaine et l'environnement.

9. Aujourd'hui, la Fondation CERES-Locustox est la seule institution africaine de ce type qui ait été certifiée laboratoire de bonnes pratiques (“Domaine 6”) de l'OCDE par le Comité français d’accréditation (CORAC/GIPC). La Fondation occupe désormais une position clé dans le domaine de la certification des exportations agricoles sur les marchés internationaux non seulement au Sénégal, mais dans toute la sous-région.

10. La création de cette Fondation au Sénégal a été possible grâce à l'interaction efficace d'une équipe nationale très qualifiée et du personnel du projet international. M. Everts a joué un rôle critique dans la réalisation de toutes ces activités, grâce à ses capacités intellectuelles exceptionnelles et à ses compétences en matière de gestion et de direction d'équipe. Il a fait preuve d'un professionnalisme et d'un talent en matière de communications remarquables. Grâce à son engagement personnel, ce programme novateur peut désormais servir d'exemple pour d'autres régions du monde.

__________________________

1 Le Comité de sélection du prix B.R. Sen est présidé par le Directeur général adjoint de la FAO et composé des Sous-Directeurs généraux des départements du siège, ainsi que du Conseiller juridique et des Directeurs de la Division des opérations de terrain et de la Division de l'assistance aux politiques.