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TVINGT-SEPTIÈME CONFÉRENCE RÉGIONALE DE LA FAO POUR LE PROCHE-ORIENT |
Doha, Qatar, 13 - 17 mars 2004 |
Année Internationale du Riz 2004 |
TABLE DES MATIÈRES
I. INTRODUCTION
1. Le 16 décembre 2002, l'Assemblée Générale des Nations Unies a proclamé l'année 2004 Année internationale du riz pour appeler l’attention mondiale sur le rôle que peut jouer le riz dans la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté. Pour une grande partie de la population mondiale, le riz, c'est la vie. Le riz est profondément enraciné dans le patrimoine culturel des sociétés. Il est l'aliment de base de plus de la moitié de la population mondiale. Les systèmes de production rizicole et les opérations post-récolte connexes emploient près d'un milliard de personnes dans les zones rurales des pays en développement. Près des 4/5 du riz mondial sont cultivés par de petits agriculteurs dans des pays en développement à faible revenu.
2. Le riz est la source d’alimentation qui s’accroît le plus rapidement au Proche-Orient. Pourtant, la demande de riz est actuellement supérieure à la capacité annuelle de production de la région, qui doit importer du riz en quantités importantes et à un coût élevé. La mise en œuvre de l'Année internationale du riz sera l'occasion de renforcer l’action menée en faveur du développement durable des systèmes de production rizicole, aux fins de la sécurité alimentaire et de la lutte contre la pauvreté dans le monde, et plus particulièrement dans la région du Proche-Orient. Le présent document analyse l'importance du riz pour la région de l'Amérique latine et des Caraïbes et examine le potentiel de croissance durable de la production rizicole régionale ainsi que les facteurs qui y font obstacle. Il revient par ailleurs sur le contexte général dans lequel s'inscrit l'Année internationale du riz, sur les enjeux et les perspectives qui lui sont associés à l’échelle mondiale et sur le plan de mise en œuvre des activités prévues.
II. LE RIZ AU PROCHE-ORIENT
A. PRODUCTION ET CONSOMMATION DE RIZ AU PROCHE-ORIENT: SITUATION ACTUELLE
3. Au Proche-Orient, le riz se classe au troisième rang, derrière le blé et le coton, du point de vue de la superficie semée. L’Égypte, le Pakistan, l’Iran, le Maroc, l’Iraq, la Turquie, la Mauritanie et le Soudan sont les principaux pays producteurs de la région. La riziculture est une des composantes majeures de la stratégie visant à éliminer les déficits vivriers. Chaque année quelque 3,5 millions d’hectares sont semés. La production régionale s’élève au total à 12,7 millions de tonnes environ, et la productivité moyenne à 4,7 tonnes/hectare.
Exception faite de l’Égypte et du Pakistan, qui exportent respectivement 0,5 million de tonnes et 1,8 millions de tonnes d’excédents de riz chaque année, les pays de la région sont tous importateurs nets de riz. On estime que près de la moitié du riz consommé chaque année au Proche-Orient est importée. En 2001, le volume total des exportations de riz usiné produit au Proche-Orient n’était que de 0,93 million de tonnes, alors que les importations représentaient environ 4,5 millions de tonnes (FAOSTAT, 2003).
4. Les zones agro-écologiques de la région sont entièrement irriguées, et présentent de ce fait toutes les caractéristiques requises pour assurer de très hauts rendements. Pourtant, les rendements rizicoles varient considérablement d’un pays à l’autre. À titre d’exemple, le rendement national moyen est de 9,4 tonnes /hectare en Égypte, alors qu’il atteint à peine 1,30 tonnes/hectares au Soudan. Ces écarts de rendement tiennent pour l’essentiel aux conditions socio-économiques, à la gestion des cultures, à l’accès aux connaissances et aux technologies agricoles et, dans une moindre mesure, à des facteurs biophysiques (climat, durée de la période de croissance, sols, ressources en eau, pressions dues aux ennemis des cultures, etc.). L’introduction limitée de variétés productives et de techniques améliorées de gestion des cultures, qui s’explique par la faiblesse des structures de recherche et de vulgarisation de la région, est apparemment à l’origine des faibles rendements relevés dans nombre des pays producteurs du Proche-Orient.
B. OBSTACLES À LA PRODUCTION RIZICOLE DURABLE AU PROCHE-ORIENT
5. Divers facteurs influent sur la production rizicole et les écarts de rendement observés dans certains pays de la région. On peut notamment citer les éléments suivants:
- Approvisionnements en eau limités et gestion des ressources en eau inadaptée, avec pour conséquence une utilisation peu rationnelle des ressources.
- Systèmes de drainage inefficaces entraînant des problèmes liés à la forte salinité/alcalinité des sols.
- Baisse de la fertilité des sols et gestion des terres inadaptée.
- Insectes ravageurs et maladies - en particulier la pyriculariose.
- Températures très élevées ou très basses pendant la floraison.
- Qualité médiocre des semences et approvisionnements insuffisants en semences améliorées et de qualité.
- Absence de formation et de transfert de technologies à l’échelle des exploitations.
- Nivellement insuffisant.
- Infestation de plantes adventices et gestion inefficace de la lutte contre les plantes adventices.
- Absence de machines et d’équipements agricoles adaptés.
- Approvisionnements insuffisants en intrants (semences, engrais, pesticides).
- Pertes importantes après récolte.
- Insuffisance des politiques visant spécifiquement à encourager et à aider les riziculteurs.
- Soutien insuffisant des milieux scientifiques.
- Services de vulgarisation agricoles médiocres et inefficaces et adoption lente des technologies préconisées.
C. POTENTIEL DE CROISSANCE DE LA PRODUCTION RIZICOLE DANS LA RÉGION DU PROCHE-ORIENT
6. En dépit des difficultés précitées, la productivité rizicole pourrait s’accroître au Proche-Orient grâce notamment aux activités suivantes:
i. Utilisation de variétés de riz améliorées
De nouvelles variétés de riz à haut rendement, dont le potentiel peut atteindre 10 tonnes/hectares, ont été récemment distribuées aux producteurs de la région.
ii. Mise au point de riz hybrides
Le riz hybride est désormais cultivé en Égypte et au Pakistan. La Turquie et le Maroc pourraient aux aussi l’adopter.
iii. Gestion intégrée des éléments nutritifs
Le manque d’azote est le facteur qui limite le plus fréquemment la production rizicole dans les sols sableux. Il convient de réglementer les périodes d’épandage d’azote en fonction des besoins des variétés cultivées, de manière à accroître l’absorption de l’azote par les plants de riz. Nombre de riziculteurs n’en utilisent que de très faibles quantités, en raison principalement des difficultés qu’ils rencontrent pour s’en procurer, de l’efficacité limitée des épandages d’azote et des risques qu’ils comportent. Outre les engrais chimiques, l’utilisation dans les rizières de la région d’engrais organiques ouvre des perspectives intéressantes.
iv. Eau et irrigation
Compte tenu de la pénurie d’eau dont souffre la région, les principales difficultés liées à la riziculture tiennent à l’installation de réservoirs d’eau à usage agricole et à la sélection de variétés tolérantes à la sécheresse, au nivellement et au sous-solage, qui sont autant de conditions indispensables à l’établissement de calendriers d’irrigation adaptés et à une utilisation plus rationnelle des ressources en eau.
v. Politiques de soutien à l’accroissement de la production
Il pourrait s’agir de politiques et d’ajustements socio-économiques adaptés, axés notamment sur la fixation des prix et l’appui institutionnel et visant à répondre aux besoins des agriculteurs.
vi. Crédit
Il convient de mettre en place des mécanismes de crédit et d’octroi de prêts en faveur des petits riziculteurs aux ressources limitées.
vii. Intrants
Les administrations nationales doivent s’assurer de la disponibilité des intrants nécessaires aux différentes opérations agricoles (semences, engrais, pesticides, machines agricoles) et veiller à ce que les agriculteurs aient accès à des services d’entretien des équipements agricoles.
viii. Semences de bonne qualité
L’utilisation de semences de bonne qualité est la principale condition de rendements élevés. Les secteurs public et privé doivent jouer un rôle de premier plan dans la mise en œuvre de programmes de production de semences de qualité issues des variétés et hybrides distribués aux producteurs. Les pouvoirs publics sont encouragés à se doter de législations adaptées, applicables à la multiplication et à la certification des semences.
ix. Réduction des pertes après récolte
L’utilisation de méthodes de manutention, de séchage, de stockage et d’usinage plus efficaces est indispensable à la réduction des pertes après récolte.
x. Transfert de technologies
Les connaissances relatives aux variétés et pratiques agricoles améliorées doivent être diffusées dans le cadre de programmes de vulgarisation et de transfert de technologies.
D. ÉLÉMENTS DE LA STRATÉGIE POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DES SYSTÈMES DE PRODUCTION RIZICOLE DANS LA RÉGION
7. De manière globale, l’accroissement durable de la production rizicole dans la région du Proche-Orient passe par l’adoption de stratégies visant à éliminer les obstacles au développement de la filière rizicole. Ces stratégies doivent porter sur les aspects suivants: formulation de politiques publiques adaptées, à l’appui de programmes axés sur l’accroissement de la production rizicole; augmentation des rendements par la mise au point et l’utilisation de riz hybrides et de systèmes de gestion intégrée des cultures rizicoles (rice check); amélioration des technologies post-récolte par le biais d’activités de recherche et de vulgarisation; mise en place d’infrastructures et accès aux intrants.
8. La mise en œuvre de l’Année internationale du riz proclamée par l’Assemblée Générale des Nations Unies contribuera à une plus large prise de conscience de l’importance du riz pour la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté dans la région du Proche-Orient, et favorisera le renforcement de l’appui et des engagements en faveur de la production rizicole durable dans la région.
III. L’ANNÉE INTERNATIONALE DU RIZ
A. HISTORIQUE
9. L’initiative de l‘Année internationale du riz a vu le jour en 1999, date à laquelle l'Institut international de recherche sur le riz, s'inquiétant, à l'instar de ses membres, des menaces grandissantes pesant sur le développement de la riziculture, a demandé à la FAO d’œuvrer en faveur de la proclamation d’une Année internationale du riz. Ces efforts ont abouti à l’adoption, lors de la trente-et-unième Conférence de la FAO, de la Résolution 2/2001, qui priait l'Assemblée Générale des Nations Unies de proclamer l’année 2004 Année internationale du riz. Le projet de résolution, présenté le 16 décembre 2002 à l’Assemblée Générale des Nations Unies par la délégation des Philippines et coparrainé par 43 pays, a été examiné lors de la cinquante-septième Session de l’Assemblée générale, qui a décidé de proclamer l’année 2004 Année internationale du riz. Jamais depuis leur création les Nations Unies n’avaient consacré une année internationale à une culture unique. La FAO a été invitée à contribuer à la mise en œuvre de l'Année internationale du riz, en collaboration avec d'autres organisations compétentes.
10. Le thème retenu pour l’Année internationale du riz - Le riz, c’est la vie - témoigne de l’importance du riz en tant que produit alimentaire de base et se fonde sur le principe que les systèmes de production rizicole contribuent de manière essentielle à la sécurité alimentaire, à la lutte contre la pauvreté et à l’amélioration des moyens d’existence des populations. Le riz est l’aliment de base de plus de la moitié de la population mondiale. Dans les seuls pays d’Asie, plus de deux milliards de personnes tirent entre 60 et 70 pour cent de leurs apports énergétiques du riz et des produits dérivés du riz. Le riz est la source d’alimentation qui s’accroît le plus rapidement en Afrique et revêt une importance majeure pour la sécurité alimentaire des populations dans un nombre grandissant de pays à faible revenu et à déficit vivrier. Les systèmes de production rizicole et les opérations post-récolte connexes emploient près d'un milliard de personnes dans les zones rurales des pays en développement. Près des 4/5 du riz mondial sont cultivés par de petits agriculteurs dans des pays en développement à faible revenu. La qualité et la productivité des systèmes de production rizicole sont donc essentielles au développement économique et à l’amélioration des conditions de vie, en particulier en milieu rural.
11. Quelque 840 millions de personnes, dont plus de 200 millions d’enfants, souffrent de malnutrition dans les pays en développement. L’amélioration de la productivité des systèmes de production rizicole contribuerait à éliminer ce fléau, qui revêt actuellement des proportions inacceptables. Cela étant, la production rizicole se heurte à de sérieuses difficultés, qui tiennent notamment à la baisse des taux de croissance des rendements, à l’appauvrissement des ressources naturelles, à la pénurie de main d’œuvre, à la parité hommes-femmes, à des contraintes d’ordre institutionnel et à la pollution de l’environnement. On ne pourra assurer le développement durable des systèmes de production rizicole et en améliorer la productivité, tout en protégeant l’environnement et en préservant les ressources naturelles, que si de nombreuses composantes de la société civile, les pouvoirs publics et les organisations intergouvernementales s’engagent collectivement en faveur de ces objectifs.
12. De nombreux pays attachent une grande importance au développement durable de la riziculture et un nombre croissant d’initiatives mondiales ont été engagées en ce sens. On peut notamment citer le volet agriculture et développement rural durables (ADRD) du programme Action 21 adopté lors du Sommet de Rio de 1992, le Sommet mondial du développement durable tenu en 2002, la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d’action du Sommet mondial de l’alimentation adoptés en 1996, et la Déclaration du millénaire des Nations Unies, adoptée en 2000. Les dispositifs réglementaires intergouvernementaux qui intéressent directement le riz portent notamment sur: la qualité des aliments (CODEX); les changements climatiques; le commerce et les obstacles non tarifaires aux échanges; la biodiversité et le transport sans risque des organismes vivants modifiés; l’accès équitable aux ressources phytogénétiques et le partage équitable des avantages en découlant. Ces diverses initiatives, à l’instar de l’Année internationale du riz, se fondent sur le principe selon lequel, face à des institutions, des sociétés et des économies de plus en plus interdépendantes, il est impératif que les interventions soient coordonnées et les responsabilités partagées à tous les niveaux, depuis l’échelle locale jusqu’à l’échelle internationale, et que tous les acteurs concernés y participent, à quelque niveau que ce soit.
B. LE RIZ C’EST LA VIE: SYSTÈMES DE PRODUCTION RIZICOLE
13. L'Année internationale du riz fait du riz l’élément central d’un système au travers duquel les interactions entre l'agriculture, la sécurité alimentaire, la nutrition, l’agro-biodiversité, l’environnement, la culture, l’économie, la science, la parité hommes-femmes et l’emploi peuvent être clairement appréciées.
- Production rizicole. Originaire d’Asie, le riz est maintenant cultivé dans 113 pays et sur tous les continents, à l'exception de l'Antarctique. Il est cultivé sur des sols présentant des profils hydriques très variables, dans des rizières aquatiques comme dans des champs, et dans des conditions pédologiques très diverses. Le riz remplit une multitude de fonctions qui touchent à des aspects très importants de la sécurité alimentaire et du développement économique et rural.
- Nutrition. Dans l'ensemble du monde en développement, le riz fournit 27 % des apports énergétiques et 20 % des apports en protéines.
- Agro-biodiversité. Les systèmes de production rizicole abritent de vastes réserves de biodiversité. Ils sont parfaitement compatibles avec d’autres types d’activités agricoles, comme la pisciculture ou l’élevage des canards dans les rizières aquatiques. La paille de riz sert aussi à l’alimentation du bétail. Les canards et les poissons se nourrissent de plantes adventices et de petits poissons présents dans les rizières, tandis que le bétail facilite le transport des produits et la préparation des sols. De plus, les déjections animales peuvent être recyclées en engrais organiques. Le riz peut aussi être cultivé en association avec des cultures fruitières ou maraîchères, comme la banane et la noix de coco. Les rizières abritent par ailleurs une multitude d’ennemis naturels des insectes et ravageurs nuisibles. Les systèmes de production rizicole présentent donc un intérêt considérable, tant en ce qui concerne l’amélioration de la nutrition que la diversification agricole, l’accroissement des revenus des agriculteurs et la protection des ressources génétiques et agricoles.
- Gestion des ressources en eau et des sols. Parmi les principales cultures, Le riz est la seule qui supporte la submersion. Les systèmes de production rizicole favorisent de ce fait l’utilisation productive des ressources en eau et des terres. L’aménagement de terrasses permet de cultiver le riz sur les pentes douces, de prévenir l’érosion des sols et les glissements de terrain, de lutter contre les inondations et de freiner la croissance des plantes adventices, tout en favorisant la percolation de l’eau et la réalimentation des nappes phréatiques, tandis que la riziculture aquatique contribue à l’accumulation des matières organiques dans le sol.
- Emplois et revenus. La culture du riz est la principale source d'activité et de revenus pour près de 100 millions de ménages en Asie et en Afrique. Certains pays sont fortement dépendants de la filière rizicole, dont ils tirent à la fois des devises et des recettes publiques. Le battage, l’usinage, la transformation, le transport et la préparation du riz sont autant d’activités qui contribuent par ailleurs à améliorer les moyens d’existence des populations rurales, qui tirent aussi des revenus de la fabrication et de l’entretien des outils, des machines et des équipements utilisés pour la culture du riz et les opérations post-récolte.
- Parité hommes-femmes. Les femmes et les hommes détiennent des compétences et des connaissances différentes. Les femmes remplissent des fonctions importantes dans le secteur de la production rizicole comme dans celui des opérations post-récolte. Pourtant, elles rencontrent plus de difficultés que les hommes en matière d’accès au crédit, aux intrants agricoles, aux circuits de commercialisation, aux services de vulgarisation et à l'information, et ne bénéficient généralement pas des avantages découlant des améliorations apportées sur le terrain aux pratiques rizicoles.
- Science. Les récentes avancées technologiques permettent aujourd’hui aux agriculteurs de cultiver davantage de riz sur des superficies limitées en utilisant moins d’eau, de main-d’œuvre et de produits agrochimiques. Les études sur le génome du riz menées par des laboratoires de recherche publics et privés ont abouti à la création d’une base de données sur l’ADN du riz très utile aux phytogénéticiens qui travaillent sur la mise au point d’obtentions plus performantes et plus tolérantes aux ravageurs et aux maladies. Ces variétés sont aussi plus tolérantes aux agressions abiotiques, notamment à la sécheresse et à la salinité, et ont une plus grande valeur nutritionnelle. Le riz doré, issu de sélections génétiques, est très riche en vitamines, et plusieurs centres de recherche internationaux et nationaux évaluent actuellement les risques biotechnologiques qu’il pourrait éventuellement présenter. La mise en place de systèmes de gestion intégrée des cultures contribue aussi à accroître le rendement rizicole tout en réduisant les coûts de revient et les retombées négatives de la riziculture sur l’environnement.
- Politiques économiques. Pendant des décennies, le riz a figuré parmi les produits agricoles de base les plus protégés. La conjoncture s'est modifiée au cours des années 1980, avec la mise en œuvre de programmes d'ajustement structurel et l’adoption, en 1994, de l’Accord de l’OMC sur l’agriculture. Aujourd’hui, Le commerce mondial du riz est en pleine expansion. Les consommateurs des zones urbaines, qui peuvent désormais se procurer du riz à moindre coût, sont les principaux bénéficiaires de ces changements, tandis que les petits agriculteurs des pays en développement en font directement les frais. Les pays en développement se heurtent maintenant à un nouveau défi qui consiste à tirer profit des avantages découlant d’une affectation plus rationnelle des ressources, tout en remédiant à la situation dramatique des petits producteurs.
C. L’ANNÉE INTERNATIONALE DU RIZ: ENJEUX ET PERSPECTIVES
14. L’Année internationale du riz offre à la communauté internationale une occasion importante de s’engager dans une démarche collective visant à résoudre les problèmes de plus en plus complexes liés au développement durable de la riziculture et des systèmes de production rizicole. Cette question revêt des dimensions techniques, politiques, économiques et sociales majeures liées en particulier aux moyens à mettre en œuvre pour renforcer le rôle du riz dans la satisfaction des besoins de la population mondiale.
- Améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition. Le riz est un aliment hautement énergétique. En revanche, il ne contient pas tous les acides aminés, et sa teneur en micronutriments essentiels est faible. L’amélioration des méthodes de transformation et de préparation du riz, l’utilisation de variétés de riz à haute valeur nutritionnelle et l’enrichissement du riz en vitamines et minéraux (par le biais notamment de technologies alimentaires) peuvent contribuer à l’amélioration de la nutrition. De même, on peut améliorer la sécurité alimentaire en encourageant la pratique d’autres activités agricoles, de l’élevage et de la pêche en complément de la riziculture. L'Année internationale du riz peut aider les pays à se doter des infrastructures nécessaires à la promotion d'une utilisation responsable des biotechnologies. Elle peut également contribuer à une plus large prise de conscience de l’importance de la diversification des variétés de riz pour la réduction de la vulnérabilité génétique et l’augmentation de la productivité et de la qualité du riz. La diversité des systèmes de production rizicole contribue fortement à l’amélioration des revenus des populations rurales et favorise un meilleur équilibre alimentaire et nutritionnel.
- Renforcer la productivité des systèmes de production rizicole. Le développement durable de la riziculture suppose: i) des améliorations génétiques, en vue de l’accroissement des rendements potentiels, comme dans le cas des riz hybrides; ii) des techniques plus efficaces de gestion des cultures; iii) la réduction des opérations post-récolte; iv) la mise en place de systèmes de production intégrée. Il requiert par ailleurs le renforcement des capacités nationales par la formation et l’échange d’information, et le transfert à l’échelle nationale de nouvelles technologies à l’innocuité avérée, en vue de leur application au champ.
- Gérer les ressources en eau. La question de la pérennité des ressources mondiales en eau douce suscite des préoccupations grandissantes. On peut résoudre les problèmes liés à la pénurie d’eau en réduisant les quantités d’eau utilisées (grâce à la mise au point de nouvelles obtentions moins exigeantes en eau ou de systèmes d’irrigation plus performants) ou en recyclant l’eau en vue d’autres usages. La culture du riz sur des sols à régime hydrique faible entraînera une évolution des méthodes de gestion des ressources en eau et des éléments nutritifs du sol, des modes d’assolement et des pratiques de préparation du sol. L'Année internationale du riz peut contribuer à une meilleure compréhension des coûts et des avantages liés à l'utilisation de l'eau dans les systèmes de production rizicole (notamment en ce qui concerne les multiples formes de vie qu’ils abritent). Des innovations technologiques et des actions de gestion seront également nécessaires.
- Protéger l’environnement. Les activités rizicoles soulèvent des préoccupations d’ordre écologique liées notamment à l'usage inconsidéré des pesticides, à l'utilisation d'engrais devenus inopérants, aux émissions de gaz à effet de serre et à la combustion des résidus de récolte. Dans le même temps, les écosystèmes rizicoles abritent d’énormes réserves de biodiversité, et la majeure partie du matériel végétal qu’utilisent les paysans pauvres provient de semences qu’ils ont eux-mêmes produites et qui sont directement issues de plusieurs générations de ressources génétiques locales. L'Année internationale du riz peut contribuer à sensibiliser le public à l'importance que revêt la préservation des ressources biogénétiques et naturelles et peut aider les diverses parties prenantes à échanger des idées sur les problèmes, les enjeux et les perspectives liés à l'environnement.
- Systèmes traditionnels de production rizicole et patrimoine mondial. L'Année internationale du riz attirera l'attention sur l'importance des systèmes de production rizicole de référence, et donnera lieu à la mise en œuvre d’activités visant à préserver ces systèmes de production rizicole et à remédier à leur érosion. À cet égard, l’inscription de systèmes de production rizicole d’une valeur exceptionnelle aux Systèmes ingénieux du patrimoine agricole d'importance mondiale, VU qui relèvent d’un projet multipartite et interinstitutions, ouvre des perspectives particulièrement intéressantes. Le projet devrait aboutir à la création d’une catégorie « Systèmes ingénieux du patrimoine agricole » au titre de la Convention sur le patrimoine mondial.
- Contexte institutionnel. Il convient d’élargir les partenariats entre les pouvoirs publics, les organisations non gouvernementales (secteur privé compris) œuvrant en faveur du développement et les organismes à vocation agricole pour améliorer l'accès des agriculteurs, et en particulier des femmes, aux terres, au crédit, à l'information et aux nouvelles technologies et innovations. Cet impératif représentera un défi majeur pour de nombreux pays.
- Enjeux et perspectives en matière de synergie. L’enjeu global du développement des systèmes de production rizicole consiste à définir et à appliquer des solutions fondées sur des synergies. Ces solutions ne sont envisageables que dans la mesure où les décideurs, les techniciens, les agriculteurs et la société civile sont tous pleinement conscients des multiples facteurs influant sur la production rizicole durable. Le succès des politiques de développement de la riziculture dépend de surcroît de l’harmonisation des divers instruments de politique générale applicables au secteur rizicole, lesquels relèvent le plus souvent des compétences de plusieurs ministères. L'Année internationale du riz a pour ambition de servir de « courtier en informations », afin de faciliter la mise en œuvre d’activités concrètes, d’accroître l'échange d'informations et le transfert de technologies entre les différents niveaux de la chaîne de production rizicole dans tous les pays, de promouvoir l’adoption d’une approche du développement de la riziculture fondée sur les synergies et d'encourager la gestion améliorée des systèmes de production rizicole.
D. PLAN CONCEPTUEL DE MISE EN OEUVRE DE L'ANNÉE INTERNATIONALE DU RIZ
15. L'Année internationale du riz a pour but fondamental de promouvoir et d’accompagner le développement durable de la riziculture et des systèmes de production rizicole. La stratégie de mise en œuvre de l’Année internationale du riz répond à cette fin aux objectifs intermédiaires suivants:
- Sensibilisation du public à la contribution des systèmes de production rizicole à la sécurité alimentaire, à l’amélioration de la nutrition, à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration des moyens d’existence des populations;
- Sensibilisation du public à la diversité et à la complexité des systèmes de production rizicole ainsi qu'aux enjeux et perspectives associés à leur développement durable;
- Actions de promotion et appui technique en faveur du développement durable de la riziculture et des systèmes de production rizicole aux niveaux mondial, régional, national et local;
- Promotion de la préservation et de l’amélioration des produits rizicoles, de sorte que la population mondiale puisse bénéficier des avantages qui en découlent aux plans économique, social, culturel et sanitaire.
- Pour atteindre ces objectifs, l’Année internationale du riz s’appuiera sur les principes directeurs suivants:
- Approche participative, consultative, novatrice et dynamique tenant compte des aptitudes de l'ensemble des intervenants concernés et de leur capacité à participer au développement durable des systèmes de production rizicole;
- Prise en compte des différences agro-écologiques, socio-économiques et culturelles entre les systèmes de production rizicole, ainsi que des obstacles à leur développement durable, qui varient selon les régions, les pays et les communautés considérées;
- Coordination et harmonisation des interventions, contribution et participation de l’ensemble des acteurs concernés, dans le cadre d’un plan convenu.
16. Le plan de mise en œuvre de l’Année internationale du riz s’articulera autour d’un réseau structuré de partenaires mondiaux, régionaux, nationaux et locaux désignés par l’Assemblée Générale des Nations Unies. En tant qu’organisation chargée de la conduite des activités relevant de l’Année internationale du riz, la FAO a constitué une Unité de coordination et de mise en œuvre de l’Année internationale du riz qui a pour tâche de cordonner les activités à tous les niveaux d’intervention.
- L’objectif fondamental de la stratégie de mise en œuvre de l'Année internationale du riz est d’amener la communauté internationale dans son ensemble à engager des initiatives conjuguées et mutuellement bénéfiques afin de faire face aux difficultés liées à l’accroissement durable de la production rizicole. Les activités mises en œuvre à cette fin porteront sur les aspects suivants: collecte et analyse de données; diffusion d’informations dans le cadre de campagnes multimédias; Organisations d’ateliers, d’expositions et de concours nationaux, régionaux et mondiaux; réalisation d’études de cas; soutien technique aux pays membres et aux communautés agricoles. Les activités relatives à l’établissement des rapports sont particulièrement importantes; il s’agira notamment de mettre en place des réseaux regroupant les différents intervenants afin d’assurer le suivi de leurs activités respectives et de leur apporter des conseils, et d’établir un rapport final qui sera transmis au Secrétaire général des Nations Unies et à l’ensemble des parties prenantes.
- L’Année internationale du riz permettra de créer un environnement propice au renforcement des activités intéressant le développement durable des systèmes de production rizicole et d’élaborer à cette fin quelques-uns uns des outils nécessaires. Les ressources consacrées à l’Année internationale du riz seront utilisées de manière judicieuse grâce à la création de comités organisateurs nationaux qui bénéficieront de toute l’aide requise et pourront poursuivre au-delà de l’horizon 2004 l’action menée au titre de l’Année internationale du riz.
- Après 2004, La FAO s’emploiera, en collaboration avec ses partenaires, à mettre en œuvre et à appuyer les activités de suivi nécessaires au développement durable à moyen et long terme des systèmes de production rizicole. Il importera en effet de poursuivre durablement les efforts engagés, y compris après l’achèvement de l’Année internationale du riz.