NERC/04/INF/5  |
| NERC/04/INF/5 |
Vingt-Septième Conférence Régionale de la FAO pour le Proche-Orient |
Doha, Qatar, 13 – 17 mars 2004 |
Contribution des Forêts et des Arbres à l’Environnement, à l’Eau et à la Sécurité Alimentaire |
II. POURQUOI PRIVILÉGIER LES FORÊTS, LES ARBRES ET LA GESTION EFFICACE DES BASSINS VERSANTS
III. LE RÔLE DES BASSINS VERSANTS BOISÉS ET DES ARBRES
IV. ÉVOLUTION DES MÉTHODES DE GESTION DES FORÊTS ET DES ARBRES
V. PRINCIPALES QUESTIONS ÉMERGENTES
VI. INITIATIVES DE LA FAO SUR LES FORÊTS, L’EAU ET AUTRES QUESTIONS CONNEXES
1. La dégradation des terres, y compris des sols, des forêts et des ressources en eau, est considérée comme la contrainte et la menace les plus importantes au développement durable de l’agriculture dans les pays en développement, en particulier dans la région Proche-Orient.
Ces dernières décennies, la croissance rapide des populations dans le monde a exercé de fortes pressions sur des ressources en terre limitées afin de faire face à l’augmentation des besoins en denrées alimentaires, produits forestiers et biens socio-économiques aux dépens des terres forestières et boisées dans les écosystèmes fragiles. Dans plusieurs pays du Proche-Orient, les bassins versants sont de plus en plus menacés depuis quelques décennies. Le déboisement, l’exploitation minière, les pratiques agricoles irrationnelles, le réchauffement mondial, le tourisme et l’urbanisation prélèvent leur dîme sur les bassins versants et mettent en danger les approvisionnements en eau douce.
Dans ce contexte, il est largement admis qu’il ne sera possible de parvenir à une utilisation et une gestion durables des terres qu’en adoptant un système amélioré de gestion et d’utilisation des terres, de l’eau et de la végétation qui repose sur une approche intégrée. Le rôle fondamental des forêts et des arbres pour maintenir l’équilibre hydrique au niveau local et régional est reconnu depuis longtemps. La gestion durable des ressources forestières et arborées et le développement des bassins versants sont étroitement liés. La gestion en amont des forêts a une forte incidence sur les utilisations en aval des ressources en eau.
Afin d’accroître la contribution des forêts, des arbres et des bassins versants à la gestion de l’eau, à la protection de l’environnement et à la sécurité alimentaire, la FAO a lancé plusieurs programmes pertinents tels que Forêts, sécurité alimentaire et lutte contre la pauvreté ou Forêts et eau.
2. La plupart des pays de la région ont un climat aride (pluies peu abondantes, températures élevées) et sont caractérisés par un couvert forestier et arboré très faible, qui représente moins de 5,8 pour cent des territoires de la Région et moins de 2,81 pour cent du couvert mondial. Dans ce contexte de conditions écologiques rigoureuses et de rareté de l’eau, la gestion et l’utilisation durables des ressources naturelles, y compris l’augmentation des plantations d’arbres pour restaurer le paysage et améliorer la production agricole sont fondamentales.
3. Aujourd’hui, dans plus de 40 pays, plus de deux milliards de personnes sont affectés par des pénuries d’eau: 1,1 milliards manquent d’eau potable et 2,4 milliards ne disposent pas d’un assainissement approprié. Si les prévisions actuelles se réalisent, d’ici 2050 au moins une personne sur quatre vivra dans des pays affectés par des pénuries chroniques ou récurrentes d’eau douce.
Pour améliorer l’état des bassins versants et conserver les ressources en eau, la gestion durable des forêts et des arbres est considérée comme un facteur déterminant de la gestion des ressources en eau, en particulier et le développement des ressources dans les terres d’altitude, en général. Les bassins versants boisés fournissent de l’eau pour les besoins ménagers, agricoles, industriels et écologiques dans les zones situées en aval. Les forêts et les arbres régularisent la qualité des sols et de l’eau, protègent les sols contre l’érosion et contribuent à leur fertilité, captent les pluies et canalisent les écoulements.
4. Sur le plan technique, la gestion efficace des bassins versants offre la possibilité de tenir compte des relations entre la productivité et la conservation dans l’utilisation des ressources naturelles, ainsi que des liens amont-aval dans la protection et l’utilisation des ressources en terres, en particulier au regard des approvisionnements en eau. La gestion efficace des bassins versants est aussi considérée par beaucoup comme une approche satisfaisante en matière de sécurité alimentaire et de lutte contre la pauvreté ce qui explique le succès que rencontre le développement des bassins versants auprès des planificateurs.
5. Les forêts et les arbres jouent un rôle déterminant dans le développement de la Région. En fait, les arbres peuvent régénérer les terres et les écosystèmes dégradés, protéger les paysages ainsi que les ressources en eau et les barrages contre l’envasement et la pollution. Dans les zones urbaines, les forêts et les espaces verts améliorent les conditions ambiantes en fixant le carbone et en luttant contre la pollution de l’air. Les arbres sont également liés aux valeurs sociales, religieuses et culturelles symboliques.
Les bassins versants boisés sont des zones où les rendements en eau douce sont très importants tant sur le plan de la quantité que de la qualité. Les bassins versants montagneux fournissent 30 à 60 pour cent des écoulements d’eau douce en aval dans les régions humides et 70 à 95 pour cent dans les zones arides et semi-arides. Une meilleure gestion de l’eau est fondamentale pour parvenir à la sécurité alimentaire.
Les forêts, les arbres et les bassins versants boisés fournissent une multitude de services. La perte de couvert forestier et arboré et la conversion des terres à d’autres utilisations peuvent avoir des incidences négatives sur les approvisionnements en eau douce et amplifier les catastrophes d’origine humaine résultant de conditions hydrométéorologiques extrêmes. En outre, les pertes de forêts et d’arbres peuvent contribuer à la variabilité du climat au niveau local et peut-être régional.
6. D’autres efforts seront nécessaires pour mieux comprendre les effets de la gestion des forêts et des arbres sur le climat et les régimes d’écoulement des eaux, mais il est admis en général que les bassins versants boisés sont des systèmes hydrologiques d’une exceptionnelle stabilité. Contrairement à d’autres utilisations des terres, les forêts saines:
7. En outre, il est admis que les forêts et les formations arborées sous forme d’agroforesterie (brise-vent, arbres, etc.) en particulier dans les milieux rigoureux du Proche-Orient, contribuent à la production agricole et donc à la sécurité grâce à l’amélioration du microclimat dans les terres agricoles et les pâturages. Les forêts et les arbres fournissent par ailleurs des denrées alimentaires (fruits, feuilles, racines, gibier, etc.), des médicaments, du fourrage, des produits ligneux comme combustibles ainsi que des services et des biens aux populations rurales, en particulier dans les pays d’Afrique du Nord où 50 pour cent de l’énergie domestique est fournie par les produits ligneux, provenant surtout de fermes. Les systèmes d’agroforesterie pratiqués par les agriculteurs tant dans les zones rurales que dans les zones urbaines montrent bien que les arbres jouent un rôle important dans les moyens de subsistance.
8. La déforestation intensive pratiquée par l’homme au dix-neuvième siècle et au début du vingtième siècle dans le monde a considérablement modifié la fonction des bassins versants. Les inondations en aval sont devenues plus fréquentes provoquant davantage de pertes en vies humaines et de dégâts aux infrastructures. L’érosion accélérée due à la modification des composantes biotiques et hydrologiques des drainages naturels a produit un envasement sans précédent des zones situées en aval.
9. Ces dernières décennies, la dégradation des bassins versants a été considérée comme une grave menace non seulement pour l’environnement mais aussi pour le bien-être et la survie de millions de personnes vivant dans les zones situées en aval. Mesurant l'importance de l’état de la partie supérieure des bassins versants, de nombreux pays ont décidé qu’enrayer la dégradation des terres hautes était devenu une priorité. Cependant, de nombreux programmes de gestion des bassins versants ne sont pas parvenus à leurs objectifs, principalement pour les raisons suivantes:
De nouveaux concepts et de nouvelles approches ont donc été élaborés pour enrayer la dégradation des bassins versants et améliorer le secteur agricole et le développement rural. Une attention particulière a été accordée aux aspects sociaux et économiques de la gestion des bassins versants lors de la formulation et de la mise en œuvre des programmes et des projets.
10. Dans ce contexte et afin de répondre aux besoins de développement des petits agriculteurs, l’amélioration durable des ressources forestières et des terres, par l’augmentation des plantations d’arbres, en particulier au niveau des exploitations mais aussi au niveau urbain, a été recommandée comme mesure prioritaire. Les systèmes d’agroforesterie et la foresterie urbaine (Arbres hors forêts) ont été reconnus comme une approche intéressante pour le développement et les moyens de subsistance durables. Étant donné que la gestion et la conservation des ressources en terre ne sauraient être durables ni reproduites si les préoccupations des personnes concernées ne sont pas prises en compte, le concept intégré a été perfectionné afin de considérer les besoins des communautés comme un élément important de l’élaboration des programmes.
11. L’approche participative adoptée cette dernière décennie comprend, outre les aspects techniques, les dimensions économiques, sociales, politiques et culturelles de la conservation et de la gestion des ressources naturelles. La gestion des bassins versants est devenue pluridisciplinaire, nécessitant la coordination institutionnelle et organisationnelle des activités de gestion des bassins versants.
12. Compte tenu de l’intérêt suscité par la gestion intégrée des bassins versants et des investissements qui lui ont été consacrés, d’importants progrès ont été accomplis. Cependant, plusieurs questions méritent encore une analyse approfondie et la concertation des parties concernées. L’examen des données d’expérience acquises cette dernière décennie montre que les éléments ci-après doivent être pris en considération pour obtenir les résultats escomptés:
Connaissance et informations: Il faudrait en priorité renforcer les capacités techniques et fournir les outils et les informations appropriés pour la mise en place de programmes efficaces de gestion des bassins versants. Les agriculteurs et le secteur privé devraient participer davantage à l’évaluation du couvert forestier ainsi qu’à la plantation et à la gestion des arbres.
Effets d’échelle: Les activités de gestion des bassins versants devraient être prises en compte aux niveaux local, national et régional. Les retombées bénéfiques de la gestion des bassins versants et des forêts et des arbres sur l’eau douce sont mieux perçues lorsque les liaisons et les interactions amont-aval sont associées aux effets d’échelle.
Engagement des parties prenantes: L’engagement des parties prenantes devrait être intégré comme une composante majeure dans la conception et l’élaboration des programmes pertinents ainsi que dans les décisions liées aux mesures à prendre.
Importance particulière de l’eau: L’hydrologie des forêts devrait être considérée comme l’un des éléments importants de la gestion efficace des bassins versants.
Liaisons amont-aval: La planification et la mise en œuvre des interventions pour la gestion des bassins versants devraient reposer sur une meilleure connaissance des liens et des interactions amont-aval, y compris les facteurs socio-économiques.
Importance de l’agroforesterie: Les systèmes agricoles intégrant des arbres ont été reconnus comme des pratiques très prometteuses pour réduire le plus possible la dégradation des terres et des sols et à ce titre devraient être encouragés.
Aménagement des espaces verts dans les villes: La plantation d’arbres et l’aménagement d’espaces verts doivent être encouragés car ils permettront d’offrir davantage d’espaces verts récréatifs et d’atténuer la pollution atmosphérique et la dégradation de l’environnement.
Rentabilité économique: Pour que les interventions de gestion des bassins versants soient durables et reproductibles, il faut en garantir la rentabilité économique aux bénéficiaires en amont ainsi qu’aux habitants et aux utilisateurs des ressources en aval.
Arrangements institutionnels et organisationnels appropriés: Le renforcement des institutions pour la gestion des bassins versants est une question fondamentale. À cet égard, les arrangements institutionnels et organisationnels nécessaires pour la gestion efficace des bassins versants doivent être mieux connus et identifiés. Un cadre juridique adéquat à l’appui des politiques de gestion des bassins versants est également considéré comme un instrument important qui doit faire l’objet d’une attention particulière.
Vision et engagement à long terme: La gestion des bassins versants est de plus en plus considérée comme un instrument approprié non seulement pour la conservation de l’environnement mais aussi pour l’amélioration des conditions de vie dans les communautés rurales. C’est pourquoi, l’engagement à cet égard, notamment financier, de toutes les parties prenantes, doit être de longue durée.
13. En réponse aux questions importantes posées pour l’amélioration des méthodes de gestion des bassins versants, la FAO a lancé en 2002, dans le cadre de l’Année internationale de la montagne, l’initiative “Préparer la prochaine génération de programmes de gestion des bassins versants” pour examiner et évaluer les activités de gestion des bassins versants.
14. La nouvelle entité Forêts et eau qui est incluse dans le Plan à moyen terme pour 2004-2009 témoigne de l’attention particulière que porte la FAO à la conservation des ressources en eau. Cette nouvelle entité s’attachera à renforcer au plan national la sensibilisation et le cadre de politique générale à l’appui de la gestion durable des forêts de montagnes et des zones d’altitude au regard des ressources en eau.
15. La FAO met en œuvre dans le Plan à moyen terme pour 2002-2007 une entité intitulée “Plantations forestières et plantation d'arbres hors forêt” et a établi récemment un cadre stratégique urbain et périurbain pour le Plan à moyen terme pour 2004-2009. Ils fourniront l’assistance voulue aux États Membres, en particulier dans les zones à faible couvert forestier, pour établir et gérer les forêts, les arbres et les bassins versants à l’intérieur et à l’extérieur des villes, et assurer le transfert des technologies.
16. Le Plan à moyen terme de la FAO pour 2004-2009 envisage plusieurs nouveaux programmes ayant trait à la lutte contre la pauvreté, en particulier Forêts, lutte contre la pauvreté et sécurité alimentaire. En outre, la foresterie participative sera maintenant recentrée en tant que Foresterie participative et moyens d’existence durables.
17. Les pénuries d’eau et la dégradation des bassins versants ont une incidence directe sur les moyens de subsistance. En fait, la grande majorité des populations dans le monde vivent en aval de bassins versants boisés ou non boisés, et sont donc vulnérables aux coûts de leur dégradation. Dans le même temps, 28 pour cent des zones forestières se trouvent dans les montagnes qui alimentent 60 à 80 pour cent des ressources en eau douce dans le monde.
18. Compte tenu de ce qui précède, le présent document veut mettre l’accent sur l’ampleur et l’urgence des problèmes de gestion des bassins versants, principalement au regard du rôle et de l’impact des forêts et des arbres. Il cherche aussi à montrer qu’il faudrait attirer l’attention aux niveaux mondial et régional sur la gestion des bassins versants car ceux-ci intègrent les ressources, les services, les utilisations et les usagers de l’environnement et donc adopter une approche plurisectorielle impliquant toutes les parties concernées.
Pour parvenir à une gestion efficace intégrant les arbres et les bassins versants, il faudrait donner une haute priorité aux orientations et aux activités possibles énumérées ci-après:
19. La FAO est invitée à fournir une assistance technique pour:
20. Les États Membres sont invités à:
21. Dans les partenariats, des efforts devraient être déployés afin de: