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Appendix 6: LES MERLUS (MERLUCCIUS spp.) DE LA COTE NORD-OUEST DE L’AFRIQUE

ATLANTNIRO

On a jusqu’ici accorde peu d’attention à l’étude de la biologie des merlus vivant dans l’Atlantique près de l’Afrique nord-occidentale. Aussi, cet exposé a pour but l’étude comparative de certains traits de la biologie de différentes espèces de merlus de cette région, sans aborder les problèmes de systématique.

Les données essentielles ont été collectées durant la croisière du navire de recherches de l’Atlantniro RTM “BIELOGORSK”, réalisée d’octobre 1973 à janvier 1974, au cours de la prospection de chalutage près de la côte de l’Afrique nord-occidentale ouest. Les chalutages s’effectuaient à l’aide d’un chalut de fond suivant un schéma trace d’avance - tous les 20 milles de latitude à des profondeurs différentes de la zone de pêche jusqu’à 600 mètres. On a aussi utilise partiellement des données des croisières précédentes des navires de l’Atlantniro.

L’âge a été déterminé sur les otolithes secs, on a effectue une section transversale passant par le nucleus, puis on les a brûlés à la lampe à alcool pendant 10 à 30 secondes, selon les dimensions. L’otolithe brûlé a été clarifié dans un mélange d’alcool et de glycérine (1:1) et examiné au microscope binoculaire MBS-1 avec un grossissement de 2 × 8.

Pour déterminer l’âge on prenait pour la première année de vie la distance du centre du nucleus jusqu’au bord extérieur de la zone hyaline étroite. Pour la deuxième, la distance du bord extérieur de la première zone hyaline jusqu’à l’extérieur de la deuxième zone hyaline, etc.

Trois espèces de merlu vivent le long de la côte nord-ouest de l’Afrique: le merlu européen (M. merluccius), le merlu sénégalais (M. senegalensis), et le merlu mauritanien (M. cadenati). leurs aires coïncident partiellement (Fig. 1).

Certaines espèces différent par leur nombre de vertèbres et de branchiospines sur le premier arc branchial (Tableau 1) de même que par leur coloration.

Tableau 1

CARACTERISTIQUES ESSENTIELLES DISTINCTES DE DIFFERENTES ESPECES DE MERLU

Espèces

Nombre de vertèbres

Nombre de branchiospines sur le 1er arc branchial

Auteur

M. merluccius

49-51

10-12

Maurin, 1968

M. senegalensis

52-54

13-21

Svetovidov, 1948

M. cadenati

54-58

10-12

Letaconnoux, 1955
Doutre, 1960


Figure 1: REPARTITION DE DIFFERENTES: ESPECES DE MERLUS (LE SHEMA EST COMPOSE D’APRES LES DONNEES D’ANDRIGACHEV, 1954, DE SVETLOVIDOV A., 1964, ATLANTNIRO)

Figure 2: VUE EXTERNE DES OTOLITHES DES TROIS ESPECES DE MERLUS NORD-OUEST AFRICAINS (PHOTOGRAPHIE: DOMANEVSKY, SEDLETSKAIA)

Maurin (1964) a signale des différences dans la texture et dans la forme des otolithes des différentes espèces. Nous avons également observe des différences (Fig. 2), particulièrement sensibles chez M. cadenati.

L’importance commerciale du merlu dans la région de l’Atlantique centre-est où les espèces pélagiques telles que les sardinelles, le chinchard, la sardine et le maquereau constituent la base des prises, n’est pas grande; elle ne représente que 1-2 pour cent environ des prises totales bien que le merlu soit, depuis longtemps, l’objet traditionnel de la pêche spécialisée d’un certain nombre de pays européens.

L’intensité de l’exploitation sur les stocks de merlus tendait à croître mais l’évolution était irrégulière (Gulland, 1970, FAO Fishery Report, 1973).

Le volume total des prises permet de distinguer trois périodes:

1. 1955-1964: prises annuelles moyennes 8 000 tonnes
2. 1965-1971: prises annuelles moyennes 24 000 tonnes
3. 1972-1975: prises annuelles moyennes 50 000 à 100 000 tonnes
Initialement, les plus grandes prises avaient lieu dans la sous-division Maroc (selon la classification de la FAO, Gulland, 1970). A mesure du développement de la pêche, à partir de l’année 1967, les prises ont augmenté dans la sous-division Sahara. Si au début du développement de la pêche l’espèce la plus septentrionale - le merlu européen formait le gros des prises, ces derniers temps les espèces méridionales - le merlu sénégalais en particulier - tiennent une place de plus en plus importante.

On trouvera ci-dessous une brève caractéristique biologique des différentes espèces.

Le merlu européen: L’Afrique nord-occidentale et les bancs contigus de l’archipel des Canaries se situent à la périphérie sud de la large aire de répartition de cette espèce. Près de l’Afrique nord-occidentale il se tient à des profondeurs comprises entre 100 et 1 000 mètres, principalement à 200-500 mètres; en Méditerranée, de 100 à 300 mètres et plus; près de la Grande-Bretagne et de l’Irlande, de 400 à 830 mètres (Svetovidov, 1964).

Tableau 2: Prises de merlu dans l’Atlantique centre-est (milliers de tonnes)

Données: FAO, 1974
Tableau 3: LONGUEUR (cm) DU MERLU DANS DIFFERENTES REGIONS

Au large de l’Afrique nord-occidentale, le merlu européen atteint environ 90 centimètres; les dimensions courantes des prises vont de 30 à 60 centimètres. Près de l’Irlande, on a observé des poissons plus gros (105 centimètres) (Svetovidov, 1964).

Svetovidov (1954) a observé une tendance à l’accroissement du taux de croissance lorsqu’on se déplace vers le sud, surtout chez les vieux poissons (9 ans), qui sont assez peu nombreux dans les prises. Mais cela n’est pas confirme (Tableau 3). On n’a pas réussi à distinguer de différences substantielles dans le taux de croissance entre les différents secteurs de l’Afrique nord-occidentale. Les femelles sont plus grosses et grandissent plus rapidement que les mâles. Le plus fort accroissement de poids est observe à partir de la cinquième année de vie (Tableau 4).

Tableau 4

CHANGEMENTS DANS LE POIDS (grammes) DU MERLU EUROPEEN AVEC L’AGE (ANNEES)

Sexe

Age

II

III

IV

V

VI

VII

Femelles

50

150

340

550

760

850

Mâles

105

395

550

870

1 200

1 600


Le rapport entre le poids des otolithes et la longueur du poisson (Figure 3) permet de distinguer le merlu dans la zone de 29-30° N., où le plateau continental est le plus large.

Au nord et au sud de ce secteur, le rapport entre le poids des otolithes et la longueur du poisson est identique malgré l’éloignement géographique de ces deux aires.

L’âge maximal des mâles est de 7 ans, celui des femelles de 9 ans. Autour de l’Irlande, on trouve des mâles âgés de 9 ans, des femelles âgées de 14 ans. Cela laisse supposer qu’à la limite méridionale de l’aire la durée de vie du merlu est plus courte. La base de la population était constituée, en 1973, de poissons d’un an; en 1974, de poissons de deux, trois et quatre ans (Tableau 5).

Tableau 5

COMPOSITION DE LA POPULATION DE MERLUS EUROPEENS PAR CLASSES D’AGE

Années

Age

1

2

3

4

5

6

7

8

1972

85,2

5,6

4,2

2,4

1,6

1,0



1973

0,8

33,8

35,5

20,2

7,4

2,3



1974

45,0

17,0

19,0

13,0

5,0

1,0



1975

29,0

28,0

24,0

5,0

5,0

2,0

3,0

4,0



Figure 3: RAPPORT POIDS DE L’OTOLITHE - LONGUEUR DU POISSON POUR M. MERLUCCIUS

Au large de l’Afrique nord-occidentale, le merlu atteint la maturité sexuelle vers 28-36 cm. Dans d’autres zones, il devient mature à 20-25 cm (Svetovidov, 1948). Il semble que c’est par erreur que Hickling (Hickling, d’après Svetovidov, 1964) ait indique qu’il existait une grande différence dans la taille et l’âge de la maturité sexuelle des mâles et des femelles: mâles à 27 cm (3-4 ans); femelles à 75-70 cm (8-7 ans).

Près de l’Ecosse et de l’Irlande, la ponte a lieu du printemps à l’automne; au nord de l’Ecosse, au milieu ou à la fin de l’été; près de l’Irlande, au printemps ou en été; dans le golfe de Guinée, au printemps; en Méditerranée presque toute l’année (Svetovidov, 1964).

Près de l’Afrique nord-occidentale, le merlu pond en automne-hiver, la ponte massive se terminant en février.

Le poisson pond le long du plateau continental. La ponte est fractionnée. On a observé des femelles en tain de pondre à des profondeurs de 100 à 600 mètres. Il est probable que la ponte a lieu à de plus grandes profondeurs. La ponte a été également observée sur les bancs, tels que le banc Conception. On y a rencontré des jeunes mesurant 8 centimètres.

Près de l’Afrique nord-occidentale, l’alimentation de base se compose de différentes espèces de poissons et d’invertébrés - calmars et très souvent crevettes. Parmi les poissons, ce sont les espèces telles que le chinchard, les myctophides et dans les régions septentrionales, les Maurolicus. Ces dernières années, on remarque beaucoup Macroramphosus dont la population a beaucoup augmenté.

Selon les données de Maurin (1958, d’après Svetovidov, 1964) près des côtes du Maroc, le merlu européen se nourrit d’anchois, de crevettes et de céphalopodes. Près des côtes d’Europe - de poutassou (M. poutassou, Hickling, 1927, d’après Svetovidov, 1964). Les jeunes se nourrissent de crustacés planctoniques, principalement d’euphausiacés.

Le merlu sénégalais: L’aire de cette espèce est plus restreinte que celle du merlu européen; elle se situe entièrement dans la région de l’Atlantique centre-est, et plus exactement dans sa partie moyenne. Au nord, certains exemplaires commencent à être rencontrés à partir de 32° N. Il est plus rare au sud de 10° N. A la différence du merlu c’est une espèce des plus petites profondeurs. Au nord, en la rencontre à de plus grandes profondeurs et son aire d’habitat est plus étroite.

Le merlu sénégalais peut atteindre une longueur de 86 cm. Sa taille habituelle est de 30-50 cm. Le taux de croissance du merlu sénégalais est proche de celui du merlu (Tableau 6). Il grandit plus rapidement au nord qu’au sud. Pourtant, selon les données de Maurin (1965), la croissance était plus lente en 1953 dans la région du Cap Ghir (31° N). Cela est peut-être lié à des fluctuations annuelles de l’intensité de croissance en rapport avec les différences dans les conditions de l’environnement, différences que montre l’extension plus septentrionale de cette espèce en 1958, par rapport à l’année 1973 (Figure 4).

Tableau 6

CROISSANCE (LONGUEUR (cm)/AGE) DU MERLU SENEGALAIS DANS DIFFERENTS SECTEURS

Région

Age (années)

Auteur

1

2

3

4

5

6

25-23° N

12,5

24,9

35,6

47,6

54,0


Nos données

22-21° N

15,0

24,0

35,7

44,5

50,0

54,5


20-19° N

16,5

24,0

30,5

36,0

43,5

47,5


31° N

13,9

21,1

29,4




Maurin, 1955


Les poissons d’un an sont plus petits au nord, ceux de deux ans ont partout la même taille. La différence dans le rythme de croissance commence à se manifester à partir de la troisième année de vie et devient de plus en plus sensible avec l’âge. Le rapport taille-poids du merlu sénégalais diffère un peu de celui du merlu européen (Tableau 7). Durant les premières années de vie, le poids des deux espèces de merlu est le même. Au cours de la troisième année, ces deux espèces ont un poids de 250-300 grammes.

Tableau 7

RAPPORT TAILLE-POIDS DU MERLU SENEGALAIS

Espèce/taille (cm)

30

35

40

45

50

55

60

65

70

Auteur

M. senegalensis

150

300

430

610

800

1 100

1 300

1 510

2 000

Nos

M. merluccius

150

300

430

700

910

1 190

1 410

1 510

1 900

données


L’âge maximal est de 9 ans. Les individus de 2-4 ans prédominent. Les mâles atteignent la maturité sexuelle vers 28-30 cm, les femelles 32-36 cm. Les données de Postel (1955) sont proches des nôtres: dans la région du Sénégal, à partir de 1953, les mâles atteignaient la maturité sexuelle à 30 cm, les femelles à 40 cm. Chez tous les poissons, la maturité sexuelle est atteinte à des tailles plus grandes au nord qu’au sud. Malgré l’étendue restreinte de l’aire, ces différences dans le rythme de la maturité sexuelle se manifestent assez nettement (Tableau 8).

Les différences dans le taux de croissance entre les individus des divers secteurs sont liées aux délais de la maturité sexuelle. Au sud, ou le poisson atteint la maturité sexuelle plus tôt et plus rapidement, la croissance se ralentit plus tôt.

Figure 4

REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES TROIS ESPECES DE MERLUS PRES DE LA COTE NORD-OUEST DE L’AFRIQUE (1958-1960-1968, OCTOBRE-JANVIER; 1972, NOVEMBRE-DECEMBRE; RTM “BELOGORSK”)

1958-1960 (octobre-janvier)

1972 (novembre-décembre)

Tableau 8

TAILLES DE MATURITE DU MERLU SENEGALAIS DANS DIFFERENTS SECTEURS

Sexe

Secteurs

Taille minimale (cm)

% des individus matures à la taille (cm)

32

38

44

46

Mâles

25-23°N

36


50

100


22-21°N

32

30

100



20-19°N

30

50

100



Femelles

25-23°N

38



70

100

22-21°N

34


40


100

20-19°N

32


60


100


Le poisson de la zone située à 24° N diffère par son rapport poids de l’otolithe-taille du poisson (Figure 5), mais, comme pour M. merluccius ce rapport est identique au nord et au sud de cette zone et ce, malgré les différences dans le rythme de croissance et l’intensité de la maturation sexuelle.

La ponte se produit en automne-hiver (de novembre à mars) à des profondeurs comprises entre 100-500 mètres, le plus souvent à 200-300 mètres dans les divers secteurs situes au sud de 23° N. Dans le secteur Sénégal, en 1953, la ponte a été observée de janvier à avril (Postel, 1953).

Selon les données de Postel (1955), la fécondité des femelles de 55 cm était de 400 000 oeufs. La ponte est fractionnaire. Le régime alimentaire est assez varie. Certains poissons prédominent dans l’alimentation. Les plus fréquents sont le chinchard, la sardine, les mycophides, la sole, Hoplostetus. Parmi les invertébrés, on distingue les calmars et les crevettes. Pourtant leur importance dans la nutrition est moindre chez le merlu européen. D’autres auteurs ont observe dans l’alimentation: Les Synagrops, les anchois, le chinchard, le maquereau, Caranx rhonchus, Chlorophtalmus atlanticus, les jeunes merlus sénégalais et la crevette (Cadenat, 1955; Postel, 1955).

Le merlu mauritanien: La limite septentrionale de son aire de répartition se situe au niveau du cap Blanc. Cependant ce poisson y est rare. L’emplacement de la limite méridionale est très approximatif et se trouve probablement à la latitude du cap Palmas.

Le poisson mesure jusqu’à 65 cm. Au cours de ses première et deuxième années, il grandit plus rapidement que le merlu européen et le merlu sénégalais, puis sa croissance se ralentit et se rapproche de celle des deux autres espèces (Tableau 9). On n’a pas réussi à distinguer de différences entre les taux de croissance dans les différents secteurs.

Tableau 9

CROISSANCE DU MERLU MAURITANIEN (LONGUEUR (cm)/AGE)

Age

1

2

3

4

Taille moyenne (cm)

18,4

28,8

33,2

39,8


Il y a des différences importantes dans la taille de maturation des mâles et des femelles. Les premiers atteignent la maturité sexuelle vers 27 cm, les seconds vers 34 cm. La maturation complète est atteinte chez les mâles à 34 cm, chez les femelles à 42 cm (Tableau 10).

Tableau 10

TAILLE DE MATURATION CHEZ LE MERLU MAURITANIEN

Sexe

Taille minimale (cm)

% d’individus matures à la taille (cm)

28

34

38

42

Mâles

24

50

100



Femelles

34



60

100


Une maturité sexuelle plus précoce que chez d’autres espèces correspond à un ralentissement plus précoce de la croissance.

La ponte s’observe en décembre autour de 12° de latitude N et vers 300-400 mètres de profondeur. Les poissons en état de ponte et après la ponte ont été observés en novembre au sud du cap Blanc. Cela laisse penser que la ponte a lieu au cours de la période automne-hiver.

Bien que les limites des aires des différentes espèces de merlus de l’Afrique nord-occidentale se chevauchent, les conditions concrètes de l’habitat sont assez spécifiques. Chaque espèce se tient dans des masses d’eau définies, caractérisées sur la courbe TS.

Il est intéressant de noter que les limites des aires de certaines espèces de merlu, ont quelque peu change en 1973, en comparaison avec les années précédentes. Ainsi, en comparant la répartition des merlus dans les mêmes saisons en 1958-60 (Maurin, 1964) et en 1973, on note que les limites septentrionales des espèces plus méridionales (M. senegalensis, M. merluccius) se sont déplacées vers le sud (Figure 4).

Cela est probablement lie aux importantes variations du régime hydrologique de la région sur plusieurs années, et plus particulièrement au refroidissement.

Comme on l’a déjà signale, les prises de merlu sur le plateau continental de l’Afrique nord-occidentale on beaucoup augmente en 1971-1975. Cela s’explique par l’augmentation de sa population, ce qui est bien illustre par les résultats des prospections annuelles de chalutage.

Tableau 11

NOMBRE MINIMAL DE MERLU SENEGALAIS (19-15° N)

Année

69

70

71

72

73

74

75

76

77

Effectif minimal
(millions d’individus)

44

85

8

412

-

-

63,1

15,6

16,5


A la fin de 1972, une prospection de chalutage a été effectuée par le RTM ‘‘BIELOGORSK” (Domonevsky, Stjopkina, 1973).

On a obtenu ainsi le schéma de la répartition des concentrations du merlu européen et du merlu sénégalais et on a calculé le “nombre minimal” suivant la méthode classique des surfaces balayées. L’une et l’autre espèces se caractérisent par une répartition intermittente. Les quantités maximales de merlu européen se trouvaient dans la région de 24° - 26° N, celles du merlu sénégalais, au sud de 20°-21° N.

Dans la zone du plateau continental, comprise entre 36° et 20° N, le “nombre minimal” du merlu européen était de 37 millions, et celui du merlu sénégalais de 17 millions d’individus. Les effectifs correspondant au merlu sénégalais sont certainement très sous-estimés, car une partie de son habitat, située dans la zone de pêche du Sénégal et de la Mauritanie, n’a pas été accessible.

En 1972-1973 la génération de l’année 1971 prédominait (plus de 70 pour cent) chez le merlu européen. Dans les populations de merlu sénégalais et de merlu mauritanien, ce sont les individus des deux générations - 1970 et 1969 (Tableau 12), qui prédominaient.

Tableau 12

Effectifs de certaines générations (“nombre minimal” et pourcentage) chez les différentes espèces de merlu sur le plateau continental de l’Afrique nord-occidentale.

a) “Nombre minimal” en millions d’individus

Espèce

génération

Total

1971

1970

1969

1968

1967

1966

1965

1964

Merlu européen

26,66

3,9

2,44

1,81

1,16

0,79

0,11

0,02

36,89

Merlu sénégalais

0,66

5,88

7,16

2,56

0,63

0,22

0,09


17,2

b) En pourcentage

Espèce

génération

Total

1971

1970

1969

1968

1967

1966

1965

1964

Merlu européen

72,3

10,05

6,5

5,0

3,2

2,1

0,3

0,1

100

Merlu sénégalais

3,8

34,2

41,6

15,0

3,6

1,3

0,5


100

Merlu sénégalais

14,3

48,8

30,1

6,8





100


On peut remarquer que les années d’apparition des générations les plus nombreuses ne coïncident pas pour le merlu européen et les deux autres espèces.

La “biomasse minimale”, calculée suivant la méthode des surfaces balayées au début de l’année 1973, était de:

Merlu européen: 5 000 tonnes
Merlu sénégalais: 6 000 tonnes
On n’a pas encore pu estimer pour la région de la côte nord-occidentale africaine les coefficients approximatifs d’accessibilité et de capturabilité des prises, nécessaires pour la détermination de la biomasse absolue. En se servant pour les merlus de la région de l’Atlantique centre-est des mêmes indices que ceux utilises par Edwards (1968), on obtient une première approximation de la biomasse absolue de merlu présent sur le plateau continental de 36° à 20° N jusqu’à 500 mètres de profondeur (Tableau 13).

Tableau 13

BIOMASSE ABSOLUE DES PRINCIPALES ESPECES DE MERLU PRESENTEES SUR LE PLATEAU CONTINENTAL DE L’AFRIQUE NORD-OCCIDENTALE (36°-20° N)

Espèce

Biomasse minimale
(en milliers de tonnes)

Coefficient

Biomasse absolue
(en milliers de tonnes)

accessibilité

Capturabilité

Total

Merlu européen

5,0




83



0,20

0,25

0,05


Merlu sénégalais

6,0




100


Ces chiffres sont sous-estimés, car le merlu est rencontre et pêché jusqu’à 1 000 mètres dans la zone prospectée et que le merlu sénégalais n’a pas été entièrement pris en considération parce que les travaux n’ont pas été effectués dans le secteur de pêche du Sénégal. Voila pourquoi nous avons augmenté la valeur du stock de merlu européen jusqu’à 100 000 tonnes, et celle du merlu sénégalais deux fois plus (surface des concentrations dans la zone de pêche du Sénégal), c’est-à-dire jusqu’à 200 000 tonnes. Ainsi, approximativement au début de l’année 1973, la valeur du stock de toutes les espèces de merlu était d’environ 300 000 tonnes. Les prises totales (de même approximatives) ont atteint 80 000 tonnes, dont 50 000 de merlu sénégalais.

Figure 5: RAPPORT POIDS DE L’OTOLITHE - LONGUEUR DE TAILLE POUR MERLUCCIUS SENEGALENSIS

Dans la zone de pêche principale de la flottille soviétique, le merlu sénégalais, qui prédomine à presque toutes les profondeurs, constitue la plus grande part des prises (Tableau 14).

Tableau 14

IMPORTANCE RELATIVE (%) DES DIFFERENTES ESPECES DE MERLU A DIFFERENTES PROFONDEURS, A 20-25° N SUR LE PLATEAU CONTINENTAL DE L’AFRIQUE NORD-OCCIDENTALE

Espèce

Profondeur (m)

Ensemble des profondeurs


100

200

300

400

500

Merlu européen

nombre d’individus

0,2

4,1

14,6

70,5

24,5

11,8

poids

0,2

1,0

8,4

48,8

26,0

10,0

Merlu sénégalais

nombre d’individus

99,8

95,9

83,4

29,5

75,5

88,2

poids


99,0

91,6

52,0

74,0

90,0


Les tableaux 15 et 16 illustrent les résultats des prospections de chalutage pour l’estimation de la biomasse de merlu sénégalais sur le plateau continental de la Mauritanie et du Sahara occidental.

Tableau 15

Mauritanie



1973

1973

1975

1976

1977

1977-1978

V-VI

XI-XII

II

I

X-XI

XII-I

Effectif “minimal” en millions d’individus

-

-

63,1

15,6

16,5

4,3

Biomasse “minimale” en milliers de tonnes

12,8

25,0

9,2

5,0

5,1

1,5


Tableau 16

Sahara occidental



1972

1974

1974

1975

XI

II

VII-VIII

VII-VIII

Effectif “minimal” en millions d’individus

18,3

5,5

17,0

84,0

Biomasse “minimale” en milliers de tonnes

7,0

3,0

5,4

23,6


Les données de ces tableaux indiquent que la biomasse du merlu sénégalais a eu tendance à augmenter en 1973 pour diminuer ensuite. Ceci s’explique par l’entrée dans la pêche de générations peu nombreuses de merlu. On le voit bien dans les résultats des prospections en Mauritanie. La répartition caractéristique et les densités de merlu sénégalais dans la, zone principale de pêche sur le plateau continental de Mauritanie sont représentées sur les Figures 6 et 7.

Les résultats des prospections près du Sahara occidental reflètent moins bien ces tendances de la biomasse et d’effectifs et présentent d’importantes fluctuations.

La Figure 8 illustre la composition par taille du merlu sénégalais sur plusieurs années dans la région du cap Blanc.

Le Tableau 17 montre les stocks de merlu et leurs tendances sur le plateau continental du Sahara occidental sur plusieurs années.

Tableau 17

EFFECTIFS ET BIOMASSE “MINIMAUX” DU MERLU SUR LE PLATEAU CONTINENTAL DU SAHARA OCCIDENTAL



1972

1974

1975

1977

XI

II

VII-VIII

X-XI

Effectif minimal en millions d’individus

27,3

1,3

6,6

1,3

Biomasse minimale en milliers de tonnes

3,1

0,6

3,0

0,7



Figure 6: DISTRIBUTION DE M. SENEGALENSIS SUR LE PLATEAU CONTINENTAL DE MAURITANIE

Figure 7: DISTRIBUTION DE M. SENEGALENSIS SUR LE PLATEAU CONTINENTAL DE MAURITANIE

Figure 8: LA COMPOSITION PAR TAILLE DES MERLUS SENEGALAIS DANS LA REGION DU CAP BLANC

Ce n’est qu’à certaines périodes que la pêche industrielle du merlu présente un caractère spécialisé. Cela se produit les années où le stock est le plus abondant, et au cours des mois d’été, au moment de la formation sur le plateau de concentrations massives de merlu. On peut juger du caractère saisonnier de la pêche à partir du Tableau 18, qui reflète les statistiques de la pêche soviétique du merlu sur le plateau continental de l’Afrique nord-occidentale sur plusieurs mois.

Tableau 18

PRISES MENSUELLES DE MERLU SUR LE PLATEAU CONTINENTAL DE L’AFRIQUE NORD-OCCIDENTALE

Mois

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

XI

XII

Prises (%)

9,9

1,5

1,5

2,9

3,6

28,5

25,4

16,4

3,4

3,5

0,4

3,0


Nous avons essayé d’estimer l’état des stocks de la principale espèce commerciale de merlu sénégalais à l’aide de modèles mathématiques, en utilisant pour cela les données biologiques et les statistiques existantes.

Suivant la méthode des populations virtuelles (méthode de Schumacher), la biomasse de merlu sénégalais (tonnes) a été calculée selon les groupes d’âge et les années (entre 16°-28° N).

Tableau 19

Groupe d’âge

1972

1973

1974

1975

2

-

-

39 173

-

3

63 273

92 199

-

58 088

4

-

44 470

44 334

82 636

5

69 460

-

16 094

18 797

6

7 003

48 123

-

682

7

-

3 852

32 230

-

Total

139 736

188 624

131 831

160 253


Le Tableau 19 reflète l’évolution de la biomasse suivant les années et la taille des générations.

De plus, suivant la méthode de Beverton et Holt, on a calculé les coefficients de la mortalité naturelle et de la mortalité par pêche.

Tableau 20

COEFFICIENTS DE LA MORTALITE NATURELLE SELON LES GROUPES D’AGE

2-3

3-4

4-5

5-6

6-7

0,97

0,26

0,26

0,23

0,11


Ces estimations indiquent qu’une grande quantité de jeunes meurent de mort naturelle au cours des premières années. Au cours des années suivantes, les valeurs de ce coefficient diminuent et la valeur de 0,11 pour les poissons âges de 6-7 ans montre que la pêche à partir de cet âge n’est pas excessive.

Tableau 21

COEFFICIENTS DE LA MORTALITE PAR PECHE SELON LES GROUPES D’AGE ET LES ANNEES DE PECHE

Années de pêche

2-4

4-6

6-8

1972

0,27

0,57

0,12

1973

0,34

0,25

0,15

1974

0,40

0,62

0,39


Ce tableau montre que les individus adultes matures de merlu sénégalais âges de 4-6 ans sont particulièrement sujets à la pêche. En même temps, les données de 1974 montrent l’accroissement de l’intensité de la pêche. Cependant, malgré la pêche qui a sévi sur les cohortes, le nombre absolu de survivants n’a pas diminue et a assure une bonne reproduction.

Donc, la dynamique de la pêche du merlu est en corrélation avec la dynamique de ses stocks dans les principales zones de pêche. En outre, la pêche non spécialisée influe de façon négligeable sur la composition par âge de la population puisqu’elle capture en moyenne des individus de différentes générations. D’autre part, la spécialisation de la pêche sur le gros merlu habitant aux Açores à des profondeurs de 300-600 mètres, permettra même d’accroître les prises.

Nos recherches ont pour objectif, pour les prochaines années, l’étude de toutes les particularités du cycle de vie du merlu, de façon à pouvoir, à partir de la ponte, suivre chaque génération de merlu, estimer son rendement, les survivants, les particularités de reproduction et, enfin, la biomasse totale et la capture possible.

Les méthodes utilisées pour ces recherches sont traditionnelles: campagnes hydrologiques, coupes hydrologiques standardisées, prospections ichtyoplanctoniques, prospections par chalutage et analyses mathématiques ultérieures.


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