Les études scientifiques réalisés sur le bassin du Tchad ont pratiquement toutes porté sur le lac et les biefs inférieurs du Logone et du Chari.
Les études ichtyologiques, qui nous intéressent plus particulièrement ici, ont permis l'acquisition de connaissances:
Sur la répartition spatio-temporelle des populations lacustres et fluvio-lacustres ainsi que la structure trophique des peuplements de grand lac
Par ailleurs l'étude des pêcheries a également été abordée. Des méthodes d'estimation statistique de leurs caractéristiques ont été mises au point.
Les travaux actuellement en cours ont pour buts:
D'accéder à la compréhension de l'impact de la sécheresse sur les peuplements lacustres et fluvio-lacustres par l'analyse fine des données recueillies entre 1966 et 1977 par l'ORSTOM,
D'améliorer les méthodes d'étude par la mise au point de nouvelles méthodes d'acquisition, de saisie, et de traitement des données expérimentales et des observations statistiques des pêches artisanales.
Cet ensemble de travaux réalisés par des organismes de recherche théorique et/ou appliquée - Lake Chad Research Institute, FAO, CBLT, CTFT, ORSTOM - a permis l'acquisition d'une assez bonne connaissance des poissons du bassin du Tchad.
L'exploitation rationnelle des stocks de poissons nécessite malgré tout l'acquisition de connaissances supplémentaires justifiant un certain nombre de travaux.
3.1 Pour l'ensemble du bassin
Les pêcheries du lac Tchad et des biefs inférieurs des fleuves sont actuellement à un stade critique. Certains indices donnent à penser qu'une éventuelle surexploitation est à craindre. Les pêcheries des biefs supérieurs des fleuves sont très mal connues.
La connaissance de l'évolution des stocks et de l'impact des pêcheries sur ceux-ci est désormais nécessaire.
Seule une étude spécialisée visant à estimer les principaux paramètres des pêcheries (prises par unité d'effort, effort de pêche, diversité et caractéristiques des engins utilisés, etc.) pourront permettre cette connaissance nécessaire à l'adoption de méthodes d'exploitation rationnelles.
Il importerait donc d'installer sur l'ensemble du bassin un réseau de collecte des paramètres statistiques de base.
3.2 Pour le bassin conventionnel (au sens de la CBLT)
Nous savons que toutes les espèces décrites par Blache comme appartenant au bas bassin du Tchad une seule: Alestes dageti, est endémique du lac. Toutes les autres sont fluvia-tiles. Ceci est l'indice de la recolonisation du lac, lors de ses remises en eau, par des populations issues du milieu fluvial. L'étude des fleuves revêt donc désormais une grande importance, les observations effectuées jusqu'à maintenant, bien que partielles, indiquent nettement le rôle prépondérant que jouent ces zones inondables tant pour les jeunes poissons que pour les adultes.
Par ailleurs des pêcheries fluviales de grande importance s'exercent à proximité des plaines d'inondation.
Toutes ces raisons devraient contribuer à accorder une priorité à l'étude du réseau fluvial et, dans cette étude, une importance toute particulière aux plaines d'inondation.
Dans le bassin conventionnel, le Yaéré qui, par l'intérmédiaire de l'El Beïd, contribue directement au renouvellement des stocks lacustres, devrait être étudié avec attention.
3.3 Pour les parties moyennes et supérieures des fleuves
Plusieurs points importants demanderaient à être éclaircis. Les principales questions posées sont:
Quelles sont les principales caractéristiques des peuplements en place? (abondance, diversité, répartition principalement)
Dans quelle mesure les peuplements fluviatiles des biefs moyens et supérieurs sont-ils indépendants des peuplements fluvio-lacustres? N'existe-t-il pas une interpénétration des peuplements au moins pour certaines espèces?
Quel est l'effort de pêche actuellement exercé sur ces peuplements de “haut” bassin?