Page précédente Table des matières


Annexe 6. NIVEAU D’EXPLOITATION DU STOCK DEMERSAL DU PLATEAU CONTINENTAL CONGOLAIS

par

A. Fontana
Antenne ORSTOM
COB, Brest, France

La flottille congolaise pêche traditionnellement du nord de l’Angola au sud Gabon. Cependant, depuis quelques années, en raison des événements politiques en Angola, l’aire d’exploitation des chalutiers ne s’étend plus que de Pointe Noire à la pointe Nyanga au sud Gabon.

Maigri la taille modeste de la flottille congolaise, il a toujours été extrêmement difficile d’obtenir des données fiables sur les variations de l’effort de pêche (nombre de jours de mer par exemple). Le fait de ne pas maîtriser ce paramètre interdit donc l’utilisation d’un modèle global pour déterminer le niveau d’exploitation optimum du stock démersal. Ce niveau a donc dû être déterminé à partir d’un modèle analytique de RICKER. Les paramètres biologiques et dynamiques nécessaires à son élaboration ont été établis pour les espèces démersales suivantes: Pseudotolithus senegalensis, Pseudotolithus typus, Galeoides decadactylus, Pteroscion peli, Pentanemus quinquarius, Brachydeuterus auritus.

Les résultats obtenus à partir de la matrice de production relative aux cinq premières espèces montrent que:

- avec l’effort actuel, toute augmentation du maillage n’amèmerait à l’équilibre (3 ans) qu’une augmentation très faible de la production (+9 pour cent);

- la production maximale serait obtenue en multipliant l’effort de pêche par deux et en adoptant un maillage de 77 mm. L’augmentation de la production à l’équilibre serait de l’ordre de 46 pour cent. L’adoption d’un tel maillage se traduirait toutefois par une diminution immédiate des captures de l’ordre de 49 pour cent.

Pour éviter cette chute brutale des captures, deux solutions peuvent être proposées:
- soit passer entre 45 et 77 mm par deux pu trois maillages intermédiaires;
- soit passer directement à 77 mm et réduire alors le rejet d’une ou certaines espèces.
Pour plusieurs raisons, cette deuxième solution paraît beaucoup plus réaliste et rentable à long terme (3 ans). L’espèce qui paraît la mieux adaptée pour jouer ce rôle “tampon” serait le pelon Brachydeuterus auritus. En effet:
- Brachydeuterus auritus est extrêmement abondant sur le plateau continental Congo-Gabon;

- sa valeur marchande est proche de celle des espèces nobles, et

- elle est jusqu’à prisent rejetée en partie à la mer.

Si l’on se réfère aux données de 1975-76, où les captures de P. senegalensis, P. typus, Galeoides, Pentanemus et Pteroscion représentaient 3 770 tonnes/an, en adoptant un maillage de 77 mm, la diminution immédiate des captures de ces espèces représenterait 1 847 tonnes (49 pour cent). Si dans le même temps, Brachydeuterus était entièrement conservé et commercialisé, les apports de cette espèce représenteraient 1 280 tonnes.

La diminution consécutive à l’adoption d’un maillage de 77 mm ne serait alors plus que de 15 pour cent. A l’équilibre, c’est-à-dire au bout de 3 à 4 ans environ, et si Brachydeuterus continuait à être conservé entièrement (ce qui est fort probable, puisqu’avec un maillage de 77 mm seuls les gros individus sont capturés) le gain en production serait de l’ordre de 100 pour cent pour un effort de pêche multiplié par deux. A l’équilibre la pue serait dans ces conditions identique à la pue actuelle.

Notons enfin que cette situation (maillage 77 mm - effort doublé) n’altérerait pas le potentiel de reproduction de chacune de ces espèces.

Dans le cas où la pêche reprendrait dans la zone sud (essentiellement embouchure du fleuve Congo), cette réglementation ne pourrait être que bénéfique pour l’exploitation de Pseudotolithus elongatus. En effet, d’après les résultats de LE GUEN (1971), en doublant l’effort de pêche dans cette zone et en adoptant un maillage de 77 mm, la production augmenterait de 25 pour cent environ.

Fig. 1 Isoplèthes de rendement (P. senegalensis + P. typus + Galeoïdes + Pteroscion + Pentanemus).

Fig. 2 Isoplèthes de rendement (P. senegalensis + P. typus + Galeoïdes + Pteroscion + Pentanemus + Brachydeuterus).

Fig. 3 Isoplèthes de rendement économique (P. senegalensis + P. typus + Galeoïdes + Pteroscion + Pentanemus).

M/N0299/F/5.79/1/200


Page précédente Début de page