Dans le cadre du projet “Vulgarisation de la pisciculture et autofinancement des stations piscicoles principales” (CAF/80/002), M. François Demoulin, expert-associé, a été en poste à Bouar du ler juillet 1982 au 31 décembre 1984, avec le mandat suivant:
“Sous la responsabilité et les directives du superviseur:
assister à l'exécution des recherches et expérimentations concernant la production, l'alevinage et l'élevage d'espèces d'importance économique telles que Clarias lazera, Cyprinus carpio, Tilapia nilotica, Heterotis niloticus et les carpes chinoises;
assister dans la conduite des essais de mono et polycultures de ces espèces en étangs et cages flottantes ainsi que des essais d'élevages associés avec porcs, canards et poules. Des recherches sur la fertilisation des étangs et l'alimentation artificielle des poissons sont également envisagées;
participer à la formation de moniteurs piscicoles, d'agents piscicoles (animateurs) et de pisciculteurs;
participer, en milieu rural, à la vulgarisation de la pisciculture et à la gestion et l'aménagement des stations piscicoles;
participer à d'autres travaux, en relation avec la pisciculture qui lui seraient confiés par le Directeur du projet.”
Le projet poursuit deux buts essentiels:
arriver à l'autofinancement des trois stations piscicoles principales (Bouar est l'une d'elles) et
développer la pisciculture dans les zones rurales de manière à augmenter la ration protéique disponible et à améliorer le revenu monétaire de la population.
Les activités de l'expert-associé, conformément au mandat et aux objectifs du projet, se sont orientées vers deux voies parfois complémentaires et parfois antagonistes par manque de temps ou de matériel.
Aménagement et développement des infrastructures: ponts, pistes, bâtiment de travail avec bacs de stockage, bâtiments pour les élevages associés, réfection et construction d'étangs, etc.;
Essais de polyculture de Tilapia-Clarias;
Développement de différents élevages associés dont canards, porcs, poules pondeuses, poulets à petite ou moyenne échelle;
Production des poissons de consommation et d'alevins pour la vulgarisation;
Formation de l'homologue, chef de station;
Gestion des sous-stations d'alevinage de Baboua et Baoro.
Formation sur le terrain des différents agents piscicoles (moniteurs, animateurs) et des pisciculteurs;
Participation aux travaux de piquetage et construction des bassins à titre de démonstration;
Organisation des livraisons d'alevins, d'aliment et de matériel aux pisciculteurs;
Contrôle général du travail des moniteurs et animateurs;
Rassemblement et traitement des rapports mensuels des animateurs.
Quelques points méritent d'être soulignés afin d'apprécier l'environnement économique et social dans lequel travaille le projet.
Le réseau routier, à part quelques grands axes est en mauvais état, les transports sont difficiles et chers et le matériel roulant s'use rapidement.
Le milieu rural auquel s'adresse le projet n'a aucune tradition d'élevage.
Les sous-produits agricoles, très rares, ne sont disponibles qu'à Bangui (tourteau, son) et à Bambari (graines de coton). Il n'existe cependant pas de réseau de commercialisation dans le pays, ni pour eux ni pour les céréales. La zone ouest est particulièrement défavorisée sur ce point et il est impératif de constituer des réserves pour traverser les périodes de soudure.
La zone ouest présente un relief fort accidenté qui rend la construction des bassins assez délicate. Chaque année les fortes crues emportent bon nombre de bassins implantés près des marigots dans d'étroites vallées.
La station de Bouar, située à 1 000 m d'altitude, souffre en saison sèche (qui va de mi-novembre à mi-janvier) de faibles températures, ce qui ralentit la croissance du tilapia interrompant sa reproduction (température de l'eau: 14°-15°C).
La farine de sang (fabriquée artisanalement à l'abattoir de Bouar) et le maïs (récolté dans un rayon de 120 km), sont les seuls aliments disponibles dans la région pour les élevages assoicés.
La station de Bouar, située au centre de la zone, est assistée de deux sous-stations d'une trentaine d'ares chacune, à Baboua et à Baoro (voir carte 1) situées respectivement à 115 et à 60 km de Bouar.
En septembre 1982, date du début du travail effectif de l'expert, la situation de la station pouvait être considérée comme suit: