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Chapitre 9
Conclusion et recommandations

9.1 Priorités

L'exposé qui précède que les institutions comme la FAO devraient recommander l'ordre de priorités suivant pour la recherche en biotechnologie dans le domaine de l'alimentation animale:

Technologie fourragère

Manipulation de la digestibilité

Manipulation du métabolisme à l'intérieur de l'animal

9.2 Conclusions générales

L'opinion de l'auteur peut se résumer ainsi:

9.2.1 Les perpectives de la biotechnologie nouvelle

Nombreux sont les auteurs qui commencent un article ainsi:

“Dans un proche avenir, l'amélioration des animaux domestiques pour la production de viande et des fibres subira une révolution grâce à l'exploitation des percées récentes et des progrès réalisé en matière de génétique moléculaire, de manipulation d'embryons et de transfert de gènes.”

La réalité est la suivante:

La plupart des projets se sont heurtés à des obstacles qui exigent un retour à la recherche fondamentale. La démarche simpliste qui voudrait que des organismes et des animaux ayant subi des transformations fonctionnent bien dans un système de production n'a pas donné les résultats escomptés. Les spécialistes de la biotechnologie admettent aujourd'hui que de nombreux travaux de recherche fondamentale s'imposent pour parachever les percées technologiques (ou, par exemple, pour acquérir la possibilité d'introduire de l'ADN étranger dans les cellules) avant qu'on puisse déboucher sur des applications pratiques.

Cette technologie pourra tenir ses promesses, mais il est désormais manifeste que l'époque où elle sera véritablement appliquée ne pourra plus se situer aux alentours de l'an 2000, comme on l'avait espéré.

9.2.2 L'avenir

Il serait possible d'accroître énormément la production animale dans la plupart des pays en développement si l'on trouvait les moyens d'appliquer des théories déjà bien établies. Il s'agit notamment de mettre en pratique les nouveaux principes de l'alimentation de complément chez les ruminants qui ont été énoncés au cours des dix dernières années et qui insistent sur l'emploi de resources locales équilibrées au moyen de nutriments critiques. Il est surtout nécessaire de trouver des mécanismes ou des moyens pour appliquer ces principes en divers endroits où des animaux sont nourris de fourrage de mauvaise qualité.

Il semble que la nutrition soit l'obstacle qui pèse le plus sur la production. Il est admis que la lutte contre la maladie conserve encore toute son importance, mais en fait elle pourrait être en grande partie menée à bien avec les techniques existantes. La point essentiel, c'est qu'en l'absence d'une amélioration nutritionelle il est peu probable que la biotechnologie moderne puisse être appliquée avec succès aux ruminants dans les pays en développement.

9.2.3 Les problèmes

Il est hors de doute que les promesses de la biotechnologie moderne restent valables, mais les délais d'application seront beaucoup plus longs que ne l'avaient laissé entendre naguère les scientifiques les plus enthousiastes.

Il est difficile de répondre à la question: “Comment les pays en développement pourront-ils profiter des progrès que permettra de réaliser la recherche en biotechnologie?”. Le présent exposé étant limité aux aspects touchant la nutrition, peut-être la réponse est-elle que, eu égard à la commercialisation actuelle de la biotechnologie, les principaux bénéficiaires seront probablement les actionnaires des entrerprises multinationales, à moins que l'application n'échappe à tout contrôle, par exemple si un micro-organisme de la panse exceptionnel pouvait être aisément transmis d'un animal à l'autre en demeurant robuste et en réussissant à survivre.

La biotechnologie moderne a certainement sa place dans les pays en développement. Il faut qu'il y ait dans ceux-ci des gens qui travaillent dans ce domaine afin de pouvoir déceler (si les informations ne sont pas tenues secrètes) tel ou tel avantage qui pourrait présenter de l'intérêt sur le plan local.

A mesure que les principes d'une alimentation équilibrée sont élargis et appliqués de plus en plus au cheptel dans les en pays en développement, la biotechnologie moderne s'y prêtera mieux à une utilisation pratique. Combien de temps faudra-t-il attendre pour cela? De l'avis de l'auteur, les connaissances actuelles ne seront appliquées que lentement au cours des dix prochaines années, mais à mesure que le réchauffement de la planète sera plus manifeste et que la population générale le reconnaîtra, les motifs et les pressions en vue d'une meilleure efficacité de la production des ruminants seront renforcés. Dans les dix années à venir, la nutrition des ruminants sera alors énormément améliorée conformément aux principes exposés dans le présent rapport et le nombre de ces animaux diminuera. De plus, l'application de cette technologie améliorera la base fourragère pour le cheptel restant et il deviendra possible d'envisager une approche biotechnologique pour améliorer encore davantage l'efficacité de la production.

La nécessité d'une recherche appliquée et d'une recherche fondamentale est permanente dans ces domaines et ne doit pas être négligée au profit d'une biotechnologie moderne qui exige des moyens de financement énormes pour appuyer la recherche fondamentale avant que ses résultats puissent être appliqués. La biotechnologie moderne doit progresser étape par étape en même temps que l'amélioration de la nutrition et la recherche sur la lutte contre les maladies.

9.2.4. Recommandations

  1. Dans le plus grand nombre possible de pays et de régions, il faut dès maintenant mettre l'accent avant tout sur la recherche au niveau local pour manipuler l'écosystème microbien de la panse et le métabolisme des animaux grâce à une technologie fourragère, afin que les ruminants aient le meilleur rendement possible avec le régime alimentaire disponible sur place. Compte tenu des effets directs et indirects, cela pourrait déboucher sur une amélioration considérable de la productivité qui permettrait de faire face à la demande croissante d'aliments pour la population humaine et de réduire les effectifs de cheptel.

  2. La réalisation la plus importante sera la production d'aliments de complément qui compléteront les ressources fourragères disponibles dans les régions à forte densité de cheptel.

  3. Il faut développer la biotechnologie moderne, mais seulement dans quelques instituts de recherche bien sélectionnés, et les travaux doivent être financés sur les ressources nationales. Les domaines de recherche doivent être choisis avec le plus grand soin en fonction de l'intérêt qu'ils présentent sur le plan local et ils ne devront pas être déjà à l'étude ailleurs. Les groupes de spécialistes scientifiques doivent se tenir au courant des progrès de la biotechnologie moderne.


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