Section II - SCHEMA DU PLAN D'AMENAGEMENT

3. LE CONTEXTE NATIONAL

On trouve dans cette section, qui constituera le Chapitre I du plan d'aménagement, les données qui permettent de replacer la zone étudiée dans le cadre plus vaste de la protection des ressources naturelles au niveau national. On y fournit des données sur les plans nationaux de mise en valeur et sur la stratégie nationale de conservation, s'il en existe une, et sur leur intégration à l'ensemble des parcs nationaux et zones similaires. La stratégie nationale de conservation repose-t-elle sur la stratégie mondiale de conservation de la nature proposée par l'UICN? Comment l'ensemble des parcs et la zone particulière à l'étude s'insèrent-ils dans les objectifs de la stratégie nationale ou du plan? Y a-t-il une planification de l'ensemble des parcs nationaux et zones similaires ayant abouti à la préparation d'une stratégie de mise en oeuvre? Quels sont ses objectifs? Quelle importance a la zone étudiée par rapport aux priorités énoncées dans ce plan? Quels critères a-t-on appliqués pour fixer ces priorités? Quelles régions biogéographiques ou quels autres critères écologiques, utilises pour déterminer les zones prioritaires à transformer en parcs, correspondent à la zone du parc étudié? Quest-ce qui donne la zone à l'étude un caractère original dans l'ensemble national des parcs et zones similaires?

4. CONTEXTE REGIONAL

En général, le deuxième chapitre décrit les caractéristiques biophysiques, culturelles et socioéconomiques de la région dont fait partie la zone étudiée, et qui peuvent influencer son aménagement futur.

La compréhension des interrelations entre la zone étudiée et la région environnante est un préalable indispensable à la planification d'un parc. Ces relations peuvent être subtiles ou évidentes, simples ou complexes. Elles sont souvent nombreuses et il faut bien les comprendre. On doit se rendre compte que les parcs n'existent par in abstracto. Pour préparer un plan tenant compte des influences sociales, économiques ou politiques qui actuellement ou à l'avenir, peuvent influer sur le parc, il est indispensable d'étudier de très près la région où il est situé. Même si cette région n'a pas une dimension ou une configuration absolument nette, en général elle se compose de zones environnantes ou adjacentes qui sont raisonnablement cohérentes sur un plan économique, géographique et politique. Il faudra veiller particulièrement aux rubriques ci-après.

4.1. Utilisation des terres et économie

Etudier l'utilisation actuelle des terres, ainsi que les tendances et les plans concernant le développement futur de la région. Noter les plans des organismes publics et privés dans le domaine de l'agriculture, de la réforme agraire, de l'aménagement forestier, de l'aménagement hydraulique, de l'électricité du développement industriel et commercial, de l'urbanisation, etc., en considérant leurs effets possibles, positifs ou négatifs, sur le parc. Etablir des contacts officiels et officieux avec les représentants de ces organismes afin d'assurer une bonne coordination.

Dans certains cas, l'organisme responsable des parcs nationaux doit jouer le rôle de leader. Souvent, les plans relatifs au parc contiennent des recommandations sur l'utilisation des terres limitrophes. Cela peut être le cas lorsque la zone étudiée doit être classée Réserve de la Biosphère (dans le cadre du programme "L'homme et la biosphère") ou bien lorsque les terres limitrophes de la zone étudiée, administrées par un autre organisme gouvernemental, qu'il soit national, régional ou local, doivent être aménagées en zones tampon ou d'une manière qui aille dans le sens des objectifs d'aménagement du parc. La recherche d'un inventaire régional de l'utilisation des terres devrait commencer au niveau de l'organisme de planification le plus élevé. Dans la majorité des cas il s'agit de l'Office national du plan. D'autres sources d'information sont les institutions et les organismes qui s'intéressent à l'utilisation des terres, en particulier les agences régionales de planification et développement. Il faut essayer de savoir si leurs plans ont tenu compte de l'existence du parc, et dans l'affirmative, ce qu'elles proposent comme objectifs principaux et comme mise en valeur future pour la région.

Etablir des relations avec les autorités locales et provinciales afin de connaître leur opinion sur la zone du parc. Découvrir leurs plans et leurs idées. Se rappeler que les populations locales s'intéressent profondément à "leur" parc et au plan dont il fait l'objet pour l'avenir.

4.2 Système de transport

Etudier les accès au parc et le système régional de transport. Identifier les principaux chemins d'accès et en noter l'état. Chercher à connaître les projets de création de nouvelles routes ou d'amélioration du réseau existant. Il faudrait également examiner les installations existantes ou prévues en ce qui concerne les transports aériens, ferroviaires et fluviaux. Présenter, si possible, des données statistiques ou des projections indiquant le nombre et le pourcentage des personnes qui utilisent ou utiliseront des transports publics pour se rendre dans la région. Analyser les modalités d'acheminement des visiteurs jusqu'au parc.

4.3 Caractéristiques démographiques

Etudier la démographie régionale. Noter le nom des centres habités et leur distance par rapport au parc. Noter les tendances et changements démographiques dans la région. Comparer ces caractéristiques aux caractéristiques de l'ensemble du pays. Examiner les effets que l'accroissement démographique pourrait exercer sur le parc. Il importe d'analyser de très près toutes ces données. Les informations ainsi recueillies serviront ultérieurement de base aux décisions en matière d'équipement, de services et d'investissements.

4.4 Services de tourisme et de loisirs

Etudier les infrastructures régionales proposées ou déjà créées par le secteur public ou privé pour les loisirs de plein air et le tourisme. Se renseigner sur l'utilisation. Ces informations ont un intérêt évident pour déterminer les besoins auxquels devra faire face le parc,

4.5 Facteurs biophysiques

Analyser brièvement comment les facteurs biophysiques de la région environnante influeront sur les activités futures d'aménagement de la zone étudiée. Comment cette zone est-elle reliée topographiquement au reste de la région? Quels sont les principaux bassins versants et réseaux hydrographiques? L'aménagement de la zone aura-t-il une incidence sur leur potentiel et sur leur protection? Quel rôle la zone étudiée peut-elle jouer en tant que réserve de chasse, zone de reproduction ou couloir de migration? Est-ce que ces forêts et autre couverture végétale sont exploitées? Pourrait-on utiliser cette zone comme source potentielle de matériel génétique pour améliorer les espèces existantes ou pour fournir les semences permettant de remettre en état des milieux dégradés?

4.6 Données culturelles

Il faut décrire brièvement les données historiques, archéologiques et sociologiques de la région, susceptibles d'avoir des effets sur l'aménagement de la zone étudiée. Est-ce que la région a connu des événements historiques importants qui ont une incidence sur la zone étudiée? La région a-telle été occupée par des civilisations préhistoriques? Dans l'affirmative, quelle importance cette zone avait-elle pour les civilisations? Quels sont actuellement les groupes culturels prédominants dans la zone? Quelle est l'importance que ces groupes attachent à la zone étudiée pour leur vie quotidienne ou à l'occasion de rites et cérémonies?

5. ANALYSE DU PARC NATIONAL OU DE LA ZONE ETUDIEE

Ce chapitre constitue, avec ceux sur le contexte national et sur le contexte régional, la base pour la préparation du plan. Les informations pertinentes condensées dans ce chapitre visent à aider les planificateurs et utilisateurs futurs du plan à comprendre et à justifier rationnellement les activités d'aménagement et de développement. Si les informations contenues dans ce chapitre (ou dans les chapitres précédents) ne renforcent pas les décisions relatives à la planification et à l'aménagement, il ne faut pas les inclure.

5.1 Situation géographique

Dans cette section, on définit la situation géographique de la zone étudiée en décrivant ses principales caractéristiques géographiques et en donnant sa latitude et sa longitude. On joint à une brève description de la zone, une carte géographique montrant les liens existant entre le parc et les grandes villes, les pôles touristiques et les réseaux de transport.

5.2 Régime juridique du parc

S'il s'agit d'un parc national déjà existant, il faut donner un résumé de son histoire juridique. On décrira les mesures qui ont entraîné des modifications dans le tracé des frontières et dans le statut des terres. Il faudrait également consigner l'histoire de l'aménagement et du développement de la zone pour mieux comprendre la situation actuelle. Fournir des données sur les dispositions légales concernant tous les usages particuliers de la terre, par exemple l'exploitation minière, le pâturage, l'extraction de bois, etc. On joindra en annexe les copies de textes législatifs et autres documents intéressants.

5.3. Les ressources

Dans ce chapitre, on examinera les caractéristiques naturelles et culturelles de la zone étudiée. Il ne s'agit pas d'établir une liste détaillée de la flore, de la faune, des roches et des vestiges culturels, mais plutôt de procéder à l'examen général des valeurs biophysiques et culturelles de la zone. Les ressources des parcs sont des éléments importants du patrimoine national qui méritent une analyse exhaustive et attentive. Le traitement adéquat de cette section permettra de préciser les fins du plan. L'information présentée dans ce chapitre constituera la base des decisions futures.

Il faudra chercher, étudier et analyser les ouvrages existants et les autres sources d'information. Dans certains cas, cette information sera à peu près nulle et il faudra procéder à une prospection de la ressource. Cette prospection ne doit pas prendre la forme d'une enquête minutieuse et détaillée mais plutôt constituer une etude qui mettra en évidence les caractéristiques les plus significatives. Souvent les universités collaborent à ce travail, aidant à la prospection d'une ressource.

On tiendra compte de toutes les ressources naturelles ou artificielles qui ont une incidence sur la planification. On cherchera à évaluer leur potentiel en ce qui concerne les valeurs esthétiques, récréatives, éducatives, scientïfiques et autres qui intéressent la conservation de la ressource. Les evaluations seront aussi objectives que possible et l'on évitera de préjuger l'affectation qui doit être donnée à la zone étudiée.

5.3.1. Ressources biophysiques

Les descriptions doivent procéder du général au particulier. On doit joindre en annexe les listes et inventaires des ressources.

Géologie

On divisera cette section par grander rubriques géologiques, par exemple stratigraphie, paléographie, structures, morphologie. On recueillera une documentation sur les processus géomorphologiques tels que le volcanisme, les glaciations et autres mouvements de masse. En outre, on indiquera les modifications provoquées par l'homme dans les ressources géologiques.

Terrains et sols

Les terrains et sols ont une influence sur l'aménagement matériel et l'utilisation publique des parcs. En conséquence, il faut décrire la nature générale du terrain et indiquer les propriétés mécaniques des sols. S'il y a des differences notables entre les principales régions du parc, on les décrira. Indiquer la présence de marais, la perméabilité des sols, la pénétration du gel, les sols gelés toute l'année, la profondeur de la nappe phréatique, les problèmes des sols et de fondations, la vulnérabilité à l'érosion et la propension au compactage, etc.

Climat

Cette section comprendra une presentation systématique des données relatives à la température, aux précipitations et autres phénomènes climatiques. On décrira ensuite l'influence du climat sur l'utilisation, l'aménagement et le développement du parc. Si les conditions climatiques varient considérablement d'un lieu à l'autre à l'intérieur du parc, il faudra mettre ce fait en évidence dans l'exposé et dans les graphiques. Si l'on ne possède pas d'informations détaillées on aura recours à des généralisations prudentes.

a) Température: porter sur un graphique les maximums et les minimums mensuels moyens de la température atmosphérique.

b) Précipitations: indiquer sur un graphique les moyennes mensuelles des pluies et chutes de neige. Noter aussi la hauteur et la durée normales de l'enseignement si l'on dispose de ces données. Décrire la direction du vent. Signaler tout effet particulier des précipitations sur l'utilisation, l'aménagement et la mise en valeur des parcs.

c) Vents: noter la direction des vents dominants et leur vitesse pendant chaque saison. Indiquer les vitesses maximums (tempêtes), les directions et les dates. Noter tout effet que le vent peut exercer sur la fréquentation des parcs, leur aménagement ou leur mise en valeur.

d) Présenter, sous forme de graphique, l'ensoleillement, le nombre de jours ensoleillés par an. Cette information est particulièrement importante pour les zones où les visiteurs cherchent les plaisirs de la mer et du soleil.

Eaux

Décrire les plages, les lacs, les rivières, les ruisseaux, les estuaires, les marais, les sources. S'il y a lieu, indiquer les dimensions (longueur, largeur, profondeur), les caractéristiques de l'eau (teneur chimique, sédiments, clarté, couleur, température, pollution, navigabilité, courants, marées, risques divers) et les côtes (plages, gradients, inondations) et l'ensemble du bassin hydrologique, en tenant compte de l'incidence de tous ces facteurs sur l'amont et l'aval.

Flore

Décrire brièvement les zones écologiques de la région étudiée et énumérer les espèces représentatives et les associations botaniques de chaque zone (le système des zones biologiques de Holdridge est largement utilisé en Amérique latine). En suivant cette classification générale des types botaniques, on présentera une documentation sur des éléments plus restreints ou plus spécifiques, par exemple les espèces importantes, les espèces endémiques ou exotiques et les exemplaires remarquables par l'âge ou par la taille. Noter les changements significatifs produits par les activités naturelles ou artificielles. Indiquer également les espèces rares ou en danger d'extinction ainsi que les espèces qui ont disparu récemment.

Faune

Enumérer les espèces importantes en les associant aux unités écologiques et aux habitats. Indiquer les grandes classes (mammifères, oiseaux, reptiles, poissons, etc.). Noter également les phénomènes saisonniers, migration, nidification, frai. Indiquer les espèces rares ou en danger d'extinction ainsi que les espèces disparues récemment. Noter la présence d'animaux domestiques retournés à l'état sauvage, en donnant une estimation des effectifs. On dénombrera les poissons par espèces principales, indigènes ou introduites et par habitat principal (océan, baie, eau douce). Indiquer les eaux dans lesquelles on rencontre seulement des espèces indigènes ou dans lesquelles il n'y a pas de poissons pour des raisons naturelles ou artificielles.

Caractéristiques génétiques et écologiques

La conservation in situ des matériaux génétiques devient de plus en plus importante à mesure que les scientifiques et les planificateurs s'aperçoivent de la disparition rapide de nombre de ces ressources absolument indispensables à la santé des cultures et des animaux domestiques, à l'amélioration des soins médicaux et à bien d'autres fonctions encore inconnues. Il convient d'analyser minutieusement les ressources génétiques importantes de la zone étudiée afin d'aménager au mieux leur protection et leur utilisation. Il faut décrire les associations écologiques spéciales qui offrent un intérêt ou une valeur particulière et qui méritent un traitement à part en vue de la conservation des matériaux génétiques, et sélectionner des échantillons d'unités écologiques ou des sites qu'il serait utile d'observer sur une longue période. Dans les exemples, inclure des espèces de végétaux et d'animaux sauvages pouvant faire l'objet d'amélioration génétique à des fins agricoles ou médicinales, les zones uniques de transition écologique ou les grands phénomènes géologiques qui se rencontrent à l'état naturel, à l'abri des pollutions, dans le parc.

Conditions particulières

Décrire le type, la fréquence et la durée des tempêtes et signaler tout phénomène particulier tel que foudre, brouillard, brume, ouragans, etc., qui pourrait influer sur l'utilisation et la mise en valeur. Le cas échéant, noter les parties du parc qui sont exposées aux avalanches, glissements de terrain, phénomènes de solifluxion, affaissements, coulées de boue et autres facteurs particuliers liés à la géographie et au climat.

Histoire des incendies

Si on possède les données nécessaires, résumer l'histoire des incendies en soulignant les incendies de végétation inhabituels et en évaluant le risque d'incendie. Donner des indications sur les saisons où se produisent normalement les incendies. Si la création d'un parc est proposée, estimer la vulnérabilité des types végétaux à l'incendie.

5.3.2. Ressources culturelles

Archéologie

Les évaluations et études de sites archéologiques importants, quand ils existent dans le parc, exigent l'emploi d'un archéologue professionnel compétent. Celui-ci serait chargé des tâches suivantes: décrire la culture et la période approximative pendant laquelle elle a existé dans la localité; préciser si des études archéologiques ont déjà été faites et, en ce cas, qui a fait les découvertes et quels ont été les résultats, l'étendue des fouilles et, éventuellement, l'existence d'emplacements qui n'ont pas encore été étudiés, décrire autant que possible l'apparence originelle de l'emplacement ou des ouvrages en notant que l'état dans lequel se trouvent tous les restes matériels qui subsistent. Cette information sera présentée graphiquement sur une carte historique ou archéologique. Il faut évaluer la ressource en reliant le site à la culture dont il fait partie, mettre en évidence la signification spéciale que possède la site, et montrer les facettes importantes de la culture, particulièrement la corrélation entre culture et ressources naturelles dans la zone étudiée. Enfin, il faut donner toute autre information pouvant servir dans le cadre des programmes d'interprétation.

Histoire

Si la zone étudiée contient des ressources importantes du point de vue historique (lieux, terrains, bâtiments ou objets), on décrira les principaux faits ou événements liés à ces ressources. On notera également les principaux faits antérieurs ou postérieurs qui sont en rapport étroit avec eux, qu'ils se soient produits ou non dans la zone étudiée. On s'efforcera de donner une bonne représentation de cette zone au cours de la période historique. Décrire les vestiges historiques pour faciliter les décisions futures en matière d'aménagement et de développement.

Le succès dans la préservation et l'interprétation des ressources historiques dépend souvent de la qualité du milieu qui entoure ces ressources. Noter, dans cet entourage, les facteurs visuels ou auditifs d'origine humaine qui pourraient violer l'intégrité de la ressource historique étudiée. Signaler les innovations envisagées dans le voisinage qui pourraient influer sur l'environnement des ressources historiques.

Culture contemporaine

En général on délimite les parcs nationaux en excluant les zones habitées. Néanmoins, quand il est impossible de réaliser autrement les fins pour lesquelles le parc est créé ou quand la présence d'une culture importante sur le plan historique ou indigène est jugée nécessaire à la conservation des valeurs du parc, on envisagera l'inclusion de telles zones. Bien que l'on reconnaisse l'attrait touristique des cultures indigènes restées en dehors du courant principal de l'évolution moderne, les problèmes que pose leur aménagement aux fins touristiques peuvent être multiples, si l'on ne prend pas des précautions appropriées. Ces mesures doivent respecter les coutumes sociales et religieuses des indigènes et doivent d'abord servir les objectifs d'aménagement du parc. Parfois, il existe à l'intérieur des limites du parc des civilisations non-indigènes qui n'ont peut-être pas d'importance ethnologique, mais qui occupent et utilisent les territoires du parc depuis de nombreuses générations. Dans ces cas-là, il faut noter de façon détaillée l'importance de la population, l'étendue et le mode d'utilisation des terres à l'intérieur des limites du parc. Il est parfois possible de réinstaller ces populations soit par le biais des programmes de réforme agraire existants, soit par l'échange de terres, soit encore par l'achat pur et simple de la terre. Lorsque ce n'est pas possible, il est parfois nécessaire d'aménager l'utilisation des terres, en coopération avec les intéressés, de manière à remplir les objectifs du parc.

5.4 Facteurs socio-économiques

Utilisation actuelle de la terre

Un facteur important pour les parcs proposés ou déjà établis est la connaissance approfondie de l'utilisation actuelle des terres. Il faudra étudier largement les utilisations actuelles et leurs incidences économiques, sociales, politiques et scientifiques. Le succès ou l'échec d'un projet de parc peut dépendre de la solution ou du compromis adopté en ce qui concerne les problèmes actuels d'utilisation de la terre du parc.

L'utilisation de la terre devrait être étudiée de la façon suivante:

- Déterminer, si possible, le nombre de parcelles, leur dimension, le nom de leurs propriétaires, tant publics que privés, et prendre une décision quant à la légalité de leur titre foncier ou de leur possession. Les descriptions seront accompagnées de cartes. Une grande partie de ces informations sera présentée en annexe.

- Donner un tableau au moins approximatif des utilisations actuelles de la terre par type et par superficie (terres cultivées, pastorales, forestières, terrains miniers, terrains résidentiels, etc.). Ces données figureront dans une carte de l'utilisation actuelle des terres. On indiquera aussi les lignes électriques, les lignes téléphoniques, les canalisations, les ouvrages de communication électronique, les routes, les voies ferrées et tous autres équipements importants.

- Evaluer les changements dans l'utilisation des terres. Noter toute évolution économique qui influe sur l'utilisation de la terre, par exemple, terre forestière convertie à l'agriculture, extension des activités extractives, occupation illégale.

Utilisation de la ressource par les visiteurs

Dans le cas des parcs déjà existants, on dolt étudier l'usage qu'en font les visiteurs, les installations et les services d'accueil et l'influence des diverses utilisations sur la ressource. Il y aura lieu de consulter à ce propos l'administrateur du parc et ses collaborateurs dont l'expérience apporte beaucoup d'informations.

Enumérer les diverses activités, le nombre approximatif des usagers par semaine ou par mois et, si possible, le nombre de visiteurs au cours de l'année écoulée et de la dernière période quinquennale. Ventiler ces données par type d'utilisation, d'une manière aussi précise que possible, par exemple pique-nique, canotage, camping, pêche, visites éducatives, études scientifiques, collections, etc., et préciser le pourcentage de visiteurs qui participent à chacune de ces activités.

Dans les zones qui accueillent déjà des visiteurs mais ne sont pas encore aménagées, s'informer auprès des organisateurs de voyages au sujet du nombre des visiteurs et de leurs activités.

Analyse du public

Pour planifier les parcs actuellement utilisés, Il faut analyser le public, c'est-à-dire déterminer la provenance des visiteurs, se documenter our leur âge et leur sexe, sur la nature et l'effectif des groupes, sur les caractéristiques socio-économiques des usagers, sur les activités auxquelles ils participent, sur les moyens de transport et sur la durée du séjour. Pour obtenir ces informations, le mieux est de programmer à l'intérieur du parc des enquêtes ou des études d'opinion. Si l'on ne dispose pas des résultats de ces sondages systématiques, on consultera le personnel du parc pour recueillir des observations.

Si actuellement le parc n'est pas utilisé, formuler des hypothèses quant à la nature de la fréquentation possible. Ces hypothèses peuvent se fonder sur des situations analogues observées ailleurs.

Cette information est importante parce qu'elle indique aux planificateurs le type de visiteur susceptible de fréquenter le parc. En outre, elle rendra service à l'administrateur du parc et aux architectes paysagistes oú autres concepteurs-réalisateurs dont les services seront sollicités par la suite en vue de l'établissement de plans de développement détaillés.

5.5 Justification du parc

Les renseignements présentés dans les trois premiers chapitres du plan permettront aux planificateurs de comprendre la valeur et l'intérêt de la zone étudiée. Il faudra alors rédiger avec soin un exposé des motifs de la création d'un parc. Cet exposé revêt une grande importance car il constitue le cadre de référence du plan d'aménagement. Dans cette section brève et concise, on devra exprimer clairement les raisons qui amènent à constituer la zone en parc national ou en une autre catégorie de zone naturelle. Ceux qui cherchent ce genre d'information se rapportent souvent immédiatement à cet exposé, car ce doit être un résumé de toutes les données pertinentes justifiant la création d'une zone protégée et le type d'aménagement proposé à cette fin dans le chapitre suivant.

6. AMENAGEMENT ET MISE EN VALEUR

Les trois premiers chapitres du plan d'aménagement traitent uniquement des conditions existantes. Dans le processus de planification ils correspondent à la phase d'enquête. Où est localisée la ressource? De quelle importance est-elle? Quels sont les problèmes d'ordre naturel ou d'origine humaine qui pèsent sur la ressource? Quels sont les usagers actuels et futurs? L'analyse de l'information recueillie dans ces chapitres constitue la base de l'aménagement et de la mise en valeur.

6.1 Objectifs de l'aménagement

Il faut ensuite formuler les objectifs de l'aménagement de la zone que l'équipe de planification a étudiée. Ces objectifs sont aux plans ce que les gouvernails sont aux bateaux: ce sont eux qui donnent la direction. Les objectifs doivent se rapporter à des aspects concrets. Il faut éviter les déclarations ronflantes et complaisantes sur les avantages écologiques et sociaux. Bien que concis, ils doivent apporter des indications précises et valables, propres à être réalisées par les programmes d'aménagement. Souvent, ils constituent les éléments les plus fréquemment cités d'un plan.

Lors de la formulation des objectifs, l'équipe doit d'abord s'orienter en fonction de la catégorie particulière d'aménagement prévue: s'agit-il d'un parc naturel, d'une réserve naturelle et d'une aire de loisirs? Pour chacune de ces catégories des priorités précises sont fixées dans les stratégies du pays ou les documents de planification concernant l'ensemble des parcs nationaux, qui ont peut-être été établis suivant des normes internationales. L'expérience de l'équipe sur le terrain, les discussions avec les scientifiques, les autorités et la population locale au sujet de la zone étudiée serviront de base à la formulation effective des objectifs. Quelles sont les ressources principales de la zone? et quelle est, selon les directives générales fournies pour chaque catégorie d'aménagement, la meilleure façon de les aménager? Faut-il protéger intégralement de vastes sections de la zone ou parce qu'elles sont extrêmement fragiles ou qu'elles abritent des écosystèmes exceptionnels? Les loisirs devraient-ils être un des objectifs majeurs de l'aménagement de la zone? Doit-on orienter de préférence l'aménagement des activités récréatives en fonction du tourisme extérieur ou en fonction d'une utilisation par les habitants de la localité ou de la région? Les ressources de la zone se prêtent-elles à une exploitation de subsistance par les indigènes ou des populations sans ressources?

Etant donné que la terre et ses ressources sont soumises à des pressions croissantes, la plupart des zones naturelles protégées créées récemment sont aménagées de façon à ce que les populations locales en profitent directement, soit par le biais de l'exploitation contrôlée des ressources de la faune et de la flore sauvages, soit par la création d'emplois. Les ressources archéologiques ou historiques de la zone sont-elles importantes? leur étude est-elle prioritaire? Envisage-t-on de faire de la zone une Réserve de la biosphère ou un bien du Fonds du patrimoine mondial? Dans ce cas, les objectifs devraient correspondre à ce statut international, réel ou potentiel. Il faudra donc connaître les objectifs de ces différents types d'aménagement (voir annexe et bibliographie).

6.2 Etude qénérale de l'aménagement

Ayant défini les objectifs, on superposera au fond de carte un papier calque de bonne qualité (résistant à de nombreux gommages) et l'on commencera à préparer l'ébauche préliminaire du plan d'aménagement. On peut ajouter les informations figurant sur le fond de carte aux données recueillies sur le terrain et les inscrire sur une série de feuilles transparentes de façon à ce que l'on puisse découvrir toutes les variables en même temps, ou les combiner différemment, selon les besoins des planificateurs. Ceux-ci, en utilisant ces variables avec prudence, pourront identifier de façon provisoire, les sites se prêtant à une mise en valeur, les limites, une ébauche de système de zonage, les zones vulnérables, les ressources présentant un caractère unique, les routes, les pistes, etc. Ce genre d'analyse et d'essais ouvre souvent la voie à la solution des problèmes.

Une fois que l'on aura incorporé (généralement avec de nombreuses corrections) les indications apportées par les autres membres de l'équipe et les consultants, l'ébauche préliminaire du plan d'aménagement deviendra la première représentation graphique des aspirations et des buts recherchés dans le développement et l'utilisation des parcs. Cette ébauche sera suivie d'une partie narrative qui en résumera le contenu. Il faudra examiner ce qui figure dans l'esquisse, où cela figure et pourquoi cela figure. Cet examen révèlera souvent des lacunes ou des oublis que l'on pourra ensuite corriger.

Même s'il est probable que cette ébauche ne sera pas intégrée au plan d'aménagement proprement dit, elle fournira aux utilisateurs du plan une vue d'ensemble des propositions d'aménagement dont il sera question dans le chapitre suivant.

6.3 Limites

L'équipe de planification doit généralement s'occuper d'une zone aux limites déjà établies par la loi. On a souvent fixé de telles limites sans avoir recueilli au préalable sur le terrain, les informations nécessaires au respect des caractéristiques topographiques et à la protection des ressources à aménager. Il est très rare qu'une équipe ait à faire des recommandations au sujet d'une zone dont les limites n'ont pas encore été fixées par la loi. Dans un cas comme dans l'autre, l'équipe de planification a pour responsabilité essentielle de recommander des limites (dans le cas où elles n'existent pas) ou des modifications aux limites existantes pour qu'elles s'adaptent aux programmes d'aménagement et de développement présentés dans le plan.

Pour fixer les limites d'un parc, il y a beaucoup de facteurs à considérer. Après avoir fixé approximativement et provisoirement les frontières du parc sur l'ébauche préliminaire du plan directeur, on se posera les questions ci-après:

a) les limites proposées sont-elles compatibles avec les objectifs d'aménagement? Dans les zones naturelles, on considérera les ressources importantes, par exemple, les écosystèmes (terrestres et marins), les rivages, les îlots du littoral, les systèmes géologiques, les migrations animales, les écotones, etc. S'il s'agit d'une zone d'intérêt culturel, on vérifiera si l'on a prévu suffisamment de terres pour protéger non seulement la ressource culturelle mais également le panorama. Dans le cas des zones protégées, la vision centrifuge est souvent plus importante que la vision centripète.

b) Les limites sont-elles bien définies et facilement reconnaissables? L'aménagement d'un parc est beaucoup plus facile quand les visiteurs, les employés du parc et les propriétaires des terrains limitrophes savent quand ils ont pénétré dans le parc et quand ils sont restés en dehors. Le tracé devrait suivre des frontières naturelles: cours d'eau, rivages, ceintures de récifs, sommets de montagne, etc. On utilisera souvent comme limite facile à reconnaître les chemins, les bornages et les clôtures qui existent déjà. Il convient d'éviter autant que possible d'utiliser les cours d'eau comme limites.

c) S'est-on suffisamment préoccupé de protéger les bassins versants? il faudra envisager des limites qui donnent une protection absolue au bassin du parc ou protègent les deux rives des cours d'eau.

d) Peut-on atteindre les objectifs du parc quelle que soit l'utilisation future des terres limitrophes? Envisager la possibilité d'une utilisation défavorable des terres limitrophes, par exemple des nouveautés qui risquent de gâter la vue, l'air ou le silence du parc. Ces considérations sont de la plus haute importance au voisinage des entrées du parc ou des zones d'aménagement intensif.

e) A-t-on prévu assez d'espace pour des routes d'accès et pour des installations qui devront rester discrètes mais qui seront indispensables pour la fréquentation et la gestion du parc? Considérer les agrandissements éventuellement nécessaires.

f) S'il s'agit de terres appartenant à des propriétaires privés, a-t-on tracé les lignes de démarcation de manière à réduire au minimum les inconvénients de la division? Il faut éviter de laisser des propriétés privées qui soient trop petites pour que la terre puisse continuer à être exploitée de façon rentable.

Après avoir étudié ces facteurs, il faudra examiner avec réalisme les modifications que l'aménagement du parc national apportera aux utilisations actuelles de la terre. A présent, il reste dans le monde peu de terres qui ne soient convoitées, si tant est qu'il en reste. Etant donné que la concurrence pour l'exploitation de la terre ne cesse de s'intensifier, il faudra identifier et évaluer totalement ou partiellement les autres usages possibles de la terre que l'on veut transformer en parc national. Dans cette analyse, on prendra en considération:

a) la raison d'inclure la terre dans le parc;

b) l'utilisation et l'état actuel de la propriété;

c) les possibilités et les limitations de la terre sous le régime d'utilisation actuel;

d) l'incidence exercée sur le milieu par l'aménagement matériel du parc que l'on envisage;

e) les aspects physiques, économiques, sociaux et politiques de la région qui ont une incidence sur les autres utilisations possibles.

Souvent, après une analyse attentive des autres usages possibles, il sera nécessaire de transiger dans les situations difficiles afin de pouvoir atteindre les objectifs de conservation.

Il ne faut pas oublier que, si mal conçus et si nuisibles que puissent être les projets concurrents, il est difficile d'y mettre un frein si l'on ne possède pas des plans bien documentés qui garantissent une utilisation de la terre meilleure et plus conforme à l'intérêt national.

On présentera de façon détaillée en annexe les limites proposées ou les modifications à apporter aux limites existantes. Elles feront nécessairement l'objet d'une discussion et d'une justification dans le texte principal. Il faudra préparer une carte qui mette en évidence tant les anciennes limites que les limites proposées.

6.4 Zonage

Après avoir fixé les limites du parc, il faudra trouver un moyen d'en évaluer et d'en classer les terres et les eaux. La division du parc en zones d'aménagement est une démarche fondamentale qui a pour objet de reconnaître et de protéger convenablement les ressources, et facilite grandement leur gestion par le personnel du parc. Elle indiquera donc où l'on peut installer des équipements et surtout où il ne faut pas les installer. Une évaluation et une sélection minutieuse des zones propices par l'équipe de planification serviront de base à bien d'autres décisions concernant l'aménagement. Le cas échéant, il faut indiquer ces zones sur ébauche préliminaire du plan d'aménagement, puis, plus en détail, sur une carte spéciale. Dans la partie descriptive du plan d'aménagement, on définira chaque zone. Pour chacune d'entre elles, on décrira la qualité et la superficie des terres, ainsi que l'emplacement, et l'on formulera les objectifs. On fixera également des normes pour l'utilisation de chaque type de zone.

Le système de classification en zones varie considérablement d'un pays à l'autre, et même, à l'intérieur d'un même pays, d'un parc à l'autre, particulièrement en ce qui concerne la dénomination exacte des zones. Toutefois, il n'y a que quelques grandes catégories qui soient généralement adoptées.

  1. Zones d'un parc qui renferment les richesses naturelles les plus importantes et souvent les plus fragiles. On y interdira toute activité de l'homme qui puisse avoir un effet négatif sur ces richesses. Bien que l'on tolère habituellement un usage limité de la part du public, ces zones ont pour objectif principal la conservation intégrale de ressources naturelles uniques ou précieuses. On y autorisera les installations strictement nécessaires à l'aménagement et à la sauvegarde de leur caractère naturel, ce qui consistera souvent à installer discrètement un simple poste de garde. Il pourra être nécessaire, compte tenu de la fragilité et du caractère originel des ressources naturelles de ces zones, d'en interdire, à certaines époques de l'année, l'accès au public, ou de limiter le nombre de visiteurs, afin de réduire l'impact négatif de l'homme sur ces ressources. On peut appeler ces zones: zones sauvages, intangibles, primitives, primitives et scientifiques, naturelles ou écologiques.

  2. Zones à utiliser en priorité pour les loisirs: les visiteurs y auront assez facilement accès. Its y trouveront un échantillon des ressources principales du parc. On fait parfois la distinction entre deux catégories de zones: les zones d'aménagement extensif dans lesquelles des infrastructures telles que routes, pistes, terrains de camping rudimentaires, points de vue, peuvent être autorisées en vue dune utilisation peu dense pour les loisirs. Elles servent parfois de "zones tampons" aux zones dont il a été question à la section précédente. Les zones d'aménagement intensif sont celles où l'on prévoit une forte concentration de visiteurs. C'est généralement dans cette catégorie représentant un faible pourcentage de la superficie totale du parc, que se trouvent la plupart des installations destinées aux visiteurs tels que routes goudronnées, centres d'accueil, boutiques, campings aménagés et hôtellerie. Ces zones sont les plus touchées par l'afflux des visiteurs et doivent donc faire l'objet d'une gestion poussée. Il faut interdire tout aménagement qui puisse, par ses caractéristiques mêmes, se rapprocher de l'urbanisation pure et simple. On se limitera donc à y installer les équipements nécessaires aux loisirs et à la sécurité des visiteurs ainsi qu'à la protection des ressources. On installera, si possible, hôtels, restaurants et magasins hors des limites du parc afin de réduire l'impact de l'homme sur le parc.
    On peut appeler ces zones, zones de loisirs, zones d'aménagement intensif, zones d'aménagement extensif, zones de mise en valeur ou zones d'accès.

  3. Zones du parc d'importance culturelle: elles possèdent généralement des biens archéologiques ou historiques d'importance nationale ou internationale. L'intérêt de cette catégorie est d'être orientée directement vers la protection et l'étude des vestiges du patrimoine culturel d'une nation. Il est souvent souhaitable d'utiliser des zones adjacentes plus naturelles pour fournir un cadre à ces zones. Seuls les équipements nécessaires à la protection, à la restauration et à l'étude des richesses culturelles seront installés. La visite des sites et monuments et les activités éducatives seront généralement les seules activités permises au public.
    On peut appeler ces zones, zones historiques, zones archéologiques, zones culturelles ou historico-culturelles.

  4. Zones du parc qui ont été dégradées ou modifiées par l'introduction d'animaux ou de plantes exotiques, par l'exploitation des mines et des forêts, par le brûlis, la colonisation, l'exploitation agricole, etc. Après avoir établi les objectifs du futur aménagement (voir Aménagement des ressources et protection), on entreprendra un programme de remise en état de la zone. Dans certains cas, il peut être nécessaire de restituer aux terres leur aspect d'origine. Dans d'autres cas, on devra planter des végétaux indigènes sur les zones érodées. Parfois les chercheurs et les administrateurs souhaiteront mener des expériences dans les zones afin de déterminer quelles sont les meilleures techniques à utiliser pour reconstituer le couvert végétal protecteur, ou pour surveiller d'autres types de modifications du milieu. On autorisera dans ces zones les installations et les équipements nécessaires à la réalisation de ces programmes.
    Ces zones sont dites zones de réhabilitation, de restauration, de bonification ou de remise en état.

  5. Zones réservées aux services à l'intérieur du parc: logements pour le personnel, bâtiments administratifs et entrepôts, installations pour l'eau et l'électricité, antennes de transmission, installations sanitaires. Il faudra protéger autant que possible les zones ouvertes aux visiteurs, de la vue de ces installations ou du bruit causé par elles. Pour les installations isolées de peu d'importance, situées hors de l'ensemble des bâtiments administratifs et d'entretien, il est préférable d'éviter la création d'une zone spéciale, et de les intégrer à la zone dans laquelle elles se trouvent, zone de loisirs par exemple. On ne devra créer ce type de zone qu'en cas d'installations multiples et non pour des bâtiments isolés.
    On appelle ces zones: zones administratives ou zones à utilisation spéciale.

  6. Zones du parc dont les sols sont utilisés d'une manière normalement incompatible avec les objectifs de l'aménagement. C'est le cas lorsque des pressions sociales, économiques ou politiques gênent ou empêchent que l'on libère un parc national classé, une zone naturelle ou culturelle de modes d'utilisation des sols non souhaitables. C'est une situation qui peut se produire lorsque les populations locales ont traditionnellement utilisé des zones du parc pour le pacage et qu'elles ne disposent pas de pâturages suffisants pour leurs animaux à l'extérieur du parc. Il faut, lorsque l'on est amené à tolérer de telles activités, mettre en place des aménagements et des contrôles efficaces qui empêchent que les richesses du parc soient dégradées sans raison. Un aménagement adéquat est souvent aussi utile aux populations locales. Dans le cas de certaines catégories d'aménagement de zones naturelles, mettre des terres à la disposition des populations locales afin qu'elles en utilisent les ressources de façon rationnelle et contrôlée peut constituer l'objectif principal des programmes d'aménagement.
    On appelle ce type de zones: zones à utilisation spéciale, à utilisation multiple, zones socio-économiques, ou zones culturales.

  7. On a récemment accordé une importance considérable à la conservation in situ des ressources génétiques, qu'elles soient animales ou végétales. Pour bien gérer de telles ressources dans le cadre des différentes catégories d'aménagement de zones protégées, il faudra que le système de zonage en tienne compte. La gestion dynamique généralement nécessaire tant au maintien d'un niveau donné de diversité et d'évolution génétique qu'à l'exercice parallèle d'activités d'exploitation contrôlée implique la création d'une zone distincte réservée à cet effet. Les normes internationales relatives aux parcs nationaux et réserves similaires ne permettent pas habituellement la mise en valeur des ressources génétiques, mais seulement leur protection. Cette conception est cependant peut-être en train d'évoluer, compte tenu de l'importance croissante de ce type d'aménagement. Dans les catégories d'aménagement plus souples, comme les réserves écologiques ou les réserves de ressources naturelles, ce type de gestion ne présente habituellement pas de problème, mais doit être intégré dans le zonage. Les activités d'aménagement peuvent inclure:
    - la lutte contre les espèces végétales ou animales nuisibles à la conservation des espèces mises en valeur;
    - la suppression ou l'encouragement, selon les cas, de processus naturels tels que les incendies;
    - l'introduction de nouveaux spécimens des espèces protégées afin d'augmenter la diversité génétique.

    Ces zones sont dites: zones de ressources génétiques, zones de gestion des ressources ou zones à utilisations multiples. Dans certaines aires protégées, on peut intégrer ce type de gestion dans les zones 3), 4) et 6) dont il a été question plus haut, si les objectifs d'aménagement le permettent.

Il importe que les dénominations des zones particulières, retenues pour classer les terres d'un parc national ou de zones assimilées, indiquent clairement l'objectif ou la fonction de chacune de ces zones. Les noms cités plus haut sont de simples exemples tirés du passé. Les planificateurs devraient faire preuve d'imagination pour choisir les dénominations les mieux adaptées aux zones sélectionnées. Il ne faut pas oublier que, si les planificateurs et les administrateurs doivent comprendre les objectifs du système de zonage, le public aussi devra souvent en connaître les répercussions. A cet égard, les planificateurs doivent se donner comme objectif d'utiliser des noms de zones et de systèmes de zonage aussi simples et explicites que possible. Le nombre de zones nécessaires dans un parc dépendra de sa complexité. En général, 4 ou 5 zones devraient suffire. Il est important que chaque zone complète la zone voisine. Il devrait y avoir, lorsque c'est possible, une transition entre les zones d'aménagement intensif et les zones d'aménagement moins dense afin d'éviter de brusques changements d'utilisation d'une zone à l'autre et d'assurer le maximum de protection aux zones vierges ou importantes du point de vue écologique.

Si la zone est désignée ou proposée comme Réserve de la biosphère, il peut être souhaitable d'introduire un système de zonage adapté à ce type d'aménagement, tel que recommandé par l'Unesco. On a proposé que les réserves de la biosphère soient divisées en zones de la manière suivante:

a) zone naturelle ou "aire centrale" aménagée de façon à subir le moins possible l'influence de l'homme, afin de servir de base à la région biologique;

b) zone intermédiaire ou "zone tampon" aménagée en vue d'activités de recherche, éducation et formation; les méthodes et les techniques d'orientation du milieu y sont admises. On peut y tolérer des activités traditionnelles sous contrôle;

c) zone de récupération ou de restauration: áménagée pour permettre d'analyser et de récupérer des terres et des ressources naturelles là où les transformations d'origine naturelle ou humaine ont dépassé le seuil de tolérance du milieu, où les processus biologiques ont été interrompus, et où des espèces ont disparu localement;

d) zone culturelle stable: aménagée en vue de la protection et de l'étude des cultures existantes et des modes d'utilisation des terres en harmonie avec le milieu. On laisse en place les populations locales qui peuvent poursuivre leurs activités, mais on limite rigoureusement l'introduction de nouvelles technologies.

Certaines des zones mentionnées plus haut peuvent comprendre des terres situées en tout ou en partie hors des limites d'un parc national ou d'une réserve déjà constituée. Pour une recherche plus approfondie, se reporter à la bibliographie.

6.5 Programmes d'aménagement

Le plan d'aménagement doit comprendre les règles, exigences et spécifications des divers programmes d'aménagement nécessaires à la réalisation des objectifs du parc. Les programmes d'aménagement communs à tous les parcs se classent en quatre catégories selon leur objet: aménagement et protection des ressources; utilisation publique; mise en valeur matérielle; enfin, administration et entretien.

6.5.1 Aménagement et protection des ressources

L'aménagement d'un parc national a pour objet la sauvegarde de l'ensemble du milieu, plutôt que la protection d'aspects particuliers. Néanmoins, dans la programmation de l'aménagement des ressources, il est commode de diviser le problème global en sous-éléments plus faciles à traiter, à savoir des programmes d'aménagement.

Dans le cas des zones naturelles, on étudie les aménagements nécessaires pour empêcher la dégradation et la destruction de la végétation, de la faune sauvage et autres aspects de la nature. Cela va au-delà de la protection passive, résultant du zonage des terres. Il faudra fréquemment appliquer des techniques d'aménagement écologique pour neutraliser les influences humaines à l'intérieur comme à l'extérieur du parc. Les programmes de protection des ressources comprennent généralement, sans que la liste soit exhaustive: la gestion de la faune terrestre et aquatique, la lutte contre les incendies, la lutte contre les insectes et les maladies, la lutte contre la pollution des eaux. Si le parc renferme des ressources génétiques importantes, végétales ou animales, il faudra consacrer un programme spécial à leur gestion. Il faudra non seulement veiller à leur protection, mais aussi, au besoin, en interdire l'utilisation. Le système de zonage et de police du parc devra être organisé en conséquence.

Les planificateurs devraient aussi comprendre qu'une véritable conservation in situ des ressources génétiques n'implique pas seulement leur conservation à l'état naturel à un moment donné, mais doit aussi leur permettre d'évoluer et de se transformer au contact des facteurs ambiants normaux. Ceci peut requérir l'application de méthodes de gestion et d'intervention intensives. Il faudra tenir compte des facteurs tels que la nécessité de conserver une diversité génétique suffisante à l'intérieur d'une population limitée, les conséquences des incendies et les cycles normaux de la végétation. Sera-t-il nécessaire d'introduire des spécimens supplémentaires pour augmenter la richesse du matériel génétique? Faudra-t-il déclencher des incendies contrôlés pour conserver des conditions et des processus d'évolution "normaux"? La plupart du temps la gestion des ressources génétiques requerra de vastes recherches et l'avis d'experts de terrain.

Les parcs renfermant des richesses culturelles exigeront en outre des programmes d'aménagement comportant des études et des restaurations historiques et archéologiques ainsi que des programmes destinés à freiner les influences humaines ou naturelles qui portent atteinte au patrimoine culturel. L'aménagement normal d'une zone historique comporte l'entretien des bâtiments, de leurs abords, des mobiliers, des équipements et des terrains. Dans les zones où il y a lieu de prévoir des programmes d'histoire vivante, il faudra organiser des programmes d'action en conséquence.

Dans la même section, on devra aussi envisager la protection du visiteur. Les mesures à prendre varieront selon la nature et le nombre des usagers prévus et selon la nature des activités et des installations offertes. En règle générale, il s'agit de prévoir la surveillance des régions isolées ou fragiles du parc, les opérations de recherche et de sauvetage en montagne et en forêt, d'empêcher les noyades, de veiller à la sécurité et à la santé des visiteurs.

Il faudra bien spécifier toutes les fonctions de chaque programme ainsi que ses besoins en personnel, installations et matériel.

6.5.2 Utilisation publique

L'aménagement au profit des visiteurs comprend quatre programmes principaux.

Loisirs

Déterminer la nature des activités de loisirs offertes au visiteur. Le fait d'offrir ces possibilités constitue-t-il un objectif principal de la zone étudiée? Garder à l'esprit que les activités de loisirs doivent être en accord avec le caractère de la zone et ne doivent pas contrarier d'autres objectifs de l'aménagement. Pour chaque activité, on calculera la demande probable. Indiquer les types d'installations et d'équipement nécessaires. Faudra-t-il construire des pistes ou améliorer celles qui existent? Où devra-t-on aménager les points de vue? Aura-t-on besoin de pistes cyclables? Indiquer comment sera organisée la participation du public. Est-il nécessaire d'instaurer un système de permis pour le camping dans les zones sauvages ou isolées? Faudra-t-il limiter le séjour des campeurs sur les terrains de camping? Les visiteurs devront-ils être accompagnés par des guides pour pénétrer dans certaines aires du parc? Parmi les activités de loisirs qui exigent des programmes d'aménagement, on peut citer entre autres: l'alpinisme, les visites spéléologiques, la plongée sous-marine, le camping organisé, individuel ou sauvage, l'observation de la faune et le canotage.

Comment les activités de loisirs seront-elles liées à l'étude du milieu entreprise dans le parc?

Information. éducation et étude

Grâce à ce programme, les administrateurs du parc fournissent aux visiteurs information et orientation à plusieurs niveaux différents qui, selon leur importance pour le parc, peuvent chacun faire l'objet d'un programme séparé. Publications, signalisations et interventions du personnel du parc renseignent les visiteurs sur les installations, l'histoire naturelle, et les règlements du parc. On choisira les moyens à utiliser pour assurer le mieux possible ces services en fonction des caractéristiques physiques du parc (dimension, accès, etc.), des ressources financières nécessaires et de la demande

On doit considérer l'enseignement relatif à l'environnement comme un objectif pour presque tous les types de catégories d'aménagement. Toute aire naturelle peut avec le personnel qui la gère jouer un rôle très utile dans l'enseignement relatif aux relations entre l'homme et son milieu naturel. Etant donné que les parcs et autres zones naturelles sont des laboratoires parfaits pour cet enseignement, un vaste programme d'éducation écologique doit nécessairement être inséré dans le plan d'aménagement. On doit fréquemment faire appel à la coopération des écoles, des universités, de la presse et au concours d'autres organisations pour promouvoir la connaissance de l'environnement dans le parc et hors du parc. Dans les parcs proches d'agglomérations il faut planifier les programmes d'éducation écologique avec un soin particulier car ils ont beaucoup de succès. La fréquentation des parcs par des groupes d'amis de la nature, des écrivains, des photographes de la nature, des étudiants en planification du milieu fait souvent partie des utilisations éducatives.

Outre la sensibilisation générale à l'environnement, un programme d'éducation écologique peut permettre au public de mieux connaître et de respecter davantage les règlements du parc qui semblent au premier abord avoir un impact négatif sur la population locale. La vulgarisation, qui consiste à mettre le parc à la portée du public, devrait devenir un élément important de l'aménagement.

L'"interprétation'' ou étude constitue une partie importante du programme d'éducation écologique dans une zone naturelle, car elle exploite les ressources naturelles de la zone pour mettre le visiteur directement en contact avec elles. Elle consiste à "traduire" le langage de la nature en langage humain pour permettre au visiteur de mieux comprendre les systèmes écologiques ou culturels, par une meilleure connaissance de leur raison d'être et de leurs rapports. A cet effet il faut doter le parc d'installations et de services qui stimulent la curiosité et l'intérêt des visiteurs. L'enseignement se doit d'être agréable. Les programmes d'interprétation ont à leur disposition les méthodes suivantes: contacts personnels entre le public et les "interprètes" et autres membres du personnel du parc par le biais de visites guidées, visites indépendantes, projections de films ou de diapositives, publications, expositions, enregistrements.

Le plan d'aménagement doit indiquer les méthodes retenues pour présenter les thèmes d'interprétation et l'information au public. Il devra aussi indiquer les thèmes généraux qu'il faudra aborder dans le cadre des programmes d'interprétation, par exemple, le rôle du parc dans la protection des bassins hydrographiques, les relations particulières qui existent entre certains végétaux et certains animaux, les espèces en danger protégées dans le parc, les ressources génétiques que l'on y trouve, et l'influence que ces ressources peuvent avoir sur les hommes. Pour élaborer un plan d'action plus spécifique on peut avoir recours à un spécialiste de l'interprétation.

Recherche scientifique

Dans la majorité des parcs, les enquêtes et les études scientifiques ayant pour objet la sauvegarde des valeurs naturelles et culturelles constituent un objectif d'aménagement important. On établira des programmes d'enquêtes et d'étude en fonction des besoins du parc lui-même et du monde scientifique en général. Il faudra définir la demande probable à cet égard. Celle-ci dépendra des caractéristiques du parc et de l'intérêt des institutions scientifiques. Définir les projets particuliers à réaliser dans le parc; le personnel, s'il y a lieu; l'équipement et les installations nécessaires à la recherche.

Il y a souvent conflit entre la recherche scientifique et d'autres objectifs d'aménagement, le tourisme, en particulier. Les activités scientifiques à l'intérieur d'une aire naturelle ou culturelle doit être strictement surveillées. Avant de commencer une enquête il faut exiger une autorisation. Le plan indiquera s'il y a lieu de limiter les enquêtes scientifiques dans la zone. Existe-t-il des endroits où la recherche devrait être interdite? Est-il permis de prélever des spécimens de faune et de flore sauvage? Peut-on marquer ou baguer la faune? Dans l'affirmative, dans quelles conditions? les chercheurs devrontils présenter des rapports d'activité ou ún rapport final? Le parc devra-t-il accorder un soutien financier ou logistique à certains types de recherches qui présentent une utilité pour l'élaboration de plans d'aménagement (par exemple, les études concernant les ressources génétiques, ou les effets des incendies sur la végétation de savane). Quelles sont les activités qui pourront être confiées au personnel du parc? (surveillance continue des espèces en danger, relevés de végétation, par exemple).

Dans le cas des réserves de la biosphère, la recherche et surtout la surveillance du milieu sont capitales, et cette section devra traduire leur importance.

6.5.3 Administration et entretien

Tout parc, grand ou petit, a besoin d'un programme d'aménagement portant sur l'administration des activités commerciales et l'entretien des installations et du matériel. Cette fonction de régie englobe divers aspects: personnel, financement, achats, contrats et entretien de toutes les installations. Il serait impossible de gérer les ressources du parc sans organiser l'administration et les activités de soutien.

Personnel

Le plan devrait comporter des recommandations sur les besoins en personnel pour la gestion du parc. Normalement, les titres et le statut officiel de ce dernier sont fixés au préalable selon les normes gouvernementales; à l'intérieur de ces limites il reste une certaine marge de souplesse en ce qui concerne particulièrement les effectifs exacts et les responsabilités.

Le personnel de gestion et d'administration du parc se répartit en général en trois catégories: les cadres, c'est-à-dire le directeur ou le gérant du parc et les autres membres du personnel ayant un diplôme universitaire, habituellement chargés de l'encadrement des programmes d'aménagement; les techniciens de niveau intermédiaire, c'est-à-dire titulaires d'un diplôme d'études secondaires ou techniques et qui peuvent être chargés de programmes de gestion particuliers, de la direction des gardes forestiers et gardiens sur le terrain; enfin, le personnel de terrain chargé d'assurer la mise en oeuvre des programmes d'aménagement.

Le personnel de soutien, tel que comptables, cuisiniers, mécaniciens et autres personnes chargées de l'entretien, constitue une quatrième catégorie.

Le plan devrait indiquer les postes nécessaires pour assurer la gestion et l'administration, et définir les responsabilités principales de chaque poste. Les postes à envisager sont les suivants:

Gérant, surintendant, administrateurs, surveillant en chef, ou directeur de parc. C'est la personne responsable d'un parc déterminé ou d'une zone similaire. A la tête de tous les agents du parc, il doit coordonner leurs travaux et les inciter à réaliser les objectifs du parc qui relèvent de sa responsabilité. Il doit traiter avec les organisations publiques et autres et avec les dirigeants locaux, présenter et défendre "I'image" et le programme du parc.

Autres cadres. En fonction de la dimension et la complexité du parc, il peut être nécessaire d'engager un directeur ou surintendant adjoint. Le naturaliste en chef est chargé de tout ce qui touche à l'information, à l'enseignement et à l'interprétation. Le chef de la protection ou administrateur des ressources naturelles a la responsabilité de tous les programmes d'aménagement des ressources du parc.

Niveau intermédiaire. Selon le régime du parc, on donne à cette catégorie d'agents le nom de gardes, surveillants, techniciens forestiers ou contrôleurs. Ils sont directement chargés d'assurer l'exécution du travail sur le terrain selon les plans d'action ou d'opérations: on peut aussi leur confier quelques uns des postes de garde les plus importants ou des fonctions qui requièrent de nombreux contacts avec le public; souvent ils encadrent des groupes de personnel de terrain.

Personnel de terrain. Cette catégorie comprend généralement les gardes du parc ou gardes forestiers, les surveillants qui travaillent habituellement sur le terrain, exécutent les programmes d'aménagement, occupent des postes de garde ou traitent directement avec le public. Leur rôle est d'assurer que l'on utilise le parc selon la politique et les règlements généraux en vigueur. Ils assurent l'ordre tout en constituant la source principale de renseignements pour le visiteur.

Personnel de soutien. Un spécialiste de l'entretien doit veiller au bon fonctionnement et au bon état de toutes les installations et services du parc. En cas de besoin, on devrait proposer de recruter des mécaniciens, des intendants, etc.

Si les opérations du parc entraînent beaucoup de travail administratif, il peut être nécessaire d'engager un comptable, un secrétaire ou un chef de bureau.

Organisation

On donne une brève description et un organigramme montrant comment les fonctions d'aménagement sont réparties entre les fonctionnaires du parc et quelles sont les relations hiérarchiques. Dans les grands parcs et dans ceux où la topographie exige que les fonctions essentielles soient regroupées au sein d'unités géographiques indépendantes, il sera utile de diviser le parc en districts afin de bien fixer les responsabilités concernant l'aménagement de certaines zones.

Concession

Le fonctionnement de certaines installations, telles que les hôtels, restaurants, boutiques pour touristes et installations pour le transport de nombreux visiteurs à l'intérieur du parc, peut souvent être assuré avec plus d'efficacité par des entreprises privées concessionnaires. Dans ce cas, les contrats conclus par les autorités du parc doivent bien spécifier les règlements et mesures de contrôle applicables à l'architecture, aux services, aux prix et à l'hygiène. Les décisions, plans et règlements concernant les aménagements, équipements et activités à l'intérieur du parc seront appliqués par les autorités du parc, conformément au plan d'aménagement et aux politiques et dispositions légales de portée générale du parc.

Des accords de coopération avec d'autres organismes peuvent être utiles et efficaces pour la lutte contre les incendies, la construction et l'entretien des routes, le transport des touristes, les communications et la police du parc.

Relations publiques

En raison de l'importance croissante de l'ensemble des zones sauvages dans le cadre du développement local et régional, les directeurs de parcs et de réserves doivent s'intéresser aux gens, aux événements et aux changements qui se produisent hors de leur zone. Ils seront peut-être ainsi amenés à modifier la conception traditionnelle qu'ils ont de la gestion et de l'administration des parcs afin d'encourager le grand public à participer aux décisions concernant la gestion du parc et, réciproquement, encourager l'administration du parc à participer au processus de décision au niveau local et régional. L'administration devrait chercher à créer et à maintenir des contacts avec les dirigeants régionaux et locaux, avec les citoyens et avec les medias afin de faciliter l'exécution des programmes du parc et l'effort de conservation en général, au niveau national aussi bien qu'international. On tiendra régulièrement au courant les résidents et les autorités locales car leur soutien est essentiel pour mener à bien l'aménagement du parc. On devrait donner la priorité aux présentations de diapositives, aux débats ouverts et aux autres moyens permettant de susciter et d'entretenir l'intérêt et l'enthousiasme du public pour les projets du parc.

L'effort dans le domaine des relations publiques devrait aussi viser à faire connaître aux populations locales les richesses du parc et la conservation des ressources naturelles, notamment celles qui se trouvent à l'intérieur du parc ou au voisinage et dont la protection et l'utilisation rationnelle sont importantes pour la gestion du parc et l'intérêt à long terme des populations locales.

6.5.4 Programme de mise en valeur intégrée

En principe, au stade de la préparation du plan directeur, on définira les zones de mise en valeur et l'ensemble des besoins correspondants. Il faudra d'abord situer les zones sur une carte schématique provisoire afin de voir comment elles s'articulent entre elles, et avec les autres aménagements. On étudiera en même temps le réseau de circulation dans le parc, conçu de manière à ce que les routes et les moyens de transport à l'intérieur du parc soient efficaces et harmonisés. (Voir la section sur la circulation). Plus tard, lorsque l'on aura déterminé l'emplacement définitif et les particularités de la zone, on les inscrira sur le fond de carte.

Zone de développement

Quel que soit le parc, il est peu probable que le développement se concentre en un lieu unique. Pour des activités, installations et services différents il faut des espaces, une orientation, des conditions de terrain qui seront eux-mêmes différents. Dans cette section du plan d'aménagement, on indiquera la raison d'être de chaque zone de développement, en précisant les nécessités propres à l'emplacement et aux usages prévus. Indiquer les exigences administratives et la capacité de fréquentation admissible. Combien d'employés travailleront-ils et vivront-ils dans chaque zone? De quel type d'infrastructures auront-ils besoin pour y vivre et remplir les tâches qui leur seront assignées? Quelles installations d'accueil implantera-t-on dans chaque zone? Quel est le nombre de visiteurs prévu? L'effectif du personnel du parc nécessaire au développement d'une zone particulière correspond-il au nombre de visiteurs prévus?

Les prévisions concernant l'affluence des visiteurs se fondent souvent sur des observations réduites et non sur de véritables études. En conséquence, les installations d'accueil risquent de devenir insuffisantes au bout d'un certain temps. C'est pourquoi on conseille d'établir des plans d'agrandissement éventuels lorsque le site et l'infrastructure s'y prêtent.

Les hommes de fart (ingénieurs, architectes, etc.) utiliseront ensuite les données relatives aux zones de développement pour fixer l'emplacement, la disposition et la dimension des routes, des parkings, des édifices et des installations de service.

Circulation

Quelle que soit la situation d'un parc, grand ou petit, déjà existant ou propose, le mouvement des visiteurs et du personnel vers le parc et à l'intérieur est une question-très importante. La circulation peut emprunter les moyens ci-après: sentiers (à pied, à bicyclette ou à cheval); routes (principales et secondaires) ouvertes aux véhicules de tourisme ou réservées aux voitures du parc; tramways et ascenseurs; transports aériens et par eau.

Avant de décider comment le public et le personnel accéderont au parc et aux principaux points de visite, on se posera diverses questions. D'abord, les visiteurs peuvent-ils se rendre sans difficulté aux lieux recherchés? Négliger cet élément essentiel de la planification, c'est provoquer inévitablement des confusions, des mécontentements et s'imposer la prolifération des panneaux de signalisation. L'accès aux points les plus populaires du parc doit se faire par des itinéraires faciles, logiques, sans obstacles. D'autre part, a-t-on réduit au minimum la gêne réciproque entre la circulation motorisée et la circulation à pied, à bicyclette et à cheval? que d'inconvénients à prévoir si les accès à une plage se trouvent coupes par une route! Connaît-on les effets que la circulation des visiteurs a sur les ressources? Les travaux routiers, quels que soient le terrain et l'art de l'ingénieur, ont des effets destructeurs. C'est pourquoi il faut d'abord étudier de près les divers modes de circulation pour permettre la fréquentation du parc national par le public. Dans le cas où un rassemblement de véhicules à moteur dans un endroit du parc risque de gâcher l'environnement pour un grand nombre de visiteurs, ou lorsque l'utilisation d'un grand nombre de véhicules dans une zone du parc a des effets négatifs sur la faune ou sur une autre richesse, il faudra étudier sérieusement la possibilité de recourir à d'autres moyens, tels qu'autocars ou chemins de fer électrifiés, pour transporter les visiteurs d'un site à l'autre.

Après avoir choisi le système de circulation du parc, l'équipe de planification devra en vérifier la commodité. Le mieux sera de se mettre à la place du visiteur ou d'un agent du personnel de surveillance ou d'entretien. On traversera le parc en se conformant aux indications mêmes qui lui seront données et en se comportant comme un individu (c'est le cas du visiteur en général) qui ne connaîtrait absolument pas les lieux.

Dessin appliqué à l'écologie

Dans cette section du plan d'aménagement, l'équipe de planification fixe les critères et paramètres des éléments artificiels du parc. Les architectes, les architectes paysagistes et ingénieurs connaîtront ainsi les besoins du parc et disposeront de spécifications générales qui les guideront, sans leur prescrire ce qu'ils doivent faire en qualité de dessinateurs. Les exigences varieront d'un parc à l'autre. Néanmoins, l'une d'elles est commune à tous les parcs ayant pour objet la préservation de richesses naturelles: les éléments produits ou causés par l'homme doivent être subordonnés au milieu où ils prennent place.

On donnera des indications relatives aux matériaux de construction à utiliser dans la majorité des bâtiments du parc pour s'assurer qu'ils respectent l'environnement naturel ou culturel dans lequel ils se trouvent. On mentionnera également les coloris et les styles d'architecture appropriés.

Programme d'aménagement et de développement

Un programme de développement fixe l'ordre de priorité de toutes les activités et éléments principaux nécessaires à l'exécution du plan d'aménagement. S'efforçant de répondre aux questions "que faire? Ou? Quand?" et - autant que possible - "A quel prix?", il a pour objet essentiel de mettre en évidence la succession de réalisations matérielles nécessaires et les besoins de personnel correspondant. On divise généralement les travaux d'aménagement et de développement en plusieurs tranches. Celles-ci peuvent correspondre à un exercice financier ou simplement à une période de temps non définie durant laquelle toutes les activités prévues pour cette période doivent être terminées avant que ne soient entreprises les activités prévues pour la période suivante.

La programmation des activités d'aménagement et de développement se fonde sur des critères techniques qui régissent l'ordre séquentiel logique d'exécution. La succession ordonnée des activités assurera que tous les facteurs ont été étudiés convenablement et se suivent de façon à réaliser des unités parfaitement fonctionnelles, propres à réaliser les objectifs de l'aménagement du parc, notamment la protection des ressources et l'accueil du public.

Ainsi, le plan d'aménagement analyse et fixe les activités à exercer et l'ordre d'exécution. Ces décisions reposent sur des critères techniques et il va de soi qu'elles ont un caractère constant.

D'autres facteurs, d'ordre non technique - par exemple, les limitations budgétaires et institutionnelles et les considérations politiques - influent sur le facteur temps de la programmation. Ces facteurs ont un effet sur la cadence de développement du parc et, en fin de compte, sur l'ordre d'exécution des programmes. Néanmoins, ils ne peuvent être traités qu'au niveau supérieur de l'administration, où l'on envisage la programmation à la fois des activités du parc et d'autres éléments du réseau d'espaces naturels.

Habituellement, l'équipe de planification ne peut pas prendre en considération les facteurs d'ordre non technique pour l'établissement du plan.

Il peut être utile d'inclure des calculs de coûts pour les diverses activités d'aménagement et de développement, lorsqu'une estimation raisonnable et possible. Il est difficile de prévoir de tels coûts pour une période de quatre ans ou plus en raison de l'inflation et des fluctuations des changes.

Cette section, ainsi que l'ensemble du plan, peuvent jouer un rôle important dans l'obtention du soutien économique et politique pour le parc. Si on a analysé, justifié et programmé les besoins de façon raisonnable, il est plus probable que le soutien sera obtenu sans difficulté.

7. CARTES ET ILLUSTRATIONS

Le plan d'aménagement doit comporter de nombreuses canes et illustrations pour permettre au lecteur de visualiser et de comprendre plus facilement le texte. Il est essentiel d'établir un fond de carte sur lequel peuvent être reportés des renseignements et données variés (voir section II). Parmi les canes à envisager, utilisant de façon générale le fond de carte, figurent:

- cartes géographiques;
- cartes géologiques;
- cartes routières;
- cartes des sites écologiques ou zones de végétation;
- cartes de l'utilisation actuelle des terres;
- cartes des ressources culturelles;
- cartes des réseaux hydrographiques;
- cartes des sols;
- cartes des limites actuelles du parc et des limites proposées;
- cartes de zonage;
- cartes de plan de mise en valeur.

Le plan pourrait également être accompagné de photographies en noir et blanc, de graphiques et de tableaux concernant les données climatiques, les statistiques démographiques, l'évolution du nombre de visiteurs, d'organigrammes administratifs, etc. Il peut être nécessaire d'engager un illustrateur ou un dessinateur de manière à ce que les canes et illustrations soient bien préparées et puissent être utilisées dans une publication future.

8. ANNEXES

On présentera en annexe les informations qui peuvent être utiles pour comprendre la situation de la zone étudiée, mais ne sont pas essentielles à la justification des activités d'aménagement et de développement.

Citons quelques exemples d'informations de ce genre:

- répertoire de la flore et de la faune;
- textes législatifs et réglenientaires concernant la zone étudiée;
- suggestions concernant un plan d'action particulier, par exemple la gestion d'une espèce sauvage;
- statistiques démographiques détaillées;
- résultats des analyses chimiques effectuées sur les points d'eau;
- détails concernant les limites proposées.

9. BIBLIOGRAPHIE

Il faut inclure une bibliographie détaillée dans laquelle on mentionne toutes les sources écrites que l'on a utilisées au cours de la préparation du plan. Pour les futurs planificateurs, gestionnaires et interprètes, ces références seront très utiles pour trouver des renseignements supplémentaires.

10. COMMENTAIRES, PUBLICATION ET REVUE

Le projet de plan d'aménagement doit être envoyé aux autorités gouvernementales compétentes, aux fonctionnaires et aux dirigeants locaux et régionaux, ainsi qu'aux autres personnes et organisations qui ont été ou seront concernées par le plan d'aménagement. On leur demandera de faire des commentaires qui, après réception, seront interprétés et analysés. Après avoir subi les révisions nécessaires, le plan sera soumis au directeur de l'organisme responsable pour approbation définitive. Une fois signé, le plan pourra être préparé pour l'impression en version définitive. Il est extrêmement utile de placer un bref résumé du plan au début du texte, afin que les officiels qui ont peu de temps puissent prendre connaissance, sous une forme condensée, des principaux points du plan.

On fera dactylographier le texte définitif par un secrétaire professionnel et après corrections, on l'enverra à l'impression, accompagné des illustrations. Il n'y a généralement pas de crédits pour assurer la publication du texte, mais seulement la polycopie par le service central du gouvernement responsable du réseau des parcs. Il faudra, en tout cas, reproduire le texte en un nombre d'exemplaires suffisant pour le communiquer à toutes les personnes et services qui auront une influence sur le succès ou l'échec de la mise en oeuvre du plan, c'est-à-dire les fonctionnaires locaux, régionaux et nationaux, les groupements d'action civique, les organismes de développement régional, les stations de radio et télévision, la presse, les organisations privées de conservation de la nature, les universités, les bibliothèques, les législateurs concernés, et les personnes privées intéressées.

11. EVALUATION ET REVISION

La planification doit être un processus dynamique. Le plan d'aménagement est préparé en fonction de conditions existantes à une époque précise. Il faut certes essayer de prédire ce qui se passera dans les années à venir mais ces prévisions ne sont généralement que des conjonctures judicieuses fondées sur des conditions socio-économiques et politiques très changeantes.

Au bout de quatre ou cinq ans, il faudra évaluer le plan d'aménagement de la région afin de déterminer les modifications a y apporter, le cas échéant, pour qu'il reste un outil d'aménagement utile dans le futur. Se demander dans quelle mesure, les actions recommandées par le plan ont été exécutées. Si de nombreuses actions ou programmes recommandés par le plan n'ont pas été réalisés, chercher à connaître les problèmes que l'on a rencontrés. Le budget alloué par le bureau central était-il insuffisant? Les mesures recommandées par le plan étaient-elles trop nombreuses ou trop coûteuses pour être réalisées dans les délais prévus? Le personnel de la zone était-il insuffisamment formé pour mener à bien les actions recommandées? Les changements de politique gouvernemental ont-ils eu une incidence sur la mise en oeuvre du plan? De nouvelles données sur les ressources de la zone ont-elles ôté toute valeur à certaines recommandations?

Après une évaluation attentive, le plan devrait être révisé et mis à jour pour une nouvelle période de quatre ou cinq ans. Les planificateurs du bureau central, aidés des membres du personnel de la zone les plus concernés par l'exécution du plan, sont chargés de l'évaluation et de la révision. Il faudrait, si possible, que les membres de l'équipe de planification initiale participent également à ce travail.

L'équipe chargée de l'évaluation doit consulter les autorités et les dirigeants locaux, pour recueillir leurs impressions et leurs idées sur le passé et l'avenir du plan d'aménagement du parc. On peut aussi envisager des réunions publiques dans les cas où les populations locales seraient très intéressées - par la zone naturelle et par son avenir.

La planification est un processus continu et à chaque révision du plan d'aménagement, les buts et les objectifs, les programmes d'aménagement, les activités recommandées deviennent plus précis, et mieux adapté à la situation du parc. Le processus peut bien être représenté par une série de cercles qui se chevauchent tout en se déplaçant vers une planification mieux fondée et plus complète de la zone du parc, comme dans la figure 3. Chaque cercle représente un cycle complet du processus de planification qui peut lui-même être divisé en six phases:

Figure 3 Description du concept du processus de planification